Publié le dimanche 31 juillet 2022.
CETTE HISTOIRE EST MAINTENANT DISPONIBLE EGALEMENT SUR WATTPAD, COMPTE EMRYS-CHRONIQUES
Disclaimer : Tout l'univers de Harry Potter appartient à JK Rowling.
Rating T : langage grossier, injures, violence
Hello ! En ce dimanche 31 juillet, voici le nouveau chapitre ! Au passage, profitons-en pour souhaiter un très joyeux anniversaire à notre cher Harry Potter, happy birthday Harry !
Merci à tous pour vos reviews, vous êtes au top !
Tout d'abord, un point concernant le prochain chapitre. Certains d'entre vous ont peut-être vu ma story Instagram pour les autres je réexplique ici : j'ai eu la bonne idée de me faire une méga entorse à la main droite. J'en ai pour au moins 3 semaines d'attelle, voire plus. Vous vous douterez bien que ça impacte sur mon rythme d'écriture (pas hyper pratique de taper juste de la main gauche je vous avoue...) Bref, tout ça pour dire que le prochain chapitre, ça ne sera malheureusement pas pour tout de suite :(
Je vais donc faire une petite pause pendant le mois d'août, ce qui devrait aussi me permettre de récupérer quelques chapitres d'avance avant la rentrée. Si j'arrive à avancer comme je veux, peut-être que je posterai plus tôt, au pire, on se retrouvera en septembre. Dans tous les cas, ce prochain chapitre sera intitulé Aubépine et menthe poivrée. N'hésitez pas à me faire part de vos théories après avoir lu le chapitre d'aujourd'hui haha.
Concernant le chapitre justement, j'ai 12 000 trucs à dire dessus mais on fera ça à la fin. Sachez simplement que c'est l'un de mes chapitres préférés pour le moment (mon vrai chapitre préféré, c'est surtout le suivant. A l'origine, ces deux chapitres devaient n'en former qu'un seul mais c'était trop long donc j'ai dû couper en deux). Paradoxalement, c'était aussi l'un des chapitres les plus compliqués que j'ai eu à écrire, pour pleins de raisons différentes. J'ai eu du mal à trouver le bon dosage et le ton juste parfois, je ne suis toujours pas entièrement satisfaite de certains points mais j'espère vraiment que ça vous plaira quand même 3
Je vous souhaite une excellente lecture et je vous encourage tout particulièrement à écouter la chanson du chapitre qui est magnifique et particulièrement symbolique (en plus c'est en français pour une fois, pas d'excuses) C'est cette chanson qui m'a inspirée toute la discussion du premier POV et c'est aussi pour ça que je suis d'autant plus fan du personnage de Sirius Black
Réponses aux reviews anonymes en fin de chapitre.
CHAPITRE.11 : La ligne rouge (Né en 17 à Leidenstadt - Jean-Jacques Goldman )
La joue appuyée contre son poing et un pli grincheux entre les sourcils, Théo souffla d'exaspération lorsque le bout de sa plume d'oie se cassa net contre le parchemin. Il se laissa aller en arrière sur sa chaise et porta les mains à son front pour masser ses tempes douloureuses. Son regard se perdit sur les hautes fenêtres en ogive. La pluie s'écrasait contre les vitres à un rythme régulier, baignant la pièce d'une lumière sombre à peine adoucie par les teintes colorées des vitraux. Machinalement, il contempla les piles de livres qui allaient et venaient toutes seules dans les airs.
En général, il savourait le calme feutré de la bibliothèque de Poudlard mais là, cela faisait presque une heure qu'il s'arrachait les cheveux sur son devoir de Runes anciennes et il avait besoin d'une distraction. Pour la énième fois, il relut la consigne tarabiscotée donnée par le professeur.
Analyse d'un cercle de protection runique.Traduisez puis identifiez au moins une paire de runes et trouvez une combinaison équivalente.
Théo repoussa ses lunettes sur son nez dans un geste frustré. Il devait se rendre à l'évidence : il n'y arriverait pas sans aide.
- Dis, tu as jeté un œil à la traduction du cercle de protection pour Babbling ?
Installée à côté de lui, Valya leva à peine les yeux, concentrée sur son travail d'Arithmancie. Elle farfouilla d'une main dans son tas de parchemin et fit glisser une feuille vers lui. Le châtain secoua la tête avec incrédulité.
- Merlin, tu as fait la liste de toutes les paires... et tu as même repéré une trinité runique ! Tu te rends compte que l'on n'est pas censés étudier ça avant le mois de décembre ?!
Elle haussa négligemment les épaules.
- Je te l'ai déjà dit, Nik' était un prof exigeant. C'est grâce à lui si je m'en sors bien.
Dire qu'il avait été surpris qu'elle choisisse ces options était un euphémisme. L'étude des Runes et l'Arithmancie étaient deux matières estampillées « intello ». Les Runes anciennes étaient très utiles car elles pouvaient servir à renforcer des boucliers, être couplées à des sortilèges ou employées comme talismans... Le problème, c'était qu'avant d'en arriver là, il était nécessaire d'intégrer un tout nouvel alphabet, se familiariser avec les subtilités de la traduction et s'exercer à tracer les runes correctement. Quant à l'Arithmancie, elle était beaucoup utilisée pour équilibrer des rituels ou créer des enchantements. Mais là encore, il fallait d'abord passer par l'apprentissage des bases, ce qui impliquait tout un tas d'équations et de schémas compliqués.
Pourtant, Valya s'était révélée étonnamment intéressée et douée dans les deux domaines. Contrairement à Hermione Granger, elle n'était pas capable de réciter par cœur la liste des runes liées ou d'effectuer la moitié des calculs de tête. En revanche, elle repérait d'instinct les meilleures combinaisons à employer et elle pouvait analyser rapidement les différentes strates d'un enchantement complexe. Elle travaillait dur pour s'améliorer là où pour les autres cours, elle se contentait de bâcler ses devoirs sur un coin de table à la dernière minute ou pire encore, de ne pas les faire du tout.
