Chapitre 41 – Conseils
Pour lui remonter le moral, Ino et Sakura passèrent le midi à critiquer Orochimaru, mais ça n'eut que peu d'effet. Quand son portable se mit à vibrer, affichant le numéro de son père, elle crut qu'une pierre tombait sur son estomac. Elle attrapa le téléphone et se leva avec un signe de tête pour ses amies, leur laissant le reste de ses affaires pour s'éloigner, les jambes tremblantes.
– Allô ?
– Hinata ? Explique-moi ce zéro.
Elle se figea. Le site permettant de consulter ses résultats ne lui avait jamais posé problème avant.
– C'était un contrôle surprise, personne ne s'y attendait...
– Personne ? La meilleure note est un dix-neuf.
Et à présent, elle comprenait ce que Karin et les autres voulaient dire quand ils accusaient Gaara de les faire passer pour des imbéciles.
– On a un contrôle lundi prochain... je ne pensais pas que...
– Lundi prochain ? Et tu passes un week-end entier sur un jeu au lieu de réviser ?
– Un... jeu ?
– Ne fais pas l'idiote ça te va très mal. Ta sœur m'a expliqué ce qu'était le casque dans ta chambre. Je me fiche de comment tu occupes ton temps, mais tu me dis que tu as un examen lundi prochain et tu passes ton week-end à jouer ? Crois-moi, c'est fini. Je ne te laisserai pas saboter ton avenir.
– Non ! (Se rendant compte qu'elle avait crié sur son père, elle se rapprocha d'un bâtiment proche à la recherche d'un appui.) S'il te plaît, ce n'est pas stupide... c'est important... C'est plus qu'un jeu, j'ai...
– Je suppose que tu fais référence au courrier que j'ai reçu pour toi ce matin ? Ceux avec des billets de train pour une compétition ?
– Je dois absolument y aller... ! J'ai beaucoup travaillé pour...
Un bruit de papier qu'on déchire résonna de l'autre côté du téléphone et Hinata sentit des larmes lui monter aux yeux. Il venait de détruire les billets ?
– Je n'y joue que la nuit... dit-elle faiblement.
– La nuit et les week-ends. Et tu y penses toute la journée au point de négliger tes études. Pour qui crois-tu que tu étudies ?
– Je te promets de ne plus jouer le week-end et de me coucher encore plus tard pour étudier. Tu vois mes résultats, tu sais qu'ils ont augmenté. Ce jeu c'est ma motivation, c'est grâce à ça que je travaille autant... ! Et ce tournoi... j'attendais tellement ce tournoi...
Sa voix monta dans les aigus jusqu'à dérailler et elle s'adossa au mur.
– Puisque ce jeu est une telle motivation, ça ne devrait pas être compliqué pour toi de décrocher un vingt au contrôle de lundi. Rapporte-moi cette note et tu feras ce que tu voudras. En attendant, terminé les enfantillages.
Il raccrocha. Hinata éclata en sanglots et se plia en deux, les bras serrés autour d'elle avec l'impression d'être broyée de l'intérieur. Vingt ? Elle n'aurait jamais vingt ! Elle ne verrait jamais Kahaen et tous ses efforts pendant le tournoi, tout avait été vain ! Suffocant entre ses larmes, elle entendit des voix qui se rapprochaient et se réfugia dans le bâtiment.
Pour se retrouver nez-à-nez avec Suigetsu, Karin et Juugo. Elle baissa le visage en reniflant et les contourna, se hâtant vers les toilettes les plus proches. Elle poussa la porte et passa une manche sur son visage d'un même geste. Le miroir lui renvoya ses yeux et son nez rouges et ses traits déformés. Les trois imbéciles avaient forcément vu qu'elle pleurait.
La porte des toilettes pivota soudain.
Sans réfléchir, Hinata s'enferma dans la cabine la plus proche.
– Tu pleures ? lança la voix de Karin. Quoi, c'est ton zéro en maths ? Faut t'endurcir ma pauvre.
– Surtout qu'en vrai, tu devrais être habituée, ajouta Suigetsu, les faisant éclater de rire. Enfin, t'inquiète pas, on va pas te laisser seule comme ça. Tu sais, à toujours chouiner comme ça, tu vas te faire emmerder.
– J'ai vu, répliqua Hinata à mi-voix.
