A/N : Youhou ? Y'a quelqu'un ? Ce texte est toujours vivaaaant !

N'hésitez pas à laisser des commentaires. J'aime bien en recevoir (en vrai, j'ai l'impression d'écrire un truc qui est obscur et qui intéresse trois péons ici. C'est mon lectorat habituel, mais vu les efforts d'écriture que demande cette fic comparée aux autres, c'est un peu plus compliqué à gérer que d'habitude.)


2 juillet

Apparemment, Mère commence déjà à chercher une épouse à Sirius. Pense-t-elle que si elle attend trop, elle craint qu'il ne soit plus mariable ? Elle nous sert depuis trois jours le même couplet pour la fête de Maeve¹ : c'est la fête des fiançailles, c'est un exemple à suivre, il n'y a pas beaucoup de demoiselles dignes de l'héritier Black et s'il attend trop, il finira comme ces imbéciles de Prewett ou oncle Alphard. Sirius est absolument ravi, évidement, et a annoncé qu'il allait passer la fête avec ses amis à jouer au Quidditch. S'en est suivie une dispute parce que Mère devine bien que seul, il n'ira saluer ni les Rosier, ni les Burke ou les Flint. Résultat : c'est à moi de m'assurer que mon frère se comporte assez bien. Parce que je suis raisonnable… Ah !

Je suis allé voir Sirius pour temporiser : saluer qui de droit rapidement, puis rejoindre ses amis. J'y ai passé une heure ! Une heure ! Monsieur ne voulait pas montrer qu'il cédait devant Mère. Ah, que Merlin me sauve de l'incapacité des Gryffondor à faire des compromis !

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¹ La fête de la reine Maeve, « fête des enfants » le 5 juillet servait aussi de date traditionnelle pour les annonces de fiançailles des familles de sang-purs.


3 juillet

Le geignement et le gémissement des cloches¹. L'image m'a suivi jusque dans mes rêves…

Quelle ironie, quand elles ne sonnent encore pour personne…

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¹ Allusion probable au poème « les cloches » de Poe.


4 juillet

Il n'empêche – comment diable ces livres se retrouvent chez les Black ? Comment personne ne les a jetés quand la marque d'impression indique le siècle dernier ?

J'ai passé ma journée à lire, sauf pour les repas qui se déroulent dans une humeur noire. Comment ma mère peut espérer que Sirius charme les héritières dont elle tente de faire le portrait ?

Mais ils préféreraient briser leur baguette eux-mêmes plutôt que d'admettre qu'ils vont trop loin ou qu'ils ont tort.

Grand bien leur fasse ! Mais qu'ils aillent chez les géants pour les plats cassés de demain !


5 juillet

Drames évités ! Je vais considérer cela comme une victoire, tant elles sont rares.

Sirius était évidemment en train de traîner les pieds. Il était d'une humeur noire et n'a pas dit un mot sauf quand il y était forcé. Absolument insupportable. J'aurais fait meilleure impression seul ! Mais cela aurait redoublé les tensions entre Sirius et Mère – trop risqué pour cet été.

Le pire a été atteint avec les Rosier. Nous avons subi une conversation très bizarre où la mère d'Elena n'a cessé de flatter la beauté de sa fille, pendant qu'elle l'ignorait totalement et faisait comme si on parlait d'une autre héritière Rosier. Nous sommes partis aussi vite que la politesse le permettait.

Évidemment, juste après, il a fallu que Sirius commence à se plaindre et à me demander qu'on aille tout de suite retrouver James alors qu'il restait à saluer les Flint. Je commençais à redouter l'explosion, quand j'ai vu Jonathan Spinett avec sa famille¹. Plutôt que d'aller directement voir les Flint, je me suis dirigé vers lui… Quand mon frère l'a reconnu, il a enfin cessé de se plaindre. Je l'ai laissé jouer au fan de Quiddich transi, mais je me suis fait un honneur de le féliciter pour ses deux carrières. Sirius m'a regardé sans comprendre, jusqu'à ce qu'il se souvienne des monologues rageurs de grand-père – son ascension au Magenmagot a toujours été un point douloureux pour lui.

Sirius a gagné un autographe, et j'ai définitivement gagné un point.

