On se revoit à Konoha
Disclaimer : D'après les personnages de Naruto de Masashi Kishimoto. Une histoire originale de Nounouillechan. Ecrit par Chicken Poulet.
Chapitre 17 : Nouvelles expériences
Elle toisa Neji, puis jeta un coup d'œil à la jeune fille qu'il portait sur son dos, il la replaça et se redressa pour la retirer de son champ de vision. Hinata n'insista pas et détourna le regard en soupirant.
- Figure-toi que j'habite ici, reprit Neji. Et toi, qu'est-ce que tu fais là ?
- Moi aussi j'habite là, on est voisin, t'as oublié ? Répliqua-t-elle sur un ton sec en lui agitant sa clé sous le nez.
- Mais vu ce que tu portes tu étais dans mon appartement.
- Je ne suis pas d'accord. La culotte et les sandales sont à moi. Alors je pourrais aussi bien sortir de mon appartement. Enfin, je suis désolé de perturber tes projets, mais n'est-elle pas trop jeune et inconsciente pour finir la soirée avec toi ?
Neji réajuste de nouveau Yui sur ses épaules puis détourna le regard.
- Je vois bien qu'il y a quelque chose, mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Est-ce que tu as fait un truc à tes cheveux ? demanda-t-il d'un ton détaché avant d'en revenir à elle.
Hinata se rembrunit, frôla la partie gauche de son visage, et tressaillit en voyant ses mains bandées qu'elle dissimula aussitôt derrière son dos. Elle avait honte de son état et tâchait de se faire toute petite. C'est sans doute pour cela qu'elle mit plusieurs secondes à remarquer qu'il la fixait et que les veines ressortaient légèrement autour de ses yeux.
- Est-ce que t'es en train d'utiliser ton byakugan sur moi ?
Avait-il le choix ? Elle l'aurait envoyé paître s'il lui avait simplement demandé ce qui lui était arrivé. Et à regarder de plus près, sa blessure était vraiment étrange. Elle avait de minuscules fragments de chakra incrustés sur une bonne partie de son visage, il se dégradait en lui rongeant la peau.
Hinata posa la main sur sa joue et poussa pour l'obliger à détourner le regard.
- Arrête !
- Désolé. Je ne recommencerais pas.
Ils restèrent silencieux jusqu'à ce que le concierge leur donne le feu vert pour regagner le bâtiment. Hinata n'essayait même pas de l'interroger sur l'identité de la jeune fille qu'il portait. Elle savait qu'il lui en parlerait au moment opportun.
Neji resta figé un instant en voyant l'état de son appartement, puis il se dirigea dans sa chambre en ressortit seul.
En revenant il trouva Hinata qui s'affairait dans le côté cuisine, elle jetait des morceaux de verre dans la poubelle.
- Il n'y a que du soda, je te sers un verre ?
Comme il ne répondait pas, elle le servit tout de même et retourna au salon. Elle arriva juste à temps pour le voir piétiner les chips et finalement reculer en marchant dans le jus.
- C'est pas vrai…
Neji était sur le point de pester lorsque leurs regards se croisèrent. En quelques secondes plusieurs expressions passèrent sur le visage d'Hinata. D'abord la surprise, ensuite l'inquiétude et enfin un masque de colère et d'arrogance brute. Il soupira en détournant les yeux.
- Je suis désolé, grogna-t-elle.
Il ne parvenait pas à se convaincre qu'elle lui présentait des excuses, entre ses lèvres ces mots sonnaient comme une insulte. Elle lui tendit un verre qu'il déclina d'un hochement de tête.
- C'est gentil mais j'en ai déjà assez sur les chaussettes.
- J'ai dit que j'étais désolé, pour ça !
- J'ai entendu la première fois. Mais je voudrais juste savoir pourquoi, tu poses systématiquement ton gobelet, ici. Alors qu'il y a une table basse juste là !
Hinata prit la mouche en le foudroyant du regard.
- Il était sur la table basse ! Il est tombé, ça arrive. Le bol aussi s'est renversé.
