Publié le lundi 9 novembre 2020, updaté le samedi 21 mai 2022.

Disclaimer : Tout l'univers de Harry Potter appartient à JK Rowling, je vous fais confiance pour savoir ce qui est inventé et ce qui ne l'est pas ;)

Rating T : langage grossier, injures, violence

Note : Hello tout le monde ! Désolée pour ce retard de publication, mais le confinement a quelque peu bouleversé mon planning, beaucoup plus de choses à faire pour la fac du coup. Bref, voilà le chapitre 7, j'espère que ça vous plaira, vous êtes plusieurs, anciens comme nouveaux, à me dire que vous appréciez ce début d'histoire, c'est cool ! Merci à ceux qui ont laissé des reviews, ça me motive bien ! Le prochain chapitre sera intitulé Blessure à vif, je vais essayer de publier dimanche prochain si tout va bien mais semaine chargée encore une fois donc on verra. A la fin des examens ça ira déjà mieux, haha.

Je vous souhaite une bonne lecture, n'hésitez pas à écouter les morceaux indiqués en début de chapitre, ils donnent une bonne indication sur l'ambiance, et n'hésitez pas à laisser une review pour donner votre avis !

Réponses aux reviews anonymes en fin de chapitre.

CHAPITRE.7 : C'est du passé (Memories – Maroon 5)


Lorsqu'il se réveilla le lendemain, Harry était à peu près d'aussi bonne humeur qu'un Détraqueur. Il avait passé une nuit horrible, enchaînant à nouveau les mauvais rêves. Son esprit avait arrêté de le torturer avec Cédric, préférant lui infliger les regards accusateurs et les paroles vengeresses de Sirius et Valya. Le brun avait l'impression de trahir son parrain de la pire des manières et les paroles de Dumbledore tournaient en boucle dans sa tête. Évidemment qu'il ne voulait pas que Sirius reparte à Azkaban ! En même temps, rester les bras croisés et ne rien faire alors qu'il avait Valya sous les yeux en permanence lui apparaissait comme la pire des abominations.

Las de se retourner dans son lit, il finit par sortir se balader dans les couloirs. Les tableaux toujours endormis et la couleur rosâtre du ciel lui indiquèrent qu'il était, encore une fois, beaucoup trop tôt pour être debout. Il se dirigea vers les cuisines avec la vague intention d'aller saluer Dobby, qu'il n'avait pas encore vu depuis le début de l'année.

- Hey, Potter ! Déjà levé ? T'es matinal dis donc…

Harry sursauta et se retourna vivement. Valya se tenait devant lui, les mains nonchalamment plongées dans ses poches. Cette fois, elle portait un jean gris clair, un sweat à capuche vert foncé, des baskets blanches et vertes et elle avait échangé la pierre à son oreille contre ce qui ressemblait à une dent de serpent.

- Tu t'es enfin décidée à porter l'uniforme ? plaisanta-t-il.

Elle le dévisagea avec incompréhension.

- Vert, argent et croc de serpent, précisa-t-il en désignant sa tenue. Si avec ça les professeurs ne te laissent pas tranquilles, je ne comprends pas.

Une seconde, un air surpris se dessina sur le visage de la Serpentard puis elle éclata de rire.

- Mais t'as le sens de l'humour en fait ! Tu m'as fait peur, je commençais à croire que t'étais aussi coincé que Granger…

- Hermione n'est pas coincée ! Elle est juste…

- Chiante ? Casse-pied ? suggéra Valya d'un ton taquin. Relax, je plaisante ! s'exclama-t-elle en riant alors qu'il lui renvoyait un regard outré. C'est juste qu'elle a l'air vraiment ultra sérieuse, du genre... qui a du mal à se détendre, tu vois ?

L'adolescent grimaça. Sur ce coup-là, il ne pouvait pas vraiment la contredire… Ils se mirent à marcher côte à côte en silence, jusqu'à ce que la jeune blonde s'arrête d'un coup. Elle lui jeta un regard embarrassé, la tête légèrement penchée de côté.

- Dis, Potter, j'peux te poser une question ? À propos de… ta cicatrice.

Harry se figea. Il ne s'attendait pas à une telle demande, pas venant d'elle. Et il détestait tellement qu'on l'interroge sur sa cicatrice…

- Euh… ouais, lâcha-t-il sans enthousiasme.

- Pourquoi… tu la caches pas ?

- La cacher ? répéta le Survivant sans comprendre.

- Eh ben… ouais, avec un sortilège de Dissimulation ou un truc comme ça. J'veux dire… t'as pas l'air d'être le genre de mec qui aime attirer l'attention, ça te fait pas chier d'avoir les regards des gens braqués sur ton front en permanence ?

- Je… je n'y ai jamais pensé, admit Harry, perturbé.

Il avait cru qu'elle voulait savoir s'il se souvenait du moment où Voldemort lui avait jeté le sortilège de la Mort ou quelque chose dans ce goût-là, comme tout le monde. Il se frotta le front du plat de la main, pensif.

- Quand j'étais petit, c'était la seule chose que j'aimais bien chez moi, grâce à elle je me sentais… spécial ? Comme si je n'étais pas juste Harry le pauvre orphelin bizarre et mal-aimé. Ma tante m'avait dit que c'était à cause de l'accident de voiture qui avait tué mes parents, c'est Hagrid qui m'a tout raconté quand il est venu me chercher…

Il haussa les épaules.

- Je n'aime pas qu'on la regarde mais je suppose que ça me ferait bizarre de la masquer totalement.

Valya le toisa avec une expression impénétrable et le Gryffondor se détourna, mal à l'aise. Il n'avait pas très envie qu'elle s'interroge plus en profondeur sur sa vie chez les Dursley et il était conscient d'en avoir déjà un peu trop dit.

- Enfin bref, c'est du passé tout ça, c'est pas grave ! Sinon, ça va mieux ta clavicule en morceaux ? lança-t-il dans l'espoir de changer de sujet et heureusement, la jeune fille ne chercha pas à insister.

- Ouais. L'infirmière m'a arrangé ça en un coup de baguette.

- Je n'en reviens toujours pas que tu aies réussi à te casser quelque chose juste pendant les sélections. Et tu es restée comme ça pendant presque une demi-heure !

- Je te jure que jusqu'à ce que Malefoy me le fasse remarquer, je sentais presque rien, déclara Valya en se passant une main dans les cheveux, moitié gênée, moitié amusée. Bon, après ça faisait SUPER mal par contre !

