Publié le lundi 26 octobre 2020, updaté le samedi 21 mai 2022.
Disclaimer : Tout l'univers de Harry Potter appartient à JK Rowling, je vous fais confiance pour savoir ce qui est inventé et ce qui ne l'est pas ;)
Rating T : langage grossier, injures, violence
Note : Hello tout le monde ! Désolée pour le petit retard, je n'ai absolument pas eu le temps de publier hier donc je fais ça aujourd'hui. Voilà le chapitre 6, j'espère qu'il vous plaira. Pour les anciens, vous êtes plusieurs à apprécier les changements pour le moment donc je suis plutôt contente même si j'aimerais bien avoir un peu plus de retours. J'ai également modifié le titre du chapitre par rapport à ce qui était annoncé, il s'intitule donc Dans le noir et le prochain chapitre sera intitulé C'est du passé. Il sera publié dimanche prochain, le premier novembre.
Je vous souhaite une bonne lecture, n'hésitez pas à écouter les morceaux indiqués en début de chapitre, ils donnent une bonne indication sur l'ambiance, et n'hésitez pas à laisser une review pour donner votre avis !
Réponses aux reviews anonymes en fin de chapitre.
CHAPITRE.6 : Dans le noir (In the dark – Bring Me The Horizon)
Sirius Black détestait le 12, Square Grimmaurd, c'était un fait connu de la plupart des gens. Mais depuis que les réunions de l'Ordre du Phénix se déroulaient dans cette foutue baraque, il avait vraiment l'impression de devenir cinglé. En temps normal, il pouvait au moins se réfugier dans sa chambre - probablement la pièce la plus agréable de la
maison - ou bien aller passer un peu de temps au grenier en compagnie de Buck.
Quand l'Ordre était là… il était obligé de rester assis sur une chaise de la vieille cuisine sinistre pendant une éternité, à écouter les autres blablater. C'était toujours la même chose. Rogue commençait par faire son rapport, relatant ce qu'il avait pu voir ou entendre lors de ses séances d'espionnage auprès de Voldemort. Autrement dit, il se montrait parfaitement inutile puisqu'il ne leur apprenait rien du tout, le mage noir se tenant tranquille pour le moment. Ensuite, c'était le tour de ceux qui travaillaient au ministère ou bien celui de Remus lors des jours qui suivaient la pleine lune.
Sans pouvoir s'en empêcher et sans prêter attention aux regards réprobateurs de son ami et de Molly Weasley, le Maraudeur bailla à s'en décrocher la mâchoire tellement la suite était prévisible. Ils allaient faire le point sur les tours de garde au ministère et Dedalus Diggle commencerait à s'interroger à voix haute sur la nécessité de faire garder la prophétie en permanence, étant donné que Voldemort ne semblait pas si pressé de mettre la main dessus.
Remus enchaînerait en demandant une fois de plus à Dumbledore s'il ne pouvait vraiment pas leur révéler d'autres informations sur son contenu. Le directeur le contemplerait alors en souriant avec indulgence et répliquerait que non, ce n'était pas possible, comme s'il s'adressait à des enfants de cinq ans particulièrement inattentifs. Sirius lui-même allait intervenir en répétant une fois de plus que, si Dumbledore ne voulait rien leur dire, il devait au moins en parler au principal concerné : Harry. Servilus allait lancer l'un de ses habituels commentaires spirituels à propos de « l'arrogance des Potter et des Black qui pensaient que tout leur était dû », Sirius allait s'énerver, Remus allait tenter de calmer le jeu, Dumbledore allait s'en mêler et la situation allait encore plus dégénérer. La routine, quoi.
- Sirius !
L'Animagus sursauta. Remus venait de lui asséner un violent coup de coude et son ton exaspéré suggérait qu'il l'avait déjà appelé à plusieurs reprises. Sirius se rendit compte que tout le monde le dévisageait, y compris Dumbledore.
- Désolé… professeur, vous étiez en train de me parler… ? lâcha-t-il avec un sourire nonchalant, s'affalant un peu plus contre le dossier de sa chaise.
- Oui, Sirius. Je t'ai demandé si tu serais d'accord pour partir en mission pour l'Ordre.
- En mission, bien sûr, ricana-t-il. Vous avez le sens de l'humour, dites donc !
- Oh mais je ne plaisante pas.
Le Maraudeur se redressa brutalement sur son siège, se rendant compte qu'en effet, le vieil homme était tout à fait sérieux.
- Vous voulez que je parte en mission ? Alors, je ne sais pas si vous avez remarqué mais je suis assez célèbre en ce moment, ironisa-t-il en désignant la Gazette du sorcier de la veille sur laquelle son nom s'étalait en première page. Vous trouvez vraiment que c'est le moment ?!
- J'ai besoin de quelqu'un pour aller récupérer des informations auprès de Dorothea Blackwood, la directrice d'Ilvermorny. C'est une amie de longue date et les Aurors n'iront pas te chercher aux États-Unis.
- Aux États-Unis… répéta mollement Sirius.
Non mais qu'est-ce que c'était que ce délire ?! Dumbledore avait passé tout l'été à insister sur combien il était important qu'il reste caché et qu'il ne sorte surtout pas du Square Grimmaurd. L'ancien Gryffondor avait même subi un sermon en bonne et due forme quand il avait osé accompagner Harry à la gare le jour de la rentrée et là, le directeur voulait l'envoyer aux États-Unis ? Il y avait définitivement quelque chose qui ne tournait pas rond chez lui.
- Je pensais que tu serais ravi d'avoir enfin une occasion de sortir d'ici, toi qui te plains continuellement d'être enfermé dans cette maison…
- C'est juste que c'est… très soudain, se justifia Sirius, je ne m'y attendais pas. Mais…
Il haussa les épaules.
- … ok, moi ça me va. Je pars quand ?
- Eh bien, il me reste encore quelques détails à régler alors je ne peux pas t'envoyer là-bas tout de suite. Le mieux serait que tu t'en ailles la veille des vacances de Noël.
À cet instant, Rogue émit une exclamation étouffée, mélange entre la surprise et la colère.
- Un commentaire, Severus ? exprima Dumbledore d'un ton étrangement menaçant.
Sirius fronça les sourcils. Depuis le début de la réunion, Rogue était resté très silencieux. Pas de piques désagréables ou de remarques sarcastiques à son égard alors qu'en temps normal il ne manquait jamais une occasion de rabaisser l'Animagus. Il toisait Dumbledore avec une hargne inhabituelle, ses mains enserrant avec force le bois de la table. Les deux hommes s'affrontèrent du regard pendant de longues secondes avant que Servilus ne détourne les yeux.
- Non, monsieur le directeur, lâcha-t-il entre ses dents.
- Très bien, dans ce cas, tout est parfait ! Nous allons passer aux…
- Attendez un peu, protesta Sirius, Harry doit revenir ici pendant les vacances de Noël ! Si je pars, je ne le verrai pas…
- Oh, c'est vrai, cela m'était complètement sorti de la tête. Eh bien, c'est toi qui vois mais je préfère te prévenir, je crains de n'avoir aucune autre tâche de ce genre en réserve. Si tu n'y vas pas… tu devras rester dans la maison. À titre personnel, je pense que cela pourrait effectivement te faire du bien de sortir un peu d'ici… l'enfermement doit être terriblement difficile à supporter après toutes ces années à Azkaban. Je suis sûr que Harry comprendra.
