On se revoit à Konoha

Disclaimer : D'après les personnages de Naruto de Masashi Kishimoto. Une histoire originale de Nounouillechan. Ecrit par Chicken Poulet.

Chapitre 23 : Remise des invitations

Arrivé dans le clan Yamashiro depuis bientôt un mois, Sasuke était remis de presque toutes ses blessures et avait pris de nouvelles habitudes.

Au réveil, Kô l'attendait à l'entrée de sa chambre et le suivait dans toutes ses activités jusqu'au moment des différents repas. En général Sasuke mangeait avec Yurie ou sautait le repas.

Il ne lui avait fallu que quelque jours pour réaliser que tout était fait pour qu'il ne soit jamais seul. Il ignorait si c'était pour l'empêcher de fuir ou le protéger, mais ce n'était pas préoccupant puisqu'il était libre d'aller et venir.

Kô se faisait si discret que Sasuke en oubliait sa présence. Il avait raté des repas avec Yurie pour reprendre son entraînement, sans qu'elle ne lui fasse de reproche. Aujourd'hui encore, il avait passé la journée en forêt avec Kô et ne rentrait que pour le dîner, sans qu'elle ne lui en tienne rigueur.

Sasuke mit simplement la table tandis qu'elle apportait les plats. Mais alors qu'ils allaient commercer le dîner, Kô vint les interrompre, un rouleau à la main.

- Toutes mes excuses, Yurie dôno. Mais c'est un message urgent de Konoha.

- Un instant je te prie, Sasuke.

Elle déroula le document et en prit connaissance silencieusement, sa lecture finie elle afficha un sourire narquois.

- Bien. Il semblerait que notre messager soit arrivé à destination et qu'il ait fait plus de bruit que prévu. Tu peux disposer, Kô.

Il s'inclina légèrement et se retira. Yurie replia le rouleau et le posa entre les plats sur la table à manger et commença à servir Sasuke.

- Alors ? Finit-il par demander d'une voix timide. Vous aviez anticipé mon refus de devenir un Yamashiro, et agis en conséquence, j'imagine que c'est la réponse que vous attendiez.

- Je me demande comment tu fais pour réfléchir le ventre vide.

Pour toute réponse, Sasuke soupira lourdement.

- Tu es bien moins patient que ne l'était ton père.

Il ne tiqua pas lorsqu'elle parla de son père, ne voyant là qu'une manœuvre pour détourner son attention.

- Pour ma défense je ne l'ai pas vraiment connu.

Yurie lui fit un sourire tendre et s'avoua vaincu.

- J'ai chargé ma fille de convoquer les chefs des clans Sanjû, Hagoromo et Hyûga. Je n'en ai pas averti l'un de mes fils et cela lui a manifestement beaucoup déplu ! D'aussi loin que je m'en souvienne, il a toujours voulu tuer sa sœur. Enfin… Je suppose que c'est ainsi que cela se passe au sein d'une fratrie.

Sasuke était livide, mais ce n'était pas à cause de cette allusion à la mort de son frère.

- Je suis parmi les personnes les plus recherchées de Konoha et vous ne trouvez rien de mieux à faire que de convoquer l'hokkage en personne ?

Alors qu'il se plaignait, Yurie avait rempli ses joues de bouchée vapeur à la crevette, c'était son pêcher mignon et de loin. Ils en avaient à presque tous les repas. Pris sur le fait, elle lui fit d'abord un sourire gêné, puis elle monta les yeux au ciel en se calant dans son siège.

- Comme je te l'ai déjà dit, nous sommes pressés par le temps et cette affaire à déjà bien trop traînée à mon goût ! Tu n'as rien à craindre, Sasuke, je peux t'assurer que Sanju Tsunade laissera ses fonctions d'hokkage à Konoha.

- Comment pouvez-vous en être si sûr ?

Cette question lui avait échappé et Sasuke la regretta un peu. Yurie tira le bol de semoule à elle et il sut qu'elle allait le gratifier d'un de ses contes culinaires.

- Croyez-le ou non jeune Uchiwa, il fut un temps où le village de Konoha tel que nous le connaissons n'existait pas. Il n'y avait que des terres occupées çà et là par des familles plus ou moins riches.