Ils terminèrent leur travail avant de rassembler leurs affaires. Alors qu'ils sortaient de la bibliothèque, Adrian Pucey arriva en sens inverse, une pile de livres coincée sous le bras. Comme à son habitude, Théo le salua d'un simple signe de tête respectueux mais froid, que le plus âgé lui rendit à peine. Depuis l'incident avec Zabini, le préfet-en-chef se montrait pour le moins glacial...
- J'comprends toujours pas pourquoi tu t'obstines à être poli avec lui, siffla Valya quand ils se furent éloignés dans le couloir. Ce mec est une pourriture !
Il leva les yeux au ciel.
- Et alors ? C'est une raison pour s'abaisser à son niveau ?
Elle lui renvoya un regard accusateur.
- Tu pourrais juste l'ignorer... J'te jure, parfois on dirait limite que tu l'aimes bien !
- Ce n'est pas le cas ! protesta le châtain, indigné. C'est juste que...
- Que quoi ?! C'est un Mangemort, qu'est-ce qu'il te faut de plus ?
- Par Morgane, le monde n'est pas aussi manichéen que ce que tu penses, Valya, ce n'est pas juste noir ou blanc !
La jeune blonde recula d'un pas, les yeux arrondis par la stupéfaction et la peine. Il l'aurait giflée qu'elle n'aurait pas eu l'air plus blessée qu'à cet instant.
- Je... je sais ça ! bredouilla-t-elle en se frottant le front du plat de la main. Tu crois vraiment que j'aurais choisi d'aller à Serpentard sinon ?! C'est pas...
- Mais tu juges trop vite ! s'emporta Théo. Tu... tu n'as aucune idée de ce que ça signifie de grandir dans une famille tordue comme la sienne ! Pucey, il... c'est un Sang-Pur et ses parents soutiennent à fond Tu-sais-qui... quel genre de croyances abjectes ils lui ont fourrées dans le crâne, à ton avis ?! Combien de fois dans sa vie est-ce qu'on lui a répété que les Moldus n'étaient que des animaux stupides qui ne méritent pas de vivre, combien de fois on lui a assuré qu'il était supérieur à eux juste parce que son sang est soit-disant pur ? C'est du lavage de cerveau, tu comprends ça ?!
Les quelques étudiants qui passaient dans le couloir s'étaient arrêtés pour l'écouter, médusés. Théo hurlait à présent et le pire, c'était qu'il ne savait même pas vraiment pourquoi il était aussi en colère. Était-ce à cause de la terreur glacée qui lui nouait les entrailles à chaque fois qu'il pensait aux Mangemorts ? A chaque fois qu'il pensait à son père... Ou... à cause de la honte ? Cette honte épaisse et écœurante qui l'oppressait à chaque instant, l'étouffait à lui en donner la nausée.
- C'est pareil pour les autres, reprit-il en serrant les poings. Parkinson, Zabini... ET JE NE TE PARLE MÊME PAS DE DRAGO MALEFOY !
Valya avait tellement blêmi que ses taches de rousseur ressortaient sur sa figure telles de minuscules gouttes de sang.
- Théo non, s'il te plaît... murmura-t-elle d'un ton presque suppliant. Non...
Mais il était trop furieux pour l'écouter et il enchaîna sans pitié :
- Est-ce que tu as seulement une vague idée d'à quel point son père peut être terrifiant ? Oh bien sûr, il le traite comme un prince, il lui achète tout ce qu'il veut mais il faut être naïf pour ne pas comprendre que c'est juste la face visible de l'iceberg tout ça. La vérité, c'est qu'il veut un parfait petit héritier Sang-Pur, une pauvre marionnette ! Il l'a endoctriné depuis sa naissance, par tous les moyens possibles... Et tu penses qu'il faut quoi pour arriver à ce résultat là ?! Combien de brimades, de coups, de putain de Doloris ?
La jeune blonde tremblait, la respiration saccadée. Elle triturait frénétiquement les cordons de son sweat à capuche comme pour se raccrocher à quelque chose et ne pas perdre pied. Son regard évitait le sien à tout prix, elle avait l'air au bord des larmes et d'un ton si peu convaincu que c'en était risible, elle finit par dire :
- Il y a rien qui les oblige à subir ça. Ils pourraient...
Le châtain éclata d'un rire froid.
- Ils pourraient quoi ? Partir ?! Pour aller où, pour faire quoi ? C'est tellement facile de dire ça alors que si on était à leur place, peut-être qu'on serait exactement pareils ! Imagine deux secondes que tu aies été élevée dans une famille de Sang-Pur fervents admirateurs de Tu-sais-qui. Qu'est-ce qui te dit que tu ne serais pas devenue une pauvre garce comme Parkinson, qui passe son temps à cracher sur les Moldus et à mépriser tous ceux qu'elle considère comme impurs ?
Valya secoua violemment la tête, se mordant la lèvre inférieure avec force.
- Je... non, je...
- Tu n'en sais rien du tout ! asséna Théo d'une voix dure. Tu n'en sais rien parce que c'est impossible de savoir si on ne l'a pas vécu. Alors... bien sûr que ce n'est pas une excuse, bien sûr que c'est atroce qu'ils suivent Tu-sais-qui sans se poser de questions mais on a pas le droit de les juger, non ! Les seules personnes qui ont ce droit, ce sont les gens comme ton père et sa cousine !
Cette fois, les iris de la jeune fille ne reflétèrent rien d'autre qu'un profond désarroi. Elle était totalement perdue.
- Qu'est-ce que... quoi ? Mais... quel est le rapport entre mon père et... ça ?!
Il soupira profondément.