J'ai fait une rencontre intéressante quand nous sommes allés saluer les Flint qui discutaient avec une femme en grande tenue de deuil. Lorsque nous nous sommes rapprochés, nous l'avons vue se tourner vers leur fille aînée et lui saisir le poignet pour le tapoter avec beaucoup de compassion :

« Vraiment, profite bien du temps que tu as pour être heureuse, ma chère Melody. Regarde-moi, je pensais avoir tout le temps du monde avec ce cher Winston, et nous avons eu à peine trois ans… Quand je pense que son meurtrier court toujours et qu'on ne sait toujours pas qui a ordonné sa mort ! »

La réplique a eu un effet absolument fascinant, parce qu'à part son interlocutrice, tout le monde a eu l'air de sucer un citron jusqu'à ce qu'elle fasse ses adieux. Quelques questions plus tard, j'ai appris qu'il s'agissait de la veuve Travers². Je me rappelle vaguement d'eux mais peu de ce qu'il s'était passé, sauf qu'ils faisaient partie de tous ceux qui étaient dans les rangs parce que contraints.

Dès que j'ai pu quitter les Flint, j'ai laissé Sirius chercher ses amis et je suis parti à sa recherche pour lui transmettre mes condoléances et faire une allusion cryptique à d'autres personnes qui partagent ses craintes. Elle a eu l'air un peu surprise – mon âge, sans doute – avant de me remercier. Transmettre à Greengrass.

En rejoignant mon frère, j'ai aperçu Victoria et j'en ai profité pour lui proposer de nous rejoindre. Je connais assez Sirius et ses amis pour savoir qu'il y aura bien des moments où ils seront trop perdus dans leurs sous-entendus pour se souvenir que je ne les comprends pas. La mère de Victoria a eu l'air ravie de la voir nous accompagner, ce qui m'a surpris. Elle m'avait dit que sa mère trouvait que ce n'était pas une activité pour une jeune fille de bonne famille. Notre victoire l'a-t-elle fait changer d'avis ?

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¹ A cette époque, Jonathan Spinnet avait fini sa carrière de joueur de Quidditch et avait utilisé sa notoriété pour se faire élire au Magenmagot parmi les Réformistes en 1968. Les Black et d'autres familles proches des Crabbe se faisaient un devoir de l'éviter.

² Winston Travers est mort en 1974. L'enquête n'a rien pu prouver, mais son épouse, Anne Stretton, a toujours maintenu qu'il s'agissait d'un assassinat par des gens qui voulaient intimider la famille Travers. L'affaire avait rencontré assez peu de soutien à l'époque du fait de la méconnaissance du réseau de Voldemort.


6 juillet

« Madame,

Je souhaite commencer cette lettre par un avertissement sans doute inutile, mais que je m'en voudrais de ne pas tenter. Il me semble que Lilah Bones est une proche de votre mari à défaut d'être des vôtres, pourriez-vous insister auprès d'elle la plus grande prudence ? Elle sait, et vous de même, que les affaires qu'elle défend soulèvent rancœur et haine chez certaines personnes, qui voient en elles une insulte à leur honneur et à ces valeurs dont nous parlons tant. Peut-être ne réalise-t-elle pas, cependant, l'ampleur de mépris, malgré les menaces qu'elle a déjà reçues : elle représente l'une des adversaires les plus en vue de tout ce que V. représente, et ses partisans la haïssent. Sa disparition provoquerait plus de joie encore que celle de Dawlish, et leur association sur ce procès est un risque inouï.

Sur un sujet similaire, j'ai croisé Anne Travers à la fête de la reine Maeve hier. Il me semble que son mari avait été tué en refusant de céder à un chantage ou une tentative d'intimidation de V. – même si les Aurors avaient conclu à un accident. Pourrait-elle être une alliée ? Pensez-vous que la contacter serve notre cause ?

Vos réflexions sur la noblesse de l'âme et l'importance de l'action m'ont plongé dans de profondes méditations, je l'avoue, et je n'ai pas encore fini d'en faire le tri. Est-ce que ce seront des arguments que vous comptez utiliser en public pour prendre de la distance avec les forces de V. ? Ne craignez-vous pas que l'on vous demande si vous n'êtes pas devenue Réformiste – quand ce sont ceux-ci qui sont déjà convaincus par l'intérêt de lutter contre ses idées ? Et si ce n'est pas le cas, quels arguments comptez-vous déployer ?