Elle rassembla la semoule en un grand tas et lissa la base. Sasuke se désintéressa de son récit, il se pencha légèrement pour regarder sous la table. Yonosuke, le fils de dame Yurie se trouvait juste là. Assis dans les plis du kimono de sa mère. Il mâchouillait un gros pain de viande à la vapeur. Pour être tout à fait honnête, ce n'est que dernièrement que Sasuke l'avait remarqué. Ce n'est pas qu'il était particulièrement petit pour son âge, mais il ne faisait pas un bruit et pouvait rester plusieurs heures sans bouger. Comme tout le monde le disait, il n'était jamais bien loin de sa mère.

- Les grandes familles s'étaient longtemps disputées, affrontées de manière indirecte, jusqu'à ce que le premier sang soit versée. La guerre était déclarée et beaucoup de pères et de fils devaient périr. Le lieu choisi était une montagne, elle n'appartenait à personne mais elle représentait un point stratégique déterminante pour quiconque arriverait à la conquérir.

Yonosuke sembla s'animer en réalisant que Sasuke le fixait toujours. Il rougit en détournant le regard, ils ne s'étaient pas reparlés depuis qu'il avait essayé de le faire fuir dans la forêt. L'héritier du clan Uchiwa se redressa.

- Sur cette colline, vivait une petite famille de roturiers sans grande ambition. Elle n'avait aucune idée de ce qu'était l'argent, le pouvoir ou la guerre. Et vivait en harmonie avec la forêt, respectant les divinités qui y vivait.

Yurie avait tracé des sillons dans son bol de semoule et semblait s'emporter dans la démonstration. Un sourire en coin tirailla les lèvres de Sasuke, en pensant que Naruto aurait sans doute trouvé quelque chose de drôle à dire... "C'est ce qu'on appelle pédaler dans la semoule".

- Alors que la date de la bataille approchait, la divinité la plus puissante de la forêt s'empara du corps et de l'esprit du fils aîné de la famille des roturiers. Devenu un demi-dieu, il était plus fort que mille chevaux, plus rusé que mille renards et bien plus rapide que le dieu Inari lui-même ! En une seule nuit il courut d'habitation en habitation, trouva et enleva les chefs des grandes familles qui n'aspiraient qu'à la guerre.

Sasuke se surprit à l'écouter, c'est qu'elle était plutôt bonne oratrice. Yurie accompagnait paroles de geste des bras et des mains, effectuant comme une danse.

- Privé de leur tête belliqueuse les membres des différentes familles retrouvèrent leur singularité, et réunit dans cette même crainte d'avoir perdu leur guide ils réalisèrent qu'ils n'étaient pas si différents. Pour ce qui est des chefs guerriers, celui qui était devenu un dieu leur parla longuement. Il leur parla comme jamais on ne leur avait parlé. Il les mirent face à leur bêtise et à leur contradiction.

Yurie tendit la main sur le côté de la table et celle de son fils s'y posa. Il sortit, les yeux légèrement écarquillés, ne comprenant pas ce que sa mère attendait de lui.

- Et à force de dialogue, ce garçon amena la paix. Les chefs de ces familles reconnurent la bonté de ses actions et son caractère avisé. Un disque fut taillé dans la pierre de jade la plus belle jamais vue à ce jour, d'un vert profond moucheté d'or ! Il représentait le pouvoir de ces familles, réunit tout comme elle. D'un geste de la main, le garçon le brisa et en remit une partie à chaque dirigeant de clan. C'est en ces pierres qu'étaient détenus les pouvoirs de leur famille, le malheur et la destruction attendait celle qui la perdait.

Yonosuke regardait sa mère avec passion.

- En quittant le corps de l'aîné des roturiers, le dieu de la forêt emporta tout ce qui ferait de lui une personne spéciale. Lui et ses descendants étaient condamnés à ne jamais être particulièrement fort physiquement, ni très rapide. Il leur laissa tout juste la ruse et l'intelligence. Mais le plus important est sans doute le nom qu'ils reçurent, pour avoir aidé à ce que jamais le sang ne coule sur cette montagne.

- Yama [montagne] shiro [blanche], les gardiens de la montagne blanche, souffla le garçon.

Sur ces mots, il se dissimula derrière sa mère, qui semblait tout heureuse d'avoir terminé son récit.

