— Il est mort ? S'enquit Guillaume.

— Je lui ai tiré dans la tête et dans le cœur, répondit Owen sèchement, trouvant la question du Français un peu idiote. J'espère qu'il l'est du moins, pour son bien et le nôtre…

— Vous croyez qu'il est capable de faire le mort ? Comme un Opossum ? Demanda Claire au directeur du CSMD avec scepticisme. Je suis bien placée pour savoir que l'Indominus étais retorse mais tout de même…

— Si il joue la comédie, je propose qu'on lui décerne l'Oscar du meilleur acteur et que Marion Cotillard aille prendre des cours avec lui, déclara Guillaume d'un ton pince sans rire.

— Il n'y a qu'un moyen de vérifier ça…, dit Owen.

De la poche de son pantalon, il sortit un couteau qu'il avait trouvé dans le sac de Guillaume.

— Ne pétez pas mon couteau s'il vous plaît…, le pria ce dernier.

Owen prit les clés de la cage et l'ouvrit.

— Si ce truc bouge, tirez…, demanda-il à sa promise et au Français.

Le soigneur pénétra dans la cage, dégagea le cou de l'Indoraptor et l'égorgea avec le couteau avant d'aller lui poignarder le poitrail et l'abdomen. Davantage de sang coula. Dans le cas hautement improbable où le prédateur serait encore en vie, il serait si affaiblit qu'il ne pourrait pas se lever ou même attaquer Owen.

Ce dernier regarda Guillaume.

— Voilà. Rassuré ?

— Oui…

Le directeur du CSMD soupira.

— On a maintenant un corps de plus de trois cent kilos sur les bras. Qu'est-ce qu'on en fait ? Demanda-il.

— On ne peut pas le laisser comme ça. Les charognards rappliqueraient aussitôt, dit le soigneur. Et je ne parle pas des coyotes et des corbeaux…

— Il faut le détruire, en conclut Claire. Comment ? Un feu ? Trop visible et trop hasardeux. Une déchiqueteuse ? Bonne chance pour en trouver une. De l'acide ? Trop hasardeux aussi, on risquerait de faire le même genre de conneries que Jesse de Breaking Bad… Un élevage de porcs ? Il faudrait sortir du domaine. A moins que…

Le regard de la directrice déchue s'illumina.

— Il y a mieux que des porcs et dans le domaine qui plus est, dit-elle.

— Les prédateurs, devina son promis. Comment entrerait-on dans le camp ?

— On n'a pas besoin d'entrer. Une partie du périmètre n'est pas clôturé, lui fit remarquer Guillaume. Au niveau de l'enclos du coin nord-est.

— Celui de Miriam et Pierce, se rappela Claire.

— Espérons qu'ils aient faim, dit Owen.

Ils dégagèrent l'allée et chargèrent les trois employés d'InGen inconscients et ligotés à l'arrière du camion. Claire se porta volontaire pour les surveiller, eux et le corps de l'Indoraptor, et ses deux complices fermèrent les portes de la remorque avant d'aller s'installer dans la cabine. Ils roulèrent ensuite vers la cuvette et l'enclos des acrocanthosaures.


A la porte sud-est du domaine, Sophie de Mafart et Christian Besson, celui qui avait apporté la mallette, attendaient près de leur véhicule. Celui-ci était garé sur le côté de la route, à quelques mètres de la porte elle-même, tenue par deux factionnaires. De Mafart se retourna vers l'intérieur du domaine, espérant apercevoir, entre les arbres et les buissons, les phares du camion dans la lumière déclinante du crépuscule. Elle regarda l'heure sur son téléphone : Il était vingt heures quarante-cinq. Le camion avait cinq minutes de retard.

Sa mission touchait bientôt à sa fin. Ils leur restaient à transporter l'Indoraptor jusque dans la région de la baie de San Francisco et la mettre dans un avion-cargo en partance pour la France. Ils atterriraient à la base aérienne d'Orange, dans le Vaucluse, et de là, un hélicoptère de transport les emmènerait de nuit dans le Gévaudan, à Mont-Sorcier, un site classé secret défense. Une fois l'Indoraptor arrivée à destination, Sophie allait être rappelée à Paris, où elle serait félicitée et récompensée par le chef de la DGSE, l'Intérieur et même le Président. Elle pouvait imaginer la fierté qu'elle ressentirait, la toucher presque…

Non loin, l'un des factionnaires avait contacté le chauffeur du camion pour lui demander s'ils étaient partis et si oui, pourquoi ils étaient en retard. On finit par lui répondre et écoutant, le factionnaire acquiesça. Il remit ensuite sa radio à sa ceinture, n'ayant pas réalisé que la voix qui lui avait parlé n'était pas celle du chauffeur mais celle d'Owen, les parasites de la radio entravant grandement la distinction des voix.