Enfin, je suis ravi d'apprendre la présence de votre époux à Poudlard l'année prochaine, pensez-vous l'accompagner ? Je ne fais pas partie du club en question, quoique je puisse tenter d'y avoir mes entrées pour cette soirée. Ce serait une grande chance de le voir en action, encore que je tiens, pour des raisons qui me sont propres, à garder l'anonymat. J'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur. »

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Eu enfin eu le temps de discuter avec Sirius, en profitant à la fois de l'absence de Mère et du souvenir d'hier…

J'ai été un imbécile – je ne savais pas ce que je voulais. Le convaincre, mais de quoi ? De moi ? De mes idées ?

Cela ne pouvait pas fonctionner. Oh, bien sûr, il est ravi de me voir ne plus défendre V., mais c'est presque un détail tant le reste de nos analyses divergent. Je ne mets pas en question la sienne – quand bien même elle n'est faite que d'impulsions glorieuses qui n'ont aucun pragmatisme. J'ai eu beau lui expliquer que c'est une logique qui ne fonctionnera jamais sur des Serpentard (ou même : au-delà de sa partie du monde peuplée d'idéalistes au grand cœur), il refuse de l'entendre. J'ai abandonné avant que cela ne dégénère en une véritable dispute.


7 juillet

Je n'aurais pas dû reprendre la conversation d'hier…

Ah, mon frère ! Non, je ne tente pas de gagner du temps, et non, je n'ai pas le cul entre deux chaises. Et non, Dumbledore n'est pas le début et la fin de toutes les solutions concernant V. ! Il n'a rien fait, avant ma mort, rien du tout, sauf préserver Poudlard – et avec quel succès ? Il n'a empêché personne de le rejoindre, a proféré des inanités sur le besoin d'alliance en laissant s'infecter votre petite gué-guerre avec les Serpentard comme si c'était des jeux d'enfants. L'homme n'est ni omniscient, ni surdoué ! Et même si c'était le cas, il n'est qu'un seul sorcier, et il reste important d'avoir d'autres alliés, d'autres personnes pour dénoncer V. !

J'ai concédé le point du bout des lèvres, et je suis revenu dans ma chambre : dans deux jours, nous avons un repas de famille et je ne veux pas qu'il soit trop en colère – j'ai besoin de rassembler plus d'informations, pas qu'il soit dans mes pattes à hérisser le poil comme un chat furieux.


8 juillet

J'ai proposé dans un grand moment d'imbécilité lasse à Sirius de passer quelques jours chez Alphard. J'avais toujours supposé qu'il était proche de notre oncle et que je ne m'en étais jamais aperçu avant de découvrir que…

Mais non : Sirius semble préférer ses disputes avec le reste de la famille à une semaine de paix…

Pourquoi donc Alphard lui a laissé tout son héritage, quand Sirius ne l'a pas plus fréquenté que moi ?

Est-ce quelque chose de sa maison, cette préférence pour le combat rangé ?


9 juillet

Avec le mariage de Narcissa et l'anniversaire de Bella, il n'était pas facile de parler d'autre chose. Il fallait lisser bien des détails concernant leurs deux fêtes et la conversation a été pleine de propositions de mets et de décorations. Ennuyeux, mais au moins, Sirius n'avait pas beaucoup d'opportunités de faire sa mauvaise tête, sauf en levant les yeux au ciel.

Je suppose que c'était trop tentant pour Bella, qui s'est fait une joie de montrer le tableau qu'elle avait commandé il y a deux mois. Elle a choisi de représenter Merlin humilié sous les traits – surprise, surprise – de Dumbledore. J'osais espérer que mon refus aurait empêché qu'il soit fini pour aujourd'hui, mais la chance n'était pas de mon côté. J'aurais dû soudoyer le peintre ! Évidemment, Sirius s'est laissé piéger, s'est vexé, a tempêté et a lancé un concours d'insultes et de piques entre les deux jusqu'à ce que Père envoie mon frère dans sa chambre – où il s'est fait un plaisir de claquer chaque porte – et a vaguement tancé Bella qui riait.

