Notes
Suggestions musicales :
Le couple et Guillaume fouillent le bunker :
- Dennis steals the embryos — John Williams, Jurassic Park.
Wheatley s'introduit dans le tunnel :
- Go bunker yourself - Michael Giacchino, Jurassic World: The Fallen Kingdom (Jusqu'à 00:23).
-o-
Vanessa et ses deux collègues scientifiques gisaient inconscients dans un coin obscur du quai de déchargement. Claire, Owen et Guillaume étaient penchés au-dessus, occupés à retirer une partie de leurs vêtements, et non loin, ils avaient posé trois masques en latex à l'effigie de dinosaures carnivores. Ils les avaient trouvés contre une des colonnes, juste à côté de l'endroit où le trio d'employés fumait quelques minutes plus tôt. La présence de ces masques les avait initialement surpris, avant de réaliser qu'une petite fête devait peut-être avoir lieu quelque part dans le manoir.
Tandis que Claire enfilait l'uniforme de Vanessa, Owen et Guillaume rangèrent les badges du trio sur le côté et transportèrent les corps jusqu'au massif de buissons le plus proches pour les y jeter. Lorsqu'ils revinrent sur le quai, les deux hommes mirent les blouses des scientifiques, enlevèrent leurs cagoules pour les ranger dans le sac de l'ex-agent d'Interpol et essayèrent les masques.
— Ce masque est trop grand pour moi, prenez-le, dit Guillaume à Owen.
Claire, qui avait déjà enlevé sa cagoule, se retourna et vit le directeur du CSMD tendre à son promis le masque qu'il venait d'essayer. Celui-ci représentait un Néoraptor bleu-gris pourvu d'une crête de protoplumes au sommet du crâne ainsi que deux petites crêtes jumelles rouges au-dessus du museau, un mâle de la sous-espèce iroquoii, un des prédateurs les plus emblématiques des Cinq Morts. Owen le saisit et l'enfila.
— Vous voulez lequel Claire ? Lui demanda Guillaume en lui montrant les deux masques restants. Le procératosaure ou l'Indominus ?
Le regard de la directrice déchue s'arrêta sur le masque à l'effigie de sa défunte Némésis. Elle se souvenait encore du jour où elle avait eu une réunion au sujet des produits dérivés à l'effigie de l'Indominus et avec le recul, l'insouciance dont elle avait fait alors preuve la mit mal à l'aise. Tout à coup, elle comprit davantage cette Enidienne qui s'était un jour plainte auprès d'InGen et du fabricant de masques suite à une frayeur qu'elle avait eu au cours du soir d'Halloween, une demi-douzaine d'années avant la Chute. Lorsqu'on avait sonné à sa porte, elle s'était naturellement levée pour aller ouvrir, croyant que c'était un groupe d'enfants venus lui demander des bonbons. Ça avait été le cas mais lorsqu'elle avait vu que l'un d'eux portait un masque de Neoraptor iroquoii mâle, elle avait soudain eu une crise d'angoisse et refermé la porte sans donner le moindre bonbon. Il se trouva que la plaignante avait été une des protagonistes de l'Incident Kirby, qui avait eu lieu au cours de l'été 2001 sur Isla Sorna et durant lequel elle avait eu quelques mésaventures avec des néoraptors.
Bien sûr, les produits dérivés de l'Indominus n'avaient jamais été mis sur le marché et le masque dans les mains du directeur du CSMD devait être un prototype dont personne n'avait voulu et qui s'était retrouvé on ne sait comment en la possession de cette garde.
— Vous pouvez prendre le procératosaure si vous voulez, dit Guillaume en constatant l'hésitation de Claire.
Mais la directrice déchue prit le masque de l'Indominus.
— Celui-ci fera l'affaire…, dit-elle avant de l'enfiler.
Guillaume enfila le masque restant, qui représentait un procératosaure mâle à la tête écarlate et à la crête prononcée, et lui et le couple se dirigèrent ensuite vers la porte la plus proche. Utilisant un des badges, ils pénétrèrent dans le vieil atelier.
Au même moment, le duo de gardes envoyé à la vieille cabane par Torres arrivèrent à leur destination. Tasers et lampes torches en main, ils en firent le tour mais ne trouvèrent pas Valentine sur le porche. Ils regardèrent tout autour.
— Taylor ! L'appelèrent-ils. Où êtes-vous ?!
Le garde le plus proche de la porte entendit alors un geignement, venant de l'intérieur de la cabane. Il fit signe à son collègue de rester silencieux un instant et ils entendirent un nouveau geignement. Après avoir échangé un regard entendu, ils enfoncèrent la porte et se figèrent en voyant que leur collègue Marigold était là, allongée sur le sol, ligotée et bâillonnée, le visage rouge de colère.
Tandis qu'un défaisait ses liens, l'autre prit sa radio et confirma l'évasion du couple ainsi que la trahison de Valentine.
Ce dernier n'était pas loin. Ayant anticipé leur venue, il avait juste eu le temps d'aller se cacher au milieu des buissons et des fourrés de l'autre côté du chemin qui passait devant la cabane. Il savait qu'il devait chercher à quitter le domaine mais les deux gardes étant encore trop proches, il attendit.
