Notes
Suggestions musicales :
Maisie se rend dans la chambre de son grand-père :
- Where do they go – Abel Korzeniowski, Penny Dreadful: Season 1.
Le renvoi d'Iris :
- Wilting Iris — Michael Giacchino, Jurassic World: Fallen Kingdom.
Le sort d'Elsa :
- Adar Lord-Father – Bear McCreary, The Lord of the Rings: The Rings of Power (Season One, Episode Four: Father Figures) (De 00:56 à 03:15).
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Ayant trouvé un escalier qui descendait au niveau inférieur, Claire et Owen l'avaient empruntés et étaient parvenus dans le couloir qui faisait le tour de la salle de conférence. Suivant les bruits du convoyeur, ils avaient presque atteint celui où ce dernier se trouvait. Ils s'arrêtèrent à l'intersection des deux couloirs, utilisant l'angle décrit par les murs pour discrètement observer l'Indoraptor être acheminé jusqu'à l'extrémité opposée, où se trouvait une autre porte suffisamment grande pour laisser passer la cage. Le long du convoyeur, ils virent plusieurs gardes, tous équipés d'au moins un pistolet. Le couple n'en avait qu'un et se demanda comment ils allaient pouvoir empêcher l'Indoraptor de quitter le domaine. Ils arriveraient peut-être à neutraliser un garde ou deux mais ils seraient stoppés par les autres avant d'atteindre les commandes du convoyeur. C'est avec une grande frustration qu'ils regardèrent le monstre s'éloigner.
Non seulement, les chances n'étaient pas en faveur de Claire et d'Owen mais dans le même couloir qu'eux, un garde avait fait son apparition et se rapprochait sans un bruit, comptant les surprendre alors qu'ils étaient occupés à regarder le convoyeur. Lorsqu'il fut suffisamment près, il leva son pistolet, pour le braquer sur la nuque de Claire. Juste au moment où il allait lui dire de ne pas bouger et de se rendre, il ressentit soudain une vive douleur au niveau de l'arrière de sa tête, sa vue se brouilla et on le fit doucement s'affaisser au sol, empêchant ses collègues d'entendre sa chute. Mais plus proches, le couple l'entendit et se retourna. Au-dessus du garde assommé, se tenait Guillaume.
— Oh… Merci, le remercia Claire.
— Il n'y a pas de quoi.
Le directeur du CSMD se rapprocha de l'angle et observa à son tour les gardes près du convoyeur. A l'autre bout du couloir, la porte s'était ouverte, laissant entrer l'Indoraptor dans une sorte de cage d'ascenseur.
— Entre ceux-là et ceux dans la salle, on est en infériorité numérique. Si on les attaque, au moins un réussira à donner l'alerte et on sera cernés, les avertit-il.
— Et que suggérez-vous alors ? Lui demanda Claire d'un ton un peu sec. On doit arrêter ça !
— Je suis bien d'accord mais on ne peut pas foncer tête baissée, rétorqua l'ex-agent d'Interpol. Allons dans un endroit plus tranquille.
Emportant le garde inconscient avec eux, ils s'éloignèrent de la salle de conférences, remontèrent au premier sous-sol et gagnèrent un couloir plus excentré. Voyant une porte sur le côté, Guillaume appuya sur la poignée et constatant qu'elle s'ouvrait sur une petite pièce vide, probablement une cave, ils s'y engouffrèrent et repoussèrent la porte, sans la fermer totalement cependant. Après avoir déposé le garde, Owen resta à proximité d'elle, guettant de temps à autre à travers l'interstice pour surveiller le couloir. Ils enlevèrent leurs cagoules un instant par soucis de commodité.
— Il faut agir dans un endroit avec le moins de gardes possible, déclara le soigneur. Mais où ?
— Ils chercheront à l'expédier ce soir. Je propose qu'on les intercepte lorsqu'ils sortiront du manoir.
— On va au quai du vieil atelier ? Demanda le soigneur à Guillaume.
— Non, je ne pense pas qu'ils la chargeront là. Ce n'est pas assez discret. Il y a un autre accès, un ancien tunnel bâti pendant la Seconde Guerre Mondiale. Je crois avoir trouvé une de ses extrémités lors de mon séjour ici. L'autre se situe au niveau du bunker…
— Celui où ils avaient un labo au début des années quatre-vingt ? Ils ont dû le réinvestir récemment pour y poursuivre les recherches sur l'Indoraptor, devina Claire. Ça fait sens. Et Wu doit surement s'y trouver ! Où est la sortie dont vous avez parlé ?
De son sac à dos, le directeur du CSMD sortit une carte confectionnée par ses soins et protégée par une pochette plastique.
— Je l'ai indiquée sur cette carte, dit-il en la leur tendant.
Ils la prirent et alors qu'ils venaient de repérer la sortie du tunnel, il leur pointa une portion du chemin entre celui-ci et la cuvette.
— Je vous propose de préparer une embuscade à ce niveau. Ils ne devraient pas s'y attendre.
— Et vous ? Qu'est-ce que vous allez faire ? Lui demanda Owen d'un ton légèrement inquisiteur.
— Je vais m'infiltrer dans le bunker, répondit Guillaume alors qu'il commençait à déshabiller le garde.