J'ai demandé à Kreattur de lui garder un peu de dessert, mais je ne l'ai pas rejoint parce que je voulais sonder Narcissa sur V. et ses liens chez les Malefoy. Coup d'épée dans l'eau : soit Lucius ne se confie pas à elle, soit elle ne me fait pas confiance. Elle-même reste prudente quant à V., mais j'y vois juste l'effet des actions de Bella… Impossible de savoir comment V. avance après des Malefoy et s'il a enfin trouvé le prix de leur loyauté…

Seule petite victoire : Grand-Père a repris plusieurs de mes arguments pour la nuit de Walpurgis, assorti d'un couplet sur ces jeunes qui se dissipent au lieu de stabiliser leur famille. Bella a soudain cessé de rire pour devenir livide de rage. J'ai vu le moment où elle sortirait sa baguette avec Rodolphus pour des Cruciatus. J'avais un bouclier prêt – mais non, le rapport de force n'est plus le même.


13 juillet

Mais quelle solution puis-je proposer ? Quelle alternative ?

Ce qui intéresse Grand-Père : son pouvoir. Le pouvoir de ses pairs. Et comment le convaincre que des Nés-Moldus sont plus proches de lui que certains psychopathes du Magenmagot ? Comment lui prouver qu'ils ont autant de droit que lui pour parler de la société sorcière ? Je peux enchaîner les arguments comme je veux, il y a un moment où il n'entend plus ce que je lui dis. Il admet que le vieux MacMillan ne siège au conseil que par provocation – une conduite indigne de n'importe quelle Famille qui a obtenu sa place au Magenmagot. Il reconnaît même que les Jenkins ont toujours fait du bon travail – et serait presque capable de dire qu'ils ont mérité la place que s'est taillée leur matriarche en son temps. Mais partir de là pour l'amener à admettre que le sang est moins important que le talent ne sert à rien… Il ne démordra pas que les Familles sont attaquées de toute part et que V. et tous les Sages sont le seul rempart viable, quand bien même les baguettes feraient couler le sang…

Il est tellement certain de ses calculs ! Incapable de voir ce qui se trame sous ses yeux – ne comprend-il pas ce qui meut Bellatrix et son mari ? Ne voit-il pas à quel point ils sont dangereux ?

Comment traverser des défenses si bien montées… ?


14 juillet

Si Père me frustre à balayer mes arguments d'un revers de main, Mère est encore pire tant elle est déjà convaincue que V. est la seule solution pour tous nos problèmes, toutes nos inquiétudes.

Que sait-elle de lui pour avoir une telle loyauté ? Qu'a-t-elle vu pour être tant convaincue de ses pouvoirs ?

Mais : elle l'a rencontré. Je ne pensais pas… Pas si tôt.

En plus : elle m'a affirmé qu'il était lui-même d'un sang noble et pur – celui de Serpentard ! Il y avait des rumeurs, bien sûr à mon époque, mais elles n'avaient de concret que sa capacité à parler le Fourchelang. Or, quand je lui ai posé la question, elle m'a dit qu'elle avait pu observer une preuve certaine de son héritage…

Mentait-elle pour donner plus de poids à ses propos ?

Comment peut-elle le savoir ? Et surtout – j'ai toujours considéré V. comme une évidence, sans penser une seule seconde : il doit avoir un nom, un prénom, une date de naissance. Il a créé des Horcruxes pour trouver l'immortalité…

Comment puis-je retrouver sa trace ? Si j'arrive à percer le mystère qui l'entoure, peut-être qu'il redeviendra un homme comme les autres…


15 juillet

« Si la noblesse n'existe plus que dans les paroles des grandes Familles, alors elles méritent peut-être de perdre ce pouvoir : il se mérite et ne devrait jamais être un dû. »

Ce que je ne comprends pas – si c'est le cas, pourquoi personne ne dit jamais rien devant Mère ? Pourquoi ses colères, les moments où elle agit comme si le nom Black lui devait tout ne déclenchent rien ? Pourquoi est-ce que les actions de Sirius et de Bella sont traitées avec le même silence indifférent ?

Ce qu'elle me propose, ce sont de belles paroles, mais comment compte-t-elle les transformer en actions ? Ou plutôt : en réactions ?


