A/N : Hello et merci aux quelques personnes qui ont pris le temps de me laisser des petits messages et à LP pour répondre à chacun de mes appels à l'aide, Aqua et Tetelle pour me relire les chapitres. N'hésitez pas, comme toujours à laisser une petite review, même un smiley ou un "!", ça me motive et me donne l'impression que je n'écris pas dans le vide ;)
Rapport à ma note du chapitre dernier : je doute mettre à jour encore les portraits sauf si j'estime que le personnage est hyper important.
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Octobre 76
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2 octobre
J'aurais mieux fait de ne pas aller au club d'échecs aujourd'hui… Tout était centré autour de Shacklebolt et de Jorkins¹ et le chat de ce dernier qui a détruit son oreiller après avoir uriné sur ses couvertures. Pas besoin d'être un centaure pour comprendre que c'est une dispute récurrente depuis qu'ils partagent un dortoir…
Tout le monde y est allé de son avis, sauf les rares qui ont voulu éviter les tensions et ne voulaient que parler des parties qu'ils jouaient.
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¹ Kingsley Shacklebolt et Albert Jorkins sont tous les deux en troisième année à Gryffondor. Le premier vient d'une famille de Sangs-Purs et le second est un Sang-Mêlé.
3 octobre
Parlé de Rosier avec Patel après l'entraînement. Probablement une marotte de sa part. Ils ne parlent pas de politique, seulement de Quidditch, et Rosier lui vend la vie de rêve des Sangs-Purs – ou du moins la version qu'il connaît grâce à son père.
Clairement, il ne veut pas le recruter et même avec une stratégie à long terme, Patel n'a pas l'air intéressé.
6 octobre
Le procès de Youchenko va bientôt s'ouvrir. Personne ne s'y intéresse ici, sauf pour plaindre la morte ou pour crier à la manipulation politique. Personne pour réagir à mes tentatives d'ouvertures sur le sujet.
Je dois être trop ambitieux.
Y revenir quand les résultats seront connus… Et espérer que mes avertissements à Bones serviront à quelque chose.
7 octobre
Est-ce l'amitié avec Corban qui lui est monté à la tête ?
George s'est pris la fantaisie de faire la remarque à Briséis qu'elle n'avait pas à faire les devoirs de Rosier à sa place… J'apprécie de voir quelqu'un tenter de les séparer de plus de cinq centimètres, mais il s'est pris immédiatement le courroux d'un Rosier vexé jusqu'à la moelle, et l'irritation de Briséis, qui s'est immédiatement persuadée que c'était Elena qui lui avait demandé de faire cette remarque.
Il a bien vite laissé tomber en lâchant un « je disais ça pour ton bien » à Briséis et a quitté la salle commune avec Corban. J'ai entendu Elena revenir à la charge au petit déjeuner à ce sujet pour lui demander de ne pas se mêler de ce qui ne le regarde pas.
9 octobre
Traîné Liam au club de potions, pour espérer y rester plus longtemps que la dernière fois. Nous avons fini par discuter de théorie magique avec Evans, pendant que Rogue tournait autour en faisant la grimace.
Tenté de lui en parler en soirée, pour dire une platitude sur le fait qu'il a des opinions intéressantes, mais il n'a pas vraiment attrapé la perche.
J'ai du mal à comprendre ce qu'il se passe dans sa tête.
10 octobre
Goûter au club Slug. J'ai relancé Evans sur la conversation d'hier, avec l'intention d'attirer Rogue… Il a fallu que Slughorn s'en mêle et nous relance sur la théorie des énergies vives¹ pour qu'il consente à parler – et après cela, il a été presque compliqué de l'arrêter.
L'ai-je jamais entendu ainsi ? Lui, ou Evans, en vérité. Même auprès de V., quand il a pu rejoindre les groupes de recherches, il a toujours jalousement gardé ses secrets de fabrication. J'ai réussi à lui poser la question dans des termes plus généraux quand il a parlé de la meilleure manière de récolter le jus des fèves sopophoriques – écrasée avec un couteau d'argent. Il a reniflé : « Pour qu'Avery clame que l'idée vienne de lui ? »
Je n'ai pas besoin des précisions d'Evans pour savoir qu'Avery en était capable.
Cet échange reste une victoire… Pourquoi est-ce que je ne cesse d'y repenser ?
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¹ À cette époque, il n'existait pas de moyen fiable pour calculer l'énergie magique d'un ingrédient pour les potions (et donc son effectivité globale). Il existait donc plusieurs théories contradictoires sur la puissance des ingrédients selon leur fraîcheur et la manière dont on les conservait.
11 octobre
« Jeune homme,
Au vu du charme particulièrement plaisant que vous déployez depuis une lettre ou deux, je crois qu'il est de mon devoir de vous faire remarquer que si vous comptez continuer ainsi, il est sans doute temps d'abandonner ce "Madame" qui suinte le poids de mon âge et de la formalité. Je vous le pardonne encore, au regard du respect immense que vous me témoignez et du plaisir que j'ai à vous lire, mais je préfère vous prévenir que mon indulgence a des limites et qu'il est peut-être temps pour vous d'innover.
