On se revoit à Konoha
Disclaimer : D'après les personnages de Naruto de Masashi Kishimoto. Une histoire originale de Nounouillechan. Écrit par Chicken Poulet.
Chapitre 5 : Malaise
Sakura dérivait dans la ville sans but précis, une fois de plus on lui avait interdit de rendre visite à Naruto. Elle avait ressenti l'animosité de l'infirmière à son encontre. Comme si c'était de sa faute s'il était dans cet état.
Elle ne comprenait pas pourquoi tant de personnes la haïssaient.
Elle souffrait tout autant que Naruto et Sasuke, tout ce qu'elle voulait, c'est qu'un ami la prenne dans ses bras et l'écoute en hochant la tête d'un air compréhensif. Ce n'était quand même pas trop demander !
Alors qu'elle n'y croyait plus, son regard croisa celui d'Ino. Sa meilleure ennemie et rivale de toujours. Sa meilleure amie, la seule à comprendre l'amour qu'elle ressentait pour Sasuke. Elle avait entendu son appel au secours et venait vers elle.
Jusqu'à ce que Saï ne la détourne du droit chemin.
Saï. Une pâle copie de Sasuke. Froid et mort à l'intérieur. L'aimer lui ? C'était comme se réchauffer à la lueur d'une bougie après avoir connu le soleil. Il ne connaissait rien des sentiments humains. Pourtant Ino avait abandonné Sasuke pour lui, et maintenant, elle se détournait d'elle.
Sakura chancela et prit appui contre un mur, comment lui en vouloir. C'est difficile d'aimer un homme qui n'est pas auprès de soi. De sentir sa présence sans pouvoir le toucher, l'embrasser et le soutenir lorsqu'il en a besoin.
À la Vallée de la Fin, Sasuke avait été si proche qu'elle avait cru sentir son regard sur elle. Il lui manquait. Il lui manquait tellement. Elle avait dû choisir entre aider Naruto ou le poursuivre et elle n'avait pas hésité une seconde. Mais une part d'elle était plongée dans la tourmente. Qui prenait soin de lui ? Était-il seulement en vie ?
Elle se redressa brusquement. Il l'était. Il ne pouvait pas en être autrement. Puis elle prit une grande inspiration et acquiesça d'un hochement de tête. Il valait mieux qu'elle fasse comme tout le monde, qu'elle ignore sa propre peine et l'enfouisse tout au fond d'elle.
Sakura se redressa et prit la direction du quartier Uchiwa. Officiellement Sasuke en était le seul propriétaire, alors le Conseil s'était fait une joie de le laisser tomber en ruine. Comme pour mieux représenter le déclin de son clan.
Mais il y a environ trois ans, Kôhei était devenu le chef du clan Hagoromo. Personne n'en avait jamais vraiment entendu parler jusqu'à ce qu'il ne se lance dans la restauration du quartier Uchiwa. Les négociations s'étaient passées à huis clos. Du jour au lendemain, des maisons avaient été restaurées et proposées à la location, et des commerces de proximité avaient ouvert grâce à des prix et conditions d'exploitation très attractifs. Le prochain grand chantier était la construction d'un orphelinat.
Il restait pourtant une demeure qui attirait toutes les convoitises. En dépit de son toit écroulé en partie et des vitres brisées par les intempéries. C'était de loin la plus majestueuse du quartier : le Domaine Uchiwa. On ne sait vraiment pourquoi Kôhei refusait d'y mener les moindres travaux et personne n'était autorisé à y entrer.
À chaque fois qu'elle passait devant, Sakura se faisait la même réflexion. Kôhei aurait beau rénover tout ce qu'il voulait, c'est dans le Domaine que sommeillait la beauté de ce quartier. Et tant qu'il resterait dans cet état, c'était comme si le cœur de cette partie du village était mort.
Malgré tout, se trouver devant ce bâtiment dans lequel Sasuke avait fait ses premiers pas lui fit oublier toutes ses idées noires. Lorsqu'il reviendrait, ils remettraient cette maison en état et ils y élèveraient leurs enfants.
Sakura fit un détour par une petite boutique et en ressortit avec un sac de papier brun.
Elle n'était pas dupe, Sasuke était parti depuis de nombreuses années et ils ne se connaissaient plus. Leur amour les rapprocherait à nouveau, mais cela prendrait un certain temps. Elle avait donc pris ses dispositions.
Lorsque la rénovation du quartier était devenue publique, elle s'était présentée à Kôhei afin de soutenir son projet et lui proposer son aide.