— Il a de meilleures compétences dans ce domaine que nous, fit remarquer Claire à son promis. C'est un ancien d'Interpol après tout. De plus, il se pourrait qu'il y ait des gens qu'on connaisse en bas… Nous y irons, mais plus tard…
— Et si jamais je me fais prendre, vous aurez toujours une chance pour fuir le domaine et retrouver votre famille.
Guillaume enfila l'uniforme du garde, prit son badge, sa radio et son arme, donna son propre pistolet à Owen, et compléta son déguisement avec une casquette noire qu'il avait sorti de son sac. Le couple le vit également sortir un flacon de mercurochrome et du tissu, qu'il mit dans sa poche, et en plus de leur confier son sac, il leur donna une oreillette et un téléphone jetable.
Dès qu'ils furent prêts, ils ressortirent de la cave, y laissant le garde, et se séparèrent. Tandis que le couple sortait du manoir, Guillaume revint vers la salle de conférences. C'est alors qu'il entendit la voix de Maya Harris.
— Vous m'avez menti Eli !
Etant proche de la galerie d'aération où ils étaient précédemment, l'ex-agent d'Interpol y retourna et épia la dresseuse et l'homme d'affaires. En dehors d'eux, de deux vigiles et de Sophie, la salle était vide, les autres vigiles et Eversol étant en train de raccompagner les autres acheteurs à leurs véhicules dehors.
— Je croyais que c'était une présentation devant des investisseurs potentiels ! Pas une vente aux enchères ! S'indigna la première. Je ne les laisserais pas emmener Elsa !
— Calmez-vous, Maya, dit doucement Mills. Je n'ai pas mentit, nous avons trouvé un investisseur. Ses employeurs, ajouta-il en regardant l'agente de la DGSE.
— Et qui sont-ils ? Une compagnie de mercenaires ? Un groupe terroriste ? Une mafia ? Demanda froidement l'ex-soldate.
De Mafart s'avança vers elle.
— Rien de tout cela, Madame Harris. Je travaille pour le gouvernement français. Nos intentions à l'égard d'Elsa sont bienveillantes, dit-elle avec un grand sourire amical.
— Rassurez-vous, Maya. On ne va pas vous séparer, ajouta Mills. Nous savons qu'elle n'obéit qu'à vous… Vous allez juste déménager. Ce n'est pas une punition mais une promotion. Vous allez être placée à la tête d'une équipe de recherche et faire office d'agent de liaison, une position fort enviable qu'Owen n'aurait pu obtenir qu'en rêve. Et Elsa ne peut pas rester éternellement confinée dans ce manoir. Ils peuvent lui fournir un meilleur foyer, un endroit où elle pourra voir la lumière du jour…
La dresseuse resta silencieuse un instant, songeuse.
— Et Henry ? Il a encore besoin de nous, rappela-elle à Mills.
Ce dernier émit un petit rire dédaigneux.
— Ne vous préoccupez pas de lui. Il se débrouillera avec les données que vous lui enverrez.
— Ma famille est à San Diego. Je leur dis quoi ? Que je vais passer je ne sais combien de temps en France et que j'ignore quand je pourrais les revoir ?
— Chaque chose en son temps. Commencez à faire vos bagages tandis qu'on prépare le transport… Ne prenez que le strict nécessaire car vous partez dans une heure. Madame De Mafart, Monsieur Eversol, Susan, Edward et moi aurons un petit pot dans mon bureau d'ici une demi-heure. Nous vous serions grée de venir nous joindre à nous.
Maya inclina légèrement la tête et soupira.
— Soit.
Sans dire un mot de plus, elle quitta la salle et au même moment, Guillaume redescendit au deuxième sous-sol pour y chercher un accès qui le conduirait au bunker sous leurs pieds.
Alors que Mills, De Mafart et les deux vigiles les accompagnants se dirigeaient vers l'ascenseur, l'un des boutons sur son panneau de commande s'alluma, indiquant que quelqu'un l'empruntait. Ses portes s'ouvrirent et Wu, prévenu par SMS par Maya, en sortit, l'air furieux. Mills regarda les vigiles.
— Conduisez Madame De Mafart en haut, leur ordonna-il. Je vous rejoins bientôt.
L'agente de la DGSE et les vigiles pénétrèrent dans l'ascenseur, appuyèrent sur le bouton du rez de chaussée et disparurent derrière ses portes.
— Qu'avez-vous fait ?! S'exclama le généticien. Cet animal n'était pas à vendre !
— Si vous voulez créer un addict, il faut savoir lui donner un avant-goût, répondit l'homme d'affaires.
— Elle est un prototype.
— Ce « prototype » s'est vendu pour six cent millions de dollars ! Détendez-vous, on va en faire d'autres.
— Les employeurs de votre nouvelle amie aussi.
— Certes, mais pas sans notre consentement.
— Notre consentement ? Celui d'InGen vous voulez dire ? Je vous rappelle que vous n'en faites pas partie.
— Un simple détail qui sera bientôt réglé.
Wu balaya la salle de conférences du regard, comme s'il cherchait Maya. Lui et Mills l'ignoraient mais Guillaume était juste derrière le mur sud. Le directeur du CSMD s'était arrêté en entendant la voix du généticien et écoutait leur conversation.
— Si Elsa part, Maya aussi. Ça va entraver nos recherches.
Après avoir levé les yeux au ciel, Mills se dirigea vers l'ascenseur et appela l'ascenseur. Voyant qu'il souhaitait l'éviter, Wu se montra insistant.