Quant à vous répondre sur mes journées... Hé bien, cher ami, je doute que cela vous renverse : je mène la vie oisive que l'on prête aux épouses d'un membre estimé du Magenmagot : je me lève tard, essaie des robes, m'occupe de roses ou de digitales (en fonction de mon interlocuteur), j'ouvre mes lettres, je prends le thé avec mes amies... et quand l'envie m'en prend, je vous écris. Si par malheur, au cours de ces activités fort prenantes, je tombe sur une intrigue, ma foi... Il serait bien impoli de l'ignorer...
Mais cessons là les plaisanteries et parlons stratégies. Je comprends vos inquiétudes, mais mon premier conseil est de suivre vos instincts : ils vous ont plutôt bien servi jusqu'à maintenant. Pour le reste, un peu de bon sens vous mènera loin. Voici ce que la distance m'évoque, à vous d'en faire ce que vous pourrez...
Vous avez avec Slughorn une première voie : il partage vos idées, quand bien même il l'ignore, et peut vous présenter des esprits à la hauteur du vôtre. Si vous en avez la possibilité, appuyez-vous dessus pour créer votre propre réseau d'alliances, tant au sein de votre maison qu'à l'extérieur. Qui sait, vous inspirerez peut-être par votre exemple, et l'amitié est toujours à cultiver.
Par ailleurs, mettez autant que vous le pouvez en échec les idées qui s'opposent aux vôtres. Et pour cela, posez des questions : les contradictions du discours de nos adversaires apparaîtront au grand jour d'elles-mêmes, et vous apparaîtrez comme un esprit critique et indépendant. Vos affirmations n'en seront que plus fortes si on se tourne vers vous pour d'autres réponses.
Apprenez également à reconnaître et mettre en valeur ceux qui partagent vos idées et les mettent en action, quand bien même ils ne le savent pas, et même s'ils apparaissent d'abord contre vous. On trouve des alliés parfois dans des lieux inattendus, et c'est bien parce que la fierté des Serpentards m'a joué également des tours à votre âge que je me permets de vous prévenir contre l'orgueil de votre jeunesse. C'est le seul instinct que vous devez vous interdire de suivre, car il pourrait vous coûter des partisans. Appliquez-vous au contraire à trouver ces alliés qui peuvent s'adresser à ceux qui ne veulent pas vous entendre, et qui pourraient être rebutés par un statut que vous pourriez représenter.
Enfin, et c'est sans doute le plus difficile de mes conseils, contentez-vous de demi-victoires et de consentement mou. Nous ne pourrons jamais convaincre tout le monde ; l'important est que V ne les convainque pas.
Et, surtout, armez-vous de patience. Nous glosons depuis des mois devant le tonneau percé qu'il nous faut remplir, mais je me sens aujourd'hui dans l'obligation de rappeler cette douloureuse vérité : la guerre des idées à laquelle nous nous attelons sera longue et usante, et vous et moi ne sommes que les premières pierres de l'éboulement que nous voulons créer. Si nous voulons réussir, nous devons en être conscient, et garder à l'esprit que si la défaite est orpheline, la victoire a toujours cent pères, et nous aurons de la chance d'en faire partie.
Pardonnez, pour finir, le ton sentencieux de cette missive, ce n'était pas mon intention. J'ai toute confiance en vos capacités pour cette croisade pour les esprits de la jeunesse, et j'espère que mes conseils vous guideront au mieux. »
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Cette femme a franchement le talent de me faire me sentir comme un jeune sot alors que le reste de Poudlard me donne l'impression d'être au contraire trop vieux pour y être enfermé.
12 octobre
Walker n'avait pas tenté sa chance auprès de Montague l'année dernière ! Je suis fasciné par le fait qu'elle ait pensé à draguer mon frère avant lui… « Moins de concurrence », a pointé Elena, mais enfin, cela ne fait pas un couple et encore moins un mariage, non ? Ce n'est pas comme si Walker se cachait de chercher quelqu'un pour lui passer la bague au doigt, au vu des conversations qu'elle a… Elena a fini par se moquer de mes questions en me demandant si j'étais jaloux.
Je ne comprendrai jamais ces affaires.
13 octobre
« Mon fils,
Alphard vient de mourir dans un accident qu'il n'a su éviter : l'alcool a finalement dirigé sa mort comme il a dirigé sa vie.
Nous avons ouvert son testament pour découvrir qu'il a légué l'ensemble de sa fortune à ceux qui se sont montrés indignes de notre nom. Personne ne comprend un tel geste : il n'a fait que flotter toute sa vie, mais il avait au moins su se garder d'affronts inexcusables... La chose est faite, dans la mort évidemment, dernière lâcheté de sa part, et il a été rayé de notre arbre généalogique. Nous consultons James Abbot pour connaître les recours qui s'offrent à nous, aussi je te serai grée de garder pour toi ces détails, jusqu'à ce que la situation soit clarifiée. Les notaires se chargeront alors de prévenir qui de droit.