Sirius ne put réprimer un frisson désagréable. Cela lui faisait toujours cet effet lorsque quelqu'un évoquait la prison. Et lui ne comprenait plus rien. Il ne comprenait pas pourquoi Dumbledore avait brutalement changé d'avis, il ne comprenait pas pourquoi Rogue semblait aussi en colère ni pourquoi Minerva McGonagall arborait cet air mi désapprobateur, mi désolé. Quoi qu'il en soit, l'Animagus était vraiment tenté d'accepter la proposition. Il était prêt à faire n'importe quoi pour avoir la possibilité de respirer un peu d'air frais et de ne plus avoir cette sensation d'être à nouveau prisonnier. Seulement, il y avait Harry…
- Est-ce que je peux au moins y réfléchir avant ? hésita Sirius. Juste… quelques jours ?
Un instant, il crut apercevoir une minuscule ride de contrariété se dessiner entre les sourcils du vieil homme. La seconde d'après, ce dernier arborait son expression de bienveillance coutumière et ce fut avec le sourire qu'il répondit :
- Bien sûr. Prend tout le temps dont tu auras besoin.
La réunion dériva sur un autre sujet et elle touchait presque à sa fin lorsque les flammes dans la cheminée prirent soudainement une teinte vert émeraude. La tête de Poppy Pomfresh, l'infirmière de Poudlard apparut au milieu de l'âtre.
- Bonjour tout le monde. Je suis désolée de vous déranger maintenant mais… Severus ? Il y a eu un problème pendant les sélections de l'équipe de Quidditch de Serpentard cet après-midi et j'ai quatre de vos élèves à l'infirmerie. Trois d'entre eux se sont blessés à l'entraînement, rien de bien méchant. Par contre, en ce qui concerne le dernier… je pense vraiment que vous devriez venir voir.
Rogue pâlit et se leva d'un bond.
- J'arrive tout de suite, assura-t-il, la mine aussi sinistre que s'il s'apprêtait à se rendre à un enterrement.
- Je viens avec vous, déclara aussitôt le professeur McGonagall, l'air vaguement inquiète également.
Ils se dirigèrent vers la cheminée avant de disparaître à l'intérieur et une nouvelle fois, Sirius tiqua devant ces réactions étranges.
- Mais enfin, qu'est-ce qui leur prend ? questionna-t-il, déconcerté. Ça arrive tous les jours que des gamins se fassent mal au Quidditch…
Il reçut pour toute réponse des haussements d'épaules désintéressés et ce départ signa définitivement la fin de la réunion. Un par un, les membres de l'Ordre quittèrent la pièce, laissant les deux Maraudeurs seuls dans la cuisine. Ils finirent par monter au salon pour retourner à leurs occupations, à savoir lire la Gazette du sorcier pour Remus et s'ennuyer ferme pour Sirius.
- Patmol ! interpella le loup-garou au bout d'un moment. Est-ce que c'est… Hedwige ?
Sirius releva la tête. La chouette blanche était perchée sur l'appui de fenêtre, le fixant de ses grands yeux ambrés. Il s'empressa d'aller ouvrir pour la décharger de son fardeau, le regard soucieux. Harry savait que c'était dangereux d'envoyer des lettres… Bien sûr, ce n'était pas l'Animagus qui allait lui reprocher, au contraire il était plus que ravi que son filleul ait osé braver l'interdiction. Mais l'adolescent s'était montré tellement inquiet à l'idée que les Aurors puissent retrouver Sirius, s'il avait pris le risque de lui écrire, c'était forcément parce que quelque chose n'allait pas. Il se dépêcha de déplier le parchemin, fronçant de plus en plus les sourcils au fur et à mesure de sa lecture.
- Un problème, Sirius ?
- Regarde les dernières phrases, dit le Maraudeur en tendant le parchemin à son ami. Ça veut dire quoi « je sais que tu dois être assez bouleversé par ce que t'a raconté Dumbledore » ?
- À cause de la mission, je suppose ? Tu sais comment sont Harry et ses amis, toujours au courant de ce qui ne les concerne pas… Ils ont dû surprendre une conversation qu'ils n'auraient pas dû entendre.
- Mais pourquoi est-ce que ça me bouleverserait ? C'est clair que j'étais surpris, ça sortait tellement de nulle part ce truc de mission aux États-Unis… mais enfin quoi, je ne vais pas me mettre à chialer non plus pour ça, je ne suis pas « bouleversé » ! Et puis même, ça n'a pas de sens, si Harry est déjà au courant que je dois partir en mission pendant les vacances de Noël, pourquoi est-ce qu'il écrit qu'il espère me revoir aux vacances de Noël ? C'est bizarre…
- Tout le monde se comportait bizarrement aujourd'hui, agréa son ami.
- McGonagall et Rogue ? Toi aussi tu as remarqué ?
- Oui. Severus… il était furieux, il était vraiment furieux contre Dumbledore. Je l'ai senti…
Remus pencha la tête de côté dans une expression de réflexion intense. Ses doigts tapotèrent nerveusement l'accoudoir du fauteuil.
- Peut-être que Harry en sait plus… Tu sais quoi ? Je pense que tu devrais lui parler, Patmol. Lui parler vraiment je veux dire, par la cheminée.
Sirius le dévisagea, sidéré.
- Toi, Remus John Lupin, tu penses que je devrais contacter Harry par un moyen jugé dangereux et stupide par Dumbledore lui-même ?!
Le loup-garou haussa les épaules.
- Comme tu veux. Mais c'est toujours plus sécurisé que les lettres et au moins tu seras fixé, affirma-t-il en lui assénant une tape amicale dans le dos.
OOO
Quand Poppy avait annoncé que quatre élèves de Serpentard se trouvaient à l'infirmerie, Severus s'était tout de suite attendu au pire, se morigénant silencieusement. La veille, Drago Malefoy était venu lui transmettre la liste des élèves qui s'étaient inscrits aux sélections de l'équipe de Quidditch. Severus aurait dû savoir que c'était une très mauvaise idée de laisser Valya Black participer aux essais dirigés par Malefoy sans la moindre surveillance. Quelque chose allait forcément aller de travers, ça allait dégénérer à coup sûr… Pourtant, le professeur de potions était loin de la réalité.
L'infirmière lui avait fait un rapide bilan de la situation : une contusion au poignet pour Capper, un nez cassé pour Zabini et une fracture de la clavicule pour Black, qui semblait avoir de fortes prédispositions à jouer les casse-cous. Contrairement à ce que Severus avait cru, il s'agissait bien de blessures dues aux Cognards et non à une quelconque altercation. Restait donc le cas de Drago Malefoy.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé, Drago ? interrogea le directeur des Vert et Argent pour la troisième fois.
Le jeune homme était assis dans un lit de l'infirmerie, blême, le visage hostile et les poings si serrés qu'on pouvait en deviner chaque veine. Il n'avait pas décroché un mot jusque-là, se fermant un peu plus à chaque question qu'on lui posait.
