On se revoit à Konoha
Disclaimer : D'après les personnages de Naruto de Masashi Kishimoto. Une histoire originale de Nounouillechan. Ecrit par Chicken Poulet.
Chapitre 4 : Le dossier du Bois de chauffage
En tant que Kazekage de Suna, Gaara était en visite à Konoha pour mener à bien quelques accords commerciaux entre les deux villages. De manière plus officieuse, Saï l'avait informé du combat ayant opposé Naruto à Sasuke, et il souhaitait avoir des nouvelles de l'un comme de l'autre.
Mais il lui fallait d'abord accomplir les formalités d'usage. Il était assis à un grand bureau en chêne massif. Saï lui avait dressé l'ordre du jour, puis l'avancée de différents dossiers en son absence. Gaara soupira en roulant des yeux et fut immédiatement rappelé à l'ordre.
- Kazekage sama [suffixe honorifique]…
- Oui, « le commerce de bois de chauffage » reprit-il agacé. Sauf erreur de ma part, les arbres, ce n'est pas ce qui manque à Konoha.
Saï releva la tête de son calepin, cette remarque purement rhétorique le tira de sa routine.
- C'est mon premier accord commercial en tant que Kazekage et je peux t'assurer qu'il est hors de question de claquer 1/3 de mon budget pour du bois ! Je te donne les grandes lignes d'un courrier à envoyer à… notre interlocuteur dans cette affaire.
- Takuo Mishima, compléta Saï en levant les yeux de son bloc-notes.
Gaara chassa sa remarque d'un geste de la main, et commença sa dictée.
- Chère Monsieur Mishima, je vous prie de bien vouloir diviser votre prix par, disons deux, pour commencer, afin que nos négociations restent d'actualité. En l'absence du moindre geste commercial de votre part, je me verrais dans l'obligation de mettre un terme à nos négociations. Il n'est pas exclu qu'à la suite de cela, quelques-uns de vos arbres ne disparaissent mystérieusement. Cordialement Gaara, cinquième Kazekage de Suna.
Saï, relu silencieusement puis plongea son regard dans celui émeraude de Gaara, retenant toute son attention. Et lui demanda l'autorisation de parler.
- Une remarque, Kazekage sama ?
Le roux acquiesça d'un léger hochement de tête.
- Si je ne m'abuse, par la présente vous menacez le chargé du commerce extérieur de Konoha de piller les ressources naturelles de son village, s'il ne vous fait pas une ristourne. C'est cela ?
- Et bien… j'imagine que c'est une question de formulation.
Gaara avait monté une épaule, il n'y avait que face à lui qu'il se montrait si désinvolte.
- Et reconnais que le coût est scandaleusement élevé !
Saï s'avança, posa la main sur le bureau et fit un sourire pincé à son supérieur.
- À d'autres, je vous prie, c'est également moi qui tiens vos comptes pour l'ensemble de vos transactions à l'extérieur de Suna.
Le regard émeraude remonta lentement le long du bras couleur albâtre, il s'égara un instant sur le ventre parfaitement sculpté, puis reprit son parcours jusqu'à son visage. Ses lèvres si finement dessinée qu'on les voyait à peine, son nez droit et ses yeux d'un noir si pure qu'il ne se lassait pas de les regarder.
- Et tu fais ça très bien.
- Ce qui veut dire que je suis parfaitement au fait du budget qui vous est alloué pour chacune des opérations. Vous cherchez délibérément à obtenir ce contrat à un prix dérisoire. Pour quelles raisons, je l'ignore. Le prix est le même depuis des siècles, il comprend la réquisition de la main d'œuvre, le coût du travail journalier, le conditionnement et le transport du bois. Peu importe la formulation, Gaara, si tu envoies ce courrier à Mishima, il va nous couper les vivres.
Le roux lui fit un petit sourire en relevant un sourcil.
- Vous. Vous coupez les vivres, se reprit Saï. À vous, en tant que Kazekage et à votre village, Suna.
Gaara lui fit un sourire un peu plus franc, alors que Saï toussotait pour reprendre son calme.
- Je vois que ma proposition d'emploi fait son bonhomme de chemin. Tu es déjà mon agent de liaison et mon messager. Pourquoi ne pas venir travailler à Suna.