17 juillet

Drame, toujours. Mère a découvert qu'il dissimulait un engin Moldu qu'il avait le projet de réparer… Ce soir, elle lui a présenté les restes de ce truc à moitié fondus ou calcinés.

Sirius est écumant.

Pourquoi est-ce que je ne me souvenais pas de ça ? Pourquoi est-ce que je n'ai pas réussi à empêcher ça, mieux cacher ce truc, ou au moins à le convaincre de…

Il est parti chez James. Quand il va revenir, ça va être la même chose, encore et encore…

À quoi cela me sert-il qu'il pense que je ne suis pas aussi pourri que les autres ? C'est le seul changement par rapport à la première fois. Je pensais que cela me donnerait accès à

Mais non. Quel avantage ai-je bien pu gagner ?


19 juillet

Retour de Sirius en escalade de la fenêtre de ma chambre.

Il ramenait avec lui une bouteille d'alcool Moldu – gage de réconciliation ?

Il en a bu les trois-quarts – heureusement, ce n'était pas très fort, ni très bon. Mais cela l'a mis de bonne humeur et il a parlé de ses projets avec James pour les deux semaines qu'ils passeront ensemble pendant que je serai chez les Yaxley. Et puis il a dérivé sur le futur, du moment où il réussira – évidemment – les tests pour être Auror et la victoire qu'il emportera alors sur les Mangemorts. Apparemment, j'ai un futur en tant qu'espion si « mes manigances arrivent à quelque chose d'autre que perdre du temps ». J'ai tenté, mollement, de défendre mon point de vue, mais il a fini par me couper en affirmant que ces gens-là ne comprendront que la force brute. Je n'ai pas osé insister – je ne voulais pas qu'il parte.

Il a toujours été capable, comme Mère, de caresser de la même main qui gifle.

[Mais, je me souviens] [La fois d'avant, nous] – Non, il n'y avait plus de nous. Il avait décidé que j'étais comme eux, et me l'a renvoyé au visage jusqu'à ce que je n'aie d'autre choix que de me conformer à – et il fait la même chose, en voulant que je sois un des révoltés dont il imite les gestes.

Tout ce que je peux lui donner comme raison, comme futur, comme idées… Il n'en veut pas. Pour le moment, il est satisfait de savoir que je suis encore un allié et il imagine mes réticences comme une preuve d'amour mais [Père est mort de] [mais il]

Mais je ne serai jamais celui qu'il veut voir.

Je

Je ne sais pas quoi faire.


21 juillet

« Cher Anonyme,

Merci de vos informations, toujours précieuses. J'ai transmis avec empressement votre avertissement à Lilah ; elle n'en a guère semblé surprise. N'oubliez pas qu'elle est Poufsouffle, et si cela la rend moins prompte aux actions glorieuses mais parfois myopes des Gryffondor, la faire dévier d'une voie qu'elle a décidé de tracer est pour ainsi dire impossible. Nous ne pouvons que lui faire confiance et voir ce qu'il adviendra.

Quant à Anne Travers, je la connais également. Cela fait deux ans déjà que la pauvre enfant tente de faire reconnaître la mort de son mari et de la relier à V. sans guère de succès. Il n'est pas certain qu'elle soit la mieux placée pour nous aider – une jeune veuve n'a pas toujours son entrée parmi les puissants, et elle a épuisé nombre d'oreilles encore compatissantes il y a quelques mois. Vous ne vous trompez pas, cependant, en pointant nos sympathies communes.

A propos de votre question, maintenant… Il y a bien des manières d'y répondre selon l'interlocuteur. Certains ne la poseront qu'avec mauvaise foi, et n'obtiendront qu'un bon mot, qu'ils jugeront peut-être autrement. Mais l'urgence de la situation exige l'efficacité, et nous ne pouvons gaspiller de l'énergie pour ceux qui ne veulent pas être convaincus.

