Notes
Suggestions musicales :
Guillaume trouve le couple, et ils vont au manoir :
- Les héros de la résistance — Alexandre Astier, Kaamelott : Premier Volet (à partir de 00:27).
-o-
Ressentant un besoin naturel pressant, Claire s'approcha de la porte de la cabane. Entendant le son d'une vidéo, elle sut qu'il y avait encore quelqu'un et soupira de soulagement. Tendant l'oreille, elle sut même quel genre de vidéos le garde regardait car elle entendit le mot « Chancla » puis reconnut le rire hystérique de l'humoriste espagnol Juan Joya Borja, plus connu sous le nom de El Risitas. Dehors, le garde rit. Ça devait être une de ces parodies qui reprenaient la célèbre interview de l'humoriste par le présentateur Jesús Quintero. Elle en avait vue plusieurs qui se moquaient de la Chute, dont une qui faisait passer El Risitas pour un ingénieur de la centrale géothermique d'Isla Nublar ayant mal interprété des relevés sismiques ou encore une autre où il était un généticien d'InGen ayant eu la main lourde lorsqu'ils ont crée l'Indominus, et elle était certaine que d'autres avaient dû être crées depuis l'incident de Burgo Nuevo.
— Oh ! J'ai envie de pisser ! Cria la directrice déchue.
Là où Valentine n'avait pas changé de poste depuis l'après-midi, son collègue avait été relevé et remplacé par Marigold, une des gardes du domaine, que Mills avait prêté à Torres, celui-ci ayant besoin d'Hawkes et des autres soldats pour patrouiller les limites du domaine. Alors en train de tuer le temps en regardant des vidéos sur son téléphone, le premier se tourna vers Marigold. Dotée d'un physique de catcheuse et d'un regard dur, ce n'était pas le genre de femmes qu'on avait envie d'importuner pour des prunes.
— Quoi ? Demanda-elle d'un ton sec.
— Elle veut aller au petit coin. Ce serait mieux si c'est une femme qui l'accompagne, dit-il. On ne va pas la laisser faire son affaire dans un coin. La cabane fait partie du patrimoine du domaine ?
— Je crois…
— Si on les force à faire leurs commissions dans les coins, je doute que Mills soit content.
— Ouais, il risque de nous demander de nettoyer…, réalisa Marigold d'un ton peu enthousiaste.
Un silence, perturbé uniquement par les chants de quelques oiseaux dans les arbres voisins, s'installa, avant d'être rapidement interrompu par Claire.
— Ohé ! Hurla la directrice déchue. Je sais qu'il y a quelqu'un !
Marigold soupira fortement.
— Allez ! Sinon je sens qu'elle va nous casser les burnes…
Elle se leva, saisit l'aiguillon électrique posé non loin et le tendit à Valentine, qui mit en pause sa vidéo.
— Prends l'aiguillon. Si son mec s'approche trop, tu lui envoie une châtaigne. Vu ?
Il acquiesça.
— Vu.
Valentine se leva et ils se dirigèrent vers la porte.
— Reculez ! Ordonna Marigold à Claire. Je vous emmène au petit coin ! Que votre copain se tienne tranquille !
Après avoir entendu la directrice déchue reculer, elle ouvrit la porte et s'avança à l'intérieur de la cabane, suivie de Valentine qui pointait l'aiguillon en avant, prêt à repousser toute attaque de la part d'Owen.
— Viens la balafrée ! Grogna Marigold.
Claire s'exécuta et leur geôlière l'attrapa brutalement par le bras.
— Hé ! Doucement ! L'apostropha Owen.
Elle ne répondit pas et la tira hors de la cabane. Tout en ne quittant pas des yeux le soigneur, Valentine ferma la porte et la verrouilla. Marigold fit faire à Claire le tour de la cabane.
— Là c'est assez discret, lui dit-elle lorsqu'elles furent derrière cette dernière.
Elle poussa Claire en avant et remarqua alors la présence d'un vieux seau et d'une corde à cet endroit.
— Il y a même un seau. Libre à toi de l'utiliser…
Puis, elle se retourna, laissant à la directrice déchue un peu d'intimité.
— T'inquiète. Je t'entendrais si tu essaie de t'échapper…, lui dit-elle d'un ton calme mais menaçant.
