Chapitre 16 – Le Devoir Maison


La classe entière sembla cesser de respirer lorsque leur professeur préféré, Orochimaru, sortit une liasse de copies de sa sacoche. Leur dernier devoir maison. Hinata serra ses mains moites, le cœur battant. C'était le devoir que Kahaen l'avait aidée à faire. Depuis le temps qu'elle attendait le résultat... alors pourquoi elle avait autant envie de se jeter par la fenêtre ? Elle collectionnait habituellement les cinq et les sept, donc ça ne pouvait pas être pire. Et puis, il y avait une touche de Kahaen dans ce devoir. Cette pensée lui arracha un sourire, malgré le trac qui tordait son estomac.

Arrivé à sa hauteur, le professeur de mathématiques frappa sa copie contre son bureau, sa main cachant la note. Elle releva les yeux et le regretta aussitôt. Orochimaru semblait vouloir la disséquer sur place.

– Bien entendu, vous avez fait ça seule ?

Si elle mentait, elle serait immédiatement démasquée, voire assassinée.

– N-non, un ami m'a aidée.

Le professeur Orochimaru ricana mais s'éloigna sans faire de commentaire, la laissant découvrir le 15 griffonné à l'encre rouge dans la marge. Une bulle de joie gonfla dans sa poitrine. Même Sakura obtenait difficilement plus de 12. Penchée en arrière sur sa chaise, Ino faillit se casser la figure.

– Quinze ?! s'exclama-t-elle à mi-voix. Quand est-ce que tu me le présentes ton « ami » ?

Hinata réprima un sourire. Ça, ce serait compliqué.

Et puis il n'était pas réellement son ami. Les qualifications étaient dans deux jours et le retard causé par les PK n'avait fait que se creuser. Elle se mordit la lèvre et un goût métallique se répandit dans sa bouche. Échouer si près du but. Elle était aux trois quarts du niveau 99. Jamais elle n'aurait cru que monter les derniers niveaux serait si long. Mais il restait encore deux jours...

Une douleur aiguë frappa son crâne et une craie tomba sur son bureau.

– Aïe, murmura-t-elle, les yeux embués.

Le professeur Orochimaru la toisait.

– Répétez donc ce que je viens de dire, mademoiselle Hyûga.

La bouche sèche, elle chercha un indice au tableau, sur son manuel, mais rien à faire. Il était bien le seul professeur avec qui elle ne parvenait pas à se concentrer. Principalement parce qu'elle ne comprenait rien.

– Répétez ou vous serez exclue. N'allez pas croire qu'une note imméritée vous donne tous les droits.

– J-je... je...

Autour d'elle, les autres lui lançaient des regards compatissants.

– Vous étiez juste en train de critiquer la classe, fit Gaara, appuyé contre la paume de sa main. Je ne vois pas pourquoi on vous écouterait quand vous ne parlez pas de maths.

Tous se tournèrent vers lui avec des yeux ronds, même Orochimaru semblait douter de ce qu'il venait d'entendre.

– Que venez-vous de dire, M. Sabaku ?

– Que vous n'êtes pas payé pour nous parler d'autre chose que de maths, développa Gaara avec un petit sourire en coin, ce qui provoqua des rires stupéfaits.

Le professeur les fit taire d'un regard et s'approcha de lui.

– Ne pensez plus à remettre les pieds dans mon cours. Ni demain ni la semaine prochaine ni aucun jour d'ici la fin de l'année.

Gaara se leva, attrapa ses affaires et quitta la classe. Lorsque la porte se referma, des murmures s'élevèrent, aussitôt tués par Orochimaru. Hinata resta quelques secondes à fixer la poignée, la bouche entrouverte. Qu'est-ce qui lui avait pris ? En général, il se contentait d'avoir de bonnes notes, il n'avait jamais cherché les problèmes comme ça.

En tout cas, ça lui avait sauvé la mise. Un renvoi aurait causé de gros problèmes avec son père et elle ne pouvait pas se le permettre juste avant les qualifications. À la fin du cours, Ino et Sakura échangèrent un regard qu'Hinata ne put décrypter. Dans un silence inhabituel, elles se rendirent à la cafétéria pour déjeuner. Il fallut qu'Hinata leur demande ce qui se passait pour que l'ambiance dégèle.

– Tu es sûre qu'il ne se passe rien avec Gaara ? lui demanda Ino.

– Non pourquoi ?

– Peut-être parce qu'il vient de te sauver la vie avec Orochimaru, répondit Sakura en sortant le tupperware en bambou qui contenait son repas.

– Quoi ? Mais non, c'était juste... enfin, ce n'était pas par rapport à moi.

Ino, qui empilait les pièces pour son sandwich, secoua la tête.

– Le pauvre, il se fait renvoyer à ta place et tu ne t'en rends même pas compte.

– Quoi ?

– C'est vrai que ça y ressemblait, dit Sakura.

– Quoi ?

– Hinata, tu vois une autre explication à sa soudaine envie d'être exclu de cours ? répondit Ino en faisant glisser les pièces dans sa main. Je vais acheter mon sandwich... tiens, en parlant du loup.

Hinata se retourna, juste à temps pour voir Orochimaru et Gaara entrer dans le bâtiment réservé aux professeurs et à l'administration.

– Vous croyez qu'ils vont chez le principal ? demanda Sakura.

– Ça m'en a tout l'air, dit Ino. Je reviens.

Alors qu'elle s'éloignait, Hinata referma son sac. Gaara se faire virer de cours pour elle ? Gaara ? Non, cette histoire était ridicule. Il ne l'aurait fait pour personne, et elle encore moins. Ils ne s'étaient jamais adressé la parole ! Pourtant elle ne voyait pas beaucoup d'autres explications à son geste.

