On se revoit à Konoha

Disclaimer : D'après les personnages de Naruto de Masashi Kishimoto. Une histoire originale de Nounouillechan. Ecrit par Chicken Poulet.

Chapitre 6 : Le point de rupture

Tsunade essayait de semer Sakura dans le dédale de couloirs de l'hôpital.

- Je demande simplement à le voir.

- Et je te réponds simplement qu'il n'est pas en état de recevoir de visite.

- Alors dis-moi au moins comment il va.

- Je ne pense pas avoir de compte à te rendre.

Sakura vint se planter face à elle, au milieu du couloir.

- Attends que l'on remette les choses au clair, tu crois avoir le monopole de la souffrance ou quelque chose comme ça ? J'ai aidé à le maintenir en vie, j'ai participé à son transfert, alors pourquoi m'écarter, maintenant ?

Le sang de Tsunade ne fit qu'un tour, elle entraîna son ancienne disciple dans la première chambre disponible afin de régler cette histoire une bonne fois pour toutes.

- Je n'ai pas besoin d'avoir le monopole de quoi que ce soit pour t'ordonner de ne pas éternuer sans mon autorisation, pourvu que ça me chante. Vu ? Et ça, pour l'unique et bonne raison que j'ai plus d'expérience que tu ne pourras en accumuler, même en vivant une centaine d'années. Je suis la directrice de cet hôpital et accessoirement l'hokkage de ce village.

- Tu pourrais bien avoir vécu un millier d'années que ça ne te donnerait pas plus l'autorisation de m'empêcher de voir mon ami quand je le souhaite.

- « Ami » ? C'est toujours amusant de t'entendre utiliser ce mot. Mais il n'a pas plus de sens dans ta bouche qu'entre ces murs. Lorsqu'il est ici, Naruto est mon patient.

- Je peux savoir ce que tu sous-entends ?

- J'ai dit qu'il s'agissait de mon patient.

Sakura déglutit pour se donner du courage et se prépara à lui tenir tête.

- J'en ai assez d'être traité comme une idiote ! Tu me rends responsable de ce qui arrive à Naruto, mais ce n'est pas de ma faute ! Ce n'est pas moi qui l'ai blessé et il compte énormément à mes yeux.

- Va jouer ton numéro à quelqu'un d'autre ! Retrouver Sasuke, c'est tout ce qui compte à tes yeux, et Naruto n'est qu'un moyen parmi d'autres !

- Je suis amoureuse de Sasuke, ce n'est un secret pour personne. Mais je suis loyale envers Naruto et Konoha. Je n'ai pas hésité une seconde à lui venir en aide plutôt qu'à Sasuke et tu n'as pas la moindre idée de combien cela m'est douloureux.

Tsunade n'en montra rien, mais les arguments de Sakura firent mouche. Elle regrettait maintenant ses mots et son attitude vis-à-vis d'elle.

- C'est douloureux pour tous ceux qui ont vu Sasuke grandir. Mais ça ne change rien au fait que tu ne puisses pas voir Naruto.

- Et pourquoi ?!

- Il n'est pas en état de voir qui que ce soit. Et il est inutile de me le demander une fois de plus !

Alors que Sakura ouvrait la bouche pour protester une fois de plus, et elle l'interrompit avant qu'elle ne dise un mot de plus.

- MAIS ! Je t'assure que tu seras la première prévenue, lorsqu'il sera en état de parler.

Sakura soupira et quitta la chambre la tête basse. Elle était venue tous les jours depuis que Naruto avait été hospitalisée et méritait sans doute plus que d'autres de le voir.

Mais Tsunade ressentait le besoin de le protéger, y compris de lui-même. Elle espérait que son plan de libérer Kurama n'était qu'une lubie, qui lui passerait rapidement. En attendant, il ne fallait pas que son plan s'ébruite.

Le principal risque était que le Conseil reproduise sur lui ce qui avait été fait à Gaara, que Kyûbi soit extrait de force de Naruto et qu'il soit tué dans le processus.