- Tu veux me dire que le tremblement de terre a pris le verre sur la table basse, l'a posé à côté du canapé avant de le renverser ? Et qu'il a jeté des chips tout autour et sur le canapé aussi.
Hinata s'empressa de poser le verre qu'elle tenait sur la table basse et ramassa tant bien que mal les miettes.
- Qu'est-ce que ça peut bien faire de toute façon ? Je vais tout nettoyer.
- On sait tous les deux que tu dis ça uniquement pour que je ne le fasse pas moi-même !
Elle le toisa avec tant de colère que Neji se sentait mal à l'aise, alors qu'il savait que c'était elle qui était en tort.
- C'est pas à toi de nettoyer derrière-moi !
- Il faut bien que quelqu'un le fasse. Et laisse-moi deviner, c'était censé être ton dîner ?
Il désigna le bol avec condescendance, elle fit la moue en montant les épaules.
- C'est des pommes de terre ! Concrètement c'est un légume ! Elles sont aromatisées à la sauce barbecue, je crois qu'il y a de la tomate dedans ! Ça me fait même deux légumes. On appelle ça le rendement, tu devrais te mettre à la page.
Neji se redressa et pouffa de rire bien malgré lui, Hinata inclina la tête sur le côté, visiblement inquiète. Elle ressemblait un peu à une chouette, avec ses grands yeux pâles et son air interrogateur.
- Non, Hinata. Les chips ne comptent pas comme un légume, et l'arôme qu'on saupoudre dessus encore moins. Je vais te préparer de la vraie nourriture pendant que tu nettoies !
Elle s'interposa.
- Non, Neji. Heu… Je vais vraiment le faire.
- Qu'est-ce qu'il y a encore, pesta-t-il.
- J'ai oublié de la pizza dans le frigo la dernière fois que je suis venu. Je ne pensais pas que c'était possible mais… on dirait qu'elle a fait des petits. C'est dégoûtant.
Neji sembla se résigner en son for intérieur. Il était toujours de passage dans cet appartement, mais à chaque fois il y avait une chose à nettoyer ou à réparer. Il savait pertinemment qu'Hinata ne le faisait pas méchamment. Elle s'ennuyait de lui et pour combler le manque elle cassait et salissait des choses. C'était sa manière à elle de se rappeler à son bon souvenir.
- Pourquoi tu n'as pas nettoyé ? demanda-t-il simplement.
Elle baissa les yeux et pinça les lèvres.
- Je l'ai vu que tout à l'heure en rentrant des courses. Je pensais que tu serais passé avant. Et je n'aime pas les choses dégoûtantes.
- Figure-toi que moi non plus. C'est sans doute un trait de famille.
Hinata le supplia du regard.
- Tu te permets de me donner des conseils de nutrition, mais tu t'es regardé ? On dirait que tu n'as ni mangé, ni dormi depuis plusieurs jours.
Neji se passa une main sur le visage.
- Juste deux. Je n'avais pas le temps.
Un autre jour, Hinata l'aurait sans doute poussé à bout, cherchant la bagarre jusqu'à ce qu'il s'énerve un peu. Elle voulait qu'il cesse de la voir et de la traiter comme une petite chose fragile. Qu'il la considère comme un égal qui pouvait le soutenir quand il en avait besoin.
- J'ai pas envie de me disputer avec toi, avoua-t-elle. Pas ce soir. Ta mine est pire que la mienne, et vue ce que j'ai enduré, faut le faire ! Va donc prendre un bain pendant que je nettoie et cuisine. De la vraie nourriture, précisa-t-elle.
Neji s'avança jusqu'à elle et laissa son index glisser le long de sa joue, sous le bandeau qu'elle avait à l'œil.
- À vos ordres, madame.
Elle esquissa un mouvement de recul deux secondes trop tard pour l'éviter et il rejoint la salle de bain sans se retourner. Hinata porta la main à son visage, c'est comme si les picotements s'étaient légèrement atténués.
Neji se fit couler un bain bien chaud, et en attendant que la baignoire ne se remplisse il frotta son pouce et son index. Réduisant en poussière les fragments de chakra qu'il avait récupéré sur sa cousine. Ce chakra latent se détériorait de manière anormale. Au lieu de perdre son effet et de s'estomper il… avait muté pour continuer à nuire sous une autre forme.