— Alors, que se passe-il ? Demanda De Mafart au garde d'un ton agacé.

— Le chemin entre le manoir et la cuvette est jonché d'obstacles. Ils sont en train de les dégager. Ils devraient être là d'ici dix minutes.

— D'accord…, dit l'agente de la DGSE un peu froidement, ennuyée par ce retard.

Ils continuèrent d'attendre.


Suivant les indications de Guillaume qui venait de descendre, Owen fit doucement tourner le camion et lorsqu'il fut perpendiculaire au chemin, il l'immobilisa et éteignit le moteur. L'extrémité de la remorque étant presque au-dessus du début de la pente, le soigneur n'avait pas osé reculer davantage, car lui et le directeur du CSMD devaient encore remonter dans la remorque. Tout en se rapprochant de ses portes, les deux hommes regardèrent vers le bas de la pente et au-delà. Entre les branches et les feuillages des arbres, ils pouvaient distinguer les lumières du Camp, et tendant l'oreille, ils entendirent des voix plus ou moins lointaines, probablement celles de gardes ou de soigneurs affairés aux enclos. Le plus discrètement possible, Owen et Guillaume ouvrirent les portes de la remorque et montèrent dedans avant de rejoindre Claire dans la cage.

— Heureusement que c'est une femelle, dit-elle. Je n'imagine pas l'engin du mâle. Imaginez qu'il ait les picots du léopard et qu'il soit divisé en deux comme celui des serpents et des lézards.

— Le machin serait une double Mortensen, imagina Owen.

— Morgenstern. Pas Mortensen, le corrigea sa promise.

Ensemble, le couple et Guillaume tirèrent le corps de l'Indoraptor en dehors, ahanant dans leur effort.

— 'Tain, il pèse son poids, souffla le directeur du CSMD.

Lorsque le prédateur mort arriva au bord de la remorque et menaça de basculer, Owen regarda ses deux compagnons et commença un compte à rebours :

— A la une… A la deux…

Arrivant à trois, ils poussèrent de toutes leurs forces l'Indoraptor et celui-ci tomba de la remorque, chutant lourdement sur les feuilles et la terre avant de commencer à être entraîné par son poids et de glisser le long de la pente, droit vers l'à-pic et l'enclos des acrocanthosaures en contrebas. Le trio descendit de la remorque et prudemment, ils se mirent aussi à descendre la pente. Plus bas, le grand corps noir s'arrêta soudain, retenu par un affleurement rocheux à seulement quelques mètres du rebord.

— Merde…, jura Guillaume.

Lui et le couple couvrirent encore quelques mètres puis, une fois près de l'Indoraptor et du rebord, se cachèrent derrière des troncs pour observer l'enclos des acrocanthosaures et la cuvette. Ils pouvaient voir tous les enclos des carnivores et leur vue portait jusqu'aux deux grands enclos centraux, ceux des apatosaures et des hadrosaures. Bien que la majorité aient déjà été vendus, les animaux étaient encore là, leur transport jusqu'à leur nouvelle destination nécessitant au moins quelques jours pour être organisé, et les seuls qui pourraient quitter le domaine dans les heures à venir étaient ceux de petite taille. Avec la vente aux enchères, InGen Security avait répartir ses effectifs présents au domaine plutôt que de les renforcer et ainsi, le trio nota que les miradors les plus proches étaient inoccupés, ses factionnaires habituels ayant probablement été envoyés patrouiller le long des limites du domaine.

Le trio se concentra enfin sur l'enclos qu'ils surplombaient. Les deux acrocanthosaures dormaient tandis que personne ne se trouvait sur la plateforme en haut du mur. S'ils devaient agir, c'était là.