— Vous ne semblez pas comprendre ce que nous essayons d'accomplir. Avez-vous conscience des complexités induites par la création de nouvelles formes de vie ?!
— J'ai conscience du coût que ça représente, dit le gérant de la fondation Lockwood avec irritation. Et vos travaux ont tendance à prendre du temps.
Mills pénétra dans l'ascenseur et appuya sur le bouton correspondant au rez de chaussée. Wu se faufila à l'intérieur juste avant la fermeture.
— Ce n'est pas un sprint, Eli. C'est un marathon, dit-il alors qu'ils montaient. Et votre décision de vendre Elsa risque de nous ralentir.
Les portes coulissèrent, révélant le musée. Mills sortit.
— Contentez-vous juste de faire ce qu'on vous demande. Bon sang, qu'est-ce que vous pouvez être chiant parfois !
Il se retourna vers le généticien qui n'avait pas encore quitté l'ascenseur.
— Vous êtes à cran, Henry. Vous n'avez pas arrêté de travailler ces derniers temps. Et si vous vous détendiez un peu ? Allez-donc rejoindre votre équipe en bas. J'ai entendu dire qu'ils avaient prévu de faire la bamboula dans le gymnase. Tant qu'ils ne provoquent pas d'incident et nettoient derrière, ce qu'ils font m'est bien égal.
Se tenant alors près du panneau de commande, Mills appuya ensuite sur le bouton du troisième sous-sol, envoyant Wu au bunker. Fatigué et impuissant, ce dernier laissa les portes se refermer et l'ascenseur l'emmener au laboratoire.
En sortant, il vit que la grande porte à l'extrémité opposée du bunker avait été relevée, révélant un quai de chargement qui se trouvait au-delà, dans une autre salle souterraine. Egalement aménagée pendant la Seconde Guerre Mondiale, elle avait eu pour objectifs d'abriter les véhicules des occupants du bunker et était reliée à l'extérieur par le tunnel d'évacuation secret, qui n'avait véritablement servit pour la première fois que lorsque Wu et son équipe étaient revenus du Costa Rica avec leur création, l'introduisant sous le manoir à l'insu de la plupart de ses occupants. A présent, un chariot-élévateur poussait la cage d'Elsa vers un camion garé de façon perpendiculaire au quai, avec les portes de sa remorque grandes ouvertes, prêtes à accueillir la cage. Des gardes armés veillaient au bon déroulement de l'opération tandis qu'un homme surveillait le chariot et l'occupante de la cage, disant au conducteur du premier d'aller doucement. C'était Alf Herriot, le vétérinaire du projet Giger et le second être humain en qui l'Indoraptor avait le plus confiance. Tout comme le prédateur et sa dresseuse, il allait lui aussi partir en France et Wu allait devoir le remplacer par un nouveau vétérinaire, un travaillant déjà chez InGen.
Brice Le Goff ? Non, je ne lui fait pas confiance. Eugene Hawthorne ? Occupé avec le projet Ellis.
Ces deux-là étaient les seuls autres vétérinaires qu'il connaissait. Les autres avaient soit démissionnés, soit été licenciés, soit été tués lors de la Chute ou l'opération Royaume Déchu.
Lynton a intérêt à remettre la compagnie sur pied maintenant qu'elle est sauvée.
Le généticien regarda la cage être mise dans la remorque.
Si seulement on avait été envoyés au Site H… On n'aurait pas eu à supporter ce connard d'Eli !
Wu prit à droite, empruntant la passerelle qui longeait l'espace bureaux et détente, se dirigeant vers la salle de contrôle. En vérité, les consoles et les ordinateurs n'occupaient qu'une partie de la pièce et la traversant, le généticien passa aussi devant des mannequins et des armoires contenant le reste du matériel utilisé lors des entraînements d'Elsa. Il franchit la porte du fond, contourna un escalier en colimaçon, emprunta une autre porte et se retrouva dans un long couloir où une porte juste à sa gauche s'ouvrait sur un sas. Le généticien commença à entendre une musique, un morceau de disco des années soixante-dix. Wu franchit le sas ouvert et pénétra dans le gymnase, se dirigeant vers ses subordonnés et collègues.
Ils avaient sortis de vieux meubles du débarras du manoir et les avaient disposés dans un des coins. Il y avait plusieurs canapés, des chaises, une table basse avec des assiettes d'apéritifs et de cookies et autres gâteaux, une autre plus haute sur laquelle on avait posé tout un assortiment de bouteilles ainsi que des gobelets en plastique. Juste à côté d'un des canapés, sur une autre table basse, il y avait le haut-parleur d'où provenait la musique et non loin, un carton contenait divers masques. Wu vit également un diffuseur de fumée artificielle, qu'on n'avait pas encore allumé. Quant au reste du gymnase, les fêtards comptaient s'en servir comme piste de danse improvisée. Ivan, Karim, Giles, Nicole, les autres généticiens ainsi que deux des gardes qu'on leur avait attribué, une vingtaine de personnes au total, avaient pris place sur les canapés, les chaises ou même par terre. Ils étaient occupés à manger des apéritifs ou à faire circuler un joint tout en discutant avec légèreté. Tous étaient désireux d'oublier le travail et de se décontracter.
