On se revoit à Konoha
Disclaimer : D'après les personnages de Naruto de Masashi Kishimoto. Une histoire originale de Nounouillechan. Ecrit par Chicken Poulet.
Chapitre 9 : Bonne nuit ?
Saï était sous la douche lorsque l'on vint sonner à la porte d'entrée de son appartement. Il était déjà tard mais il n'était pas plus inquiet que cela, il ne pouvait s'agir que d'une seule personne.
Il fallut quelques secondes avant que les yeux de Gaara ne s'habituent à la lumière et ce qu'il découvrit lui parut d'abord être une illusion.
Saï était debout dans l'embrasure de la porte, ses pieds nus dépassaient d'un pantalon de pyjama blanc bordé de bleu à la ceinture et aux jambes. En guise de haut, une serviette éponge passée à son cou comme une écharpe et retombant sur ses épaules. De l'eau gouttait de ses cheveux, glissait le long de son visage pour atterrir sur la serviette. Pourtant quelques gouttes échappèrent à la barrière de tissu pour redessiner ce corps svelte, par pudeur Gaara ne pouvait les suivre jusqu'à ce qu'elles achèvent leur course.
Il finit par baisser la tête, debout sur le pas de la porte.
- Je voulais rejoindre mon appartement, mais il y avait trop de bruit alors…
Saï tourna les talons et remonta la serviette pour se sécher les cheveux.
- Tu peux passer la nuit ici.
Gaara referma la porte derrière eux. L'appartement semblait d'autant plus grand qu'il n'y avait que le strict nécessaire. Le salon, qui faisait également office de salle à manger, avait pour tout meuble un kôtatsu et deux coussins. La partie cuisine était séparée par un comptoir peint en blanc surplombé d'une table de bois non traité.
Gaara suivit Saï dans la seconde partie du logement. Une chambre à coucher séparée d'un petit balcon par une baie vitrée et de la salle de bain par une simple porte coulissante.
Il était là, debout devant le lavabo, une brosse à dents à la main et de la mousse à la commissure des lèvres.
- J'en ai pour deux minutes, après je te laisse la salle de bain.
Gaara détourna le regard, la baie vitrée était ouverte et le vent faisait danser les rideaux à quelques centimètres du lit.
- Je ne veux pas dormir, souffla-t-il.
Saï se tourna vers lui et pointa un panier à côté de la cabine de douche.
- Je t'ai proposé de prendre une douche, c'est toi qui parles de dormir. Fais comme chez toi.
Il hésita un instant mais finit par se glisser derrière Saï afin de se déshabiller. Sa jarre fit un bruit mat en touchant le sol, vite suivi par le gilet et son long manteau rouge.
Par un jeu de miroir, Saï se surprit à l'observer. Sous ces protections, Gaara portait un fin débardeur noir, ses muscles se mouvaient au moindre de ses gestes sous une peau dorée par le soleil du désert.
Il se tourna au moment où le roux faisait passer le débardeur par-dessus sa tête. Ainsi mis à nu, Gaara révélait un corps tout en muscles, dégageant un sentiment de puissance brute.
- Faut mettre tout ça dans le panier, je vais te prêter des vêtements pour la nuit…
- Je ne vais pas dormir.
Saï se rinça la bouche et saisit les vêtements qu'il plaça dans le panier.
- J'ai dit "pour la nuit", pas pour dormir. Ta journée a été longue, après une douche ce sera sans doute plus agréable de te changer.
Gaara baissa à nouveau la tête.
- Souhaites-tu que je te prépare quelque chose à manger ?
- Non merci, ça ira. Je vais juste attendre que les choses se calment à l'extérieur.
- Très bien, je déposerai une serviette et les vêtements juste là.
Cette visite ne surprenait pas vraiment Saï. Il savait que Gaara avait du mal à se faire à la vie de Konoha, même lorsque tout est endormi la nature continue de grandir, vivre et mourir. Et le roux était sensible au moindre de ces sons. Afin de lui assurer un repos similaire à celui de Suna, son logement de fonction était insonorisé, mais encore fallait-il traverser la ville pour le rejoindre.
Et parfois il n'en avait simplement pas la force.
Saï lui posa les vêtements et traversa l'appartement afin d'éteindre les lumières superflues, ne laissant que celle tamisée de la chambre à coucher. La journée avait été chaude, et il comptait bien profiter de la brise du soir. Il s'assit dans son lit, le dos calé contre les oreillers pour lire quelques haïkus.
