Chapitre 53 – Cette nuit-là
Hinata se statufia.
Il ne dormait pas. Pire, il avait tout entendu. Dissiper le malentendu allait être sacrément difficile, surtout qu'il n'y avait pas de malentendu ; bien sûr qu'elle trouvait intimidant de lui parler ! Elle l'aimait et elle était tombée amoureuse de lui, et deux fois comme si ça ne suffisait pas.
– J-Je, j'ai toujours été un peu timide, dit-elle sur le même ton bas.
– Tu viens de remettre ma sœur à sa place et tu la connais à peine. Tu me côtoies depuis des mois, ça ne devrait pas être un problème.
Elle se détourna. Que répondre à ça ? L'ombre se rapprocha d'elle et elle releva la tête en catastrophe. Même dans la pénombre, le regard bleu de Gaara restait perçant.
– Peut-être parce que je n'arrive jamais à savoir ce que tu penses... ?
– Tu veux un indice, peut-être ? dit-il en levant la main vers son visage.
Qu'il posa sur sa joue. Elle était froide. Hinata s'appuya de tout son poids contre le meuble de la cuisine, les jambes soudain en coton parce qu'il se penchait vers elle. Elle cessa de respirer, de peur que le moindre geste la ramène à la réalité, cette même réalité la frappa lorsque Gaara frôla ses lèvres, doucement, comme s'il guettait sa réaction. Des papillons envahissant son estomac, Hinata lui répondit timidement et la main sur sa joue l'attira un peu plus contre lui. Puis Gaara rompit le baiser se pencha à son oreille.
– J'espère que je suis plus clair, murmura-t-il.
Hinata frissonna. Retenue par le meuble, elle le regarda quitter de la cuisine, la bouche entrouverte et le cœur battant à tout rompre. Il venait de se passer quoi à l'instant ? Elle ferma un instant les yeux et les rouvrit aussitôt ; la sensation de Gaara qui l'embrassait était encore trop vive. Gaara qui l'embrassait.
– Tiens.
Elle sursauta. Temari était de retour avec une paire de chaussettes-chaussons.
– J'étais longue, je pensais savoir où je les avais rangées mais elles étaient ailleurs.
– Pas grave, dit Hinata dans un souffle.
Elle resta plantée là, la paire de chaussettes à la main, sous le regard interrogateur de Temari.
– Tout va bien ?
– Oui, oui, je... euh... je vais parler à Gaara.
– Maintenant ? Il dort, non ?
– Hm, pas... pas sûre. Merci, euh... pour les chaussettes, dit-elle en les lui rendant. Je... Merci.
Abandonnant une Temari extrêmement suspicieuse dans la cuisine, elle rassembla son courage et poussa la porte de Gaara. Sa chambre était uniquement éclairée par la lumière de la rue, mais sa vue était habituée à la pénombre et elle repéra immédiatement la silhouette de Gaara appuyée contre le mur à sa droite.
– A-Alors tu as tout entendu... ?
– J'ai le sommeil léger, répondit-il. Je n'ai jamais voulu t'intimider.
– Non, non, ça n'a rien à voir, je suis juste... J'ai eu le temps d'apprendre à connaître Kahaen... J'ai même... fini par beaucoup l'apprécier, par beaucoup l'aimer, ajouta-t-elle en baissant la voix.
Gaara s'assombrit.
– Mais en même temps... j'apprenais à te connaître et... c'était difficile de faire comme si je ne ressentais rien, mais je devais tellement à Kahaen. Je ne me suis jamais sentie aussi horrible qu'à ce moment-là. Et puis il y a eu le tournoi et j'ai compris que c'était toi et...
Il s'assit sur son lit et attrapa son ordinateur portable. En approchant, elle vit qu'il lançait une vidéo du tournoi, celle de la phase finale. Il s'écarta pour lui faire de la place à côté de lui. Elle regarda défiler les premières images en s'asseyant et vit Hynae se matérialiser, les yeux écarquillés et le regard dans le vide.
– Je ne comprends pas ta réaction, dit Gaara. Tu viens d'apprendre qui j'étais, si je me fie à ce que tu viens de dire, ça devrait être une bonne nouvelle.
– Oh, ça... c'est pas... je venais de réaliser que tu étais souvent juste à côté quand je parlais de toi à Ino et Sakura et j'essayais de me rappeler ce que j'avais pu dire, marmonna-t-elle.