- En parlant de Malefoy… tu ne lui a pas jeté de sort, n'est-ce pas ? questionna-t-il plus par acquis de conscience qu'autre chose.

- Bien sûr que non ! D'ailleurs, il va m'entendre ce sale con…

Harry hocha la tête. Elle paraissait sincère, ce qui signifiait que Malefoy avait, une fois de plus, joué les abrutis.

- On ferait mieux d'aller à la Grande Salle. Il est presque l'heure du petit-déjeuner.

- Au fait, c'est quand votre prochain entraînement de Quidditch ? Les jumeaux Weasley ont l'air vraiment bons, j'aimerais bien les revoir jouer. Et le Plongeon de Dionysos de Katie Bell était incroyable ! Elle a…

Ils entamèrent une discussion animée à propos du Quidditch, échangeant leur point de vue et des commentaires sur les différentes équipes. Harry se détendit quelque peu. Une fois lancée sur un sujet qui l'intéressait, la jeune fille avait la conversation beaucoup plus facile que ce qu'on pouvait penser au premier abord. Le souci, c'était qu'il lui trouvait de plus en plus de points communs avec Sirius. Même rire, mêmes attitudes, mêmes intonations… Ce qui n'arrangeait rien à son état de culpabilité.

Ils arrivèrent à la Grande Salle et à en juger par les hiboux et les chouettes qui volaient dans tous les sens, il était déjà l'heure du courrier.

- Ohoh… blêmit Valya. Pas bon ça...

Un hibou grand-duc se dirigeait droit sur eux, tenant une lettre rouge vif entre ses serres.

- Est-ce que… c'est une Beuglante ?! s'étrangla Harry.

- Ralph… Je t'avais dit que j'y aurais droit. Il a mis plus de temps que ce que je pensais, je commençais à croire que j'allais y échapper mais…

L'oiseau passa au-dessus de leurs têtes, lâchant l'enveloppe que la jeune blonde rattrapa au vol. Certains élèves commençaient à zyeuter dans leur direction, se poussant du coude en chuchotant voire en ricanant ouvertement.

La Serpentard décacheta l'enveloppe d'un geste lent, avec la même expression que si elle était en train de désamorcer une bombe.

« POUR L'AMOUR DE MERLIN, MORGANE ET DES QUATRE FONDATEURS, UNE ANNÉE, EST-CE QU'UNE SEULE ANNÉE SANS PROBLÈMES, C'EST VRAIMENT TROP TE DEMANDER, VALYA ?! TU N'AS MÊME PAS TENU UNE SEMAINE ! OH, LES ABSENCES EN COURS, L'INSOLENCE ET TOUT CE QUI VA AVEC, JE SUPPOSE QUE J'AURAIS DÛ M'EN DOUTER MAIS ATTAQUER UN AUTRE ÉTUDIANT DÈS LE PREMIER JOUR ? PROVOQUER SEVERUS ROGUE DE CETTE MANIÈRE ?! TU AS TOTALEMENT PERDU L'ESPRIT MA PAROLE ! »

- Oh non mais la honte franchement… gémit la jeune Black, qui semblait avoir envie de disparaître sous terre alors que la voix grave de l'homme résonnait à travers toute la Grande Salle.

« … ET AU CAS OÙ TU N'AURAIS PAS REMARQUÉ, JE N'AI PAS QUE ÇA À FAIRE DE PERDRE MON TEMPS AVEC TES IMBÉCILLITÉS ! SI JE REÇOIS ENCORE UN HIBOU DE CE GENRE, JE TE JURE QUE JE VIENDRAIS EN PERSONNE M'OCCUPER DE TON CAS ! ET SI TU N'ES PAS CAPABLE DE GÉRER POUDLARD NON PLUS, TU RENTRES À LA MAISON IMMÉDIATEMENT, POINT BARRE ! TU REPRENDRAS LES COURS À DOMICILE, ÇA ME FERA DÉJÀ UN SOUCI EN MOINS SUR LES BRAS ! ALORS SI TU NE VEUX PAS TE FAIRE RENVOYER OU QUE JE VIENNE MOI-MÊME TE CHERCHER PAR LA PEAU DES FESSES, CONTENTE-TOI D'ALLER EN CLASSE, FAIRE TES DEVOIRS ET SURTOUT : ÉVITE DE TE FAIRE REMARQUER ! »

Le silence se fit brusquement et la lettre que tenait Valya se désintégra en un petit tas de cendre.

- Eh ben, souffla Harry, sous le choc, il plaisante pas ton oncle…

Ralph Simons avait l'air… terrifiant. Pas terrifiant comme Vernon Dursley mais comme madame Weasley. Comme un parent aimant mais exaspéré par les bêtises de son enfant.

- Et encore, marmonna-t-elle, McGonagall lui a envoyé une lettre avant l'histoire des sélections… Il en aurait rajouté une couche sinon. Je lui avais promis que j'éviterai de m'attirer des ennuis, tu vois…

Harry se permit de lui tapoter le bras en geste de soutien puis la jeune blonde rejoignit sa table en traînant des pieds, sous les regards moqueurs et les gloussements des étudiants. Il se résigna à en faire de même et il était à peine installé qu'il se faisait sauter dessus par Ron mais également plusieurs autres de ses camarades qui exigeaient de savoir POURQUOI il persistait à fréquenter une Serpentard.

- Et comment ça se fait que tu sois arrivé en même temps qu'elle, d'abord ?! aboya le rouquin. Tu…

Le cri perçant de Hermione l'interrompit dans sa tirade furieuse. L'air effarée, leur amie exhiba la une de la Gazette du Sorcier. « Ombrage, Grande Inquisitrice ?! C'est une blague… », songea Harry avec désespoir. Il ne voyait franchement pas ce qui pouvait arriver de pire. Le seul point positif, c'était que Ron fut tellement atterré par la nouvelle qu'il en oublia de suite tous ses griefs envers Harry.

- Au fait, comment s'est passée ta conversation avec le professeur Dumbledore… ? murmura prudemment Hermione.

Le brun lui renvoya un regard noir.

- Il n'a pas l'intention de parler à Sirius… lâcha-t-il entre ses dents.

- Écoute Harry, je sais que ça te contrarie mais ce n'est peut-être pas le bon moment, c'est tout. Pendant les vacances de Noël, il va sûrement…

- Tu ne comprends pas, il ne compte pas le prévenir du tout ! Ni maintenant, ni pendant les vacances de Noël, ni plus tard !