J'espère que tout se passe bien à Poudlard. J'ai appris par Lena que tu t'étais disputé avec Corban. Vraiment, je ne te comprends plus, et tes raisons, s'il y en a, doivent être de la plus haute gravité. Les Yaxley sont une famille honorable avec laquelle nous entretenons d'excellentes relations depuis plusieurs générations : si elle perdure, c'est une rupture qui nous coûtera, à toi plus encore qu'à nous. Maintenant que tu es l'Héritier, tu dois apprendre à peser tes actes et tes paroles, et ne plus te laisser gouverner par une colère passagère.
Tu trouveras ci-joint quelques livres qui devraient compléter tes sujets d'étude de cette année. Prends-en soin. »
Une colère passagère ! Elle peut parler, elle qui sur le coup de la colère a chassé Sirius !
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Il faut que j'aille le voir.
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Nous avons parlé longtemps. Il pensait déjà prendre un travail cet été pour se payer un appartement… J'avais toujours supposé qu'il avait quitté les Potter parce qu'ils l'avaient demandé, mais vu son récit, c'était l'inverse.
Malgré ses projets sur la comète – ouvrir un magasin d'inventions magiques ? Et puis quoi encore ? Il n'a jamais eu la patience pour faire ses propres comptes pour son argent de poche et finit toujours par m'en emprunter ! – il m'affirme qu'il n'y croira vraiment que lorsqu'il recevra la lettre de Gringotts. Enfin, il l'a dit, et quelques minutes plus tard, il m'a lancé : « tu vois, ça paie de claquer la porte ! », avec son espèce de sourire.
J'ai répondu que s'il me voit sombrer dans l'alcool, il avait le droit de me kidnapper et de me ramener avec lui. Cela l'a fait rire.
Dis-moi, l'aurais-tu fait ? Si j'étais venu te voir, plutôt que de partir seul dans cette grotte, m'aurais-tu ouvert la porte ?
Avec tout cela, j'ai oublié de lui demander s'il voulait que je l'accompagne trier les affaires qui resteront pendant les vacances.
14 octobre
J'avais accordé à l'affaire de l'appartement une attention limitée la première fois. Je ne voulais pas voir le jeu de charognards auxquels s'est livré Abbot¹ avec la bénédiction de tous les Black réunis.
Grand-père avait fait valoir que l'appartement n'avait jamais été officiellement donné à oncle Alphard et qu'ils en étaient les propriétaires. Il me semble qu'ils ont beaucoup glosé juste après, soulignant qu'Alphard ne s'était jamais occupé de l'intérieur et qu'ils l'avaient vendu pour une bouchée de pain plutôt que d'y faire les travaux nécessaires.
Si je ne me trompe pas, sous prétexte de faire les cartons à envoyer chez les Potter, chacun était venu se servir. Je n'en suis pas certain, mais grand-mère Irma avait mystérieusement découvert un très beau service de verres en cristal pour les repas de famille, et surtout Bellatrix n'avait cessé de se vanter d'avoir pillé sa cave de tous les alcools qui en valaient la peine. « La seule chose de goût et de valeur qu'a jamais eu cette ordure ».
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Tout cela, je ne peux l'empêcher.
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¹ Difficile de deviner de qui il s'agit : la branche principale des Abbot est essentiellement composée de notaires, tous jouissant d'une réputation impeccable.
15 octobre
Le procès vient de s'ouvrir.
Vais-je encore écrire à Greengrass ? A-t-elle entendu mes avertissements ? Mais comment dire : je viens du futur. Si Lilah Bones ne fait pas attention, elle va mourir, le procès ne tiendra pas ses promesses : on condamnera Flint à cinq ans de baguette confisquée, et dans la semaine qui suivra la sentence, il en aura volé une autre sans que personne ne réagisse.
À la place, je ne vais pouvoir me contenter que d'avertissements cryptiques, qui seront lus comme les inquiétudes d'un adolescent, ou la paranoïa d'un imbécile.
Mais peut-être que c'est suffisant, peut-être qu'elle m'a entendue et que tout ce que nous avons commencé portera ses fruits…
Ah, cela suffit ! Je ne cesse de me poser les mêmes questions et Liam m'attend à la bibliothèque pour avancer sur le devoir de sortilège.
16 octobre
« Chère aînée,
J'ai un instant songé à entamer cette lettre par un "très chère", mais j'ai craint qu'une telle présomption après tant de mois de galanterie guindée n'achève toute générosité à mon égard.
Je vous remercie de cette description sommaire de vos journées, qui m'a amusé plus qu'apporté des réponses... D'autant qu'il m'a semblé noter dans vos lettres un écho aux discours de votre mari, dans vos stratégies une adresse consommée, enfin j'ai peine à croire que vous attendiez des intrigues qu'elles vous trouvent. Aussi j'espère que vous me pardonnerez cette question, qui ne se veut pas injurieuse mais sincèrement curieuse : comment agissez-vous dans la lutte qui est la nôtre ? Quels leviers sont à votre disposition ? Je répugne à nous imaginer seulement dans l'ombre de votre mari, tous nos échanges pointent le contraire, mais vos alliances m'échappent et vos actions de même - n'y voyez qu'un manque de mon imagination...
