On se revoit à Konoha

Disclaimer : D'après les personnages de Naruto de Masashi Kishimoto. Une histoire originale de Nounouillechan. Ecrit par Chicken Poulet.

Chapitre 11 : Un pas en avant…

Après sa confrontation avec Yaoshi, le Conseil prolongea sa réunion afin de choisir une stratégie qui pourrait mettre un terme au problème Uchiwa, sans déclencher une guerre.

- La situation est bien plus grave que nous ne l'avions imaginé, commença Homura sur un ton solennel.

- La situation se dégrade continuellement depuis que nous avons remis cet ordre de mission à Uchiwa Itachi, glissa Koharu d'une voix douce mais parfaitement audible.

- Cette décision a été prise d'un commun accord, si ma mémoire ne me fait pas défaut.

Il y avait toujours une certaine tension entre Danzô et Koharu.

- Tu as encore une bonne mémoire. Et c'est pourquoi il nous revient d'en assumer les conséquences. Comme si la colère d'un Uchiwa ne suffisait pas, nous avons attiré l'attention des Yamashiro.

- Ravis de l'entendre, ça ne t'as pas empêché de traiter un Yamashiro de sang de vermine de la pire espèce.

Homura détendit un peu l'atmosphère par cette boutade.

- Je ne m'en excuserai pas. Nous avons nos défauts et nous commettons des erreurs, c'est humain. Mais ces Yamashiro ne sont qu'une troupe de mercenaires qui se croient plus vertueux qu'ils ne le sont réellement. De quel droit se permettent-ils de juger de nos décisions ?

- Voilà au moins une chose sur laquelle nous sommes d'accord. Il faut maintenant trouver un moyen de nous sortir de ce mauvais pas.

Ils restèrent silencieux un instant puis Homura prit à nouveau la parole pour faire un compte-rendu de la situation.

- Si notre entretien nous a placés sous le viseur des Yamashiro, il nous a tout de même appris quelque chose. Uchiwa Sasuke est toujours en vie et il se trouve dans l'un de leurs clans.

- Et tu déduis ça du fait que Yaoshi nous a dit que, si nous avions le malheur de chercher un Yamashiro Sasuke, Konoha serait réduit en cendres ?

Danzô avait roulé des yeux en appuyant la tête dans le creux de sa main.

- Ou du fait que les Yamashiro sont incapables de prononcer de mensonge. Yaoshi n'a pas nié la présence de Sasuke dans son clan, puis il s'est empressé de nous menacer en évoquant l'esprit de corps des Yamashiro.

Koharu jeta un regard du coin de l'œil à Danzô et l'assortit à un petit sourire.

- Très bien, Uchiwa Sasuke qui cherche à nous renverser, est avec une troupe de vaut rien qui nous déteste et dispose de tous les moyens nécessaires pour nous renverser. Je ne vois pas en quoi nous sommes plus avancés.

Homura fit un petit hochement de tête en baissant les yeux, Koharu entrouvrit les lèvres, mais se ravisa.

Pas mécontent de son petit effet, Danzô tapa en rythme sur la table du bout du doigt.

Koharu fut la première à prendre conscience que ce n'était peut-être pas une aussi mauvaise chose qu'il semblait.

- Les Yamashiro ne sont pas des juges tendres. S'ils souhaitaient nous attaquer, sur la seule parole d'Uchiwa Sasuke, ce serait déjà fait. Vous ne pensez pas ? Alors pourquoi n'avons-nous eu droit qu'à des menaces tièdes ? Pensez-vous qu'un Yamashiro de sang, avec le caractère de Yaoshi, se serait contenté de cela ?

- Pas ce sale gosse, commenta Danzô. Ce qui veut dire que quelque chose les retient.

Koharu acquiesça et conclut son raisonnement.

- Uchiwa Sasuke, est encore en vie et c'est la meilleure et unique protection dont nous avons besoin contre les Yamashiro. A cause des Hagoromo, les clans reprennent une place et une importance qui ne nous est pas favorable. L'opinion est en faveur de Sasuke et très favorable à son retour.

Homura soupira et les trois conseillers échangèrent un regard las.