- Quoi ?! s'offusqua Hermione. Ce n'est pas possible, il ne peut pas… il doit forcément lui dire à un moment ou un autre !

- Pas avant cet été ! tempêta le Survivant à voix basse. Trop risqué selon lui, il est trop occupé, plus un paquet d'autres fausses excuses que je n'ai écoutées qu'à moitié. Il veut encore attendre pendant des mois, tu te rends compte ?!

- Eh ben moi, claironna Ron, je pense que Dumbledore a entièrement raison. Enfin, réveillez-vous tous les deux, on la connaît pas cette fille ! Elle sort de nulle part, elle peut très bien raconter des histoires, être dangereuse et…

- Mais c'est son père, Ron, son père ! enragea Harry. Qu'est-ce que tu n'arrives pas à intégrer là-dedans ? Dumbledore n'a juste pas le droit de prendre une telle décision !

Il expira longuement, tentant de se calmer.

- Et puis, sois honnête, est-ce que tu dirais la même chose si elle n'était pas à Serpentard ? Imagine si… si elle était à Gryffondor, tiens ! Tu ne trouverais pas ça dégueulasse ?!

- Peut-être, admit le rouquin avec réluctance. Mais c'est Dumbledore ! Il sait ce qu'il fait, non ?

Harry se passa une main dans les cheveux en soupirant. Il comprenait la réflexion de son ami, il s'était dit la même chose juste quelques jours auparavant.

- Je suppose, oui… grommela-t-il sans être totalement convaincu pour autant.

Il jeta un coup d'œil en direction de Hermione pour voir ce qu'elle en pensait. La jeune fille avait les lèvres tellement pincées que ça lui donnait un air de ressemblance frappante avec Minerva McGonagall et le Gryffondor se sentit d'autant plus mal à l'aise. Si même Hermione ne cautionnait pas les actions du directeur…

OOO

- Ça va, Drago ? Tu as besoin de quelque chose ? Tu veux des toasts ? Tu…

Les poings serrés, Drago détourna les yeux en s'efforçant d'ignorer les piaillements de Pansy Parkinson. La nouvelle de son évanouissement sur le terrain de Quidditch avait déjà fait le tour du château et les Serpentard n'arrêtaient pas de lui jeter des coups d'œil en coin. En temps normal, le blond se serait délecté de toute cette attention. Mais là, il se sentait juste humilié, faible, malade même. Il percevait sans mal la pitié moqueuse qui émanait de ses camarades et c'était loin d'être agréable.

Déjà que sa nuit avait été atroce... Après son cauchemar, il avait été incapable de se rendormir. Il était resté assis par terre, recroquevillé contre le mur pendant des heures sans réussir à bouger. Et maintenant… Le jeune homme inspira à plusieurs reprises, se frottant la nuque d'une main. C'était juste trop. Pansy qui babillait joyeusement, tous ceux qui le fixaient comme s'ils s'attendaient à ce qu'il s'effondre d'une seconde à l'autre… Drago étouffait, il tira sur sa cravate dans l'espoir de récupérer une bouffée d'air. Il fallait qu'il sorte. Tout de suite.

- Où est-ce que tu vas ?! s'exclama Pansy alors qu'il se levait d'un coup.

- Faire un tour, lâcha-t-il d'un ton sec.

- Je viens avec toi !

Le Serpentard l'attrapa violemment par le bras, l'obligeant à rester assise.

- Toi, tu restes ici et surtout, tu me fous la paix ! J'ai pas besoin d'une nounou, merde !

Sans s'appesantir sur le regard larmoyant de la jeune fille ou l'air choqué de ses camarades, Drago se dépêcha de quitter la Grande Salle. Il voulait juste passer un moment seul, respirer un peu, pourquoi est-ce que c'était si difficile à comprendre ?! Il se dirigea vers les cachots pour attendre le début du cours de potions et il était presque arrivé à l'entrée du couloir lorsqu'il sentit une main agripper la manche de sa chemise. Il n'eut pas le temps de se retourner, il fut repoussé en arrière, son épaule cognant contre le mur.

- Non mais ça ne va pas bien Black, faut aller te faire soigner ! vitupéra Drago en reconnaissant son agresseur. Qu'est-ce qu'il te prend encore ?!

La jeune blonde le toisait avec une hostilité non dissimulée, une lueur mauvaise brillant dans ses yeux glaciaux.

- Pourquoi est-ce que t'es allé raconter à Rogue que je t'avais jeté un sort ?!

- Qu… quoi ?!

C'était pour ça qu'elle venait lui pourrir sa journée ?! Surtout qu'il avait inventé cette excuse juste pour que Rogue le laisse tranquille, au fond de lui il savait qu'elle n'y était pour rien. Il n'avait pas pensé qu'elle allait rester bloquée là-dessus. Mais...

- C'est ta parole contre la mienne, proféra-t-il histoire de la narguer un peu. Et à ton avis, qui est-ce qu'on va croire… ?

- T'es vraiment un sale connard, tu sais très bien que j'ai rien fait du tout ! Mais t'inquiète Malefoy, si tu tiens à jouer la carte de la provocation, je te jure que tu vas être servi !

Elle le bouscula rageusement avant de s'avancer dans le couloir, le devançant de quelques pas. Le directeur des Vert et Argent les attendait devant la salle de potions, les bras croisés et le regard suspicieux.

- Vous êtes en retard tous les deux… Monsieur Malefoy, vous n'avez rien de… particulier à me signaler ? Aucun souci, j'espère ?

Drago secoua vaguement la tête.

- Dans ce cas, dépêchez-vous de vous installer. Il y a deux places vides au premier rang, allez vous asseoir.

- Nan ! rétorqua la jeune blonde en faisant semblant de donner un coup de pied dans le montant de la porte, l'air plus irrité que jamais.

Rogue pivota lentement vers elle.

- Je vous demande pardon… ?

- J'ai dit non, voilà ! Vous voulez que je le répète en espagnol ?! lâcha-t-elle d'un ton particulièrement insolent. J'irais pas m'asseoir avec lui, hors de question que je passe deux heures à côté d'un abruti pareil !

« Décidément, elle est en grande forme aujourd'hui… » songea cyniquement Drago. Et ce n'était pas la bonne journée, sûrement pas le bon moment…

- Si tu as un problème avec moi, il serait peut-être temps de le régler, tu ne crois pas ? lança-t-il d'un ton polaire.