Merci également de vos conseils, qui ont conforté mes propres idées et stratégies naissantes, encore que celui sur les demi-victoires me laisse en bouche un goût amer, je dois l'admettre. Peut-être est-ce l'impétuosité de la jeunesse, comme vous aimez me le rappeler, mais également l'urgence de la situation... Enfin, vous avez sans doute raison, et j'ai mis sans doute sous le nom d'échec des succès inachevés.
Quant à votre propos sur les alliés inattendus, j'entends vos arguments, mais reste partagé sur leur application. Qui aviez-vous en tête ? Pensez-vous qu'il me faut rejoindre les idées de Dumbledore ? Il semble pourtant exclure totalement les tièdes et ceux qui hésitent, quelles que soient leurs raisons, à l'opposé de ces demi-victoires dont nous parlions il y a un instant. Et s'il y a d'autres possibilités, je vous prie de m'éclairer, car j'ai peine à les imaginer. Néanmoins, voyez que je vous obéis même quand je doute, puisque j'ai identifié déjà quelques personnes - quoiqu'il en coûte à mon orgueil.
Enfin, j'ai une dernière proposition à vous soumettre : pensez-vous que rechercher l'identité de V. puisse être pertinent ? J'ai réalisé il y a peu que nous le traitions tous comme une sorte d'évidence, une entité présente au-delà de tout contexte, comme si ce nom qu'il se donne était le seul possible. Or s'il est véritablement de Sang-Pur, comment expliquer qu'il dissimule son véritable nom ? Je ne nie pas l'effet de ce procédé, l'aura et la stature mythique que cela lui procure chez ses disciples comme aux yeux de monde... Mais aucune de nos Familles n'a un nom assez entaché pour être dissimulé, et cet effort m'apparaît comme une preuve d'une lignée moins noble que ce que lui et sa doctrine voudraient faire croire... Or s'il était possible de le prouver ? De remonter la trace ? Ne pourrions-nous pas en faire un argument en notre faveur ? La rumeur, si elle est assez forte, ne pourrait-elle pas à elle seule porter notre intérêt et l'isoler davantage ? »
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Pas le temps de me relire. Il faut que je rajoute une mention pour Bones, mais l'entraînement attend. Selon Patel la réservation du terrain de Quidditch est une guerre sanglante et il ne sait comment Forbes s'en sortait si aisément.
17 octobre
Soirée club Slug. Elle ne s'est pas finie aussi tard que la précédente, mais notre bon professeur l'a ouverte en annonçant la venue conjointe de Ramarus Greengrass et du père d'Euros Bobbin¹ pour son thé gourmand d'Halloween.
Tout cela suinte légèrement de ridicule – est-ce cela le prix du réseau de Slughorn, ou est-ce une qualité qu'il cultive sans le savoir ?
Puisqu'il me faut plus de réseau, je me suis intégré à la conversation entre Bobbin et Ford-Peri² : elle le sondait à propos de la venue de son père. Elle – et sans doute sa famille – sont en train de conduire des expériences pour automatiser la préparation de bases de potion, idée dont Slughorn semble assuré du potentiel. Evans et Rogue se sont retrouvés intégrés dans la conversation qui a tourné sur la manière dont la magie interfère avec les inventions Moldues.
Il faut admettre, à voir le nombre de conseils et de récits, qu'il y a un champ d'étude à ouvrir à ce sujet… Et pourtant, j'ai été incapable de m'en rendre compte la première fois. Est-ce là ce qu'elle avait entendu il y quelques mois en parlant de : « remettre en question la nature même de nos élites et en faire le reflet des actions et du talent des meilleurs parmi nous » ?
Il faut que je le lui demande la prochaine fois…
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¹ Euros Bobbin est un Sang-Mêlé en septième année à Poufsouffle. Sa famille, dont il est l'héritier, est renommé pour leurs talents d'apothicaires et possèdent plusieurs boutiques.
² Dalhia Ford-Peri est une Sang-Mêlée de septième année à Gryffondor.
18 octobre
Sirius est venu me voir pour confirmer qu'il a bien reçu toutes les lettres officielles qui vont lui permettre d'aller chercher les affaires d'Alphard à son appartement, ainsi que quelques phrases menaçantes soulignant que s'il ne les reprenait pas avant les vacances d'été, elles seraient jetées afin que l'appartement puisse être rénové par ses propriétaires. Quelle mesquinerie !
Je commence à chercher une excuse pour m'échapper pendant les vacances et le voir. C'est impossible de le faire cet hiver : mère est plongé dans la préparation de la fête du soleil et nous a toujours demandé d'être disponible à tout moment pour l'aider. Mais la semaine du printemps, peut-être ?
19 octobre
(article de la Gazette du Sorcier du jour-même)
« Lilah Bones assassinée
Il est six heures du matin quand les Aurors et les Médicomages arrivent devant la maison de Lilah Bones. Les ensorceleurs sont arrivés un peu plus tôt et tentent de maîtriser le sort de Feudeymon qui continue de ravager l'intérieur de la maison. Bientôt, les flammes disparaissent, les Aurors rentrent. Plus loin, Émile et Bianca Bones attendent des nouvelles de leur fille. Leur visage trahit déjà le peu d'espoir, tant l'incendie a été rapide. Autour d'eux, des voisins silencieux, réveillés par la lumière de l'incendie.