Sasuke continua à la regarder un long moment en silence. Il commençait à se dire que Yurie était bien plus âgée qu'il n'y paraissait, vu la manière dont elle s'embarquait dans ses histoires sans fins, à partir d'une simple question. Il ouvrit la bouche pour la ramener à la réalité mais elle le fit taire d'un regard dur.

- J'y viens, Sasuke ! Laisse-moi le temps de reprendre mon souffle. Dans le conte, les chefs de clan ont remis leurs pouvoirs entre les mains des Yamashiro, qui ignoraient ce que c'était. Je suis loin d'être aussi sotte. J'ai convoqué les chefs avec leur morceau de jade, dame Sanju et messeigneurs Hyûga et Hagoromo doivent être terrifié à l'idée que je les en prive. Alors tu seras bien le dernier de leurs soucis.

- Et quel est l'objectif de tout cela ?

- Ton investiture. Une fois que tu auras reçu le titre qui va avec ton nom, le Conseil aura bien plus de mal à te faire tuer. Tu retourneras à Konoha et j'aurais rempli ma mission dans cette affaire.

- Vous allez faire de moi un chef de clan ? Souffla-t-il sans réaliser.

Yurie lui fit un sourire en coin, et se pencha vers son fils pour lui nettoyer les joues.

oOo

Neji avait attendu la tombée de la nuit pour se rendre au Domaine Hagoromo, afin d'accomplir la mission que lui avait confiée Yui.

À contrecœur, il avait dû sceller Matatabi avec un collier qui le plongea dans un profond coma. C'était l'un des artefacts mis à sa disposition par les Yamashiro pour contenir les bijuu. Mais il ne l'utilisait qu'en dernier recours car son port prolongé peut conduire à la mort du bijuu.

Neji savait et comprenait la souffrance de Matatabi, on l'avait arraché à sa maîtresse, à l'issue d'un combat qui lui avait coûté la vie. Maintenant il devait vivre avec une personne qui n'était rien pour lui. Tout cela était éprouvant et traumatisant, mais ça ne justifiait pas de mettre en danger tout un village.

La pluie commençait tout juste à tomber en une fine bruine, il remonta son col, et pressa le pas. Kurama était dans une poche intérieure de sa veste, il dormait au chaud contre lui.

Il fut un peu surpris en arrivant, de trouver le Domaine plongé dans le silence. Il y était allé à trois reprises, toujours pour rencontrer Kôhei, mais il y avait toujours beaucoup de monde autour et ce indépendamment de l'heure.

Il repoussa la porte d'entrée qui n'était jamais fermée à clé, le Domaine n'était pas seulement calme, il était aussi plongé dans l'obscurité.

Neji avança à travers les couloirs d'un pas léger mais sûr, jusqu'à rejoindre une partie du bâtiment qui donnait sur une cour intérieure. Il y avait un jardin zen au centre duquel trônait la statue d'un bouddha à taille réelle, assis en lotus et au creux de ses mains une lampe à huile qui ne s'éteignait jamais.

Les pièces à l'arrière de ce jardin étaient réservées à la vie du couple. Et des éclats de voix étaient perceptibles malgré la pluie qui gagnait en force.

Neji avança et poussa la porte menant aux quartiers des Hagoromo, sans s'annoncer. Il s'orienta à l'ouïe jusqu'à rejoindre la porte d'une pièce fermée.

- J'ai effectué l'inspection aux côtés d'Haruno, une shinobi choisi par l'hokkage en personne. Et ce qui est apparu c'est que tout cela est sans doute la conséquence d'une catastrophe naturelle.

Cette voix était celle de Kôhei.

- Un tremblement de terre qui arrache les escaliers des murs, fissure les plafonds sans laisser de traces sur les façades ? Abîme des bâtiments vieux de quelques semaines mais laisse intactes les antiquités de la ville ? Y crois-tu vraiment ?

Cette voix était celle d'une femme, Neji déduit qu'il s'agissait de son épouse, ils n'avaient jamais été présentés mais la réputation de Hagoromo Kyotsune la précédait.

- Je préfère croire à cette version, Kyotsune. Si ce n'est pas un phénomène naturel, c'est que tous ces incidents sont liés à une toute autre force de la nature, capable d'arracher un escalier des murs, choisir avec soin quel bâtiment attaquer…

Elle l'interrompit brusquement.