L'Histoire les jugerait sans doute durement, mais ils n'avaient aucun regret quant à leur décision d'éradiquer le clan Uchiwa. Il avait pris trop d'ampleur, l'ordre de mission remis à Itachi avait été exécuté à la veille d'un coup d'Etat.

Être Conseiller ou Hokage de Konoha n'était pas une chose facile. C'est un grand village et pour conserver son unité, il faut être prêt à prendre des décisions difficiles.

Tous ces gens qui se rattachaient à un idéal perdu, le fameux "Temps du clan Uchiwa", oubliait facilement qu'ils s'étaient infiltrés dans tous les organes de pouvoirs : l'armée, la police, la justice… Inutile de dire qu'ils étaient en passe de devenir tout à fait intouchable.

- Que veut Uchiwa Sasuke ? fini par demander Danzô.

- Se venger ? proposa la seule femme du Conseil.

- Au-delà de cette simple évidence. Il veut réhabiliter son nom et rebâtir le clan Uchiwa. Il veut retrouver sa famille. Reprit-il.

- Non seulement cela est impossible, mais ce n'est pas dans notre intérêt. Répondit Homura.

- C'est anéantir le clan Uchiwa qui nous est impossible dans ces conditions. Les Yamashiro nous surveillent de trop près. Mais, dans son délire, Yaoshi a mis le doigt sur une chose intéressante : Sasuke aime Konoha et il veut revenir y vivre la tête haute. Nous devrions l'y autoriser.

Il était étrange de l'entendre le reconnaître avec tant de facilité. Koharu opina d'un hochement de tête et poursuivit d'une voix grave.

- Et bien, d'après plusieurs témoignages il serait intervenu pour aider des villageois au cours de la crue et de l'éboulement de terrain de l'été. Et lorsqu'il se trouve dans un affrontement impliquant l'un de nos soldats et ceux d'un autre village, il s'est toujours interposé en notre faveur. Il y a de quoi justifier son amnistie.

Homura céda à son tour.

- Cela nous ramènerait dans les bonnes grâces de la population et de la nouvelle génération de chef de clan.

Ils échangèrent un regard entendu.

- Nous ne nous débarrasserons jamais de ce fléau qu'est ce clan. Mais tout le monde adore lorsqu'un clan a un nouvel héritier. C'est l'une des seules choses reprochées au couple Hagoromo.

- Et une fois que le clan aura ce nouvel héritier, le père ne sera plus indispensable. De terribles accidents arrivent tous les jours et nous ne manquerons pas de soutenir cet enfant et sa mère.

Il n'y avait qu'une personne pour assurer cette mission très spéciale, c'était si évident que Koharu ne pensait pas que ça présenterait une difficulté.

- Qui d'autre qu'Haruno Sakura pourrait assurer cette tâche ?

Homura fut le premier à briser le silence laissé par sa question.

- Haruno est… enfin. As-tu eu l'occasion de lui parler dernièrement ?

- Nous savions depuis longtemps qu'elle était porteuse d'une folie latente, comme beaucoup de très bons de nos éléments, fit remarquer Danzô. Elle n'est pas seulement une excellente kunoichi, elle est de loin l'un des meilleurs éléments de notre armée.

Homura se montra alors plus catégorique.

- On ne parle pas d'un grain de folie ! Si elle avait été diagnostiquée plus tôt, elle aurait reçu un entraînement pour rejoindre l'anbu et son esprit aurait été brisé afin qu'elle ne soit plus en mesure de ressentir quoi que ce soit. Dois-je vous rappeler qu'il était à l'ordre du jour de la faire exécuter ?

Koharu posa la main sur son avant-bras pour l'apaiser.

- L'engagement de Sakura pour l'intérêt du village ne fait aucun doute. Et nous ne savons rien de l'évolution de cette maladie.

Il la toisa en hochant négativement de la tête.

- Ashura a provoqué le décès de 13 personnes, sans même avoir à les toucher, dans l'enceinte de la bibliothèque et entouré des artéfacts censés nous protéger de lui. Si l'envie lui prenait de sortir prendre un bain dans notre sang, rien ni personne ne pourrait l'en empêcher. Pensez-vous réellement que Konoha a besoin d'un autre comme lui ?

Homura était d'accord pour se défendre, mais pas à n'importe quel prix.

