Publié le dimanche 29 mai 2022.
CETTE HISTOIRE EST MAINTENANT DISPONIBLE EGALEMENT SUR WATTPAD, COMPTE EMRYS-CHRONIQUES
Disclaimer : Tout l'univers de Harry Potter appartient à JK Rowling.
Rating T : langage grossier, injures, violence
Le prochain chapitre s'intitulera Le témoin silencieux.
Je vous souhaite une bonne lecture, n'hésitez pas à écouter les morceaux indiqués en début de chapitre, ils donnent une bonne indication sur l'ambiance, et n'hésitez pas à laisser une review pour donner votre avis !
Réponses aux reviews anonymes en fin de chapitre.
CHAPITRE.9 : Folie furieuse (Sail - Awolnation)
Enfoncé dans un fauteuil de la salle commune, les bras pendant lâchement sur les accoudoirs et la tête renversée en arrière, Théo laissa échapper un soupir angoissé. Il avait soupçonné quelque chose comme ça dès le début, tous les signes étaient là après tout. Cette manière de se crisper au moindre contact physique, cette méfiance tapie au fond du regard... Il aurait préféré ne pas en avoir la confirmation.
Le pan de mur qui masquait l'entrée de la salle commune coulissa et le volume des conversations chuta, chacun se mettant à murmurer dans son coin plus ou moins discrètement. La jeune Black se crispa mais elle descendit les escaliers et traversa la pièce la tête haute, ignorant superbement les rumeurs qui courraient dans son dos. A la grande surprise de Théo, elle n'avait pas remis sa veste, exposant sans honte ses tatouages et ses cicatrices.
- J'aurais cru que tu allais te dépêcher de les cacher, dit-il quand elle arriva à sa hauteur.
Ce qui s'était passé en cours de potions avait tellement eu l'air de la traumatiser qu'il se serait plutôt attendu à la voir raser les murs.
- A quoi ça sert ? Maintenant tout le monde les a vus de toute façon...
- Ça t'embête beaucoup ? s'enquit-il prudemment.
Valya haussa les épaules.
- Non. Enfin si mais... ça aurait fini par se savoir au bout d'un moment. J'aurais juste voulu... que ça se passe autrement.
- Ton oncle n'y est pas allé de main morte, lui accorda-t-il. Il n'aurait pas dû insister autant...
- Si tu pouvais éviter de me rappeler que j'ai un lien de parenté avec ce connard...
- Excuse-moi. Tu ne l'aimes vraiment pas, je me trompe ? souffla Théo d'un ton compatissant.
- J'le déteste. C'est juste un sale enfoiré qui essaye de fourrer son nez partout où ça ne le regarde pas. Et c'est le toutou de Dumbledore. Ou... de Voldemort ! Ou peut-être les deux, j'en sais rien en fait et je m'en fous.
- Ne prononce pas son nom ! protesta le châtain en frissonnant et elle lui renvoya un regard empli de moquerie, mêlée à un certain agacement.
D'un geste las, la jeune fille laissa tomber son sac au sol puis enfila à nouveau sa veste à capuche. Elle ne remonta pas la fermeture éclair et remonta ses manches jusqu'aux coudes, exposant encore quelques-uns de ses tatouages.
- Allez, spectacle terminé...
Malheureusement, certains ne l'entendaient pas de cette oreille.
- Oh non Black, ne t'arrête pas en si bon en chemin, claqua la voix goguenarde de Blaise Zabini. Personne ici n'a envie que tu lui infliges cette vision d'horreur.
- Si ça te dérange, t'as qu'à regarder ailleurs Zabini, répliqua-t-elle calmement.
- Et ce que tu as sur le bras gauche, je dois aussi éviter de regarder ? Je n'en reviens pas... tu traites les autres de Mangemorts mais tu n'es pas mieux au bout du compte.
Il y eut une seconde de flottement. Puis, sans aucun avertissement ni signe avant-coureur, Valya se jeta sur lui. Son poing s'écrasa contre la mâchoire du métis qui perdit l'équilibre et s'étala au sol, trop surpris pour songer à se défendre.
- Non mais ça va pas, t'es malade ! jura-t-il en s'essuyant la bouche où coulait déjà un filet de sang. Tu...
Le pied de la Serpentard le cueillit au creux de l'estomac juste au moment où il tentait de se redresser. Un nouveau coup l'atteignit au niveau de la pommette, puis un autre tandis qu'elle laissait échapper un grondement de fureur.
- Vous commencez tous à m'emmerder dans cette putain d'école, toi le premier ! Non mais tu crois quoi, Zabini ?! Cet enfoiré de connard a TUÉ MA MÈRE ! Si tu penses vraiment que j'ai envie d'aller lui lécher les baskets comme tu le fais, t'es juste complètement DÉBILE ! Alors regarde mieux, regarde ce que j'en pense de ton foutu seigneur à la con ! feula-t-elle en lui mettant son avant-bras gauche sous le nez.
Zabini hoqueta, les yeux arrondis par l'incompréhension.
- Quoi ? Tu...
La lumière se fit dans son esprit alors qu'il réalisait enfin ce qui était dessiné sur le bras de la jeune blonde et il poussa un mugissement indigné.
