On se revoit à Konoha
Disclaimer : D'après les personnages de Naruto de Masashi Kishimoto. Une histoire originale de Nounouillechan. Ecrit par Chicken Poulet.
Chapitre 19 : Faux sauveurs
L'ambiance dans le quartier Uchiwa n'avait rien à voir avec celle du village, les murs des maisons étaient fissurés, les habitations les plus anciennes s'étaient comme effondrées sous leurs propres poids. La population hostile s'était amassée devant le Domaine Uchiwa et le petit cortège ne tarda pas à être pris pour cible.
Pour cause, malgré les nombreuses propositions les Hagoromo avaient refusé d'effectuer des travaux sur ce dernier vestige de la famille Uchiwa. Le toit était effondré et les grandes portes de l'entrée semblaient vomir les tuiles. Le bâtiment au nord du Domaine était en partie écroulé tandis que son jumeau se tenait difficilement debout. Il n'y avait plus de rénovation possible désormais, il faudrait tout raser et reconstruire.
Les habitants logés par les Hagoromo et maintenant sans foyer, bloquaient le passage. Le regard voilé de larme, le visage déformé par la colère, ils insultaient et maudissaient les Hagoromo.
Avant qu'aucun des ninjas les accompagnant ne réagisse, Kyotsune vint au-devant de son époux et écarta d'un simple geste de la main une pierre lancée dans sa direction. Un étrange silence s'abattit sur la foule, tandis qu'elle époussetait la manche de son kimono.
- Croyez-vous que mon époux et moi-même nous serions déplacés si nous n'en avions que faire de votre condition. Nous partageons votre peine et votre colère, et nous sommes ici pour proposer une solution adaptée à chaque situation. Je vous prie simplement de faire preuve de patience.
Lorsque l'on se retrouve au sein d'un groupe hostile, on n'est plus vraiment maître de ses actions. Mais Kyotsune semblait avoir brisé cet esprit de corps pour rendre à chacun son individualité et la responsabilité de ses actes.
Maintenant à la tête de l'escorte, elle semblait écarter les importuns de simple et délicat geste de la main. Aussi arrivèrent-ils sans encombre à l'orphelinat.
Vu de l'extérieur, le bâtiment semblait en meilleur état que les autres, les murs étaient juste un peu lézardés. Mais une fois la porte ouverte, ce fut la douche froide. Le sol était irrégulier, les murs lézardés, l'escalier décollé du mur et le plafond semblait prêt à céder d'un instant à l'autre.
Ce n'était peut-être pas le bâtiment le plus abîmé qu'ils avaient vu jusqu'alors, mais ce fut l'estocade finale. Que le Domaine Uchiwa s'écroule, passe encore, c'était une vieille bâtisse. Mais l'orphelinat était le fer de lance du projet de rénovation. Vu son état, on pouvait remettre en question la qualité des matériaux et les réelles intentions de Kôhei.
Vous avez bien compris, la réussite du projet aurait été celle du clan tout entier, mais la défaite serait celle de l'homme seul. Qui, par orgueil et vanité, avait voulu remplacer les autorités et échoué lamentablement.
Le silence solennel fut brisé par Kôhei, qui ne prononça qu'un mot qui sonna comme un ordre.
- Dehors.
Tsunade, Sakura et Hinata échangèrent un regard entendu, tandis que Kyotsune se rapprochait de son époux pour lui prendre la main et l'apaiser.
- C'est à toi que je m'adressais, Kyotsune.
Il se tourna et la regarda comme s'il la tenait pour seule responsable.
- Il n'y a ici rien qui relève de ta compétence, conclut-il.
Elle le fixait au travers ses yeux mi-clos, sans bouger.
Le sang d'Hinata ne fit qu'un tour. Comment osait-il s'adresser ainsi au Renard Argenté de Konoha ? Elle qui était réputée pour ne se laisser marcher sur les pieds par personne, lui ferait rapidement regretter ses paroles !