- Les morts qu'il a causés étaient accidentelles, tu le sais parfaitement. Quoi qu'il soit, à sa manière il ressent de l'empathie et de la culpabilité pour ses actes.

- Nous n'en savons rien ! Si ça se trouve, il a juste été enfermé si longtemps qu'il ne se rappelle plus comment sortir.

Koharu voyait Sakura comme une magnifique opportunité d'étudier cette étrange maladie qui entrainait une dégénérescence du chakra.

- Nous n'en savons rien parce que l'on s'est toujours contenté d'exécuter ceux qui lui ressemblaient.

- Comme tous nos prédécesseurs de par le monde ! Les bankei sont trop dangereux pour être laissé en vie et la seule occasion que nous avons de nous en débarrasser c'est avant leur éveil. Sakura est sur la brèche, elle ne peut pas être soignée.

Elle n'entendait pas perdre cet échange, Danzô les regardaient en jaugeant les arguments de part et d'autre.

- Tu oublies qu'Ashura est une arme de dissuasion qui nous a déjà servi. Et nous ne savons pas comment l'utiliser. Et on sait qu'être proche de lui trop longtemps suffit à tomber malade et mourir. Si tu as un moyen plus discret de te débarrasser d'Uchiwa Sasuke, je t'écoute.

Homura nia de nouveau de la tête, et chercha le soutient de Danzô en s'adressant maintenant à lui.

- Penses-tu que ça mérite de mettre Konoha en péril ?

Il lui répondit sans hésiter.

- Sakura n'a jamais porté atteinte aux intérêts du village de quelques manières que ce soit. Elle est brillante et je suis certain, qu'avec l'accompagnement approprié, elle sera notre plus grand atout. A son contact permanent, il ne faudra pas bien longtemps avant que notre problème principal ne soit qu'un mauvais souvenir. Et il sera peut-être encore temps d'en finir avec elle.

Koharu ne se réjouissait pas de faire un nouvel orphelin, Danzô était toujours trop extrême dans ses décisions.

- C'est mon idée, je serais celle qui l'accompagne. Ashura est un problème dont nous avons hérité. Là où lui subit son état, je pense que Sakura est à même de le contrôler.

Homura se retrouve obligé de capituler.

- Très bien. Je donnerai mon approbation, s'il n'existe vraiment pas d'alternative. Mais imaginez l'immortalité et l'invincibilité d'Ashura mit au service d'un esprit aussi troublé que le sien. Son intelligence que vous vantez tant se retournera rapidement contre nous. Qu'adviendra-t-il alors de Konoha ?

Koharu monta légèrement les épaules.

- Et qu'adviendra-t-il de Konoha, si Sasuke revient sans aucun contrôle, et s'établit sur le trône que lui prépare les Hagoromo ? Nous n'avons pas le choix. Pour prendre les Yamashiro de court, nous devons faire vite.

Le silence qui fit suite à sa question parlait de lui-même et en quittant leur réunion elle commença ses préparatifs de cette mission tout en espérant que ce ne serait pas la dernière de sa vie.

oOo

De son côté, Sasuke se remettait bien de ses blessures et commençait à prendre ses marques au village Yamashiro. Il déjeunait tous les jours avec Yurie, il ne savait pas pourquoi mais Kô s'absentait systématiquement à ce moment de la journée.

Ce qui était le plus irréel c'était la facilité avec laquelle il avait retrouvé un rythme de vie normale, avec des discussions futiles et la participation aux tâches quotidiennes. Il ne vivait plus dans cette torpeur permanente.

- Aujourd'hui nous avons des bouchées de viande vapeur, du riz parfumé au jasmin et de l'anguille !

Alors qu'elle mettait la table, il se rendit dans la cuisine où une théière en métal sifflait sur le feu. Il versa l'eau chaude dans un théière en porcelaine et récupéra deux bols assortis. Ce n'était pas grand-chose, rien de très intéressant. Mais ces petites choses du quotidien participaient à l'apaiser.

Sitôt le thé servi, Yurie dressa les entrées mais resta la bouche ouverte en voyant la mine contrite de Sasuke.

- Quelque chose ne va pas ?

Il détourna le regard un instant. Au début il n'avait rien dit parce qu'il était blessé et avait besoin de son aide pour se remettre. Mais il allait mieux et ne pouvait plus garder le silence.