Un chakra nocif, intelligent et indépendant. C'était l'un des plus puissants et des plus dangereux que Neji ait rencontré jusque-là. L'attaque qui avait laissé ces traces n'avait eu d'autre but que tuer. On peut dire qu'Hinata s'en était sorti avec quelques égratignures.
Avec ce qu'il faut de volonté il désintégra ce qu'il restait de ce chakra nocif. Il se révélait très peu efficace en l'absence de blessures physiques. Neji se tapa les mains, comme pour les dépoussiérer.
Sa salle de bain était l'une de ses pièces favorites, l'une des plus grandes et mieux aménagée de son appartement. Un lavabo à double vasque, une douche et une baignoire pour faire trempette.
Il prit rapidement une douche froide, puis s'assit progressivement dans le bain d'eau chaude. Et poussa un soupir d'aise.
Il était toujours inquiet pour Hinata, mais avec le temps ce n'était rien d'autre qu'une habitude. De l'aveu de Yumi, si les Yamashiro l'avaient choisis plutôt que sa cousine, c'est qu'ils n'auraient pas pu la briser et la modeler selon leur volonté, comme ils l'avaient fait avec lui.
Hinata avait eu une enfance difficile. La pression qu'avait fait peser son père sur elle aurait dû faire disparaître tout esprit de combativité et Neji pensait que c'était le cas. Mais quelque chose avait dû se passer, Hinata avait eu comme un déclic et depuis elle semblait prête à se battre contre la vie elle-même, pour lui arracher ce bonheur tant mérité. Et pour un coup qu'elle prenait, elle en donnait deux.
Neji poussa un soupir et s'allongea au fond de la baignoire. Ses cheveux flottaient au-dessus de lui, jusqu'à se gorger d'eau et reposer eux aussi au fond. Tout était beau, propre, lisse et silencieux. Pendant qu'il profitait de son bain, Hinata lui préparait à manger. Quel moment paisible et agréable.
Il ouvrit les yeux et relâcha quelques bulles qui troublèrent la surface lisse de l'eau. À choisir, il aurait préféré passer l'éternité dans ce bain.
À la surface, les obligations faisaient la queue devant sa porte.
Il y avait une Yamashiro dans son lit. Quelque chose lui disait que Matatabi lui préparait un mauvais coup. Et il devait convaincre Tsunade et Kohei de le suivre à un endroit où il n'avait lui-même pas envie d'aller. Pendant ce temps, Hinata se faisait du mal pour s'endurcir.
Toujours sous l'eau, il dressa mentalement la liste des choses qu'il avait à faire et après quelques secondes de réflexion il trouva un ordre des plus satisfaisant.
Sans trop attendre il commencerait par la bibliothèque, il irait contrecarrer les plans de Matatabi pour conquérir le monde. Puis il irait remettre son invitation à Tsunade, qui refusera sans doute de toucher à l'enveloppe après avoir vu le sceau de Yamashiro dessus.
Il irait remettre son enveloppe à Kohei, qui la prendrait sans broncher mais en se montrant bien trop familier. Ensuite ils prendraient tous ensemble la direction du village Yamashiro. En espérant que ça ne dure pas trop longtemps. De retour à Konoha il irait de nouveau à la bibliothèque, mettre en échec les plans de Matatabi visant à détruire l'humanité. Et enfin, il pourrait chercher celui qui avait blessé Hinata et lui faire définitivement passer le goût de cogner.
Oh, Neji n'était pas stupide. Un tel chakra ne pouvait appartenir qu'à un bankei proche de l'éveil. Mais contrairement à ce que vous pourriez croire, ce n'était pas vraiment ce qui manque à Konoha. Beaucoup de soldats étaient des chiens fous en dormance. Et les meilleurs d'entre eux étaient extrêmement proches de l'éveil. Avec un maître bon et attentionné, qui peut être un ami ou un amant, un bankei peut mener une vie des plus normale.