- Tout le monde sait à quel point la famille Black était attachée à la pureté du sang. Ils haïssaient les Moldus pourtant... Andromeda Black a épousé un né-moldu par Salazar ! Malgré tout ce qu'on lui avait raconté, toutes les valeurs atroces qu'on lui a inculquées... Elle savait très bien que sa famille ne l'accepterait jamais, elle savait ce qu'elle risquait mais... elle l'a fait quand même. Et ton père... il faut une force morale incroyable pour tourner le dos aux siens de cette manière, pour avoir le courage de rejeter en bloc ce que les autres voudraient que tu sois. Je l'admire pour ça parce que moi, jamais je n'aurais pu faire ça !
Théo ravala un sanglot étranglé. Voilà pourquoi il avait honte. La vérité, c'était qu'il ne valait pas mieux que Malefoy et tous les autres. La seule chose qui le différenciait d'eux, c'était qu'il avait eu de la chance. Une chance odieuse qui lui avait permis d'être arraché à l'emprise malsaine de son père sans avoir besoin de s'en défaire lui-même.
Il se rendit compte qu'il pleurait en sentant l'humidité sur ses joues, ses larmes aussi brûlantes que la morsure ardente du désespoir et de la culpabilité. Valya amorça un geste pour lui poser une main sur l'épaule, se ravisa au dernier moment. A la place, elle se laissa lourdement tomber sur le rebord en pierre de la fenêtre la plus proche.
- J'peux pas, souffla-t-elle. J'suis désolée mais je peux pas.
- Tu ne peux pas quoi ? protesta Théo, la gorge nouée.
- Je peux pas avoir ne serait-ce qu'une once de compassion pour des mecs comme Blaise Zabini ou Adrian Pucey. Je comprends ce que tu veux dire, vraiment. Mais... il y a des limites qu'on peut pas dépasser sans conséquences. J'ai un... un ami qui appelle ça... la ligne rouge.
- La ligne rouge ? répéta-t-il. Qu'est-ce que...
Elle lui jeta un coup d'œil désemparé.
- La ligne rouge, c'est cette ligne que tu franchis quand tu fais volontairement souffrir quelqu'un. Quand tu as le pouvoir et que tu le sais... si tu te laisses emporter par cette sensation grisante, cette impression de pouvoir mettre le monde à tes pieds... alors tu franchis la ligne.
La jeune blonde pressa ses poings contre son visage dans un geste convulsif et Théo comprit. Chacun à leur manière, ils se débattaient avec les démons de la honte, ces monstres cauchemardesques qui les noyaient dans un océan de détresse et de dégoût.
- Tu l'as déjà fait, murmura-t-il sans savoir s'il devait être horrifié ou désolé.
- Ouais...
- C'est pour ça que tu n'as pas envie de chercher à les comprendre ? Parce que… ça te fait un effet miroir ? Tu as l'impression de… te voir toi ?
Elle secoua la tête douloureusement.
- Non Théo, j'ai pas envie de chercher à comprendre des personnes comme Zabini ou Pucey parce que le jour où j'ai franchi cette putain de ligne rouge, je me suis donnée envie de vomir ! Alors qu'eux... ils la franchissent allègrement, sans JAMAIS le regretter une seule fois...
Théo n'essaya pas de dire quoi que ce soit. Il aurait pu la submerger d'un tas de paroles creuses, toutes plus vides de sens les unes que les autres... Il ne le fit pas. Il s'assit à côté de Valya, son épaule légèrement appuyée contre la sienne et ils restèrent simplement là, unis par le poids d'un même fardeau. Parfois, les silences valaient plus que les mots.
OOO
Harry marchait d'un bon pas dans les couloirs, Hedwige perchée sur son épaule. Seulement trois jours s'étaient écoulés depuis la réunion à La Tête de Sanglier pourtant... il s'était passé tellement de choses que cela aurait aussi bien pu faire trois semaines. Ombrage avait mis en place un nouveau « décret d'éducation » interdisant toute organisation, association, équipe, groupe ou club d'élèves. Ce qui signifiait non seulement qu'ils avaient dû demander l'autorisation pour reformer l'équipe de Quidditch de Gryffondor mais qu'en plus, leur petit groupe de défense devenait de facto illégal. De toute évidence, quelqu'un avait espionné leur rassemblement à Pré-au-Lard.
Le Survivant s'était également rendu compte avec horreur qu'il pouvait en quelque sorte ressentir les émotions de Voldemort. D'un seul coup, sa cicatrice le brûlait et il était capable de dire si le mage noir était heureux, en colère... Sans compter ses cauchemars récurrents avec cette fichue porte, toujours la même. Parfois, il arrivait à s'en approcher tellement près qu'il aurait pu effleurer la poignée. Puis la porte disparaissait sans prévenir en le renvoyant à ses rêves normaux ou alors il se réveillait en sursaut juste à ce moment.
Il avait presque atteint la tour Ouest lorsque au détour d'un couloir, il manqua de foncer dans une personne qui venait en sens inverse.
- Potter ? Tu fais une petite promenade nocturne ?
Affublée d'un sweat-shirt trop large dont les manches retroussées laissaient apparaître ses tatouages, Valya lui adressa un sourire malicieux. Toutefois, Harry fut aussitôt frappé par les cernes d'un violet profond qui soulignaient ses iris clairs. Ce n'était pas la première fois qu'elle lui semblait fatiguée mais à ce point...
- Euh... tu vas bien ? questionna-t-il sans pouvoir s'en empêcher.
Elle haussa les épaules avec une nonchalance forcée.
- Pourquoi ça irait pas ?
- Tu as l'air... enfin ne le prends pas mal mais tu as vraiment l'air épuisée...
Lui-même avait un sommeil suffisamment agité pour être capable de reconnaître une personne qui enchaînait les nuits trop courtes.