Elle traversait la salle d'attente pour rejoindre son bureau et trouver un peu de paix, lorsque Hinata se dressa sur son chemin. La petite amie non-officielle de Naruto, il ne manquait plus que ça.

- Excusez-moi, hokkage sama…

- Non, je ne t'excuse pas ! Ce n'est pas bien compliqué à comprendre, Naruto a besoin de tranquillité ! Et me harceler n'y changera rien. Je n'en ai rien à faire de vos liens ou de votre histoire, tu n'as pas de droit de visite. C'est clair ?!

Le visage d'Hinata était écarlate, elle jeta un regard à la salle d'attente maintenant plongée dans le silence. Et baissa la tête en laissant passer Tsunade à côté d'elle.

La principale préoccupation de Tsunade était que Naruto se remette de ses blessures au plus tôt. Elle savait qu'il avait raison sur l'implication du Conseil dans la destruction du clan Uchiwa. Pourquoi se montrer si virulent à l'égard du dernier Uchiwa autrement ?

S'il n'y a jamais vraiment de gentil ou de méchant dans une guerre, ça faisait trop longtemps que le Conseil brisait sans remords le moindre de ses opposants.

Il était grand temps d'y mettre un terme, mais cela ne laissait place à aucune approximation.

oOo

Sakura tressauta en arrivant devant la porte de sa petite maison, elle avait arpenté les rues d'un pas chancelant, et n'avait aucun souvenir de sa traversée du village. Pourquoi ?

« Qui ça intéresse, dépêche-toi de te mettre à l'abri »

Ça devait faire des années qu'elle n'avait pas entendu cette petite voix.

Elle déverrouilla la porte et la referma derrière elle. Puis elle poussa un soupir et se laissa glisser jusqu'à se retrouver assise. À l'abri des regards et des jugements, elle pouvait laisser couler ses larmes.

Alors qu'elle était venue s'enquérir de l'état de Naruto, Tsunade s'était montré ignoble avec elle.

Sakura monta les épaules en reniflant.

« Qu'elle aille se faire voir ! » gronda la petite voix.

Ce n'était pas une amourette, elle aimait Sasuke comme personne d'autre et elle attendait son retour plus que quiconque. Cette maison, par exemple, elle l'avait aménagée pour eux. Une grande salle de bain, un jardin et même une chambre d'enfant. Individuellement Sasuke et elle n'étaient pas parfaits, mais elle savait qu'ils seraient de merveilleux parents.

Sakura se mordit la lèvre inférieure pour étouffer un sanglot.

Elle avait sacrifié le bien-être de Sasuke au profit de Naruto et tout ça pour quoi ? Elle ne pouvait même pas le voir. Elle n'avait plus ni l'un ni l'autre et une fois de plus, elle se retrouvait seule. Sans personne pour l'aider ni la soutenir. C'était si douloureux !

Le dernier refus de Tsunade n'avait pas été particulièrement violent, mais indéniablement de trop. Quelque chose s'était cassé en elle.

Une fois de trop Sasuke et Naruto s'étaient affronté et une fois de trop elle se retrouvait avec un blond à moitié mort sur les bras, et son Amour perdu. Sans aucun soutien, au mieux de l'indifférence et au pire du mépris.

Elle ne trouvait de repos nulle part, c'est comme si tout le monde s'était passé le mot. Même les inconnus dans la rue la regardaient de travers. Ils pensaient être discrets mais elle sentait bien leur animosité.

- Ce n'est pas juste, souffla-t-elle.

« Ce n'est pas ma faute. »

Sasuke avait quitté le village, tourné le dos à ses fonctions, à ses amis, il l'avait laissée seule sans même se retourner. Pourtant, ils la tenaient pour responsable.

« Ce n'est pas ma faute. »

Il n'y a rien de plus douloureux que de voir l'homme que l'on aime nous échapper, s'éloigner sans parvenir à le retenir.