Neji laissa échapper ses dernières bulles d'air et les regarda monter et éclater à la surface.
Une ombre glissa au-dessus de lui et il aperçut le visage d'Hinata, légèrement troublée, comme s'il la regardait de l'autre côté d'un miroir.
- ... 'u vas mourir…
La voix lui parvenait à travers les vibrations de l'eau. Il se redressa et prit paisiblement une bouffée d'air.
- Si tu t'endors dans ton bain, tu vas mourir, reprit-elle en laissant son regard remonter des pieds à sa tête.
- Ce serait trop te demander d'avoir un peu d'intimité ? Demanda-t-il d'une voix platonique.
Alors que le regard de la jeune femme remontait sans contourner son entrejambe.
- Ne t'en fais pas, j'ai pris soin de fermer la porte. (Qu'elle désigna en souriant) Et il n'y a rien que… Je n'ai déjà vu.
Hinata s'était tû quelques secondes pour examiner son front, puis elle monta une épaule.
Neji pencha la tête en avant, afin que ses cheveux viennent recouvrir son visage mais plusieurs secondes trop tard. Le sceau de l'oiseau en cage, gravé dans sa chaire, avait disparu. En fait, les Yamashiro avaient annulé ses effets et effacé toute trace physique de son existence dès son arrivée à leur village.
- Arrête de faire cette tête ! Pesta Hinata. Le repas est prêt, dépêche-toi de sortir du bain ou tu vas prendre froid.
- C'est tout ? Je pensais que tu aurais au moins eu l'air surprise.
Elle le toisa, un sourire arrogant aux lèvres.
- Je n'aimais rien de cette marque. Un sceau pour limiter les capacités des membres de la branche inférieure ? C'est une honte pour notre clan, je suis heureuse que tu ne l'ai plus. Ainsi tu n'auras aucune excuse une fois que je t'aurais écrasé en combat singulier. Dès mon entrée en fonction en tant que chef de clan, tu peux être certain que je mettrais fin à cette stupide tradition.
Neji prit appui sur le rebord de la baignoire et fit la moue.
- "Chef de clan" ? Je pensais qu'il était décidé de longue date que cette place reviendrait à Hanabi.
Hinata lâcha un rire forcé en se redressant et son seul œil visible brilla d'un éclat malfaisant. Il regrettait presque d'avoir prononcé ce nom.
- Le combat visant à départager Hanabi et moi s'est tenu lorsque nous n'étions que des enfants. Et bien que père ait son mot à dire, je n'en ai pas perdu mon droit d'aînesse.
Neji ouvrit de grands yeux, plutôt surpris de cette réponse. Mais en y réfléchissant, ça faisait un moment qu'il n'avait vu ou entendu parler de la petite sœur d'Hinata.
- Hanabi n'a pas dû être ravi. Elle a été formée toute sa vie pour la succession.
- Nous avons eu une longue discussion toutes les deux. Selon moi, c'est à l'aînée ou à l'enfant survivant, d'hériter du statut de chef. Et si cela lui posait problème, je n'aurais pas de mal à être l'un et l'autre. Elle est arrivée à la conclusion qu'une vie de chef de clan ne lui serait d'aucune utilité si elle n'était pas en vie pour en profiter.
La mâchoire d'Hinata se contracta puis elle soupira et se força un nouveau sourire.
- Si ma sœur a été formée sa vie durant pour la succession. On peut dire que je suis née pour diriger ce clan. Père était présent lors de notre discussion, et s'il s'obstine aujourd'hui à repousser mon investiture, je sais qu'il m'approuve. Tout ce qui le retient, c'est son orgueil de ne pas avoir choisi son héritière naturelle. Mais il sait que rien ne m'empêchera de devenir chef, et je te prie de ne pas en douter, Neji.
Il la suivit du regard alors qu'elle quittait la pièce et il se mit à penser comme c'était incroyable les changements que pouvaient subir une personne en seulement une année.
- Hinata, tu peux t'approcher deux secondes ?
- Qu'est-ce que tu me veux encore ? Je suis fatiguée.