- C'est juste que... je dors pas très bien, lâcha la jeune blonde en évitant de le regarder. C'était déjà pas la joie avant mais c'est pire depuis que je suis arrivée à Poudlard... Du coup je me balade, c'est toujours mieux que de rester à me retourner dans mon lit. Et toi alors ? Qu'est-ce que tu fais là à... une heure du matin ?
- Ma chouette était blessée. Gobe-Planche l'a soignée, on vient de me la ramener et je ne voulais pas qu'elle se fatigue en retournant à la volière, expliqua-t-il alors qu'elle lui emboîtait le pas.
Il se sentait particulièrement mal à l'aise parce que ce qu'il s'était bien gardé de préciser, c'était que Hedwige avait été attaquée en lui ramenant une lettre de Sirius. Son parrain lui avait donné rendez-vous la veille à la cheminée de la salle commune. La discussion avait été houleuse. Sirius semblait avoir très bien compris qu'on lui cachait quelque chose et il n'avait pas cherché à dissimuler sa mauvaise humeur. Mais le pire, c'était qu'Ombrage avait bien failli l'attraper. Harry voyait encore danser devant ses yeux l'image épouvantable de la main boudinée du vieux crapaud surgissant au milieu des flammes pour chercher à saisir Sirius par les cheveux.
- Blessée ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
- McGonagall m'a dit que le courrier était surveillé... et Hermione est persuadée que c'est Ombrage qui a intercepté Hedwige pour lire ma lettre, marmonna-t-il en se mordant l'intérieur de la joue.
- Pourquoi ça me surprend même pas... lâcha Valya avec dégoût.
Ils atteignirent enfin la volière et après une dernière caresse, Harry laissa sa chouette rejoindre les autres. Quand ils furent revenus dans le couloir, un silence désagréable s'installa et le brun hésita. Est-ce qu'il devait lui dire... ? Lui, il avait confiance en elle mais... tout le monde ne cessait de lui répéter qu'elle n'était pas fiable, qu'il devait rester méfiant... Et elle était tout de même à Serpentard.
« Comme si tu ne lui cachais pas déjà assez de choses... Tu peux au moins lui parler de ça, non ? » susurra une voix mauvaise dans un coin de sa tête et ce fut ce qui le décida. Au diable Ron, Hermione, Dumbledore et tous les autres. Valya était l'une des rares personnes à le croire à propos de Voldemort, elle avait le droit d'être au courant.
- Au fait, j'ai peut-être trouvé une salle pour notre histoire de groupe de défense, annonça-t-il. C'est une pièce spéciale qui s'appelle... la Salle sur Demande. Tu veux venir voir ?
- Carrément ! Mais je parie que ça sera pas aussi cool que la Chambre des Secrets, taquina-t-elle avec un clin d'œil goguenard.
Les deux adolescents se dirigèrent vers le septième étage. Quelques minutes plus tard, ils arrivaient devant un pan de mur lisse face à une immense tapisserie montrant Barnabas le Follet, un sorcier qui avait tenté d'apprendre à danser à des Trolls.
- Bon euh... en principe c'est ici, avoua Harry, peu sûr de lui. Apparemment, il faut passer trois fois devant ce mur en pensant très fort à ce que l'on veut...
La jeune blonde laissa échapper un gloussement incrédule.
- Sérieux ? Eh ben... à toi l'honneur...
Se sentant parfaitement ridicule, le Gryffondor se plaça face au mur en regardant droit devant lui, les poings serrés. « On a besoin d'un endroit pour apprendre à se battre… Un endroit pour nous entraîner à la magie, où personne ne pourra nous trouver… », songea-t-il de toutes ses forces en faisant des allers-retours.
- Potter, regarde ça !
Harry cilla. Là où il n'y avait auparavant qu'un simple mur en pierre, une porte de bois verni venait d'apparaître. Un peu méfiant, il saisit la poignée et l'abaissa avec précaution. Ils découvrirent une immense pièce, éclairée par des torches fixées au mur.
- Waaaoh, souffla Valya en ouvrant des yeux ronds comme des Gallions. Dément...
Au centre, il y avait un vaste espace dégagé. Disposées en demi-cercle, les silhouettes intimidantes de mannequins d'entraînement rembourrés les dominaient de leur regard sans vie. L'un des murs était entièrement recouvert par un miroir abîmé.
- Dis donc, il y a de ces bouquins ici... s'extasia la jeune blonde en laissant traîner sa main sur les bibliothèques alignées le long du mur opposé. Ta copine Granger serait dingue.
Harry s'approcha des étagères installées au fond de la pièce. Elles étaient chargées de toutes sortes d'instruments tels des Scrutoscopes, des Capteurs de Dissimulation et une grande Glace à l'Ennemi craquelée, celle-là même qu'il avait déjà vue l'année précédente dans le bureau du faux Maugrey. Il remarqua aussi d'étranges marques gravées un peu partout sur le parquet sombre.
- Et ça, qu'est-ce que c'est ? Des runes ?
Valya s'accroupit pour les examiner de plus près.
- Ouais. Il y a des sortilèges de protection et...
Elle sortit sa baguette pour l'agiter au dessus d'un groupe de runes. Un grondement retentit dans la salle, la terre se mit à trembler. Harry paniqua en se sentant attiré vers le bas. Il comprit qu'il se tenait en réalité sur une plate-forme qui s'enfonçait petit à petit dans le sol. Sous ses pieds, les lattes de bois se transformèrent en gravier épais et il trébucha, surpris par le changement. Enfin, le décor se stabilisa et...
La mâchoire du Survivant se décrocha. Il se trouvait à présent au milieu d'une sorte d'arène imitant le terrain d'une colline boisée. En levant les yeux, il pouvait toujours apercevoir le plafond de la Salle sur Demande plusieurs mètres au-dessus de lui mais un fin dôme de protection translucide était apparu. Des gradins de bois s'étaient déployés de chaque côté, surplombant la fosse.