- Parce que je n'occuperai pas ces fonctions si on appartient au même village.
Le roux se pencha un peu plus en avant, mais on tapa deux coups sonores à la porte avant qu'il n'ait eu le temps de porter l'estocade finale.
Saï fit entrer Tsunade.
Comme il régnait un silence étrange dans la pièce, elle hésita à s'imposer.
- Est-ce que… j'aurais interrompu quelque chose ? J'ignore combien de temps tu comptes rester et il fallait que je te voie.
Gaara ouvrit la bouche pour reporter leur entrevue, mais il fut pris de court par Saï.
- Rien qu'une nouvelle tentative de me débaucher de mon poste actuel. Nous en avons fini pour ce matin, il faut que je porte ces documents au troisième étage.
Saï s'était penché pour prendre la pile des documents déjà signé par le Kazekage, ils se jaugèrent du regard alors qu'il faisait de son mieux pour le retenir, encore un peu.
- Il me semble tout de même qu'on n'en a pas encore fini avec le bois de chauffage. Les températures peuvent être négatives la nuit dans le désert.
Gaara avait adressé cette dernière remarque à l'attention de Tsunade, sans détacher son regard de Saï. Il baissa les yeux un instant puis prit une inspiration avant de se lancer.
- Il est évident que dans les conditions actuelles ce contrat ne pourra satisfaire aucune des parties. Alors, et ce n'est qu'une proposition, peut-être faudrait-il envisager la négociation d'un simple droit d'exploitation. Cela retirerait l'ensemble des charges liées à la main d'œuvre et entraînerait la baisse mécanique du coût.
Gaara sembla réfléchir quelques instants et lui répondit d'un ton égal.
- C'est une bonne idée, on devrait lancer une étude comparative…
- Afin d'évaluer le rendement des deux systèmes, je l'entends. Mais la main-d'œuvre risque de devenir un problème d'autant plus important que l'exploitation des forêts est un secteur très fermé.
- Je le sais, mais les négociations servent à cela, et il n'y a rien de mieux pour l'économie qu'un peu de concurrence.
Ils échangèrent un regard complice, puis Saï s'inclina légèrement avant de quitter la pièce.
Tsunade resta silencieuse suffisamment longtemps pour mettre Gaara mal à l'aise.
- Que puis-je faire pour toi ?
- Naruto est dans un état critique depuis son combat contre Sasuke. Pour le moment les visites sont absolument interdites, j'y veille personnellement.
Gaara plissa les yeux, comme pour mieux lire entre les lignes, mais il ne voyait pas où elle voulait en venir.
- A 9 h 30 demain, j'irais prendre un café durant mon quart de surveillance. Alors si l'un de ses amis souhaitait lui rendre une visite je ne pourrais pas l'en empêcher.
Il s'avança légèrement, en faisant un peu la moue.
- Par exemple, toi. Tu pourrais aller le voir demain pendant que je ne le surveille pas.
- A 9 h 30 ce sera difficile, il faut qu'on prépare une réunion avec Saï et je t'assure qu'il ne plaisante pas avec ce genre de choses. C'est parfois à se demander qui est le patron.
Tsunade tapa du plat de la main sur la table.
- T'es quand même pas aussi bête ! Je veux que tu passes voir Naruto demain matin, de la manière la plus discrète et officieuse qui soit.
Gaara appuya sa tête dans le creux de sa main avec un léger sourire, signifiant qu'il avait compris son manège depuis le début.
- Alors il va mieux ?
Elle détourna le regard.
- Pas si sûr. Je pense qu'il a vraiment besoin de te parler. Il n'y a personne qui puisse mieux le comprendre que toi. En tant que jinchuriki [porteur de bijuu], je veux dire.
Gaara fut ébranlé par cette remarque, il se redressa en détournant le regard. Tout le monde savait que l'Akatsuki lui avait arraché Shûkaku, le privant par là-même de son titre de jinchuriki. Il déglutit et la reprit sur ce point.
- Ancien jinchuriki. Ce n'est pas la même chose, crois-moi.
- J'en suis désolée. Mais cela concerne Kyûbi et je ne vois pas mieux que toi pour le comprendre et le ramener à la raison.