Alors elle se leva.

– Dis à Ino que je vous retrouve tout à l'heure.

De toute façon, cette histoire lui avait coupé l'appétit. Sans trop savoir ce qu'elle faisait, Hinata entra à son tour dans le bâtiment administratif, parfaitement consciente qu'elle n'avait rien à faire là. C'était comme quand elle se baladait encore dans des zones trop élevées pour son niveau dans Switch World. Ici aussi un mob de type « personnel du lycée » pouvait débarquer et l'anéantir. Le tout était de ne pas se faire repérer.

Elle était venue quelques fois pour régulariser des absences donc elle savait que le bureau de la direction ne se trouvait pas en bas. De moins en moins confiante, elle monta un escalier. Arrivée au premier, elle dut lutter pour ne pas prendre ses jambes à son cou et sa ténacité fut récompensée ; au bout du couloir, à côté d'une plante en pot, se trouvait une porte décorée d'un carré en verre au nom de Tsunade. Le bureau de la directrice. Des voix s'élevaient à l'intérieur. Elle entendit Orochimaru dénoncer l'attitude inqualifiable de Gaara et celui-ci, alors qu'il l'avait sciemment provoqué quelques minutes plus tôt, s'excusa. Sans entrain et assez brièvement, d'accord, mais ça restait des excuses.

Hinata recula. Ino et Sakura avaient raison, quelque chose clochait.

Trop stressée pour rester plus longtemps, elle redescendit au rez-de-chaussée et n'eut pas longtemps à attendre pour que les chaussures vernies d'Orochimaru apparaissent en haut de l'escalier. Elle marcha vers lui comme si elle revenait de la vie scolaire et se fit foudroyer du regard. Indignée, elle s'arrêta. Cette fois, elle ne lui avait rien fait du tout ! Ça ne lui arrivait jamais d'être sympa ?

Des pas derrière elle la firent sursauter et elle croisa le regard bleu électrique de Gaara.

– Ah, salut, dit-elle, la bouche sèche. J'étais à la vie scolaire, je viens de voir Orochimaru, t-tu n'as pas eu trop de problèmes ?

– Non.

Il mit les mains dans ses poches et termina de descendre l'escalier sans plus faire attention à elle. C'était la première fois qu'elle lui parlait et elle n'aurait jamais cru que ce soit si difficile. Il rendait ça difficile.

– J-je me doute que c'était pas voulu, mais je crois qu'Orochimaru m'aurait vraiment exclue si... si tu ne lui avais pas répondu.

Il lui lança un bref coup d'œil et poussa la porte du bâtiment, laissant d'engouffrer un vent frais d'automne.

– Alors rends-moi un service.

OK, il n'y allait pas par quatre chemins. Ce qui lui rappela l'attitude d'un certain assassin et un peu du poids qui comprimait sa poitrine disparut. Un instant, elle s'imagina qu'elle traversait la cour aux côtés de Kahaen au lieu de Gaara. Elle aurait aimé chaque jour au lycée si ça avait été possible.

– J'aurai besoin des cours de maths de demain et de vendredi, dit-il enfin.

– Oh, pas de problèmes, sourit-elle. Est-ce que ça veut dire qu'il t'a...

– Viré jusqu'à la fin de la semaine, oui.

Hinata se pinça les lèvres pour ne pas rire. Jusqu'à la fin de la semaine, c'était deux petites heures de maths, rien de très impactant. Alors la directrice avait refusé une sanction plus sévère ? Ça expliquait la mauvaise humeur d'Orochimaru.

– Peut-être qu'il est aussi désagréable avec les autres professeurs et que la directrice ne l'a pas pris au sérieux ?

– Tsunade semblait assez lasse.

L'image d'une Tsunade qui écoutait les complaintes d'Orochimaru en détaillant ses ongles la fit rire. Ino et Sakura mangeaient encore à leur table de la cafétéria.

– Je te passerai mes cours alors, dit-elle.

Elle remarqua qu'il s'était arrêté et se retourna, saisie par la gravité de son expression. C'était comme s'il s'apprêtait lui dire quelque chose, pourtant rien ne venait. Hinata sentit son cœur s'emballer. Qu'est-ce qui se passait ? Après de longues secondes, il rompit le charme en acquiesçant et s'éloigna. Et elle se rappela soudain où elle était. Des feuilles mortes dansaient autour de ses bottines et ses amies l'attendaient à la cafétéria. Mais qu'est-ce que c'était, à l'instant ?

Quand elle voulut rejoindre Ino et Sakura, ses jambes étaient en coton. Leurs regards pesèrent aussitôt sur elle. En leur expliquant, et sans savoir pour quoi, elle préféra omettre ce qui venait de se passer.

– Il n'y a pas son frère dans notre classe ? demanda Sakura. Pourquoi il te demande tes cours ?

– Oh, sûrement pour avoir une excuse pour lui reparler.

– Ino !

C'était la dernière chose qu'elle voulait entendre, elle était suffisamment perdue comme ça ! Et puis, non, c'était impossible. Qu'il soit soudain incapable de voir Orochimaru en peinture et ait décidé de le provoquer en plein cours était peut-être improbable, mais ça restait plus crédible que la version où il volait à son secours pour absolument zéro raison.


Aîe, aïe, aïe, elle est perdue notre petite Hinata, en même temps c'est compréhensible.. 0:)

Bon, vu qu'il est déjà tard, je ne m'attarderai pas plus en palabre, alors je vous souhaite un trèèèès bon week-end et à mardi pour le prochain chapitre ^ ^

Je pose le titre ici : « Dernier Espoir »

Allez des bisous !