- Non, comment est-ce que tu as pu...?! Tu as osé... souiller la Marque, profaner son symbole...
Motivé par la colère et la révolte, il parvint à extirper sa baguette de la poche de sa robe et tenta de la pointer sur elle. Mal lui en pris, un coup de pied vicieux percuta son poignet, le forçant à laisser tomber son arme et il cria de douleur. A partir de là, ce fut une avalanche de coups. Penchée sur lui, les traits déformés par la rage et un sourire dérangeant plaqué sur les lèvres, Valya cognait sans s'arrêter, lâchant au passage un flot d'insanités à l'intention du métis, de Voldemort, de Poudlard et finalement de la terre entière, dans un acharnement qui faisait peur à voir.
Et Théo... Théo ne pouvait que contempler la scène les bras ballants, sidéré par un tel déferlement de violence. Une violence qui contrastait d'autant plus avec l'indifférence glaciale qu'elle affichait encore quelques secondes auparavant. C'était incompréhensible et surtout, très effrayant. Zabini était physiquement bien bâti et pourtant, elle l'avait mis au tapis sans problème.
Dans la salle commune, tout le monde hurlait et se bousculait, sans pour autant se risquer à intervenir pour stopper la rixe qui avait lieu sous leurs yeux. La tête du métis heurta le sol dans un claquement sec et ce fut ce qui sortit Théo de sa torpeur. Il se précipita sur les deux autres, attrapa l'adolescente par le bras et la tira en arrière.
- Ça suffit Valya, arrête ! Lâche-le, c'est bon, lâche-le maintenant ! ARRÊTE ! intima-t-il plus fermement.
Mais la jeune fille était trop déconnectée de la réalité pour l'écouter, enfoncée dans un état second de folie furieuse. Elle se débattit comme un beau diable pour échapper à sa poigne, se détachant de Zabini qui rampa misérablement sur le sol. Le châtain en profita pour la remorquer loin de sa victime, mobilisant toutes ses forces pour l'empêcher de retourner se jeter sur l'autre Serpentard.
- LACHE MOI ! rugit-elle. PUTAIN THÉO LACHE MOI ! JE TE JURE QUE JE VAIS LUI FAIRE LA PEAU À CET ENFOIRE, JE VAIS LUI EXPLOSER LA TETE ! LACHE MOI J'TE DIS !
- Pas question ! opposa-t-il en retour. Tu vas te calmer et... PAR MERLIN, CALME-TOI, ARRETE DE GIGOTER COMME ÇA ! LAISSE-LE TRANQUILLE !
D'un geste brusque, elle se dégagea en pivotant vers lui et Théo dut faire appel à tout son self-control pour ne pas reculer de deux pas. Les yeux de la jeune blonde s'étaient teintés d'une drôle de couleur argentée qui n'avait absolument rien de rassurant. Elle le fixa avec une colère intense mêlée de frustration et un instant, il crut même qu'elle allait le frapper lui aussi. Mais, au prix de ce qui parut être un effort suprême, elle se détourna, arma son bras et envoya son poing percuter le mur le plus proche avec force.
- Fais chier, putain !
Un craquement sinistre retentit mais elle martela les pierres de plus belle, jusqu'à avoir les jointures démolies. Puis, aussi brusquement que cela avait commencé, ce fut fini. Les épaules de la jeune blonde s'affaissèrent, elle laissa retomber ses bras le long de son corps et lorsqu'elle se tourna vers lui, ses iris étaient redevenus parfaitement normaux.
- J'suis désolée, murmura-t-elle à l'adresse d'un Théo consterné.
Elle parcourut la pièce en sens inverse, les élèves s'écartant sur son passage comme ils l'auraient fait face à une bête sauvage. Zabini était toujours vautré par terre et elle s'arrêta un bref instant à sa hauteur.
- Toi par contre, c'est quand même bien fait pour ta gueule, lui jeta-t-elle avec mépris avant de rajouter un ton plus haut : et au cas où ça serait pas encore assez clair pour tout le monde, Voldemort je l'emmerde, voilà !
Puis elle quitta la salle commune, sous le regard horrifié de Théo. Ce que venait de faire la jeune fille, c'était une véritable déclaration de guerre et lui se retrouvait face à un dilemme : soit il la suivait, soit il restait là. Il avait su depuis des années que viendrait le moment où il lui faudrait choisir un camp, il avait naïvement espéré qu'il aurait encore un peu de temps. Alors qu'il se dirigeait vers la sortie, les regards de Zabini et de tous les autres hurlaient clairement « si tu la suis, tu es mort » mais le châtain n'en avait cure. Il avait fait son choix.
Dans le couloir, Valya était affaissée contre le mur de pierres froides, pliée en deux, les mains sur les genoux de son jean déjà poisseux de sang.
- Qu'est-ce que tu fais là, Théo ? marmonna-t-elle d'une voix fatiguée.
- Je suis venu voir comment tu allais.
Elle secoua la tête.
- Pourquoi tu m'as suivie ? Tu devrais arrêter de traîner avec moi, je vais juste t'attirer des ennuis. Après ce que j'ai dit... ils doivent pas être très contents.