- Mon problème c'est que t'es un putain de sale enfoiré ! asséna-t-elle en retour. Mais ok, pas de soucis, vas-y viens je t'attends ! T'es pas cap'…

Il n'en fallut pas plus pour que le jeune homme bondisse en avant, extirpant sa baguette de la poche de sa robe. Cette fois, il en avait plus qu'assez et Black méritait une bonne leçon.

- Furunculus !

Mais la rapidité semblait vraiment être le point fort de la Serpentard et elle se décala d'un bon souple juste avant l'impact. Le trait de lumière jaune partit s'écraser sur une étagère qui explosa sous le choc, fracassant de nombreux bocaux par terre.

- Sérieux, Malefoy ? C'est tout ce que t'as dans le ventre ?! Des sorts pour les gosses de huit ans ? Allez, retourne jouer dans les robes de papa Lucius et peut-être que si t'es sage, Voldy te filera des bonbons… railla méchamment la jeune blonde.

- FERME LÀ ! Ferme là, putain ! Tu ne sais rien de moi, tu ne connais pas ma vie ! hurla Drago en perdant totalement son sang-froid.

- J'en sais suffisamment, t'inquiète. Toi, tout ce qui t'intéresse c'est de devenir un parfait petit Mangemort aussi minable que ton père, pas vrai ? Le grand Lucius Malefoy… Il se pavane, il prend son pied à terroriser les plus faibles… Mais au final… il se retrouve à lécher les semelles d'un abruti psychopathe pendant que sa femme se fait baiser par toutes les queues qu'elle trouve… Elle préfère qui en ce moment ta mère ? Rabastan Lestrange ? Rodolphus ? Ou les deux en même temps peut-être ?! suggéra Black en se mordant la lèvre inférieure dans une moue faussement innocente.

- ÇA SUFFIT TOUS LES DEUX ! tonna le professeur de potions. Non mais où est-ce que vous vous croyez, vous...

S'il avait pu les tuer sur place, il était clair qu'il n'aurait pas hésité. Sauf que Drago l'ignora totalement, les yeux exorbités de fureur devant ce que Black avait osé balancer.

- Espèce de sale garce ! brama-t-il, blanc de rage. Je t'interdis de parler de ma mère, je vais te tuer, t'entends ?! Tu vas voir ce que mon père…

- Oh ouais, j'avais oublié que tout ce que tu sais faire c'est aller pleurnicher auprès de ton papa. « Mon père va en entendre parler et mon père par ci, mon père par là… » Tu passes ton temps à répéter ça comme un perroquet ! Et tu sais pourquoi ? Parce que sans ton père, t'es rien.

- Tu ne sais pas de quoi tu parles, tu...

- Ah ouais ?

Elle fit un signe de tête en direction de Zabini et Parkinson.

- Tu te prends pour le roi avec toute ta petite cour mais en vrai… on sait tous pourquoi ils traînent avec toi. Ils veulent se faire bien voir par Lucius, ils en ont rien à foutre de ta petite personne. T'es tout seul, rentre-toi ça dans le crâne, Malefoy ! Et ton père… c'est peut-être un beau salaud, la pire des ordures, mais c'est quelqu'un au moins. Il a du pouvoir, de l'influence… Toi, t'es rien de tout ça. Juste un fantôme qui traîne dans son ombre, une pâle copie.

Le blond ne réfléchit même pas. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il voulait exterminer Valya Black et son foutu sourire goguenard.

- ENDOLO

- EXPELLIARMUS !

La baguette de Drago lui échappa des mains, volant à travers la pièce. Il tourna mécaniquement la tête pour se retrouver face à un Severus Rogue en furie. Et Black… la jeune fille le contemplait avec des yeux écarquillés d'horreur, foudroyée sur place. Cela dura à peine quelques secondes puis son visage se ferma et son regard se durcit sans laisser transparaître la moindre émotion. Rogue l'agrippa par le bras, la faisant se crisper davantage et le blond sentit lui aussi la main du directeur des Vert et Argent s'abattre sur son épaule. Il les traîna jusqu'à la porte, laissant derrière eux des Serpentard et Gryffondor médusés.

Le jeune homme déglutit avec difficulté lorsqu'il se rendit compte qu'ils prenaient la direction du bureau de Dumbledore. Rogue cracha le mot de passe et les poussa dans la cage d'escalier.

- Severus ? Qu'est-ce qui… ?

Le professeur de potions ne répondit pas et les envoya vers les sièges d'une bourrade.

- ASSIS ! Et si vous faites mine de ne serait-ce que vous regarder, je vous jure que je vous étrangle à mains nues ! menaça-t-il.

Il commença ensuite à expliquer ce qui s'était passé au directeur de Poudlard. Drago revint peu à peu à la réalité et le poids de ses actes tomba sur ses épaules comme une chape de plomb.

- Monsieur Malefoy a… il a tenté de lancer un sortilège Doloris à Black…

Les paroles de Rogue résonnèrent dans le silence du bureau et cette simple phrase parut rendre la situation pire encore. Le blond avait envie de vomir, il se sentait encore plus mal qu'à l'heure du petit déjeuner. Il avait jeté un sortilège Impardonnable en présence d'une vingtaine de témoins. Peu importait que Rogue l'ait arrêté avant, c'était le renvoi assuré et peut-être même un séjour à Azkaban.

Les insinuations sur sa mère lui avaient déjà donné des envies de meurtre mais les propos sur son père avaient été la goutte de potion qui avait fait déborder le chaudron. Le maléfice lui était venu tout seul, sans même qu'il y pense, et c'était bien le plus effrayant. Il connaissait les effets du Doloris et ne souhaitait à personne de subir ça, pas même à Black. C'était juste une fille qui prenait son pied à le faire chier alors pourquoi est-ce qu'il avait perdu le contrôle à ce point ?! Drago avait voulu la faire souffrir de la pire des manières et même s'il se sentait à présent assailli par des vagues de culpabilité, quelque part au fond de lui, il avait toujours envie de lui faire payer.

- Racontez pas de conneries, il a pas essayé de me jeter un sortilège Doloris.

Trois paires d'yeux incrédules se tournèrent vers la jeune fille.

- Ah non ?! Il a dit « Endolo… », qu'est-ce qu'il a voulu faire d'après vous ? rétorqua Rogue d'un ton grinçant. Vous offrir des fleurs ? Vous avez insulté ses parents, par Salazar ! Il…

- Moi, tout ce que j'ai entendu c'est « Entomo… » quelque chose, affirma Black avec un aplomb sidérant. Entomorphis, je suppose… Bon, ça nous apprend qu'il ne sait vraiment pas lancer autre chose que des sorts de première année mais c'est pas le sujet, si ?

