Chapitre 34 – Révolte


Hinata se détourna de Gaara, son cœur martelant sa poitrine. Elle fixait le portable que tenait Juugo en se demandant comment elle allait pouvoir accéder à la vidéo quand Suigetsu fit un signe de la main pour qu'il lui file le portable. Leurs voix résonnèrent dans le silence alors qu'il rejouait la vidéo pour Gaara.

Hinata coupa son cerveau et bondit. Elle n'aurait pas une autre chance de le récupérer déverrouillé. Profitant de la surprise, elle bouscula Juugo, arracha le portable à Suigetsu et sprinta vers les escaliers, baissant la tête en passant à côté de Gaara. Une fois dans les marches, elle ralentit pour ne pas se casser la figure. La vidéo jouait toujours. Partagée entre angoisse et euphorie, elle ouvrit les options. Ses mains tremblantes rendaient les manipulations compliquées.

Derrière elle, les cris lui indiquèrent que Suigetsu et Juugo s'étaient réveillés. Juste avant qu'ils dévalent les marches pour la rattraper, elle verrouilla l'écran. Passant devant elle pour lui barrer le passage, Suigetsu lui empoigna le bras et Juugo lui arracha le portable. Elle tenta de se débattre mais il resserra sa prise, lui broyant le poignet jusqu'à ce qu'elle pousse un cri de douleur.

– Laisse, fit Juugo. La vidéo est toujours là, mon tel a dû se verrouiller.

Tous deux se penchèrent sur le portable. La gorge nouée, Hinata remonta les marches à reculons. Son dos heurta soudain quelque chose. Elle fit volte-face et se retrouva nez à nez avec Gaara.

– Il faudrait partir vite, murmura-t-elle.

Ils n'avaient pas fait trois pas que des voix éclataient dans l'escalier. Gaara la tira dans une salle et elle mit quelques secondes à réaliser qu'il s'agissait des toilettes. De celles des garçons, vu les urinoirs alignés contre le mur du fond. La panique de se retrouver dans un endroit interdit s'ajouta à celle de se faire assassiner, mais elle décida de régler les problèmes dans l'ordre.

Immobile, elle fixait la porte à côté de laquelle Gaara se tenait, prêt à intercepter le premier qui la franchirait. Les voix se faisaient de plus en plus proches. Hinata déglutit, pas besoin de comprendre ce qu'ils disaient pour s'inquiéter.

Comme Gaara ne disait pas un mot, elle voulut le rassurer.

– Il n'y a plus vraiment de vidéo, je l'ai raccourcie à une seconde, dit-elle d'un ton bas.

Son regard bleu se posa sur elle et sa respiration se bloqua. Non, elle ne venait pas d'admettre qu'elle avait espionné leur conversation ? Elle n'avait pas fait ça ?

– J-j'ai pas entendu grand-chose, juste une histoire de vidéo, e-et c'était l'occasion de leur rendre la pareil pour...

« Tu t'es soudain rendu compte qu'on lui avait pas foutu la paix ? »

Gaara était vraiment allé voir Suigetsu et Juugo pour elle ? Il avait vraiment frappé Suigetsu pour elle ? La seule explication qu'elle voyait, c'était qu'Ino avait raison et qu'il l'appréciait, et elle aurait pu y croire s'il ne s'était pas agi de Gaara.

– Pour ? répéta-t-il.

Son ton était sec.

– Ah, pardon ! J-je parlais de leur attitude, ils étaient un peu désagréables ces derniers temps, r-rien de grave.

Non, il ne l'appréciait pas : en cet instant, elle percevait toute l'irritation qui émanait de lui. Après cette triste constatation, les voix de Juugo et Suigetsu qui s'éloignaient furent une mince consolation.

.

- - Connexion - -

.

Le soir, dans Switch World, elle attendit longtemps, assise sur un banc, à regarder les joueurs traverser la place de la capitale. Pour passer le temps, elle finit par lancer des buffs sur ceux qui passaient à sa portée. Tous se retournaient pour la gratifier d'un sourire ou d'un « merci ! ».

Le soleil brillait haut dans le ciel lorsqu'elle se leva enfin. Ses pas la portèrent jusqu'au pont qui liait la capitale aux montagnes. À mi-chemin, elle s'assit sur le bord, les jambes pendant au-dessus du vide. Elle avait beau savoir qu'une chute ne la tuerait pas, l'idée de s'y jeter lui donnait le vertige. D'un autre côté, elle s'ennuyait beaucoup. Elle se pencha en avant, tentant d'apercevoir le fond. Le ravin s'enfonçait dans les ténèbres.

