On se revoit à Konoha
Disclaimer : D'après les personnages de Naruto de Masashi Kishimoto. Une histoire originale de Nounouillechan. Ecrit par Chicken Poulet.
Chapitre 16 : Rencontres inattendues
Tsunade avait étudié de longues heures les échantillons sur les draps de Naruto, mais les résultats étaient incompréhensibles. Cette matière était une sorte de chakra. Si ce n'est que le chakra se dégrade généralement au bout de quelques heures et qu'il a une signature aussi unique que l'ADN.
Cet étrange matière noir violacée était à la fois trop dégradé pour que l'on trouve son origine et assez stable pour conserver sa forme. Cette chose était autonome. Elle ne venait ni de Kyubi, ni de Naruto, mais elle lui rongeait le corps.
Le temps qu'elle passait en recherche était du temps perdu pour prendre soin de Naruto, alors elle décida de suivre les conseils du démon à neuf queues.
La bibliothèque était lumineuse, bien rangée, il y régnait le calme et la sérénité. Tsunade avança rapidement, s'enfonçant profondément sous la terre, vers les archives les plus anciennes. Il fallait avoir au minimum le grade de juunin pour accéder à cette section et il n'y avait que deux règles à respecter. La première était de ne pas fouiller dans les rayons, de n'en tirer aucun document. La seconde était qu'au cas où l'on sortait accidentellement un document, on ne devait en aucun cas le remettre sur une étagère, quand bien même serait-ce sa place exacte. Il fallait au contraire le déposer en évidence sur une table de lecture.
Il n'y avait pas de comptoirs, ni de bibliothécaire, personne à qui demander des conseils. Alors comment obtenir des renseignements si on ne peut pas chercher et qu'on a personne à qui demander ? Il faut simplement se promener entre les allées et au bout de quelques minutes, parfois une heure, on découvrait les documents pertinents sur une table pourtant vide quelques instants plus tôt.
C'est ici qu'est née la légende du Bibliothécaire. Des personnes avaient vu des ouvrages quitter une étagère, comme portées par des mains invisibles avant d'être déposés sur une table. Tsunade n'avait pas le temps de jouer à cache-cache, elle avait une petite idée pour le faire sortir de l'ombre.
Le sourire aux lèvres elle tira un rouleau du rang bien organisé de ses camarades, fit rouler quelques tubes et le glissa à tout hasard sur l'étagère. Rien ? Elle répéta l'opération jusqu'à sentir une présence dans son dos.
- Voilà une bien vilaine façon d'agir.
Tsunade se retourna brusquement, mais eu tout juste le temps d'apercevoir le bas du kimono blanc bordé de rouge. Elle se lança à sa poursuite, mais il semblait s'être évanoui dans le décor une fois de plus, alors elle reprit le même manège, déplaçant à nouveau un document.
- Tu ne devrais pas !
- Montre, toi.
Lorsqu'il lui échappa à nouveau, elle prit une profonde inspiration et s'arrêta devant un casier.
- Si tu ne viens pas, j'échange les rouleaux et les étuis de protection.
- Qu'est-ce que tu entends par là ?
- Et bien… je prends ce rouleau et celui-là. Je le retire du tube qui l'identifie, je fais pareil pour l'autre… et je les replace comme ceci dans le tube l'un de l'autre. Avant de les enfoncer au hasard dans ce casier-ci et celui-là. Les ninja sont habiles de leurs mains et rapides. Si tu n'interviens pas rapidement…
Il lui tomba sur le dos, elle s'écroula face contre terre et un pied qui lui sembla minuscule vint presser à l'arrière de sa nuque.
- Tsu' cela suffit. Les renseignements ici ont une valeur inestimable. Un document mal rangé est perdu !
Il remit rapidement les choses en bon ordre, alors qu'il était debout sur elle, c'est à peine si elle sentait la pression sur sa nuque et à la base de son dos, pourtant même en y mettant toutes ses forces elle ne parvenait que difficilement à garder la tête hors de sa poitrine. Il s'assit au centre de son dos et elle prit une grande inspiration, toujours bloquée sous une pierre invisible. Le fait qu'il reste parfaitement silencieux réveilla en elle cette peur toute enfantine d'avoir fait la bêtise de trop.
- Je suis désolé, d'accord ? Je suis vraiment désolé.
- Je t'aurais donné ce que tu cherches, comme toujours Tsunade. Pourquoi ressens-tu le besoin de m'agacer ainsi ?
Il apposa sa main à l'arrière de sa tête, si petite et avec une poigne si légère qu'il semblait s'agir de celle d'un enfant. Elle ne pouvait le voir, mais l'imaginait bien froncer les sourcils et incliner la tête sur le côté en fouillant son esprit. Il resta silencieux quelques minutes et l'interrogea d'une voix douce.