- Ça c'est mon problème, assura-t-il. En revanche, j'aimerais bien que tu m'expliques. Qu'est-ce... qu'est-ce qu'il t'a pris, par Salazar ?
La jeune blonde se mordit la lèvre inférieure sans répondre puis elle avoua :
- Il se trouve que j'ai... j'ai quelques petits problèmes de contrôle de la colère...
- « Petits problèmes » ? Tu appelles ça des « petits problèmes » ?! Non mais tu as vu dans quel état est Zabini ?
- Oui, oui je sais ! gémit-elle. Mais quand ça commence, je maîtrise plus rien ! Il suffit d'une petite provocation et...
Malgré sa dernière bravade envers le métis, elle ne paraissait pas fière d'elle, c'était même tout le contraire. Le désespoir qui brillait dans ses yeux clairs conforta Théo dans son choix. Oui, il avait pris la bonne décision en venant avec elle plutôt que de rester sagement dans la salle commune. Ce qui ne l'empêchait pas d'appréhender les conséquences...
- Fais chier, enragea Valya, je parie qu'il va se dépêcher d'aller tout raconter à Rogue, ce sale con ! Raaaah, si McGo écrit encore une fois à Ralph, j'vais me faire pourrir comme jamais !
- Oui enfin il y a plus urgent pour le moment, non ? souligna-t-il en désignant ses poings en sang. Vu le craquement que j'ai entendu, je suis à peu près sûr que tu t'es fracturée quelque chose. Tu peux me dire pourquoi tu t'es amusée à esquinter un mur en pierre à mains nues ?
- Parce que c'était toujours mieux ça plutôt que ta tête, Théo ! s'exclama-t-elle avec accablement. T'aurais pas dû essayer de m'arrêter, c'était dangereux, t'aurais pu...
Elle ne termina pas sa phrase, baissant un regard honteux sur ses baskets.
- La douleur, ça sert d'exutoire tu vois ? Ça te ramène à la réalité et c'est le seul truc qui permet vraiment d'arrêter la crise. Ralph dit que quand la colère monte, elle peut ressortir de deux façons : en s'en prenant aux autres ou en s'en prenant à soi-même. La deuxième option est préférable.
- Je ne suis pas certain d'être de ton avis. Tu vas devoir aller à l'infirmerie.
- Bordel, c'est la merde, c'est déjà la deuxième fois cette semaine. L'infirmière va se poser des questions...
Le jeune homme fronça les sourcils.
- Comment ça ? C'était quand... la première fois ?
- Lundi midi, lâcha-t-elle avec réticence.
Après « l'incident » avec Malefoy donc. Preuve qu'elle était loin d'être aussi insensible à la situation que ce qu'elle avait laissé paraître.
- Allez viens, soupira-t-il. Avec un peu de chance, on aura le temps d'inventer une explication crédible en chemin pour éviter que Pomfresh ait trop de soupçons.
- Ça marche, accorda-t-elle avec un pauvre sourire. Et Théo ?
- Quoi ?
- Merci.
OOO
Drago se plaqua sur le manche de son balai, laissant le vent s'engouffrer dans ses cheveux. Il prit de la vitesse avant de faire un arrêt spectaculaire.
- Black ! hurla-t-il pour se faire entendre sous la pluie battante. Va dire à Pritchard de s'entraîner avec Zabini et Pucey et reviens ici.
En vol quelques mètres en dessous de lui, la jeune fille lui fit un signe du pouce pour lui indiquer qu'elle avait compris et se mit à la recherche du deuxième année.
Le week-end était enfin arrivé, seule lumière au bout du tunnel de cette nouvelle semaine cauchemardesque. Le Doloris et tout ce que ça avait entraîné, les songes affreux qui hantaient ses nuits, la panique qui montait sans prévenir...
La silhouette de Black se découpa à travers les gouttes. L'air siffla tandis qu'elle accélérait en fonçant vers lui. Elle freina au tout dernier moment en le frôlant presque et se rétablit avec une roulade acrobatique, le sourire aux lèvres. Ses cheveux attachés en une queue de cheval lâche étaient trempés mais elle ne semblait pas s'en soucier. L'eau traçait des sillons clairs sur son visage, faisant ressortir les taches de rousseur qui mangeaient ses joues. Et la manche retroussée de son sweat-shirt aux couleurs de Serpentard laissait apparaître la pseudo Marque des ténèbres sur son avant-bras gauche.
Quand il l'avait découverte, Drago avait été choqué, un peu effrayé même. Pour oser afficher ouvertement une telle provocation envers le Seigneur des Ténèbres, il fallait avoir un cran monstrueux et le blond était autant scandalisé qu'admiratif devant un acte d'une telle folie. Même s'il aurait préféré se couper un bras plutôt que de l'admettre à haute voix.
Et puis... il avait assisté à l'altercation avec Zabini. Comme tous les autres, il avait été estomaqué par la violence de la bagarre. Une réaction pareille ce n'était pas normal et il n'était pas le seul à le penser. Rogue et McGonagall avaient passé un savon monumental à la jeune fille, ils lui avaient infligé une semaine de retenues supplémentaires mais cela n'avait pas suffit à apaiser les élèves de Serpentard. Ils murmuraient que Black était déséquilibrée, dangereuse, qu'elle était comme son père...