Ce n'était plus de la perplexité qui emplissait le regard du directeur des Vert et Argent mais une profonde méfiance.

- Est-ce que vous vous fichez de moi, Black ?! J'étais là, je sais très bien ce qui…

- Eh ben vous avez mal compris, c'est tout. J'étais plus près que vous et c'est à moi qu'il l'a lancé, je sais ce que je dis quand même. C'est vraiment ce qui s'est passé. Pas vrai, Malefoy ? compléta-t-elle en lui assénant un petit coup de coude qui aurait presque pu passer pour amical.

- Euh… je… oui, lâcha mollement Drago, totalement déboussolé. Oui, c'est ce qu'il s'est passé.

La jeune blonde n'était pas stupide. Il était certain qu'elle avait parfaitement conscience qu'il avait bel et bien essayé de lui jeter un sortilège Doloris. Ce qui signifiait qu'elle mentait. Valya Black était en train de mentir à Rogue et au directeur de Poudlard pour lui sauver la mise.

- Vous voyez ? Tout est cool, c'est bon.

- « Tout est cool » ? répéta le professeur de potion, au bord de la crise de nerfs. Non mais vous…

- Severus, cela suffit. Est-ce que vous maintenez votre version, miss Black ? questionna gravement Dumbledore.

- Ouais, déclara-t-elle sans ciller.

Il y eut un silence tendu.

- Allez, insista-t-elle face à l'air plus que dubitatif des deux hommes, vous le croyez quand même pas assez débile pour lancer un sortilège Impardonnable sous le nez d'un prof et de vingt élèves, si ? Et ça m'étonne que vous ne preniez pas sa défense, lâcha-t-elle à l'adresse de Rogue. Je croyais que vous étiez ami avec son père…

L'homme pâlit dangereusement. Il ouvrit la bouche puis la referma aussitôt, incapable de trouver ses mots.

- Dans ce cas, dois-je en conclure que c'est vous qui êtes à l'origine de cet affrontement ? releva Dumbledore. Si vous avez commencé et que monsieur Malefoy n'a fait que répliquer…

- C'est lui qui a commencé, rectifia Black d'un ton beaucoup plus sec. Il s'amuse à raconter partout que c'est à cause de moi qu'il s'est évanoui hier, sauf que c'est pas vrai, j'ai rien fait ! Je lui jeté aucun sort, ok ?!

- Mais nous sommes d'accord que votre comportement d'aujourd'hui mérite d'être sanctionné ? Et puisque vous affirmez que monsieur Malefoy n'est pas plus coupable que vous, il paraît juste de vous donner la même punition. Comme une retenue, par exemple…

- Vous êtes vraiment pas obligé hein...

Le directeur la dévisagea tranquillement par-dessus ses lunettes en demi-lune.

- Une semaine de retenues chacun, miss Black. Cent points seront enlevés à Serpentard. J'ajoute que je suis particulièrement déçu de votre attitude. J'avais pourtant eu l'impression que la lettre de monsieur Simons avait eu un peu plus d'effet sur vous…

Black rougit en serrant les poings, se retenant visiblement de répliquer quelque chose de très insultant.

- On peut s'en aller maintenant ? se contenta-t-elle de demander.

Le vieil homme acquiesça et elle bondit sur ses pieds, Drago la suivant avec un temps de retard. Ils se retrouvèrent seuls dans le couloir, un silence inconfortable s'étirant entre eux, un peu plus pesant à chaque seconde qui passait.

- Pourquoi est-ce que tu as fait ça ? lâcha-t-il sans la regarder.

Elle ne répondit pas, le toisant juste avec un rictus étrange.

- Je suppose que tu t'attends à des remerciements, marmonna le blond, les dents serrées.

- Ça serait apprécié, oui...

- Très bien ! Qu'est-ce que tu veux, Black ?!

La Serpentard fronça ses sourcils sombres.

- Comment ça « qu'est-ce que je veux » ?

- En échange ! Qu'est-ce que tu veux en échange ?!

Elle haussa les épaules, enfonçant ses mains dans les poches de son jean.

- J'veux rien. Laisse tomber.

- Ce n'est pas comme ça que ça marche ! s'agaça Drago.

Il essayait de se contenir mais elle ne lui facilitait pas la tâche. Il n'avait aucune envie d'avoir une dette envers elle...

- On est des Serpentard, un service pour un service, d'accord ?! Alors tu dois…

- Je ne dois rien du tout ! s'exclama vivement la jeune blonde. Malefoy, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je viens de sauver ton misérable petit cul d'une loooongue et pénible peine à Azkaban. Tes états d'âme, je m'en fous, ok ?! J'ai d'autres problèmes en ce moment et…

Elle s'interrompit brusquement.

- En fait… il y a bien un truc que tu pourrais faire pour moi.

Drago la dévisagea avec crainte, s'attendant au pire.

- J'ai besoin d'un informateur, quelqu'un qui aurait accès facilement aux dossiers du ministère, les archives surtout. Rien de très compliqué pour quelqu'un qui bosse sur place. Ton papa doit bien avoir ça dans ses connaissances, non ? ajouta-t-elle avec un mépris audible.

Le blond se frotta la nuque d'une main, réfléchissant à la requête.

- Black, ce genre de personne ne travaille pas gratuitement. Ce n'est peut-être pas compliqué mais ce n'est sûrement pas légal…

- T'occupe pas de ça, tout ce que je te demande c'est un nom et un endroit où je peux trouver la personne à coup sûr. Le reste, c'est pas tes affaires.

- Pourquoi est-ce que tu as besoin d'un… « informateur » ? questionna le Serpentard sans pouvoir s'en empêcher.

- T'es sourd ou quoi ?! Je viens de dire que c'était pas tes affaires ! Tu veux qu'on soit quitte ? Trouve juste ce que je t'ai demandé. Rapidement, asséna la jeune fille avant de s'éloigner dans le couloir, laissant sur place un Drago désemparé et frustré.

OOO

Dès que les adolescents furent sortis du bureau, Severus laissa libre cours à sa fureur.

- Cette sale petite peste, elle… elle nous raconte des histoires et ça l'amuse ! Vous n'allez tout de même pas la croire ?!