- Il y a quelque chose que je dois vous dire, même si ce n'est pas facile.

Yurie l'interrogea du regard un sourire en coin, mais à la vue du sérieux qu'il affichait elle reposa ses couverts et le regarda droit dans les yeux.

- Vous êtes tout à fait libre de parler, Sasuke. Qui a-t-il ?

- Vous me traitez avec tant de soin… parce que je suis un Uchiwa, n'est-ce pas ?

Elle acquiesça d'un hochement de tête et parla rapidement, comme pour se justifier.

- C'est que les Uchiwa ont toujours été bons pour nous. Oh, j'ai honte de le reconnaître, mais nous autres, Yamashiro, avons usé de nos pouvoirs pour fuir les problèmes du village, considérant que ce n'étaient pas les nôtres. Quand vous autres, Uchiwa, avez toujours usé pour le bien de tous.

Sasuke sentit sa gorge se serrer, il y avait si longtemps qu'il n'avait pas entendu quelqu'un parler en bien de sa famille. Il baissa la tête, comme honteux, il ne parvenait pas à la regarder dans les yeux.

- Je crains de devoir vous porter de mauvaises nouvelles. Disons qu'au cours des vingt dernières années, ma famille s'est illustrée dans l'art de la traîtrise. Mon frère… Itachi a massacré les membres de notre clan. Je suis le seul à en avoir réchappé. Et il y a quelques années j'ai moi-même déserté. J'ai trahi mes amis, mon village et...

Il soupira comme s'il venait de se décharger d'un poids, mais ne parvenait pas à dire qu'il avait fini par tuer son propre frère.

- Je suis activement recherché par des tueurs d'élite. Ma seule présence met en péril les membres de votre clan. Comme je vous l'ai dit à notre première rencontre, c'est pour cela que je ne peux rester avec vous.

Yurie glissa une main sous son menton et lui fit relever la tête, elle le regarda avec une certaine intensité.

- Et comme je te l'ai dit, c'est tout au contraire pour cela que tu dois rester avec nous. L'histoire des Uchiwa et des Yamashiro est étroitement liée et remonte à bien avant la création du village de Konoha. Il ne serait pas surprenant que nous ayons le même sang dans les veines, Sasuke.

Son tutoiement créa une étrange proximité entre eux. Son regard s'adoucit quand il tenta à nouveau de détourner le regard.

- Vous ne semblez pas mesurer l'ampleur de la situation.

Elle se pencha un peu en avant et il lui caressa la joue, comme pour enlever une tache de confiture.

- Ton honnêteté remplit mon cœur de joie. Mais c'est toi qui ne sembles pas conscient de la situation, mon garçon.

Elle le relâcha pour se servir quelques bouchées vapeur, avant de lui tendre le plat. Son absence de réaction face à ses aveux le mire immédiatement sur ses gardes. Est-ce qu'elle était de mèche avec le Conseil depuis tout ce temps ?

Les points au-dessus des yeux de Yurie se rapprochèrent, et son regard quitta le visage du dernier Uchiwa pour la table.

- Et tu comptes l'utiliser pour me trancher la gorge ou seulement pour me blesser ?

Elle avait posé cette question d'un ton calme. Et ce n'est qu'à ce moment que Sasuke réalisa qu'il avait saisi l'un des couteaux qu'il tenait comme un poignard.

- Grand frère ?

La voix de Yonosuke le fit tressaillir. Le petit garçon était constamment avec sa mère, et il prenait le déjeuner sous la table, assis à côté d'elle. Il s'était redressé de manière à ce que le sommet de sa tête avec sa coupe en bol et ses yeux en amande soient visibles.

Sasuke prit une grande inspiration et posa le couteau.

- Je ne veux de mal à aucun de vous. Je serais parti avant la fin de la journée, merci de votre hospitalité.

Il se redressa pour quitter la table, mais Yurie prit une louche de service et lui en asséna un coup sec sur la tête. Il en fut si déstabilisé qu'il retomba sur sa chaise et la fixa sans rien dire.

- Cette attitude fait honte au nom des Uchiwa ! Tu n'étais pas suffisamment jeune à la mort de tes parents pour ne pas avoir reçu une éducation convenable ! Je peux savoir où tu as appris à quitter la table au milieu d'un repas et d'une conversation, sans t'excuser ?!