Sans compter la vague de quolibets auxquels elle avait du faire face : la plupart de ses « camarades » ne s'étaient en effet pas privés de se moquer dans son dos. Pas Drago. Dès qu'il posait les yeux sur les cicatrices qui ornaient le corps de la jeune blonde, il ne ressentait rien d'autre qu'un profond et inexplicable sentiment de malaise. Il était incapable de plaisanter là-dessus.
- Un problème, capitaine ?
Avec une moue narquoise parfaitement insupportable, elle fit un mini looping et vrilla jusqu'à se retrouver la tête en bas, accrochée à son balai uniquement par les pieds. Le blond cligna des yeux, un frisson désagréable courant le long de son échine. Cette scène lui rappelait quelque chose sans qu'il parvienne à identifier quoi et c'était une sensation particulièrement dérangeante. Puis... « J'sais pas, Drago... ça a l'air super haut ! Arrête de faire le malin, c'est facile pour toi, t'as l'habitude de monter sur un balai ! »
- Ouhouh, Malefoy ! Malefoy ? T'es toujours avec moi ?
Drago sursauta et secoua vivement la tête pour chasser la voix enfantine qui tintait dans un coin de son esprit. Black s'était remise à l'endroit sur son balai et l'observait les sourcils froncés.
- Oui, je... C'est rien, c'est...
Une expression incertaine se dessina sur le visage de la jeune blonde, comme si elle hésitait entre se moquer ou s'inquiéter.
- T'es vraiment bizarre comme mec, lâcha-t-elle finalement.
Il eut l'impression de recevoir un coup de poignard en plein cœur. Black était à Poudlard depuis deux semaines. Elle le connaissait à peine et pourtant, elle trouvait déjà qu'il se comportait étrangement. C'était dire ce que devaient en penser tous les autres...
- Je... j'ai trouvé ce que tu m'as demandé, annonça-t-il d'une voix plus ferme.
Elle lui lança un coup d'œil dubitatif.
- Eh ben, t'as été plus efficace que ce que je pensais. Je t'écoute.
- Charles Jugson. Il travaille au Département de la justice magique, dans les services administratifs du Magenmagot donc il a accès a pas mal de dossiers. En revanche, il n'est pas très haut placé donc il ne dit jamais non à un petit complément de salaire. Si tu payes bien, ça ne devrait pas être trop difficile de le convaincre d'aller fouiner là où tu lui demandes.
Il avait dû enquêter auprès des étudiants plus âgés pour récupérer cette information et ça n'avait pas été évident. Oscar Vaisey avait fini par le renvoyer vers une élève de troisième année dont le père était le collègue de Jugson. Ça lui avait coûté un lot de friandises de Honeydukes pour que la gamine consente à écrire à son paternel et une bouteille de whisky Pur Feu cuvée spéciale pour s'assurer que Vaisey ne parlerait de cette histoire à personne. Mais c'était toujours mieux que d'avoir une dette envers Valya Black.
- Par contre, c'est un Mangemort, avertit Drago, curieux de voir sa réaction.
Elle grimaça franchement, visiblement pas enchantée le moins du monde par la nouvelle. Mais...
- J'ferai avec, marmonna-t-elle, les dents serrées. Maintenant, dis-moi où je peux le trouver.
- C'est un habitué de la Sirène Divine, un pub sur l'Allée des Embrumes.
- La Sirène divine… répéta-t-elle en plissant les yeux. Malefoy, tu me prends pour une conne ou quoi ?! C'est pas un pub, c'est une maison close ! Je t'ai demandé un endroit où je pourrais lui parler à coup sûr, tu trouves vraiment que j'ai une tête à pouvoir entrer facilement dans un bordel ?
- Eh ben t'as qu'à leur proposer tes services, problème réglé comme ça ! s'emporta le blond sans y penser.
Il avait fait exactement ce qu'elle avait demandé et ça ne lui allait pas encore ?! Les yeux de Black étincelèrent de colère. D'un coup, elle l'agrippa par le devant de son pull de Quidditch et le poussa en arrière, menaçant dangereusement de le faire basculer dans le vide. Drago couina d'une manière très peu virile.
- Qu'est-ce que tu fais ? Remonte-moi ! Tu es cinglée, remonte-moi ! s'affola-t-il en battant des bras dans les airs.
Ses jambes étaient encore sur son balai mais il était complètement déséquilibré, maintenu par la seule force de la Serpentard. Si elle le lâchait, il ferait une chute de vingt mètres.
- J'crois que t'as oublié dans quelle situation tu te trouves, Drago. Soit tu te démerdes pour que je puisse parler à Jugson soit la prochaine fois qu'on se voit, ça sera quand je viendrai te rendre une petite visite à Azkaban. En attendant, t'es mignon mais tes insultes scabreuses tu te les gardes ! Clair ?!
- OK ! C'est clair ! Remonte-moi maintenant !
- T'as oublié le mot magique, railla la jeune fille.
- S'il te plaît ! Remonte-moi s'il te plaît...
Aussitôt, elle le tira vers le haut et il se cramponna au manche de son balai en tremblant.