D'autres en revanche la poseront sincèrement, et c'est pour ceux-là que nous devons affûter nos arguments. Ceux-ci sont multiples, et d'abord stratégiques. Premièrement, les Réformistes veulent tout et tout de suite, or un tel changement de mœurs ne peut s'opérer en un jour sans faire souffrir la société dans son ensemble, et se presser ne ferait qu'accroître la montée de courants de pensée similaires à celui de V. Peut-on se permettre de menacer ainsi notre communauté au nom de valeurs, aussi nobles soient-elles ? Non : je tiens à garder un juste milieu, parce que l'harmonie et la solidarité sont essentiels à notre société.

Deuxièmement, je ne peux tout simplement pas accepter ou partager le postulat de départ des Réformistes, qui jugent que l'égalité devrait exister de plein droit et à tout prix entre tous, quelque soient nos origines. Le principe est beau, mais vain : une sorcière qui n'a connu notre communauté qu'à Poudlard ne peut qu'ignorer certains des codes et clés de notre société, non par sa faute à elle, mais par le contexte même de sa naissance et de son éducation. Tout comme un sorcier qui hérite d'un poste parce qu'il est né entouré de privilèges et porteur d'un Nom n'a pas forcément le talent d'un qui se serait hissé au même endroit par son intelligence et son adresse. Non, nous ne sommes pas égaux, et vouloir le forcer ne peut que nous nuire à tous, et il est bien plus judicieux d'ériger le mérite en principe fondateur.

Il y a deux manières de faire de cet objectif une réalité, et ce sera le cœur de notre action. La première a la préférence de mon mari : s'assurer que nos élites peuvent se réguler et exclure d'elles-mêmes leurs brebis galeuses. La seconde a la mienne : remettre en question la nature même de nos élites et en faire le reflet des actions et du talent des meilleurs parmi nous. Bien sûr, les deux approches sont complémentaires, et leur articulation devrait nous permettre de rassembler des alliés.

Enfin, à propos de la venue de mon mari, je vous laisse juge de votre sécurité et ne vous tiendrai pas rigueur de vouloir conserver votre anonymat. »


22 juillet

Est-ce cela que je puis accomplir ? Laisser tout pouvoir entre les mains d'une inconnue qui s'escrime à la tâche et avoir les mains liées de mon côté.

Ses arguments sont bons : mais Père ne peut les entendre…

« Nous ne pouvons gaspiller de l'énergie pour ceux qui ne veulent pas être convaincus »

Certes – mais quand ils sont notre famille ?


23 juillet

Je ne peux pas dormir. Demain, nous allons chez oncle Cygnus et demain…

Les dés sont jetés.

[Je rêve de ███ █████████ █████ ██████ ████████ █ les mots ██ ██████ █████ █ ██████ ███████ █████ convaincre ██ █ ██████ ████ miracle ███████ █████ █████████ █████ ██]

Mais y en a-t-il ? Comment n'ai-je pas pu les trouver jusqu'à maintenant ?


24 juillet

Échec.

Exactement le même anniversaire, sauf qu'un des visages sur les tableaux avait changé. Les mêmes piques, les mêmes mots, et puis Sirius qui…

Oh, une partie de moi a exulté quand Sirius a commencé. Il a enchanté tous les tableaux dont Bella était si fière pour qu'ils commencent à danser sur la longue table pendant que nous étions en train de manger. Quand les gens ont commencé à lancer les Finite Incantatem, au lieu de s'arrêter, ils ont commencé à vibrer avant d'exploser. La salle à manger était pleine de débris de plats, et nos habits plein de la soupe froide que l'on servait en entrée. Sirius riait dans le carnage comme un fou, et j'ai bien cru, comme la première fois, que… Mère s'est levée avec la ferme intention de l'entraîner ailleurs pour lui passer un savon et comme la première fois, il s'est dégagé, toujours en riant en disant que c'était bon, que la honte de la maison Black s'en allait pour toujours.

Je me suis vu crier son nom – je n'ai rien dit.

Il est parti, juste comme ça, nous laissant dans un silence abasourdi. Narcissa a été la première à se reprendre et à commencer à lancer des sorts pour nettoyer nos robes et j'ai suivi son exemple. Kreattur et les autres elfes de maison ont lancé leurs sortilèges, et en une dizaine de minutes tout avait retrouvé un aspect normal. Nous avons continué de manger et personne n'a prononcé le nom de Sirius avant un long moment.