Quelques minutes plus tard, Claire eut terminé et Marigold se retourna. Elle la vit porter le seau, dans lequel elle l'avait entendue uriner.
— Laisses-donc ce seau-là.
Mais Claire continua d'avancer vers elle avec le seau. Elle n'était qu'à quelque pas d'elle.
— Oh, t'es sourde ?! Je t'ai dit de laisser ce seau ! Je m'en chargerais après.
Soudain, la directrice déchue prit le seau à deux mains et jeta son contenu à la figure de sa geôlière avant de lâcher le récipient et de détaler vers les arbres. Marigold, surprise, poussa un cri de dégoût lorsque l'urine éclaboussa sa tête et son uniforme et s'empressa d'essuyer son visage avant de se tourner vers la fuyarde.
— Oh le Texan ! Elle s'échappe ! Préviens les autres ! Beugla-elle.
Puis, elle dégaina son pistolet et se lança à la poursuite de Claire.
— Je vais te faire courir moi, rouquine ! Lui lança-elle avec hargne.
S'éloignant de la cabane, Marigold disparut dans le bois, commençant à dévaler une pente. Elle vit la directrice déchue slalomer entre les troncs, souches et rochers qui ralentissaient sa course. Après avoir renâclé, la geôlière s'élança en avant pour la rattraper, fracassant les arbustes et les fougères sur son passage tel un tricératops chargeant. L'entendant, Claire changea brutalement de direction, disparaissant derrière un énorme tronc, et Marigold la perdit de vue. Elle poussa un grognement de frustration mais fut surprise par le silence qui régnait. Elle ne l'entendait plus courir. La balafrée s'était arrêtée et cachée. La geôlière ralentit et balaya lentement les environs du regard.
— Où est tu ?! Ça va être ta fête si je te chope ! Tonna-elle.
Dépassant le tronc derrière lequel la directrice déchue avait disparue peu avant, la garde continua tout droit, passant entre deux autres troncs. C'est alors qu'elle fut frappée en plein visage par une branche épaisse. Sonnée, elle recula d'un pas ou deux, posa une main sur son nez endolori, secoua la tête, geignit puis releva la tête. Elle vit Claire se tenir devant elle, brandissant haut la branche et prête à frapper à nouveau. La geôlière eut un ricanement mauvais.
— Bien essayé mais non…
Mais au moment où elle s'avança les bras tendus en avant, prêt à attraper Claire, le visage de Marigold se figea soudain, puis elle perdit l'équilibre et s'effondra face contre terre. Claire remarqua alors qu'elle avait deux dards fichés dans son dos, ceux d'un taser tenu par Valentine à quelques pas de là. La directrice déchue regarda l'employé d'InGen Security avec surprise pendant un instant, puis ramena ses yeux sur la garde du domaine étendue entre eux. Celle-ci étant toujours consciente, Claire l'assomma puis prit son pistolet de service et son badge. Rangeant le second dans sa poche, elle garda le premier en main. C'est alors que Valentine lui jeta des clés, celles de la cabane.
— Allez libérer Owen ! J'ai besoin de son aide pour déplacer son corps.
Encore surprise par cette aide inattendue, Claire acquiesça et fonça à la cabane libérer son promis.
— Claire ? Qu'est-ce que… Bredouilla-il lorsqu'il la vit seule dans l'embrasure de la porte, clés et pistolet en main.
— Pas le temps de t'expliquer !
Il se précipita hors de la cabane et la suivit jusqu'à Valentine. Il lui adressa un regard tout aussi surpris que celui qu'avait eu Claire. Lorsque le soigneur se pencha pour prendre les bras de Marigold tandis que l'agent de sécurité prenait les jambes, il se mit à renifler vivement, constatant que la geôlière empestait l'urine.
— Ne me juge pas, lui dit Claire. J'ai dû improviser avec les moyens du bord…
Ils emmenèrent la garde dans la cabane et alors qu'ils la ligotaient à l'aide de la corde trouvée derrière, Claire se tourna vers Valentine et lui demanda d'un ton méfiant :
— Pourquoi ?
— J'ai écouté votre conversation avec Torres. En ville, il y a un petit garçon effrayé qui a besoin de ses parents. Cela ne change rien entre nous Claire et une partie de ce que je vous ai dit plus tôt tient toujours mais je ne peux tolérer le kidnapping d'un enfant. Nous sommes au nord-est de la cuvette et des enclos. Vous saurez aller jusqu'à la porte nord ?