Harry fit quelques pas chancelants, ébahi par ce qui l'entourait. De l'eau envahit ses chaussures, trempant ses chaussettes et imbibant le bas de son pantalon. Il poussa un cri de surprise et recula précipitamment. A sa droite, un rocher nimbé de lichen supportait une cascade qui crachotait dans un bassin creusé dans la roche en contrebas. Un maigre ruisseau serpentait entre les pierres moussues. Quelques planches vermoulues étaient jetées ça et là pour permettre de traverser mais le cours d'eau pouvait aisément être enjambé. De l'autre côté, l'endroit était envahi par les ronces et les racines noueuses. Des conifères touffus s'élevaient sur un talus en étendant leurs longues branches sombres.
Valya émergea entre deux arbres et dévala la butte pour se précipiter vers lui. Elle atterrit à pied joint dans le ruisseau avec une gerbe d'éclaboussures mais c'était visiblement le cadet de ses soucis.
- Incroyable ! J'ai jamais vu un truc pareil ! s'exclama-t-elle, les joues rougies par l'exaltation.
- Je ne pensais même pas que c'était possible de faire ça dans une pièce, approuva le brun, encore sidéré. Et pour sortir de là, on fait comment à ton avis ?
Elle haussa les épaules.
- Essaye Finite ?
Sa baguette magique pointée vers le dôme nacré, Harry lança un « Finite Incantatem ». En un clin d'œil, le décor s'effaça et la plate-forme remonta pour les ramener dans la salle.
- C'est vraiment... waoh. Et tu veux savoir le meilleur ? J'crois que tu peux changer d'environnement en fonction des runes que tu choisis ! Ces runes là, ça voulait dire en gros « cascade dans la foret » mais cette combinaison ici, ça pourrait se traduire par « passage »... ou « allée » peut-être ?
- Vas-y, on verra bien ! s'impatienta le Gryffondor qui se sentait lui aussi gagné par l'excitation maintenant que le choc de le découverte s'était atténué.
Elle relança le sortilège d'activation et quelques secondes plus tard, ils déambulaient dans une rue pavée qui présentait un curieux air de famille avec le Chemin de Traverse. Des caisses en bois traînaient devant les échoppes désertes. Harry repéra des chaudrons cabossés, des cages déglinguées et il y avait même quelques vieux balais entassés contre une devanture.
- Tu imagines, on peut imiter des vrais combats ici ! Il y a des cachettes, du relief... Pourquoi on ne nous fait pas faire des choses comme ça en classe au lieu de nous obliger à lire des vieux grimoires moisis ?!
- A Durmstrang, les trois quart des cours de duel se déroulent dans des terrains d'entraînement de ce genre, il y en a plusieurs à l'extérieur du château, l'informa la jeune blonde. D'après ce que j'ai compris, ici le programme de défense c'est juste une vaste blague...
- Remus Lupin était vraiment bien, assura l'adolescent. Mais il axait plutôt ses cours sur les créatures dangereuses...
Une grimace se peignit sur le visage de la Serpentard.
- Ben... disons qu'il y a deux ans, t'avais probablement plus de chances de te faire attaquer par un Strangulot mal luné en allant te baigner à l'étang du coin que de tomber sur un Mangemort. Maintenant...
- Ouais... Au final, le meilleur prof qu'on ait eu, c'était Barty Croupton Junior quand il s'est fait passer pour Maugrey Fol Oeil l'année dernière, lâcha Harry d'un ton amer. Il était cinglé mais au moins il nous apprenait des trucs utiles. Si c'est pas ironique...
En un coup de baguette, il rendit à la salle son aspect normal et ils se laissèrent tomber sur les coussins en soie éparpillés au sol. Valya lui jeta un regard penaud.
- Ok... Je retire ce que j'ai dit, c'est carrément plus classe que la Chambre des Secrets. Comment t'as trouvé cette pièce ? Elle était indiquée sur la Carte ?
Il secoua la tête.
- Non, justement. Je ne sais pas si c'est parce que Sirius et mon père ne la connaissait pas ou si ça fait juste partie des pouvoirs de la salle. Peut-être qu'elle est... incartable, comme certains lieux magiques qui sont cachés des Moldus, tu vois ?
- Possible... Mais alors... ?
- Oh c'est un elfe de maison qui m'en a parlé, dit Harry en se passant une main dans les cheveux. Il y en des tas ici, ils s'occupent de la cuisine, du ménage, ce genre de choses.
- Un elfe ? T'as pas peur qu'il aille tout raconter à un prof ? S'ils travaillent pour l'école...
- Dobby ne ferait jamais ça, c'est mon ami ! Bon d'accord, il est un peu loufoque parfois mais très gentil.
La jeune blonde se figea.
- Dobby ? répéta-t-elle d'une voix blanche.
- En fait, c'était l'elfe des Malefoy avant. J'ai réussi à le libérer et...
En quelques mots, il lui raconta le rôle qu'avait joué Dobby dans les mésaventures de sa deuxième année passée à Poudlard mais il s'aperçut bien vite que Valya ne l'écoutait pas. Elle le dévisageait avec une expression de pure horreur, à peu près la même que s'il venait de tuer quelqu'un sous ses yeux. Elle se releva d'un bond, tellement vite qu'elle se prit les pieds dans son coussin.
- Je... Il faut que j'y aille, je...
- Quoi ? protesta le Survivant. Attends, qu'est-ce que...
La jeune fille pressa ses mains tremblantes contre son visage, la respiration hachée. Elle lui jeta un dernier regard affolé et elle sortit en courant, laissant un Harry abasourdi seul dans la Salle sur Demande.
OOO
Valya n'aimait pas les elfes de maison. Elle n'aimait pas leur petite voix geignarde, leur obséquiosité écœurante, leur servilité sans failles... Elle ne les détestait pas au point de les insulter ou de les maltraiter gratuitement, en revanche, s'il y avait un elfe qui éveillait en elle des envies de meurtre, c'était bien celui-là.