Sasuke fronça les sourcils en rougissant furieusement, alors que Yonosuke s'était redressé et le regardait maintenant avec un sourire pincé.

- Et bien ?! J'attends.

- Je… Je vous présente mes excuses.

Il n'avait pas la moindre idée de ce qui le poussait à prononcer ces mots. Elle avait une attitude si maternelle qu'il ne voyait pas comment réagir autrement.

- Voilà qui est mieux. Beaucoup de personnes ont travaillé pour te fournir ce repas et je ne parle pas uniquement des cuisiniers. Il y a les agricultrices, les pêcheurs, les marchands et les membres de la communauté. Qui chacun à leur échelle font en sorte que tu évolues dans un environnement propre et sécurisé.

Elle servit un bol de riz dans un bol et quelques anguilles en sauce dans un plat, avant de les poser devant lui.

- La fuite est parfois une bonne solution. Mais tu n'iras jamais assez vite ni assez loin pour te fuir toi-même, mon garçon.

Sasuke prit le bol à deux mains et le ramena vers lui. Il opina doucement de la tête et réalisa qu'il y avait deux questions importantes qu'il ne lui avait jamais posées.

- Quel est cet endroit et qui êtes-vous ?

Yurie lui sourit et Yonosuke se laissa glisser sous la table.

- Tu te trouves au sein de la division principale du clan Yamashiro et je suis l'intendante en chef : Yamashiro Yurie, aussi connu sous le nom de Reine mère. J'ai encore bien d'autres titres, mais cela n'est pas important. Tu n'es pas le seul à ne pas avoir été tout à fait honnête.

- Je suis prêt à tout entendre, assura-t-il en la regardant durement.

Si elle avait accepté sa présence tout en sachant qui elle était, elle méritait bien de répondre à ses questions. Mais Yurie parut soudainement très ennuyée.

- Ce n'est pas avec moi que tu devrais avoir cette discussion. J'ai quelques compétences en persuasion mais pas en négociations. Et il le sait parfaitement, le vaurien !

- Me raconter toute la vérité nécessite des négociations ?

Yurie claqua des mains deux fois.

- Raconter une histoire ? C'est mon point fort. Nous verrons après pour les négociations.

Sasuke fronça les sourcils, il n'avait jamais parlé d'une histoire. Perplexe, il la regarda se lever et installer les bols et la théière face à lui.

- D'abord une rapide démonstration pour le contexte. Ensuite je te raconterais l'histoire dont tu es le héros. Et nous arriverons au moment où tu acceptes tout sans que j'ai à négocier parce que ce n'est pas mon fort. Qu'en dis-tu ?

Il ouvrit la bouche pour contester cette dernière partie mais elle début sa démonstration sans lui laisser le temps de parler.

- Ceci est la situation dans tous les villages de tous les pays de ce monde. Le thé c'est le pouvoir, la théière les familles nobles, le bol le Conseil et… La personne qui boit le thé représente le peuple. (Elle remplit progressivement le bol) Donc, les familles nobles donnent du pouvoir au Conseil et les villageois en bénéficient.

Yurie posa sa théière et bue une gorgée.

- Il est délicieux. Tu comprends la situation jusque-là ?

Sasuke acquiesça d'un hochement de tête, sans voir où elle voulait en venir.

- Voici maintenant la situation au village de Konoha, d'aussi loin que remontent nos archives.

Elle versa du thé jusqu'à ce que le bol soit sur le point de déborder.

- Le Conseil à tant de pouvoir que le peuple ne peut en profiter sans se « mouiller » et par là, j'entends des pertes collatérales significatives. Les Uchiwa, le clan le plus important de Konoha, a toujours œuvré pour faire retourner ce surplus de pouvoir aux grandes familles nobles, la théière.

Yurie l'interrogea du regard, il l'encouragea donc à poursuivre en reprenant les faits.

- C'est très clair, je vous assure. Euh… de toute évidence, le Conseil ne veut pas rendre cet excès de pouvoir et les villageois ne peuvent pas en profiter…

- Voilà ! Et tu remarqueras que la théière n'a qu'un bec, elle peut donner le pouvoir mais pas le reprendre par elle-même. C'est pour cela que nous sommes là, les Yamashiro.