Suivant le couloir reliant le quai de déchargement au niveau supérieur du bunker, le couple et Guillaume passèrent devant le sas d'accès au gymnase. Ils s'arrêtèrent un court moment pour observer les fêtards et ceux-ci, croyant voir Vanessa et ses deux compagnons, ne s'alarmèrent pas. Ils dansaient au milieu de la fumée et le haut-parleur diffusait une version dépourvue de paroles de Soyez prêts du Roi Lion. Karim, Giles et Nicole, déjà un peu éméchés, étaient en train de chanter :
…
Et cette souffrance, des recherches illégales, on s'en souviendra pour toujours.
Ces hybrides de merde dévoreront notre éthique
International Genetics !
Puis ils éclatèrent de rire et cette hilarité se mua en un fou-rire quasi incontrôlable. Là où certains des fêtards portaient des masques similaires à ceux accaparés par Guillaume et le couple, et représentant divers autres animaux aussi bien préhistoriques que modernes, d'autres n'en avaient pas et Wu était de ceux-là. Claire le trouva assez rapidement et se mit à le fixer intensément.
— Claire. Pas maintenant…, lui dit Guillaume doucement. Laissons-les faire la fête. Profitons-en pour leur préparer une mauvaise surprise.
D'un signe de tête, le directeur du CSMD invita le couple à le suivre vers la porte à l'extrémité du couloir, vers le bunker. A contrecœur, Claire le suivit et Owen ferma la marche.
Ils traversèrent la petite pièce avec l'escalier en colimaçon, passèrent dans la suivante avec les mannequins, le reste du matériel d'entraînement et le poste de contrôle, puis sortirent sur la passerelle, balayant la grande salle du regard pour voir s'il n'y avait pas de gardes. Claire, Owen et Guillaume entrèrent en premier dans l'espace bureaux-détente.
— Ok. Lequel est celui de Wu ? Se demanda le directeur du CSMD.
Ils trouvèrent le bureau du généticien en chef d'InGen bien assez tôt et de son sac à dos, Guillaume sortit des tournevis. Il fit ensuite le tour du bureau et se pencha vers la tour de l'ordinateur tandis que le couple fouillait les autres ainsi que les armoires, à la recherche de documents importants.
— Allez au labo tant que vous le pouvez, suggéra l'ex-agent d'Interpol … Prenez des photos, volez, sabotez des équipements si vous jugez cela utile… Tout en restant un minimum discret. Il y a des caméras…
Mais juste avant qu'il ne commence à démonter l'ordinateur, Claire l'arrêta :
— Attendez. Allumez l'ordi et essayez René Descartes, René, ou Descartes pour le mot de passe. Un des trois, je ne sais plus lequel, était celui de son ordi aux laboratoires sur Nublar.
— Je vais essayer ça. Merci pour l'info.
Guillaume démarra l'ordinateur et Claire aperçut une batte de base-ball près du bureau de Maya. Elle s'en empara, ressortit de la pièce avec Owen et près de l'ascenseur, à mi-chemin entre les bureaux et le laboratoire, le couple vit aussi une petite armoire contenant une hache à incendie mais ils ne la prirent pas pour ne pas trop s'encombrer et éviter de trop éveiller les soupçons si les images des caméras étaient retransmises à un poste situé dans une autre partie du manoir.
A l'aide du badge du scientifique dont il avait volé la blouse, Owen réussit à ouvrir la porte du laboratoire proprement dit et lui et sa promise pénétrèrent dans la longue pièce, allumant leur lampe torche en entrant. Ils en firent le tour, passant devant des écrans vidéo éteints, des microscopes, diverses machines ainsi que des œufs incubant dans des couveuses montées sur roulettes. En fouillant dans un tiroir, ils trouvèrent une image aux rayons X du crâne de l'Indoraptor et naturellement, ils la sortirent et l'éclairèrent pour la prendre en photo. Tout au fond du laboratoire, il y avait deux grandes cuves cylindriques servant de matrices de développement, et de hauts congélateurs aux tablettes chargées d'embryons.
Owen trouva une paire de gants isolants et ouvrit un des congélateurs. Aussi grand qu'une petite penderie, il était rempli du sol au plafond de tablettes contenant des réactifs et des liquides dans des sacs en plastique. Le couple vit sur le côté une petite glacière avec une lourde porte de céramique. Le soigneur l'ouvrit et un plateau portant des tubes apparut dans un nuage blanc d'azote liquide.
Les embryons étaient classés par espèces : Allosaurus, Pteranodon, Argentinosaurus, Inostrancevia, Stygimoloch, Pectinodon… Chacun était contenu dans un mince tube de verre enveloppé dans du papier alu et fermé par un bouchon.
— Pectinodon ? S'étonna Owen en prenant un des embryons. Putain…
Claire regarda attentivement les différents noms.
— Je ne vois pas d'Indoraptor dans le tas. T'en vois ?
— Non.
Elle prit une photo des embryons puis les regarda à nouveau. Ne trouvant pas d'embryons d'Indoraptor, elle prit ceux des pectinodons, les laissa tomber au sol puis les piétina.
— Heureusement que certains culs-bénis ne t'ont pas vu faire ça, glissa Owen.
Elle leva ensuite les yeux vers celui qu'il tenait en main.
— Gardons celui-là, dit-elle. Ça pourrait intéresser le CSMD.
Son promis rangea le tube dans une des poches de sa blouse.
— Je suis sûre qu'ils ont des embryons d'Indoraptor ou du moins des échantillons, avança Claire après s'être retournée vers le reste du laboratoire. Mais où sont-ils ?
— Peut-être dans une sorte de coffre caché, théorisa Owen.
— Ouais. Mais où serait-il ?