Sakura le trouva mystérieux mais cohérent dans sa démarche. Lorsqu'il apprit qui elle était et combien elle était proche de Sasuke, il refusa son aide, mais accepta de faire un marché. Elle pouvait choisir la maison de son choix parmi celles qui restait à rénover. Il ne lui prélèverait aucun loyer tant qu'elle prenait à sa charge les travaux et elle était tout à fait libre d'y vivre et de l'aménager à sa guise.
Un jardin dissimulait cette cour où était posée la maison qu'elle avait choisie. Il y avait de la place pour installer une balançoire et l'un des arbres à l'arrière était suffisamment grand pour y bâtir une cabane.
Elle posa ses clés dans un plateau à l'entrée et entra dans la dernière chambre, tout au bout du couloir.
- Ça commence à ressembler à quelque chose.
Sakura ouvrit le sac en papier et posa le tigre en peluche sur l'étagère. Cette chambre serait parfaite pour leur premier enfant, elle était baignée de lumière et donnait sur le jardin arrière. Un espace paisible où s'épanouirait le fruit de leur amour.
Elle se mordit la lèvre inférieure, serra les cuisses et baissa les yeux, honteuse. Elle désirait Sasuke, tout entier, il était fort, beau et il lui tardait de connaître son expression lorsqu'elle s'offrirait à lui. Lorsqu'ils ne feront plus qu'un.
- Pourquoi je pense à ça ici ? Dans la chambre de notre fils… ou notre fille. Sans doute parce qu'il faut bien faire les enfants avant de les élever. Ouh là, ça va pas moi. Je recommence à parler toute seule. Faut que j'arrête.
oOo
Sasuke était resté calme et poli, il n'avait quasiment pas desserré les mâchoires de la journée. Après son bain, Kô lui avait donné une infusion et il s'était écroulé sur la table en plein déjeuner.
Le domestique s'était alors excusé et l'avait porté sans difficulté jusqu'à une chambre réservée aux invités de haut rang. Elle était spacieuse, lumineuse et bien aérée, à l'abri des regards indiscrets et du bruit.
Kô l'assit dans le lit, la tête de Sasuke roula mollement sur le côté et il plissa les paupières sans parvenir à ouvrir les yeux.
Un sourire passa sur les lèvres du serviteur quand il fit basculer sa tête en arrière afin de lui dégager le visage.
Lorsqu'il était réveillé, Sasuke avait toujours les traits tendus et l'air méfiant. Il était en permanence sur ses gardes, ce qui lui donnait l'air plus dur et plus âgé qu'il ne l'était.
Kô se leva et l'observa en silence un long moment. Il avait quelque chose de noble et de pur en Uchiwa Sasuke, que rien ne pouvait entacher. Pourtant, il suffisait de le regarder dans les yeux pour comprendre qu'il portait une blessure dont il ne parvenait pas à se remettre.
Il revint avec de quoi le soigner et s'assit sur le lit à côté de lui. Sasuke grommela lorsqu'il défit son obi [ceinture de kimono], sans toutefois parvenir à se réveiller.
- Chut… Tout va bien.
Il fit glisser le kimono sur ses épaules et révéla un énorme hématome.
- Pauvre petite chose, c'est à se demander comment elle parvient à tenir debout.
Kô fit de son mieux pour ne pas lui faire mal, et il s'en sortit plutôt bien jusqu'au moment où il fallut le recoudre. Il était penché sur lui, et enfonça l'aiguille dans la peau sensible de son ventre.
Sasuke se réveilla en sursaut, une main sur la gorge du jeune homme qui prenait soin de lui. Il aurait vraiment pu lui faire très mal, si l'autre n'avait eu d'excellents réflexes. Il lui avait bloqué le bras au niveau du coude et la main au niveau du poignet.
Ses pensées étaient troubles, son corps était engourdi, il avait ressenti un tiraillement au niveau de son ventre et constatait tout juste qu'il se faisait raccommoder comme une vulgaire poupée de chiffon. L'homme au bout de son bras était calme et le regardait sans aucune animosité, pas même de la surprise.
- Nous sommes au Domaine Yamashiro, le principal détachement du village de Konoha. Vous êtes en sécurité, ici. Mon nom est Kô, je suis là pour prendre soin de vous.
Sasuke baissa les yeux, évaluant la nécessité d'une nouvelle attaque. Mais Kô inclina la tête afin de récupérer son regard.
- Je suis là pour prendre soin de vous, Sasuke. Vous êtes en sécurité et je ne vous veux aucun mal. Je vous demande de me relâcher, afin que je puisse poursuivre les soins. Vous avez de nombreuses coupures et des contusions, il faut que je m'en occupe.