Le lieutenant Korun ressort rapidement. Il a quelque chose à la main qu'il montre au couple Bones. La mère hoche la tête, le père se détourne pour cacher ses larmes. On apprend plus tard qu'il s'agit d'un bijou de famille que Lilah portait toujours sur elle, retrouvé sur un cadavre calciné.
Un des briseurs de sorts finit par lever sa baguette et faire disparaître la marque verte – une tête de mort avec un serpent qui sort de sa bouche – qui surplombe le carnage. Il s'agit de la marque des Mangemorts, groupuscule extrémiste luttant pour la pureté du sang, apparue déjà une fois lors de l'attentat du Chemin de Traverse le 19 août. Au lieu de disparaître, la marque explose et la lumière verte dessine un message :
« Vous étiez prévenus »
Les lettres disparaissent lentement, laissant une foule tétanisée. Chacun fait le lien avec le procès de Modesto Flint et les menaces qu'elle recevait. Cependant, les Aurors refusent d'avancer une piste sans aucune preuve.
« Je lui avais dit qu'il ne fallait pas qu'elle prenne cette affaire, murmure une voisine qui cache ses larmes dans un grand mouchoir. »
« Les lâches », répète quelqu'un d'autre avec de la colère dans la voix.
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La carrière de l'avocate s'est construite autour de procès controversés qui visaient souvent à dénoncer les inégalités de la société sorcière. Elle est notamment connue pour le procès de Dick Avery en 1966, l'affaire Carrow en 1973 et aujourd'hui, l'affaire Modesto Flint. Beaucoup lui promettaient un avenir brillant.
La famille Bones a annoncé son intention d'avoir des funérailles publiques et a appelé tous les sorciers à se rassembler derrière le cercueil de l'avocate, en signe de protestation contre la violence. Une pétition est aussi en train de circuler, demandant au ministre de la magie Harold Michum de prendre des mesures au plus vite contre les actions des Mangemorts. »
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Et voilà.
Les mêmes discours, les mêmes résolutions. Je ne sais plus si c'est la même date, mais c'était aussi avant Halloween, donc…
Les imbéciles. Je me souviens de ces marches : des beaux discours, et pas grand-chose derrière. Ils ne voient pas ce qui est en jeu et sont incapables d'y répondre.
20 octobre
(article de la Gazette du sorcier du jour-même)
« Lilah Bones, une vie
Il est difficile de commencer ce texte aujourd'hui, alors qu'une part de moi se refuse toujours à l'évidence. Je vous prie de pardonner l'aspect décousu de ce qui va suivre, car il m'est difficile d'expliquer mon chagrin, ma colère et ma sidération, mais il me semblait nécessaire en ce jour où vont fleurir les eulogies, qu'au moins une voix amie résonne pour parler d'elle.
Elle avait mon âge, trente-six ans. Elle était en même temps que moi à Poudlard. Sa mort n'est pas dans l'ordre des choses.
Ces pensées ne cessent de revenir alors que j'ai accepté d'écrire cet article. Bien sûr que je peux parler de Lilah, puisque nous nous connaissions depuis un quart de siècle. J'en suis capable. Mais maintenant que je suis devant cette feuille, je n'ai aucune idée de par où commencer…
Tous ses proches savaient, je pense, qu'elle recevait des lettres de menaces. Je crois que nous nous sommes tous dit à un moment : ce n'est plus possible, elle va avoir un accident, il faut qu'elle arrête, mais cela ne se produisait jamais. Je crois qu'elle se forçait à être sereine face à ces lettres, elle en plaisantait en disant qu'elle touchait des points sensibles.
Je l'entends encore me redire ça alors qu'une beuglante finissait de se consumer dans sa cheminée.
Nous nous sommes vues pour la dernière fois il y a cinq jours.
Oui, c'est par là peut-être que je dois commencer : nous nous sommes retrouvés pour un repas de midi il y a cinq jours. Je sais que tout le monde dit d'elle : elle est ambitieuse, acharnée au travail, mais sa grande spécialité, des jours de travail, des semaines trop longues, c'était de nous envoyer un hibou le matin pour un restaurant le midi. Elle savait toujours dénicher des restaurants aux noms étranges, souvent moldus et toujours délicieux, même quand nous étions tous incertains du contenu exact de nos assiettes.
La dernière fois… C'est un regret stupide : nous n'avons pas pris de thé avant de reprendre le cours de notre journée, nous étions tous trop pressés.
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Je savais déjà, à Poudlard, qu'elle serait brillante. Je ne sais même pas comment elle faisait, mais quand elle était préfète et au milieu des disputes stupides qu'on a quand on est adolescent, elle avait une manière à elle de rappeler que nos petits egos n'étaient pas si importants qui était pleine de bienveillance. Et quand elle estimait que c'était grave, on la voyait remonter peu à peu toute la chaîne : les préfets en chefs, les professeurs, les responsables des maisons, et une fois mémorable, Dumbledore en plein milieu d'un repas.