Kyotsune baissa les bras de sorte à ce que les manches de son kimono couvrent ses mains, en un geste rapide et souple elle enroula la droite autour de son poignet et la glissa à l'intérieur de la manche gauche. Elle s'inclina jusqu'à dissimuler son visage et lui répondit d'une voix douce.
- Je ferais selon la volonté de mon noble époux.
Le cœur d'Hinata rata un battement en voyant son idole courber l'échine, puis tressaillit en constatant que Kôhei avait maintenant reporté son attention sur elle.
- Hyûga Hinata, vous serait-il possible de veiller à ce que mon épouse regagne le Domaine Hagoromo ?
Hinata se tourna vers Tsunade, seule apte à lui donner des ordres. Mais Kôhei reprit de sa grosse voix.
- Je ne peux pas laisser mon épouse rentrer seule, la faire escorter par l'Hokkage enverrait un mauvais message à la population et vous avez ma préférence. Vous êtes une noble et trouverez sans doute un sujet de discussion commun.
Il se tourna vers Tsunade qui refermait la bouche, il avait raison mais ce n'en était pas moins agaçant. Ce que l'on reprochait aux Hagoromo était cette manie de vouloir décider pour les autres.
- Hinata, veille à ce que dame Hagoromo rentre sans encombre chez elle. Nous allons poursuivre l'inspection du quartier avec Kôhei.
Bien que Kôhei ait eu la délicatesse de ne pas le mentionner, l'état de santé d'Hinata était préoccupant. Et Sakura, qui vivait depuis plusieurs mois dans le quartier Uchiwa, était la plus à même d'évaluer les dégâts.
Hinata acquiesça d'un simple hochement de tête.
Tout au long de cet échange, Kyotsune avait gardé le visage dissimulé dans les avant-bras, incliné dans cette posture de soumission. Elle se retira finalement en marche arrière, d'un pas si gracieux qu'elle semblait glisser jusqu'à la sortie.
oOo
Après avoir quitté le quartier Uchiwa dans le silence le plus total, Hinata finit par tenter une approche.
- Dame Hagoromo, excusez mon impertinence mais… Vous êtes quelque peu différente de ce que je m'étais représenté.
Kyotsune lui saisit amicalement le bras et lui parla d'une voix très douce.
- Et cela semble vous décevoir, jeune enfant.
- C'est que… Je ne pensais pas que vous étiez aussi… docile.
Kyotsune afficha un sourire triste.
- Cela n'a rien à voir avec un comportement passif ou agressif, il n'y a entre mon époux et moi aucun rapport de dominance. Car c'est bien à ma réaction face à lui que vous faites allusion, n'est-ce pas ?
Hinata baissa honteusement les yeux.
- Il s'est vraiment montré grossier à votre encontre.
- Et nous nous en expliquerons en temps et en heure, dans le secret de notre chambre. Je suis l'épouse du chef du clan le plus prospère pour l'heure, le tout premier de la génération des Tigres. De quel effet cela serait-il que je m'époumone en pleine rue ?
Hinata releva la tête, elle reconnaissait bien là le Renard argenté de Konoha.
- Une épouse de chef de clan a bien des tâches et de rôles contradictoires à tenir. Elle doit mener sa vie privée en public, éviter de faire des esclandres, être forte et douce, indépendante et obéissante. On est constamment épié et sous pression.
- Je n'avais pas vu les choses sous cet angle, vous devez me trouver si naïve.
Kyotsune lui fit un sourire maternel cette fois.
- Mais cela n'est pas une mauvaise chose, mon enfant. Il m'arrive de me remémorer avec nostalgie ce temps où, tout comme vous, je pensais qu'il n'y avait pas de demi-mesure. Que la violence et la force était la même chose et qu'avoir le dernier mot était tout ce qui comptait.
Hinata n'en revenait pas qu'elle ait réussi à la cerner si vite.