Ils s'accroupirent, sortirent de leur cachette et rampèrent jusqu'à l'Indoraptor. Se penchant au-dessus du bord de l'à-pic, Owen vit que rien n'empêcherait le corps de l'hybride de chuter dans l'enclos. Il alla rejoindre sa promise et Guillaume et ensemble, ils poussèrent Elsa par-dessus l'affleurement et vers le rebord. L'Indoraptor se remit à glisser et Owen tendit son bras pour retenir sa compagne.

— C'est bon. Ça y est, dit-il.

Elsa parvint au bord de l'à-pic et bascula dans le vide. Le couple et le directeur du CSMD se rapprochèrent du bord et virent le dinosaure mort étendu au pied de la falaise. De l'autre côté de l'enclos, les acrocanthosaures dormaient encore.

— S'ils pouvaient se réveiller, ça nous arrangerait…, grommela Guillaume.

C'est alors que le couple se mit à appeler les prédateurs :

— Pierce ! Miriam ! Le dîner est servi !

Les entendant, Pierce ouvrit l'œil, releva la tête et huma l'air. Captant l'odeur, il se tourna vers la falaise et voyant le corps de l'Indoraptor, l'acrocanthosaure tendit le cou en avant. Intrigué, il continua de renifler.

Que c'est mon pépère ? C'est du manger ? Lui dit Guillaume, lui parlant de la même manière qu'à un gros chien amical.

Pierce se leva et dérangée dans son sommeil, Miriam se réveilla aussi. L'acrocanthosaure mâle marcha jusqu'à l'Indoraptor et se pencha pour la renifler longuement, passant l'extrémité de son museau tout le long de son corps. Derrière lui, Miriam regarda en haut de l'à-pic, observant avec intérêt les trois humains encagoulés.

— Allez ! Mangez ! On n'a pas que ça à faire ! S'impatienta le directeur du CSMD.

Pierce mordit une des jambes d'Elsa et arracha un gros pan de la cuisse avant de l'avaler, à la manière de quelqu'un goûtant un aliment jusque-là inconnu. Constatant que l'Indoraptor avait un goût tout à fait correct, très proche des poulets dont on le nourrissait lorsqu'il était petit ou de certain des animaux qu'il a pu chasser dans une Isla Nublar post-apocalyptique, il se repencha pour cette fois-ci mordre la queue à sa base et l'arracher. Mais alors qu'elle dépassait de sa gueule telle un spaghetti noir géant, Pierce fut brutalement bousculé par Miriam qui, en un clin d'œil, referma ses mâchoires sur le cou de l'Indoraptor et de traîner le corps vers un coin de l'enclos, à l'opposé de Pierce.

— C'était plutôt facile en fait…, constata Owen tout en regardant les acrocanthosaures mettre en pièces l'Indoraptor.

— Un peu trop…, renchérit Claire.

— Bon, le cas de l'Indoraptor lui-même est réglé ! Dossier suivant ! Déclara Guillaume.

— Ouais, allons rendre une petite visite à Wu…., dit sombrement la directrice déchue.

Ils remontèrent dans le camion, revinrent sur le chemin conduisant au tunnel secret et après avoir enfermés Maya, Alf et le chauffeur dans la cage et jeté la clé au loin, le trio se dirigea vers le tunnel. Bientôt, Guillaume pointa au couple la paroi dans laquelle l'entrée du tunnel était dissimulée mais au lieu de s'en rapprocher, il les mena à travers la végétation sur leur gauche.

— On n'emprunte pas le tunnel ? Demanda Claire.

— Je ne crains qu'il ne s'ouvre que de l'intérieur, répondit Guillaume. Tentons l'aire de déchargement du vieil atelier. Les acheteurs sont partis, tout comme leurs acquisitions… L'endroit devrait être moins gardé à présent.


Quelques minutes plus tard, un duo de gardes s'engagea sur le chemin, le suivant en direction de l'entrée du tunnel.

— Qu'est-ce qu'ils foutent ? Se demanda l'un d'eux. Ça fait plus d'une demi-heure qu'ils sont plantés là ! Ils auraient dû finir d'avoir dégagés le chemin !

— Surtout qu'on l'a fait hier avec les autres, dit son collègue. Ne me dis pas que Dwayne a eu peur que des petites branches lui trouent les roues ?