– T'as dit quoi ? s'exclama Karin.
Un coup contre la porte la fit reculer et buter contre les toilettes. Elle n'avait aucun moyen de fuir ici. Les provoquer n'avait peut-être pas été son meilleur choix.
– Laissez-moi, je veux juste être seule, lança-t-elle à travers la porte.
– Tu préfères être seule avec tes problèmes qu'avec nous ? Quoi ? Tu vas pas me dire qu'on te terrorise, répliqua Karin.
Elle n'avait pas envie d'être là et les mots de son père lui avaient ôté toute envie de lutter.
Pourtant, il restait cet espoir infime d'obtenir un vingt. Hinata chassa tout le reste. Il fallait qu'elle se raccroche à ça. Elle avait réussi à sortir Kahaen et elle de tant de situations désespérées, pourquoi elle ne serait pas capable de refaire ça dans sa vie à elle ?
Un nouveau coup résonna contre la porte.
– Ouvre ! Je dis ça pour ton bien, tu sais ?
C'était bien joli, mais qu'est-ce qu'elle pouvait faire ? Vingt au contrôle. Plus de Switch World. Enfermée par Karin et sa bande. Elle resserra sa prise autour de son portable. Kahaen.
Une ombre la recouvrit alors qu'elle déverrouillait son portable. La main et la tête de Suigetsu étaient apparues par-dessus la séparation avec l'autre cabine.
– Sors de là où je te fais sortir ! dit Suigetsu.
L'idée de se retrouver bloquée avec lui ou enfermée dans les toilettes face aux trois était terrifiante. À quel point lui en voulaient-ils d'être intervenue pour Gaara ? En voyant que Suigetsu escaladait la fine paroi pour la rejoindre, elle fit quelque chose de stupide qu'elle rêvait de faire depuis qu'elle avait le numéro de Kahaen : appuyer sur l'icône en forme de téléphone. Il décrocha. Parfaitement consciente qu'il ne serait d'aucune aide, elle colla le portable contre son oreille.
– Kahaen ? murmura-t-elle d'une voix tremblante.
Il restait silencieux.
Tout autour d'elle, les trois autres continuaient à marteler la porte et l'apostropher pour qu'elle sorte.
– Qu'est-ce que... ?
Ce fut les seuls mots qu'elle entendit avant que Suigetsu saute à l'intérieur de sa cabine et lui arrache son téléphone.
– Tu te rappelles le portable de Juugo ? dit-il avec un sourire. Je l'aimais bien moi, cette vidéo...
– Non ! cria-t-elle alors qu'il le levait au-dessus des toilettes.
Il la repoussa en arrière, le lâcha dans l'eau et tira la chasse. Hinata déverrouilla la cabine. Il lui attrapa le bras. Elle le gifla.
Suigetsu resta un instant à la fixer, sonné.
– Vous ne vous approchez plus de moi ! s'exclama-t-elle en les regardant tour à tour dans les yeux avant de reprendre d'un ton plus maîtrisé. J'ai suffisamment de choses importantes à gérer comme ça, je n'ai vraiment pas le temps pour vos histoires stupides.
Elle sortit en claquant la porte. En contournant le bâtiment, elle se heurta à quelqu'un qui venait dans l'autre sens. En voyant son blouson, son sang ne fit qu'un tour. Pourquoi c'était toujours lui ? Elle essuya les dernières traces de larmes sur ses joues, faisant comme si Gaara n'était pas en train de la dévisager. En tombant sur le portable qu'il avait à la main, elle réalisa ; plus de casque de VR, plus de portable...
– Kahaen... Non... Non, non !
Elle n'avait plus aucun moyen de le contacter ; elle ne connaissait pas son numéro par cœur et sans Switch World... Si elle ne se connectait plus, est-ce qu'il penserait qu'elle l'abandonnait ? Est-ce qu'il se présenterait quand même au tournoi ? Proche de la rupture, elle contourna Gaara et accéléra le pas jusqu'à un arbre avec l'impression d'imploser. Elle posa les deux mains sur l'écorce en s'efforçant de prendre un peu d'air, de respirer.
La priorité était de prévenir Kahaen.
Pas de portable, pas de casque... Si, il restait un moyen.