La jeune blonde dévala les escaliers jusqu'au sous-sol. Elle se retrouva bien vite devant un tableau représentant une coupe de fruits géante, celui qui dissimulait l'entrée des cuisines du château. Heureusement qu'elle connaissait le moyen d'entrer sinon, dans l'état où elle se trouvait, elle aurait été prête à défoncer le mur à mains nues.
Elle chatouilla la grosse poire verte qui se tortilla et gloussa avant de se métamorphoser en une grande poignée. Valya ouvrit la porte et se retrouva dans une immense salle très haute de plafond. Comme dans la Grande Salle, il y avait quatre longues tables, une pour chaque maison. Des quantités de marmites et de casseroles en cuivre étaient entreposées le long des murs, de chaque côté d'une imposante cheminée en briques. L'endroit était désert, mis à part un elfe de maison enrobé à l'air grincheux. Il avait de grands yeux bleus globuleux et son nez épaté était semblable à une petite pomme de terre. Ses longues oreilles tombantes tressautèrent d'étonnement en l'apercevant.
- La jeune maîtresse ne devrait pas être ici, dit-il d'un ton contrarié. Elle devrait être dans son lit, ça oui. A cette heure-ci, Pitts doit vérifier la propreté de la cuisine et les maîtres les professeurs ont dit qu'à cette heure-ci, les petits maîtres doivent dormir dans leur lit, oui oui oui...
Contenant comme elle pouvait son impatience angoissée, la Serpentard s'obligea à se montrer polie malgré sa répugnance.
- Oui je sais, pardon. Je n'arrivais pas à dormir et...
- La jeune maîtresse désire-t-elle une tasse de chocolat avant de retourner se coucher ? coupa l'elfe avec empressement. Pitts peut faire ça, un chocolat chaud pour la jeune maîtresse, oh oui ! s'exclama-t-il en claquant des doigts pour faire voler une casserole jusqu'à lui.
- Non, non pas de chocolat ! l'arrêta-t-elle en passant une main frustrée dans ses mèches blondes. Est-ce que... je pourrais parler à... Dobby ? C'est... ma chouette était blessée, on m'a dit que c'était lui qui devait me la ramener mais il n'est pas venu... improvisa-t-elle en catastrophe.
L'expression de l'elfe devint encore moins engageante. Il se dandina sur place, à la fois fâché et satisfait.
- Dobby a mal fait son travail... Pitts sait que Dobby est un mauvais elfe, très mauvais oui. Pitts l'a dit au grand maître, monsieur le professeur Dumbledore mais le maître monsieur Dumbledore a dit à Pitts qu'il ne devait pas être trop dur avec Dobby. Pitts va prévenir maître professeur Dumbledore que Dobby ne travaille pas assez bien !
- NON ! Surtout pas ! paniqua Valya. C'est sûrement un malentendu... Est-ce que tu... euh, Pitts... vous... est-ce que vous pouvez juste demander à Dobby de venir me voir ? Je vais l'attendre dans le couloir. S'il vous plaît... ajouta-t-elle, les poings serrés.
L'elfe lui jeta un regard soupçonneux mais...
- Pitts va dire à Dobby de donner tout de suite une explication à la jeune maîtresse, oui. La jeune maîtresse pourra dire au maître monsieur le professeur Dumbledore que Dobby doit être puni !
Incapable d'ajouter quoi que ce soit tant elle avait la gorge serrée, la jeune blonde se contenta d'acquiescer mécaniquement. Elle sortit de la cuisine et se mit à faire les cent pas, avec la sensation que les secondes défilaient aussi lentement que des heures. Un craquement sonore la fit sursauter et elle se retrouva nez à nez avec Dobby.
Il n'avait pas changé depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu. Il avait toujours le même long nez en pointe et les mêmes grands yeux verts aussi ronds que des balles de tennis. La seule différence, c'était qu'il portait à présent un short de couleur criarde et que ses grandes oreilles de chauve-souris dépassaient sous toute une pile d'affreux chapeaux en laine. Il avait également plusieurs écharpes tricotées autour du cou et ses pieds étaient recouverts par d'innombrables chaussettes.
Valya n'eut même pas le temps d'être déconcertée face à cet accoutrement. Dès qu'elle le vit, quelque chose craqua en elle, barrage inconscient qu'elle avait créé pour ne pas se laisser engloutir par les vagues destructrices de la haine. Et la rage monta à une vitesse affolante, aussi ardente qu'un Feudeymon consumant tout sur son passage. Elle se jeta sur l'elfe pour le soulever par son immonde masse d'écharpes et l'épingla contre le mur.
- Salut Dobby... cracha-t-elle d'une voix tellement débordante de férocité qu'elle en aurait effrayé même le plus endurci des Mangemorts. Tu me reconnais ?!
Il couina, de peur ou de douleur, elle n'en savait rien et elle s'en foutait bien.
- Dobby vous reconnaît, Miss... Dobby se souvient, oh oui...
- Ah ouais ?! Alors tu te souviens de ce qui s'est passé la dernière fois qu'on s'est vus ? Tu te souviens de ce que t'as fait ?! Tu l'as prévenu ! feula-t-elle en secouant l'elfe si fort que sa tête cogna contre le mur. Tu t'es précipité pour lui raconter ce qu'on allait faire, c'est comme ça qu'il l'a su !
Les yeux de Dobby roulèrent dans leurs orbites, épouvantés.
- Le maître avait demandé à Dobby de l'avertir si quelqu'un entrait dans son bureau, Dobby était obligé ! Dobby ne pouvait pas désobéir...