Elle a commencé l'affaire de Dick Avery exactement de la même manière. Je ne sais pas comment est-ce que le dossier était tombé entre ses mains, mais je me souviens qu'elle nous avait fait rire pendant des semaines en racontant la manière dont elle écumait les bureaux les uns après les autres à la quête de tous les rapports concernant la mort des trois moldus qu'on avait attribué à Cesar Locke. La tempête médiatique qui a suivi le procès m'avait stupéfié par sa violence. Était-ce vraiment le même sujet dont nous avions pleuré de rire quelques mois plus tôt ? Brusquement ce qu'il me semblait être le mélange de querelles de départements et de fierté de fonctionnaire prenait un tour sinistre.
Je crois que nous avons tous été content de la voir prendre des cas moins médiatique juste après. Elle ne nous avait pas vraiment caché qu'elle recevait des menaces, mais elle en parlait avec un tel flegme que cela ne semblait pas si grave jusqu'à ce que je réalise que des gens voulaient la voir morte.
On dit toujours que le procès McLaggen vs Carrow a été le plus difficile de sa carrière. Cela vient de je ne sais plus quel entretien avec la Gazette et ce sont ces mots exacts, mais je pense que les gens ne comprennent pas ce qu'elle entendait par là. Ce n'était pas parce que le dossier lui-même était compliqué et l'issue incertaine jusqu'au dernier moment, ou parce qu'elle a eu des menaces et des intrusions dans son bureau. Non, ce dont elle ne cessait de parler, c'était la manière dont son travail auprès de Ramarus Greengrass devait se terminer. Elle commençait à admettre que, malgré leur amitié et leur proximité, leurs objectifs ne s'alignaient plus. Il lui fallait rompre le modèle, se réinventer peut-être.
Elle a choisi ensuite presque uniquement des procès alimentaires, comme elle disait. C'était à la fois rassurant et inquiétant car qui était Lilah Bones sans les convictions qui la faisaient avancer ? Et puis un jour, elle est revenue avec dans ses dossiers de quoi monter sa propre firme d'avocat, une liste de quelques personnes qu'elle voulait embaucher et elle était repartie dans les cas qu'elle affectionnait. Quand elle en parlait cela semblait si simple, si posé !
Oui, Lilah n'était pas une femme à regretter ou à se lamenter et c'est avec cette disposition qu'elle s'est proposé pour l'affaire Flint. Dès qu'on osait parler des Mangemorts, des menaces, elle nous rebutait en disant que si on laissait la peur vaincre, tout changement futur serait impossible.
Et c'est sur cela que je vais finir : si nous laissons la peur gagner, tout changement sera impossible. Nous devons être forts et refuser de craindre des gens qui ne tirent leur légitimité que d'actes violents. »
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Personne n'en parle dans la Salle Commune ou pendant les repas ! C'est insupportable !
J'ai vu Liam retenir un « pourquoi cela te touche autant, tu ne la connaissais pas » tout à l'heure. Heureusement qu'il n'a rien dit, parce que je ne sais pas comment j'aurais répondu.
21 octobre
Cela, par contre, n'était pas arrivé.
Nous avions ri sans nous arrêter, la première fois, à voir Michum dans son habit de ministre de la magie, faire de long discours sans aucune action. Nous avions l'impression que c'était une permission implicite de faire encore pire, de prouver qu'il parlait dans le vent… Quand il avait annoncé la force spéciale d'Aurors dédiés aux Mangemorts, c'était trop tard, ou presque.
Par quel miracle a-t-elle su accélérer l'idée ?
Ah !
Voilà qui me redonne un peu de courage ! Il reste encore bien des choses à faire, et personne n'ose se présenter pour remplacer Bones pour le procès, comme la première fois, mais au moins… Quelque chose change !
22 octobre
(Article de la Gazette du sorcier du jour-même)
« Le procès Flint va bientôt reprendre
Après quelques jours d'incertitude en raison de l'assassinat de Lilah Bones, Séraphina Bones vient de s'adresser au Magenmagot, puis aux journalistes, pour annoncer que la famille Youchenko avait une nouvelle avocate et que le procès pouvait continuer.
Depuis le 19 octobre, le cabinet fondé par Lilah Bones n'avait laissé filtrer aucune information sur la suite du procès, assurant seulement leur intention de le poursuivre. Il semblait probable qu'il souffrirait de plusieurs semaines de retard, au regard de la difficulté du cas et des menaces qui risquaient de planer sur la personne qui reprendrait le dossier. Certains avançaient déjà que seul Ramarus Greengrass aurait la stature pour reprendre une telle affaire.