Suivant la courbure décrite par le chemin, c'est alors qu'ils virent les phares du camion et ils le découvrirent bien assez tôt immobilisé sur place. Ne voyant personne dans la cabine, ils s'inquiétèrent et surveillèrent les arbres de part et d'autre.

— Dwayne ? Dwayne ?! Où es-tu, Dwayne ?! Appelèrent-ils.

Personne ne leur répondant, ils dégainèrent leurs tasers et firent prudemment le tour du véhicule avant d'ouvrir lentement les portes de la remorque. Regardant avec sa lampe torche à travers l'embrasure, l'un des gardes vit Dwayne, Alf et Maya allongés dans la cage de l'Indoraptor.

— Qu'est-ce que… ?

Il écarquilla les yeux de stupeur en remarquant que l'animal n'était pas là, qu'il semblait s'être volatilisé, mais la stupeur laissa place à l'effroi quand il vit la traînée de sang entre lui et la cage. Il se tourna promptement vers son collègue.

— Appelle les autres. Dis-leur d'amener des pinces. On a un gros problème !


— Quoi ?! S'exclama Mills, furieux.

Les gardes venaient de l'informer de leur inquiétante découverte. Torres, qui l'avait vu quitter précipitamment le chapiteau après avoir consulté l'écran de son téléphone, vint le rejoindre dehors.

— Qu'est-ce qui se passe, Elijah ? S'enquit-il.

— Le convoi. Il est tombé dans une embuscade, répondit gravement l'homme d'affaires.

— A l'intérieur du domaine ?! S'alarma le directeur d'InGen Security.

Mills hocha de la tête.

— L'Ind..

Il s'interrompit, regarda autour de lui pour vérifier que personne ne les écoutait, puis se reprit :

Elsa a disparue, ajouta-il à voix basse. Quelqu'un l'a enlevée.

— Merde !

Torres se tourna vers l'entrée du chapiteau.

— Edward. Pas un mot à Susan, le pria le gérant de la fondation Lockwood. Du moins pas avant que l'on n'en sache plus…

Le directeur d'InGen Security acquiesça.

— J'appelle une voiture, dit-il avant de sortir son téléphone.

Il demanda à ses subordonnés d'amener une voiture à proximité des chapiteaux puis se mit à donner des ordres :

— … Renforcez les patrouilles, fouillez chaque véhicule entrant ou sortant du domaine.

Leur voiture arriva et alors qu'ils montaient dedans, le chauffeur demanda la destination.

— Au chemin entre la cuvette et l'entrée du tunnel, lui commanda Torres.

Peu après le départ de la voiture, Kenneth Wheatley se rapprocha de l'endroit où elle s'était arrêtée et regarda le manoir. Lorsque Torres était sorti du chapiteau peu après Mills, le chef mercenaire avait été intrigué et s'était levé peu après. A leur insu, il les avait écoutés et savait qu'ils se rendaient plus au nord. Wheatley s'éloigna des chapiteaux et dépassant le manoir, il suivit dans un premier temps le chemin qui menait à la cuvette.

Au même moment, Susan Lynton et les gardes de la porte sud reçurent le message suivant de la part de Torres :

Petit contretemps pour transfert E. Camion a roue crevée.


Tout en reniflant, Iris referma sa valise et la posa près de la porte de sa chambre, dans l'aile sud, au troisième étage, non loin de l'escalier qui menait à la porte de Benjamin. Ses bagages faits, la gouvernante s'assit sur son lit, soupira et essuya ses yeux, peinant encore à croire qu'on la chassait du manoir. Bien qu'elle ait soixante-quinze ans, Iris se serait vue travailler chez les Lockwoods jusqu'à ce que sa santé ne le permette plus, ce afin d'être auprès de Maisie le plus longtemps possible. Hélas, ce n'était plus possible et elle n'avait même pas de famille ou d'amis vers qui se tourner, tandis que les maisons de retraite étaient chères. Si elle décidait d'aller vivre dans une dès le lendemain, elle aurait parié qu'elle n'aurait plus un sou au moment de sa mort. Et qu'allait-elle faire en attendant celle-ci ? Regarder la télévision ou faire des mots croisés toute la journée ? Non et idéalement, elle aurait voulu passer ses derniers jours dans une petite maison à la campagne, à s'occuper d'un jardin, pas à dépérir passivement dans un mouroir en compagnie d'inconnus.