- MAIS TU L'AS FAIT ! hurla Valya sans même se soucier que quelqu'un l'entende. Tu es parti du manoir pour aller voir Harry Potter, tu lui as dit de ne pas retourner à Poudlard parce que tu savais que la Chambre des Secrets allait être ouverte et c'est toi qui lui as fait comprendre pour le journal de Jedusor ! Pour lui ça ne t'a pas dérangé de désobéir mais nous, tu nous as dénoncés ! Pourquoi tu ne pouvais pas juste la boucler, hein ?! T'avais qu'à fermer ta gueule et aller te brûler les mains avec le fer à repasser ou te fracasser les crâne contre un mur, comme d'habitude ! Putain, j'ai failli mourir à cause de toi, il a essayé de me tuer tu comprends ça ?!
- Dobby est désolé, Dobby ne voulait blesser personne, pleurnicha l'elfe, son glapissement déraillant davantage dans les aigus.
Ses iris humides de terreur mirent la jeune fille encore plus hors d'elle. Dobby les avait vendus sans hésiter. Il passait son temps à s'infliger des punitions débiles pour des broutilles mais là, il n'avait même pas essayé de retenir ses minables pulsions serviles. Il avait couru chercher son maître tel un chien bien dressé. Pour Harry Potter en revanche...
Valya sentit son souffle se couper, submergée par un amer sentiment d'injustice. Ses oreilles bourdonnaient, sa tête lui tournait... Elle hoqueta et avala de travers, sa salive faisant l'effet d'une coulée de lave en fusion. Une intense sensation de brûlure lui transperça la nuque, un voile rouge obscurcit sa vision alors qu'elle posait les yeux sur Dobby. Tout était de sa faute. S'il n'était pas allé tout balancer à Lucius Malefoy, ils auraient eu plus de temps. Et s'ils avaient eu plus de temps, juste un tout petit peu plus, alors peut-être qu'elle aurait pu convaincre Drago de...
Elle resserra sa prise et ce ne furent plus ses ongles mais des griffes tranchantes qui s'enfoncèrent dans la chair de l'elfe. Il geignit de plus belle, gigotant tant bien que mal pour se dégager.
- Tu ne parles de cette histoire à personne, t'entends ?! A personne ! Tu ne dis rien sur moi, sur les Malefoy et sur ce qui s'est passé là-bas, surtout pas à Dumbledore ou à Potter !
- Dobby ne dira rien ! promit-il, de plus en plus agité.
- Et si Potter vient te poser des questions, toi et moi on s'est jamais vus, c'est clair ?! siffla la jeune blonde.
A sa grande horreur, l'elfe secoua frénétiquement la tête.
- Dobby ne dira rien mais si monsieur Harry Potter demande, Dobby lui parlera, Dobby ne mentira pas au grand Harry Potter, ça non !
- Quoi ?! Tu vas faire ce que je te dis, c'est tout ! Je t'interdis de...
L'elfe redressa son petit menton pointu, la défiant de toute sa ridicule hauteur.
- Dobby n'a d'ordres à recevoir de personne, Dobby est un elfe libre !
Il y eut un nouveau « CRAC » et une seconde plus tard, les mains de la jeune blonde se refermaient sur le vide. Dobby avait disparu.
- Reviens ici espèce de sale gnome à la noix ! rugit-elle, sa voix résonnant dans le couloir désert.
Mais c'était inutile. Ce petit enfoiré d'elfe avait tout bêtement transplané en la laissant plantée là.
Des larmes de fureur et de frustration lui piquèrent les yeux. Depuis qu'elle était arrivée à Poudlard, toutes les émotions qu'elle refoulait depuis des années jaillissaient sans qu'elle puisse les retenir. C'était comme une créature féroce, une bête sauvage et sanguinaire qui creusait un trou dans sa poitrine, se frayant un passage à la force de ses griffes.
Prête à tout pour endiguer le chaos qui menaçait de la submerger, Valya envoya son poing percuter le mur. Encore. Parce que c'était la seule solution, la seule manière de réussir à reprendre le contrôle. Ses phalanges craquèrent, elle sentit l'onde de choc se répercuter jusque dans son coude mais...
- Putain de merde !
La douleur lui vrilla la nuque, plus insidieuse, plus pressante, et elle sut que non, cette fois la crise n'allait pas pouvoir être évitée. « Merci Dobby », songea-t-elle avec hargne. Décidément, elle n'aimait pas les elfes de maison.
Il ne lui restait qu'une seule solution : courir. Il fallait qu'elle sorte du château et vite. Ses baskets crissèrent lorsqu'elle dérapa sur les dalles de pierre. Dix minutes plus tard, la masse sombre et menaçante de la Forêt Interdite se dressait devant elle. La jeune fille s'engouffra sans hésiter sur le sentier éclairé par les rayons pâles de la lune. Elle avait besoin de se vider la tête, de stopper le flot de pensées sauvages qui bouillonnaient sous son crâne. Alors elle se mit à courir encore plus vite, sans but, manquant à plusieurs reprises de se tordre la cheville dans les ornières qui parsemaient le chemin. Elle courut jusqu'à avoir la sensation que les muscles de ses jambes étaient transpercés par des milliers de minuscules aiguilles, jusqu'à ce que ses poumons crient grâce et qu'elle se retrouve pliée en deux par un point de côté.
Valya prit une grande inspiration, lentement. Contre toute attente, l'air frais avait suffit à lui faire reprendre ses esprits. Ses griffes s'étaient rétractées, lui laissant pour seul souvenir des picotements désagréables au bout des doigts. Elle passa une main prudente sur sa nuque encore sensible, constata qu'elle était à peine chaude au toucher et soupira de soulagement. Le pire était passé.
Sortant sa baguette, elle marmonna un « Lumos » et jeta un coup d'œil perplexe à ce qui l'entourait. Elle avait atterri dans une sorte de clairière parsemée de menhirs bas. Le halo blanchâtre de son sortilège lui permit de distinguer des traits gravés dans la roche. Les yeux plissés, elle reconnut des runes semblables au futhark classique mais elles étaient bien trop effacées pour qu'on parvienne à les déchiffrer.