Le roux lui répondit spontanément, le regard dans le sien.
- Et Neji ?
Tsunade tiqua. Cette année il y avait eu beaucoup de changement à la tête des grandes familles et cela concernait également la branche inférieure du clan Hyûga. Après plusieurs mois d'absence, Neji était revenu pour recevoir le titre de chef de clan avant de disparaître à nouveau.
Comme le voulait la tradition, lors de son investiture tous les chefs de clan étaient convoqués. Tsunade fut pour le moins surprise. Il était difficile de se dire que l'homme calme et réservé qui se dressait face à elle, avait été ce petit garçon arrogant et plein de colère. Entendre ce nom ne la troubla qu'à moitié, sans avoir les mots pour l'expliquer, il avait tout à fait la carrure de l'homme de la situation. Mais elle préféra garder le silence.
- Tu es le premier et le seul à être au courant. Et c'est à moi seule de décider quand et qui a le droit de rendre visite à Naruto.
Gaara n'accorda pas d'importance à cette remarque et s'exprima comme s'il n'avait rien entendu.
- Je vais informer Saï de notre changement d'emploi du temps et je ne compte pas lui mentir sur le motif.
- Gaara, je suis sérieuse. Il ne faut pas que ça se sache.
Tsunade avait refermé sa main sur la sienne, comme pour ressaisir cette situation qui lui échappait. Le maître des sables lui répondit avec franchise.
- Je ne ferais rien qui puisse mettre Naruto en danger et tu le sais parfaitement. C'est presque insultant de me répéter toutes ces précautions. Et si tu doutes de la loyauté de Saï, il te suffit de croire en moi car il ne me trahira pas.
Tsunade relâcha sa main en se redressant.
- Les choses se passent bien entre vous, de ce que je vois. T'as vraiment l'intention de le débaucher ?
Elle avait intentionnellement joué sur l'ambiguïté de ce dernier mot, mais Gaara détourna le regard et redevint impassible.
- Saï est un soldat brillant qui m'est d'une grande aide pour mes débuts en tant que Kazekage. Il n'est pas question de le faire quitter ses fonctions à Konoha. Maintenant, si tu le permets, il me reste encore tout ça à tamponner et j'aimerais prendre un peu d'avance sur mon planning.
Il lui indiqua une pile de formulaire d'une trentaine de centimètres de haut.
- Très bien, merci de m'avoir accordé ce temps.
Tsunade lui fit signe de rester assis alors qu'il se redressait pour la raccompagner à la porte.
Lorsqu'il se retrouva seul, Gaara fit basculer le dossier de sa chaise et il se trouva à demi allongé, les yeux fixés sur le plafond.
Il ne comprenait pas ce que Saï aimait tant à Konoha, l'air était chargé d'humidité et il y avait au moins quinze espèces de moustiques différentes. Alors, oui, dans le désert il y a peut-être deux ou trois animaux venimeux, mais depuis le temps on avait inventé des antidotes très efficaces. Et puis la morsure de serpent est une sorte de rite initiatique, tout le monde passe par là.
Saï tapa deux petits coups à la porte avant d'entrer, il se glissa dans l'embrasure et referma silencieusement derrière lui. En deux mots, dans le moindre de ses gestes, il agissait comme un grand félin. Gaara l'invita à s'asseoir d'un geste de la main.
- Le programme de demain matin vient de changer. J'ai reçu l'autorisation tacite de rendre visite à Naruto, à partir de 9 h 30. Tu viendras avec moi.
- Très bien, Kazekage sama. C'est bientôt l'heure du déjeuner, avez-vous tout ce qu'il vous faut ?
- On ne déjeune pas ensemble ?
Gaara semblait un peu déçu, la discussion prit un tour bien moins officiel.
- J'ai croisé Ino tout à l'heure et elle m'a invitée à déjeuner, tu peux nous accompagner si tu le souhaites.
- Non c'est bon, d'ailleurs je me passerais de tes services pour cette après-midi. Il me reste juste ça, à signer. Rien que tu puisses faire à ma place ou qui nécessite ton assistance.
Saï baissa la tête comme s'il encaissait le choc.
- Bien compris. Je passerais tout de même en fin d'après-midi récupéré ces dossiers.