La directrice déchue hocha de la tête.
— Et vous ? Qu'allez-vous faire ? S'enquit-elle.
— Je continue de monter la garde. S'ils ne voient personne garder cette cabane, ils vont s'inquiéter. J'espère juste être déjà partit lorsqu'elle se réveillera… Allez, partez ! Sauvez votre famille et fuyez.
Le couple acquiesça et quitta la cabane, fonçant vers les arbres pour disparaître parmi eux. Dans un premier temps, ils prirent la direction de l'ouest, descendant vers le manoir tout en évitant de rester trop près du chemin. Claire savait que dès qu'ils auraient dépassés la demeure des Lockwoods, il leur faudrait tourner à droite et continuer de descendre, jusqu'à rencontrer la limite du domaine et la clôture ou le mur s'y dressant. Ils se débrouilleraient pour la franchir et une fois de l'autre côté, ils continueraient vers le nord et Orick, qu'ils espéreraient atteindre avant la tombée de la nuit.
Soudain, Owen entendit une branche craquer et s'arrêta. Claire copia son exemple et suivit le regard de son compagnon vers le bas de la pente qu'ils étaient en train de dévaler.
En contrebas, derrière des fourrés ils virent une silhouette sombre avancer lentement dans leur direction, un humain.
Un des sbires de Torres ! Pensèrent-ils.
Le soigneur s'abaissa et mena sa compagne sur leur droite, de manière à contourner l'individu.
Environ deux minutes plus tard, ils s'arrêtèrent et observèrent discrètement la pente. Leur mine se décomposa en remarquant que non seulement l'homme la gravissait mais aussi que sa tête encagoulée regardait vers leur position tandis que sa main tenait fermement un pistolet. Il s'était également rapproché et s'il continuait à son rythme actuel, il les intercepterait sous peu.
— Merde…, siffla Claire.
— Il sait qu'on est là…, murmura Owen du bout des lèvres alors qu'il étudiait l'homme du regard.
Les habits qu'il portait n'étaient pas un uniforme de soldat mais plutôt un pantalon et un pull noirs qu'on aurait pu aisément trouver dans un magasin de vêtements. Si il n'était ni un soldat de Torres, ni un des gardes du domaine, qui était-il ? Pourquoi cet homme avait un pistolet et semblait-il les traquer ?
Ils en vinrent jusqu'à penser que l'aide de Valentine faisait partie d'un plan ourdi par le directeur d'InGen Security, qu'il les avait laissé s'échapper pour qu'ils tombent droit sur un assassin chargé de les éliminer au milieu du bois loin des regards. Ils furent cependant étonnés par le fait que l'homme portait un sac à dos. Pourquoi un assassin en terrain allié s'embêterait-il à porter un sac à dos ?
Quelque fut l'identité de l'homme, ils décidèrent de lui tendre une embuscade, ne pouvant plus l'éviter. Si ils parvenaient à le vaincre, ils pourraient lui prendre son arme, son téléphone s'il en avait un, voire même davantage. Claire était curieuse au sujet du contenu de son sac. Elle et Owen se cachèrent chacun derrière un tronc et attendirent la venue de l'homme.
Lorsque celui-ci passa lentement entre leurs troncs respectifs et se retourna prudemment, Owen bondit le premier et plaqua l'individu au sol à la manière d'un rugbyman. L'homme, plutôt maigre et de taille moyenne, plus petit que Claire même, ne faisait pas le poids au corps à corps face à un adversaire de la carrure du soigneur, qui lui arracha son pistolet des mains pour le jeter plus loin.
— Je t'ai mon salaud ! Grogna ce dernier alors que l'encagoulé gesticulait sous lui.
Claire bondit à son tour hors de sa cachette, prête à lui donner un coup de pied dans l'abdomen ou l'entrejambe.
— Oh les connards ! Je suis venu vous libérer ! S'écria soudain l'homme dans sa langue natale.
Venant de l'entendre parler français, Claire devint circonspecte et s'arrêta.
— Pourquoi il cause en français ce con ? Se demanda Owen.
La directrice déchue s'accroupit, saisit la cagoule de l'homme alors que ses yeux étudiaient sa balafre. Elle l'enleva, révélant le visage du directeur du CSMD.