- Et c'est tout naturellement que tu soupçonnes ta propre épouse.

- Pourquoi as-tu quitté la maison après le tremblement de terre, reprit Kôhei d'un ton égal.

Il y eut un bruit, comme une chaise que l'on repousse.

- Ne me demande pas ça.

- Mais tu ne comprends pas que tu ne me laisses pas le choix ?! Le Domaine Uchiwa est en miette, l'orphelinat supposé ouvrir dans une semaine tient tout juste debout et les frontières du quartier que l'on rénove est la proie des flammes. Que suis-je supposé répondre à nos détracteurs lorsqu'ils auront vent de ton escapade ?

- Tu leur diras que j'ai juré de défendre mon époux et ses intérêts. Et c'est en ce but que je suis sorti cette nuit-là. J'ai vu l'incendie se propager et tout comme les dégradations infligées à l'orphelinat, je suis certaine que ce n'est pas le fruit d'un accident.

- Tu t'es absenté au milieu de la nuit pendant près de deux heures !

- Je suis sortie chercher des preuves, en vain. Mais si j'avais pensé en avoir besoin auprès de toi, j'aurais cherché avec plus d'attention.

Neji leva le poing pour toquer, il n'aimait pas écouter aux portes. Mais il sentit de petites pattes pousser depuis l'intérieur de sa veste et remonter jusqu'à son col. Kurama prit une grande bouffée d'air puis lui mordit le lobe de l'oreille.

Il était trop faible pour rester seul mais pas assez pour rester calme. Neji s'accroupit pour lui faire lâcher prise, tandis que la dispute entre les Hagoromo continuait.

- Tu ne comprends rien ! Ce n'était pas à toi de te précipiter au-devant du danger au milieu de la nuit tandis que j'attends à la maison en me rongeant les sangs !

Neji rouvrit sa veste pour y enfouir le renardeau, tandis que des pas approchaient rapidement de la porte. Il y eut un moment de silence et la femme soupira.

- Tout cela… Ton regain d'autorité, cette pseudo-méfiance… C'est parce que tu t'inquiètes pour moi ? Tu as peur qu'il m'arrive du mal ?

Neji tressauta et manqua de tomber en arrière, lorsque le poing de Kôhei tapa lourdement sur la table et qu'il perdit son calme. Ils ne s'étaient rencontrés que quelques fois, mais il lui était toujours apparu comme un homme très calme et détendu, presque désinvolte.

- C'est vraiment trop demander que de te comporter comme l'épouse du chef de clan de temps en temps ? N'as-tu pas l'impression de t'être bien trop exposé ?

Le renard argenté lui répondit dans un murmure menaçant.

- Ne hausse pas le ton en t'adressant à moi. N'es-tu pas celui qui a oublié le temps où j'assurais ta sécurité ? Je suis forte.

- Je n'ai oublié aucune des fois où tu as mis ta vie en danger pour préserver la mienne. Et j'avais bon espoir d'y mettre un terme en t'épousant. Dans une situation de crise, comme celle que nous vivons, j'aimerais simplement que tu restes en retrait.

La tension environnante était un peu retombée, Neji en profita pour taper à la porte. Il voulait remettre à Kôhei son invitation, à Tsunade la sienne et profiter d'une bonne nuit de sommeil.

Le couple un peu troublé marqua un temps d'arrêt, puis Kôhei l'invita à rentrer.

Il était assis à son bureau et son épouse se tenait debout à sa gauche, un bloc-notes en main, les épaules droites et la tête basse. Un maintien parfait comme on le racontait, et rien ne laissait penser qu'ils se disputaient quelques secondes plus tôt.

- Neji ! Il y avait bien longtemps que nous ne nous étions vus ! Comment se porte mon petit frère adoré ! !

Le chef du clan Hyûga roula des yeux, en avançant jusqu'au bureau. Pour une raison qui lui échappait encore, depuis qu'ils avaient été présentés, Kôhei s'était montré scandaleusement familier avec lui. Allant jusqu'à le présenter et se comporter avec lui comme s'ils étaient frères.

- Excuse-moi d'arriver sans prévenir, tu sembles assez occupé.