Un peu plus tôt, ils avaient reçu de bonnes nouvelles de la vente officielle et croyaient qu'InGen était sauvée. Wu pensait aussi qu'elle l'était mais malgré la bonne humeur régnant dans le gymnase, il eut grand peine à se détendre. Cependant, il ne voulait pas gâcher la petite soirée en annonçant que Mills avait vendu Elsa aux Français. Et il était même déjà trop tard pour les adieux…
Voyant son air maussade, Ivan s'inquiéta et se leva, allant le rejoindre. Il posa affectueusement une main sur son épaule.
— Henry, ça va ? Demanda-il.
Son petit-ami sourit faiblement et répondit.
— Je vais bien.
Il se dirigea ensuite vers la table, prit un des gobelets et versa de la vodka dedans. Il porta ensuite le gobelet à sa bouche et bu cul-sec son contenu.
J'en ai ras le bol de ce cirque.
Ses collègues lui ayant fait une place sur un des canapés, il alla s'y asseoir, désirant grandement se détendre et oublier ses tracas.
Lorsque l'ascenseur s'était refermé et avait emmené Wu et Mills en haut, Guillaume avait repris sa pérégrination à travers le second sous-sol. Au bout du couloir au sud de la salle de conférences, juste avant une intersection, il trouva une porte sur sa gauche. Celle-ci ne donnant pas sur la grande salle d'après ses estimations, Guillaume fut pris de curiosité et décida de l'entrouvrir délicatement. Voyant qu'une cage d'escalier se trouvait au-delà, ses yeux s'écarquillèrent légèrement. Il vit des marches menant au premier sous-sol et d'autres conduisant en bas.
Jusqu'au bunker, espéra-il.
Le directeur du CSMD pénétra dans la cage et descendit l'escalier. Lorsqu'il rencontra une porte munie d'un lecteur de badges, il sut qu'il l'avait trouvé et sortit le badge du garde pour l'insérer dans le lecteur. La porte s'ouvrit et Guillaume passa dans un couloir obscur et relativement étroit. Tournant à droite, il rencontra presque immédiatement une ouverture qui donnait sur un vestiaire où des blouses de laboratoire étaient accrochées. Traversant le vestiaire, il regarda sur sa gauche et remarqua que le laboratoire plongé dans la pénombre était désert.
Je suis au bunker. C'est déjà ça.
Il continua jusqu'à la sortie du vestiaire et se collant contre le montant de la porte, il hasarda un regard vers le cœur du bunker et son extrémité ouest. Au niveau du quai de chargement au-delà du seuil de la porte, il vit des gardes, un vétérinaire ainsi que le camion de transport. Juste avant que les portes de la remorque ne soient refermées, il eut le temps d'apercevoir l'Indoraptor à l'intérieur.
— Qu'est-ce qu'une maman dinosaure raconte à son bébé ? Demanda un des gardes à son collègue.
— Je ne sais pas, répondit l'autre.
— Ben une préhistoire ! Précisa le premier avant de s'esclaffer.
Oh la vache mais c'est nul ! Pensa Guillaume.
Le collègue du garde, également laissé de marbre par cette blague, eut un rire gêné.
— Ah ouais, trop marrant…
— Encore une comme ça et je vous jette en pâture aux acrocanthosaures, dit le vétérinaire au garde plaisantin.
Tout en réfléchissant à un plan qui lui permettrait d'infiltrer le convoi, Guillaume les observa et attendit qu'une opportunité se présente.
Au même moment, Maisie sortit de se chambre pour aller dans celle de son grand-père. Ne trouvant aucun garde devant sa porte ou à proximité, elle pensa qu'Eli avait besoin d'eux et après sa mésaventure de la veille, elle était consciente qu'il en avait dû poster devant toutes les entrées conduisant au sous-sol. La jeune fille et l'homme d'affaires ne s'étaient pas reparlés depuis son retour et il ne les avait même pas rejoints pour dîner, ce qui n'avait pas été plus mal pour Maisie et Iris.
Après avoir emprunté plusieurs couloirs déserts, évitant le cœur du manoir et son musée, elle arriva à la tour sud et pénétra dans la chambre de son grand-père. Pour le bien de son enquête sur l'attaque soudaine de ce dernier, Eli avait ordonné aux domestiques de ne toucher à rien et ainsi, le lit était encore défait.
Maisie était venue pour trouver des informations sur sa mère, ou du moins des souvenirs d'elle. Elle fouilla le bureau et les tiroirs, regarda dans les étagères mais ne vit rien en lien avec sa mère, pas même une photo… Découragée, la jeune fille abandonna les recherches un instant et erra sans but dans la chambre.
Lorsqu'elle passa près de la maquette de Jurassic Park, elle saisit la figurine de tyrannosaure et d'un air distrait, elle la fit se promener dans la plaine et près du Centre des Visiteurs. N'ayant pas le cœur à s'amuser, elle lâcha la figurine sur les escaliers du Centre et se détourna de la maquette, regardant le lit.
C'est alors qu'elle vit une sorte de livre sous le lit. Elle s'accroupit pour le récupérer et vit que c'était le scrapbook que son grand-père aimait regarder de temps à autre. Elle voulut dans un premier temps le ranger dans une des étagères ou le mettre sur la table de chevet mais s'étant toujours demandée ce qu'il renfermait, la jeune fille s'assit sur le bord du lit et l'ouvrit.