Gaara prit celui qui était sur le haut de la pile et se plongea dans le travail sans lui accorder un regard de plus. Il ne pouvait pas l'empêcher de sortir et de s'amuser un peu. Il travaillait dur et faisait souvent plus que le nécessaire.
Alors qu'il s'était résigné à passer le reste de sa journée en tête-à-tête avec ses dossiers, Gaara sentit le dos de la main de Saï, glisser le long de sa joue et remonter dans ses cheveux. Il se pencha légèrement, à la recherche de davantage de contacte.
Saï accompagna cette caresse discrète d'une invitation.
- Tu passes à la maison ce soir ?
Le souffle de Gaara se fit plus profond et il ferma les yeux. Le simple frôlement de sa peau contre la sienne le fit frissonner. Et il en voulait plus, mais au prix de grands efforts, il se défit de sa poigne.
- Non… pas ce soir. Je n'ai pas sommeil.
- Je n'ai pas l'intention de dormir, alors si tu changes d'avis, tu sais où me trouver.
Consciemment ou non, le roux posa la main sur sa joue, il en frissonnait encore. Il interpella Saï une dernière fois, alors qu'il avait la main sur la poignée de la porte.
- Selon toi, qu'est-ce qu'on devrait faire pour cette histoire de bois ?
- Et bien… Je travaille pour toi, tu ne prends que de très bonnes et d'excellentes décisions. Cela dit, tu te mets une pression bien trop grande et rien ne presse, alors prends le temps de réfléchir.
- C'est gentil, mais ce n'est pas ce genre de réponse que j'attendais.
- Signe-le, Gaara. C'est juste une tradition, une manière pour le nouveau Kazekage de reconnaître l'alliance des villages de Suna et Konoha.
- C'est cher payé l'alliance, je pourrais leur vendre du sable pour changer ! C'est pas comme si on avait besoin d'une forêt entière. Peut-être une centaine d'arbres. On peut les abattre d'un seul coup-de-poing.
Saï hocha négativement la tête.
- J'en étais sûr. Tu me demandes mon avis uniquement pour me contredire et on sait l'un et l'autre que tu finiras par suivre mon conseil.
Gaara posa la tête dans le creux de sa main, le sourire en coin.
- Tu me connais si bien.
- Signe-le !
Sur cette intimation, il quitta le bureau et referma doucement la porte derrière lui.
Aussi ambigu que pouvait sembler leur échange, Gaara savait bien que Saï ne pensait rien de plus que ce qu'il disait. Et que ce qu'il ressentait lorsqu'ils se touchaient n'était pas réciproque.
Saï avait été désigné comme le responsable de sa sécurité et son agent de liaison lorsqu'il se rendait à Konoha. Et depuis, il ne voulait être assisté de personne d'autre. Ce fichu contrat sur le bois de chauffage était le dernier dossier qui nécessitait sa présence à Konoha. Une fois qu'il serait conclu, il retournerait à Suna. Loin de Saï.
Il laissa glisser deux doigts sur ses lèvres, pensif. Il savait depuis longtemps qu'il n'avait aucune attirance pour les femmes et il s'efforçait de le cacher. À Suna ce type d'inclination n'était plus condamné, mais les mœurs ont la peau dure, et il était préférable de ne pas s'en vanter.
Gaara pensait en avoir suffisamment l'habitude pour ne plus se laisser atteindre, mais il lui était particulièrement difficile de faire taire ses sentiments naissants pour Saï. Il avait l'impression qu'ils partageaient une connexion spéciale.
Mais de son côté, Saï était très proche d'Ino, ils passaient la majorité de leur temps libre ensemble. Et de manière tout à fait objective, c'était une femme belle, avec beaucoup de caractère et un grand cœur. Si elle souhaitait tenter sa chance avec Saï, il n'y avait pas moyen que Gaara se mette au travers de sa route.
Saï appuya sur le bouton du rez-de-chaussée et les portes de l'ascenseur se refermèrent lentement sur lui. Ses traits se détendirent, dans cette expression froide et neutre qui le caractérisait. Il regrettait que Gaara n'ait pas exigé de lui qu'il reste toute l'après-midi et même jusqu'à la fin de la semaine. Il appréciait sincèrement le temps qu'ils passaient ensemble.