Gaara sourit. Sauf que ce n'était pas un sourire spécialement bienveillant, plutôt moqueur.
– Oui, c'était intéressant, dit-il en refermant l'ordinateur. Par exemple le premier message que tu m'as envoyé, tu as dû le recommencer à peu près cinquante fois.
Hinata vira au cramoisi.
– J'étais juste en face de toi, dans le couloir. (Il sortit son téléphone et remonta leur conversation.) Tout ça pour me dire que je peux enregistrer ton numéro aussi.
Elle bondit sur lui pour lui arracher son portable qu'il maintint hors de portée.
– Je croyais que tu ne profitais pas de la situation !
– Tu choisissais mal tes moments.
Elle se redressa, le souffle court.
– Une seconde, en cours de physique-chimie quand tu es venu me parler, ce n'était pas du tout pour que je te prête les cours ! Tu m'as vu lire ton message !
– Je t'ai vu ignorer mon message, répondit Gaara en rapprochant son visage du sien.
– Q-Quoi ? C'est toi qui m'a ignoré après ! J'ai passé la matinée à attendre ta réponse.
– Tu m'agaçais. (Elle grimaça. OK, c'était cash.) Mais je ne pensais pas que ça t'affectait jusqu'à ce que je t'entende parler avec tes amies.
Elle vit défiler les messages dans lesquels il lui avait démontré qu'elle valait quelque chose comme coéquipière. C'était probablement le geste qui l'avait le plus touchée, encore plus parce qu'il l'avait fait alors que ses doutes l'agaçaient.
– Merci.
– De rien. Comme ça tu as pu recommencer à sourire bêtement devant ton téléphone.
Elle émit un cri étranglé. Ça aussi il avait vu ?! C'était tellement injuste, comment sauver sa réputation si c'était encore possible ?
– Si ça se trouve tu faisais la même chose, je n'ai aucun moyen de vérifier.
Il leva son portable devant lui.
– Certainement moins que toi quand tu as envoyé : « Je voulais te remercier pour ton aide, sans toi je ne pense pas que je serais arrivée si loin dans Switch World. Et je tiens beaucoup...
Elle lui arracha le téléphone des mains.
– OK ! OK stop ! En plus tu te moques de moi mais tu t'es fait virer de cours à ma place ! Enfin... enfin je suppose que c'était intentionnel, non ?
– C'était intentionnel. Je venais d'avoir la confirmation que c'était toi, peut-être que j'espérais que tu comprennes, je vois que ça a été très efficace. (Son ton se fit amer.) Au final ça n'a rien apporté de bon, les autres y ont juste vu une brèche. Ils ne s'en seraient pas pris à toi sans ça.
Il ne la regardait plus. Hinata mit le portable de côté et posa une main sur son épaule, les sourcils froncés.
– On est une équipe non... ? Quelle différence ça fait si on s'en prend à moi ou à toi ?
Il referma sa main sur la sienne pour l'attirer contre lui. D'abord figée, elle finit par se caler dans ses bras en fermant les yeux, la joue contre son épaule.
– Crois-moi, murmura-t-il, le prochain qui s'en prend à toi va la sentir, la différence.
Imaginer un Kahaen dans la vraie vie, pourchassant un Suigetsu, une Karin et un Juugo avec des sabres la fit rire. Puis elle réalisa quelque chose qui était juste sous son nez depuis tout ce temps.
– Tu sais, tu dis que tu n'es pas Kahaen, mais on a exactement la même dynamique toi et moi ; tu tapes et je m'arrange pour que tu reste en vie après.
Elle le sentit rire à son tour parce que c'était si vrai ; le nombre de fois où il avait confronté Karin et sa bande et qu'elle lui avait évité les problèmes ensuite !
Ils continuèrent de discuter sans faire attention à l'heure (ce qui était un choix discutable puisqu'il avait arrêté de pleuvoir, ce qui signifiait que les cours du lendemain seraient maintenus). Elle était presque sûre d'avoir vu l'aube éclaircir le lourd manteau de nuages lorsqu'elle s'endormit contre lui.
Hello !
J'espère que le chapitre vous a plu (je pense que c'était le moment tant attendu XDD) quoiqu'il reste encore quelques petites surprises à venir :p
En attendant bon week-end à tous !
Des bisous ^ ^