C'est finalement Halima Johnson, une collaboratrice de Lilah Bones qui a été choisie. Séraphina Bones a expliqué qu'elle travaillait avec l'avocate sur l'affaire Flint depuis plusieurs mois et qu'elle était donc déjà au fait des stratégies et de tous les éléments clefs. « De plus, elle a de la famille Moldue, elle est donc la mieux placée pour comprendre ce que vivent les Youchenko et l'univers dans lequel a évolué Katarina », a précisé Séraphina Bones. »
Dans un communiqué, le cabinet de Lilah Bones a précisé que toutes les mesures de sécurité ont été prises pour éviter une seconde tragédie. »
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Cela aussi est une modification. C'était un petit homme chauve et suant qui avait remplacé Bones la première fois, et tout le monde pouvait voir à quel point il craignait son ombre…
Peut-être que la clef n'est pas d'empêcher les grandes tragédies, mais d'arriver à les prévoir pour en contrôler l'issue ? Il faut que je pose la question à Greengrass… Est-ce que ce sont-là les demi-victoires dont elle parlait ?
Si c'est le cas, je ne peux m'empêcher de penser qu'il s'agit quand-même d'une potion bien amère à avaler…
23 octobre
Et pendant ce temps, la roue de Poudlard tourne toujours centré sur son petit nombril. Heureusement que j'ai passé tout le matin à étudier avec Liam dans la bibliothèque au lieu d'aller dans un club…
La cause de toutes ces tensions – non, je suis mauvaise langue, elles existaient déjà, mais mon idiot de frère et ses amis ont juste eu la bonne idée de les concentrer sur eux – c'est que tous les bancs de la Grande Salle ont gagné des roses pleines d'épines et nous avons du prendre le repas de midi assis par terre ou debout, sous les encouragements de Dumbledore qui semblait trouver ce pique-nique improvisé une solution parfaite à la grisaille automnale et a transformé le plafond en conséquence. McGonagall, obéissante comme souvent, a donc attendu la reprise des classes pour faire revenir les bancs à leur aspect initial.
Je me suis réfugié au club de duels : à plusieurs mètres les uns des autres, il est compliqué de bavarder. Après cela, nous avons eu l'entraînement de Quidditch. Patel s'inquiète du prochain match contre les Gryffondor et a concocté un programme digne de l'entraînement d'un chasseur de dragon et n'était évidemment pas satisfait de nos résultats. J'ai cru que Slinkhard allait lui envoyer le Souaffle en pleine figure avant la fin de la séance.
Nous sommes donc revenus trempés et couverts de boue pour découvrir que Rosier avait rompu avec Briséis. Ou plus exactement, nous sommes revenus, et il s'est adressé à Dippet pour lui dire qu'elle était ravissante même dans cet état – sérieusement ?– et a enchaîné sur un jeu de mots improbable à base de balais, dont nous avons fini par comprendre qu'il signifiait qu'il était libre comme l'air.
Victoria est montée aussitôt dans le dortoir pour rejoindre ses amies. Quand je suis redescendu de la douche, Elena était là, en train de traiter son frère de tous les noms. Il a d'abord été un peu goguenard, et puis, piqué dans son orgueil a commencé à hausser le ton à son tour. Nous avons tous vu le moment où ils allaient sortir leurs baguettes, et Briséis est apparue dans l'escalier. Elle avait les yeux rouges, bien sûr, mais au lieu de sa fierté habituelle il n'y avait rien. Elle a juste murmuré quelques mots que j'étais trop loin pour entendre, puis a saisi main d'Elena pour la faire remonter avec elle.
Je suppose qu'elles se sont réconciliées…
24 octobre
Je me suis résolu à chercher de nouveau Sirius. C'est stupide, depuis qu'il est parti, je suis tout le temps en train d'inventer des excuses pour aller le voir, et lorsque j'en ai une, je repousse l'échéance autant que possible…
Nous avons continué de parler d'Alphard. Je lui ai raconté ce qu'il m'avait dit cet été, au mariage de Narcissa, mais Sirius n'a aucune idée non plus de ce à quoi il faisait allusion. Il m'a promis de demander à Androméda dans sa prochaine lettre. À quoi cela servirait-il ? Mais je ne peux pas nier : j'aimerais aussi le savoir. Sur quelles racines pourries se dresse notre héritage de Black ?
Nous avons aussi parlé de son héritage. Il n'ose pas encore y croire, il est persuadé que mère et grand-père Cygnus vont tout faire pour le récupérer. Il n'a pas tort, même si j'ai répété qu'oncle Alphard avait bien fait les choses.
J'ai trouvé le courage de lui demander s'il voulait bien que je le rejoigne au moment de trier les affaires de notre oncle – du moins, ce qu'il en restera. Il a semblé heureux à cette idée.
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Goûter en comité restreint pour le club Slug. Peu de conversations indépendantes, il cherchait surtout à préparer la venue de Greengrass et de Bobbin. À la sortie, Elena m'a demandé si je voulais bien qu'on fasse le devoir de potions ensemble, et a refusé quand j'ai proposé que Briséis nous rejoigne… Je suppose que tout n'est pas pardonné.
26 octobre
Le club de lecture est bien présidé par des Poufsouffle. Ils sont arrivés avec une marmite pleine de chocolat chaud pour « bien commencer l'automne ». Comment ont-ils fait, c'est un mystère.
