On se revoit à Konoha
Disclaimer : D'après les personnages de Naruto de Masashi Kishimoto. Une histoire originale de Nounouillechan. Ecrit par Chicken Poulet.
Chapitre 2 : Du temps des Uchiwa...
Naruto et Sasuke étaient les enfants chéris de Konoha, et au lendemain de leur affrontement le village se réveillait avec une sacrée gueule de bois.
On aurait pu croire que leur affrontement aurait scindé l'opinion en deux, mais c'était tout le contraire. Le village baignait dans une sorte de nostalgie.
Un tueur sévissait impunément à Konoha, la semaine dernière, deux aspirants ninjas avaient été tués en rentrant tardivement de l'entraînement. Après quatre mois, les autorités n'avaient même pas le début d'une piste.
À l'âge d'or du clan Uchiwa, les choses étaient bien différentes, vous savez ? Les Uchiwa étaient la police, il y avait bien moins de violence. Lorsque l'on avait un problème avec son voisin, on ne s'engageait pas dans une vendetta sans fin, on ne s'empêtrait pas dans d'interminables mesures juridiques. On se rendait au Domaine Uchiwa, il y avait une permanence assurée par un des membres de la famille. Tout le monde leur obéissait, parce qu'ils étaient justes et incorruptibles. Ils étaient riches et puissants, mais avec un si grand amour de la communauté, qu'ils se mettaient à son service au lieu d'en détourner le regard.
C'est pour ça que l'on pleurait encore la perte de Fugaku et de Mikoto, assassinés par leur propre fils. Si Sasuke n'en avait pas été témoin, personne ne l'aurait cru. D'ailleurs, personne ne croyait vraiment à sa trahison.
Quant à Naruto… C'est un peu difficile à expliquer. Les Uzumaki avaient toujours occupé une place particulière à Konoha. Les ninjas de cette Maison sont parmi les plus puissants et résistants du monde. Alors qu'il n'était qu'un bébé, Naruto n'avait pas fait honte à son nom, en accueillant Kyûbi. Et s'il avait rendu service à tout le monde, c'était à cause du monstre qu'il avait en lui qu'on l'avait rejeté. Au début, il faisait écho aux heures les plus sombres de Konoha, ses espiègleries agaçaient tout le monde. Mais avec le temps, l'acharnement qu'il mettait à réussir avait suscité une forme d'admiration.
Les clans et le Conseil formaient une paire dans le temps. Mais après l'écroulement du plus puissant d'entre eux, le Conseil n'avait plus de réel contre-pouvoir. Et on ralliait aisément le Conseil, dans ses bonnes ou mauvaises décisions.
Pourtant, les choses étaient en train de changer. Les chefs de clan prenaient leur retraite, laissant place à une nouvelle génération impertinente. Et c'est Hagoromo Kôhei qui porta un coup de semonce, en entamant des travaux de rénovation du quartier Uchiwa.
La population était lasse. Konoha était un village prospère, dont les diverses ressources suffiraient à asseoir sa puissance sur le plan économique. Mais le Conseil avait d'autres ambitions, et rêvait d'expansion territoriale et militaire. Un véritable gouffre financier qui pressait les poches des contribuables éreintés.
En rénovant le quartier Uchiwa, le clan Hagoromo rappelait aux bons souvenirs de la population un temps où la vie était moins chère et les intérêts des villageois la priorité.
La population mit temporairement de côté sa rancune contre le Conseil pour se concentrer sur le poste de soin à la Vallée de la fin. Aux premières heures de l'aube du troisième jour, on avait poussé un soupir de soulagement, car Naruto avait enfin pu être ramené à l'hôpital général.
Son état était toujours critique, mais au moins un des deux fils prodiges était de retour à la maison.
oOo
Kakashi n'avait pas eu le temps de se réjouir de cette nouvelle.
Sans grande surprise, son rapport ne fut pas vraiment au goût des conseillers. À les écouter, il aurait dû poursuivre et achever Sasuke, au lieu de répondre aux appels de Sakura pour stabiliser l'état de Naruto.
Homura avait craché sa bile durant de longues minutes, aucun des choix qu'il avait fait ce jour-là n'était le bon. Et il alla jusqu'à l'accabler des mauvais choix de Sasuke. Mais rien de cela ne l'atteignait.
Si Kakashi restait si calme, c'est parce que leur avis importait peu. En son âme et conscience, il avait décidé de sauver la vie de Naruto en donnant sa chance à Sasuke. C'était cela ou les perdre tous les deux. Et que l'on s'entende bien, il n'avait commis aucune faute en tant que soldat. Bien que l'exécution à vue de Sasuke soit un ordre permanent, il n'était pas en service au moment de son intervention à la Vallée de la Fin. Et c'était plus par politesse que par devoir qu'il était venu faire ce rapport.