Pour le coup Sasuke était complètement largué.

- Et vous êtes ?

Yurie reposa la théière et lui présenta ses mains en pianotant dans l'air.

- Ici. On tient l'anse de la théière, je veux dire qu'on contrôle les familles nobles et leur apporte notre appui si besoin. C'est à nous que revient la tâche de faire ceci.

Elle souleva brusquement le bol, renversant inévitablement du thé qui coula le long de ses doigts, et en bue le surplus. Puis elle passa le bras derrière son dos et en sortit la bouilloire avec laquelle elle remplit la théière.

Yonosuke était à l'origine de ce tour de passe-passe et rapporta la bouilloire à la cuisine, tandis que sa mère essuyait ses mains et la table. Manifestement contente de sa démonstration.

Yurie s'assit et fit glisser un plat sous la table pour son fils.

- Je ne veux pas me montrer impoli. Mais où est le rapport entre votre démonstration et moi ?

- Dans l'histoire dont tu es le héros, tu es le second né du chef de clan le plus puissant de Konoha. Un clan fait d'hommes et de femmes de justice, des policiers, des juges, des ninjas de haut rang. Des personnes de bien qui, avec le temps, voyaient le Conseil comme un frein à l'aide qu'ils pouvaient apporter à la communauté.

- Vous essayez de me dire que ma famille était une menace véritable pour le Conseil et que ce qu'il a fait était mérité.

- Imaginons que je place une pièce entre toi et mon fils, que je demande à chacun de dire ce qu'il voit, et que vous annoncé tous les deux voir la même face. Comment savoir lequel de vous mens ?

Sasuke tiqua.

- Je n'en sais rien. Vous serez sans doute plus enclin à croire votre fils. Mais je ne suis pas un menteur.

Yurie nia de la tête.

- Je n'ai jamais dit que tu en étais un. Yonosuke ?

La voix du petit garçon s'éleva de dessous la table.

- Je ne suis pas un menteur non plus, dit-il d'une voix étouffée par une gorgée qui passait difficilement. La pièce ment, conclut-t-il.

Sasuke fronça les sourcils, alors que Yurie essuyait la commissure des lèvres de son fils.

- Une pièce double face fera voir la même chose des deux côtés. Vous serez persuadé l'un et l'autre d'être face à un menteur, tant que vous ne remettrez pas en question la situation. Ce que je dis, c'est que ton clan voyait le Conseil comme une menace, et que le Conseil voyait ton clan comme une menace. Savoir si l'une des parties avait raison ne présente aucun intérêt pour les miens. Et culpabiliser ne fera pas revenir tes parents ou ton frère.

Yurie lui avait semblé distraite, mais elle était une bonne oratrice.

- Et vous estimez avoir joué votre rôle d'arbitre parce qu'au final tout le monde a sa part de responsabilité ?

Elle planta son regard dans le sien.

- Nous n'avons pas pu jouer notre rôle d'arbitre dans cette situation. Il n'y a jamais eu de négociation. Et en dépit de l'injustice de la situation, nous ne pouvons rien faire.

Sasuke était de plus en plus perplexe.

- Et pourquoi ?

- La bonne question c'est plutôt à cause de qui. Une personne nous empêche de sanctionner le Conseil de Konoha pour avoir commandité le massacre du clan Uchiwa.

Il serra le poing.

- De qui s'agit-il ?

Dans un geste qu'il ne comprit pas, Yurie le désigna du doigt.

- Moi ? demande-t-il interloqué.

- Oui. Le problème vient de toi, Uchiwa Sasuke. Et pour le dire assez crûment, ce qui nous dérange est le fait que tu sois encore en vie.

- Ce problème est plus commun que vous ne l'imaginez, répondit-il avec ironie. Prenez une grande inspiration et détendez-vous. Le mieux c'est de vous y faire parce que ça risque de durer. C'est plus fort que moi, j'adore être en vie.

Elle chassa cette réplique d'un geste de la main et se pencha vers lui pour avoir toute son attention.