Au même moment, un SUV noir et un camion-citerne s'arrêtèrent au sommet de la crête qui dominait la cuvette et ses enclos, au-delà des limites orientales du domaine. Le SUV se gara le premier, faisant demi-tour avant de se stationner sur le côté de la piste forestière, et Jeremy Rankin, Dorian Faraday, Marion Grewal et Adrian Bentley en sortirent, intégralement vêtus de noir et armés. Un peu plus loin sur la piste, le camion-citerne s'arrêta et William McSweeney et Erik Scherrer en sortirent, venant rejoindre leurs compagnons près du SUV. Rankin consulta son téléphone, le rangea, et après avoir regardé McSweeney et Scherrer et leur avoir adressé un hochement de tête, il s'éloigna de la piste, suivit de Faraday, Grewal et Adrian, laissant le logisticien et le scientifique aux véhicules.
Tandis que les trois mercenaires britanniques et l'ex-employé d'InGen Security cheminaient entre les conifères, descendant la crête en direction de la cuvette à plus de cinq cent mètres de là, McSweeney sortit un téléphone portable et envoya le message suivant à un certain nombre de contacts :
P pr Sol Do Mi ? Att 6gnal !
La voiture de Mills, Torres et Maya franchit la porte du camp et le traversa, se dirigeant vers les enclos des prédateurs. Lorsqu'ils arrivèrent devant celui des acrocanthosaures, ils virent plusieurs soigneurs et gardes attroupés près de la porte et au pied de l'escalier qui conduisait à la plateforme au sommet du mur. Sur celle-ci, ils furent surpris de voir Susan Lynton accompagnée de deux vigiles. Courroucée, la présidente d'InGen regarda les arrivants descendre de leur véhicule et rejoindre l'escalier.
— Montez ! Venez admirer le désastre ! Leur cria-elle.
Suivie par Mills et Torres, Maya grimpa à toute vitesse l'escalier et lorsqu'elle arriva sur la plateforme et se rapprocha du garde-corps, elle fondit en larmes.
— Non… Non !
Le gérant de la fondation Lockwood et le directeur d'InGen Security arrivèrent à son niveau et virent les deux acrocanthosaures en train de dévorer la dépouille de l'Indoraptor. Ne pouvant supporter cette vision d'horreur, la dresseuse détourna le regard.
— Qui a fait ça ? Demanda Lynton à Mills avec sévérité.
— Je l'ignore. Pourquoi me regardez-vous moi et non également Edward ?
— Car les criminels se baladant sur le domaine que vous gérez ont été mis au courant du transfert d'une manière ou d'une autre, et ont eu tout le loisir de leur tendre une embuscade. Avez-vous une idée de l'identité des coupables ?
— Euh…
— Monsieur Vuillier est parti du chapiteau peu avant le début de la pause dîner et n'y est pas revenu depuis, l'informa-elle. Où est-il ?
— Je l'ignore.
— Je suis sûre qu'il a quelque chose à voir là-dedans. J'ai entendu parler de trois malfaiteurs. Qui pourraient-être les deux autres ?
Mills blêmit et Torres se racla la gorge.
— Eli, plus de mensonges ! Gronda la présidente d'InGen.
— C'est Owen Grady et Claire Dearing, dit soudain Maya, prononçant le nom de l'ex-responsable du programme IBRIS comme si c'était celui d'un étranger.
Lynton se tourna vers elle.
— Ils sont ici ?! S'étonna-elle.
Elle ramena son regard sur le gérant de la fondation Lockwood et le directeur d'InGen Security.
— Pourquoi les avez-vous amenés ici, triples buses ?! Tous les entrepôts de la région de la baie étaient-ils pris ?! Ou mieux, vous auriez pu carrément régler leur cas dans la Sierra Nevada !
— Elijah m'a demandé de les amener ici, lui apprit Torres.
L'autre homme le fusilla du regard et Lynton soupira.
— Nous allons passer pour des tocards auprès de Madame de Mafart et ses supérieurs ! On peut dire adieu à notre contrat avec eux ! A moins que…
Le visage de la femme d'affaires s'éclaira.
— Nous avons peut-être une solution temporaire, déclara-elle.
Elle leur expliqua son idée puis ajouta :
— Appelez Wu. S'il pouvait aider vos gars à mettre en place ce plan B, ce serait gentil de sa part.
Mills sortit son téléphone et composa le numéro du généticien.
Occupé à danser avec ses collègues, Wu n'entendit pas son téléphone sonner. Non seulement il l'avait posé sur la table basse du haut-parleur mais la musique qui sortait de ce dernier était trop forte. Son esprit ayant été embrumé par l'alcool et la chanson étant entraînante, le généticien n'eut même pas envie de surveiller son téléphone.
— Il ne répond pas ! Grommela Mills au bout de plusieurs tentatives.
Il rangea son téléphone et Lynton soupira.
— On fera sans lui.
Ils se dirigèrent ensuite vers la sortie du camp.
— Edward. Allez aider vos hommes et ceux d'Eli, ordonna la présidente d'InGen au directeur de la division sécurité.
— Je vais avec eux ! Déclara soudain Maya avec force. Qu'on me passe une arme !
Un des gardes les accompagnants lui passer un pistolet et une fois qu'ils eurent franchit la porte, ils se séparèrent, Torres et Maya allant d'un côté, et Lynton et Mills de l'autre.
— Alors en fait, il y a un souci d'ordre mécanique avec le camion. Ils doivent remplacer une des pièces, annonça un des factionnaires de la porte sud. Je crains qu'il ne vous faille encore attendre. Si vous voulez, vous pouvez aller au chapiteau en attendant. Ils ont un buffet…
— Non mais tu te fous de ma gueule, connard ?! S'exclama De Mafart, excédée, dans sa langue natale.