- Tu vois qu'on peut s'entendre quand t'y mets du tien, eut-elle le culot de rajouter.
Drago sentait son cœur battre frénétiquement contre ses côtes. Il n'avait qu'une envie : dégainer sa baguette et lui faire ravaler son air goguenard à coups de malédictions mais il n'en eut pas l'occasion. Adrian Pucey arrivait vers eux à toute vitesse, les sourcils froncés et le regard orageux.
- Hey, préfet-en-chef, salua Black d'un ton insolent que le septième année choisit de ne pas relever, se contentant de les toiser froidement.
- Black. Malefoy. Vous pouvez m'expliquer ce qui se passe ?
Elle haussa les épaules.
- Rien. On discutait d'une nouvelle tactique pour les matchs.
- Ne me racontez pas d'histoires ! Vous êtes encore en train de vous disputer ? Je vous ai prévenus, si vous...
- Mais on se dispute pas ! mentit la jeune blonde avec un aplomb sidérant. Y'a eu un petit coup de vent, Malefoy a glissé de son balai... Je l'ai aidé à se remettre en selle, c'est tout. Pas vrai, Drago ?
Le blond hocha faiblement la tête. C'était une humiliation de plus qui s'ajoutait à la liste mais Pucey avait déjà suffisamment de soupçons comme ça. Le préfet-en-chef les scruta tour à tour, tentant de les faire plier. Black lui adressa son plus beau sourire innocent et il finit par lâcher l'affaire.
- Je vous ai à l'œil tous les deux, compris ? avertit-il seulement avant de se pencher sur son balai pour aller rejoindre les autres poursuiveurs, au grand soulagement de Drago.
Pucey commençait à lui taper sur le système avec cette manie de le surveiller en permanence et de lui dicter sa conduite. Moins il le voyait, mieux il se portait.
- Pff, abruti de connard... gronda la jeune fille dès que le brun se fût suffisamment éloigné. Oh ça va, me regarde pas comme ça, ajouta-t-elle face à l'air sidéré de Drago. Tu vas quand même pas me faire croire que tu l'aimes bien ?!
- Il est sympa, défendit-il par pur esprit de contradiction.
Hors de question d'avouer qu'il était d'accord avec elle...
- Sympa ?! Ce mec te traite comme si t'étais un mioche de cinq ans incapable de se débrouiller tout seul ! Juste parce qu'il est préfet et qu'il a deux ans de plus que nous, il se prend pour le roi. Qu'il s'occupe de son cul, c'est tout... Et toi, débrouille-toi pour m'arranger un rendez-vous avec Jugson dans un lieu discret !
- Attends, comment ça « t'arranger un rendez-vous » ? s'horrifia le blond. On a jamais parlé de ça ! Je devais juste te dire où tu pouvais le trouver, c'est tout !
- Eh ben les règles ont changées, asséna-t-elle. Fais ce que je te dis. Dis-toi que plus vite ça sera fait, plus vite je te ficherai la paix, Malefoy !
OOO
Assis sur un tabouret bancal face à une vingtaine d'étudiants qui lui jetaient des coups d'œil perplexes, Harry se demandait comment il s'était débrouillé pour se fourrer dans une telle situation. « Tout ça, c'est la faute de Hermione » maugréa-t-il intérieurement. Ça avait commencé trois semaines auparavant.
Les cours de défense contre les forces du Mal ne s'étaient pas améliorés, loin de là. Ils n'apprenaient absolument rien, ils lisaient le manuel et... c'était tout. Après un énième cours agité, Harry avait hérité d'une nouvelle semaine de retenues en compagnie du concierge et tous les élèves commençaient à se demander par quel miracle ils allaient pouvoir obtenir leur BUSE dans cette matière.
Hermione avait alors émis une idée complètement farfelue. Elle avait suggéré que ce soit lui, Harry, qui leur donne des cours de défense. Évidemment, il avait trouvé ça ridicule. Il avait d'abord pensé qu'elle le faisait marcher... avant de protester et de se fâcher réellement en comprenant qu'elle était tout à fait sérieuse. Il s'était tellement énervé que son amie n'en avait plus reparlé pendant quinze jours, avant de se risquer à remettre le sujet sur le tapis. Et ça lui paraissait toujours aussi absurde mais d'un autre côté, la situation avec Ombrage devenait tellement critique qu'il avait besoin d'avoir la sensation de faire quelque chose, de lutter d'une manière ou d'une autre. Ainsi, le Gryffondor avait fini par accepter sauf qu'il n'avait jamais imaginé que tout ça prendrait une telle ampleur.
Hermione et Ron s'étaient chargés du « recrutement ». Son amie avait proposé à tous ceux qui étaient intéressés de les rejoindre à Pré-au-Lard lors de leur sortie du premier week-end d'octobre. Elle avait choisi comme point de rendez-vous La Tête de Sanglier, un pub louche où les élèves de Poudlard n'avaient pas l'habitude d'aller, ce qui leur éviterait d'être entendus par des oreilles indiscrètes. Le problème, c'était que Hermione avait parlé de « deux ou trois personnes »... On était loin du compte.
