Publié le dimanche 27 septembre 2020, updaté le samedi 21 mai 2022.
Disclaimer : Tout l'univers de Harry Potter appartient à JK Rowling, je vous fais confiance pour savoir ce qui est inventé et ce qui ne l'est pas ;)
Rating T : langage grossier, injures, violence
Note : Hello tout le monde ! Nouveau chapitre, j'espère qu'il vous plaira. Merci à tous ceux qui ont ajouté cette histoire en favori, ça fait plaisir et un gros merci à anujen666 pour sa review. Le chapitre suivant sera intitulé Draco dormiens nunquam titillandus, publication dimanche prochain.
N'hésitez pas à écouter les morceaux indiqués en début de chapitre, ils donnent une bonne indication sur l'ambiance et n'hésitez pas à laisser une review pour donner votre avis ! ;)
CHAPITRE.3 : Une inconnue dans l'équation (Castle Of Glass – Linkin Park)
Harry et Valya venaient de s'arrêter devant le bureau de McGonagall lorsqu'il se souvint d'un détail.
- Au fait, c'était vrai quand tu as dit que tu avais parlé avec Fudge ce matin ?
- Haha, ouais, un charmant personnage. Ministre de la Magie, tu parles… Il sert à rien ce mec, c'est juste un pantin. Il a pas vraiment apprécié notre rencontre, je pense. Enfin, j'ai pas dû faire meilleure impression à Dumbledore de toute façon…
- Tu n'aimes pas Dumbledore ? s'étonna l'adolescent.
Elle hésita un instant, mordillant sa lèvre inférieure.
- Pas vraiment, non... C'est un sorcier très puissant et sans lui, Voldemort aurait probablement déjà pris le pouvoir il y a des années. Mais… les gens le placent sur un piédestal et à force, ils oublient qu'il peut faire des erreurs. Et il l'oublie lui-même... C'est en partie sa faute si mon père a passé douze ans à Azkaban, j'peux juste pas lui pardonner ça.
Harry sentit un frisson désagréable courir le long de sa colonne vertébrale. Il n'avait jamais entendu un portrait aussi noir de Dumbledore et ça le perturbait. Bien sûr, l'attitude du directeur à son égard pendant l'été l'avait rendu furieux, il détestait être gardé dans l'ignorance comme un enfant ! Mais tout le monde parlait toujours de Dumbledore comme de quelqu'un d'extraordinaire…
- Enfin, laisse tomber… on ferait mieux d'entrer, non ? dit-t-elle en désignant la porte du bureau.
Avec appréhension, le Gryffondor frappa quelques coups contre le battant et un « entrez » sec lui répondit. Dès qu'elle les vit, les lèvres de la directrice adjointe se pincèrent.
- Potter et Black… Je n'ose pas imaginer ce que vous venez faire ici alors que vous devriez être en classe… de défense contre les forces du Mal ?
Harry prit son courage à deux mains.
- En fait professeur, on a été envoyés ici.
- Envoyés ? Qu'est-ce que vous voulez dire par envoyés ?
Il lui tendit le mot d'Ombrage. À mesure qu'elle lisait, les sourcils du professeur se froncèrent de plus en plus et elle finit par pousser une exclamation horrifiée.
- Dites-moi que ce n'est pas vrai tous les deux, vous n'avez tout de même pas eu la bêtise de vous opposer au professeur Ombrage devant vos camarades ?! Vous… vous lui avez vraiment dit que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom est de retour… ?
- Oui, avoua Harry, la tête basse.
- Mais enfin, qu'est-ce que vous avez dans la tête ?! Pour l'amour de Merlin, Potter, je vous pensais capable de faire preuve d'un peu plus de bon sens en ce qui concerne le professeur Ombrage ! Vous savez d'où elle vient, vous savez à qui elle fait ses rapports. Elle indique dans son mot qu'elle vous a infligé une retenue chaque soir de la semaine à compter de demain.
- Chaque soir de la semaine ! répéta Harry, horrifié. Mais professeur, vous ne pourriez pas… ?
- Non, je ne pourrais pas, répondit le professeur McGonagall d'un ton catégorique. Elle est votre professeur, elle a donc parfaitement le droit de vous donner des retenues. Vous vous rendrez dans son bureau demain soir à cinq heures et rappelez-vous : soyez très prudents chaque fois que vous aurez affaire au professeur Ombrage.
- Mais je disais la vérité ! protesta Harry, outré. Voldemort est de retour, vous le savez. Le professeur Dumbledore sait qu'il est…
- Potter, il ne s'agit pas de vérité ou de mensonges, il s'agit d'adopter un profil bas et de contrôler vos humeurs ! s'exclama le professeur McGonagall en rajustant ses lunettes avec colère.
Le Survivant serra les dents sans répliquer. Dumbledore l'avait laissé tomber durant l'été et maintenant, c'était le tour de McGonagall.
- Non mais vous rigolez, vous allez pas l'engueuler, en plus ? s'offusqua Valya.
- Vous voudriez que je vous félicite peut-être ?! ironisa le professeur de métamorphose.
- Oui ! On a rien fait de mal ! Alors quoi, c'est ça le fameux courage de Gryffondor ? On ferme sa gueule, on baisse la tête et on se laisse marcher dessus ?!
La directrice adjointe pâlit, touchée personnellement dans sa fierté.
- Ce que vous devez comprendre, miss Black, c'est qu'une mauvaise conduite dans la classe de Dolores Ombrage pourrait vous coûter bien plus cher que des points en moins et une retenue.
- Comme quoi ? Je vous rappelle que le mec chez qui je vis est avocat, je connais les lois ! Ok, on est en train de tomber sérieusement en dictature mais pour l'instant, Fudge ne peut pas renvoyer un étudiant de Poudlard quand ça lui chante.
- Peut-être mais vous entraînez Potter sur une pente dangereuse !
- Potter est grand et capable de penser par lui-même ! se rebiffa-t-elle. Je l'entraîne dans rien du tout, j'ai juste voulu l'aider ! Personne le croit alors qu'il a raison, Voldemort est revenu… Et si son sort vous inquiète tant que ça, je peux envoyer un hibou à Ralph, il sera ravi d'avoir un nouveau client !
- Potter ne peut pas attaquer en justice le ministère et la Gazette du sorcier ! s'horrifia McGonagall
La jeune fille la toisa d'un regard glacial.
- Donnez-moi une seule raison qui l'en empêche.
Les lèvres de la directrice adjointe étaient à présent si fermement pincées qu'elles ne formaient plus qu'une fine ligne blanche. Harry avait l'impression d'avoir le vertige.