— Madame ? Demanda le garde, surpris par cet accès de colère soudain.
— On devrait déjà être partit ! Visiblement, même la SNCF est plus ponctuelle qu'InGen ! Dit-elle.
— Calme, Sophie. Calme…, lui dit doucement Prieur dans son oreillette. Va voir Lynton, Torres et Mills si tu veux mais garde ton sang-froid. Tu as fait un sans-faute jusque-là. Ne vas pas tout gâcher en les insultant.
Mais De Mafart n'arriva pas à se calmer. Elle regarda son collègue.
— Reste-là Christian.
L'agente de la DGSE se dirigea ensuite vers le portail. Un des factionnaires leva la main.
— Détendez-vous Madame, nous contrôlons la situation, dit-il. Inutile de…
Mais elle dégaina son pistolet, le fusilla du regard, et dit :
— Je suis une agente des services secrets de la République Française ! Ecartes-toi de ma route, tocard !
Pris au dépourvu, le factionnaire resta figé et ne sachant que faire, il se tourna vers son collègue. Celui-ci secoua doucement la tête, l'intimant de ne pas agir contre elle. Ils s'écartèrent, la laissant franchir le portail et suivre la route vers l'intérieur du domaine. Dès qu'elle serait suffisamment loin, ils préviendraient Torres, Mills et leurs collègues.
Suivant les ordres qu'on venait de lui transmettre, le garde laissé au camion monta dans celui-ci, démarra le moteur et prit la direction du tunnel alors qu'il avait commencé à faire nuit noire.
Tapis au milieu des fourrés près de son entrée, Wheatley vit le camion arriver, son chauffeur descendre et révéler un boîtier caché. Tandis qu'il entrait un code, le mercenaire composa un nouveau message sur son téléphone, informant ses hommes de l'emplacement précis du panneau d'ouverture du tunnel. La porte dérobée s'ouvrit, Wheatley rangea son téléphone et le garde remonta dans la cabine. Le camion repartit, s'engouffrant dans le tunnel, mais juste avant que la porte ne se referme, le mercenaire se faufila à travers l'ouverture et disparut aussitôt dans les ombres, trottant après le camion.
Debout derrière le poste de contrôle de l'autre côté du bunker, Arlene, une des fêtardes regardait le couple dans le laboratoire. La faible luminosité et la distance l'empêchant de réaliser que ce n'était pas ses deux collègues mais deux intrus, elle n'était pas vraiment inquiète. Cependant, elle jugea pertinent de prévenir les autres et rebroussa donc chemin, retournant au gymnase et à la fête, alors bercée par la chanson Anything goes d'Indiana Jones et le Temple Maudit. Elle se dirigea vers le groupe le plus proche, consistant en Nicole, Giles et Karim.
— Il n'y pas à dire, être situé au sein du Triangle d'émeraude a ses avantages…, déclara Nicole en éloignant un joint de cannabis de sa bouche.
— Les gars. Il y a Vlad et Vanessa qui sont dans le labo, annonça Arlene.
— Ils font de choses ? Demanda Giles.
Non loin, une voix s'esclaffa :
— Des choses ? Elle lui taille une pipe ?
— Mais il a une copine ! Fit remarquer un autre.
— Et alors ?
— On a été clairs pourtant ! Pas touche au labo le soir de la fiesta ! Intervint Preston, inquiété par la nouvelle.
— Ils avaient l'air bourrés ou pas ? Demanda-on à Arlene.
— Etrangement non, répondit-elle. Ils avaient l'air de chercher quelque chose.
— Ah Vlad… Toujours à vouloir bosser…
— Allons-les rejoindre, proposa un des généticiens ivres. Sa copine nous revaudra ça.
Il se retourna vers les autres fêtards.
— Tour des sous-sols ?! Demanda-il.
— Tour des sous-sols ! Répondirent les autres en cœur, certains en levant leurs verres.
— Allez tout le monde ! La chenille ! Amène la zique, David !
Désertant le gymnase, l'intégralité des fêtards, y compris un Henry Wu bien éméché, formèrent une chenille et progressèrent vers le bunker au rythme de la musique du haut-parleur que le généticien prénommé David portait.
— Tchou ! Tchou ! Cria celui en tête, imitant une locomotive.
— Allez Marcel ! L'encouragea une de ses collègues.
Bien qu'ils ne fussent pas des plus discrets en raison d'une part de l'état d'ébriété de certains mais surtout la musique, leur arrivée surpris initialement Guillaume et le couple. Le directeur du CSMD, alors occupé à copier des données de l'ordinateur de Wu sur sa clé USB après avoir réussi à se connecter grâce à un des mots de passe fournis par Claire, fut le premier à les entendre et craignant d'être découvert, il se cacha derrière le bureau et prévint le couple par SMS.
Dans le laboratoire, Claire et Owen étaient en train de regarder un des murs, où un vieux poster du film Braindead de Peter Jackson était accroché, lorsqu'ils reçurent le SMS.
Ils arrivent
Le couple se retourna et vit la chenille de fêtards sur le point de sortir de la salle de contrôle.
— Fais chier ! Grogna Owen.
Sa promise n'était pas du même avis. Elle eut un sourire en coin.
— Non, c'est parfait… Ce plat nommé vengeance a assez refroidi, déclara-elle alors qu'elle venait de voir Wu près de la tête de la chenille.