Oh, Ino était une gentille fille, ce n'était pas le problème. Mais Gaara était la seule personne avec qui il pouvait être sincère. Il n'avait pas à imiter ses expressions pour ne pas le mettre mal à l'aise au cours de leur discussion. Ils passaient du temps ensemble pour le travail, mais en un échange de regard, il savait que le ton de la discussion pouvait se faire plus léger.
Les portes s'ouvrirent et elle le salua d'un léger signe de la main, un sourire radieux sur le visage. Il l'imita aussitôt et la rejoint d'un pas rapide, il calque son rythme de marche sur le sien, et il resserra doucement sa poigne lorsqu'elle glissa ses doigts entre les siens.
Ino semblait si heureuse, tellement fière. Elle marchait la tête haute, se balançant légèrement de gauche à droite et jouant avec ses longs cheveux blonds.
Saï était bon public. Mais intérieurement il était calme et froid, hermétique à toutes ses émotions, il ne ressentait absolument rien pour elle. Pas même l'empathie que les animaux ont envers les membres de leur espèce. Il posa une main à l'arrière de sa nuque et glissa le long de sa clavicule jusqu'à son épaule. Il pourrait la tuer en quelques secondes et poursuivre sa route sans ressentir quoi que ce soit.
C'était toute la différence de ce qu'il partageait avec Gaara, il était sensible à ses émotions. Il ne les comprenait pas toute, mais elles trouvaient un écho en lui.
Il laissa échapper un soupir en ôtant sa main. Être avec elle ne faisait que lui faire prendre conscience qu'il n'était pas normal.
- Saï… Ça ne me dérange pas… Que tu…
Ino avait les joues si rouges que ça semblait douloureux. De toute évidence, elle avait mal interprété ses gestes, à lui d'en assumer les conséquences. Cette fois encore, il mima l'embarra.
- Si tu me le permets.
Il fit glisser deux doigts le long de son dos, puis passa un bras à sa taille pour la rapprocher de lui. Ino eut un hoquet de surprise et le repoussa dans un geste qui tenait du réflexe.
- Quand même pas !
Saï fit jouer l'une des longues mèches blondes entre ses doigts et y apposa un baiser pour s'excuser. Elle fit semblant de s'énerver et l'atmosphère se détendit. Ino riait de bon cœur en se cambrant légèrement.
Quelle perte de temps.
Il leur restait une trentaine de mètres à parcourir jusqu'au restaurant et au loin, ils aperçurent l'emblématique chevelure rose de Sakura. Ino dressa l'oreille, comme un chien aux aguets. Saï s'imposa dans son champ de vision, à quelques centimètres de son visage.
- Ce restaurant, à une petite cour intérieure si on ne se dépêche pas, il ne restera pas de bonne table.
Ino jeta un regard à Sakura du coin de l'œil, elle ressemblait à une épave. Mais combien d'autres chances aurait-elle de pouvoir déjeuner en tête-à-tête avec Saï ? Il n'était pas toujours aussi démonstratif. Et elle aurait toujours le temps de s'excuser et de s'excuser auprès de Sakura plus tard.
- Tu as raison. Allons-y.
Il posa une main dans le bas de son dos et l'entraîna rapidement à l'intérieur. Toisant la jeune femme de l'autre côté de la rue. Vous savez ce qu'il y a de pire que rater un déjeuner avec Gaara ? Un déjeuner avec Ino et Sakura.
Sakura était un excellent élément, pas de problème avec ses compétences. Mais tant qu'il n'y était pas obligé, il préférait garder ses distances avec elle.
Quelque chose clochait chez Sakura. Vous devez penser qu'il était bien placé pour faire ce genre de remarque. Et vous avez raison. Il avait l'intime conviction qu'elle réprimait quelque chose de puissant et dangereux, tout comme il avait refoulé ses émotions.
Mais seule, sans encadrement ni entraînement, ça ne pouvait conduire qu'à une seule chose : la folie. Pourtant, elle semblait saine d'esprit.
Saï ne savait pas y mettre les mots, mais ce qu'il ressentait envers Sakura était de la peur. Cette dissonance, entre ce qu'elle montrait et ce qu'elle était lui faisait peur.