- Je sais parfaitement qu'elle a menti, Severus, exposa calmement le vieil homme. Pour protéger le jeune Drago…

- Vous pensez qu'elle le couvre par pure bonté d'âme ? Elle a quelque chose derrière la tête, c'est évident ! Elle le déteste et maintenant elle a un moyen de pression contre lui !

- Quoi qu'elle fasse, ça ne peut pas être pire que ce qui lui serait arrivé si elle avait dit la vérité, vous ne trouvez pas ? Vous tenez tant que ça à ce qu'il visite Azkaban ?

Le professeur de potions frémit.

- C'est une manipulatrice en puissance, elle est instable, dangereuse !

- Et Drago Malefoy qui jette un sortilège Doloris ? Je suppose que vous ne le considérez pas comme instable, lui ?

Encore une fois, Severus ne trouva rien à répliquer. Dumbledore avait raison, Drago avait largement dépassé les bornes. Il ne voulait pas l'enfoncer mais il ne pouvait pas non plus cautionner ses actions.

- Vous reprochez à miss Black de ne pas l'avoir dénoncé mais vous refusez de reconnaître que c'est lui le plus coupable des deux, un peu paradoxal, non ? reprit le directeur. D'autant plus que cela nous arrange au final : si elle avait voulu porter plainte, cela vous aurait mis dans une position bien délicate vis-à-vis de Lucius… Alors pour l'amour de Merlin, cessez de vous comporter comme un collégien.

- Moi je me comporte comme un collégien ?! s'insurgea Severus.

- Comment est-ce que vous appelez le fait de vous donner en spectacle devant tous les étudiants en menaçant une adolescente de quinze ans ?

- Elle a parlé de Sélène, elle n'avait pas le droit ! Elle cherchait à me provoquer, elle…

- Elle n'a jamais connu son père et sa mère a été assassinée par Lord Voldemort, l'homme auquel vous aviez donné votre allégeance. Bien sûr qu'elle a le droit de vous en tenir rigueur ! C'est vous l'adulte, c'est à vous de vous maîtriser. Je ne parle même pas de vos querelles stupides avec son père, de votre petite guerre des points contre les Gryffondor ou de votre attitude envers Harry…

À chaque reproche supplémentaire, Severus avait l'impression de recevoir un coup de poing en plein visage. C'était la deuxième fois en quelques jours qu'il se faisait réprimander de la sorte et ce n'était pas pour lui plaire.

- Je pensais que vous vous méfiez d'elle ! s'écria-t-il, à bout d'arguments.

- Je m'en méfie mais je ne lui voue pas une haine absurde juste sous prétexte qu'elle s'appelle Black. Je vous ai demandé de la surveiller et je m'attends à ce que vous continuiez mais c'est tout. Vous pouvez y aller, congédia Dumbledore.

Profondément offensé, Severus se dépêcha de quitter le bureau. Cette journée était comme les précédentes depuis que Valya foutue Black était arrivée à Poudlard : cauchemardesque. C'était bien simple, à chaque fois qu'elle ouvrait la bouche c'était pour engendrer la troisième guerre mondiale. Et c'était viscéral, il ne pouvait que détester cette insupportable gamine arrogante et trop gâtée.

OOO

Valya accéléra l'allure, courant presque dans le couloir vide. Dès qu'elle fût certaine de s'être assez éloignée de Drago, elle se précipita dans une salle de classe inutilisée, claquant la porte derrière elle avec force. Elle se laissa glisser au sol en tremblant. Les yeux brûlants de larmes contenues, une sueur glacée coulant sur son front, la jeune blonde tenta désespérément de maîtriser sa respiration erratique. Sa tête lui tournait et elle sentait ce poids invisible qui pesait sur sa poitrine. Cela faisait plus d'une demi-heure qu'elle tentait de refréner sa crise de panique et le retour de bâton n'en était que plus violent.

Drago avait essayé de lui jeter un sortilège Doloris. Penser à ce qu'elle avait lu sur le visage du blond lui donnait la nausée. Cette expression de haine pure, entièrement dirigée contre elle… Elle avait voulu le pousser à bout ? Bien joué, c'était réussi. Et elle l'avait couvert parce qu'il avait beau être un sale con, un enfoiré de première… il restait Drago. Qu'est-ce qu'elle pouvait faire d'autre ? Elle détestait qu'il ait ce pouvoir sur elle mais certains souvenirs ne s'effaçaient jamais vraiment. Ils laissaient des traces si profondes, des cicatrices tellement béantes qu'on en restait marqué à vie.

Un flash s'imposa à elle, l'image d'un homme blond aux yeux gris auquel Drago ressemblait bien trop. « Non », sanglota Valya « non, non… » Elle pressa ses poings serrés contre son visage, submergée par l'affolement. L'homme leva sa baguette. « Endoloris ! » Et ça paraissait tellement réel, comme s'il était vraiment là, juste en face d'elle… Incapable de se contenir plus longtemps, la jeune fille tomba à genoux et vomit bruyamment. Elle pouvait se remémorer parfaitement la brûlure du Doloris, cette douleur indescriptible et surtout, le sourire empli de cruauté de l'homme. « Non, non c'est pas pareil », gémit-elle. « C'est du passé tout ça… » Parce ce n'était pas pareil, n'est-ce pas ? Drago n'avait rien à voir avec ça, il n'avait rien à voir avec lui… si ?

Valya sentit qu'un nouveau haut-le-cœur lui retournait l'estomac et vomit encore une fois. C'était horrible comme sensation, cette impression de ne plus rien contrôler… Elle se releva en chancelant et de rage, elle donna un violent coup de pied dans une chaise qui traînait. La colère enfla sans prévenir, balayant tout le reste. La chaise prit feu sous ses yeux. Elle envoya son poing contre le mur, une fois, une deuxième, frappant sans s'arrêter. Une douleur aiguë lui transperça la nuque, la forçant à reprendre ses esprits. Elle ne pouvait pas se permettre de partir en vrille de cette manière, pas ici, pas maintenant.

Le souffle court, les mains en sang, elle s'assit dos contre la porte, contemplant la salle de classe dévastée. Une attaque de panique PLUS une crise, c'était vraiment de mieux en mieux, pensa-t-elle avec cynisme. Elle avait mal, elle s'était probablement cassé plusieurs phalanges et elle ne voyait franchement pas comment elle allait pouvoir expliquer ça à l'infirmière de Poudlard.