Après avoir caché la batte de base-ball derrière une des cloisons qui jalonnaient le laboratoire, elle alla se positionner près d'une grande table au milieu, dotée d'écrans d'ordinateurs et de microscopes. Tandis que la chenille défilait sur la passerelle, se dirigeant vers le vestiaire au rythme de la chanson Where there's a whip, there's a way du Retour de Roi d'Arthur Rankin Jr et Jules Bass, elle expliqua succinctement son plan à Owen.
Une fois que la chenille eut dépassé la porte de l'espace bureaux-détente, Guillaume ouvrit silencieusement la porte et vint s'ajouter à elle, se mettant tout à l'arrière. Un de ceux devant lui se retourna et vit le masque de procératosaure qu'il portait.
— Yo, Judas ! Le salua-il, criant pour se faire entendre parmi la musique du haut-parleur de David, positionné au milieu de la chenille.
Le directeur du CSMD répondit avec un hochement de tête et pria pour qu'on ne le reconnaisse que trop tard. Fort heureusement, les fêtards étaient trop distraits et leurs sens émoussés par la fatigue, l'alcool ou les drogues. Alors que la tête de la chenille était sur le point d'atteindre la porte du laboratoire, il espéra que personne n'entre dans les bureaux et découvre son sac à dos ainsi que sa clé USB, toujours accrochée à l'ordinateur de Wu, continuant de copier des données.
— Ok les gars ! On va chercher Vlad et Vanessa puis on monte à la salle de conf. Faîtes-attention quand vous serez dans le labo. Casseur, payeur ! Leur rappela Ivan.
Celui en tête de chenille ouvrit la porte et alluma les lumières du laboratoire, révélant ceux qu'ils croyaient être Vlad et Vanessa près de la table au centre de la salle. La file de fêtards pénétra plus profondément dans le laboratoire, allant à leur rencontre.
— Vanessa ! Vlad ! Pouvez-vous nous dire ce que vous faites ici ? Demanda quelqu'un d'un ton taquin.
Ils ne répondirent rien et la femme au masque de l'Indominus regardait en direction de l'entrée, que Judas, ou plutôt Guillaume, allait franchir sous peu. Les fêtards remarquèrent qu'elle cachait son bras droit dans le dos de son compagnon au masque de Néoraptor.
Juste après avoir franchi le seuil à son tour, Guillaume referma la porte derrière lui et resta, laissant son prédécesseur dans la chenille le distancer. Alors que la tête de la chenille était presque parvenue à leur niveau, Owen alla se positionner entre elle et la porte qui donnait sur la mezzanine. Soudain, Claire monta sur la table, dégaina son pistolet, le pointa vers le plafond et cria :
— La fête est finie les salopes !
Constatant que la voix de la femme qui les dominait n'était pas celle de Vanessa, plusieurs des fêtards se figèrent et la dévisagèrent avec circonspection et inquiétude. Un des généticiens, dont le visage était caché derrière un masque de dilophosaure, fut si surpris qu'il compressa son gobelet entre ses mains, éclaboussant ses vêtements et le sol de ponch. Un autre baissa le son du haut-parleur.
— Bordel ! Vous êtes qui ?! S'alarma un des employés d'InGen.
— Le fantôme des Noëls passés, répondit-elle d'une voix grave.
Remarquant que la main qui tenait le pistolet était une prothèse, ils réalisèrent que c'était la directrice déchue de Jurassic World, leur ancienne patronne. Wu se figea, incapable de quitter des yeux son ennemie.
Claire… Que fait-elle ici ?! Comment a elle découvert cet endroit ?! Susan et Ed m'avaient assurés que je n'avais rien à craindre d'elle et de Grady !
Elle enleva son masque de l'Indominus, découvrant son visage balafré, et ajouta :
— Maman est de retour et elle est très en colère !
Ils se tournèrent vers les issues mais les trouvèrent barrées par Owen et Guillaume, qui avaient aussi dégainés leurs armes et enlevés leurs masques.
— Que tout le monde garde son calme ! Dit le directeur du CSMD avec autorité. Si vous restez calme et coopérez, tout se passera bien.
Reconnaissant sa voix, Wu se retourna et le fusilla du regard.
— Monsieur Vuillier, qu'est-ce que c'est que ce cirque ?! Je savais que vous alliez agir contre moi mais je ne m'attendais pas à ce que vous vous alliez à cette… dingue. Vous faîtes une grave erreur !
— La dingue vous dit bonsoir, Henry ! Lui lança Claire du haut de sa table.
Ses deux complices s'approchèrent ensuite des employés d'InGen.
— Videz vos poches ! Siffla Owen en désignant un des plans de travail avant de saisir la batte de base-ball que Claire avait caché plus tôt.
— Enlevez vos masques d'abord ! Je veux voir vos visages ! Ajouta sa promise sèchement. Et posez le haut-parleur sur cette table.
Un des généticiens enleva son masque de cheval et se tourna vers ses collègues.
— Vous avez entendu les gars. Bas les masques ! Faut coopérer… Je tiens à ma vie.
Karim regarda les preneurs d'otages.
— On veut bien coopérer si vous nous promettez de ne pas avoir la gâchette facile…, les supplia-il.
— Amener des armes à feu dans le labo est une grosse connerie ! Précisa Giles.
— Pourquoi ? S'enquit Claire.
Karim lui pointa deux bonbonnes dans un coin.