- Tu crains de ne pas trouver ce que tu cherches dans les textes ?
- Ne dit-on pas que l'histoire est écrite par les vainqueurs ? Comment être sûr qu'il s'agit de la vérité ?
La pression sur elle se relâcha et elle put enfin respirer correctement. Il était impossible et inutile de lui mentir et elle pensait que par un souci de conscience lui aussi disait toujours la vérité.
Tsunade s'assit, le dos contre le meuble et laissa son regard glisser mais il avait disparu une fois de plus.
Elle prit une grande inspiration, posa la main sur un rouleau et le tira lentement de sa place. Une main se posa sur la sienne.
- Arrête de faire ça. Je te dirais tout ce que tu dois savoir. Mais ne mets plus de désordre dans mes affaires.
- De toute façon j'en avais assez.
Elle releva la tête vers lui, mais au lieu d'un visage elle découvrit un masque de renard messager du dieu Inari.
- J'ai besoin que tu me dise ce que c'est, si, et à quel point c'est dangereux.
Tsunade posa une fiole contenant un morceau de tissu taché sur le sol. Il le fixa un instant en silence.
- Où as-tu trouvé ça ?
- Naruto ne va pas très bien. J'en suis rendu à écouter Kyubi, alors si tu pouvais faire ou me dire quoi que ce soit pour l'aider à aller mieux…
- L'enfant chéri de Konoha ?
Il saisit la fiole et en tira le morceau de tissu qu'il observa un instant en silence.
- Il s'agit de chakra, n'est-ce pas ? glissa Tsunade.
- En quelque sorte. Naruto souffre d'une rare infection, un empoisonnement au chakra, son corps a dû en recevoir une trop grande variété en peu de temps. Ils se sont mélangés les uns aux autres pour donner ça.
C'était une explication tout à fait plausible, Tsunade n'en douta pas une seconde.
- Peut-on le soigner ?
Il se redressa et prit une grande inspiration.
- Je connais un sceau très ancien et puissant. Mais il demande l'utilisation d'artefact très rares et interdits.
Tsunade pâlit légèrement, alors qu'il poursuivait d'une voix sinueuse.
- Mais pour la chef du plus grand clan de Konoha, ce ne sera qu'une formalité.
Elle baissa les yeux.
- As-tu en ta possession un parchemin qui n'a rien d'ordinaire ? Pourvu de sa propre énergie et d'une encre qui ne disparaîtra pas à son contact ?
Tsunade pâlit imperceptiblement, elle avait peur de comprendre ce à quoi il faisait allusion.
- Dont la détention seule serait un crime ? demanda-t-elle d'une voix éteinte.
- Nous n'avons que peu de temps, mais c'est à toi de voir. Je te rappelle que c'est toi qui es venu me chercher.
- Et… si j'apporte tout ce qu'il faut. Naruto ira mieux ?
- Son chakra sera purifié en profondeur et il commencera enfin à guérir normalement.
Tsunade se leva difficilement et quitta la bibliothèque avec un nouveau poids sur les épaules.
Le Bibliothécaire s'en alla de son côté, dans une section strictement interdite au public.
En descendant les escaliers il ôta son masque révélant un visage qui en épousait parfaitement les formes, recouvert d'un fin pelage noir. Son nez et sa bouche se rejoignent en un museau félin, il secoua l'arrière du kimono et révéla deux queues, en secouant la tête il dressa les oreilles.
- Je me suis toujours demandé comment Shûkaku faisait pour tenir cette forme.
Matatabi ouvrit la porte de la cellule d'Ashura. Ses pupilles écarlates brillaient dans la pénombre tel des rubis.
- Quoi ? Tu comptes me regarder super méchamment jusqu'à ce que je regrette ce que j'ai fait ? Crétin de chien errant.
Ashura se redressa brusquement, Matatabi recula de quelques pas en le narguant.
- Attention. Tes petites mains travaillent là-haut et si tu t'énerves ici tu risques de tuer quelqu'un.
- Tu as abusé de la confiance de Tsunade, tu as profité de sa détresse et tu lui as menti.
- Oui, sous ton identité et tu ne peux rien y faire ! Tu ne peux pas t'en prendre à moi et Neji doit être en train de moisir entre les racines d'un arbre. Mais ne t'en fais pas, je resterais pas dans tes pattes bien longtemps.
Il le supplia du regard.
- Pourquoi faire une chose pareille ?
- Je veux être libre sans rien devoir à personne.
- Et Naruto ?
Matatabi lui remit le morceau de tissu, Ashura l'examina un instant avant de se prononcer.
- Un bankei l'aurait empoisonné ? souffla-t-il songeur.