Kôhei chassa ses excuses d'un geste de la main et l'invita à s'asseoir à la chaise devant lui. Alors que Neji s'exécutait le couple échangea quelques mièvreries.

- N'est-il pas mignon ? Souffla Kôhei.

- Simplement adorable, répondit son épouse sur un ton maternel.

Neji tira de sa poche ventrale les plis que lui avait remit Yui, noir marqué d'un sceau vert, en tout point identique au sien. Il remit donc la première qui lui passa sous la main à Kôhei.

Il jeta un coup d'œil au deux Y entremêlé sur le sceau avant de passer le pli à son épouse. Et discuta avec elle comme s'ils échangeaient sur la météo.

- Cela vient des Yamashiro, je n'avais jamais eu affaire à eux.

Kyotsune posa son bloc-notes sur le bureau et ouvrit le pli d'un geste assuré. Le sceau de cire se scinda nettement en deux parties et elle remit la moitié qui s'était détachée à son époux.

- Cela atteste de la bonne réception, tu peux le rendre à notre petit Neji.

Le sceau de cire passa de main en main jusqu'à lui revenir, et Kyotsune lu le contenu du pli à voix haute.

- "Le bi de jade brisé doit être reformé".

Kôhei récupéra le pli et le posa sur la table à côté de lui sans le relire.

- Et ils t'ont chargé d'une mission si importante ! Tu rends ton grand frère fier de toi, Neji !

- Je suis ravi de voir que cela ne te bouleverse pas.

Il faisait preuve d'un tel flegme que s'en était rageant. Il courrait le risque que les Yamashiro révoquent son clan, mais Kôhei était tout à fait détendu.

Il était difficile à suivre. L'instant d'avant il reprochait à sa femme de se comporter en chef de clan. Et celui d'après il faisait preuve d'une confiance aveugle en lui remettant ce courrier de la plus haute importance.

- Pourquoi le serais-je ? Nous autres Hagoromo, avons pour principe de ne pas nous inquiéter des choses sur lesquelles nous n'avons pas prise. N'est-ce pas, Kûki ?

- Hum ! Et vous devriez en faire de même, mon petit Neji ! Sinon vous vieillirez plus vite que votre aîné.

Kôhei se tourna légèrement vers elle et fit la moue.

- C'est bien vrai ça ! Il finira tout fripé comme son oncle. Dis, Kûki, tu sais où il est notre morceau de jade ? Le vieux me l'a passé en me disant que c'était super important pour notre famille, mais puisque lui n'en a jamais eu besoin j'ai dû le jeter quelque part...

- Je sais où il est, souhaites-tu que je te le donne de suite, mon aimé ?

- Oui, s'il te plaît.

Kyotsune fit quelques pas sur le côté et tapa plusieurs fois du talon sur le sol, il y eut un bruit de bois cassé et elle se pencha pour ramasser une boîte d'une vingtaine de centimètres.

- Le bi de jade du clan Hagoromo, répliqua-t-elle en la posant sur le bureau.

- Merci, Kûki. Que ferais-je sans toi ?

Neji se leva et s'inclina légèrement pour s'excuser, prêt à repartir comme il était venu.

- Le rendez-vous est pris à la Vallée de Fin, aux premières lueurs du jour. Ne l'oublie pas et ne sois pas en retard.

- Un instant je vous prie, Hyûga Neji. Combien de temps mon époux sera-t-il loin de Konoha ?

Kyotsune s'était avancé très légèrement, les mains jointes au niveau de sa taille.

- Je l'ignore, je suis convoqué comme chef de clan, au même titre que votre époux.

- Vous serez bien prudent, d'accord ?

Il ne répondit rien, et tourna les talons pour s'en aller.

Ce n'était pas pour être désobligeant, mais il ne pouvait rien lui promettre. Il ne savait pas ce que ce séjour chez les Yamashiro lui réservait et il s'était juré de ne pas faire de promesse qu'il ne pourrait tenir.

oOo

La pluie commençait à gagner en force, Neji se glissa dans le bureau de Tsunade, sans être vu. Elle se réveilla en sursaut lorsqu'il poussa l'enveloppe sur la table jusqu'à elle.

Il lui fallu plusieurs secondes pour rassembler ses esprits, mais à la vue du sceau de cire, elle se sentit soudainement parfaitement réveillée.