Neji se redressa, l'attrapa par le bras et l'attira dans la baignoire. Elle plongea, tête la première et ressortit complètement trempée.
- Non mais ça va pas ! Tu as bien vu que je suis blessée ! Je vais devoir refaire mes soins et les bandages.
Elle se redressa puis se cambra légèrement. Ses cheveux lui retombaient sur le visage, et les bandes de ses mains se gorgeaient d'eau. Elle prit appui sur le bord de la baignoire, tout à côté de Neji.
Cette posture était déjà suffisamment ambiguë. Mais il fallut qu'il prenne son visage entre ses grandes mains.
- Je n'avais pas remarqué qu'il y avait autant de place dans cette baignoire, fit-elle remarquer.
Il fit glisser son pouce sous le cache-œil et le dégagea d'un simple geste de la main.
- Tu pourrais me dire qui t'as fait ça ?
Elle évita soigneusement sa question.
- Il vaut mieux que je sorte. C'est pas joli à voir, mais avec l'eau chaude je dois être affreuse.
Ses paupières étaient méchamment gonflées, pour cause le chakra s'était agglutiné tout autour de son œil. Neji la regardait avec empathie et murmura.
- J'ai un truc pour ça.
Hinata lui fit un sourire amusé et essaya de se dégager en vain.
- Moi aussi j'ai un truc qui soulage pas mal… Le médecin m'a donné un onguent très efficace.
Il raffermit sa prise sur son visage.
- Laisse-moi le bénéfice du doute, tu veux ? J'ai fait autre chose que me tourner les pouces ces derniers temps.
Hinata fit la moue.
- Je te préviens, j'ai tout ce qu'il me faut sous la main pour te faire très mal, alors vas-y doucement.
Il lui fit un sourire apaisant. L'eau chaude avait rendu sa peau sensible et l'action du chakra avait redoublé. Elle devait souffrir le martyre. Neji lui caressa doucement le visage, procédant par petites touches, comme pour faire tomber des grains de sable.
Les larmes montèrent tout naturellement aux yeux d'Hinata. Mais après avoir retiré le plus gros, il lui restait encore à détruire les résidus.
- Tu devrais ressentir une légère chaleur.
Elle pinça les lèvres et posa la main au milieu de son torse.
- Je suis prête.
À mesure que ça chauffait elle resserra sa poigne sur le torse de Neji, lui laissant finalement cinq griffures sanguinolentes.
- Aouch, dit-il simplement.
Hinata se laissa retomber en arrière et bailla. La douleur lancinante avait complètement disparu. Elle éclaboussa Neji.
- Merci, crétin.
- En guise de vrai remerciement, je te propose d'oublier le "crétin" et de me dire qui t'as mis dans cet état.
Qui que ce soit, il venait de remonter sur sa liste des priorités à gérer. C'était un ninja dangereux qui devait être mis hors d'état de nuire le plus rapidement possible.
Hinata se redressa et enjamba le rebord de la baignoire pour sortir, elle défit les boutons de la chemise qu'elle laissa retomber en un bruit mat sur le sol mouillé. Révélant une opulente poitrine et des hanches larges. Ce corps n'aurait laissé personne indifférent, il n'y avait pourtant aucune ambiguïté entre les cousins.
- Je rêve ou tu as plus de muscles que moi ! S'exclama-t-il.
- Je m'entraîne avec Rock Lee, deux après-midi par semaine. Est-ce que j'ai besoin d'en dire plus ?
Il fit la moue.
- Je comprends qu'être forte c'est important. Mais si tu continues de t'entraîner autant, ton cou deviendra plus large que ta tête ! Avant que je parte tu étais bien plus ronde, c'était mieux.
- Tu dors sur le canapé, déclara-t-elle sur un ton sans appel.
Neji se hissa hors du bain.
- Tu ne peux pas parler sérieusement, il est plein de miettes.
- Hors de question que tu dormes dans ma chambre, mais le balcon est libre si tu veux.
- Tu ne vas pas faire la tête… Puis je te trouve gonflé. C'est un peu mon appartement… quand même.