- Très bien, Black, puisque vous avez décidé de chercher les ennuis à tout prix, je n'essayerai pas de vous faire changer d'avis ! Monsieur Potter, je vous encourage vivement à stopper ce comportement, vous devez…
- Est-ce que j'aurais pu avoir un avocat à mon audience cet été ? coupa-t-il.
Minerva McGonagall fronça les sourcils.
- Eh bien oui mais le professeur Dumbledore était présent alors ce n'était pas…
- Dumbledore ne m'a pas adressé la parole, c'est à peine s'il m'a regardé ! explosa Harry sans plus chercher à se retenir. J'ÉTAIS TERRIFIÉ, JE PENSAIS QU'ILS ALLAIENT ME RENVOYER ! Pourquoi est-ce que personne ne m'a demandé mon avis, pourquoi est-ce qu'on ne me demande JAMAIS mon avis ?! J'AI ÉTÉ COINCÉ UN MOIS CHEZ MON ONCLE ET MA TANTE SANS AUCUNE NOUVELLES, PUIS ATTAQUÉ PAR DES DÉTRAQUEURS ! La Gazette me traite de menteur et j'en ai marre de passer pour un cinglé à chaque fois que je parle de Voldemort ! Je dis la vérité et je n'ai pas à avoir honte de ça, affirma-t-il avec force. Pourquoi est-ce que vous ne les empêchez pas de colporter des idioties, pourquoi est-ce que personne ne fait rien ?!
À ses côtés, Valya le dévisageait avec des yeux écarquillés, se demandant vraisemblablement dans quel endroit de fous elle était tombée. Le professeur McGonagall était stupéfaite, ne s'attendant pas du tout à une telle réaction.
- Le ministère… bredouilla-t-elle.
- DUMBLEDORE EST LE SORCIER LE PLUS PUISSANT QUI EXISTE, MÊME VOLDEMORT A PEUR DE LUI ! Il a battu Grindelwald, il a protégé la pierre philosophale de Nicolas Flamel mais Cornelius Fudge, non, c'est trop pour lui ?!
- Maintenant ça suffit, monsieur Potter ! intima le professeur de métamorphose en reprenant ses esprits. Vous croyez vraiment que c'est le moment d'attirer l'attention en déclarant la guerre au ministre de la magie ?! Vous ne trouvez pas que nous avons suffisamment d'ennuis comme ça ? J'en attendais mieux de votre part, sermonna-t-elle. Alors vous allez prendre sur vous et faire ce que vous dit le professeur Ombrage !
- Non ! se révolta l'adolescent. Hors de question ! Punissez-moi si vous voulez mais tant qu'ils continueront à nier l'évidence, moi je continuerai à dire haut et fort… qu'un abruti de mage noir psychopathe se balade dans la nature.
La jeune blonde s'esclaffa ouvertement.
- Waaah… tu sais quoi ? T'as plus de couilles que ce que je pensais, Potter…
- Black, vous en avez assez fait pour aujourd'hui, fustigea le professeur McGonagall. Je ne parle même pas de votre langage déplorable, de votre accoutrement et de votre impertinence ! Sortez d'ici tous les deux. Et si vous pouviez éviter de vous faire remarquer au moins jusqu'à demain, ça m'arrangerait !
Harry résista difficilement à la tentation de claquer la porte derrière eux. Dire que le matin même il avait eu l'impression qu'il ne pourrait pas être plus en colère, là, c'était bien pire. Encore une fois, on le traitait comme un gamin désobéissant qui méritait une punition pour ses bêtises.
- Une semaine de retenues avec ce vieux crapaud, pesta-t-il, une semaine, tu te rends compte !
- Parce que tu comptes y aller ?! Moi en tout cas c'est mort, pas moyen que je perde ma soirée avec elle. On se rejoindra après dans les toilettes des filles comme on avait dit.
Le dîner dans la Grande Salle n'eut rien de très agréable. La nouvelle de leur éclat face à Ombrage s'était répandue à une vitesse hallucinante et Harry devait supporter les rumeurs et les chuchotements incessants. Même Ron semblait douter de sa santé mentale mais pas pour les mêmes raisons que les autres. « Comment peux-tu accepter de parler avec une Serpentard ?! », répétait-il en boucle.
- Ron, j'ai dû discuter moins d'un quart d'heure avec elle. Et comme je te l'ai déjà dit, c'est aussi la fille de mon parrain ! En plus, si quelqu'un est prêt à me croire lorsque je dis que Voldemort est de retour, je ne vais sûrement pas refuser de lui parler, Serpentard ou pas ! avait rétorqué Harry avec mauvaise humeur.
Cette réponse n'avait réussi qu'à rendre Ron plus furieux encore et Harry finit par se réfugier dans la tour des Gryffondor. Cette année à Poudlard promettait d'être désastreuse.
OOO
Installé dans un fauteuil du bureau directorial, Severus se demandait quelle nouvelle catastrophe Dumbledore allait lui annoncer. Il paraissait clair qu'avec Valya Black à Poudlard, ils allaient droit dans le mur. La jeune fille était littéralement insupportable. À cause d'elle, les cachots étaient dans un état innommable, elle avait réussi à se retrouver en retenue dès le premier jour et il avait été contraint d'enlever des points à Serpentard ! À sa propre maison ! Physiquement, elle ressemblait à Sélène certes. Sauf qu'elle avait hérité du caractère de son père. Tout y était, de l'arrogance à l'insolence, en passant par l'exaspérante nonchalance typique de Sirius Black. Le sarcasme et la franchise dévastatrice par contre, il était bien obligé de reconnaître que ça venait plutôt de Sélène.
- Donc, Black a choisi Ralph Simons pour être le tuteur de sa fille...
- Il semblerait. Êtes-vous encore en contact avec monsieur Simons ?
- Non, déclara lentement Severus. Je n'ai plus eu de nouvelles depuis…
Il serra les dents, préférant ne pas terminer cette phrase. Ralph était devenu son ami dès leur toute première journée passée à Poudlard, ce qui était un exploit compte tenu du caractère renfermé de Severus.
- Ralph… n'a jamais été intéressé par l'idéologie du Seigneur des Ténèbres. Quand j'ai pris la Marque nous n'étions déjà plus aussi… proches qu'avant et cela n'a rien arrangé.
- Donc vous ne pensez pas qu'il puisse être du côté du Lord Noir ni influencer sa pupille en ce sens ?
- Je ne m'avancerai pas à dire que c'est impossible mais en tout cas, cela m'étonnerait.
Il se laissa aller dans son fauteuil en joignant le bout de ses longs doigts maigres. L'idée que Ralph Simons ait pu rejoindre le Seigneur des Ténèbres était pour le moins incongrue. On frappa à la porte et Minerva McGonagall pénétra dans le bureau.