- Tu m'as promis des explications, je les attends.

La voix de Tsunade claqua comme une branche de bois sec que l'on casse en deux.

- Je suis en mission pour les Yamashiro.

Que pouvait-il dire de plus ? Qu'ils l'avaient torturé, qu'ils l'avaient brisé et façonné jusqu'à ce qu'il se reconnaisse à peine en se regardant dans la glace.

- Qu'as-tu fait de Kyûbi et Nibi.

- Ils sont en sécurité.

Elle le toisait avec méchanceté, mais ce qu'il remarquait surtout était sa peur. Elle avait le souffle court, et les pupilles dilatées.

- Tu comptes ne me donner que des réponses fermées ?

Il tapota l'enveloppe sur la table.

- J'ai reçu une formation de la part des Yamashiro qui m'a permis de sauver Naruto et sans doute le village. Garde tes remerciements surtout, c'est toujours un plaisir pour moi. Et ça, c'est un pli des Yamashiro, que je t'apporte parce qu'ils me l'ont demandé.

Son masque de méchanceté se fissura et laissa place à une inquiétude bien visible.

- Mais qu'est-ce qui se passe à la fin ? Souffla-t-elle en prenant le pli cartonné.

Sa main trembla un peu et elle mit plusieurs secondes à ouvrir le courrier et prendre connaissance du contenu. Elle retomba sur sa chaise et le regarda comme s'il l'avait trahie.

- Nous partons demain aux premières lueurs du jour, le point de rendez-vous est la Vallée de la fin. Ne sois pas en retard.

- Tu ne peux pas partir et me laisser comme ça, Neji. Peux-tu seulement m'assurer que le clan Sanju survivra à ça ?

Il nia d'un léger mouvement de tête.

- Je suis convoqué au même titre que toi et je n'en sais pas plus.

Neji se pencha sur le bureau pour récupérer la moitié du disque de cire qui s'était détaché quand elle avait ouvert le pli. Tsunade semblait tétanisée par la peur.

Il la regarda en silence un instant, puis fit glisser la fermeture éclair de sa veste et l'ouvrit en grand. La boule de poils brune roula sur le bureau jusqu'à heurter les avant-bras de l'hokkage.

Tsunade se redressa si brusquement qu'elle en fit tomber sa chaise.

- Est-ce que tu te moques de moi ?!

Neji glissa la main entre les pattes de Kurama et le porta à hauteur du regard.

- Je t'ai promis de t'expliquer ce que je fais et je ne me suis pas montré très loquace. Si je partais maintenant sans rien dire ce serait vraiment bizarre.

Elle le fixait comme s'il avait perdu la raison.

- Je suis devenu éleveur, figure toi, de ce type d'animaux. Il est plutôt mignon, tu ne trouves pas ? Vu qu'il est très petit et faible je dois le nourrir avec mon sang, c'est pour ça qu'il n'arrête pas de mordre. Et heu… Je le toilette aussi, je lui nettoie les yeux et les oreilles et je le brosse toujours dans le sens du poil.

Tsunade persifla entre ses dents serrées, les yeux exorbités.

- C'est ça que tu entendais par "en sécurité" ? Est-ce que l'autre est avec toi aussi ?

Il fit une moue étrange en baissant le renardeau.

- Evidemment que non, j'ai dû le punir. C'est aussi ça le devoir d'un éleveur. Kurama est trop petit pour que je le laisse seul ne serait-ce qu'une heure. Est-ce que ta curiosité est satisfaite ?

Tsunade était perplexe. C'est comme s'il jouait un rôle et essayait de la réconforter maladroitement, mais d'une certaine manière ça marchait. Elle lui fit un sourire timide.

- Oui… J'imagine.

- On se voit donc demain matin.

Kurama se débattit un peu mais Neji finit par lui faire regagner la poche intérieure de sa veste qu'il referma jusqu'au col.

Son expression était de nouveau neutre, on ne pouvait pas savoir à quoi il pensait. Il s'en alla comme il était venu, après s'être légèrement incliné en signe d'excuse.

À le voir ainsi, Tsunade en oublia un peu l'inquiétude que lui causait la réception de l'invitation des Yamashiro. Pourtant la réunification du bi de jade n'avait rien d'anodin.