- Ce n'est pas cela. Le fait est que toi, Uchiwa Sasuke, fils de Fugaku et Mikoto Uchiwa, est toujours en vie. Ce qui fait de toi le dernier héritier mâle et chef légitime de ce clan. Tu pourrais te marier, avoir ou adopter des enfants, conclure des alliances et remonter le clan en un rien de temps.

Sasuke acquiesça d'un léger hochement de tête, et il poursuivit l'argumentaire.

- Donc vous ne pouvez pas sanctionner le Conseil du massacre du clan Uchiwa, parce qu'il reste un héritier en vie. Peu importe que toutes ces personnes sont mortes et que je sois seul.

Yurie plongea son regard dans le sien, avec cette expression qui lui avait apporté tant de réconfort alors qu'il pensait mourir dans cette forêt.

- Il se trouve que tu n'es pas seul, Sasuke. Penser que tous les membres de ton clan ont été tués ce terrible soir est une erreur. Les Uchiwa étaient établis à Konoha mais nombre d'entre eux sont déjà devenus des Yamashiro. Je pourrais te présenter des porteurs du sharingan, tout comme toi. Alors, il te suffit de prendre notre nom et de nous laisser t'aider.

Sasuke prit une grande inspiration et soutint son regard, empli d'affection. Ces quelques jours passés ici étaient les plus paisibles qu'il avait eus depuis des années. Surtout depuis la débâcle de l'Akatsuki. Il pouvait enfin dormir sans craindre que l'on vienne le tuer dans son sommeil, tout le monde était prévenant. Il se sentait utile et aimé, comme si sa place avait toujours été ici. Devenir un Yamashiro, c'était pouvoir se reposer une bonne fois pour toutes, laisser le combat à un allié puissant.

- Non, conclut-il d'une voix claire et sans appel.

- Peut-être devrais-tu…

- Ne doutez pas de vos qualités de négociateur, Yurie. Seulement ma réponse est, et restera définitivement non. Prendre votre nom signifie abandonner le mien, et ça je ne peux pas le faire. Mes parents sont morts à cause de lui, j'ai haï le dernier membre de ma famille jusqu'à son dernier souffle. Il est mort en traître. Et bien que le Conseil n'a, en théorie, rien à se reprocher, il me traque pour m'éliminer.

Il avait parlé avec une certaine intensité, mais sans colère, il conclut en montant une épaule.

- C'est mon nom. Mon clan et ma famille vivent à travers lui. Pourquoi devrais-je l'abandonner ?

Yurie lui fit un hochement de tête timide.

- Toute la noblesse du clan Uchiwa dans le dernier porteur de son nom, comme il serait triste de perdre cela. Tu n'as pas de soucis à te faire, je me doutais bien que mon idiot de fils se trompait et que tu m'opposerais un refus comme celui-là… Pas avec cette classe, mais je le savais.

Sasuke hésita un instant.

- Vous n'êtes pas fâchée ?

- Et bien… Si tous mes proches étaient tués et que le déshonneur avait été jeté sur mon nom, je pense que j'aurais été chagriné de ne pas obtenir justice. Quoique nous autres Yamashiro soyons plutôt adepte d'une bonne grosse vengeance.

- Vous allez m'aider ?

Yurie enfourna plusieurs bouchées et lui répondit la bouche pleine, il peina à la comprendre.

- C'est déjà en cours. Tu devrais y voir plus clair d'ici quelques jours. Et on se donne environ trois semaines à un mois pour régler tout ça.

Sasuke soupira lourdement et se laissa retomber sur sa chaise.

- Vous comptez faire tomber le Conseil de Konoha en un mois ?

Elle s'arrêta, les joues rondes et les yeux grands ouverts.

- Juste ciel ! Non, bien sûr que non ! Tu crois que c'est là notre seule préoccupation ? Un mois c'est le temps de destituer le Conseil, te renvoyer là-bas et lancer les travaux de reconstruction du Domaine Uchiwa. Maintenant, mange ! C'est en train de refroidir et j'en ai assez de m'empiffrer seule !

Sans vraiment croire à ses promesses, Sasuke se servit à son tour. Et il fallait admettre que c'était délicieux. Sa situation actuelle posait de nombreuses interrogations, mais il préférait remettre ces problèmes à plus tard. Sa conscience était maintenant apaisée, il aurait bien le temps de voir venir.