Cette petite prise de bec entre cousins était la bienvenue, et bien que Neji finit sa nuit sur le balcon, ils ne s'endormirent pas fâchés.
oOo
À la suite du tremblement de terre qui avait secoué Konoha, le quartier Uchiwa était plongé dans l'obscurité.
Si Sakura ne devait reconnaître qu'une chose, c'est que Koharu avait raison, son chakra avait changé et la blessure qu'elle avait accidentellement infligée à Hinata était la preuve qu'elle ne se maîtrisait pas. Il lui fallait revenir aux fondamentaux, un entraînement en plein air est en cela tout indiqué mais elle n'espérait pas que l'occasion se présente si tôt.
Elle enfila sa tenue de combat, troquant le haut et la jupe rose pour un juste au corps noir, elle resserra ses jambières et ajusta ses gants, prête à en apprendre davantage sur ses nouvelles capacités.
- Le chakra est le mélange de deux énergies opposées, celles du corps et celles de l'esprit. Avec un entraînement intensif on peut accroître ses capacités, je me demande quelle est ma nouvelle limite.
Il faisait nuit noiree, le quartier Uchiwa était en travaux de partout et le réseau électrique n'avait pas tenu le coup. Personne ne s'étonnerait de l'effondrement de quelques bâtiments après un tremblement de terre. Et elle savait parfaitement par quoi commencer.
Hagoromo Kohei s'était mis en tête de reconstruire de ses mains le quartier Uchiwa. Pour qui se prenait-il ? Au nom de quoi s'était-il arrogé ce droit ? Les nobles ne sont que le vestige d'une période révolue, ils vivent sur les cendres de succès et de gloire passés. Et bien qu'ils s'imaginent prendre des décisions pour le bien commun, ils seraient bien incapables de se battre et de mourir pour défendre leurs idéologies.
Sakura s'arrêta devant le tout nouvel orphelinat, il se dressait majestueusement dans un style simple mais chaleureux. Elle se concentra sur la porte, plus précisément sur la serrure.
Le chakra mêle l'énergie du corps et celle de l'esprit. Elle avait blessé Hinata sans la toucher, avec seulement la volonté de lui faire mal. Maintenant, elle voulait rentrer dans ce bâtiment.
Elle attendit durant plusieurs secondes mais rien ne se produisit.
- La volonté seule ne suffit pas. Pour mélanger les deux chakra on forme des sceaux.
Mais elle n'en avait pas utilisé contre Hinata, elle avait simplement levé le poing. Comme pour la frapper. Un sourire satisfait étira les lèvres de Sakura. Elle referma la main, comme si elle tenait les clés de l'orphelinat et l'approcha de la serrure. Elle sentit une résistance et la gâche glissa hors de la porte.
Sakura referma la porte derrière elle et regarda ses mains, elle ressentait d'étranges picotements dans tout le corps. C'était assez désagréable, comme si sa peau était soudain devenue trop petite. Elle serra les poings et s'accroupit quelques instants. Le temps de retrouver les sensations de ses membres.
Elle respirait rapidement, son cœur battait la chamade et elle ressentit rapidement comme un vertige. Si elle ne se reprenait pas en main elle allait s'évanouir.
En tournant la tête sur le côté, elle vit une fresque crayonnée sur le mur et en partie peinte, le travail d'enfants sans doute.
Quelle hypocrisie ! Quelle mascarade !
- Kôhei a construit cet orphelinat pour que chacun puisse se détourner de ses obligations à son aise. Un enfant devrait être élevé au sein d'une famille aimante et pas dans une structure comme celle-ci.
Et quand bien même leur intention seraient bonnes…
- C'est à Sasuke et à moi de s'en occuper en tant que dernier Uchiwa. Il faut qu'ils paient leur arrogance.
Que vas-tu faire ?
- Réduire cet endroit en miettes.
Alors cesse d'hésiter, tu te fais du mal.
Sakura prit une grande inspiration et se redressa, elle sentit l'air vibrer autour d'elle. La sensation est la même que lorsque l'on s'étire après s'être endormi dans une position inconfortable. Koharu lui avait dit qu'elle devait être plus sensible à son environnement. Et c'était le cas.