- Drago, vous devez forcément vous rappeler de quelque chose…
- Non, hurla subitement l'adolescent, NON ! Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, d'accord ?! Je ne me souviens de rien, rien du tout ! Je… j'ai juste…
- Juste quoi ?
- Je n'aurais pas dû m'évanouir comme ça ! C'est pas normal, c'est pas normal vous comprenez ? On a dû me jeter un sort ou… ou…
- Vous « jeter un sort » ? répéta Severus d'un ton dubitatif. Drago, madame Pomfresh vous a examiné et elle m'a certifié que vous n'avez reçu aucun sortilège. Vous allez parfaitement bien physiquement, vous…
- Eh bien elle se trompe, c'est tout ! C'est une incapable, les Sang-de-Bourbe dans son genre ne devraient même pas être autorisés à exercer ! Ça doit être ces idiots de Gryffondor, je suis sûr que c'est eux… Ou alors Black ! Elle me déteste, vous l'avez bien vu ! Cette salope a voulu m'humilier encore une fois, je vous jure qu'elle va me le payer, elle…
Severus cligna des yeux, déstabilisé par le déchaînement d'agressivité du garçon. Et surtout, par ce qu'on pouvait distinguer au-delà de cette façade belliqueuse. La panique. Drago avait peur. Il était probablement mortifié de s'être évanoui devant tout le monde et cherchait à rejeter la faute sur n'importe qui mais il y avait plus que ça. Le professeur de potions était convaincu qu'il ne disait pas tout.
En soupirant, Severus quitta l'infirmerie pour se rendre dans le bureau de Minerva. L'équipe de Quidditch de Serpentard au grand complet s'y trouvait déjà, en compagnie des cinq Gryffondor qui avaient assisté aux sélections. Potter et ses deux acolytes habituels, plus les jumeaux Weasley.
- Comment va-t-il, professeur Rogue ? s'enquit la directrice adjointe.
- Il ne présente aucune blessure et il n'y a rien sur le plan médical qui puisse expliquer cette perte de conscience.
Severus marqua une pause.
- Cependant, monsieur Malefoy semble persuadé que son évanouissement n'était pas naturel et qu'il a été victime d'un… maléfice, annonça-t-il en s'efforçant de garder un ton le plus neutre possible avant de lancer un regard inquisiteur en direction de Potter.
- Quoi ? réagit l'adolescent avec un temps de retard. Eh mais non, c'est pas nous ! C'est n'importe quoi, on était dans les gradins, on est descendus quand on l'a vu tomber…
Les Rouge et Or se mirent à parler tous en même temps, s'insurgeant et se justifiant avec fureur. Severus les laissa faire quelques instants, ignorant le regard réprobateur du professeur McGonagall.
- Oui enfin… c'est quand même bizarre, intervint Blaise Zabini. Vous venez regarder les sélections et comme par hasard, il se passe un truc louche avec Drago…
- On y peut rien si cet abruti est tombé dans les pommes comme une chochotte, s'offusqua Ron Weasley. Et peut-être bien que c'est voir ta tronche qui l'a fait tourner de l'œil…
- La ferme, Weasmoche ! Et puis qu'est-ce que vous foutiez là, d'abord ?!
- Monsieur Zabini soulève une question intéressante, releva Severus sans s'appesantir sur les oreilles rougissantes du rouquin ni la mâchoire contractée du métis. Peut-on savoir pour quelle raison vous avez tenu à assister aux sélections de l'équipe de Serpentard ?
Il fallait toujours que ces fichus Gryffondor soient au mauvais endroit au mauvais moment... C'était encore une raison supplémentaire pour les trouver agaçants.
- Il n'y a rien dans le règlement qui l'interdit, se défendit Potter. Eux, ils sont bien venus à notre entraînement d'hier !
- Certes, accorda le maître des potions d'un ton doucereux, mais ce n'est pas dans vos habitudes.
- Ça n'avait rien à voir avec Malefoy, opposa alors la jeune Black. J'avais dit à Potter que je passerai les essais et il voulait venir voir, c'est tout.
- Justement, vous pourriez très bien être de mèche tous les deux ! asséna Zabini avec un sourire victorieux.
- Tu sais quoi ? Tu me gaves, Zabini. T'étais juste à côté de nous, tu sais très bien que je lui ai jeté aucun sort, j'avais même pas ma baguette sur moi à ce moment-là ! C'est quoi le problème ? Tu essayes de te venger en me faisant porter le chapeau juste parce que t'as pas supporté de te prendre un Cognard par une fille ?!
- Tu l'as fait exprès, tu…
Severus se pinça l'arête du nez. Il avait su dès le début que cette entrevue risquait de lui donner la migraine mais là, on atteignait des sommets.
- Ça suffit tous les deux ! Vous n'êtes pas ici pour régler vos comptes. Black, quelque chose à ajouter ?
Elle haussa les épaules d'un air méfiant.
- Vous voulez que je dise quoi de plus ? On a déjà expliqué ce qu'il s'était passé au professeur McGonagall.
Le directeur des Serpentard garda un silence éloquent, la dévisageant avec insistance.
- Quoi, il m'a accusée aussi, c'est ça ? Cette espèce de sale…
- Je vous déconseille de finir cette phrase, avertit sévèrement Minerva.
- Ouais ben j'lui ai rien fait, c'est pas moi ! On était juste en train de parler et d'un seul coup, son regard est devenu tout… tout vide et… c'était flippant. On aurait dit…
- On aurait dit quoi ? questionna gravement le professeur McGonagall.
- On aurait dit que c'était plus la même personne, lâcha la jeune Black. Il est devenu super pâle, genre… encore plus qu'en temps normal et il s'est effondré à terre ! J'ai limite cru qu'il allait se mettre à convulser ou un truc comme ça. On s'est tous précipités sur lui et il était… j'sais pas, à moitié conscient, il avait les yeux ouverts mais c'était comme s'il nous voyait plus. On a dit à Pritchard d'aller chercher l'infirmière et après, Malefoy est complètement tombé dans les vapes.
Un silence tendu flotta dans le bureau. Les deux groupes se regardaient en dragons de faïence et il ne manquait qu'une petite étincelle pour déclencher l'explosion.
- C'est vrai monsieur, plaida alors Miles Bletchley. C'est vraiment ce qui s'est passé. On était tout près, on l'aurait forcément vu si elle avait fait quelque chose à Malefoy ! assura-t-il en jetant un regard accusateur à Zabini.
Bon gré, mal gré, les autres membres de l'équipe finirent par confirmer à leur tour que ça ne pouvait pas être la faute de la jeune blonde.
- Et… pareil pour eux… ajouta le gardien des Vert et Argent après un instant d'hésitation, en faisant un signe de tête en direction des Gryffondor.
Le professeur de potions souffla longuement. De toute évidence, il n'obtiendrait pas d'autres informations et il finit par congédier les onze étudiants.