— Vous voyez les bonbonnes là-bas ? Si une balle perdue les trouent, non seulement ça fera une explosion qui soufflera le labo et nous avec si on n'a pas décarrés, mais tout le gaz contenu fuira. Le bunker tout entier deviendra une chambre à gaz ! Expliqua-il. Ce serait bien si on pouvait éviter de faire une référence aux heures les plus sombres de notre histoire…
— Tu étais obligé de faire un point Godwin ? Lui demanda Nicole.
Guillaume s'approcha des bonbonnes, les étudia avec attention et se retourna vers ses complices.
— Il dit vrai.
Lui et le couple vérifièrent la sécurité de leurs pistolets puis Claire fit signe à Owen de lui passer la batte de base-ball.
— On n'a pas besoin d'armes à feu pour vous forcer à coopérer…, dit-elle tout en la soupesant.
— Elle a Molly…, souffla un des otages en regardant la batte.
Sous le regard attentif des trois preneurs d'otages, les fêtards déposèrent leurs masques et le contenu de leurs poches sur le plan de travail qu'avait désigné Owen. Celui-ci leur ordonna ensuite d'aller dans un espace entre deux cloisons le long du mur sud.
— Claire Dearing et Owen Grady qui jouent aux preneurs d'otage ? Non mais n'importe quoi ! On aura tout vu ! S'exclama un de leurs otages.
Mais le soigneur lui saisit fermement le bras.
— On n'est pas d'humeur ce soir alors faîtes ce qu'on vous dit ! Grogna-il avant de le pousser plus en avant.
— Mais pourquoi ? Demanda Nicole.
— A ton avis. Je pense qu'ils savent au sujet de l'Indoraptor…, lui murmura Karim.
— Il n'y a pas que ça, précisa Owen.
Une fois tous les fêtards rassemblés dans l'espace désigné, Guillaume s'approcha de Claire.
— Je dois aller surveiller la copie des données, l'informa-il. Vous saurez vous débrouillez avec eux en attendant ?
— Je crois que oui, répondit Claire avec assurance.
Tout en regardant leurs otages, le directeur du CSMD acquiesça doucement.
— Juste un truc : Evitez de jouer les Jack Bauer (*), la pria-il. Pas de meurtre ou de torture. Il faut qu'il soit en état pour comparaître devant un tribunal.
— Et pour être un otage, ajouta Owen, gardant sa mère et son fils à l'esprit.
— Compris, dit Claire. Pas de meurtre ou de torture…
Guillaume quitta le laboratoire et retourna aux bureaux. La directrice déchue alla monter le son du haut-parleur de David, dont l'Ipod figurait parmi les effets amassés sur le plan de travail. Elle regarda ensuite les généticiens.
— Henry ! Approchez ! Aboya-elle.
Avec une grande hésitation, Wu s'avança mais le jugeant trop lent, Owen le saisit et l'amena à elle.
— Vous ne pouvez pas la laisser agir ainsi, dit le généticien au soigneur.
— Nous devons penser au bien du plus grand nombre. Or vous le menacez. Et InGen nous a pris quelque chose de très cher…
Owen le lâcha à deux ou trois mètres de sa promise et se tourna vers les autres fêtards pour les surveiller.
— Ça fait un petit bout de temps, n'est-ce pas ? Demanda Claire à Wu tout en se rapprochant lentement de lui avec un sourire méchant aux lèvres. Quand est-ce que nous nous sommes vus pour la dernière fois ? Ah oui, lors de cette réunion juste après la Bataille de Burroughs, où InGen m'a déchue… Vous avez eu la chance de quitter Nublar avant que les choses ne se gâtent réellement, avant que je n'apprenne la vérité au sujet de l'Indominus… Ce soir, la chance s'est détournée de vous.
Elle lui décrocha un coup de poing en pleine figure, le faisant reculer d'un pas ou deux.
— Ça c'est pour l'Indominus !
Elle le saisit puis lui donna un nouveau coup.
— Ça c'est pour l'Indoraptor !
Elle le frappa ensuite dans l'abdomen.
— Ça c'est pour avoir participé à la campagne de calomnie à mon encontre !
Avec son genou, elle lui donna un puissant coup dans l'entrejambe.
— Et ça, c'est pour m'avoir violée !
Sous la douleur, Wu s'affaissa et s'allongea sur le flanc. Plusieurs de ses subordonnés laissèrent échapper un cri de surprise.
— .. Qu'est-ce que quoi… ? Bafouilla Nicole.
Claire se retourna vers eux et précisa :
— Le viol n'a pas été physique mais il en reste non moins odieux !
— Mais de quoi parlez-vous ? Demanda un des généticiens.
La directrice déchue vint à eux, saisit brutalement Ivan par le bras et l'emmena près de Wu. Elle positionna le jeune généticien devant son petit-ami, referma sa main prosthétique sur l'arrière de son cou et avec son autre main, elle attrapa un scalpel posé non loin et l'approcha du visage d'Ivan.
— Dîtes-leur, Henry. Parlez-leur de l'origine de l'ADN de Chimpanzé ! Ou j'abîme son joli minois !
Forcé de coopérer, Wu hocha de la tête avec difficulté alors que du sang coulait du coin de sa bouche mais juste au moment où il ouvrit la bouche, son petit-ami prit soudain la parole :
— C'est moi qui aie prélevé votre ADN. Pas lui !
Wu secoua vivement la tête.
— Son ADN ? Répéta un de leurs collègues d'un ton circonspect.
Claire grimaça.
— Vous essayez de le couvrir… Inutile, vous avez avoué lors de la Chute.