Dans le petit bar crasseux, se tenaient Neville, Ginny, Dean et Lavande, Colin et Dennis Crivey, l'équipe de Quidditch de Gryffondor au grand complet... Mais aussi des Poufsouffle comme Ernie MacMillan, Justin Finch-Fletchley et leurs amis, des Serdaigle... Luna Lovegood, Padma Patil et - Harry sentit son estomac se nouer - Cho Chang... Il y avait même certains élèves qu'il ne connaissait que de vue, voire qui lui étaient totalement inconnus.
Malheureusement, le Survivant comprit rapidement ce que tout ce petit monde était venu faire là.
- Tout ce que Dumbledore nous a dit l'année dernière c'est que Cedric Diggory a été tué par Tu-Sais-Qui et que tu as ramené son corps à Poudlard, se plaignit un garçon blond de Poufsouffle qui s'appelait Zacharias Smith. Il ne nous a donné aucun détail, il ne nous a pas expliqué comment Diggory avait été tué et je pense que nous aimerions tous savoir...
Son genou tressautant frénétiquement tant il était nerveux, Harry jeta un regard noir en direction de Hermione, furieux qu'elle l'ait mis dans une position pareille. Il n'avait aucune, mais alors vraiment aucune envie de parler de Cédric. Il était très mal à l'aise de se retrouver au centre de l'attention et sa gêne augmenta d'un cran quand, pour prendre sa défense, certains de ses camarades se mirent à énumérer les différents exploits qu'il avait pu accomplir par le passé. La pierre philosophale, le Basilic, les Détraqueurs, les tâches du Tournoi des Trois Sorciers...
Finalement, les étudiants semblaient enthousiastes à l'idée d'apprendre à se défendre et dans l'ensemble, ils étaient plus ou moins partants pour que ce soit Harry qui leur donne des cours. Hermione suggéra de noter les noms des personnes présentes, qui s'engageaient de cette façon à ne rien révéler au sujet de leur petit club. Malgré quelques réticences, les élèves finirent tous par apposer leurs signatures sur un morceau de parchemin. Ils réfléchissaient pour trouver un lieu où ils pourraient s'entraîner lorsqu'une voix familière retentit :
- Salut Abelforth ! Ça serait possible d'avoir deux verres de whisky Pur Feu s'il te plait ?
Harry tourna la tête si vite qu'il sentit un nerf se coincer. Accoudée au comptoir poussiéreux, Valya adressait un sourire charmeur au barman. Elle était habillée différemment de d'habitude, avec un blouson en cuir noir porté sur un débardeur blanc et elle avait encore changé de boucle d'oreille, un simple anneau d'argent cette fois. Elle passa une des boissons à celui qui l'accompagnait et Harry reconnut Miles Bletchley, le gardien de l'équipe de Quidditch de Serpentard.
La jeune blonde jeta un coup d'œil machinal autour d'elle et, évidemment, son regard tomba droit sur Harry. Elle se figea en le voyant.
- Potter ? Qu'est-ce que tu fais ici ? C'est pas... woh, s'interrompit-elle en avisant la foule médusée qui se tenait à ses côtés, je pensais pas que la Tête de Sanglier était aussi prisée des élèves de Poudlard...
Manifestement, elle aussi avait choisi ce pub miteux dans l'espoir d'être tranquille et leur présence contrariait ses plans. Elle s'avança vers eux en sirotant son verre, les sourcils froncés. Hermione poussa une exclamation outrée.
- Mais c'est du whisky Pur Feu !
- Euh ouais… et ?
- Tu es mineure ! Le barman ne devrait même pas accepter de te servir !
Valya laissa échapper un ricanement méprisant.
- Qu'est-ce que tu vas faire, Granger ? User de tes talents de parfaite préfète pour me coller une retenue et me dénoncer à McGo ?! Si ça t'amuse… Et le vieux Ab' s'en fiche comme de sa première bouteille de toute manière. Alors, enchaîna-t-elle sans laisser à Hermione le temps de répliquer, c'est quoi l'histoire ? Vous faites un groupe d'études ou un truc du genre ?
- Un groupe d'études, c'est tout à fait ça, répliqua Ernie avec un air de défi et Harry leva les yeux au ciel, dépité.
L'attitude des autres élèves envers la jeune fille devenait de plus en plus grotesque.
- C'est un peu plus compliqué que ça, expliqua-t-il sans se soucier des regards réprobateurs de Ron, Hermione et du Poufsouffle. Les cours d'Ombrage ne servent à rien et... Voldemort est revenu. On a besoin de pouvoir se défendre. Hermione a eu l'idée de s'entraîner tous ensemble mais il faut encore qu'on trouve un endroit pour se réunir, quelque part où on ne sera pas dérangés.
La tête penchée de côté, Valya se mordilla la lèvre inférieure.
- Pourquoi pas la Chambre des secrets ?
Un silence assourdissant tomba sur l'assemblée. Les yeux de Ron lançaient des éclairs, le visage de Ginny avait perdu toutes couleurs et Harry s'étrangla avec sa gorgée de Bièraubeurre.
- Quoi ?!
- Ben ouais. C'est grand, il y a toute la place qu'il faut pour lancer des maléfices sans danger et c'est toi qui demande un endroit où vous ne serez pas dérangés ! Là, t'es le seul à pouvoir y entrer, qu'est-ce qu'il te faut de plus ?