– Si vous vous penchez plus, ma dame, vous risquez une chute mortelle.

Une main gantée apparut à côté d'elle et Hinata la prit en souriant ; elle ne connaissait qu'un joueur qui parlait comme ça. McElwë lui rendit son sourire.

– Votre vie est-elle si terrible, pour que vous envisagiez de vous jeter dans ce précipice ?

– Ça dépend, tu comptes continuer de parler comme ça ?

McElwë éclata de rire.

– Très bien, je rends les armes, je ne voudrais pas être la cause de ton suicide.

– Je ne comptais pas me suicider, répondit Hinata en se tournant vers le vide. Je me demandais juste ce que ça ferait de sauter.

Une tape dans le dos la fit basculer en criant. Pendant à peu près un mètre. Puis, elle heurta un sol invisible.

– Il suffisait de demander, répondit la voix de McElwë au-dessus d'elle.

Allongée à plat ventre, Hinata tâtonna autour d'elle. Elle se trouvait sur une sorte de vitre invisible qui couvrait apparemment tout le précipice, ce qui était un peu...

– Décevant, dit McElwë. Je pensais que tu allais tomber.

– Quoi ? s'exclama-t-elle en se remettant debout.

– Je disais, toutes mes excuses pour cette impardonnable maladresse.

Elle regarda en bas, grimaça et releva la tête (marcher sur du vide était étrange et son cerveau n'appréciait pas du tout l'exercice). McElwë lui fit un sourire étincelant et se pencha au-dessus du vide.

– Alors comme ça on est une meneuse géniale ?

– Q-quoi ?

– On m'a raconté tes exploits pendant la reconquête du Royaume. Je suis fier des gens qu'on a pu rassembler. Tu sais qu'on a récupéré quelques joueurs ? Les Insurgés nous dépassent en termes d'effectif, alors ils ont pris une sacrée rouste. Et tu sais quoi, je commence à me dire que vous seriez capables de remporter ce tournoi, dit-il en tirant sur sa main.

Elle s'agrippa au rebord en rougissant ; il la croyait réellement capable de remporter le tournoi ?

– Si vous y parvenez, tu peux être sûre que le Royaume reprendra sa juste place dans Switch World, alors il faut absolument que vous remportiez la demi-finale, demain.

Elle posa le pied sur le pont suspendu. Cet agréable rappel que le lendemain, elle serait en train de se mourir de stress, elle s'en serait bien passée.

– Alors ? Qu'est-ce que tu fais ici seule ? demanda-t-il. Ton partenaire n'est pas là ?

– Si, il est là.

Hinata relâcha la main de McElwë en sursaut. Kahaen s'était approché sans qu'aucun deux ne le remarque et il avait l'air de mauvaise humeur. Est-ce qu'elle l'avait manqué ? Est-ce qu'il l'avait attendue pour rien dans la capitale ? Elle s'avançait pour s'excuser quand McElwë lui donna un petit coup d'épaule et passa devant, tendant la main à Kahaen pour le saluer. Kahaen y jeta un coup d'œil, mais ne fit pas un geste.

– On a passé une mauvaise journée, j'imagine ? dit McElwë en laissant retomber son bras.

– Elle commencera à s'améliorer quand tu seras hors de ma vue.

Sentant la tension monter entre eux, Hinata s'interposa.

– Je suis désolée, tu as dû m'attendre.

– Hynae, fit McElwë, j'ai passé la soirée à côté de l'hôtel des ventes avec ma Guilde et je t'ai vu tourner en rond sur la grande place pendant des heures. Si quelqu'un devait s'excuser, c'était lui, pas toi.

– Ça n'a pas d'importance, répondit-elle précipitamment. On va y aller, bonne nuit.

McElwë ne dit rien, mais il croisait les bras lorsqu'elle s'éloigna avec Kahaen sur le pont dans une atmosphère aussi froide et tranchante que la glace qui alourdissait leurs pas.


Heeey.. McElwë fait son retour en même temps que moi... bon, d'accord, désolée pour ces deux semaines de vide. Je travaillais sur un autre projet qui m'a pris énormément de temps et d'énergie et ensuite je n'ai plus eu la foi de retourner écrire (parce qu'en ce moment, tous les chapitres sont des réécritures quasi complètes).

Enfin ! J'ai retrouvé la motivation et pour me faire pardonner (surtout que ce chapitre finit pas suuuper joyeusement) je posterai la suite demain ^o ^ (et j'en profiterai pour parler un peu plus de ce fameux projet !)

Ensuite je repasserai au rythme habituel de deux chapitres par semaine !

Bisous sur vous !