Feuilletant les premières pages, elle vit des photos de ses grands-parents lorsqu'ils étaient plus jeunes, puis celles d'un bébé. Ayant enfin trouvé des souvenirs de sa mère, Maisie sourit et eut un sursaut d'espoir. Elle continua de feuilleter le livre.
Les photos du bébé laissèrent place à celle d'une petite fille aux longs cheveux châtains et ayant en tête des photos d'elle-même lorsqu'elle avait le même âge que la jeune fille sur les photos, Maisie ne put s'empêcher de remarquer qu'elles étaient très similaires.
Continuant, Maisie vit une photo prise à Isla Nublar et sur laquelle sa mère, alors âgée de neuf ans d'après la légende, apparaissait. On la voyait de dos sur un belvédère alors qu'elle était occupée à observer un groupe de Tricératops au travers de jumelles tandis que le soleil se couchait. Tournant la page, elle vit d'autres photos de sa mère à cet âge-là et ce que Maisie vit la choqua tant qu'elle se figea et laissa le scrapbook glisser de ses mains et de ses genoux pour retomber au sol.
Lentement, elle se releva, sortit de la chambre de son grand-père et prit la direction de la sienne, marchant d'un air hébétée, comme si elle venait de voir un fantôme.
Elle parvint à revenir dans sa chambre sans encombre mais une fois à l'intérieur, elle referma la porte derrière elle avant d'aller se glisser dans son lit sans même prendre le temps de se déchausser. Elle eut grand peine à se remettre du choc qu'elle avait ressenti en découvrant certaines photos et leurs implications, et l'émotion qu'elle ressentait fut si forte qu'elle l'épuisa et la fit s'endormir.
— Trinquons ! Proposa Mills.
Lui, Eversol, Lynton, Torres et De Mafart levèrent leurs verres de champagne. Maya, qui les avait tout juste rejoints dans le bureau du gérant de la Fondation Lockwood, leva aussi son verre, mais avec moins d'entrain qu'eux.
— Que cela soit le début d'une longue et heureuse collaboration entre International Genetics et le gouvernement de la République Française, déclara solennellement Lynton.
Puis ils entrechoquèrent leurs verres et commencèrent à boire. Sur la table de conférence, se trouvait des contrats signés ainsi qu'une mallette contenant des liasses de billets, l'avance qu'un des collègues de De Mafart, un quinquagénaire de taille moyenne avec des lunettes, avait apportée avant de repartir aussitôt.
— Où en êtes-vous ? S'enquit la présidente d'InGen auprès de l'agente de la DGSE. J'ai cru comprendre que votre victoire en bas était garantie.
— Nous avons acquis des terres et commencé des aménagements, leur apprit De Mafart. Nous aurons bientôt toute une équipe...
— Où ? Lui demanda Torres, curieux.
— Secret Défense. Je serais passible de trahison si je vous le révélais ainsi sans l'aval de mes supérieurs, répondit la Française avec un léger sourire.
Tout en finissant leurs verres, ils continuèrent de discuter et lorsque vint le moment de quitter la pièce, Sophie se rapprocha de Maya.
— On dit que le Gévaudan (*) est magnifique en cette période de l'année, lui glissa-elle soudain à voix basse, de manière à n'être entendue que par la dresseuse. Vous vous y plairez. Toutes les deux. J'en suis certaine…
Là où la dresseuse remonta dans sa chambre pour prendre ses affaires, Mills, Lynton, Torres, Eversol et De Mafart descendirent au rez de chaussée, se dirigeant vers la porte d'entrée. Alors qu'ils traversaient le hall d'entrée, le gérant de la fondation Lockwood aperçut Iris dans le couloir sur leur droite.
— J'ai une affaire à régler. Je vous rejoins dans deux minutes, dit-il à la présidente d'InGen, au directeur de la division sécurité et au commissaire-priseur.
Accompagnant l'agente de la DGSE, Lynton, Torres et Eversol sortirent du manoir. Mills héla la gouvernante :
— Iris.
Elle le rejoignit dans le hall.
— Oui, Elijah ?
L'homme d'affaires prit une profonde inspiration.
— J'ai eu les médecins au téléphone. Le cas de Benjamin est préoccupant. Ils ne sont pas sûrs s'il pourra revenir ici. Ils ignorent même si il va se réveiller. C'est le début de la fin pour lui, annonça-il d'un ton grave.
La gouvernante hocha de la tête, consciente que les jours de Benjamin étaient comptés.
— Quelle tragédie, ajouta Eli. Je suppose que vous allez chercher un nouveau travail une fois qu'il sera partit.
— Pourquoi ? Demanda-elle d'un ton un peu brusque. Je travaillais déjà ici lorsque vos parents étaient des collégiens. Je n'entends pas partir.
— Ne pensez-vous pas que vous méritez de partir en retraite après toutes ces années de bons et loyaux services envers la famille Lockwood ?
— Je ne peux pas. Maisie est encore jeune. Elle a besoin de moi.
— Je suis son tuteur à présent. Ne vous inquiétez plus à son sujet.
— Vous ne la comprenez pas. Moi si, déclara Iris alors que son attitude devenait de plus en plus défensive.
— Je comprends son importance.
— Je refuse de quitter mon poste. Point à la ligne ! Insista la gouvernante en adoptant un ton sévère.
La manière douce venant d'échouer, Mills décida d'employer la manière forte.