Il serra les dents en se redressant.
- Je vous en prie, Sasuke.
Kô répétait son nom comme pour lui rappeler qu'il était humain. Il le relâcha avec une moue de dégoût.
- Cessez de me parler comme si j'étais un chiot apeuré, de grâce ! Et… Aurais-je été drogué ?
- Votre tisane contenait de puissants analgésiques pouvant entraîner une certaine somnolence. Je ne pensais pas que vous vous endormiriez aussi vite, pauvre petite chose.
Sasuke recula, estomaqué. Il suivit le regard de Kô jusqu'à l'aiguille plantée dans son ventre et lui donna une claque sèche sur le dos de la main.
- Ne touchez pas à ça ! Vous m'avez drogué ? Je… Je ne sens plus mon corps !
- C'est le minimum nécessaire, pour vous retirer le morceau de métal que vous avez dans le bras. Votre posture est affreuse, vous ne vous tenez pas droit et vous boitez. Je vais devoir remettre quelques os en place pour corriger cela et ce sera bien plus simple si vous ne souffrez pas.
Kô tira sur son bras et le lui balança sous le nez. Au début, Sasuke pensait que c'était juste un peu de sang coagulé, une égratignure. C'était un peu douloureux alors il n'avait pas insisté dessus en prenant son bain. Mais il avait sur le bras une vilaine coupure dont dépassait un truc noir. Il inclina la tête sur le côté et évalua la texture de sa main libre. C'était sans doute arrivée lorsqu'il avait bloqué l'une des attaques de Naruto.
Il faudrait qu'il dise à ce crétin de changer ses kunais de temps en temps, ces machins ne sont pas censés se briser aussi facilement.
- Vous ne devriez pas jouer avec ça, Sasuke. Laissez-moi m'en occuper.
- Je ne suis pas en train de jouer. Je vous remercie de votre attention, mais je peux très bien me débrouiller seul.
Kô lui répondit sans détour.
- Si vous avez l'audace de croire que vous pouvez nettoyer et recoudre toutes vos coupures et petites plaies, c'est la septicémie qui vous attend, mon petit.
Sasuke fit la moue en soupirant.
- Ne m'appelez pas comme ça ! Écoutez, je suis désolé de réagir de la sorte…
- Oh, mais vous n'avez pas à vous excuser, mon garçon. Vous n'avez sans doute pas l'habitude que l'on vous drogue et que l'on vous examine durant votre sommeil.
Sasuke ne put retenir une expression de surprise, il remonta son kimono sur ses épaules et le referma.
- Non, effectivement, j'ai d'autres habitudes.
- Yurie sama [suffixe honorifique] m'a demandé de prendre soin de vous. Mais la patience m'a toujours fait défaut. J'aurais pu prendre le temps de me présenter, vous expliquer, essayer de vous mettre en confiance. Mais je n'en avais pas la moindre envie et de toute façon, vous n'êtes pas du genre à faire confiance, je me trompe ?
Sasuke soupira en baissant la tête, il se referma sur lui-même. Kô prit sa main dans la sienne, il l'examina et la caressa avec douceur.
- Yurie sama est la matriarche de la famille. Une grande dame, avec une classe et des manières qui se font rares aujourd'hui.
- Ramasser et accueillir des étrangers trouvés en pleine forêt fait partie de ces manières ?
Le domestique prit particulièrement au sérieux ce qui ne devait être qu'une blague.
- Les Yamashiro ont toujours pris soin des âmes égarées. Mais Yurie sama ne s'occupe pas en personne du premier venu. Votre nom inspire le respect et c'est pour moi un grand honneur de vous rencontrer.
Sasuke restait interdit. Ces gens vivaient loin du village depuis près d'un siècle. Était-il possible qu'ils ignorent tout de ce qu'était devenu son clan ?
- Il ne faut tout de même pas exagérer…
- Lorsque vous irez mieux, je vous montrerais la Grande Salle, où l'on tient les réunions les plus importantes. Il y a une tapisserie représentant l'arbre généalogique de votre famille.
Comme pour mieux faire passer cette annonce, Kô retira la pointe qu'il avait de planter dans le bras. Sasuke grimaça, plus d'appréhension que de douleur.
- Mon arbre généalogique est affiché dans une pièce commune ?
Si cette nouvelle était censée le mettre en confiance, on ne peut pas dire que c'était très efficace.
- Il n'y a rien de bien surprenant, Sasuke. De tout temps, les Yamashiro ont tenu les archives des différents clans. Et aujourd'hui encore, ils tâchent de les tenir à jour.