- Nous avons un problème, déclara-t-elle, Valya Black…
- Quoi, qu'est-ce qu'elle a encore fait... ? maugréa Severus.
- Elle a une influence absolument déplorable sur monsieur Potter !
Le directeur de Serpentard ricana sans gêne.
- Tss, s'il y a bien quelqu'un pour qui vous ne devriez pas vous inquiéter, c'est Potter. Il n'a pas besoin d'être influencé par qui que ce soit quand il s'agit de s'attirer des problèmes… ou d'en causer aux autres.
- Vraiment ? Cet après-midi, durant leur cours de défense contre les forces du Mal, Potter et Black se sont directement opposés au professeur Ombrage. Potter n'a pas pu se retenir de clamer devant toute la classe que Vous- Savez-Qui est de retour. Et Black a pris son parti ! Elle a insulté Dolores Ombrage, le ministre…
Dumbledore se passa une main sur le visage dans un geste las.
- Il fallait s'y attendre…
- S'il n'y avait que ça ! J'ai tenté de leur faire comprendre qu'une telle conduite pourrait avoir des conséquences… fâcheuses mais j'ai bien peur qu'ils s'obstinent. Black ne craint absolument pas Cornelius Fudge et Potter ne paraît pas s'en inquiéter beaucoup non plus. D'autant plus qu'elle lui a servi sur un plateau d'argent un moyen de se venger, en lui proposant les services de Ralph Simons. Vous imaginez le tollé que cela va provoquer si Potter porte plainte contre le ministère ?! Il n'arrêtait pas de répéter qu'il en avait assez d'être traité de fou et de menteur… D'ailleurs, il semblait assez en colère contre vous, Albus.
- Ça ne m'étonne pas, oui, soupira le directeur, l'air ailleurs.
- Mais vous ne comptez pas… lui parler ? Régler ça d'une manière ou d'une autre ? insista-t-elle. Ce qu'il nous reproche, c'est justement notre inactivité ! Il m'a demandé pourquoi personne ne faisait rien, pourquoi on ne cherchait pas un moyen d'empêcher La Gazette de publier des horreurs sur son compte…
- Sale gosse impertinent qui se croit plus important que les autres, cracha Severus.
Potter et Black. Ces deux noms étaient à l'origine de la plupart de ses cauchemars d'adolescent. Il les avait haïs avec force, peut-être même avec une haine encore plus intense que celle qu'il vouait au Seigneur des Ténèbres. Et il avait cru en être débarrassé… il s'était trompé. Des années après, James Potter et Sirius Black parvenaient encore à le tourmenter, à travers leurs rejetons.
- Vous oubliez que Potter n'a que quinze ans ! sermonna la directrice adjointe. Il est jeune, insouciant… Même si son comportement me chagrine, je le comprends. Mettez-vous un peu à sa place, vous aimeriez être tourné en ridicule dans tous les journaux alors que vous n'avez effectivement rien fait de mal ?! Quoi qu'il en soit, ajouta-t-elle sans lui laisser le temps de répliquer, vous DEVEZ faire quelque chose, Albus…
- Et quoi Minerva, qu'est-ce que vous voulez que je fasse exactement ? Je ne peux pas empêcher Harry de fréquenter Valya Black.
- Sans compter qu'ils vont se croiser régulièrement chez le clébard, persifla Severus.
- En fait, nous avons établi qu'il serait préférable… d'attendre la fin de l'année avant de laisser Sirius et Valya se rencontrer.
Il y eut une seconde de silence. Puis le maître des potions réalisa vraiment ce qu'était en train de lui annoncer Dumbledore.
- Vous plaisantez, j'espère ?!
- Voyons, Severus, vous comprenez que vu la situation…
- Ce que je comprends, c'est que vous voulez volontairement les maintenir dans l'ignorance et les tenir éloignés l'un de l'autre ! Ça ne vous suffit pas que Black soit persuadé que sa fille est morte ?! Vous voulez en plus lui mentir ?
- Je ne pensais pas que vous portiez une telle considération aux sentiments de Sirius Black, asséna sournoisement le vieil homme.
Severus se renfonça sur sa chaise aussi sûrement que si l'on venait de le gifler.
- C'est la fille de Sélène ! Si c'est tout ce que vous aviez à me dire, j'aimerais retourner à mes appartements. J'ai justement une retenue avec miss Black et je ne compte pas être en retard.
- S'il vous plaît, Severus, essayez d'en apprendre plus sur elle, pria Dumbledore. Pour le moment, je ne sais vraiment pas à quoi nous devons nous attendre…
Le directeur des Serpentard hocha sèchement la tête en se levant.
- Oh… si vous tenez vraiment à ce que les Black ne soient pas au courant, il serait judicieux de prévenir votre précieux Gryffondor pour qu'il tienne sa langue… Je vous souhaite une bonne soirée, monsieur le directeur.
Severus se dirigea vers son bureau en ruminant. Comment le directeur se permettait-il de prendre une décision pareille ?! S'il y avait bien une chose qui rendait Black fou, c'était la mort de Sélène et la présumée mort de leur fille. C'était LE sujet tabou, celui que personne ne se risquait à aborder par peur d'une réaction qui risquait d'être extrêmement violente.
Le professeur de potions s'arrêta net. La jeune blonde l'attendait devant la porte de la salle de classe, négligemment appuyée contre le mur, les mains plongées dans les poches de son jean usé.
- Bonsoir, miss Black, salua-t-il en haussant un sourcil.
Il pouvait probablement s'estimer heureux qu'elle soit là, et à l'heure en plus.
- Ouais, bonsoir…
- Pour votre retenue, vous allez me nettoyer les dégâts que vous avez provoqués ce matin, indiqua-t-il en la faisant entrer dans la salle. Sans magie, évidemment. Remettez-moi votre baguette, il y a un seau d'eau et des chiffons juste ici.
L'adolescente sortit sa baguette mais au lieu de la lui donner directement, elle se contenta de la laisser tomber sur une table avec un petit sourire moqueur. Elle se mit au travail sans broncher, frottant le sol d'un chiffon imbibé de produit nettoyant. Severus passa quelques instants à l'observer en silence, cherchant un détail, n'importe quoi susceptible de lui apporter des informations.
- Alors comme ça, vous vivez chez Ralph Simons…
Elle hocha vaguement la tête.
- C'était votre pote, hein ouais ? C'est vrai que pendant votre premier cours de vol vous avez chialé comme un bébé parce que vous arriviez pas à redescendre ? pouffa-t-elle sans retenue.
Bien malgré lui, le professeur de potions sentit ses joues le brûler. Les années avaient passé mais le souvenir était toujours aussi mortifiant.