Iris souhaitait encore travailler quelques années, afin de mettre encore un peu d'argent de côté et de s'assurer une retraite décente. Si elle parvenait à trouver ne serait-ce qu'un emploi de femme de ménage, elle s'estimerait chanceuse.

Elle mit son réveil pour le lendemain matin. Comme Eli le voulait, elle ne sera plus là à l'aube. Elle comptait d'abord se rendre à Eureka et chercher un hôtel où loger en attendant.

Voulut voir Maisie une dernière fois, la gouvernante sortit alors de sa chambre et se rendit à celle de la petite-fille de Benjamin, marchant lentement dans le couloir, comme pour s'imprégner une dernière fois des lieux.

Ouvrant tout doucement la porte, elle vit que la jeune fille dormait déjà. Iris s'avança d'un pas dans la chambre, entrouvrit la bouche mais au moment où elle voulut réveiller Maisie, elle se retint. La pauvre était épuisée et avec l'hospitalisation de son grand-père, c'était peut-être mieux qu'elle ne lui fasse pas de véritables adieux pour ne pas l'accabler encore plus. Et si quelqu'un les voyait parler et rapportait la conversation à Eli, Iris craignait qu'il soit capable d'exécuter sa menace ou pis. Maisie, ne sachant plus en qui faire confiance, serait dévastée et Eli profiterait de sa faiblesse pour se faire passer pour une figure salvatrice. Il aurait alors totalement la main mise sur elle et sans aide extérieure, Maisie ne pourrait que difficilement échapper à ses griffes. Iris sut qu'elle devait choisir le moindre mal et referma la porte.

La mort dans l'âme, la gouvernante retourna à sa chambre et alla se coucher. Avant de se glisser dans son lit, elle regarda par la fenêtre et vit les lumières des chapiteaux.

A l'origine, elle aurait dû travailler jusqu'à assez tard dans la nuit, afin de superviser les employés chargés de nettoyer et de ranger après la soirée, mais ne s'étant pas sentie en état de travailler ce jour-là avec l'état préoccupant de Benjamin, elle avait délégué ses tâches à Phyllis, une de ses subordonnées. Si Eli n'engageait pas une nouvelle gouvernante, il allait probablement la charger de s'occuper de Maisie.

Après avoir éteint sa lampe de chevet, Iris se mit à réfléchir. Elle quitterait peut-être le manoir mais ce n'est pas pour autant qu'elle abandonnera au sujet de Maisie. Elle ne pouvait la laisser seule avec Eli. Mais comment l'aider sans qu'il le sache ? Ou du moins, avant qu'il ne se rende compte de quoi que ce soit et puisse agir ? Iris envisagea de se servir de certains des employés comme intermédiaires, leur demandant de passer des lettres à Maisie, mais ce ne serait pas sans risques. Si Eli interceptait le courrier ou s'il s'assurait de leur bonne collaboration de gré ou de force… Iris pensa à chercher l'aide de personnes extérieures au manoir et à la fondation, des personnes à qui elle parlerait des affaires secrètes d'Eli. Mais qui ?

La police ? Eli pourrait verser des pots de vin ; Madame Dearing et Monsieur Grady ? Benjamin semblait leur faire confiance, mais Eli aussi ! Or elle a désespérément besoin d'alliés étant donné sa situation actuelle et elle risque de ne pas vouloir se mêler de ça pour ne pas s'aliéner Eli, si leur accord tient toujours ; Monsieur Vuillier ? Il s'est bien entendu avec Maisie au cours de son séjour, est compétent et relativement haut-placé en plus d'avoir un bon fond même s'il est un peu fouineur sur les bords. Mais c'est parfait en vérité ! Je dois lui parler de cela dès que possible ! Il est mon seul espoir.


Ayant braqué vers le sud, Guillaume, Claire et Owen passèrent non loin de l'endroit où il avait été maîtrisé par le couple plus de deux heures plus tôt et revinrent bientôt en vue du vieil atelier et de son aire de parking. Comme le directeur du CSMD l'avait prédit, les véhicules des acheteurs et les fourgons avaient disparus, tout comme les gardes armés. Le quai de déchargement était désert, ou presque. A son bord, trois personnes était assises et parlaient tout en fumant. Là où une portait un uniforme des gardes du domaine, les deux autres portaient des blouses de laboratoire, les utilisant comme des manteaux improvisés face à la fraîcheur du soir. Guillaume, Claire et Owen s'arrêtèrent et les observèrent.