- La place d'une épouse de chef de clan et bien plus importante que celle du chef lui-même. Car, contrairement à lui, elle n'a pas le droit à l'erreur. Et de chacune de ses actions dépend l'intégrité et la crédibilité de son époux vis-à-vis de la société et vis-à-vis de son clan. Après tout, comment un homme incapable de se faire entendre de son épouse, pourrait gouverner tout un clan.
Elle échangea un regard avec Hinata, son sourire ne semblait plus si doux. En fait, elle commençait à lui inspirer de la peur.
- Je vous assure que j'ai bien compris la complexité de votre position. Et je vous admire pour votre capacité à analyser toutes situations avec tant de rapidité et à toujours adopter le comportement adapté.
Kyotsune la regarda un long moment sans rien dire, au point de la mettre mal à l'aise.
- Aurais-je dit une chose qu'il ne fallait pas.
- Du tout. C'est que je suis assez surprise, que vous ayez de l'admiration pour moi.
Hinata rougit un peu en détournant le regard, Kyotsune la tenait toujours par le bras.
- Vous êtes un modèle pour beaucoup de femme, il n'y a rien de bien surprenant à ce que je fasse partie du lot. Je vous envie votre force, votre détermination et même la retenu dont vous avez fait preuve tout à l'heure.
Le renard argenté hocha doucement la tête.
- Je suis à la recherche de nouveaux talents pour développer mes activités commerciales, souhaitez-vous prendre part à l'aventure ?
Hinata s'arrêta sur place, Kyotsune avança de quelques pas et finit par s'arrêter à son tour.
- Et bien ? Que vous arrive-t-il, bel enfant ?
- Vous me proposez cela de but en blanc, comme si ce n'était rien.
- C'est une question simple qui appelle à une réponse simple.
Après quelques secondes à regarder ses mains bandées, Hinata lui répondit sur un ton mêlant colère et tristesse.
- Vous avez raison et cette réponse est non. Avec le respect que je vous dois et malgré toute l'admiration que j'ai pour vous, je n'ai pas l'âme ni les ambitions d'une femme d'affaires. Je suis un ninja affilié à l'armée de Konoha et la future cheffe de mon propre clan.
Kyotsune parut un peu surprise, elle releva les sourcils mais sans jamais ouvrir les yeux.
- C'est vrai que vous avez vocation à être chef de clan, nos préoccupations ne sont pas les mêmes.
- Je ne voulais pas paraître condescendante…
Kyotsune prit ses mains dans les siennes.
- C'est moi. Je me suis mal fait comprendre, Hyûga dôno [suffixe honorifique]. J'ai bien observé votre manière de vous déplacer, votre carrure et cette musculature… Je vous veux pour modèle d'une toute nouvelle collection. Mais cela peut s'avérer difficile de servir d'égérie d'une part, et de donner des ordres de l'autre.
Une veine pulsa sur la tempe d'Hinata, Kyotsune venait de sous-entendre qu'elle ne serait pas capable de gérer sa popularité tout en dirigeant son clan ?
- Ce n'est pas le propos. J'ai déjà un emploi à mi-temps en plus de mes entraînements quotidiens. J'espère bientôt recevoir mon titre de chef de clan. Je n'ai aucune intention de mener une quelconque carrière de mannequin en parallèle. Et considérez le sujet comme clos, je vous raccompagne chez vous, comme le souhaite votre époux.
Pas le moins perturbé du monde, Kyotsune posa la tête contre son épaule.
- Allons, allons, bel enfant. Nous savons toutes deux que vous finirez par me dire oui et nous nous retrouverons dans mon atelier. Vous en tenues légères et moi avec un mètre ruban, bien occupé à prendre vos mensurations. Pourquoi retarder ce moment ?
Hinata lui répondit avec sérieux et sans aucun tact.
- Le quartier Uchiwa est menacé par un incendie, votre époux vous a congédié comme si vous étiez la plus maladroite des domestiques et vous avez encore le cœur à tenir des propos aussi déplacés ?