Il était fidèle au Conseil, obéissait aux ordres, mais il lui faisait de moins en moins confiance. Il commençait à se dire, que si ce club de vieux sénile voulait tant la tête de Sasuke, il n'avait qu'à aller la chercher.
La sanction ne se fit pourtant pas attendre, le Conseil restait déterminé à ce que Kakashi joue un rôle actif dans la capture de son élève. Une fois la Vallée évacuée, il fut mandaté pour collecter des éléments permettant de dresser un rapport précis de l'affrontement de Naruto et de Sasuke.
Et voilà que les insultes se changeaient en éloges. Il lisait les traces de champs de bataille comme d'autres, des cartes dans le ciel et puisqu'il avait formé Sasuke et Naruto, il était familier de leurs chakras. Qui mieux que lui pourrait mener cette enquête ?
Il était plutôt doué, c'est vrai. Mais l'affrontement s'était déroulé il y a trois jours, sur un terrain boueux. Et l'équipe de soignant avait sans doute corrompu les lieux par l'utilisation de chakra médical.
En bon petit soldat, il avait acquiescé d'un hochement de tête avant de se rendre à la Vallée de la Fin.
Le soleil approchait de son zénith, Kakashi mit sa main en visière pour protéger ses yeux. Les conditions de travail n'étaient pas des plus confortables, mais elles étaient idéales pour son analyse. La boue n'était pas encore tout à fait sèche, mais une fois que toute l'eau se serait évaporée le champ de bataille serait complètement figée.
Il s'accroupit avec soins à l'emplacement où Naruto avait été retrouvé, passa la main sur le sol et fit rouler la poussière entre ses doigts. Sa première impression ne faisait que se confirmer. Naruto n'avait pas seulement utilisé le chakra de Sasuke, il s'était mêlé si étroitement au sien que plusieurs jours plus tard, ils ne s'étaient toujours pas séparés.
Ils s'étaient entraidés pour rester en vie.
Kakashi faisait de son mieux pour ne pas y penser, mais les mots d'Homura lui trottait dans la tête. Peut-être avait-il raison. Sasuke avait dévié du droit chemin et il n'avait rien vu. Et c'était à cause de sa négligence qu'il se retrouvait à le traquer.
Il fut tiré de ses pensées par le bruit distinctif d'une branche qui craque, suivi d'un cri et d'une chute. Sa pupille glissa doucement vers la gauche, puis il retourna à ses analyses.
Avec d'excellents résultats aux examens écrits et une moyenne on ne peut plus correcte en pratique, Yamashiro Yaoshi, surnommé Yaya, avait décroché une place en tant qu'assistant auprès du Conseil. Pour une raison qui leur échappait à l'un comme à l'autre, il avait été envoyé sur le terrain pour aider (surveiller) Kakashi dans son travail.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Yaya n'était pas un homme de terrain, et qu'il ne prenait aucun plaisir à se promener en forêt. Un buisson avait amorti sa chute et il ne s'en tira pas sans emporter quelques souvenirs, des feuilles et même quelques branches ornaient sa chevelure châtaine. Mais par politesse et aussi parce qu'il ne l'aimait pas vraiment, Kakashi se garda bien de le lui dire.
- Pourquoi on ne marche pas comme tout le monde ?!
C'était plus un cri de l'âme qu'une question, alors le poivre et sel l'ignora. L'autre s'assit sur l'une des mains colossales tombées au sol.
- Fait chaud, dépêchez-vous ! Je veux rentrer au village.
Kakashi tiqua, il n'aimait pas le ton sur lequel Yaya lui parlait.
- Qu'est-ce que tu as fait pour finir ici, t'as raté un café ?
Yaya passa une main dans ses cheveux et en tira une feuille qu'il regarda avec agacement, Kakashi ne s'attendait pas à ce qu'il lui réponde, mais il le fit avec un ton détaché.
- Un truc du genre. J'ai compromis un contrat avec le village de Kumo.
- C'est possible ça ? Ils sont plutôt du genre conciliant, non ?
- Pour peu que l'on couche avec la mauvaise personne. La très mauvaise personne, reprit-il.
Kakashi fronça les sourcils et arrêta son travail pour regarder avec attention son compagnon d'infortune. Yaya était le genre de figurant que l'on met au fond des cases dans les mangas, histoire de combler le vide. Il n'était ni grand, ni petit, il ne devait jamais avoir fait de sport de sa vie, et son visage n'accrochait pas le regard. Même en le fixant des heures vous ne pourriez pas retracer un trait de son visage. Alors il avait du mal à se dire qu'il était capable de mêler vie privé et professionnel, et son cerveau fit l'impasse sur le fait qu'il soit sexuellement actif.
- Oh, arrêtez de me regarder comme ça, et remettez-vous au travail ! Pourquoi c'est aussi long ?! C'est quand même pas bien compliqué de prendre quelques photos et deux notes !