Au centre, se dressait le plus gros chêne qu'elle ait jamais vu, colosse de verdure dont les frondaisons évoquaient les doigts d'un gigantesque spectre tout droit sorti des ombres. Le reste de la végétation formait un cercle parfait autour, comme si la clairière avait été découpée dans la forêt à l'aide d'un emporte-pièce.
- Chelou comme endroit... commenta la jeune blonde à haute voix sans trop savoir pourquoi.
Une bourrasque s'éleva, soulevant un nuage de feuilles mortes. Valya frissonna violemment. Son t-shirt trempé d'une sueur glaciale lui collait à la peau et elle rabattit la capuche de son sweat-shirt sur son crâne pour récupérer un peu de chaleur. Sous ses yeux, les feuilles retombaient au sol en tourbillonnant un peu trop lentement pour que ce soit normal, portées par une espèce de force invisible. Le malaise de la Serpentard augmenta encore d'un cran.
Le lieu dégageait vraiment une aura indéfinissable, une impression d'être hors du temps, très loin du monde réel. Tout semblait différent. C'était cet étrange crépitement dans l'air, comme s'il était chargé d'électricité statique. C'était les senteurs des plantes qui lui picotaient les narines, les sons... Octobre n'avait pas encore dépouillé les arbres de tout leur feuillage et le chuintement du vent entre les branches avait quelque chose d'inquiétant.
CRAC !
Valya tourna vivement la tête. Ce craquement là, il n'avait rien de naturel.
- Y'a quelqu'un ? lança-t-elle avec méfiance. Eh oh ?
D'autres brindilles craquèrent et elle resserra sa prise autour de sa baguette magique.
- Qui est là ? Montrez-vous !
Une silhouette dégingandée apparut derrière un tronc et la jeune blonde se détendit avec un soupir de soulagement. Levant les yeux au ciel, elle abaissa sa baguette.
- Oh c'est toi... Sérieux, tu me suis ou quoi ?! Qu'est-ce que tu fous là, Malefoy ?
Le blond ne répondit pas. Immobile, il la toisait d'un sinistre regard fixe et avec un temps de retard, elle prit conscience que quelque chose clochait. Drago était torse nu et sans chaussures. Ses épaules étaient couvertes d'égratignures et des traces de boue maculaient son pantalon de pyjama, comme s'il errait dans la forêt depuis déjà plusieurs heures, sans avoir regardé où est-ce qu'il mettait les pieds. Lui aussi avait sorti sa baguette. Valya avala sa salive de travers, l'estomac noué par un très mauvais pressentiment.
- Malefoy... ?
- AVADA KEDAVRA !
Oh tiens donc, un petit cliffhanger, je crois que c'est le premier mouahaha
C'est parti pour le débrief du coup. Déjà, impressions, réactions, questions ? Qu'est-ce que ça vous a inspiré ce chapitre ?
J'ai dit au début qu'il avait été difficile à écrire : déjà parce qu'il est bourré de descriptions, d'abord de lieux et ce n'est clairement pas ce que je préfère ni mon point fort en écriture x) J'espère avoir quand même réussi à retransmettre l'ambiance que je voulais, notamment dans la description de la clairière qui, comme vous vous en doutez peut-être, aura une grande importance par la suite... J'en profite pour remercier Renarde_de_Brume qui m'a bien aidée sur ce point et je vous encourage à aller lire sur Wattpad sa fanfiction Le sourire du Corbeau, elle est géniale et les descriptions sont magiques justement, ça m'a beaucoup inspirée
Ensuite, il y avait pleins de descriptions d'émotions, sentiments et c'était parfois très dur de trouver le ton juste sans tomber non plus dans le pathos. Je vais revenir sur quelques points en particulier :
- la discussion de Théo et Valya. Honnêtement, je ne sais toujours pas trop quoi en penser. Je voulais faire une sorte de parallèle avec la discussion Hermione/Valya dans le chapitre précédent pour montrer comment les deux côtés opposés pouvaient se sentir. J'adore le début, quand Théo parle des enfants de Mangemorts, beaucoup moins la fin avec l'histoire de la ligne rouge. Du coup, n'hésitez pas à donner votre avis là-dessus x)
- la confrontation entre Valya et Dobby. C'était sans hésiter LA grosse difficulté du chapitre qui m'a fait m'arracher les cheveux. Je ne voulais surtout pas donner l'impression d'excuser ou d'atténuer le comportement de Valya envers Dobby, au contraire je voulais montrer à quel point la manière dont elle le traite est horrible... tout en montrant comment la situation peut paraître horriblement injuste et cruelle de son point de vue à elle. Comme j'ai en plus choisi d'utiliser son POV et non pas un point de vue extérieur, c'était d'autant plus galère. C'est pour cette raison que je trouvais la dernière phrase de Dobby vraiment symbolique, encore une fois, n'hésitez pas à dire ce que vous en pensez !
Quelques autres points en vrac :
- A propos de la Salle sur demande : je ne sais pas vous mais j'ai toujours été hyper déçue par la Salle sur demande que ce soit dans les livres ou dans les films. On nous vend une pièce extraordinaire qui peut se transformer en ce que l'on veut et au final on se retrouve avec une bête salle d'entraînement qui pourrait tout aussi bien être une salle de classe classique. Du coup j'espère que ma vision de la Salle sur Demande vous plaira haha.
- l'elfe de maison Pitts n'est pas sorti de mon imagination mais du jeu mobile Hogwarts Mystery. D'ailleurs, ça aussi c'était une difficulté : faire parler des elfes de maison comme des elfes de maison mais sans que ça devienne saoulant ! x)
Voilà, j'arrête de bavarder, on se retrouve le plus tôt possible j'espère et si ça vous a plu, n'oubliez pas de laisser une petite review please !