- Ralph vous a raconté quelques histoires, on dirait, grommela-t-il. À ce propos, je trouve curieux qu'il ne vous ait pas envoyée à Poudlard dès vos onze ans…
- J'avais pas envie, c'est tout.
- Je suppose que vous avez eu un tuteur dans ce cas ? s'enquit Severus d'un air détaché.
- Ouais… hésita-t-elle. Ralph connaissait un gars, un briseur de sorts autrichien qu'il a défendu pendant un procès. Il était pas prof mais ça faisait l'affaire. Il m'a fait travailler les sortilèges, l'étude des Runes, l'Arithmancie, la défense… Ralph s'est chargé lui-même de la métamorphose et des potions. Et j'vous jure qu'il est carrément moins cool que Nik !
Le silence se fit à nouveau. Machinalement, il posa les yeux sur la baguette magique de la jeune fille, qui traînait toujours sur la table. Légèrement courbée, elle semblait suivre la forme de la branche dans laquelle elle avait été taillée. Le bois rougeâtre se finissait en une pointe aux reflets d'un noir profond et le manche, plus épais, était gravé de runes.
- C'est une baguette… inhabituelle, souligna-t-il prudemment. Vous l'avez eue chez Ollivander ?
- Nan. Chez Gregorovitch.
- Pourquoi là-bas ? s'étonna Severus.
- Pourquoi pas ? rétorqua-t-elle.
Le pli de plus en plus marqué entre les sourcils sombres de la jeune Black témoignait de son agacement croissant. Mais elle semblait à peu près disposée à parler alors il ne pouvait pas laisser passer cette chance.
- Et… en quoi est-elle faite ?
C'était le genre de chose que Dumbledore aimerait savoir, lui qui était tellement obsédé par les baguettes de Potter et du Seigneur des Ténèbres. Mais si elle disait une plume de phénix, le maître des potions ne répondait plus de rien. L'adolescente s'arrêta de frotter, relevant brusquement la tête pour planter son regard bleu gris dans le sien.
- Bois de séquoia. Et à l'intérieur, du ventricule de dragon. Dites, est-ce que c'est une retenue ou un interrogatoire, professeur ? Ou une petite tentative pour resserrer les liens familiaux, peut-être… ?
Severus serra les dents, frustré d'être percé à jour si facilement. Il avait essayé de se montrer subtil, visiblement c'était raté. Sans compter qu'elle se fichait ouvertement de lui…
- Simple curiosité de ma part, assura-t-il sèchement.
Une ombre fugace passa sur le visage de la jeune blonde, si vite qu'il crut l'avoir imaginée.
- Ouais, incroyable comme tout le monde semble curieux à mon sujet… lâcha-t-elle, une légère amertume dans la voix.
- Vous venez d'arriver, il est normal que l'on s'intéresse à vous…
- EH BEN PEUT-ÊTRE QU'IL AURAIT FALLU VOUS INTÉRESSER À MOI AVANT ! éclata la jeune fille sans aucun avertissement.
Elle donna un violent coup de pied dans le seau d'eau, faisant se répandre le contenu à terre, alors que Severus la contemplait avec ébahissement.
- PEUT-ÊTRE QUE VOUS AURIEZ TOUS DÛ ESSAYER DE VOIR UN PEU PLUS LOIN QUE LE BOUT DE VOTRE NEZ !
Des fioles posées sur l'étagère éclatèrent dans un grand tintement de cristal et Black sursauta. Comme si elle venait juste de se rendre compte que c'était elle qui avait provoqué ça. Les yeux écarquillés, elle fixa alternativement le sol, l'étagère, puis Severus lui-même, une expression étrange se dessinant sur son visage. Et le directeur des Serpentard ne savait absolument pas comment réagir à ça, à cet éclat aussi brusque qu'inattendu.
- Bien. Je crois que je ferais mieux de vous laisser finir seule… Venez me voir quand vous aurez terminé. Tout a intérêt à être impeccable, sinon vous gagnerez une nouvelle soirée de retenue.
Il ne jugea pas utile de commenter l'incident, préférant se rendre dans son bureau sans rien ajouter de plus. Il avait dans l'idée de corriger quelques copies pour passer le temps mais les pensées se bousculaient dans sa tête. Ce n'était pas normal comme réaction. Personne ne réagissait aussi sauvagement à une remarque banale…
Au bout de quelques minutes, le professeur de potions entendit frapper à la porte entre son bureau et la salle de classe.
- Oui, Black, vous avez besoin de quelque chose ? Plus de produit de nettoyage, peut-être ?! ne put-il s'empêcher de lancer avec sarcasme.
- J'ai fini.
Severus en resta bouche-bée.
- Vous vous fichez de moi ?!
- Vous avez qu'à venir voir vous-même.
Avec fracas, il repoussa sa chaise et se dirigea vers la salle de classe. Il sentit sa mâchoire se décrocher. La pièce était impeccable. Il n'y avait plus aucune trace de la substance verdâtre qui se trouvait là auparavant. Il se retourna vivement vers la jeune blonde, le regard soupçonneux.
- Black, qu'est-ce que vous avez fait ?!
- Ben ce que vous avez demandé, ricana-t-elle.
- Ne jouez pas à ça avec moi ! Ça aurait dû vous prendre au moins une heure pour tout nettoyer, si ce n'est deux. Qu'est-ce que vous avez fabriqué ?
- Un petit Recurvite, deux ou trois Tergeo… Oh, c'est vrai… se souvint-t-elle avec une fausse expression innocente, bien loin de l'air de détresse qu'elle arborait quelques minutes auparavant, j'avais pas le droit d'utiliser la magie. Mais vous aviez laissé ma baguette dans la salle alors je me suis dit que c'était ok…
Elle sourit délibérément, d'un rictus narquois digne de Drago Malefoy dans ses meilleurs jours. Severus ne put que rester là, à la dévisager bêtement, suffoqué par tant d'impudence. Cette sale petite peste s'était bien foutu de lui ! Sa main se crispa autour de sa propre baguette magique, un cuisant sentiment d'humiliation vibrant au creux de l'estomac et milles malédictions prêtes à passer ses lèvres. Elle était comme son père, exactement comme son père…
- Fichez-moi le camp d'ici, siffla-t-il entre ses dents. Tout de suite !
OOO
Affalé dans le canapé, les pieds posés sur la table basse et son devoir de potions sur les genoux, Drago poussa un soupir de bien-être. Le confort que lui offraient les appartements des Préfets était plus qu'appréciable. Pas de Crabbe, de Goyle ou de Zabini sur le dos. Pas de Parkinson pour le coller en permanence, il pourrait enfin avoir quelques moments de paix.