— Monsieur Vuillier ? Le reconnut-elle avec surprise. Je suppose que vous êtes l'éventuelle cavalerie dont nous a parlés Santagar ?
— Oui. Mais il semblerait que vous ayez réussit à vous démerder.
— On a eu de l'aide.
— Vous pouvez me lâcher, Chabal, dit Guillaume à Owen, qui le plaquait toujours.
Claire adressa un hochement de tête à son promis et celui-ci se releva, relâchant l'ex-agent d'Interpol qui se redressa aussitôt.
— Mais merci quand même, lui dit la directrice déchue. Désolée si j'ai failli vous exploser les roubignoles…
— C'était un malentendu, répondit-il. Et je suis désolé de m'être un peu emporté. Vous m'avez surpris.
— Vous auriez pu dire que c'était vous, lui fit remarquer Owen.
— Et s'ils avaient trouvés le traceur et décidé de me tendre un piège ?
— Vous marquez un point…
Guillaume les regarda tous les deux.
— Par curiosité, vous l'avez caché où ? Leur demanda-il. Ils ne vous ont pas fouillés ?
— Si ils l'avaient trouvé au cours de leur fouille, on les aurait massacrés, répondit Claire.
— Euh, ça aurait été un peu excessif… Vous l'avez mis où ?
Claire eut un rictus.
— Disons que j'ai gavé le dilophosaure, répondit-elle avant de disparaître derrière un gros tronc à quelques pas de là.
— Gavé le dilophosaure ? Répéta le directeur du CSMD d'un ton hésitant alors qu'il cherchait son pistolet.
— Santagar nous a suggéré de le cacher dans un endroit difficile d'accès, expliqua Owen. Or elle en a plus que moi…
— Owen, tu peux venir m'aider ? Le héla sa promise.
Guillaume regarda le soigneur faire le tour de l'arbre et il l'entendit s'agenouiller puis déboutonner quelque chose et enfin baisser une braguette. Quelques secondes plus tard, le directeur du CSMD entendit Claire glousser, comme si on la chatouillait.
— Attention avec tes doigts, chéri… Je te rappelle qu'on doit être discrets.
— Oh c'est bon, je crois que j'ai compris…, dit le directeur du CSMD en détournant son regard du tronc derrière lequel le couple était caché.
— L'idée lui serait venue d'un des Metal Gear…, précisa Owen au Français.
— Loué soit ce beauf d'Hideo Kojima, ajouta la directrice déchue avec une pointe d'ironie avant d'émettre un petit gémissement.
— Je l'ai ! S'écria le soigneur.
Peu après, ils allèrent rejoindre Guillaume, qui leur tendit un mouchoir dans lequel ils mirent le traceur.
— Que comptez-vous faire à présent ? Demanda-il au couple.
— Sortir de ce domaine et aller en ville. Torres détient notre fils et ma mère au motel, lui apprit Owen. S'il faut tout mettre sens dessus dessous pour les retrouver, on le fera.
— Toutes les entrées et sorties doivent être gardées. Ils vous attraperont avant que vous n'atteignez Orick et vous serez de retour à la case prison, lui fit remarquer l'ex-agent d'Interpol. Toute votre évasion aura été pour des prunes.
— Il a raison Owen, intervint Claire. Même si on va à la cuvette et qu'on raconte aux soigneurs ce qui s'est passé, rien ne nous garantit qu'on nous aidera. Rappelle-toi, on est accusés d'espionnage. Si on ne peut pas sortir du domaine, nous devons les forcer à nous rendre Sigurd et Cait, puis nous laisser partir. Nous devons trouver un moyen de faire pression. Quel qu'il soit…
— Quelque chose se trame dans le sous-sol du manoir, dit soudain Guillaume. J'ai vu des gardes armés et des véhicules à l'entrée du vieil atelier.
— Quel est le rapport avec nous ou même InGen ? Fit Owen.
— Enormément de trucs ne tournent pas rond ici, précisa le directeur du CSMD. Mills prétend que la salle de conférences au deuxième sous-sol est fermée pour travaux, une des allées mène à une paroi en faux-rocher que je soupçonne être l'entrée d'un tunnel conduisant à un bunker sous le manoir, où se trouverait un laboratoire datant des débuts d'InGen, et lors de mon séjour ici il y a deux semaines, j'ai rencontré Wu. Il disait être en vacances mais il mentait comme un arracheur de dents.