- Oh je ne sais pas, peut-être une pièce où il n'y a pas un immonde cadavre de serpent géant qui traîne en plein milieu ?!
Par Merlin, Ron et Hermione allaient le tuer.
- Si tu t'arrêtes à des détails aussi... rigola la jeune blonde, absolument pas perturbée par les expressions choquées des autres.
- Sérieusement, tu n'as pas une idée ? insista Harry. Une vraie idée.
Elle haussa les épaules.
- J'sais pas, Potter. Tu connais mieux Poudlard que moi, il doit bien y avoir une salle inutilisée qui ferait l'affaire, non ? C'est... dans ce genre de cas qu'un plan de l'école serait utile... si tu vois ce que je veux dire.
Le Gryffondor cligna des yeux.
- Je... je n'y avais pas pensé, admit-il. C'est pas bête, merci.
- A ton service ! Bon, c'est pas que je m'ennuie avec vous mais... Miles va finir par penser que je l'ai abandonné, lâcha-t-elle avec un petit signe en direction du grand brun qui était parti s'installer à l'autre bout du pub. Allez, à plus les Lions !
Valya lui adressa un clin d'œil joyeux et partit rejoindre son ami. Elle s'était à peine éloignée que Harry fut noyé sous un flot de récriminations.
- Potter, qu'est-ce qu'il t'a pris de tout lui raconter ?! s'insurgea Ernie. On te l'a déjà dit plusieurs fois, cette fille est dangereuse. D'ailleurs, je ne comprends toujours pas pourquoi tu t'obstines à lui parler.
- Ça valait bien la peine de signer, renchérit Justin. Elle va tout répéter au reste des Serpentard et Ombrage sera au courant dans l'heure qui suit.
Plusieurs élèves hochèrent la tête pour acquiescer, ce qui rendit Harry encore plus furieux.
- Elle ne va rien répéter du tout, vous êtes complètements paranos, siffla-t-il. Au cas où vous n'auriez pas encore compris, elle est de notre côté ! Et elle au moins, elle me croit quand je dis que Voldemort est de retour. Elle me croit même plus que certains ici !
Il frotta sa cicatrice dans un geste irrité et quelques-uns de ses camarades détournèrent les yeux. Zacharias Smith toussota avec embarras et une fille de Serdaigle, une amie de Cho, se trémoussa sur sa chaise en pinçant les lèvres.
- On a qu'à voter, claironna soudainement Ron. Alors, ceux qui sont contre discuter de tout ça avec des Serpentard lèvent la main, ajouta-t-il en brandissant son propre bras en l'air.
Aussitôt, presque tous les élèves levèrent la main. Luna Lovegood regardait ailleurs et n'avait même pas remarqué qu'un vote était en train d'avoir lieu. Hermione et Ginny hésitèrent un instant mais finirent par lever le bras également.
- Parfait ! ragea Harry en sautant sur ses pieds. Si c'est comme ça... Hermione, je pense qu'on a fini, non ?
- Euh... oui, balbutia son amie. On vous communiquera au plus vite les informations pour la première séance...
Par petits groupes, les élèves quittèrent le pub. Harry, Ron et Hermione sortirent en dernier et dès qu'ils eurent passé la porte, le rouquin se tourna furieusement vers lui.
- Par les glandes de Merlin, qu'est-ce que c'était que cette histoire de Chambre des secrets ? Et pourquoi est-ce que tu lui as parlé de la carte, tu es tombé sur la tête ou quoi ?!
Harry soupira. La soirée allait être longue...
OOO
Sirius se renfonça sur sa chaise, les poings serrés. Cela faisait deux heures qu'il supportait les discours grandiloquents de Dumbledore, Maugrey et compagnie et il en avait plus qu'assez.
Tout l'Ordre du Phénix était réuni : les Weasley les plus âgés, Tonks, Kingsley et les membres habituels mais aussi Dedalus Diggle, Hestia Jones et d'autres qui passaient moins souvent au quartier général. Évidemment, le Maraudeur devait aussi subir la présence de Servilus. Dans la cuisine du 12, Square Grimmaurd, tout le monde parlait et criait en même temps. La raison de cette agitation était le rapport que Mondingus Fletcher venait de faire. D'après l'escroc, Harry et ses amis avaient décidé de créer une sorte de groupe de défense contre les forces du Mal.
Sirius sourit intérieurement. Son filleul avait de la ressource. Il allait en toute conscience violer plusieurs articles du règlement pour apprendre à ses camarades à se défendre. C'était tout à fait le genre de choses que James et lui auraient pu faire lorsqu'ils étaient à Poudlard.
- Mais enfin, qu'est-ce qui a bien pu leur mettre une idée pareille dans la tête ? se lamenta Molly Weasley.
- On sait tous ici que Potter a toujours fait fi de toutes les règles et qu'il ne fait que ce qui lui chante, ça ne devrait même pas nous étonner, persifla Rogue.
- Oh, peut-être que si on lui donnait les informations auxquelles il a droit, qu'on lui parlait de… je ne sais pas moi… cette foutue prophétie, il serait plus prudent… lança Sirius d'une voix sonore.