— Vous savez…, commença-il après un silence gênant. J'ai entrepris une petite enquête au sujet de l'attaque soudaine de Benjamin. Or j'ai découvert des traces de Belladone dans sa tasse. Il a été empoisonné, par quelqu'un ayant une grande connaissance des plantes et des poisons qu'elles peuvent contenir.
Réalisant qu'il l'accusait de son propre crime, Iris serra des poings et son visage s'empourpra.
— Vil serpent… Je savais qu'on ne pouvait pas vous faire confiance. Je le savais depuis le début…
— Je vous propose un marché, Iris : Acceptez d'être libérée de votre service et vous ne serez pas inquiétée. Mais si vous n'avez pas quitté le domaine avant l'aube, ou si vous tentez quoi que ce soit avec Maisie, je vous dénoncerais. Elle sera terriblement épouvantée lorsqu'elle apprendra que sa chère Iris a empoisonné son grand-père adoré, tout ça à cause d'une erreur de jeunesse de la part ce dernier, une erreur pour laquelle vous lui en avez voulu jusqu'au crépuscule de sa vie.
— Elle est une fille intelligente, elle ne boira pas vos mensonges. Ça ne va pas se passer comme ça. Je dirais à la police que c'est vous qui avez empoisonné Benjamin.
Mills eut un rictus.
— Quelle preuve avez-vous ? Hein ? C'est peine perdue, Iris…
— Je vous ne laisserais pas utiliser Maisie comme un pantin. Je ne vous laisserais pas déshonorer le nom des Lockwoods et vous accaparer leur fortune.
— Les Lockwoods n'ont jamais été une famille très honorable. Celui ayant construit ce manoir s'est enrichi sur le dos des natifs de la région et Benjamin… Vous savez ce qu'il a fait. Comment pouvez-vous être à ce point loyale envers lui ? Il n'est pas tout blanc, il a lui aussi commis des crimes, des péchés même. Il a du sang sur les mains…
— Et vous ? Vous le critiquez mais êtes bien pire. Vos actions sont gouvernées par la cupidité et rien d'autre. Celles de Benjamin, aussi discutables fussent-elles, l'ont été par l'amour…
L'homme d'affaires ricana d'un air moqueur.
— Oh cessez de perdre votre temps. Préparez-donc vos affaires. L'heure tourne, lui dit-il avant de se diriger vers la porte. L'heure tourne… Au revoir, Iris.
Allez ! Du balai, la Momie !
Persuadé qu'il venait de se débarrasser d'un autre obstacle sur sa route, Mills sortit du manoir d'un air confiant et il alla retrouver la direction d'InGen dans le chapiteau alors que la vente officielle était toujours en cours. De son côté, De Mafart avait été emmenée à la porte sud-est du domaine, où elle attendrait l'arrivée du camion transportant Elsa. Quant à Eversol, il avait trouvé une place parmi le public, Mills et Lynton l'ayant invité à rester pour le pot qui suivrait la fin de la vente officielle.
— Alors Eli… Comment s'est passée votre contre-soirée ? Demanda Silverman au gérant de la fondation Lockwood.
— A merveille, Dominick. Le pire est derrière nous…
Aux alentours de vingt-heures trente, Maya Harris descendit au bunker avec ses bagages et rejoignit le camion de transport. Alf et deux gardes l'attendaient sur le quai de chargement.
— Tout va bien, Alf ? Demanda-elle au vétérinaire.
— Elle est un peu nerveuse mais ça devrait aller. Les malles sont dedans. Tu n'as plus qu'à mettre tes affaires.
La dresseuse ouvrit les portes de la remorque et pénétra à l'intérieur de celle-ci. Elsa l'accueillit avec une sorte de roucoulement et Maya mit sa valise dans une des malles rangées sur le côté. Conformément aux instructions transmises, l'armure, les outils d'entraînement principaux, les jouets d'Elsa ainsi qu'un petit stock de viande avaient été mis dans les autres malles. L'ex-soldate se tourna ensuite vers sa protégée et resta un instant près de la cage, murmurant des mots doux à l'Indoraptor pour la rassurer.
Lorsque celle-ci se coucha, Maya ressortit de la remorque et un des gardes vint en fermer les portes. Prenant son sac à dos avec elle, la dresseuse alla ensuite à la cabine, et elle et Alf s'y installèrent. Le chauffeur, un des hommes d'InGen Security, passa son bras à travers la vitre de sa portière ouverte et avec un pouce levé, il indiqua à ses collègues qu'ils étaient prêts à partir. Peu après, on leur donna le feu vert et le camion démarra, quittant le quai pour se diriger vers l'entrée du tunnel d'évacuation.