- C'est qu'il n'est pas dans mes habitudes de me préoccuper des choses sur lesquelles je n'ai aucune emprise. J'ai eu la preuve qu'un criminel s'en prend effectivement à ma famille. Et bien que cela me contrarie, mon époux a décidé de s'en occuper seul. Dès lors que suis-je supposé faire, Hyûga Hinata ?
Hinata ressentit un nouveau pincement au cœur.
- Toutes mes excuses.
- Voilà qui est mieux. Nous disions donc… Jeudi prochain ?
- C'est toujours non, dame Hagoromo. Il est hors de question que je devienne l'une de vos égéries.
Les deux femmes se chamaillèrent ainsi, jusqu'au Domaine Hagoromo, et chose assez rare pour être soulignée, Kyotsune ne parvint pas à ses fins.
oOo
Tsunade partit peu de temps après Hinata et Kyotsune, confiant la suite de l'inspection à Sakura. Elle était à des lieux de pensée que, ce faisant, elle remettait l'enquête au responsable des faits. À première vue, il n'y avait rien de suspect, les Hagoromo cherchaient juste un bouc émissaire pour expliquer leur échec.
Une fois passé les limite du quartier Uchiwa, la vie semblait poursuivre son cours.
La bibliothèque était ouverte et les visiteurs, pour la plupart étudiants, vaquaient à leurs occupations. Bien sûr, çà et là on parlait du tremblement de terre, mais plus à titre anecdotique que de véritable source d'intérêt.
Tsunade s'enfonça directement vers les anciennes archives, mais cette fois elle n'eut pas à provoquer le Bibliothécaire pour qu'il se montre. Elle le trouva assis au sommet d'un meuble, vêtus de son kimono cérémoniel, blanc bordé de rouge aux extrémités. Le visage toujours masqué de l'emblématique portrait du dieu Inari.
Avant qu'elle ait le temps de le questionner, il lui arracha le sac des mains.
- Je n'en ai pas pour longtemps, grommela-t-il en s'éloignant.
- Qu'est-ce que vous allez faire avec ça ?
Pour toute réponse, il tapa du poing sur le côté d'une étagère, libérant une petite cache qui dissimulait un parchemin.
Dubitative Tsunade le tira avec précaution et s'attabla pour en lire le contenu. Elle n'avait pas vraiment d'autre chose à faire
C'était écrit en japonais ancien, elle mit un certain temps à le décrypter et passa sans doute à côté de quelques subtilités.
Mais dans les grandes lignes ça parlait d'une pratique qui consistait à lier les âmes au moyen d'un sceau puissant. Cela s'appelait l'Union Funèbre et comme bien des pratiques archaïques elle avait été mise au point par les familles nobles. Et permettait la réalisation des mariages arrangés même après le décès de l'un des promit.
Charmant. Tsunade prit une grande inspiration et regarda les environs. Est-ce que c'était cela que le Bibliothécaire préparait ? Des sceaux de l'Union Funèbre pour Naruto ?
Les époux se trouvaient à une parfaite égalité, partageant les joies et les peines, les forces et les faiblesses. Les deux âmes ainsi liées ne devenaient plus qu'unes.
- "Et ce, même dans la mort", souffla l'Hokkage.
En ce temps, on la nommait encore Union d'or /union dorée. Quel merveilleux moyen d'unir deux clans que le mariage ? Et quelle meilleure illustration d'une indéfectible amitié qu'un lien que même la mort ne saurait briser ?
- L'union d'or ?
Tsunade porta un peu plus d'attention au parchemin, le support était de jade et le papier finement doré.
L'union d'or s'était largement répandu et les familles trouvaient une grande fierté à s'unir de cette manière.
Il fallut pourtant que le fils Takanawa, de fragile constitution, meurt. [...] Suivant la coutume, son union avec la jeune Takemi Uchiwa, avait été frappée du sceau de l'union d'or. Mais à la seconde de la mort de son époux elle fut prise d'une très grande déprime.