Si vous n'avez jamais été abandonné par un être cher, vous ne comprendrez pas combien son quotidien était pénible. Attendre tous les jours une personne qui ne rentre pas et vivre dans l'inquiétude perpétuelle. Lorsqu'elle mangeait, elle se demandait si lui mangeait à sa faim. Lorsque venait le moment de dormir, elle se demandait si lui avait un endroit confortable où trouver le repos. Et en tout temps elle se demandait s'il allait bien et était en bonne santé.

Le quotidien était insupportable.

L'égoïsme était en bonne place dans les reproches qu'on lui faisait régulièrement. Pourtant, si elle avait réuni tant de moyens pour ramener Sasuke, allant jusqu'à mettre en péril son amitié avec Naruto. C'était pour sauver son couple et donner une chance à ses enfants de voir le jour.

Qui pouvait lui reprocher de vouloir assurer le futur de sa famille ?

Et réflexion faite, n'était-ce pas Sasuke qui était en tort ? Il se soustrayait à ses obligations en l'abandonnant.

« Ce n'est pas ma faute. »

C'est vrai. Tout ce temps qu'il passait loin d'elle, la terre ne s'était pas arrêtée de tourner !

Évidemment, ce qui se passait à Konoha durant son exil n'était pas très intéressant, une affaire de vol, deux ou trois meurtres. De la petite délinquance typique des petits villages, avec une toute petite justice, minuscule, comparée à la grandeur du magnifique Uchiwa Sasuke !

Sakura prit une décision qui acheva de la calmer.

Il était temps que le véritable responsable paie.

Elle aimait Sasuke, et l'une des raisons pour laquelle elle ne s'était pas elle-même lancée à sa recherche était qu'elle craignait ce que pourrait la pousser à faire ses sentiments.

Elle se redressa calmement et se déshabilla, semant ses vêtements jusqu'à la salle de bain. Quelques larmes coulaient encore le long de ses joues mais elle n'y fit pas attention.

Elle méritait le respect et la reconnaissance de ses années de soutien au village de Konoha et à sa population. Elle méritait d'être aimée et respectée de ses amis. Et elle méritait d'être heureuse… Même sans Sasuke.

Elle marqua une pause alors qu'elle se massait le crâne. En fait, elle ne pouvait pas l'être tant qu'il existerait.

« N'est-ce pas de sa faute ? » fit remarquer la petite voix dans sa tête.

Ses mots n'avaient pas dépassé sa pensée. Sasuke devait payer pour ses crimes, le premier étant de l'avoir abandonnée avec cet amour qu'elle ressentait pour lui. Un amour si puissant, qu'elle en avait peur, si elle ne parvenait pas à le changer en autre chose, elle sombrerait dans la folie.

Sakura mit les mains sur le mur, et retint sa respiration sous le jet d'eau durant quelques secondes.

La haine. C'était cela la solution à son problème.

Elle avait aimé Sasuke sans résultat, bien plus qu'elle ne s'aimait elle-même, jusqu'à blesser son entourage. Alors elle changerait ses sentiments en haine, une haine aussi froide que son amour était ardent. Elle travaillerait à ce que les sceptiques, et que ceux qui croient encore en l'intégrité du nom Uchiwa, le voit comme elle le voyait. Un être méprisable, semant la mort et la désolation.

L'eau chaude lui avait dénoué les muscles, sans prendre la peine de s'essuyer ou de se couvrir, elle traversa la maison, laissant des traces de pas humide sur le parquet.

Elle bailla en passant devant la chambre d'enfant et songea que cette pièce ferait un excellent bureau. Et bien que l'on soit au milieu de la journée, elle se glissa dans son lit et s'endormit rapidement, un sourire léger sur les lèvres.

En décidant de détruire Sasuke elle retrouva le sommeil. Le tuer serait trop simple et peu distrayant soit dit en passant, il devait souffrir comme elle avait souffert.

Elle rêvait de pouvoir le tenir dans le creux de sa main, de resserrer sa poigne progressivement, entendre ses os craquer, ses hurlements, jusqu'à ce qu'il ne reste que ses doigts rougis de son sang.