Après quelques minutes, Gaara sortis de la salle de bain, ses cheveux trempés dégoulinaient sur le haut de pyjama bleu nuit qu'il lui avait passé.
- Tu n'as pas vu la serviette ?
- Ce sont des vêtements pour dormir.
- Et tu vas prendre froid si tu les gardes.
Il posa le livre sur la table de chevet et le rejoint en un bond, le roux recula de quelques pas en le toisant. Saï prit ses distances et l'interpella tendrement.
- Gaara.
- Je… je suis épuisé.
Il souffla ces quelques mots comme une confession honteuse. Saï lui fit relever la tête et lui dégagea le visage.
- Je sais.
Il le fit asseoir sur le bord du lit et récupéra la serviette dans la salle de bain, il ôta le haut trempé et le laissa tomber à ses pieds. Il entreprit de le sécher.
Gaara se laissait faire avec une étonnante docilité. Saï n'était qu'à quelques centimètres de lui, son toucher était léger et doux, à peine perceptible. Il laissait un sentiment de confort qui l'apaisait toujours plus.
Afin de lui sécher les cheveux, Saï fit basculer sa tête en arrière. Un soupir d'aise glissa des lèvres charnues de Gaara, ses paupières mi-closes ne laissaient voir qu'une petite partie des disques émeraude de ses yeux.
Saï le relâcha et se pencha sur lui pour lui ordonner dans un murmure.
- Recule.
Comme s'il n'était plus maître de son corps, Gaara lui obéis, et pour chaque mouvement qu'il effectuait, Saï avançait, à quatre pattes au-dessus de lui.
Il se retrouva allongé sur le dos, la tête de lit lui interdisant toute fuite. Il leva un regard lucide sur l'homme à califourchon sur son bas-ventre, le dominant de toute sa splendeur. Il ne résista pas à l'envie de le caresser et sentit les abdos se contracter sous l'ivoire de ce ventre parfait.
Mais Saï récupéra la main qu'il vint replacer à côté de sa tête. Puis il fit basculer son bassin, jusqu'à se trouver allongé sur lui.
Au contact du torse-nu contre le sien, Gaara se tendit. Mais rapidement, le brun glissa sur le côté, plaçant la tête dans le creux de cou pour l'enlacer de son corps entier.
Gaara se détendit et répondit à ses caresses en resserrant leur étreinte, à la recherche de toujours plus de contact. Sa poigne était si puissante que s'en était presque douloureux.
- Gaara, je ne vais pas m'enfuir, tu sais ?
Bien trop angoissé pour être sensible à cette boutade, le maître des sables se redressa maladroitement. Il posa sur lui un regard dur et lui répondit avec gravité.
- Tu devrais pourtant. Je vais finir par te faire du mal. C'est plus fort que moi.
Saï s'assit à nouveau sur lui et plongea son regard dans le sien, puis il prit la main du roux pour la poser contre sa joue.
- Tu peux me blesser, mais pas me faire mal. Rien de ce qui vient de toi ne peut me faire de mal.
Il se pencha sur lui et ferma les yeux au moment où leurs fronts se touchaient.
- Cela fait maintenant une semaine, murmura-t-il. N'est-ce pas douloureux ?
Le roux se décala pour poser la tête dans le creux de son cou et le supplia de le soulager.
- S'il te plaît.
- Laisse-moi faire.
Avec une certaine appréhension, Gaara s'allongea sur le côté, Saï se plaça derrière lui et posa simplement une main sur sa taille. C'était assez paradoxal, mais depuis qu'il avait perdu Shûkaku, le maître des sables avait renoué avec sa phobie du sommeil. Il était terrifié à l'idée de dormir et de se réveiller les mains couvertes de sang.
Mais entre les bras de Saï il se sentait en sécurité, il l'apaisait au point de s'endormir sans s'en rendre compte. Il était froid, calme et bien assez fort pour le contrer.
Un sourire passa sur les lèvres de Gaara lorsqu'il sentit les doigts dessiner des cercles autour de son nombril, puis remonter jusqu'à sa gorge.
Tout ce qui s'était passé précédemment avait certe quelque chose d'érotique, mais il connaissait bien Saï. Il savait qu'aucun de ces gestes délicats n'étaient de véritables caresses. Il évaluait les différents moyens de le blesser ou le tuer, comme lui planter une lame dans le ventre et remonter lentement jusqu'à sa gorge.
- Tu serais mort bien avant, souffla-t-il en fermant les yeux pour se caler un peu plus contre lui.
Saï regarda par-dessus son épaule et vit une vague de sable se terminant en une lame affutée à quelques centimètres de son visage.