Tsunade inspecta de nouveau les alentours, mais aucune trace du Bibliothécaire. Ce qu'elle lisait n'était pas pour la rassurer.
Takemi subissait et ressentait dans sa chair les changements propres à ceux du cadavre de son époux. Comme si, elle aussi allongée sur le sol, retournait à la terre. Elle souffrait terriblement, ne pouvant rien manger ni boire sous peine de le rejeter sous la forme d'une étrange bile noire nauséabonde.
Ce n'était pas sans rappeler à Tsunade celle qu'avait régurgitée Naruto. Même si elle ne voyait aucun rapport évident entre ses symptômes et ce sceau.
Son calvaire dura en tout cinq jours et elle ne trouva de repos qu'en s'ôtant la vie. Les prêtres et les chefs de clans dénigrèrent la pauvre Takemi. Comme une femme à l'esprit fragile qui n'avait pas supporté la perte de sa moitié. Ce qui ne faisait qu'appuyer l'efficacité de l'union sacrée.
Il fallut que Oneda Kousuke, Torajirô Maru et Akajiro Fuumiko se donnent la mort dans les semaines suivant le décès de leurs conjoints pour qu'un Conseil ne se réunisse et ne reconnaisse l'évidence. Le lien tissé était trop fort et emportait une part non-négligeable du conjoint *survivant.
Survivant est une manière assez simple de dire les choses, mais c'est deux kanjis qui étaient utilisés et qu'il serait plus juste de traduire par "ceux qui ne sont pas mort".
Mais au moment où ce Conseil prit conscience du problème il était déjà trop tard. Si bien que de petits clans s'étaient tout simplement éteints par manque d'héritier.
Des mesures drastiques furent alors prisent : la crémation des corps, jusqu'alors considéré comme viles et réservé aux indigents devint la norme. Le calvaire de "ceux qui ne sont pas morts" n'en fut pas terminé pour autant. À la douleur de sentir son corps être la proie des flammes durant de longues heures, succédaient un terrible vide et un terriblement manque que rien ne pouvait combler. L'union dorée prit peu à peu le nom d'union funèbre et donna naissance à toute une génération de…
Tsunade peinait à traduire ces derniers caractères.
- "ceux qui sont comme morts" ?
Elle se frotta la nuque et releva la tête, elle n'était plus vraiment sûre de vouloir l'utiliser. Tout l'intérêt du sceau qui unissait actuellement Naruto à Kyûbi était l'ascendance qu'il donnait au jinchuriki. S'ils se trouvaient sur un pied d'égalité, elle ne donnait pas cher de Naruto. Et puisque la mort ne pouvait les séparer, sans doute continuerait-il à bénéficier des avantages d'un jinchuriki sans les inconvénients.
Son devoir en tant que ninja de Konoha, qu'importe son grade, dictait à Tsunade de laisser Naruto mourir plutôt que de l'utiliser. L'Hermite des six Chemins n'avait pas créé les sceaux actuels pour le plaisir et l'Union Funèbre ne s'appelait pas ainsi pour rien ! C'était dangereux.
Le Bibliothécaire était debout juste devant elle. Il fit glisser une petite enveloppe rectangulaire sur sa table. Puis la regarda fixement.
- Et bien ? Demanda-t-il avec une pointe d'impatience.
- Il n'existe aucune alternative ? demanda-t-elle d'une voix éteinte.
Il glissa sa main gauche sous le pan droit de son kimono.
- Toujours. Mais tu l'as écarté en venant me voir.
- Je ne peux pas laisser Naruto mourir.
Il désigna négligemment le rouleau.
- Je ne voulais pas te faire peur. Durant un temps mon travail consistait à sceller ces unions funestes. Il faut plusieurs jours pour qu'ils soient parfaits, ce qu'il y a dans cette enveloppe est quelque peu différent.