- Severus, je sais que vous avez tendance à accorder beaucoup de crédit aux paroles de Drago Malefoy mais là, cela va trop loin ! s'insurgea Minerva McGonagall dès qu'ils eurent quitté la pièce. Ces jeunes gens m'ont tous l'air sincères, y compris Black. Leurs versions concordent, est-ce que vous avez seulement la moindre preuve de…
- Je ne pense pas qu'ils soient coupables. Seule l'utilisation d'un sortilège de magie noire aurait permis de ne laisser aucune trace et je doute que ce soit le style de vos précieux Gryffondor, sans compter que c'est largement hors de portée pour des petits idiots de cinquième année. À la rigueur, si je devais soupçonner quelqu'un, ça serait Bletchley ou Warrington…
- D'autant plus que, eux, auraient une véritable raison d'en vouloir au jeune Malefoy… ils ne doivent pas être ravis par sa nomination au poste de capitaine de l'équipe de Quidditch de Serpentard, commenta la directrice adjointe d'un ton acide.
Ses lèvres étaient pincées, ses sourcils froncés et Severus dut résister à la tentation de baisser les yeux.
- Ne me regardez pas comme ça, Minerva, ce n'était pas ma décision et vous savez très bien pourquoi Dumbledore a choisi Drago Malefoy ! C'était la meilleure façon de me faire rester dans les bonnes grâces de Lucius…
- Peut-être mais c'est injuste pour les autres élèves ! Ils n'ont pas à subir les conséquences des décisions qui concernent l'Ordre ou tout autre chose que leur scolarité. Et puis ne me faites pas rire, vous amplifiez peut-être votre attitude pour conserver votre couverture d'espion mais je sais pertinemment que Malefoy est votre petit protégé !
- C'est faux, se défendit le professeur de potions sans toutefois réussir à y mettre suffisamment de conviction.
Il n'y pouvait rien s'il avait de la compassion pour le jeune homme. Drago Malefoy était un petit con arrogant et un fils à papa mais il avait été élevé par Lucius Malefoy… Merlin savait à quel point cet homme pouvait être terrifiant. Drago méritait bien d'être un peu ménagé, contrairement à des petits imbéciles capricieux comme Potter et Black.
- On pourrait en dire autant de votre comportement à l'égard de Potter et de toute façon, ce n'est pas le sujet ! rétorqua Severus en désespoir de cause.
- Très bien, parlons-en du sujet ! Si vous êtes persuadé qu'ils n'y sont pour rien, est-ce que vous pouvez m'expliquer à quoi rimait cet interrogatoire ?!
- Je voulais voir leurs réactions, se justifia le directeur des Vert et Argent, qui avait de plus en plus l'impression d'être un enfant pris en faute, face à cette femme qui avait autrefois été son enseignante. L'un d'entre eux aurait pu remarquer quelque chose, un détail…
- Mais enfin, pourquoi est-ce que cette histoire vous tracasse autant ? Malefoy a pu faire un simple malaise ! Hypoglycémie, stress…
- Non. Ce n'était pas un simple malaise, ça j'en suis sûr, Minerva. Il y a quelque chose qu'il ne nous a pas dit.
Drago Malefoy mentait, il le savait. Le tout était de découvrir pourquoi.
OOO
Ce fut dans un silence pesant que Harry, Ron et Hermione rejoignirent la salle commune, toujours accompagnés des jumeaux. Ils se laissèrent tomber lourdement dans les fauteuils devant la cheminée, encore secoués par leur après-midi. Ils avaient à peine eu un instant de répit qu'Angelina fonçait sur eux.
- C'est vrai que vous êtes allés voir les sélections de l'équipe de Serpentard aujourd'hui ?
Harry la scruta avec méfiance.
- Comment tu sais ça ?!
- On est à Poudlard, les rumeurs vont vite, asséna Hermione, les lèvres pincées.
- Lee Jordan a entendu Adrian Pucey en parler. Il l'a dit à Katie qui me l'a raconté, confirma Angelina. Mais sérieusement, qu'est-ce qui vous a pris ?!
- Pour les explications, faut voir avec Harry parce que nous on a toujours pas compris… marmonna Ron.
Harry le fusilla du regard. Il en avait marre que son meilleur ami le traite comme un dingue à chaque fois qu'on abordait le sujet Valya Black.
- On s'en fiche de ça, c'est pas l'important ! Ce qui compte, c'est qu'on va devoir batailler pour garder la coupe cette année, pronostiqua Georges sombrement.
- Comment ça ? s'inquiéta Angelina. Il a vraiment pris de bons joueurs ?
- Il a sélectionné Zabini comme poursuiveur qui est complètement lamentable. Le problème c'est les batteurs… expliqua Fred. Pritchard en deuxième année… et Black.
- Black ? Attends, Malefoy a pris une fille dans l'équipe ?!
Harry comprenait sans mal sa surprise. Les Serpentard étaient réputés pur être particulièrement vieux jeu...
- Il aurait été dingue de ne pas la prendre, je n'ai jamais vu quelqu'un jouer comme ça, assura Fred. Cette fille a un don, elle jongle littéralement avec les Cognards. Je suis sûr que Pritchard pourra faire une sieste sur son balai pendant les matchs, ça aura le même résultat.
- Parce que tu appelles ça avoir un don ?! s'offusqua Hermione. Elle est complètement inconsciente, tu veux dire ! Elle n'a aucune notion du danger…
- C'est le jeu, Hermione. Et de toute façon, tu n'y connais rien en Quidditch, répliqua sèchement Georges.
- Excuse-moi, intervint Ron avec colère, mais même toi tu n'irais pas te tuer juste pour un Cognard !
- Attendez, doucement, qu'est-ce qui s'est passé exactement ?
Il eut un temps de silence tandis que Harry, Ron et Hermione s'entre-regardaient. L'après-midi avait été tellement surréaliste qu'il était difficile de répondre à cette question…
- Elle s'est pris un Cognard. Ou plutôt, elle s'est délibérément jetée sur un Cognard pour l'arrêter, développa Fred. Résultat, elle s'est explosé la clavicule, fracture…
- Mais… on ne se fait jamais ce genre de blessure rien qu'en entraînement ! objecta Angelina. Encore moins pendant des sélections ! Tu es sûr que ce n'est pas à cause d'un autre joueur ou… ?
- Non, même Malefoy était furieux.
- D'ailleurs, ça c'est étonnant, grogna Ron. Depuis quand Malefoy s'inquiète pour autre chose que sa petite personne ?
Harry se frotta le front avec lassitude.
- Je ne crois pas qu'il essayait d'être sympa ou quoi que ce soit, fit-il remarquer. Il a juste dû avoir la trouille que ça lui retombe sur le dos.
- En parlant de lui… est-ce que Katie t'a aussi dit que ce crétin s'est évanoui à la fin des essais ? ajouta le rouquin à l'adresse d'Angelina, en arborant un sourire mauvais. Il a fait un malaise le pauvre bébé…
Il étendit plus confortablement ses longues jambes et se cala dans le fauteuil en faisant craquer ses doigts, l'air enchanté.
- Ce n'est pas drôle, Ron ! protesta Hermione.
- Oh c'est bon, arrête un peu, si ça avait été Harry, Malefoy ce serait fait un plaisir de se foutre de lui ! Et je te rappelle que cette sale fouine nous a accusés de lui avoir jeté un sort !