Il était en train de rédiger son introduction lorsque la porte s'ouvrit et Valya Black entra dans la pièce, laissant claquer le battant derrière elle. Dès qu'elle s'aperçut de sa présence, elle se tendit comme l'arc d'un centaure. Elle se força à détourner les yeux et se dirigea vers sa chambre sans un mot.
Drago sourit méchamment. Elle voulait l'ignorer ? Tant pis pour elle. Lui n'allait pas laisser passer une telle occasion de s'amuser un peu.
- Tu n'étais pas censée être en retenue, Black ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? ricana-t-il en balançant ses parchemins sur la table. Rogue en a déjà marre de toi ?!
Elle se figea, le dos raidi, et le Serpentard en profita pour venir se placer entre elle et la porte de la chambre.
- Eh, je te parle ! Ton père ne t'as pas appris à regarder les gens quand ils s'adressent à toi ?! Ah non c'est vrai, j'oubliais… il pourrissait à Azkaban !
- Laisse-moi passer, siffla Black d'une voix basse, avançant d'un pas.
Il abattit son bras dans l'encadrement, lui bloquant le passage.
- Non. On va discuter, toi et moi…
Lentement, il sortit sa baguette magique, la faisant rouler entre ses doigts avec un air menaçant qui ne laissait aucun doute sur ses intentions. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est qu'elle pourrait être plus rapide que lui. En un éclair, elle avait saisi sa propre baguette dans la poche arrière de son jean.
- Expelliarmus !
Drago sentit sa baguette lui échapper des mains sans même avoir le temps d'esquisser un geste pour la retenir. Il jura intérieurement. Non vraiment, il n'avait pas prévu ça du tout… Et Black se contentait de le fixer avec insistance, le transperçant de ses yeux glacés.
- Hum… c'est tout de suite moins drôle sans baguette, pas vrai ?
Le blond ne répondit rien, conscient d'être en position d'infériorité. Sa baguette gisait au sol, inutile, et il était profondément mal à l'aise face au regard que lui lançait la jeune fille. Merde, il avait juste voulu lui faire un peu peur, lui rendre la monnaie de son Gallion ! Au lieu de ça…
- Tu m'as l'air d'être un mec intelligent, Drago… Du genre… qui sait où se trouve son intérêt. Alors, qu'est-ce que t'as pas compris dans la phrase « reste en dehors de mon chemin où j'éclate ta sale petite gueule de connard de blondinet » ?
- Je n'aime pas qu'on me donne des ordres, rétorqua-t-il avec hauteur.
Il aurait mieux fait de continuer à se taire. Son dos rencontra la pierre avec force. Sa tête cogna et il sentit sa respiration se couper. Black le maintenait solidement contre le mur, son avant-bras gauche plaqué contre sa trachée et l'autre tenant négligemment le revers de sa chemise. Il tenta de se dégager et elle appuya davantage, son visage à quelques centimètres du sien.
- Moi, ce que j'aime pas, c'est les mecs comme toi, cracha-t-elle. Putain de connard arrogant persuadé que tout lui est dû… tu te prends pour le roi du monde, ah ouais ?! Mais tu sais ce que t'es, en vrai ? Un minable petit menteur, un sale lâche égoïste qui pense qu'à sa gueule, tu…
Et Drago commença vraiment à avoir peur. Les yeux de Black s'étaient transformés. Les pupilles ressortaient au milieu des iris qui avaient pris une teinte argent pur. Elle sourit, découvrant des crocs aussi aiguisés que ceux d'un fauve et le Serpentard gémit de douleur en sentant des griffes tracer des sillons sur son torse. Puis tout s'arrêta. La jeune fille cligna des yeux, une fois, une deuxième. Elle posa un regard horrifié sur le sang qui imbibait la chemise du blond et le lâcha aussi vivement que si elle venait de se brûler. Elle recula de trois pas, passant frénétiquement une main tremblante dans ses mèches blondes.
- Je…
Un instant, Drago eut vraiment l'impression qu'elle était sur le point de s'excuser, de dire qu'elle était désolée. Mais Black se précipita vers la porte et s'enfuit, purement et simplement, le laissant seul dans le salon, effondré contre le mur.
OOO
Trois crises. Trois crises en moins de deux jours, dont une qui aurait pu avoir des conséquences graves. Elle avait blessé Drago… C'était carrément la merde, songea Valya. Elle serra les doigts avec force autour du petit tube qui se trouvait au creux de son poing. Elle le gardait toujours sur elle, par habitude, mais la vérité c'était que cela faisait des mois qu'elle n'avait plus avalé le moindre cachet. Ralph aurait été fou de rage s'il l'avait appris.
La jeune blonde shoota dans un caillou qui traînait sur le sentier. Elle avait trouvé refuge dans le seul endroit où elle était certaine que personne ne viendrait la chercher : la Forêt interdite. Elle s'enfonça davantage sous le couvert des arbres, prenant tout de même garde à rester sur le chemin et elle finit par atterrir dans une petite clairière jouxtant un précipice où le reste de la forêt s'étalait en contrebas. Valya se laissa tomber contre un tronc déraciné, respirant à pleins poumons l'odeur de feuilles mortes et d'humidité dans l'espoir de se calmer.
À nouveau, elle posa les yeux sur le tube. C'était tellement facile. Il suffisait d'un seul comprimé pour que ça commence à s'arranger, elle le savait. Elle n'aurait plus à subir de migraine comme celle qui lui vrillait les tempes à cet instant ou cette atroce brûlure dans la poitrine. C'était le mieux pour elle. Le mieux pour les autres. Sauf que… La jeune fille souffla un bon coup pour s'éclaircir les idées. Sauf qu'elle détestait ces putains de médicaments. Elle détestait leurs effets secondaires, une léthargie profonde qui l'empêchait de faire quoique ce soit. Et surtout, elle haïssait l'idée d'être dépendante de ces trucs.
Valya se releva brutalement, s'approchant de la crevasse. Tout allait bien se passer. C'était juste le stress de l'arrivée à Poudlard, la colère due à tous ces regards, toutes ces questions, mais à part ça, elle n'avait pas besoin d'un traitement. Elle était parfaitement capable de se contrôler. Sans chercher à y réfléchir plus longtemps, la jeune blonde leva le bras et balança le tube dans le vide.
OOO
Harry était allongé dans son lit, le regard rivé au plafond. Tout le dortoir était encore endormi mais depuis le mois de juin, les cauchemars ne le laissaient jamais en paix et il était fréquent qu'il se réveille à une heure très matinale. Il se frotta les yeux et attrapa ses lunettes. Tout était préférable au visage figé de Cédric qu'il revoyait en boucle dans son sommeil. Il finit par se lever et alla s'enfermer dans la salle de bain. Le Gryffondor espérait vraiment que cette journée serait moins catastrophique que celle de la veille même s'il avait conscience que c'était peine perdue.