Plus tard, j'ai entendu Bella dire que c'était ce dont on devait s'attendre de la part de traîtres à leur sang puis Rodolphus l'approuver. J'ai tenu ma langue. J'ai failli demander ce qu'il fallait penser alors, de ce qu'elle avait fait lors de la nuit de Walpurgis – parce qu'elle en était, j'en suis sûr. Narcissa était peut-être celle qui portait son émotion le plus à fleur de peau. « Une telle scène, à quelques semaines du mariage… » et Mère de lui assurer qu'un tel incident ne s'y reproduirait pas. C'était bien la seule chose à retenir de tout cela !

Plus tard, bien plus tard, Grand-Père m'a posé une main sur l'épaule pour me dire qu'il était bien heureux de savoir que de mon frère et moi, je m'intéressais le plus à la politique.

J'ai eu envie de vomir.

Échec. Ne puis-je donc rien accomplir de mes propres mains ?


25 juillet

J'ai dû supplier Kreattur pour qu'il laisse un message chez les Potter – Mère aurait posé des questions si j'avais utilisé mon hibou.

Il est bien chez eux. Il m'a demandé de mettre le plus d'affaires possibles dans sa valise. Je sais qu'il ne va pas revenir.

26 juillet

Et au milieu de tout cela : décider d'où je vais à Lugnasad¹.

Interdiction formelle d'aller chez les Potter. J'ai pensé à affirmer que ce serait pour convaincre mon frère, une dernière tentative, mais… Non, inutile. Je suis presque certain que c'est là où vont les Greengrass… J'aurais aimé les voir en action.

Chez les Montague, avec les autres ? Non : je vais me retrouver emprisonné avec mes amis et je ne pourrais pas savoir ce que les adultes pensent ou préparent.

Non : il faut que j'accompagne mes parents chez les Mulciber. Ils seront entre eux et parleront d'autant plus librement.

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¹ Contrairement aux fêtes du soleil, qui concernent essentiellement les patriarches et leurs héritiers, les fêtes celtes rassemblent des sorciers très divers. Irène Londubat les décrit ainsi : « Les fêtes celtes sont populaires, c'est à dire que tout le monde a le droit de n'y retrouver que ses amis et de ne pas suivre toutes les obligations sociales habituelles. C'est là qu'on observe le portrait véritable de la politique sorcière: ceux qui n'y participent que par habitude retrouvent leurs amis, ceux qui ont de grandes aspirations se retrouvent dans les fêtes du moments chez le Grand Nom qui l'organise, et les véritables fêtards vont d'une maison à l'autre par bande. »


28 juillet

Le pire, c'est que je ne comprends toujours pas – pourquoi il explose, pourquoi il doit toujours afficher ses convictions jusqu'à tout perdre. Je sais que c'est lui – mais parfois, j'aimerais…

Non. Tant pis. Je n'ai pas besoin de lui pour mes plans, pas directement. C'est ça qu'il faut que je pense : lui parti, je vais pouvoir être l'Héritier, et avoir accès à plus d'informations par ce biais. Je vais pouvoir continuer à courtiser Grand-Père. Je vais pouvoir utiliser mon nouveau statut à Serpentard. Et lui, il sera bien plus heureux dans une autre maison, avec celui qu'il a toujours considéré comme son véritable frère.


30 juillet

Il est revenu, de nuit, prendre la valise que j'avais préparée. J'ai été réveillé par les cris de Mère, qui l'a surpris. La première fois… la première fois, j'étais déjà parti chez Corban. Je ne sais pas ce qu'ils se sont dits, mais la porte d'entrée a claqué, et le lendemain, il avait été rayé de la tapisserie.

Père a simplement haussé les épaules et Mère m'a dit que pour le moment, je prenais un chemin plus auspicieux que mon frère, mais qu'il fallait que je sois à la hauteur du nom des Black.

Et c'est tout.

Tout !

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OS reliés :

-Quidditch et société sorcière, Oceanna (chap 6 de l'Oeuvre de tant de jours) - si vous... voulez du monologue de serdaigle.

-Désirée Shacklebolt, Léo Poldine (chap 7 de Désobéir un peu n'est pas un si grand crime) - recommandé si vous voulez savoir d'où viennent les textes qu'à trouvé Regulus dans la bibliothèque.