Harry grimaça. Sur ce coup-là, il fallait reconnaître que Ron n'avait pas tort. Maintenant, si lui et Hermione pouvaient seulement arrêter de se disputer…
- Ok, peu importe les états d'âme de Malefoy, trancha Angelina, d'après ce que vous dites on a surtout un sérieux problème ! Il va falloir revoir toute notre stratégie avant que les matchs ne commencent. Je n'avais pas prévu d'entraînement avant vendredi prochain mais avec tout ça, je vais peut-être en caser un supplémentaire. Je vous tiendrais au courant, lança-t-elle en s'éloignant.
Fred et Georges se levèrent à leur tour et Harry et Ron se résolurent à se remettre à leurs devoirs, sous le regard courroucé de Hermione. Plus tard dans la soirée, Ron reçut une charmante lettre de son frère Percy, qui lui conseillait de ne plus approcher Harry et de collaborer au mieux avec Dolores Ombrage. Le rouquin en déchira aussitôt les morceaux avant de les jeter au feu et ce geste eut le mérite de dissiper une grande partie de l'agacement que Harry ressentait envers son ami.
Il était plus de minuit et la salle commune était déserte lorsque Harry arriva au bout de son devoir pour le professeur Sinistra. Épuisé, il se laissa aller dans un fauteuil en regardant le feu tandis que Hermione aidait Ron à finir sa conclusion. De plus en plus somnolent, il fixait les flammes quand il se redressa brutalement. Il entendit vaguement Hermione l'appeler. Mais Harry avait glissé de son fauteuil et s'était agenouillé sur le vieux tapis brûlé, le regard fixé sur les flammes.
- Euh… Harry ? dit Ron d'une voix hésitante. Qu'est-ce que tu fais par terre ?
- Je viens de voir la tête de Sirius dans le feu.
Harry avait dit cela d'une voix très calme. Après tout, il avait déjà vu la tête de Sirius dans cette même cheminée l'année précédente et il lui avait parlé. Mais cette fois il n'en était pas absolument sûr... Elle avait disparu si vite...
- La tête de Sirius ? répéta Hermione. Tu veux dire comme le jour où il a voulu te parler pendant le Tournoi des Trois Sorciers ? Mais il ne pourrait plus faire ça maintenant, ce serait trop... Sirius !
OOO
Sirius n'avait pas eu besoin de réfléchir bien longtemps à la suggestion de Remus. Il avait craqué au bout de quelques minutes et il se mit à surveiller la salle commune des Gryffondor, passant régulièrement la tête dans la cheminée. Enfin, à une heure plus que tardive, le trio d'amis se retrouva seul et il put leur parler. Comme il s'y attendait, Hermione paniqua dès qu'elle l'aperçut et il eut droit à un sermon supplémentaire. Il aimait beaucoup la jeune fille mais parfois, elle ressemblait vraiment trop à madame Weasley. Harry sourit pour l'accueillir mais avec une hésitation clairement visible, confortant Sirius dans son idée que quelque chose clochait.
- D'abord, c'est Remus qui a eu l'idée, répliqua-t-il à Hermione qui continuait de lui faire la morale. Et puis, c'était la seule façon de répondre à la lettre de Harry sans recourir à un code – les codes, on peut les percer.
En entendant parler de la lettre de Harry, Hermione et Ron tournèrent tous deux les yeux vers lui.
- Tu ne nous avais pas dit que tu avais écrit à Sirius ! s'exclama Hermione d'un ton accusateur.
- J'ai oublié, assura Harry. Ne me regarde pas comme ça, Hermione, il était impossible que quiconque y découvre la moindre information, pas vrai, Sirius ?
Le concerné fronça les sourcils.
- Euh oui, à propos de ta lettre… Pour ta cicatrice, je sais que ce n'est pas drôle quand ça fait mal mais il n'y a pas de raisons de s'inquiéter. Maintenant que Voldemort est de retour elle va être souvent douloureuse. Et je sais qu'Ombrage n'est pas une Mangemort même si elle est ignoble.
- Donc tu penses que ça n'a rien à voir avec le fait qu'elle m'ait touché ? demanda son filleul.
Sirius secoua la tête, peu convaincu. Il détestait l'idée de laisser Harry entre les griffes de cette harpie mais ce n'était pas comme s'il avait voix au chapitre dans cette histoire...
- Par contre, reprit-il, je n'ai pas compris, qu'est-ce que tu voulais dire par « je sais que tu dois être assez bouleversé par ce que t'a raconté Dumbledore » ? C'est à cause de la mission ?
- La mission ? répéta Harry.
- Dumbledore m'a proposé de partir en mission aux États-Unis. Mais c'est pendant les vacances de Noël alors…
- Quoi ?! Non, non c'est pas possible, tu… Dumbledore t'a demandé de partir pendant les vacances de Noël ? Mais… Mais tu…
- Mais je quoi ? encouragea Sirius.
Harry détourna les yeux, baissant la tête et serrant les poings convulsivement.
- Non, rien. Dis, Sirius… pourquoi… pourquoi est-ce que tu ne m'as jamais parlé de Sélène ?
Le Maraudeur sursauta tellement fort qu'il faillit se cogner contre le haut de la cheminée. Il dévisagea son filleul avec des yeux écarquillés, ne s'attendant pas du tout, du tout, à cette question. Le visage de la jeune femme s'imposa à lui, ses cheveux blonds, ses tâches de rousseur, ses yeux rieurs… Il secoua violemment la tête pour chasser l'image de son esprit. Ne pas y penser, ne surtout pas y penser…
- Qui t'a parlé de Sélène ? questionna-t-il, plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu.
Le Gryffondor resta silencieux, fuyant le regard de son parrain.
- On… on a entendu une conversation entre le professeur McGonagall et le professeur Rogue… intervint timidement Hermione.
- Il se souvient qu'il a une sœur, lui ? persifla méchamment Sirius. C'est nouveau… Écoute, Harry, je n'ai aucune envie de parler de ça, d'accord ? Ça fait des années et… et… elle est morte, tu comprends ?!
- Mais… c'était ma marraine… lâcha Harry d'une petite voix.
Sirius cligna des yeux.
- Ouais c'est vrai… soupira-t-il. Je… j'aurais dû te le dire, désolé. Pour en revenir à la mission, je ne suis pas obligé d'y aller si ça t'embête, ce n'est pas grave… C'était ça qui t'inquiétait ?
Harry haussa les épaules sans répondre. L'expression de son visage était difficilement interprétable, il était contrarié c'était une évidence mais ne semblait pas prêt à dire pourquoi.
- Il faut qu'on te laisse, annonça-t-il. Il est tard et on a encore des devoirs. Mais… on pourrait se reparler bientôt ?
- Ok, accorda Sirius sans chercher à insister davantage.
Visiblement, c'était peine perdue mais au moins Harry n'avait pas l'air fâché contre lui et c'était tout ce qui comptait.
- Je t'enverrai Hedwige pour t'indiquer le moment, d'accord ?
Son filleul acquiesça puis l'Animagus retira sa tête de l'âtre et dans un petit « pop » il revint entièrement au Square Grimmaurd. Il s'était à peine relevé que Remus débarquait dans la cuisine.