Depuis qu'il était sorti du labyrinthe du Tournoi des Trois Sorciers, sa vie était devenue un véritable enfer. Il avait été presque tué, pour être ensuite insulté, calomnié et accusé. Il se réveillait toutes les nuits en hurlant et avait ensuite un mal fou à retrouver le sommeil. Sans compter que la plupart des personnes qu'il côtoyait lui tapaient sur le système. Seamus, Ombrage mais aussi McGonagall, madame Weasley et surtout, Dumbledore. Il en avait plus qu'assez d'être traité comme un gamin et que des gens lui dictent sa conduite. Même Ron et Hermione l'agaçaient avec leurs disputes incessantes.
A l'heure du petit-déjeuner, il chercha vainement Hagrid à la table des professeurs. Ron et Hermione recommencèrent à se chamailler et Hermione fit la tête toute la matinée. Tout comme Rogue, le professeur Flitwick et le professeur McGonagall passèrent le premier quart d'heure de leur classe à leur faire un discours sur l'importance des BUSE et Harry commença à se sentir envahi par un léger sentiment de panique. Les enseignants leur parlaient tous des BUSE, ils avaient déjà une montagne de devoirs… En métamorphose, McGonagall leur fit pratiquer le sortilège de Disparition et il trouva l'exercice d'une difficulté épouvantable. Seule Hermione réussit à faire disparaître un escargot dès la troisième tentative.
- Je ne doute pas que votre livre soit intéressant, miss Black mais je vous prierais de ranger ça et de vous exercer comme tout le monde !
En effet, la jeune blonde avait le nez dans son bouquin et ne s'intéressait absolument pas au cours. Elle ne s'était même pas donné la peine d'aller chercher un escargot. Elle sortit sa baguette et la pointa vaguement sur celui que Nott s'échinait à faire disparaître. Une incantation plus tard et la bestiole se volatilisait sans laisser de traces. Toute la classe resta stupéfaite et Hermione eut l'air horrifiée que quelqu'un l'ait surpassée sans efforts.
- Et là, c'est bon ?! Maintenant que vous êtes au courant que je sais le faire, je peux continuer à lire tranquille ?
Les lèvres du professeur de métamorphose se pincèrent.
- En principe, je devrais vous accorder dix points pour avoir réussi… mais au vu de votre comportement, j'ai plutôt envie de vous mettre une retenue. Votre insolence commence sérieusement à m'agacer. Et il me semble que les professeurs Rogue et Ombrage vous ont déjà demandé de porter votre uniforme.
- Oh allez madame, grimaça Valya, avouez qu'en vrai on s'en fout un peu de l'uniforme… et pas une retenue, pas encore !
- On s'en fout de… non mais c'est une plaisanterie ?! Je rêve, j'ai l'impression d'entendre votre parrain ! « Professeur, on a seulement fait exploser les toilettes, vous n'allez quand même pas nous donner une retenue pour une toute petite bêtise comme ça ? » imita McGonagall. « Professeur, c'était juste un petit Furonculose de rien du tout, ça partait d'une bonne intention, je vous assure, c'était pour améliorer sa tête ! » Retenue, Black. La semaine prochaine, dès que vous aurez fini celles données par le professeur Ombrage.
- Mais…
- Mais rien du tout, vous allez vous taire et vous mettre au travail si vous n'en voulez pas une deuxième ! s'exclama la directrice adjointe, à bout de nerfs.
La jeune blonde fit glisser son livre dans son sac et s'affala contre la table, l'air renfrogné. Elle était assise quelques places devant et Harry ne put réprimer sa curiosité. Il froissa un parchemin en une boule qu'il envoya cogner contre son épaule. Elle se retourna aussitôt, les sourcils froncés.
- « Ton parrain » ? lui chuchota-t-il, le plus discrètement possible.
Elle jeta un coup d'œil en biais en direction de McGonagall puis…
- Ton père, mima-t-elle du bout des lèvres.
Le brun la dévisagea, éberlué. Puis il se dit que c'était logique. Sirius était son parrain après tout, il n'avait rien d'étonnant à ce qu'il ait demandé à James d'être celui de sa fille. Et encore une fois, personne n'avait songé à lui en parler…
OOO
Drago avait pris place près de la table à tréteaux installée par le professeur Gobe-Planche non loin de la cabane du garde-chasse. Crabbe, Goyle et Pansy Parkinson riaient grassement en faisant des commentaires insultants à propos de Potter et sa clique. Le blond passa machinalement une main sur le devant de son pull et tressaillit de douleur. Les quatre estafilades qui couvraient son torse n'étaient pas très profondes mais elles lui cuisaient méchamment la peau. Et surtout, elles paraissaient impossibles à guérir.
La veille au soir, passé le premier moment de choc, il avait fini par se relever et se diriger vers sa chambre pour récupérer un flacon d'essence de dictame. Il en avait toujours dans sa valise. Le problème, c'était que ça n'avait eu aucun effet. Les blessures avaient arrêté de saigner mais elles ne s'étaient absolument pas refermées. Il avait fini par avaler une potion contre la douleur puis il était parti se coucher sans toutefois réussir à fermer l'œil. Il aurait pu aller à l'infirmerie. Il aurait pu aller tout raconter à Rogue. Il ne l'avait pas fait. Parce qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas chez Black et Drago était encore plus déterminé à comprendre quoi.
Il chassa la jeune blonde de ses pensées, préférant imiter Granger lorsqu'elle se précipita pour répondre aux questions du professeur. Au moins ce gros balourd de Hagrid avait momentanément disparu, c'était toujours ça de gagné. Lui, un professeur, quelle blague… Il ne put résister au plaisir d'aller provoquer Potter en faisant quelques remarques au sujet du garde-chasse et c'est avec satisfaction qu'il vit le balafré rougir de colère.
À la fin de l'heure, les Gryffondor se dirigèrent vers les serres, suivis de près par les Serpentard qui devaient rentrer au château pour leur cours d'histoire de la Magie. C'est alors que le blond aperçut Severus Rogue, qui traversait la pelouse du parc à grandes enjambées pour venir vers eux.
- Monsieur Malefoy, l'interpella-t-il en souriant, je voudrais que vous passiez me voir dès que vous aurez fini les cours. Je dois vous parler de… quelque chose. Potter, vous êtes attendu dans le bureau du directeur à la même heure. Il vous demande d'amener une plume en sucre.