— Vous m'avez dit que je mentais, lui rappela Ivan. Vous avez été perspicace….
Elle ne dit rien pendant un instant, puis le poussa en avant, le jetant au sol près de Wu. Ivan eut à peine le temps de se retourner que Claire posa l'extrémité de la batte sur son épaule.
— Je vous écoute, siffla-elle.
Ivan prit une profonde inspiration et s'expliqua :
— J'ai voulu venger son honneur après que vous l'ayez humilié devant Masrani, Mountbatten et les autres avec cette blague sur les cercles d'amis. Est-ce que vous vous rappelez de la fête chez Alfred, deux mois après votre intronisation et un après le lancement du projet de l'Indominus ?
— Je m'en souviens, répondit-elle. J'étais tellement claquée que je me suis endormie dans le salon, si profondément que des connards ont pu m'affubler de tout un tas d'accessoires ridicules et prendre des photos. Probablement Ahmad et Janet… Il me semble me souvenir que vous étiez aussi à cette fête, sans Henry, qui…
— Etait alors aux Etats-Unis, pour régler une affaire familiale. Le lendemain, n'aviez-vous pas remarqué qu'une mèche de vos cheveux manquait ?
Se rappelant que c'était effectivement le cas, Claire eut un hochement de tête à peine perceptible.
— Je l'ai coupée alors que tout le monde était au jardin ou dans la piscine, ajouta le jeune généticien. J'en avais aussi profité pour prendre de la salive. J'ai ensuite amené les échantillons au laboratoire, les ait traités et les ait étiquetés comme de l'ADN de Chimpanzé expédié de Palo Alto. J'ai informé Henry au sujet de sa véritable nature que plus tard, bien après qu'il ait décidé d'inclure de l'ADN de Chimpanzé pour augmenter l'intelligence de l'Indominus comme le demandait les exigences du Projet Wagner. C'était trop tard…
— Je vous l'avais dit que cette histoire de chimpanzé cachait quelque chose…, glissa Karim à Giles et Nicole.
Cette dernière apostropha Ivan.
— Sérieusement, mec ?! De l'ADN humain ? Je comprends l'intérêt de bouger des cailloux, je comprends l'intérêt de caresser une joue, je comprends l'intérêt de tuer quelqu'un mais je ne comprends pas l'intérêt d'ajouter de l'ADN humain à un dinosaure. Non mais c'est ridicule…
— Tu as joué les savants fous, et pourquoi ? Pour une bête histoire de vengeance ? Ajouta Giles.
Il le regarda lui et Wu.
— C'est votre faute si l'Indominus a fini par être la version dinosaurienne du Joker ! S'exclama-il.
Claire fusillait Ivan du regard.
— J'aurais dû vous jeter du haut de mon balcon lorsque j'en avais l'occasion, dit-elle froidement.
Elle soupira puis ajouta :
— Bien essayé mais votre révélation ne change rien, Ivan. Henry n'a rien fait pour réparer votre connerie. Je le considère comme tout autant coupable que vous.
Ils furent interrompus par la sonnerie d'un téléphone, une sorte de morceau de musique funk totalement ringard aux oreilles de la directrice déchue. Cette sonnerie, en vérité le morceau Masao Yagi du film japonais Les Monstres de la Préhistoire (**), venait du groupe de généticiens et Claire remarqua que l'un d'eux, un jeune trentenaire brun de cheveux et au visage anguleux, s'était tétanisé. Elle eut un rictus.
— Monsieur Tenold, votre téléphone s'il vous plaît…, demanda-elle d'une voix calme mais non moins menaçante.
D'un geste hésitant, le généticien sortit son téléphone de sa poche et le tendit à Owen, qui le mit avec les autres.
Wu gémit.
— Vous êtes venus pour détruire nos recherches sur l'Indoraptor. Le temps vous est compté…, dit-il. Les hommes de Mills et de Torres vont finir par débarquer. Vous êtes cernés.
— Mais qu'ils viennent ! Qu'ils voient que j'ai le grand professeur Wu à ma merci et que je tienne InGen par les couilles ! S'exclama Claire. Voyez-vous Henry, vous m'êtes plus utile vivant que mort. En attendant leur venue, parlons de l'Indoraptor…
C'est alors que l'Ipod de David commença la lecture d'une nouvelle musique, dont les premières paroles se firent bientôt entendre :
Sodomy…
You must think is very odd of me.
That I enjoy the act of sodomy.
You might call the wrath of God on me.
…
Reconnaissant la chanson Sodomy du film Les Feebles, Claire eut un sourire en coin, la trouvant appropriée pour l'occasion, elle, Owen et Guillaume Vuillier venant de « sodomiser » InGen en tuant l'Indoraptor.
— Son petit nom… C'était Elsa, n'est-ce pas ?
Les généticiens hochèrent de la tête.
— Ne me dîtes pas que vous l'avez nommée d'après Elsa de La Reine des Neiges ? Leur demanda Claire.
— Non, nous l'avons nommée d'après Elsa Lanchester, l'actrice principale de La Fiancée de Frankenstein.
— Ah, me voilà rassurée ! Il vous resterait un peu de bon goût après tout… Dommage, c'était un joli nom.
— C'était ? Répéta un des généticiens.
Une crainte s'empara de leurs cœurs.
— Si ils ont trouvés ce labo…, commença Nicole d'une voix blanche.
— Qu'avez-vous fait d'elle ? Demanda Wu gravement au couple.