La jeune blonde récupéra sa baguette et lança quelques sortilèges pour éteindre l'incendie, avant de marmonner un « Tergeo » histoire de nettoyer un minimum les dégâts. Elle fouilla dans la poche de son jean pour en sortir un paquet de chewing-gum. Elle appuya sa tête sur le mur et ferma les yeux, savourant le goût mentholé qui apaisait la brûlure de sa gorge.

Un peu calmée, Valya inspira profondément. Elle ne devait plus penser à tout ça. Elle devait prendre sur elle et oublier Drago pour le moment. Tout ce qui comptait, c'était le renseignement que le blond était susceptible de lui fournir. Un renseignement qui pourrait l'aider à retrouver la piste de Sirius Black.

OOO

Sirius était assis par terre sur le tapis usé de sa chambre, contemplant la malle posée devant lui comme s'il s'agissait d'un Détraqueur. Ce qui était le cas en quelque sorte. C'était son Détraqueur personnel, celui qui avait le pouvoir affreux de lui faire revivre tous ses souvenirs. Les meilleurs qui étaient aussi les pires. Lorsqu'il avait été envoyé à Azkaban, c'était Remus qui avait récupéré la majorité de ses affaires. Il lui avait tout ramené lorsqu'ils étaient venus s'installer au Square Grimmaurd mais l'Animagus n'avait touché à rien. Il ne connaissait que trop bien l'effet dévastateur que le contenu de cette malle avait sur lui. Il n'avait vraiment pas besoin de ça. Mais sa récente conversation avec Harry l'avait remué plus que de raison.

En soupirant, Sirius souleva prudemment le couvercle, l'odeur de renfermé lui picotant les narines. Il régnait un bazar monstrueux, mélange de vieilles plumes, restes d'ingrédients de potions périmés depuis longtemps, papiers divers, manuels scolaires, figurines de joueurs de Quidditch… Un vieux jeu de Bavboules côtoyait un nécessaire à balai. Quelques Noises traînaient au fond d'un chaudron, mélangées à tout un assortiment de farces et attrapes, Bombabouses et autres boules puantes. C'était sa vieille malle d'école mais même après avoir quitté Poudlard, il avait continué à y entasser tout un tas de choses.

Le Maraudeur farfouilla un peu à l'intérieur et il finit par mettre la main sur deux petits miroirs rectangulaires, qu'il déposa sur son lit avec précaution. Ça au moins, ça ne méritait pas de rester abandonné dans cette malle décrépie. Et au fond, coincée sous de vieilles robes et une pile de bande-dessinées Remy, le chasseur de fantômes, il y avait toute une liasse de parchemins. Des lettres.

Coucou Siri !

J'ai eu une idée géniale pour notre grande farce de la rentrée ! Qu'est-ce que tu dirais d'une potion Coloris ?! Trop simple tu penses ? Mais ça serait tellement drôle de voir la tête de Servilus s'il était teint en violet de la tête aux pieds. Ou non encore mieux : en rouge et or ! La princesse taperait un scandale à coup sûr. C'est un vrai cauchemar cette fille, elle ne peut pas nous laisser un peu tranquilles, franchement ?! On a bien le droit de s'amuser ! D'ailleurs, c'est trop nul que tes parents ne t'aient pas laissé venir chez moi pour les vacances. Tu dois t'ennuyer à mourir coincé dans cette vieille maison pourrie avec ton frère et tes cousines. Fais un croche pied à bébé Reggie de ma part !

James (et pas Jamie, ok ?! Il faut vraiment que tu arrêtes avec ce surnom !)

Evans m'énerve, argh ! Je lui ai envoyé un colis de chocolats et elle me l'a renvoyé avec un mot disant qu'elle ne voulait pas avoir affaire à « un imbécile arrogant dans mon genre qui se croit supérieur aux autres et qui passe son temps à se pavaner sur son stupide balai pour jouer à un stupide jeu », tu le crois ça ?! Pourquoi est-ce qu'elle ne veut pas être ma petite amie ? Toutes les filles rêvent de sortir avec moi, même cette idiote de Céleste Turner ! Enfin, quand elles ne veulent pas sortir avec toi, pas vrai Patmol ?

Et elle a dit que le Quidditch était stupide, tu te rends compte ? Quand on gagnera la coupe, je suis sûr qu'elle me suppliera de bien vouloir lui laisser une chance. D'ailleurs, j'ai mis au point une nouvelle stratégie, on va s'entraîner tous les jours je te préviens ! Hors de question de perdre un match cette année et si Stebbins essaye encore de venir me narguer, je te jure que je le transforme en Véracrasse ! Je suis sûr que je pourrais vraiment y arriver en plus, je suis trop doué en métamorphose pour me planter. Peut-être même que la vieille MacGo me rajoutera des points, tiens ! Tu imagines ? « Dix points pour votre brillante métamorphose, monsieur Potter, vous avez raison, il est beaucoup mieux sous cet aspect. » Trop drôle !

Je suis trop pressé d'être samedi, j'ai repéré un pub qui a l'air sympa dans le village voisin, il y aura pleins de filles, on va s'éclater, mec !

Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises,

Cornedrue

Sirius,

C'est la douzième lettre que je t'envoie depuis le début de l'été parce que tu n'as répondu à aucune des précédentes. Je sais que tout n'a pas été simple dernièrement, il s'est passé… beaucoup de choses. Remus ne t'en veut plus, tu sais ? Il est triste, il ne comprend toujours pas mais il ne t'en veut plus. Et moi non plus. Tu ne dois pas me croire parce que je t'ai vraiment dit des choses horribles et tout mais je te promets que c'est la vérité. Je voudrais juste que tu m'expliques, que tu me parles parce que franchement, je suis totalement perdu aussi. Mais peut-être que tu n'as pas envie de me parler justement, peut-être que je t'ai vraiment blessé et si c'est le cas, je te jure que je suis profondément désolé. J'étais en colère, je ne pensais pas un mot de ce que je t'ai dit, tu n'es pas comme ta famille, c'est complètement faux ! Et je SAIS qu'il y a forcément quelque chose qui t'a poussé à… enfin tu vois.

Tu restes le bienvenu à la maison quoiqu'il arrive. Mes parents t'adorent vraiment tu sais ? Ma mère t'embrasse, elle dit que tu lui manques. Et tu me manques à moi aussi. Ce n'est pas pareil sans toi.