Normalement, le chakra est une énergie que l'on a à l'intérieur de soi et que l'on projette et façonne. Le sien était plutôt comme une toile d'araignée tissée tout autour d'elle. Un cercle dont elle était le centre et dans lequel elle était toute-puissante. En rentrant elle avait restreint son champ d'action d'un coup, ce qui expliquait son malaise.
Enfin, ça c'était la théorie et une théorie qui soulevait encore plus de questions. Autant passer directement aux travaux pratiques pour en vérifier la véracité.
- Est-ce un cercle ou une sphère ?
Un sourire narquois aux lèvres, elle se demandait si elle pouvait enfouir ce bâtiment sous terre. Elle devait sentir les choses et cesser de réfléchir à la manière d'atteindre ses objectifs. Elle ouvrit les mains, paumes tournée vers les plafonds, elle pouvait sentir la pression de la structure.
Elle rapprocha doucement ses mains et entendit les murs et les planchers craquer, elle les rapprocha encore jusqu'à ce qu'une fissure franche apparaisse sur l'un des murs porteurs et que du plâtre tombe du plafond.
L'orphelinat n'était pas prêt d'ouvrir ses portes. Sakura soupira.
- Cela dit, deux précautions valent mieux qu'une.
Elle désigna l'escalier en bois du bout de l'index et elle abaissa doucement la main. L'escalier se détacha du mur, pas au point de s'effondrer, mais juste ce qu'il faut pour être impraticable.
Tout cela avait fait du bruit, mais Sakura ne s'en inquiéta pas. Peu de personnes vivent dans le quartier Uchiwa et les rares habitants savent qu'à la nuit tombée il ne restait plus que la loi du plus fort.
Pour autant elle ne s'éterniserait pas dans le coin, quelqu'un pouvait prévenir Kôhei qui à son tour ferait appel à l'anbu.
En sortant, elle prit soin de refermer la porte derrière elle. De l'extérieur les murs étaient tout juste lézardés, c'était parfait. Elle fit quelques pas au milieu de l'allée. Ce serait bizarre que ce soit le seul bâtiment détérioré. Un petit sourire aux lèvres, elle tendit les bras sur le côté, pour être certaine de toucher les deux côtés de la rue. Les toits et murs des maisons dans un rayon d'une centaine de mètres craquèrent et se fissurèrent. Certains des bâtiments qui n'avaient fait l'objet d'aucune rénovation s'écroulèrent, la fissure du mur de l'orphelinat se démarqua davantage.
Voilà une bonne chose de faite. Maintenant il fallait qu'elle vérifie si elle pouvait encore retenir ses coups. Il lui fallait une cible vivante, quelqu'un qui ne manquerait à personne si son expérience ratait. Il restait encore quelques camps de SDF dans les bas-fonds du quartier. Un meurtrier sévissait actuellement à Konoha, des apprentis ninja avaient été tués, Tsunade avait mis toutes les forces de police sur cette affaire. La disparition d'un marginal passerait donc inaperçu.
Elle s'enfonça d'un pas déterminé dans les rues étroites et encombré du quartier. Ces pauvres gens s'entassaient dans des squats, des rebuts de toute sorte vivaient ici, comme dans une société obéissant à ses propres règles et se tuaient à petit feu en ingérant toutes sortes de poisons et multipliant les comportements à risque.
Sakura réajusta ses gants, elles comptaient donner un sens à leur misérable vie, mais sans trop se salir. On pouvait dire que c'était sa façon à elle de participer à l'amélioration de la vie à Konoha.
oOo
Alors qu'après un tremblement de terre, Konoha était maintenant la proie des flammes, Gaara et Saï s'installaient dans sa maison pour la nuit .
C'était une très grande demeure et elle paraissaient d'autant plus grande qu'elle était vide et sombre. Des draps blanc étaient posés sur le peu de mobiliers qu'il y avait, afin d'éviter qu'ils ne se recouvrent de poussière.
Gaara avait passé une partie de la journée au chevet de son intendant, à tâcher d'apaiser la situation entre lui et Saï.