— Oh, nous l'avons emmenée promener, répondit Claire avec désinvolture. Malheureusement, elle est passée par-dessus un bord de falaise et à l'heure actuelle, elle est en train de servir de dîner aux dinosaures.
Au même moment, la chanson amorça un refrain :
…
Let me tell you about the act of sodomy.
You must think it's very odd of me
That I enjoy the act of sodomy.
...
— Seigneur…, souffla Giles.
— Monstres ! Les insulta Nicole.
— Maya va vous buter et ce sera bien fait pour votre gueule ! Les avertit Karim.
— Dire que vous l'avez mise au monde en cachette dans cette baraque pourrie à Burgo Nuevo juste pour qu'elle ait droit à une mort pouvant faire pâlir de jalousie celle de Snoke de Star Wars 8 ou du Roi de la Nuit dans la dernière saison de Game of Thrones. Quel délice de déjouer les attentes ! Déclara Claire.
— Mais… mais elle est née ici, dit Giles.
— Mais fermes ta gueule abruti ! Siffla Karim.
— On a vu les marques de griffes, ajouta Owen. Nous avons la certitude qu'un Indoraptor est né au Costa Rica.
— Oh putain, c'est pas vrai…, soupira Claire, réalisant soudain les implications de la révélation de Giles.
— Dîtes-moi, vous êtes bonne au Uno ? Lui demanda Karim d'un ton narquois. Parce que je crois que le bon Dieu vient de mettre une carte « inversé » sur la table.
Claire prit une profonde inspiration, puis, le plus calmement possible, demanda :
— Combien d'indoraptors avez-vous crée ?
Alors que Karim haussait les épaules en souriant bêtement et se retenait de rire, les morceaux de space cake ingérés commençant à faire leur effet, la chanson continua :
… and try it front-to-bum!
Bum-bum!
Bum-bum-bum-bum-bum-bum-bumbum-bum
Sodomy...
Après s'être assuré qu'il n'y avait personne au niveau inférieur du bunker, Ken Wheatley s'y avança, se dirigeant furtivement vers la porte sur sa droite. Derrière lui, sous le camion garé devant le quai, le chauffeur gisait sans vie, avec une bande rougeâtre sur le cou, la marque du fil utilisé par le chef mercenaire pour l'étrangler.
Prudemment, Wheatley ouvrit la porte du Donjon et y pénétra, passant entre un grand congélateur et deux armoires. Le lieu était assez sombre, avec seulement quelques vieilles ampoules l'éclairant faiblement et une d'entre-elles ne fonctionnait plus. Il rappelait à Wheatley certaines des planques et bases d'opérations que lui et ses hommes avaient utilisées lors de leurs missions.
Plus loin, sous l'ampoule éteinte et juste à côté de la cellule contre laquelle Maisie s'était tenue la veille, il y avait deux gardes. Un d'eux portait un pistolet tranquillisant. L'entendant, ils se tournèrent vers lui.
— Hé ! Vous n'avez pas le droit d'être ici ! L'interpella l'un d'eux, ne le reconnaissant pas. Veuillez…
Mais avant qu'il ne puisse finir sa phrase, Wheatley dégaina un pistolet, jusque-là caché sous son veston, et l'abattit lui et son collègue. Son arme étant munie d'un silencieux, le bruit des coups de feu fut atténué et les murs du Donjon étant épais, les généticiens et le couple au-dessus peinèrent à l'entendre et n'y firent pas vraiment attention. Cependant, on siffla de mécontentement en réaction au bruit. Le mercenaire tendit l'oreille et sut que le sifflement venait de la cellule. Après avoir esquissé un rictus, il s'en approcha.
— Te voilà…
A l'intérieur de la cellule, un Indoraptor s'agitait, commençant à mordre les barreaux. Wheatley regarda la créature noire d'un air stupéfait.
— La vache... On m'a dit que tu étais quelque chose mais je n'imaginais pas ça...
Le prédateur leva la tête et poussa une sorte d'aboiement, semblable à celui d'un raptor appelant sa meute.
Wheatley ramassa le pistolet tranquillisant, le pointa droit sur l'Indoraptor, et celui-ci réagit violemment, rugissant et mordant les barreaux. Le mercenaire tira une première fléchette, qui alla se ficher dans le cou du monstre, puis une autre. L'hybride continua de rugir.
— Tu es un dur à cuire, dit Wheatley, impressionné.
Au moment où il s'apprêta à tirer une troisième fléchette, l'Indoraptor s'effondra subitement au sol. Sa respiration devint plus faible tandis qu'il sombrait dans l'inconscience.
Alors qu'il venait de trouver la clé de la cellule sur le corps d'un des gardes, Wheatley entendit une sorte de gémissement. Il venait de sa gauche, d'au-délà la porte qu'on trouvait au bout de l'allée. Le mercenaire tourna la tête dans cette direction un instant.
Ça doit être l'autre, le prototype raté qu'ils ont fait au Costa Rica…
Il secoua légèrement la tête et ramena ses yeux sur l'animal devant lui.
C'est lui mon objectif.
Le mercenaire regarda sa montre et attendit encore un peu avant d'entrer dans la cage.
Notes
(*) Jack Bauer : Protagoniste de la série 24 heures chrono, connu pour ses méthodes d'interrogatoires pour le moins musclées.
(**) Les Monstres de la Préhistoire : Réalisé par Junji Kurata et sortit en 1977 (Titre original : 恐竜・怪鳥の伝説, Kyōryū: Kaichō no densetsu).