— Qu'est-ce qui a de grandes oreilles et qui distribue le courrier ? Demanda le garde, une blonde de taille moyenne à la peau bronzée.

— Ton facteur ? Demanda un des scientifiques, un homme de haute taille avec de longs cheveux sombres attachés en une queue de cheval.

— Presque, un éléphant facteur.

— N'importe quoi, dit l'autre scientifique. Elle est nulle ta blague. T'es vraiment trop blonde Vanessa…

Ayant décidé d'un plan d'approche, le couple et le directeur du CSMD passèrent à l'action.


Leur chauffeur venant d'arrêter la voiture, Mills et Torres descendirent et se rapprochèrent du camion. A côté de celui-ci, Maya et ses deux compagnons reprenaient lentement connaissance tandis que les gardes leur demandaient ce qui s'était passé.

— Qui vous a fait ça ?

— Owen… Claire Dearing…, articula la dresseuse avec difficulté.

— Dearing et Grady ?! S'exclama Mills avec consternation. Je croyais qu'ils étaient enfermés dans la vieille cabane !

Il s'approcha de l'ex-soldate.

— Maya, dit-il doucement. Etes-vous sûre que c'était eux ?

La dresseuse hocha vivement de la tête.

— Il y avait une troisième personne, ajouta-elle.

Torres se tourna vers les gardes.

— Contactez leurs geôliers !

Ils obéirent et quelques secondes plus tard, Valentine Taylor leur répondit. Le directeur d'InGen Security prit la radio.

— Monsieur Taylor ? Ici Torres. Est-ce que Madame Dearing et Monsieur Grady sont toujours enfermés ?

Affirmatif, mentit le Texan.

Torres éloigna la radio et se tourna vers Maya.

— L'un de vous ment…, dit-il d'un ton ennuyé.

Il ramena la radio près de sa bouche.

— Puis-je parler à l'agent que vous a envoyé Mills ? Demanda-il à Valentine.

Elle est actuellement… indisposée.

Le directeur d'InGen Security eut un rictus.

— Indisposée vous dîtes ? Nous rappellerons dans quelques minutes. Mills souhaite lui dire quelque chose.

D'accord.

— Ce sera tout, merci.

Il repassa la radio au garde, lui fit signe de l'éteindre et ordonna à deux autres :

— Passez à la cabane. Si Monsieur Taylor raconte des salades, mettez-le aux arrêts.

— A vos ordres, Monsieur.

Les deux gardes partirent, quittant le chemin un peu plus pour couper à travers la végétation et rejoindre la cabane le plus rapidement possible.

Du chemin, un autre garde arriva en courant et héla Mills et Torres :

— Messieurs !

Ils se retournèrent vers lui.

— Oui ? Demandèrent-ils d'un ton agacé.

— On.. On l'a retrouvé, bégaya le garde. A l'enclos des acrocanthosaures…


Caché derrière un arbre non loin, au sud du chemin, Wheatley regarda Torres, Mills, Maya, Alf et la quasi-totalité des gardes remonter dans leurs véhicules et se diriger vers la cuvette. Mais il ne les suivit pas, se contentant d'observer le garde chargé de garder le camion. Le chef mercenaire tourna la tête vers la gauche, vers l'entrée du tunnel dont on lui avait parlé. Il prit ensuite son téléphone portable et composa un message qu'il envoya. Quelques secondes plus tard, on lui répondit :

Reçu. Nous sommes en train de nous infiltrer.

Wheatley se retourna brièvement pour regarder le bois derrière lui.


Au sud, au-delà de la cuvette et du village de caravanes et de préfabriqués, aux limites du domaine, ses hommes étaient en train de franchir un trou dans la clôture périphérique. Vêtus de noir et encagoulés, on distinguait les mercenaires avec difficulté dans les dernières maigres lueurs du crépuscule. Alors que ses subordonnés, environ une petite quarantaine, pénétraient dans le domaine, Mickey envoya un message à un numéro différent de celui de Wheatley.