- Il semblerait bien.
Il ramena sa main sur sa hanche afin de caler son bassin contre le sien et Gaara pouvait sentir son sourire contre sa nuque. La vague de sable s'éroda et retourna sous le lit.
Il avait dû préparer son attaque bien avant qu'il ne vienne ouvrir la porte.
- Bonne nuit, Gaara.
Ils étaient tous deux conscient d'être tout contre un meurtrier, prêt à attaquer.
- Bonne nuit, Saï.
Ils s'endormirent ainsi, étroitement enlacés, tels deux serpents.
oOo
Tsunade comptait elle aussi se coucher dans peu de temps, juste après avoir pris soin de Naruto.
- C'est l'heure des soins du soir !
Dans un premier temps elle fut surprise de devoir allumer la lumière, puis elle trouva son plateau repas intact.
- T'as pas dîné ?
Elle s'approcha du lit et se pencha sur lui pour le secouer, ce midi déjà elle avait dû le réveiller pour qu'il déjeune. Dans son état, c'était plutôt une bonne chose qu'il se repose, mais pas au point de négliger son alimentation.
- Aller Naruto. Je sais que c'est difficile mais il faut que tu te réveilles !
Tsunade posa la main sur son épaule pour le secouer, mais ressenti une telle chaleur qu'elle fut obligé de la retirer avant de se brûler.
- Qu'est-ce que… NARUTO !
Il fronça les sourcils et ouvrit lentement les yeux.
- C'est bon, je suis réveillé, je suis réveillé.
Elle se tenait la main et le fixait avec ce regard glacial auquel il ne s'habituerait jamais. C'était le même que celui des villageois qui le jugeait et gardaient à distance lorsqu'il n'était qu'un enfant.
- Tsunade… Que se passe-t-il ?
Naruto se mordit la lèvre inférieure s'asseyant dans son lit. Il détestait ce regard, parce qu'il signifiait qu'elle ne le voyait pas lui, mais le démon qu'il abritait.
- Reste pas à me regarder sans rien dire, je déteste ça !
Tsunade prit une inspiration puis lui sourit en montant les épaules.
- Désolé ! C'est juste que tu ne te réveillais pas. J'étais inquiète.
- Il faut pas. Je discutais avec Kurama.
Et c'était lui qui l'avait brûlé. Tsunade n'avait qu'une envie, lui dire de faire attention. Qu'il devrait prendre ses distances avec ce démon, mais c'était peine perdue. D'une manière ou d'une autre Kyûbi lui avait déteint dessus, et c'était comme s'il n'avait plus conscience de sa dangerosité.
- Tu n'as pas mangé ce soir.
- J'allais le faire en me réveillant, Tsunade vraiment… Je ne vais pas arrêter de respirer dans mon sommeil, tu sais ? Ce n'est pas la peine de t'inquiéter.
- C'est à moi d'en décider, jeune homme. Et vous en déplaise, rien n'indique que vous êtes tiré d'affaire.
Naruto baissa les yeux en soupirant.
- Le prend pas comme ça. J'suis désolé.
- J'espère bien que tu l'es, l'inquiétude ne me va pas du tout au teint.
- Qu'est-ce que tu racontes ? Tout ce que tu portes te met en avant et le temps n'a pas de prise sur toi.
Tsunade lui donna une petite tape sur l'épaule.
- Toi, alors.
De manière mécanique, elle entreprit de lui changer ses bandages et de nettoyer ses plaies. Elle connaissait suffisamment son travail pour procéder à d'autres examens en parallèle. Et comme elle le pensait, la présence de Kyûbi était inquiétante. Son chakra était à peine plus important que celui de Naruto, mais assez pour transparaître.
- Comment te sens-tu aujourd'hui ?
- Bien. C'est juste que j'ai sommeil. J'ai l'impression d'être toujours fatigué.
- C'est normal. Tu as besoin de récupérer. Et Kurama ? Quelque chose à signaler ?
- Et bien… Il commence à bien récupérer et te remercie de t'inquiéter. Il aimerait que Sakura ne nous rende plus jamais visite, je suis d'accord avec lui. Et enfin… Il dit qu'il n'est pas dupe. Qu'il trouve ça étrange que tu ne l'appelles pas Kyûbi comme d'habitude.
Tsunade nouait le bandage de son torse et lui répondit d'abord sans le regarder.
- Va falloir qu'il se décide, à se plaindre un coup sur deux que je ne l'appelle pas comme il faut. Qu'est-ce qu'il veut à la fin ?