OOO
Furieux et vaguement inquiet, Harry observa le groupe de Serpentard qui s'éloignaient en ricanant, Malefoy à leur tête. Qu'est-ce que Dumbledore lui voulait ? Il l'avait ignoré tout l'été et maintenant il tenait à lui parler ?! Et Rogue qui lui annonçait ça sans même le regarder, comme si Harry n'avait pas plus d'importance qu'une tache sur sa chaussure…
- Tu crois que ça a un rapport avec l'Ordre ? chuchota Hermione avec angoisse.
L'adolescent ne put que hausser les épaules.
- Et c'est quoi cette histoire de plume en sucre ? demanda Ron, perplexe.
- Le mot de passe…
Ils venaient d'atteindre les serres lorsque la porte de l'une d'elle s'ouvrit et un flot de quatrième année en sortit avec parmi eux Ginny et Luna Lovegood. Au plus grand malheur de Harry, cette dernière se précipita droit sur lui d'un air surexcité. Des regards se tournèrent vers elle avec curiosité. Luna prit alors une profonde inspiration et lança, sans avoir pris la peine de dire bonjour :
- Je te crois quand tu dis que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom est de retour et je te crois aussi quand dis que tu l'as affronté et que tu lui as échappé.
- Oh… euh… merci Luna, dit maladroitement Harry.
- Laisse tomber, Loufoca, intervint Lavande. Apparemment, Harry préfère avoir des Serpentard comme alliés.
Le Survivant ouvrit de grands yeux.
- Hein ?! De quoi est-ce que tu parles ?
Ernie McMillan s'avança vers eux.
- Oh allez, Potter… Personnellement, je te crois à cent pour cent. Ma famille a toujours soutenu Dumbledore et moi aussi. Mais… il faut avouer que quand on t'entend crier partout que Tu-Sais-Qui est de retour et qu'en même temps tu traînes avec une Serpentard que tu connais à peine, il y a de quoi se poser des questions…
Estomaqué, Harry réussit seulement à lâcher :
- Tu... tu rigoles là ?
- Potter… N'oublie pas que Black est un fou dangereux qui a failli te tuer. Sa fille est sûrement taillée dans le même moule… et elle est à Serpentard, ça la rend encore plus dangereuse, affirma le Poufsouffle en secouant la tête.
Ron intervint alors :
- Il a raison, Harry. Je comprends que tu apprécies d'avoir des gens qui te croient mais tu peux trouver mieux que des dingos ou des Serpentard.
Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Sans un mot, Harry tourna les talons. Il ne se soucia pas des cris de Ron et Ernie, de Hermione qui tentait de le retenir ou du cours qui allait bientôt commencer. Il marcha droit jusqu'au château et finit par se réfugier à la bibliothèque. Il se sentait prêt à exploser. À chaque fois qu'il avait l'impression qu'il ne pourrait pas être plus furax que ce qu'il était déjà, une nouvelle situation se présentait pour lui donner tort et aggraver les choses. Comme Ernie, Lavande et surtout Ron qui pensaient pouvoir lui dicter ses fréquentations… Sans compter qu'il était particulièrement déçu du manque de soutien de Hermione.
Dans l'espoir de se calmer, il tenta de faire quelques recherches pour son devoir de potions. Au bout d'une heure, quelqu'un vint s'asseoir en face de lui.
- Hermione, grogna-t-il. Tu n'es pas avec Ron ?
- Écoute, Harry… je sais que tu dois être très fâché mais…
Il ne lui laissa pas le temps de finir.
- Tu es d'accord avec eux ?! Tu penses que juste parce qu'elle est à Serpentard, je devrais me tenir éloignée de Valya ?
Hermione pinça les lèvres. Elle tritura la petite médaille accrochée sur la chaîne à son cou puis, sur un ton extrêmement prudent, le même qu'elle aurait employé face à un animal sauvage sur le point d'attaquer, elle finit par dire :
- Et si elle était vraiment du côté de Tu-Sais-Qui ? Ou peut-être qu'elle est sous Imperium et…
- Sérieusement ? Tu y crois toi à ces conneries ?! s'emporta Harry à voix basse pour ne pas alerter Mrs Pince. Dumbledore l'aurait vu, il ne la laisserait pas se balader tranquillement sinon !
- Tu dois reconnaître qu'elle est… bizarre ! Et toi, Harry, tu n'es plus le même depuis cet été, tu es tout le temps en colère contre nous et…
Le Gryffondor se mordit l'intérieur de la joue avec force. Il se frotta le front du bout des doigts, luttant contre l'envie de se lever et quitter la bibliothèque en courant. Sauf qu'il ne pouvait pas faire ça. Hermione était son amie, il voyait bien qu'elle s'inquiétait juste pour lui. Le problème, c'était que tout ce qu'elle disait ne faisait qu'aggraver les choses.
- Bizarre ?! répéta-t-il en s'efforçant de rester le plus calme possible. Hermione, évidemment qu'elle est bizarre ! Ça fait quatorze ans que tout le monde la croit morte ! Et le fait que je sois en colère n'a rien à voir avec elle ! Avec Ron vous passez votre temps à vous disputer… Et il a suffi que Dumbledore vous demande de ne pas écrire pendant les vacances pour que vous lui obéissiez aussitôt !
- Oh non, pas encore…
- Et si, Hermione, encore ! Tu ne comprends rien… dit-il d'un ton malheureux. Tu ne sais pas ce que c'est de grandir avec des gens qui te détestent, de passer chaque été avec les Dursley. Ron et toi vous avez une famille ! Moi, ma seule famille c'est Sirius ! Dumbledore n'aurait jamais dû me forcer à rester chez les Dursley cet été alors que j'aurais pu être avec lui. Et Valya… C'est sa fille, Hermione ! Au cas vous ne l'auriez pas encore réalisé, c'est la fille de Sirius ! Pas une quelconque Serpentard inconnue… Elle aussi, elle fait partie de ma famille maintenant alors tout ce que je demande, c'est qu'on arrête de me sauter à la gorge si je fais seulement mine de lui demander l'heure !
Lorsqu'il eut fini sa tirade, Hermione avait les larmes aux yeux.
- Oh, Harry… je suis désolée, je n'avais pas réalisé. J'en parlerai à Ron. Mais s'il te plaît, fais attention à toi…
- Promis, Hermione. Il faut que j'y aille, j'ai mon rendez-vous avec Dumbledore.
Elle lui adressa un petit sourire encourageant. Mais malgré ça, c'est la gorge serrée que le brun se dirigea vers le bureau du directeur.
OOO
On frappa à la porte et Albus laissa échapper un profond soupir. Il avait longuement hésité avant de convoquer Harry et il était toujours persuadé que c'était une mauvaise idée. Il avait songé à laisser Minerva lui parler à sa place mais c'était prendre un risque supplémentaire que l'adolescent désobéisse. Il se leva, contournant son bureau pour venir se placer face à la fenêtre.