Dumbledore soupira.
- Nous en avons déjà discuté, il est nécessaire que Harry en sache le moins possible pour l'instant. Il doit pouvoir vivre normalement, se concentrer sur ses études, il est bien trop jeune pour porter un tel fardeau.
- Et vous pensez vraiment que Voldemort va prendre le temps de se demander s'il est « trop jeune » ?! Il va attaquer à la première occasion, il l'a déjà fait ! Harry devrait pouvoir être conseillé plutôt que gardé dans l'ignorance, avec un peu de chance ça évitera un fiasco comme celui de juin ! Et je ne parle même pas de votre obstination à le laisser confiné chez les Dursley chaque été…
Ça, ça lui restait en travers de la gorge. Il avait passé douze ans enfermé à Azkaban et maintenant, Dumbledore l'empêchait encore de passer du temps avec son filleul. D'ailleurs, le Maraudeur n'avait toujours pas décidé si oui ou non il partait aux États-Unis pendant les vacances de Noël...
- Il s'agit de sa famille, protesta Molly. Ce n'est peut-être pas la meilleure solution mais au moins il a un foyer et le professeur Dumbledore nous a déjà expliqué qu'il était gardé en sécurité par les protections de sang !
- Sa famille ? grogna Sirius, la mâchoire crispée. Tu n'as jamais rencontré les Dursley personnellement, Molly, moi si ! Ces gens n'ont rien d'une famille pour Harry… Même Rogue peut te confirmer que Pétunia Dursley est une femme détestable.
- Et qu'est-ce que tu proposes ? Qu'il vienne vivre ici au Square Grimmaurd, avec toi ?!
- Oui ! Exactement ! Je suis son parrain, ça serait la meilleure solution !
- Tu n'as jamais eu d'enfants, tu ne saurais pas élever un adolescent !
Rogue poussa une exclamation étouffée tandis qu'un silence de mort tombait sur la salle. Sirius bondit de sa chaise comme un ressort et Remus se leva vivement pour le retenir par le bras.
- Sirius… lui jeta le loup-garou avec un regard d'avertissement.
Il se dégagea d'un brusque mouvement d'épaule.
- Au cas où tu aurais oublié, asséna l'Animagus d'un ton glacial, J'AI EU des enfants…
Molly se plaqua une main sur la bouche, horrifiée.
- Oh Sirius, je suis désolée, je…
- Sauf que contrairement aux tiens, mes enfants sont morts ! Tout ça à cause de cette ordure de Voldemort et de cette saloperie de guerre… Mes meilleurs amis sont morts, la femme que j'aimais est morte ! Tout le monde a subi des pertes à cette époque mais clairement Molly, tu n'es pas celle qui a perdu le plus ici, alors si c'est pour parler de ce que tu ne comprends pas, ferme-là !
Il toisa tout le monde avec un air de défi.
- Et si j'en avais la possibilité, j'élèverais Harry exactement comme j'aurais élevé mon fils et ma fille !
Remus le tira doucement en arrière pour qu'il se rasseye et Sirius sentit ses mains trembler. Comment Molly Weasley osait-elle lui balancer une telle chose en pleine figure ?! Elle ne savait pas ce que ça faisait, elle n'en avait aucune idée...
- Calme-toi Sirius, ordonna le directeur, Molly ne pensait pas à mal. Mondingus, continue ton rapport s'il te plaît. Est-ce qu'ils savent déjà où ils vont se réunir, ce qu'ils vont faire ?
- Nan, j'vous ai dit tout ce que je savais… Y'avait un de ces boucans de l'enfer chez Abelforth.
- Rien d'autre qui aurait de l'importance, donc. Nous allons passer à...
- Ah si ! Maintenant que j'y pense ! C'est pas vraiment important mais y'a une autre gamine qui est venue parler à Harry et ses petits potes. J'ai pas bien vu à quoi elle ressemblait mais elle devait avoir leur âge donc je suppose que c'était une copine de Potter. Elle a commandé un verre, a discuté vite fait avec eux et elle s'est barrée avec un autre gars ! D'ailleurs Dumbledore, lança l'escroc avec un sourire narquois, j'suis au regret de vous informer que le vieux Ab' hésite pas à servir vos élèves en whisky Pur Feu…
Le Maraudeur pouffa, sa rage quelque peu apaisée par l'anecdote.
- Ouh, Harry a une petite amie ? Le sale petit cachottier ! La prochaine fois que je le verrai il va m'entendre...
- C'est... il n'avait sûrement pas l'intention de te le cacher, lâcha Rogue un peu trop vite et Sirius le dévisagea avec des yeux ronds.
- Depuis quand tu défends Harry, toi ?! aboya-t-il, plus suspicieux que jamais.
Le professeur de potions ne répondit même pas. Il se leva en repoussant sa chaise d'un geste sec et sortit de la cuisine, sous le regard agacé de Dumbledore, le regard navré du professeur McGonagall et les regards perdus de tous les autres.
- Mais enfin qu'est-ce qui se passe en ce moment, tout le monde devient dingue ou quoi ?! rugit Sirius.
Plus ça allait et plus il avait l'impression d'être entouré de fous...