- Dommage qu'il n'y ai personne pour l'arrêter, commenta le démon à deux queues.
Ashura se redressa et l'interrogea à nouveau.
- Que comptes-tu faire avec le matériel que tu as demandé à Tsunade.
- Fiche le camp hors d'ici et m'assurer que Kurama survive à son maître, comme j'ai survécu au mien. Tu penses pouvoir m'en empêcher ?
Le démon à deux queues était amère et il ne cherchait à blesser les autres que pour atténuer sa propre douleur.
- C'est ce que je me disais. À quoi bon être si fort si tu es incapable de défendre ce qui t'es le plus cher.
Matatabi s'assit face à lui et reprit sa forme animale, le regardant froidement. Ashura baissa la tête, résigné. Il n'aimait pas cette situation et se sentait misérable, mais jamais il ne pourrait se sentir plus impuissant que le jour où Kanna était morte.
Il devait longuement peser le pour et le contre. Sa promesse le rattachait à ces murs. Mais si un bankei était assez puissant pour attenter à la vie d'un jinchuriki, alors le village tout entier était menacé. Il pourrait bien être contraint et forcé de remettre tout cela en ordre par lui-même quitte à sortir en plein jour.
oOo
La nuit tombait maintenant sur Konoha, pour Hinata c'était une nuit paisible, comme prévu elle avait trouvé refuge dans le logement de fonction de Neji.
La partie gauche de son visage avait bien désenflé, mais elle avait de l'urticaire à l'endroit où Sakura l'avait frappé. Elle avait de grosses plaques, roses au milieu et plus foncées autour, un peu en forme de fleur. C'était pas très joli, mais c'était surtout très douloureux. Elle avait des anti-douleurs très efficaces, mais leurs effets étaient limités dans le temps et elle n'aimait pas l'état dans lequel ils la mettaient.
Le médecin l'avait arrêté pour deux semaines et elle devait porter un bandeau sur son œil afin de le reposer. Il ne s'était pas prononcé sur l'état de ce dernier. Elle avait des points de suture à la joue et aux phalanges des deux mains. Elle n'était pas passé loin de se casser les doigts. Il faudrait qu'elle investisse dans des gants renforcés.
Hinata avait son propre logement de fonction et une chambre au Domaine familiale, mais les choses étaient bien assez compliquées entre son père et elle. Neji lui avait remis un double de ses clés sans aucune explication. Inutile de dire qu'en son absence elle utilisait cet appartement comme s'il était le sien. Et il était très souvent absent, pour des périodes si longues que c'était comme si c'était lui l'invité.
Elle s'étira dans le canapé pour attraper la télécommande qui s'était glissée dans le creux des coussins.
Neji était d'un grade supérieur au sien, et ça se sentait au confort de leur logement de fonction. Le sien consistait en une chambre, avec une douche et une cuisine minuscule, on pouvait faire le tour du propriétaire depuis la porte d'entrée. Lui avait deux chambres à coucher, une baignoire, une grande cuisine, un salon et même un balcon !
Rien que le canapé sur lequel elle était couchée lui aurait coûté trois mois de salaire. À ce train là, on pouvait comprendre qu'elle prenne un travail à temps partiel. Mais ce n'était pas seulement financier, elle ne comptait pas faire carrière dans l'armée.
Hinata était allongé de tout son long, dans une chemise trop grande, appartenant à Neji, un saladier de chips calé sur son ventre et une énorme culotte d'une marque anonyme. Elle n'était pas vraiment à son avantage. Mais après réflexion, ces idoles à la télé, avec leur peau sans défaut et cheveux pleins de jolies boucles, devaient elles aussi se prélasser dans de vieilles fringues quand les caméras cessaient de tourner.
À la télé, le programme était d'une banalité ennuyeuse. Le triangle amoureux composé d'une fille naïve, maladroite et gentille jusqu'à la bêtise. De son ami d'enfance, devenu un beau gosse bagarreur. Et un élève transféré en cours d'année, gentil et avenant. Ce n'était pas pour ce scénario aussi pauvre qu'un régime hypocalorique qu'elle regardait cette série. Mais parce que le renard argenté y avait un rôle secondaire.
Pour ceux qui dormaient au fond de la classe, Hagoromo Kyotsune est l'épouse de Kohei, le premier chef de clan de la génération des bébés tigres. Et elle aurait pu demeurer pour toujours dans son ombre si elle ne s'était révélé être une intraitable femme d'affaires, visionnaire et ingénieuse. En deux petites années elle s'était imposée dans le paysage économique en décrochant systématiquement les contrats les plus juteux. On l'a disait à la tête d'une fortune personnelle qui allait grandissante, cela ajoutait à son caractère avisé, lui valut le nom du renard argentée de Konoha.