- Bonsoir Harry, salua-t-il sans se retourner.
Il devait éviter au maximum de croiser son regard...
- Bonsoir monsieur, balbutia le garçon.
- Assieds-toi, je t'en prie. Comment s'est passée ta rentrée ?
- Ça va, lâcha simplement Harry d'un ton un peu plus froid.
- Hum, je vois… j'ai entendu dire que tu avais eu l'occasion de discuter avec miss Black ?
- Euh oui mais on n'a pas parlé longtemps… elle a dit qu'elle me croyait pour… pour Voldemort et tout ça…
Visiblement, ce n'était pas grâce à Harry qu'il allait pouvoir obtenir plus d'informations sur la jeune fille. Severus était déjà venu lui faire un rapport bref et sec et le directeur n'avait rien relevé d'inhabituel. Une baguette magique normale, même si le séquoia n'était pas forcément très courant, une éducation certes peu commune mais elle n'était pas la seule. Encore beaucoup de Sang-Pur choisissaient d'éduquer leurs enfants à domicile. Si elle ne s'était pas appelée Valya Black, le vieil homme devait reconnaître qu'il ne se serait probablement même pas intéressé à elle.
- Harry, as-tu dit à Valya que nous savons où se trouve Sirius ?
Le Gryffondor parut hésiter puis il répondit :
- Non… on était dans le hall d'entrée, il y avait plein de gens qui auraient pu nous entendre. Et après, on allait au bureau du professeur McGonagall, on n'avait pas le temps…
Albus ne retint pas un soupir de soulagement. C'était déjà ça de gagné. Il fallait juste espérer qu'il n'allait pas être trop difficile de convaincre Harry de continuer à se taire.
- Bien. En fait… je pense qu'il serait plus judicieux de ne rien dire à miss Black pour le moment.
Il jeta un bref regard dans son dos pour voir comment l'adolescent prenait cette annonce et il ne sut comment interpréter la myriade d'expressions qui défilaient sur son visage.
- Pourquoi ? questionna Harry, les sourcils froncés.
- Eh bien… le mieux serait d'annoncer la nouvelle à Sirius en premier, tu ne crois pas ? Cela va lui faire un choc, il aura sans doute besoin d'un peu de temps pour se remettre.
Cette excuse ne tiendrait pas au-delà des vacances de Noël mais il serait toujours temps de trouver une autre idée le moment venu. Peut-être pourrait-il envoyer Sirius en mission ? D'un côté, c'était risqué, il était toujours considéré comme un fugitif… À moins de le faire aller à l'étranger ? Il avait besoin de quelqu'un pour aller récolter des informations à Ilvermorny, les Aurors ne prendraient pas la peine de faire des recherches jusqu'aux États-Unis. L'Animagus se plaignait sans cesse d'être enfermé, il ne refuserait certainement pas un peu d'action.
- Oh… je n'avais pas pensé à ça, admit le garçon d'un ton penaud. Je comprends, oui. Mais professeur… vous allez vite le prévenir, n'est-ce pas ? Sirius ?
Albus se retourna, regardant délibérément le Gryffondor dans les yeux, et il lui renvoya son habituel sourire bienveillant.
- Bien sûr, Harry. Évidemment que je le préviendrai vite.
Harry se détendit et le vieil homme le congédia d'un ton aimable, lui souhaitant un bon appétit. Il y avait au moins une chose positive dans tout ça : il n'avait perçu aucune trace de Voldemort dans les iris émeraude de l'adolescent. Avec un peu de chance, le mage noir ne s'était toujours pas rendu compte de leur connexion, même si Albus était convaincu que ce n'était plus qu'une question de temps.
Il se laissa tomber dans son fauteuil, se massant les tempes lentement. Il n'appréciait pas de faire ça à Harry. Il avait l'habitude de lui cacher des choses mais de là à lui mentir aussi ouvertement… Sauf que l'adolescent n'aurait jamais accepté la vérité, à savoir qu'il n'était absolument pas dans ses intentions d'avertir Sirius de la réapparition de sa fille.
Albus Dumbledore avait certaines tendances Serpentard, lui aussi. Il avait un besoin maladif de contrôle et c'était pour cette raison qu'il prenait soin de s'entourer de personnes, non pas en qui il avait confiance, mais qui avaient confiance en lui. Des personnes qui suivraient ses instructions à la lettre, sans hésiter. Même avec Severus il ne partageait pas l'ensemble de ses informations, même aux membres de l'Ordre il ne disait pas tout, pourtant ils lui vouaient une confiance aveugle. Ce qui n'était définitivement pas le cas de Valya Black.
Et il y avait Sirius. Sirius qui avait de plus en plus tendance à mettre en doute ses décisions, à poser juste les questions qu'il ne fallait pas… Le vieil homme ne s'en inquiétait pas, Sirius avait toujours eu un tempérament impulsif. Il détestait être enfermé au Square Grimmaurd, il s'ennuyait, ce qui faisait ressortir son esprit rebelle et contestataire. Ce n'était rien de grave. Par contre, s'il apprenait que sa fille était vivante… il ne lui pardonnerait jamais cette erreur. Sauf que le directeur ne pouvait pas se permettre de se mettre Sirius à dos. Malgré le peu de temps qu'ils avaient passé ensemble, l'Animagus était proche de Harry. S'il en voulait à Albus, le garçon risquait d'en faire de même. Et si le Survivant n'avait plus confiance en lui…
Non vraiment, il ne pouvait pas laisser cela arriver. Jusque-là, il avait pensé à tout dans les moindres détails. Les Reliques, les Horcruxes… il était certain d'avoir tout prévu. Son plan était parfait, tel un mécanisme bien huilé… mais il avait conscience qu'il suffirait d'un seul minuscule petit grain de sable pour tout saboter. Et il redoutait que la jeune fille soit ce grain de sable. Sa réapparition était une surprise totale. Il ne connaissait pas son passé, il ne pouvait pas prévoir ses agissements… Valya Black était une inconnue dans l'équation et il n'aimait pas ça du tout.
Une inconnue dans l'équation (Castle Of Glass – Linkin Park) J'ai choisi ce titre parce que c'est tout à fait ce que représente le personnage de Valya à cet instant de l'histoire. Pareil pour la musique : elle est la fêlure dans le château de verre, la minuscule fissure dans les plans de Dumbledore, l'inconnue dans l'équation.
Qu'est-ce que vous pensez de l'histoire pour le moment ? Des différents personnages ? Est-ce qu'il y a des choses qui vous interpellent/vous intriguent ?
Pour les "anciens", est-ce que vous voyez les changements par rapport à la version précédente ?