J'ai parlé de poésie avec Dupree. J'hésite à demander à Kreattur d'aller prendre des livres à la maison, je pense qu'elle les apprécierait… Mais il vaut mieux ne pas être trop pressant, ce n'est pas si important après tout.
28 octobre
Nous avons trouvé Rosier en train de traîner en sortant de potion. Elena est restée écouter… Apparemment, il voulait deux entrées pour la rencontre de dimanche, pour lui et pour Patel. Elle m'a raconté ensuite avec beaucoup de joie que Slughorn l'avait refusé… Et il était effectivement d'une humeur noire au repas du soir. Patel avait l'air absolument indifférent à l'occasion « historique » qu'il était en train de manquer…
30 octobre
Patel nous a réquisitionnés tout le samedi pour s'entraîner, sous prétexte que les Gryffondor ont réservé le terrain toute la journée de demain… Victoria se démène jusqu'à l'épuisement et Walker tente de calmer le perfectionnisme de Patel, ce qui le fait hurler. Miracle des miracles : O'Farrell a presque été bon durant toute la séance.
31 octobre
J'ai rencontré Ramarus Greengrass.
Il est étrange comme parfois on comprend la manière dont sont décrits les gens en les voyant. On m'avait vanté son charisme à plusieurs reprises, mais le voir en vrai, ainsi, c'est…
Il a ce regard des prédateurs qui ne quittent pas leur cible, et une manière de se consacrer à ses interlocuteurs qui donne l'impression qu'il est tout à eux. Je suis assez cynique pour savoir que c'est une qualité de politicien, mais tout de même, Grand-Père n'atteint pas ce niveau d'écoute quand nous débattons. Et sa mémoire ! Il a été capable de répéter des phrases qu'on lui avait dit un quart d'heure plus tôt pour reprendre un point qu'il avait laissé de côté…
Comment cela se traduit-il devant le Magenmagot ? Comment garde-t-il la même aura devant une salle plus grande ?
Face à lui, Bobbin faisait une autre impression. Ils ne sont pas du même monde, clairement, et cela se ressentait. Slughorn, qui nous avait fait retenir des questions à « poser absolument » – avec une insistance qu'il n'a jamais lors de ses cours – et nous avons donc lancé le débat avec la question des brevets. La conversation en elle-même n'était pas nouvelle mais elle était toujours animée, et je voyais Slughorn se féliciter intérieurement de son flair en voyant Ford-Peri, Evans et Rogue se distinguer.
Ramarus était clairement là pour sociabiliser. Quand la conversation principale est devenue spécialisée et que tout ceux qui n'étaient pas assez spécialistes s'en sont désintéressés, il a fait le tour de la pièce pour « faire connaissance » avec ceux qui avaient le moins parlé. J'ai préféré parler le moins possible, en renvoyant la balle à Elena, de peur qu'il ne me reconnaisse… Stupide, je sais.
Quand ce fut son tour, Vilaplana a essayé de se faire remarquer en posant une question sur la reprise du procès Flint, ce qui a déclenché un silence de mort. Greengrass n'a pas perdu son sourire – mais je ne suis pas le seul à avoir vu l'effort que cela lui a demandé. Au lieu de répondre à cette question, il a regardé Vilaplana dans les yeux et a commencé à expliquer qui était Lilah Bones et ce qu'elle voulait faire changer. Sa voix s'est fêlée à certains moments et ce qui ressemblait à ces eulogies contraintes rabâchées par la Gazette a soudain pris un autre tour. Je n'aurais pas cru – je veux dire, je savais que Bones avait été son élève et qu'ils avaient dû être proche, mais…
Il a fini par conclure ainsi : « L'issue du procès est certes importante, mais répéter de manière claire que ce qu'il vient de se passer est inacceptable l'est tout autant. »
Evans a immédiatement réagi en soulignant qu'un procès perdu signifierait au contraire que les actes de Flint étaient acceptables et il l'a regardé dans les yeux :
« Le fait qu'il y ait eu un procès est vécu par Modesto comme un atteinte à la puissance de son nom. Je sais que cela ne vous semble pas grand-chose, mademoiselle, mais croyez-moi : ces gens ne tuent pas encore seulement par plaisir. Bien entendu, je veux que ce procès soit gagné mais il s'agit d'une seule bataille. Arriver jusqu'au procès était une première victoire. Avoir l'assurance qu'une telle situation déclenchera un autre procès en sera une autre. »
Quelqu'un, probablement Slinkhard a semblé très impressionnée par cela et a demandé s'il pensait qu'il y aurait d'autres morts. Rogue a murmuré une réponse qui m'a surpris par son ton cynique, sur le pouvoir des puissants. Je ne me souviens pas de l'avoir vu aussi distant avec les autres auparavant. Évidemment, c'est ce moment qu'a choisi Slughorn pour interrompre la discussion pour un sujet qu'il trouvait plus léger. Peut-être était-ce mieux, mais les échanges qui ont suivi ont été beaucoup moins marquants.
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¹ Adrian Vilaplana est un Sang-Mêlé en sixième année à Serdaigle.
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OS relié : Filiation, Océanna (OS indépendant) sur la carrière de Lilah Bones.