Les deux gardes sur le quai annoncèrent le départ du camion à Torres et Mills, puis un retourna dans le bunker, prétextant avoir une urgence à régler. Il chargea ainsi son collègue de refermer la porte du bunker mais alors que le camion suivait le tunnel, le garde restant vit un objet abandonné sur le béton au pied du quai, juste là où le véhicule était stationné. Descendant du quai, il s'en rapprocha et vit que c'était une casquette noire. Il se pencha pour la ramasser et l'inspecta attentivement afin de voir s'il y avait un quelconque indice sur l'identité de son propriétaire. Il n'y en avait pas et le garde se souvenait que juste avant que l'arrivée du camion, il n'y avait absolument rien sur l'aire. Surpris, il se demanda à qui elle pouvait appartenir. Il songea pendant un instant à la présence d'un intrus mais chassa rapidement cette identité, la trouvant ridicule. Lui, son collègue et s'étaient peut-être éloignés de l'aire et du quai afin d'aller chercher les malles dans une pièce au niveau supérieur, mais ils ne s'étaient absentés que pendant quelques minutes. Un intrus n'aurait pas eu le temps de descendre jusqu'au bunker, de rejoindre le camion, laisser tomber sa casquette puis repartir et disparaître avant leur retour. Peut-être que la casquette appartenait au chauffeur, à Maya ou à Alf et qu'elle avait été oubliée juste avant qu'ils ne partent.
Le garde aurait mieux fait de considérer plus sérieusement l'hypothèse de l'intrus car tandis qu'il réfléchissait, Guillaume Vuillier était accroché sous le châssis du camion, priant pour qu'on ne découvre pas sa présence et aussi pour que ses muscles tiennent jusqu'à l'embuscade, que le couple devait être en train de finaliser après avoir reçu un message de sa part sur le téléphone jetable. Le tunnel étant en pente et formant une courbe, le directeur du CSMD devait lutter pour que ses pieds ne se décrochent pas de leurs prises et ne se mettent à traîner sur le sol. S'il lâchait prise, il allait devoir courir après le camion et le risque d'être repéré ou de finir coincé dans le tunnel augmenterait considérablement. Tout en grimaçant, il prit son mal en patience.
Parvenant au niveau de ce qui semblait être de prime abord un cul de sac, le camion s'arrêta et laissant le moteur tourner, le chauffeur descendit, ouvrit un panneau fixé sur la paroi rocheuse, révélant un bouton sur lequel il appuya avant de refermer le panneau. La paroi devant le capot se mit soudain à se déplacer et une faible lumière pénétra dans le tunnel. La lumière du crépuscule. Le cul de sac avait disparu, laissant la place à la sortie du tunnel et au chemin à peine discernable qui s'enfonçait dans le bois à l'extérieur. Le chauffeur remonta dans la cabine et le camion se remit à avancer, sortant du tunnel pour suivre le chemin. Derrière lui, la porte du tunnel se referma automatiquement et bientôt, elle se fondit à nouveau au milieu de la paroi rocheuse dans laquelle elle avait été aménagée.
Alors qu'ils étaient presque parvenus à mi-chemin entre le tunnel et la cuvette, Maya et Alf virent à la lumière des phares qu'une grosse souche était étendue en travers du chemin. Le chauffeur arrêta le camion et se mit à rouspéter :
— Je croyais que le chemin était dégagé ! 'Tain, on ne peut pas leur faire confiance !
Il ouvrit sa portière et descendit. Voyant que la souche semblait lourde, Maya et Alf décidèrent d'aller l'aider à la déplacer, laissant les portières de la cabine grandes ouvertes et le moteur allumé. Profitant du bruit fait par ce dernier, Guillaume se laissa doucement tomber au sol, dégaina son pistolet et alors qu'il rampait silencieusement sous le camion, une voix masculine tonna :
— Mains en l'air !
Bien qu'elle fût un peu déformée par la cagoule portée par l'homme, Guillaume la reconnut, tout comme Maya.
Elle, Alf et le chauffeur avaient instinctivement obéit à l'individu encagoulé qui avait tout d'un coup surgit d'un buisson sur leur gauche, pistolet en main. Alors qu'il se rapprochait d'eux, gardant son canon orienté sur le chauffeur, Maya l'étudia attentivement et la silhouette de l'homme correspondant à celle de son ancien collègue et ami, elle sut que ses oreilles ne lui avaient pas joué un tour.
— Maya ? Demanda-il tout bas, d'un ton choqué, comme si il était surpris de sa présence.
Un second buisson, situé à droite du trio, se mit à bruisser alors qu'un deuxième individu encagoulé, plus petit que le premier, en surgissait.
— Pas de coups fourrés ! Siffla-elle de sa voix profonde.
Maya se retourna vers la femme et voyant que la main qui tenait son pistolet était une prothèse, elle devina tout de suite son identité.
Comme beaucoup, la dresseuse avait entendu dire qu'Owen et Claire avaient trahit InGen, qu'ils étaient dangereux et indignes de confiance, et que les autorités costaricaines les avaient relâchés après un temps de détention malgré les crimes dont on les accusait. Cependant, elle ignorait que le couple avait été enlevé et emmené au domaine. Les rencontrer à la sortie du tunnel alors qu'ils transportaient Elsa était une immense surprise. Elle alla même jusqu'à penser que quelqu'un les avait mis au courant.
— Jetez vos armes et vos téléphones ! Videz vos poches ! Maintenant ! Siffla Owen en grognant à moitié.
Les employés d'InGen s'exécutèrent, ignorant que dans leur dos, Guillaume s'approchait d'eux silencieusement, à la manière d'un fauve en chasse. Il avait rangé son pistolet mais dans sa main, il tenait un morceau de tissu, imbibé de chloroforme. Le bruit du moteur aidant à couvrir celui de ses pas, le trio ne l'entendit que trop tard et avant qu'ils ne puissent réagir, il se précipita sur Maya et colla le tissu sur sa bouche et ses narines.