Pendant une seconde, il avait paru presque sympathique. Kakashi se redressa et lui fit une petite démonstration de son travail, indiquant du bout d'un index paresseux chaque point clé.
- Et bien, il faut reconstituer chaque étape du combat et établir un panel d'attaque compatible avec les traces laissées. Pour déterminer qui a fait quoi, je dois analyser les traces de chakra latentes, et isolé les traces appartenant à Uchiwa Sasuke pour avoir une idée de son évolution. Et tout ça en prenant en compte le fait qu'une équipe médicale a piétiné ce champ de bataille boueux durant deux jours après les faits. Un peu comme toi à l'instant, d'ailleurs, tu ne peux pas rester assis là-dessus.
Yaya suivit du regard les traces qu'il avait laissées sur le sol de son buisson à son rocher, puis se concentra sur ses chaussures, il semblait plus contrarié de leur état que des preuves qu'il avait peut-être corrompues.
- Si tu ne sais pas en quoi consiste notre travail, tu n'as qu'à t'en aller. Je ne dirais rien, conclut Kakashi.
Lorsqu'il avait rencontré le Conseil, il avait insisté sur le fait qu'il ne voulait pas avoir une équipe dans les pattes et bien que Yaya soit son seul accompagnateur, il le trouvait déjà de trop. Au moins, il avait le mérite d'être obéissant, et il descendit de la main de pierre.
- Je sais parfaitement en quoi consiste notre travail ! Et si je me fais pincer par le Conseil, alors que je devrais être ici, je vais définitivement me faire virer. Heu… Noble Hatake. Il y a un truc bizarre avec votre veste, je crois. Vous permettez que je la regarde de plus près ?
Obéissant, peut-être un peu naïf aussi, Kakashi enleva son emblématique veste verte, portant le logo du village et l'inspecta, mais ne trouva rien à en redire.
- Si, juste là… Attendez.
Yaya lui prit le vêtement des mains et la laissa retomber au sol, improvisant une nappe, il s'y installa confortablement. Kakashi se tendit en regardant sa veste s'enfoncer dans la boue, puis il en revint au châtain.
- Yaoshi, je connais une technique capable de te découper en tellement de petits morceaux qu'on ne te distinguera pas du tas de boue sur lequel t'es assis.
En réponse, il bailla et ramena ses jambes contre son torse, posant ses talons boueux sur l'intérieur de la veste.
- Cessez de me menacer, voulez-vous ? Prenez une photo de cette percée dans les fourrées, deux ou trois de la statue, ça ira très bien.
Kakashi fronça les sourcils en jetant un regard par-dessus son épaule.
- Tu veux que je bâcle le travail ?
Il hocha négativement la tête, puis monta une épaule.
- Uzumaki Naruto avait une mission à accomplir et force est de constater qu'une fois de plus il a échoué. Si vous croyez qu'on fait juste un rapport de routine, c'est que vous ignorez ce qu'on fait ici. À son réveil, ils vont se jeter sur lui et comparer chaque point du rapport avec ses déclarations. S'il diffère d'une virgule il sera accusé d'avoir apporté son aide à un criminel. Et je ne lui donne pas plus d'une semaine pour voir son nom traîné dans la boue. Au début, les gens douteront, puis ils se souviendront qu'il abrite un démon.
Kakashi semblait absent, sans le savoir, Yaya avait évoqué ce qui était arrivé à son père. Un ninja estimé, ayant préféré échouer une mission plutôt que de perdre son équipe, calomnié et acculé au suicide. Le bureaucrate s'éclaircit la voix et coupa court à sa démonstration.
- Peu importe, il vaut mieux ne pas trop entrer dans les détails. «Le Uchiwa est devenu plutôt fort, mais pas plus qu'Uzumaki» ; « C'est lui qui a cassé ces statues si importantes pour notre village » ; « Il s'est enfui, mais à la vue du sang versé il n'a pas pu aller bien loin, son corps est sans doute quelque part dans la forêt aux alentours ». Pour faire sérieux, on recommande l'envoi de quelques anbu et le tour est joué.
Parce que l'autre le regardait avec suspicion, il acheva de s'expliquer.
- Suffisamment de personnes sont mortes. Vous ne pensez pas ? Il doit faire dans les trente mille degrés, alors faites de jolis clichés, je m'occupe de l'histoire et d'ici une heure chacun rentre chez soi.
Kakashi sortit son appareil et prit la direction de la forêt, mais il s'arrêta un instant.
- T'as intérêt à nettoyer ma veste, je veux qu'elle soit comme neuve quand tu me la rendras, déclara-t-il avant de repartir.
Yaya tiqua.
- Vous n'en voulez pas une neuve plutôt ?
- Non. Cette veste est tout à fait spéciale à mes yeux.
- « Spéciale » ?
Sous le masque de Kakashi un sourire diabolique. Oui, cette veste serait tout à fait spéciale une fois que cet idiot l'aurait lavé. Ça lui servira de leçon.