- Alors Patmol, content d'avoir pu parler à Harry ?
- Il m'a demandé pourquoi je ne lui avais jamais parlé de Sélène, lâcha Sirius d'une voix rauque. Harry vient de me demander pourquoi je ne lui avais jamais parlé de Sélène.
- Mais comment est-ce qu'il…
- Et il n'était pas au courant pour la mission. Il a fait semblant mais il a juste évité le sujet et il a refusé de me dire de quoi il parlait à la base. Il se passe quelque chose, Lunard, je ne sais pas quoi mais je te jure qu'il y a un truc bizarre. D'abord Dumbledore, Rogue, McGonagall et maintenant Harry ?!
- Pourquoi est-ce que tu ne vas pas en parler directement à Dumbledore ?
- C'est un peu tard, non ? Et il a dit tout à l'heure qu'à partir de maintenant il serait moins présent aux réunions…
- Alors va voir Rogue !
- C'est ça oui ! Plutôt crever que d'aller quémander des renseignements à ce connard graisseux, ricana Sirius.
Le Maraudeur passa une main frustrée dans ses cheveux noirs. Il avait bien conscience que quelque chose lui échappait et ça commençait à l'inquiéter. Il n'aimait pas du tout cette sensation d'être perdu, dans le noir le plus total.
OOO
Dans la cheminée, les flammes s'étaient éteintes, n'émettant plus qu'une vague lueur rougeâtre. Harry était toujours agenouillé sur le tapis sans bouger.
- Il n'a rien dit… Dumbledore ne lui a rien dit…
- Harry… commença Hermione d'une voix suraigüe.
- POURQUOI EST-CE QU'IL N'A RIEN DIT ? explosa le Survivant alors que son amie avait tout juste le temps de jeter un sortilège de Silence en direction des escaliers. IL M'AVAIT DIT QU'IL PRÉVIENDRAIT SIRIUS LE PLUS VITE POSSIBLE, IL L'AVAIT PROMIS !
- Calme-toi, vieux, il a peut-être juste oublié… tenta Ron, l'air particulièrement inquiet face à son état.
- « Oublié » ? Dumbledore a oublié de prévenir Sirius que sa fille est vivante alors qu'elle se balade tranquillement dans le château ?! NON MAIS TU TE FICHES DE MOI ?!
- Ou alors il n'a simplement pas eu le temps, ce n'est pas si…
- Pas si quoi ?! coupa Harry. Pas si grave ? ELLE PENSE QUE SON PÈRE EST EN FUITE QUELQUE PART À L'AUTRE BOUT DU MONDE, ELLE LE CHERCHE, HERMIONE, TU COMPRENDS ÇA ?
Écœuré, il se leva d'un bond pour se diriger vers l'entrée de la salle commune.
- Où tu vas ? protesta le rouquin en ouvrant des yeux ronds.
- Je vais voir Dumbledore !
- Quoi ?! Enfin, Harry, tu ne peux pas débarquer comme ça dans le bureau de Dumbledore, il est plus d'une heure du matin et… glapit Hermione.
- Je vais me gêner, tiens ! Et pas la peine de m'accompagner, vous feriez mieux d'aller vous coucher tous les deux !
Harry parcourut les couloirs à toute vitesse. Il n'avait même pas pris le temps d'aller chercher sa Cape d'Invisibilité ou la carte du Maraudeur. Il dévala les escaliers jusqu'au deuxième étage, arrivant vite devant la gargouille qui gardait l'entrée du bureau du directeur.
- Plume en sucre ! brailla-t-il. Nids de cafard ! Sorbet citron ! MAIS TU VAS T'OUVRIR, OUI ?!
- Potter ? Mais qu'est-ce qui vous prend, par Merlin ?!
Le Gryffondor pivota rageusement vers la personne qui venait de l'interpeller ainsi. Lui aussi était au courant, c'était une évidence. Et il n'avait rien dit…
- Vous le saviez, n'est-ce pas ?! VOUS LE SAVIEZ ET VOUS N'AVEZ RIEN DIT !
- Potter, je n'ai absolument aucune idée de quoi vous parlez et je n'ai pas de temps à perdre avec votre charabia ! gronda Severus Rogue. D'ailleurs vous n'avez rien à faire là…
- JE M'EN FOUS ! vociféra Harry, hors de lui. VOUS ÊTES AUSSI IGNOBLE QUE DUMBLEDORE !
Le professeur de potions n'eut pas le temps de répliquer quoi que ce soit. La gargouille pivota et le directeur apparut.
- Harry ? Severus ? Est-ce qu'il y a un problème ?
- Vous n'avez jamais eu l'intention de lui dire, c'est ça ? réalisa le Survivant en serrant les poings. POURQUOI EST-CE QUE VOUS FAITES ÇA, HEIN ?
- Excuse-moi, Harry, je ne suis pas sûr de te suivre. De quoi est-ce que tu…
- SIRIUS ! rugit l'adolescent. Je vous parle de Sirius ! Pourquoi est-ce que vous ne voulez pas lui dire que Valya est vivante ?!
Dumbledore eut au moins le bon goût de paraître gêné.
- Hum, Harry… je crois que nous devrions continuer cette conversation dans mon bureau…
- Pourquoi ?! Ça vous dérange que tout le monde entende ? Est-ce que vous avez honte, professeur Dumbledore ?
Il se crispa en sentant Rogue l'attraper par le bras pour le traîner dans les escaliers.
- Petit imbécile arrogant, siffla le professeur de potions, vous…
- LA FERME ! feula le Gryffondor en se dégageant. VOUS N'ÊTES PAS MIEUX ALORS FERMEZ LA !
- Harry, ça suffit, calme-toi ! ordonna Dumbledore d'un ton ferme. Ce que tu dois comprendre, c'est que l'Ordre est très occupé en ce moment. Nous avons énormément de choses à gérer, la situation de Sirius et Valya est malheureuse mais ce n'est pas la priorité…
- Pas la priorité… répéta Harry d'une voix atone.
Est-ce que tout le monde devenait dingue ou quoi ?! Qu'est-ce qu'ils avaient tous à rabâcher que ce n'était pas grave et qu'il y avait des choses plus importantes ?
- Mais ça devrait être votre priorité ! Et puis même, je sais très bien que vous voyez Sirius toutes les semaines pour les réunions de l'Ordre, vous voulez vraiment me faire croire que vous n'avez pas trouvé cinq minutes pour aborder le sujet ?!
- Et après ? trancha sévèrement le directeur. À ton avis, qu'est-ce qui va se passer si je préviens Sirius ? Tu as vraiment envie qu'il se précipite ici, à Poudlard, avec le professeur Ombrage qui n'attend qu'une occasion comme celle-là pour l'attraper et le renvoyer à Azkaban ?
- Vous n'avez qu'à emmener Valya au Square Grimmaurd !