Si tu ne veux vraiment pas répondre à cette lettre, est-ce que tu pourrais au moins me dire si tu as des nouvelles de Sélène ? Lily est venue chez moi pour passer les vacances avec Kany, elles sont mortes d'angoisse toutes les deux… Elle n'est pas rentrée chez elle et n'a envoyé aucun hibou, rien. Ça fait presque un mois, tu comprends ? Remus et moi on commence à être inquiets aussi. J'ai vraiment peur qu'il lui soit arrivé quelque chose. Je ne comprends toujours pas trop ce qu'il se passe entre vous non plus mais je me disais que… tu savais peut-être où elle était ? On voudrait juste être sûrs qu'elle va bien et… que toi aussi tu vas bien…

Réponds-moi vite s'il te plaît,

Ton frère, James

Il y en avait des dizaines et des dizaines dans le même genre. Certaines missives ne contenaient que quelques mots laconiques parfois agrémentés d'un dessin alors que d'autres s'étalaient sur plusieurs feuillets. Et…

Salut Sirius !

Je suppose que tu es déjà au courant mais James nous a invitées à venir chez lui la semaine prochaine. Lily a refusé, évidemment, mais j'ai tellement insisté qu'elle a fini par dire oui, juste pour avoir la paix. Tu crois qu'ils vont réussir à attendre combien de temps avant de commencer à s'entretuer ? Je parie qu'ils ne vont même pas tenir une heure. Lily est quand même contente de pouvoir voir Kany avant la rentrée. Elle a dit, je cite : « la pauvre, elle doit tellement s'ennuyer, coincée avec quatre imbéciles pareils ». Sinon, c'est toujours d'accord pour la fête foraine ? J'ai trop hâte !

J'espère que tu vas bien, on se voit très vite !

Sélène

Sirius avait l'impression qu'on lui enfonçait une épée en plein cœur. Incroyable de voir à quel point de simples mots griffonnés à la vite sur un parchemin pouvaient faire mal. C'était pire qu'un Doloris. C'était pire que tout ce qu'il avait pu endurer à Azkaban. Se demandant pourquoi il tenait à s'infliger cette torture, le Maraudeur attrapa un gros livre relié de cuir rouge.

Dès les premières pages, l'air espiègle de James, les yeux rieurs de Sélène, les cheveux roux flamboyant de Lily lui sautèrent au visage. Ils devaient avoir onze ans, douze tout au plus. Un peu plus loin, un portrait de Sélène qui, dos à l'objectif, jetait un regard en arrière pour lui souffler un baiser sarcastique. Ses cheveux blonds se soulevaient au grès du vent, retombant sur ses yeux gris vert.

Il y avait toute une série d'images sur lesquelles James, Remus, Peter et lui faisaient les idiots sous un arbre du parc de Poudlard, un saule pleureur qu'ils avaient rebaptisé « l'arbre des Maraudeurs ». Le pire, c'était une photo de groupe, la dernière où ils étaient tous réunis. James enlaçait amoureusement Lily, qui portait un Harry tout bébé. Remus et Kany étaient au milieu, se tenant la main en toute simplicité. Assis à leurs pieds, Peter faisaient de grands signes joyeux. Et puis il y avait Sélène. Sélène qui souriait malicieusement, Sélène qui s'appuyait contre lui, Sélène qui déposait un baiser sur le front du bébé que Sirius avait dans les bras. Il posa le regard sur sa fille, âgée de quelques mois. À quoi est-ce qu'elle aurait pu ressembler si elle avait été encore en vie ? À sa mère, probablement. Mêmes cheveux blonds, mêmes taches de rousseur…

Ce dernier cliché l'acheva complètement. L'Animagus lâcha l'album comme s'il s'était brûlé. Il se releva d'un bond et fouilla fébrilement dans les poches de son jean pour récupérer une cigarette chiffonnée qu'il alluma du bout de sa baguette magique, les mains tremblantes.

Ils étaient morts les uns après les autres. D'abord son fils, son petit garçon, décédé à peine quelques heures après sa naissance dans l'incendie de l'hôpital Ste Mangouste. Il n'avait même pas une seule photo de lui. Ensuite ça avait été le tour de Sélène puis James, Lily et Valya. Ils étaient partis alors que lui était encore là. Vivant mais pas complètement. Ils avaient tous emporté une petite partie de lui avec eux et maintenant, il ne lui restait plus grand-chose et il se demandait justement ce qu'il faisait encore là.

Sirius se passa une main dans les cheveux, les yeux fermés. Il attrapa la bouteille de whisky Pur Feu qui traînait sur sa table de nuit et but plusieurs gorgées, directement au goulot. Voilà pourquoi il ne regardait jamais de photos de James ou Sélène habituellement. Ça lui donnait toujours envie d'aller se jeter sous le Magicobus. Et au fond, à quoi est-ce que ça servait de ressasser de cette manière ? Ça ne les ferait pas revenir pour autant. Avec de grands gestes brusques, il ramassa l'album photo et les lettres qui traînaient sur le tapis pour tout rejeter dans la malle sans ménagement. « C'est du passé tout ça », marmonna-t-il en claquant brutalement le couvercle. Un passé qui était mort et enterré depuis longtemps même si Sirius était incapable de l'accepter.


C'est du passé (Memories – Maroon 5) J'ai choisi ce titre et cette chanson parce que les personnages se retrouvent confrontés à leurs souvenirs et à leur passé. Du coup, chapitre bien déprimant je suppose, en tout cas moi c'est l'effet que ça m'a fait en l'écrivant même s'il y avait quelques passages plus drôles. Sirius est mon personnage préféré, je déteste tellement le maltraiter comme ça le pauvre :( Même si c'est super intéressant de se mettre à sa place et d'essayer de retranscrire sa manière de voir les choses. Question habituelle, qu'est-ce que vous pensez de l'histoire et des personnages ? Du comportement de Drago ? De Valya ? Pour ceux qui l'ont lue, ça change de l'ancienne version, non ?

Réponses aux reviews anonymes :

- Pour BellatrixMalefoy : Coucou, merci beaucoup pour ton passage ! Eh ben, tu étais motivé pour carrément aller lire l'ancienne version. Les premiers chapitres sont juste affreux de mon point de vue haha x) Trop d'incohérences et de trucs inutiles :( Par curiosité, à partir de quel moment est-ce que tu as commencé à trouver que ça s'améliorait ? Et oui, j'ai coupé juste au bon moment même si ce n'était pas voulu. J'espère que la suite te plaira, n'hésite pas à dire ce que tu en penses !