Inutile de dire qu'Hinata figurait au rang de ses fans. Konoha était impitoyable avec les femmes de pouvoir, quoi que l'on en dise. Le chemin à parcourir pour arriver au sommet est semé d'embuche et le moindre faux pas suffit à ruiner définitivement sa réputation. Alors l'aisance dont faisait preuve Kitsune était admirable.
- Elle est tellement cool… Sûr qu'en un seul regard elle aurait dissuadé Sakura de se battre.
La main d'Hinata chercha dans le vide le verre de soda qu'elle avait posé à côté du canapé. Ses doigts tremblèrent et elle renversa la boisson sans le vouloir.
Elle fut prise d'une bouffée d'angoisse qui l'obligea à se relever brusquement pour reprendre son souffle. Elle pinça les lèvres en sentant les larmes lui monter aux yeux, elle s'assit en lotus et posa le bol entre ses jambes.
Si Neji était là, il lui dirait de se dépêcher de nettoyer le soda renversé.
Qu'est-ce que ça pouvait bien faire après tout ? Ce crétin n'avait qu'à se dépêcher d'arriver s'il ne voulait pas que son sol devienne tout collant. Elle prit une poignée de chips et serra jusqu'à les réduire en miettes et elle le jeta par terre à côté du canapé, près de la flaque de soda.
En voyant le poing de Sakura se lever, Hinata n'avait même pas songé à se défendre. Il était évident que ça ne servait à rien. Sakura était trop forte.
"Je ne veux pas mourir", c'était cela sa dernière pensée avant de perdre connaissance. Elle s'était retrouvée tétanisée par la peur.
Hinata écrasa une nouvelle poignée qu'elle jeta sur la première.
Elle n'avait pas de souvenir des coups, mais n'oublierait sans doute jamais cette peur.
Le soda sur le sol et les miettes pourraient bien attendre la fin de son épisode. Neji n'était pas là, pour s'en plaindre de toute façon. Il n'était pas là et c'était tant mieux. Sinon il serait en train de lui faire la morale.
Hinata fit la moue en toisant la télé à travers le rideau de ses larmes. Tâchant de se convaincre qu'elle était suffisamment forte pour ne pas avoir besoin de ce crétin. Et faire comme si elle ne s'inquiétait pas de ce qu'il devenait. Elle passa une main sur sa joue.
Sakura était plus forte qu'elle, et alors ? Tout le monde le sait, ça ! Évidemment qu'elle avait eu peur, la peur toute naturelle de mourir avant d'avoir accompli son destin. Le plus important c'est qu'elle se soit immédiatement relevée et qu'elle n'ait pas fui.
Il faut comprendre qu'Hinata avait vécu dans la peur une bonne partie de sa vie. La peur de décevoir son père, que Naruto ne soit jamais amoureux d'elle et de blesser les autres sans le vouloir.
Et vous savez quoi ? Elle avait déçu son père. Compris que Naruto ne serait jamais amoureux d'elle. Et que pour s'en sortir dans la vie, il fallait…
Hinata entendit comme un grondement dans l'air, qui la sortit de sa réflexion et quelques secondes plus tard la terre trembla. Assez violemment pour faire tomber quelques bouquins placés en équilibre instable dans la bibliothèque et un verre oublié sur le plan de travail.
Un tremblement de terre n'est jamais un événement anodin, mais c'est des choses qui arrivent, pas de quoi interrompre sa soirée télé avec le renard argenté.
Elle pesta en voyant que l'écran affichait maintenant un message d'excuse en raison d'un souci technique. L'alarme à incendie de l'immeuble se déclencha, la poussant comme l'ensemble des locataires à quitter le bâtiment. Elle descendit rapidement sans trop réfléchir à sa tenue, persuadée que l'évacuation ne dépasserait pas les dix minutes.
Mais ça faisait maintenant trente minutes que l'immeuble avait été évacué.
Les habitants des environs avaient regagné leur maison. Laissant uniquement les locataires de l'immeuble. Et Hinata pouvait sentir le regard insistant de certains de ses voisins. Elle se mit dans un coin et tira sur la chemise pour se couvrir un peu, et se découvrir à la seconde où elle croisa les bras sous sa poitrine. Dévoilant un peu plus que ce qu'elle voulait montrer.
Pourquoi le concierge ne donnait-il pas l'autorisation de rentrer ? De toute évidence il n'y avait pas de réplique sismique et le bâtiment était intact !
- T'as pas froid habillé comme ça ?
Hinata reconnaîtrait cette voix entre mille, mais se retourna sous l'effet de la surprise.
- Qu'est-ce que tu fais là, toi ?