- Non, ça, c'est hors de question. Je te rappelle que le Square est soumis au sortilège Fidelitas, je ne peux pas simplement envoyer miss Black là-bas par la Cheminette ou avec un Portoloin, il faudrait qu'elle passe par la porte principale. Cela nécessiterait une escorte et des moyens que je refuse de mettre à disposition pour le moment. Sans compter qu'il s'agit avant tout du quartier général de l'Ordre et que nous n'avons pas pour habitude d'y faire rentrer n'importe qui. Valya vient de réapparaître sans aucune explication alors qu'elle était considérée comme décédée depuis quatorze ans. Elle n'est pas fiable, Harry, je suis désolé.
Le Survivant serra les poings. C'était du grand n'importe quoi et il ne comprenait pas pourquoi Dumbledore refusait purement et simplement de prévenir Sirius. Il paraissait clair que tous ses arguments n'étaient en fait que de vagues excuses.
- Et si je le dis à Sirius ? défia-t-il. Je vais tout lui raconter aux vacances de Noël !
- Tu ne verras pas Sirius pendant les vacances de Noël, asséna le directeur. Il va partir en mission comme prévu. Tu ne vas quand même pas lui refuser cette possibilité de sortir un peu ? Mais tu pourras toujours aller chez les Weasley si tu le souhaites…
Harry n'en revenait pas. Comment est-ce que Dumbledore osait faire une chose pareille ?! Il était là, à insinuer que c'était lui l'égoïste, lui qui risquait de faire renvoyer Sirius en prison…
- Alors vous comptez lui dire quand exactement ?! s'obstina-t-il. Après les vacances de Noël ? À Pâques ?!
- Oh, le plus sage serait d'attendre les vacances d'été…
- Dans un an ?! NON MAIS VOUS RIGOLEZ ?! tempêta l'adolescent. Vous…
- N'insiste pas, Harry, j'ai pris ma décision et je ne reviendrai pas dessus. Professeur Rogue, raccompagnez monsieur Potter à son dortoir, je vous prie, ajouta le vieil homme et Harry comprit que la conversation était terminée.
Complètement abasourdi, il se laissa entraîner hors du bureau, s'efforçant de refréner l'amer sentiment de trahison qui montait en lui. Dumbledore avait toujours été bienveillant à son égard, il l'écoutait, lui accordait son attention… Bien sûr, il avait conscience que le directeur lui cachait des choses mais là, il lui avait carrément menti… Alors qu'il avait fait une promesse !
- Comment est-ce que vous pouvez le laisser faire ça ? lâcha Harry à l'adresse de Rogue. C'est la fille de votre sœur, votre nièce ! Ça ne représente donc rien pour vous ?!
L'homme le saisit violemment par la manche de son pull, le poussant contre le mur du couloir.
- Je vous conseille d'ouvrir grand vos oreilles, Potter, parce que je ne me répéterai pas : je ne… cautionne pas la décision du directeur. Mais ça ne signifie pas pour autant que je vais tolérer votre insolence et vos sautes d'humeur, est-ce que c'est clair ?!
- Donc… quoi ? Vous voulez me faire croire que vous êtes d'accord avec moi ? lança l'adolescent d'un ton dubitatif. Qu'est-ce qu'on va faire alors ?!
- Vous, vous n'allez rien faire du tout si ce n'est vous tenir tranquille et éviter de nous attirer des ennuis ! Moi… je vais tenter de convaincre le professeur Dumbledore que cette situation n'est pas acceptable et qu'il doit trouver une solution au plus vite. Maintenant, Potter, allez vous coucher. Oh et… dix points en moins pour Gryffondor, vous n'avez rien à faire en dehors de votre dortoir après le couvre-feu, ajouta-t-il avec un rictus cruel avant de l'abandonner au pied de la tour.
Harry se passa une main dans les cheveux avec colère. Foutue chauve-souris des cachots… Il pouvait bien raconter ce qu'il voulait, le Gryffondor doutait que la situation le chagrine à ce point. Il détestait Sirius de toute manière. Ce n'était sûrement pas lui qui allait l'aider à faire changer Dumbledore d'avis. Le Survivant soupira. Il était déçu et frustré. Le vieil homme l'avait mené en bateau depuis le début et ça faisait mal. Comment est-ce qu'il pouvait avoir foi en lui à présent ? Il secoua la tête. Dumbledore faisait une erreur sur ce coup-là mais ça ne signifiait pas pour autant qu'il fallait douter de lui. Albus Dumbledore avait toujours à l'esprit le meilleur intérêt des gens, non ?
OOO
Valya était assise par terre dans la salle des trophées, entourée par tout un fatras de livres et de papiers. Dès le vendredi matin, lorsqu'elle avait réussi à obtenir le renseignement qu'elle voulait grâce à McGonagall, elle s'était précipitée ici. C'était pour cette raison qu'elle avait séché le cours de métamorphose. Elle s'en voulait un peu d'avoir raconté des histoires à la directrice adjointe mais elle était trop impatiente pour attendre davantage.
Pour la énième fois en trois jours, la jeune fille s'empara d'un gros livre à la couverture en cuir rouge, sur laquelle étaient gravés quelques mots en lettres d'or.
Promotion 1971-1972
Gryffondor
Elle tourna les pages pour atteindre la partie consacrée aux premières années et grimaça en se retrouvant face aux photos de ses parents âgés de onze ans. Sélène Rogue lui tirait la langue d'un air mutin en agitant la main joyeusement. Sirius Black arborait déjà cette expression d'ennui désinvolte qui lui donnait des allures de petit caïd. Il n'y avait pas qu'eux bien sûr. James avec ses grosses lunettes rectangulaires et ses cheveux tellement ébouriffés qu'on avait l'impression qu'un pétard mouillé du Dr Flibuste venait de lui exploser à la figure. Lily avec son air mi amusé, mi exaspéré, probablement à cause d'une bêtise des garçons. Remus et son teint maladif, Peter qui riait aux éclats… Rien ne changeait vraiment dans les livres des années suivantes. Ils grandissaient évidemment, leurs visages perdaient les rondeurs de l'enfance, leurs regards devenaient peut-être un peu plus sérieux, un peu plus sombres. Mais ils arboraient toujours cette jeunesse insolente, débordante de vie et de joie.
La jeune blonde avait également parcouru les albums des autres maisons, esquissant un sourire triste devant les portraits de Regulus et lâchant des ricanements moqueurs devant ceux de Ralph. Maintenant qu'elle avait vu ce gamin dégingandé et maigrichon affublé d'énormes lunettes, elle allait pouvoir se foutre de lui pendant des jours. Mais Valya cherchait quelque chose de précis dans ces registres. Un indice qui pourrait la mener à son père.
Après sa conversation avec Harry dans la Chambre des Secrets, elle avait directement envoyé une lettre à Remus Lupin. Elle avait prétendu avoir étudié à Poudlard en même temps que lui dans une autre maison et qu'elle cherchait à reprendre contact avec de vieilles connaissances. C'était parfait pour attirer l'attention du loup-garou sans prendre de risques. Même si quelqu'un interceptait la lettre, il n'y verrait rien susceptible d'éveiller les soupçons. Le problème, c'était que ce crétin de hibou était revenu avec la lettre. Ce qui n'était absolument pas normal. Les chouettes et les hiboux étaient des animaux très intelligents qui se débrouillaient toujours pour remettre les courriers à leurs destinataires, coûte que coûte. Dans le doute, la jeune Black avait envoyé une deuxième lettre, en changeant de messager. La chouette effraie qu'elle avait choisie était revenue aussi, tenant la lettre entre ses serres.