D'une main aussi ferme que douce, Kô exerça une pression afin de réduire le saignement.
- Je ne vous fais pas mal ?
- Pour être tout à fait honnête, j'aimerais avoir plus mal que ça. C'est inquiétant.
- J'ai pris en compte votre taille et votre corpulence pour doser l'analgésique en vous laissant juste ce qu'il faut de sensibilité pour s'assurer du bon fonctionnement de votre corps. Je peux entendre que vous souhaitez souffrir davantage, mais j'ai ordre de vous soigner le plus rapidement possible. Et la tâche sera autrement plus compliquée si vous vous tordez de douleur. Appuyez bien, je vous prie.
Kô lui fit mettre la main sur la compresse et ouvrit à nouveau son kimono. Sasuke se laissa faire bien malgré lui, alors qu'il reprenait la suture commencée à son abdomen.
- Ceci dit, je suis entièrement à votre service. Une fois que vous irez mieux, je pourrais vous faire souffrir jusqu'à ce que vous perdiez conscience. Si c'est là votre plus grand plaisir.
Sasuke avait reçu cette proposition comme une claque au visage.
- Qu'est-ce que je suis censé répondre à ça ? La seule chose que je souhaite, c'est me réveiller en étant pleinement maître de mon corps, rien de plus ni de moins.
- Je comprends.
Kô était un très mauvais menteur ou alors il ne cherchait pas à mentir. C'était marqué sur son visage qu'à la première occasion, il le droguerait à nouveau.
Sasuke soupira en se laissant retomber contre la tête du lit. La chambre était spacieuse et bien aménagée. D'ici, la cime des arbres formaient un océan vert qui concurrençait l'infini du ciel. Si Yurie n'était pas arrivée, combien de temps aurait-il fallu avant qu'il ne soit englouti par la forêt.
Kô était androgyne dans les moindres détails. Des traits délicats de son visage, à son toucher doux mais ferme. Le plus troublant était ses grands yeux, pétillants de malice, bordés de longs cils bruns. Ils semblaient noirs aux premiers abords, mais se révélaient d'un bleu aussi profond qu'une nuit sans lune.
Un sourire creusa des fossettes aux coins de la bouche du domestique, alors qu'il inclinait la tête vers Sasuke.
- Oui ?
Ce mot lui glissa des lèvres en guise de questionnement, après tout cela faisait deux bonnes minutes qu'il le dévisageait sans rien dire.
Sasuke lui fit un franc hochement de tête puis s'inclina légèrement à son tour.
- Merci, Kô.
Pour une fois, c'est lui qui parut désemparé. Après avoir dégluti pour se redonner de la consistance, il hocha nerveusement la tête.
- C'est aux Yamashiro que vous devez tout cela. Ce sont des gens bien. Et en tant qu'Uchiwa vous méritez cette attention et bien plus encore.
Sasuke baissa les yeux, un peu honteux. Peut-être que ses parents auraient été dignes de tout cela, mais pas lui. Bien que ce soit une injustice, son nom était devenu synonyme de traîtrise.
- Vous êtes ici chez vous.
Cette remarque acheva de lui remettre les pieds sur terre. Il avait une maison, un chez lui qui l'attendait. Et ce n'était pas ici. Kô était gentil, et il ne pourrait jamais suffisamment remercier Yurie de l'avoir accueilli.
Mais ce n'était rien comparé à l'idée de vivre à Konoha avec Naruto. Il n'y avait pas grand-chose à dire, c'était une évidence. Ils avaient été heureux par le passé et ne demandaient qu'à l'être à nouveau.
- Je vous remercie de votre hospitalité, mais je préfère être honnête. Je ne compte pas prendre mes marques, je ne reste jamais très longtemps au même endroit.
- C'est une appréciation relative, lorsque l'on chérie chacun des instants passés ensemble, le temps n'a plus d'importance.
- Vous tenez des propos pour le moins déstabilisant, Kô.
- Vraiment ? Je ferai plus attention à l'avenir.
- Non. Ce n'est pas la peine. Vous êtes une personne qui agit de manière spontanée. C'est un trait de caractère que j'apprécie.
Kô acquiesça d'un hochement de tête, un sourire sincère sur les lèvres. Il devrait revoir ses leçons de savoir-vivre, mais au moins, ce n'était pas un menteur. D'une certaine façon, il lui faisait penser à Naruto.
Il était résolu à s'enfuir dès qu'il irait mieux. Mais pour l'heure, il appréciait de pouvoir se reposer auprès de personne qui savait qui il était et souhaitait l'aider malgré tout.