Elle se figea lorsque son regard croisa celui de Naruto. Ses pupilles d'habitude bleue azur étaient maintenant d'un rouge orangé caractéristique.
- Ce qu'il veut ? Va savoir. C'est un esprit plus complexe qu'il n'y paraît. Mais à choisir… Par-dessus tout, il voudrait que t'arrête de le prendre pour une tête de con. Vieille sorcière.
- Kyûbi… Retire tes sales pattes de Naruto, tu m'entends ?
Il s'étira en baillant.
- Quoi ? Tu veux que je quitte son corps, la vieille ? C'est en cours il me semble, mais en attendant qu'il soit prêt, le petit fait dodo. Et t'aura remarqué qu'on récupère l'un et l'autre bien plus vite comme ça.
- Je ne plaisante pas.
Il quitta le lit et piocha un onigiri sur le plateau repas.
- Parce que j'ai l'air de plaisanter, peut-être ? (Il prit une bouchée et fit la moue.) C'est sec. Écoute, la vieille...
- Ne m'appelle pas comme ça, trancha Tsunade en le toisant.
- Te fiche pas de moi ! T'as passé des années à m'appeler "Kyûbi, Kyûbi" alors que je déteste ce nom ! Le petit te l'a dit et répété en se gardant bien de te transmettre le fond de mes pensées. Si je peux parler, compte pas sur moi pour la fermer.
Tsunade se passa une main sur le visage afin de reprendre son calme.
- D'accord. Tâchons de reprendre les choses dans l'ordre. Quand je suis rentré dans la chambre et que j'ai essayé de réveiller Naruto, du chakra m'a presque brûlé la main. C'était toi.
- Oui.
- Mais lorsqu'il s'est réveillé, c'était encore lui. A quel moment as- tu as pris le dessus ?
Kurama prit une gorgée de thé froid et grimaça.
- Lorsque tu l'as regardé comme un monstre. Qu'il a vu toute la haine que tu avais pour moi, en le regardant lui. Comme s'il n'existait pas. Il a coulé à pic dans le désespoir le plus sombre. Au lieu de le laisser perdre conscience, ce qui t'aurait affolé, j'ai décidé de monter te dire deux mots. Tu vois que je suis une âme charitable.
- Tu n'as pas à prendre le contrôle de son corps, Kyûbi. Naruto pourrait se faire exécuter pour ça.
- Ouais et qui va aller le dire, toi ? Tu fais toujours ça quand un truc te déplaît : mettre en avant le petit, avec ce qu'il faut de menace pour qu'on aille dans ton sens. En fait tu ne supportes pas que j'utilise un tant soit peu son corps. Je devrais me contenter d'être utilisé comme une sorte de réserve de secours. Désolé mais c'est pas mon genre !
- Ne te montre pas impertinent.
Kurama la menaça de son index.
- C'est ma réplique, ça ! Tu devrais faire attention à ta manière de me parler.
- Et ça t'arrive souvent de prendre le contrôle de son corps ?
- Naruto est fatigué, Tsunade. Je… J'ai l'impression que tu te rends pas compte ! Je vais pas courir le 500 mètres ! Je le lève, je le fais manger, je lui donne sa douche et je fais en sorte qu'il marche un peu. Y'a pas de mal à ça.
Mais pour Tsunade tout le problème était là. Naruto avait des épisodes d'inconscience et Kurama était libre d'utiliser son corps pour aller et venir à sa guise.
- J'ai juste l'impression que tu prends pas mal de liberté depuis qu'il a promis de te faire sortir.
Kurama reposa brutalement la tasse sur le plateau.
- Très bien. J'en ai vraiment marre de jouer. Je t'appelle la vieille parce que ça te casse les pieds. Mais le fait est que j'ai passé l'âge de me disputer avec un crétin d'humain pas foutu de voir plus loin que le bout de son nez. Tu te prends pour la reine du monde ? Moi, je passe. N'hésite pas à me demander de l'aide une fois que t'aura retiré tes œillères.
Tsunade se redressa, alors qu'en un battement de cils, Karama se retirait. Le corps de Naruto faiblit sur ses appuis et elle arriva juste à temps pour le rattraper.
Elle le prit dans ses bras et l'allongea sur le lit. Et à cet instant précis elle regretta son attitude. Pas parce qu'elle avait plus de sympathie pour Kurama, mais qu'elle sentait que quelque chose n'allait pas. Ou plutôt que les choses allaient empirer, et c'étaient ses tripes qui parlaient.