La seule explication possible, c'était que les rapaces n'avaient pas pu trouver Lupin. Ce qui sous-entendait que l'homme devait être particulièrement bien caché et donc qu'il y avait de fortes chances pour que son vieil ami se trouve avec lui. Valya avait l'intuition que si elle trouvait Remus Lupin, alors elle trouverait Sirius Black. Elle avait bien quelques idées qui pourraient éventuellement lui permettre de remonter jusqu'au loup-garou mais aucune n'était applicable pour le moment. Elle devait changer de stratégie, ce qui la ramenait aux albums de promotion.
Lupin n'était pas le seul à avoir connu ses parents. Il y en avait d'autres, certaines personnes avec lesquelles son père aurait pu communiquer ou qui auraient pu l'aider à se trouver un abri. La jeune blonde avait déjà passé plusieurs heures à examiner les listes des classes unes par unes, relevant tous les noms qui lui évoquaient quelque chose. Heureusement – ou plutôt malheureusement - elle savait exactement qui est-ce qu'elle ne devait pas s'embêter à chercher. Malgré son exil à l'étranger, Ralph s'était toujours tenu au courant de ce qui se passait en Angleterre durant la montée au pouvoir de ce psychopathe de Voldemort. Les Londubat, Dorcas Meadowes, Benjy Fenwick, Marlene McKinnon, les jumeaux Prewett, Caradoc Dearborn… Tous ceux-là étaient morts ou sûrement pas en état de cacher un criminel en fuite dans le cas d'Alice et Frank Londubat. Valya se passa une main frustrée dans les cheveux. Ça ne laissait plus grand-monde au final, la moitié du premier Ordre du Phénix avait été proprement décimée. Autrement dit, à peu près tous les proches de Sirius ou Sélène.
L'adolescente bailla largement. Il était plus de minuit et la journée avait été fatigante. Après l'interrogatoire débile que leur avaient fait subir McGonagall et l'autre connard, elle était directement retournée sur le terrain de Quidditch. Elle s'était entraînée jusque tard dans la soirée, manquant même l'heure du dîner. Au moins, ça l'avait défoulée un peu même si le mieux aurait été de pouvoir envoyer quelques Cognards directement dans la tête de Drago Malefoy. Ce sale petit enfoiré avait eu le culot de l'accuser de lui avoir jeté un sort ! Si elle le choppait, il allait passer un sale quart d'heure. Penser à Drago l'amena à feuilleter machinalement les ouvrages jusqu'à tomber sur une photo de Narcissa Malefoy, anciennement Black, déjà raide, froide et hautaine malgré son jeune âge. Mais la jeune blonde savait pertinemment que son père n'avait été proche d'aucun membre de sa famille, surtout pas Narcissa. À moins que… Marmonnant un « Lumos » à voix basse pour mieux voir, elle se mit à farfouiller fébrilement dans les étagères, jusqu'à mettre la main sur un livre à la couverture verte aux lettres d'argent.
Promotion 1971- 1972
Serpentard
Valya sourit. Elle avait trouvé ce qu'elle cherchait. Sur la page des septièmes années, une jeune fille aux cheveux sombres et aux paupières lourdes la dévisageait avec bienveillance. Andromeda Black.
OOO
« J'parie que t'es pas cap de monter dans l'arbre, j'parie que t'es pas cap de monter dans l'arbre… » Un rire d'enfant qui résonnait dans l'air… « Allez, Drago, fais pas ton trouillard ! J'te jure que c'est pas très haut, viens steuplait ! » Il y avait du sang, du sang partout sur le sol… et puis la plaie béante… « Ton papa il est méchant ! » … Une gifle qui claquait sur sa joue, deux bras qui l'entouraient pour le consoler… « Un jour, il va payer. Un jour… je vais le tuer ! » Des cartes qui lui explosaient au visage et toujours le même rire clair qui se faisait entendre… « Je voulais te donner ça… » Un petit chaton qui miaulait, une baguette magique tendue vers lui et un faisceau de lumière d'un rouge éclatant… « ENDOLORIS ! » Douleur, douleur, douleur… Et le cri qui retentissait encore et encore… « Non ! DRAGOOOO ! »
Drago se réveilla en hurlant. Il s'agita désespérément dans son lit, s'empêtrant dans les draps et cherchant à repousser la force invisible qui lui écrasait la poitrine. Sa tête le brûlait, il avait l'impression qu'on lui enfonçait une lame chauffée à blanc dans le crâne et que son esprit allait se déchirer en deux. La panique enfla sans prévenir, montant en flèche à chacune de ses inspirations. « Non… » lâcha le jeune homme dans un sanglot terrifié, « non, pas encore… » Il s'arracha à son matelas et trébucha sur le tapis, avant de se réfugier dans le petit recoin près du lit. Il se laissa glisser contre le mur, recroquevillé sur lui-même, frigorifié et accablé. Drago était incapable de calmer sa respiration erratique, il manquait d'air et plus il paniquait, pire c'était. C'était une sensation horrible et il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Il ne comprenait pas pourquoi il s'était évanoui sur le terrain de Quidditch. Il ne comprenait pas d'où sortait ce cauchemar affreux ni ce sentiment d'urgence imminente. Comme si quelque chose de terrible allait arriver. Comme si… quelqu'un était en train de mourir, là, tout près.
À cet instant, il aurait tout donné pour que quelqu'un soit avec lui, n'importe qui, même Potter ou Black ! Il aurait voulu être encore à l'infirmerie pour que madame Pomfresh s'occupe de lui. Il voulait juste qu'on lui dise de ne pas s'inquiéter, que tout allait bien, que tout allait s'arranger… D'une main tremblante, il essuya son front moite et attrapa la couverture sur son lit, l'enroulant autour de ses épaules nues dans une maigre tentative de réconfort. Luttant contre les larmes et la nausée, Drago renversa la tête en arrière et ferma les yeux très fort. Il avait mal, il avait peur et surtout, il se sentait plus seul que jamais.
Dans le noir (In the dark – Bring Me The Horizon) J'ai choisi ce titre et la chanson qui va avec car le sentiment qui domine dans ce chapitre, c'est l'incompréhension. Les personnages, qu'il s'agisse de Sirius, Harry, Drago, sont tous perdus face aux comportements des autres ou à leur propre situation, ils sont dans le noir. Sinon, qu'est-ce que vous pensez des personnages et de l'histoire jusqu'à maintenant ? ça vous inspire quoi pour la suite ?
Réponses aux reviews anonymes :
- Pour ASIE : alors je pense qu'il y a dû avoir un bug parce que ta review ne fait qu'un mot, je ne peux pas trop donner de réponse mais... merci pour ton passage x)
- Pour Licoeur : Hello, merci beaucoup pour ta review ! Je suis si contente que la nouvelle version te plaise aussi, à mon avis, les changements que tu ne perçois pas ne doivent pas être les plus importants, sinon c'est assez évident en général ;) En ce qui concerne Drago... je suis au regret de t'annoncer qu'effectivement, il va falloir prendre ton mal en patience haha