— Wu est ici ? S'enquit Claire avec un fort intérêt.
— C'est fort possible.
La directrice déchue se tourna vers le soigneur.
— Le voilà notre moyen de pression ! On trouve Wu, on le prend en otage et on l'échange contre Sigurd et Cait. On en profitera aussi pour l'interroger au sujet de l'Indoraptor.
— Normalement, je ne devrais pas approuver des choses telles que des prises d'otage mais si le danger de l'Indoraptor est aussi grand que vous l'avez décrit à Monsieur Santagar, alors aux grands maux les grands remèdes.
De son sac à dos, il sortit les deux cagoules restantes.
— Si vous voulez me suivre, prenez-les.
Ils les saisirent et les mirent. Le directeur du CSMD hocha la tête, satisfait d'avoir trouvé deux alliés, et remit la sienne. Le trio se dirigea ensuite vers le manoir.
Allant vers le sud-est, ils arrivèrent bien assez tôt en vue du quai du vieil atelier, où des gardes du domaine chargeaient des caisses à bord de fourgons. Ils l'ignoraient encore mais les caisses contenaient les animaux et spécimens braconnés déjà vendus, ainsi que des œufs et des embryons dans des réceptacles spéciaux.
— Les hommes de Mills, dit Guillaume dans un murmure
— Vous croyez qu'il est impliqué dans quelque affaire louche ? Lui demanda doucement Claire, dont les soupçons à l'égard du gérant de la fondation Lockwood grandissaient de minute en minute.
— Il ne m'inspire aucune confiance.
— A moi non plus, glissa Owen.
— De plus, il est partit de la vente au bout d'une heure et il n'était toujours pas revenu quand je suis partit, ajouta le directeur du CSMD.
— Assez suspect en effet, marmonna Claire.
— Carrément ! Renchérit son promis.
Afin d'éviter d'être repéré, ils remontèrent un peu vers l'est et traversèrent en vitesse le chemin reliant le vieil atelier à la cabane qu'un peu plus loin. Le manoir était à présent bien visible et ils s'approchèrent de sa face nord, slalomant entre les fourrés et les buissons. Lorsqu'ils arrivèrent au pied de la demeure, ils se mirent à longer la façade en direction de l'atelier, recherchant des ouvertures ou des fenêtres donnant sur le premier sous-sol. Ils en trouvèrent rapidement une, sous les cuisines, et elle était juste assez large pour laisser passer quelqu'un du gabarit d'Owen.
— Il ne faut pas s'appeler Obélix…, dit Guillaume.
Espérant l'ouvrir de l'extérieur, ils cherchèrent une poignée mais n'en trouvèrent aucune.
— Bon, il n'y a pas le choix, réalisa le directeur du CSMD.
Comme si il avait deviné ce que le Français comptait faire ensuite, Owen fit signe à ses deux compagnons de s'écarter, prit une grosse pierre traînant non loin et la jeta contre la fenêtre. Celle-ci, vieille d'au moins plusieurs décennies, se brisa aisément.
— Voilà qui est fait…, dit Guillaume en haussant les épaules avant de soupirer. Magnons-nous avant que quelqu'un rapplique…
Tout en espérant qu'on ne les ait pas entendus, ils se dépêchèrent de faire tomber les pans de verre restants puis, l'un après l'autre, ils passèrent par la fenêtre brisée et se laissèrent tomber dans le couloir obscur en contrebas, faisant attention de ne pas aller s'écorcher sur les éclats.
— Si on doit ressortir, comment on fait ? Demanda Claire une fois en bas, levant les yeux pour regarder la fenêtre, qui était à environ deux mètres du sol.
— On fera la courte-échelle. Vous avez de la chance d'avoir un compagnon aussi grand et solide que lui, répondit Guillaume en regardant Owen.
Le trio regarda ensuite de part et d'autre, étudiant le long couloir dans lequel ils se trouvaient. Guillaume tourna la tête vers la droite.
— Allons par là.
Le couple le suivit et tous les trois tendirent l'oreille, prêts à neutraliser tout garde qu'ils rencontreraient. Ils se mirent bientôt à entendre les échos de la voix de Gunnar Eversol et de son coup de maillet.