- Je me sens suffisamment bien, Gaara. On pourrait rentrer à Konoha. Je n'ai pas envie que tu aies des problèmes à cause de moi.
- Je suis bien assez grand pour m'attirer des problèmes seuls.
Saï parut un peu troublé, alors il poursuivit afin de le rassurer.
- Vu l'état de Naruto, je doutes d'être la première priorité de Tsunade. Au pire, je lui dirais que j'ai dû retourner à Suna pour concerter mon Conseil, pour avancer les négociations. Ne t'inquiètes de rien et repose toi un peu. Nous partirons au petit matin.
- Je peux te demander ce que tu vas faire cette nuit ?
Il était évident que Gaara ne comptait pas dormir.
- Je pensais monter sur le toit. Est-ce que tu veux venir ?
Saï acquiesça d'un léger hochement de tête, alors le maître des lieux récupéra quelques vêtements chauds dans sa chambre.
Le toit de la maison était plat et aménagé en terrasse. Il n'y avait aucun éclairage dans le village, pourtant il n'était pas plongé dans l'obscurité. La lune était pleine et projetait sa lumière pâle sur les bâtiments et les rues.
L'anbu se fit cette réflexion un peu bête, qu'il semblait y avoir bien plus d'étoile dans le ciel de Suna que dans celui de Konoha.
Saï avait la tête levé vers le ciel, les lèvres légèrement ouvertes, son souffle chaud se changeait en buée au contact de l'air frais de la nuit. Et les étoiles se reflétaient dans ses pupilles couleurs d'encre.
Gaara était en train de faire quelques pas vers lui, il voulait passer les bras à sa taille, le serrer contre lui et l'embrasser. Il s'arrêta et baissa la tête. Qu'était-il en train de faire ?
- Suna est un beau village.
Cette remarque de Saï était inattendue, il leva la tête et leur regard se croisèrent. Il y avait tant de choses qu'il voulait lui dire. Évidemment qu'il adorait Suna, mais sans lui ça n'avait pas le même intérêt. Il ne pouvait pas abandonner ses fonctions et le rejoindre à Konoha, alors peut-être Saï accepterait-il de venir pour lui ?
- Je suis certain que tu te plairais ici.
L'expression de Saï se fit un peu plus neutre avant qu'il ne réponde sincèrement.
- J'appartiens à Konoha.
Gaara sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. Il avait raison, sans la mission qui les liait, il ne serait même pas avec lui sur ce toit. Il ne pouvait rien espérer ou demander de plus que le temps qu'ils avaient ensemble.
- Je peux te poser une question personnelle ? demanda Saï du bout des lèvres.
Il était plutôt bavard aujourd'hui, ou c'était peut-être l'air nocturne qui lui déliait la langue.
- Tant que je ne suis pas obligé d'y répondre.
- Je vais le formuler différemment, alors. Tu avais la possibilité d'être délivré de Shûkakû, mais tu as tout de même renoué avec lui alors que rien ne t'y obligeait.
C'était une bonne remarque. Le démon à une queue avait fait de lui un monstre et de sa vie un enfer.
- J'imagine que c'est parce qu'il est une partie de moi. C'était difficile de le perdre et j'aurais sans doute pu continuer sans lui mais, ça n'aurait pas été la même chose. Et puisque j'ai le choix, je préfère qu'il en fasse partie. Tu te débarrasserais de ta part d'ombre et de ton passé si tu le pouvais ?
Saï pinça les lèvres et réfléchit plusieurs secondes, il ne s'était jamais vraiment posé la question, ça n'avait aucun sens. Le passé ne peut pas être changé.
- Je suis satisfait de la vie que j'ai aujourd'hui et je ne prendrais pas le risque de la perdre en changeant mon passé. Mais si j'avais vraiment le choix, même sans rien changé, j'aimerais revivre certains moment de mon passé, pour mieux les apprécier.
Cette réponse, sincère et pragmatique, était la raison principale pour laquelle il l'aimait.
- Rentrons nous coucher, tu vas finir par attraper froids.