C'était la pause de midi, elle fouilla dans sa mémoire à la recherche d'où elle pourrait le trouver puis courut jusqu'à la cafétéria. La chevelure blonde qu'elle cherchait était attablée à une table du fond. Hinata fit un crochet rapide par les toilettes pour s'assurer que ses yeux et son visage avaient repris une couleur normale.
– Tu peux le faire, murmura-t-elle, les mains serrées contre le rebord du lavabo.
Pas après pas, elle contourna les tables. Elle avait rêvé pendant des années d'être capable de se lever et d'approcher Naruto, et quand elle le faisait enfin, ce n'était plus à lui qu'elle voulait parler. Lorsqu'elle arriva devant sa table, toutes les têtes se tournèrent vers elle.
– Désolée de déranger, je... euh... N-Naruto, je peux te parler ?
– Bien sûr !
Il se leva. Juste avant de l'accompagner dehors, il lança à ses potes : « C'est elle, Hynae ! ».
La seconde d'avant, Hinata se sentait comme une intruse, la suivante, c'était tous les autres qui semblaient intimidés. Un d'eux se redressa pour faire bonne figure. D'un coup, elle avait de nouveau cette impression d'être la prêtresse, face aux troupes du Royaume qu'elle devait guider contre les Insurgés.
– Je n'en ai pas pour longtemps, dit-elle. Et euh, bon appétit ?
Les remerciements un peu trop enthousiastes la firent rire intérieurement. Heureusement, elle ne connaissait aucun d'eux. Alors qu'ils sortaient devant la cafétéria, elle demanda à Naruto de ne pas ébruiter qui elle était et il promit de leur faire passer le message.
– C'est pas pour ça que tu voulais me parler, hein ? dit-il en poussant la porte.
Elle referma derrière eux.
– Non, c'est parce que j'ai besoin d'aide. Je ne vais plus pouvoir me connecter au jeu avant un moment et je n'ai aucun moyen de prévenir Kahaen.
– Ah, c'est trop chiant quand ça arrive. Mais pourquoi ?
Pendant qu'elle pesait le pour et le contre de se confier à lui, Naruto lui proposa de marcher un peu. Après quelques secondes de silence, elle se lança, profitant de la promenade pour lui parler de l'examen, d'Orochimaru et du marché qu'elle avait passé avec son père. Naruto l'écouta les sourcils froncés.
– Vingt c'est chaud, commenta-t-il.
Quand elle arriva à Karin et sa bande, son seul commentaire fut « Ils sont chiants eux. » ce qui la fit éclater de rire.
– Quoi ? Pourquoi tu ris ?
– Ça les résume bien, dit-elle. Je ne m'attendais juste pas à ce que tu dises ça.
Ses amis, Kahaen, même Gaara, tout ceux au courant pour cette histoire partaient toujours au quart de tour.
– Y a pas grand-chose d'autre à dire, répondit Naruto en haussant les épaules, de toute façon tu les as gérés.
Pour la première fois depuis l'examen, une étincelle de joie la saisit. Il avait raison, elle avait géré ce problème. Seule.
– Sauf que je ne vois pas comment atteindre ce vingt en maths.
– Et y a pas quelqu'un qui peut t'aider ?
Gaara lui vint immédiatement à l'esprit et elle fit la grimace. Naruto lui donna un coup de coude dans les côtes.
– Tu vois, tout est pas perdu !
– Hmmm.
Son seul espoir était Gaara et elle n'était pas du tout, mais alors pas du tout, à l'aise avec l'idée de lui demander des cours particuliers. On parlait de Gaara, il allait lui mettre un vent. Est-ce que si elle lui rappelait les cours qu'elle lui avait prêtés, il accepterait ? Son cerveau choisit ce moment pour lui remémorer à quel point son regard pouvait être froid. Un frisson remonta dans son dos.
Il risquait de croire qu'elle voulait lui forcer la main !
Malheureusement, elle allait devoir essayer.
Forcer la main de Gaara, hmmm, je me demande pourquoi ça l'inquiète ça ressemble à une bonne idée, non ? Bon, on est pas tous des Hynae, mais...
En tout cas le prochain chapitre s'appellera "Partenaires" :p
J'espère que vous allez bien et que vous passez une meilleure semaine qu'elle (ce qui doit pas être si compliqué).. Allez, je retourne écrire pour la suite, bisous et à samedi !