Le Bibliothécaire se redressa et lui tint un discours bien plus rassurant qui la conforta dans l'idée qu'elle avait pris la bonne décision.
- Ces sceaux te permettront de sceller les pouvoirs de Kurama et de limiter son influence sur Naruto le temps des soins. Pour cela, il va falloir que tu donnes de ta personne.
Tsunade le fixa sans ciller.
- Lorsque tu seras prête et certaine de ne pas être dérangée, tu pourras ouvrir l'enveloppe, pas avant. À ce moment-là il te faudra appliquer le premier sceau sur toi, c'est très important. Car, contrairement à l'Union Funèbre, le premier des sceaux appliqués dispose d'un ascendant sur le second.
Il scruta l'expression de Tsunade dont le regard s'était durci.
- Ainsi, tu pourras absorber une partie de la puissance de Kurama et le museler. Il ne sera plus en mesure de t'empêcher de soigner Naruto à ta guise.
Sans hésiter davantage elle s'empara de l'enveloppe, remercia le Bibliothécaire d'un hochement de tête et se dirigea sans se retourner vers la sortie.
Tsunade avançait tête baissée et tressaillit quand elle sentit une poigne agripper fermement son avant-bras. Elle leva son bras libre, prêt à frapper à la gorge l'imprudent, mais arrêta son poing à quelques centimètres du visage de Neji.
- Je suis désolé de t'interpeller de la sorte, mais je vais avoir besoin de ton aide.
- Je n'ai pas le temps, Neji.
Il se mit au travers de sa route, l'empêchant d'avancer.
- Il va falloir que tu en trouves, je peux t'assurer que c'est tout à ton intérêt.
Elle tiqua en le toisant, ne lui accordant que quelques secondes pour s'expliquer avant de se mettre sérieusement en colère.
- Il faut faire évacuer et fermer la bibliothèque, au moins pour la matinée. Je n'ai aucun pouvoir de le faire, mais toi en tant qu'Hokkage oui.
Elle lui fit un sourire pincé.
- Ah ? Oui c'est cela qui manquait à ma journée. Une fermeture intempestive de la bibliothèque ! Ironisa-t-elle.
- Crois-tu que je te le demanderais si ce n'était pas absolument nécessaire ? Il y a un problème avec l'un des artefacts détenus ici.
Tsunade détourna le regard, des rumeurs tenaient le Bibliothécaire pour responsable de meurtre. Était-il possible qu'elle ait réveillé ses mauvais côtés en faisant appel à lui ? Il était difficile de ne pas y penser, face à la coïncidence des événements.
- La vie des visiteurs serait-elle en danger ?
- Au mieux ils seront les seuls touchés, oui.
Elle se mordit la lèvre inférieure. Alors qu'il reprenait à voix basse.
- Je suis en mission pour les Yamashiro, d'accord ? Et c'est moi qui suis responsable de ce problème. J'aurais grand plaisir à t'expliquer tout cela en détail, mais manifestement aucun de nous n'a le temps.
Les pupilles de Tsunade s'étaient dilatées à la simple évocation du nom Yamashiro et son regard avait changé.
Neji s'efforça de ne rien laisser transparaître, mais cela lui fit beaucoup de peine. Tsunade ne posa pas plus de question car elle avait peur des réponses qu'il pourrait lui donner.
Si elle lui avait accordé davantage de confiance, elle aurait partagé ses craintes avec lui. Ils auraient pu désamorcer le piège tendu par Matatabi. Mais Tsunade ne se préoccupait plus que d'une seule chose : aider Naruto. Alors elle descendit la tirette d'une alarme à incendie et pour faire évacuer le bâtiment.
Elle prit pour prétexte le tremblement de terre et la fragilisation de la structure pour justifier la fermeture de la bibliothèque. Les usagers partis, elle donna un jour de congés aux employés et laissa carte blanche à Neji.
Tsunade partit ensuite, sans se retourner, sans échanger un mot de plus avec lui.