— Hé ! Laissez là tranquille ! S'écria Alf, inquiet.
Lui et le chauffeur voulurent aider la dresseuse en train de lutter mais Claire les menaça, agitant latéralement le canon de son arme.
— On ne bouge pas ! Sinon je vous fais danser !
Le chloroforme ayant eu raison d'elle, Maya s'effondra dans les bras de Guillaume, qui la laissa tomber, et l'ex-agent d'Interpol alla ensuite s'occuper d'Alf et du chauffeur, qu'Owen maîtrisa tandis que le vétérinaire était endormit. Lorsqu'ils furent eux aussi à terre et inconscients, Guillaume et le couple s'empressèrent de les bâillonner, de les ligoter et de récupérer le contenu de leurs poches, dont les clés de la cage de l'Indoraptor. Voyant Owen regarder longuement Maya d'un air étrange, avec une expression mêlant culpabilité et choc, le directeur du CSMD lui demanda :
— Vous connaissez la dresseuse de ce monstre ?
— On était ensemble dans le programme des mammifères marins de la marine et on a tous deux candidaté pour le poste au sein du programme IBRIS.
— Tout s'explique…
— Des baleines préhistoriques, hein ? Mon cul, oui ! S'exclama soudain Claire, se rappelant de leur rencontre avec la dresseuse à la réception.
Owen ne réagit pas tandis qu'ils finissaient de faire les liens de leurs prisonniers.
— Elle doit savoir ce qui s'est passé avec l'Indominus et mes raptors, finit-il par dire après un long silence. Comment peut-elle participer de son plein gré à ces satanées recherches ?
— Bienvenue au club, lui dit Guillaume avec un soupir, pensant à Sophie.
Il se retourna ensuite vers la remorque. En imaginant son contenu, une crainte saisit son cœur.
— Bon, qu'est-ce qu'on fait de ce truc ? Demanda-il au couple tout en remuant ses bras endoloris. On n'a pas toute la soirée…
— Le sortir du domaine serait une sacrée idiotie, leur rappela Claire. Il n'aurait même pas dû quitter le manoir.
— Et le laisser seul ici serait trop risqué, réalisa Guillaume. Il suffit qu'un abruti passe par là et décide d'ouvrir sa cage…
— On n'a pas le choix. Il faut le tuer, déclara Owen sombrement.
Le soigneur ouvrit les portes de la remorque et Elsa, alors couchée dans sa cage, releva la tête d'un air curieux. Lorsqu'elle vit Owen grimper dans le camion, elle gronda, ne le reconnaissant pas. Elle se demanda qui était cet étranger et ce qu'il voulait faire. Il fut suivit par sa promise et enfin par le directeur du CSMD, qui regarda avec crainte l'Indoraptor encagé. Sentant sa peur, plus forte que celle d'Owen ou de Claire, le prédateur grogna à son encontre et se releva.
Après l'avoir fixé pendant un instant, Owen pointa le canon de son pistolet droit sur la tête d'Elsa, visant son melon. Se sentant menacée, l'Indoraptor émit un sifflement intimidant. Tout en regardant elle aussi le monstre, Claire se rapprocha doucement de son promis alors que le doute s'emparait d'elle.
— Owen, est-ce qu'on est en train de faire le bon choix ? Cette chose est certes un hybride monstrueux… mais il reste un animal. Et si il est comme sa… mère, il est également intelligent et doué de sensibilité, lui dit-elle doucement après s'être raclé la gorge. Wu, Torres et Mills sont les vrais coupables, pas lui. On n'est pas obligés de le tuer…
Surpris par ses propos, Owen et Guillaume se tournèrent vers elle.
— J'en suis conscient mais si il s'échappe, des innocents vont être blessés, voir tués. Je ne laisserais pas l'incident de Blue se reproduire ici, déclara le soigneur. Tout ça est plus gros que nous et elle… On doit agir en pensant au bien du plus grand nombre, et tant pis si je me mets à dos une vieille amie.
Pesant le pour et le contre, Claire soupira.
— Tu as raison. On ne peut pas prendre de risques, admit-elle. J'aurais l'air de quoi si je laisse les horreurs d'Isla Nublar se reproduire ?
Elle se tourna ensuite vers le prédateur et son regard croisa le sien.
— Je suis désolée, murmura la directrice déchue du bout des lèvres.
Tandis que l'Indoraptor, de plus en plus agitée, essayait de les atteindre en passant son bras à travers les barreaux, Owen prit une profonde inspiration puis, tout en expirant, il appuya sur la détente. La balle fila entre les barreaux et disparut dans la tête de l'Indoraptor, qui s'effondra aussitôt sur le flanc avant de s'immobiliser. Owen, Claire et Guillaume se rapprochèrent de la cage et virent une trainée vermeille s'écouler du trou sanguinolent qui venait d'apparaître au milieu du melon de l'animal.
Owen se décala ensuite sur le côté, de manière à faire face au flanc de l'animal, et tira à nouveau, trouant la poitrine du dinosaure, où la peau était plus fragile que sur le dessus du corps. Du sang s'écoula de ce nouvel orifice et après avoir regardé l'œil figé du dinosaure, le soigneur émit un lourd soupir peiné, n'ayant pris aucun plaisir dans cet acte.
Notes
(*) Ancienne province méridionale de France, dont le territoire correspond approximativement à l'actuel département de la Lozère.
