On se revoit à Konoha
Disclaimer : D'après les personnages de Naruto de Masashi Kishimoto. Une histoire originale de Nounouillechan. Ecrit par Chicken Poulet.
Chapitre 25 : Arrivée au clan
C'est toujours sous une pluie battante que les trois chefs de clans arrivèrent au clan Yamashiro dissimulé dans les forêts de Konoha.
Neji ouvrait la marche, Kôhei et Tsunade sur les talons.
Le clan formait un petit village, des maisons étaient réparties de part et d'autre d'une grande voie qui menait sur une demeure qui semblait d'autant plus imposante qu'elle comptait un étage de plus.
Tsunade avait le regard dur et avançait d'un pas assuré, digne du chef de clan et de l'hokkage qu'elle était.
Kôhei était maintenant détrempé, il portait Yui à bout de bras, protégée par son manteau qui était presque trois fois trop grand. Il n'avait rien perdu de son enthousiasme et s'était efforcé de parler tout du long.
- C'est quand même incroyable qu'il y ait un endroit pareil à Konoha, tout à l'air tellement ancien ! Ils n'ont même pas l'électricité. Ils ont sans doute des salles d'eau, comme on en faisait avant ! Avec un bain chauffé au feu de bois.
Neji le regarda froidement alors qu'il continuait en parlant de sa femme, comme à chaque heure du jour et de la nuit.
- Kûki veut pas qu'on en ait un, je me demande combien de temps on va rester, peut-être que je pourrais essayer l'un de leur bain.
Neji lui répondit sur un ton las.
- Je suppose que si tu demandes gentiment à notre hôte, il accédera à ta requête.
Ils étaient debout sur le porche de la demeure principale, à l'abri de la pluie. Les grandes portes étaient fermées, mais on pouvait entendre le pas léger et rapide d'un enfant qui courait de l'autre côté.
L'un des pans de la porte s'entrebâilla et le regard de Neji tomba sur un petit garçon, avec une horrible coupe de cheveux en bol. Il les regarda un instant, ouvrit de grands yeux et fit claquer la porte avant de s'enfuir.
Quelques instants plus tard une femme repoussa les portes et ouvrit en grand, elle portait l'un de ces grands kimonos dont l'épaisseur restreint les mouvements. Ses cheveux étaient d'un noir de jais, ils lui retombaient harmonieusement au bas du dos. Et lui donnait cet air précieux de poupée de collection.
Neji ne la connaissait pas, ils n'avaient jamais été présentés.
- C'est un honneur pour moi de vous accueillir, je me nomme Yurie, je suis la matriarche du clan Yamashiro.
Elle fit quelques pas sur le côté et les invita à entrer et s'inclina légèrement au passage de chacun d'eux.
- Hyûga Neji, je suis ravi de vous rencontrer. J'ai entendu dire que vous faites un travail remarquable.
Elle n'avait pas pris la peine de le rencontrer jusque-là, sans doute parce qu'il n'était qu'un sous-fifre à l'époque.
- Et vous voilà, Sanju Tsunade. Comme vous avez grandi, mon enfant !
Elle lui caressa l'épaule et la regarda avec tendresse. Inutile de dire que ce comportement acheva de mettre Tsunade mal à l'aise. Bien que Yurie agisse comme si elle l'avait connu enfant, elle ne semblait pas plus âgée qu'elle.
Et le tour de Kôhei arriva.
- Et vous ne pouvez être que Hagoromo Kôhei. Il me tardait de vous rencontrer, jeune homme. Êtes-vous aussi impertinent que le laisse entendre les rumeurs ?
- J'ai tendance à ne pas respecter les vieilles règles, mais j'aime beaucoup les choses anciennes. Est-ce que vous avez des bains chauffés au feu de bois ? Ma femme ne veut pas qu'on en ait et ça ne se fait quasiment plus, mais vous avez l'air d'appartenir à une autre époque. Alors j'imagine que vous en avez.
Loin de s'offusquer de cette remarque, Yurie ris de bon cœur.
- Vous êtes réellement charmant ! Permettez-vous que je vous appelle par votre prénom ?
- Ça ne me dérange pas, j'en ferais de même. Avant qu'on fasse quoi que ce soit, je voudrais que quelqu'un s'occupe de cette fille.
Yui était entièrement dissimulée par le manteau, il la mit debout face à Yurie et découvrit son visage.
La matriarche eu un mouvement de recul en découvrant sa fille et le bijou qu'elle avait sur la tête. Son ton devint froid et cassant.
- C'est donc là que tu étais, je me demandais pourquoi je ne parvenais pas à sentir ta présence. Mais à voir ce diadème, je comprends tout.
Elle toisa les différents chefs de clan et Neji s'empressa d'apporter la réponse à sa question silencieuse.
- Yamashiro Yaoshi est venu me voir au petit matin hier et m'a demandé de poser ce bijou aux vues de Yui. Qui s'est empressée de le mettre de son propre chef. Depuis elle est dans cet état.
Dame Yurie releva un sourcil à l'encontre de sa fille.
- Je me souviens que Yoshi kun m'a pris quelques cristaux avant de quitter la maison. Je connais le moyen de te l'ôter, mais je n'en ferai rien avant que tu aies retenu ta leçon. Du jour où tu es venue au monde, Yoshi kun t'as détesté. Je n'ai eu de cesse de te mettre en garde, mais tu as toujours refusé de m'écouter. Te voilà bien arrangée aujourd'hui, Yui.
La jeune fille se tordait les doigts, le regard bas et honteux.
- Mère… La douleur est vraiment insupportable, ne pouvez-vous pas avoir pitié de moi.
- Ne l'as-tu pas mis toute seule, grande sotte. Cela t'a été facile de faire confiance à ton grand frère, en dépit de toutes mes mises en garde ! Retire-le donc avec la même aisance ! Pour ma part, un Yamashiro idiot n'a droit à aucune justice.
Le regard de Yui s'emplit de colère, alors qu'elle recommençait à pleurer. Comme pour lui faire échos, l'orage gronda et la foudre tomba si près de la maison que le sol vibra.
- Quand Yamamoto était là, tout allait bien ! Lui c'était un bon grand frère, il me défendait ! Il ne laissait pas Yao faire comme il veut !
Yurie tourna les talons en soupirant.
- C'est un bon fils, le genre d'enfant dont une mère n'a pas à rougir. A vrai dire, mes fils m'ont toujours fait honneur. Alors que toi, ma fille, ne t'illustre que dans l'art de me décevoir.
Kôhei passa un bras autour des épaules de Yui et la prit contre lui.
- Comment les Yamashiro peuvent se poser en tant que conseil et arbitre des familles nobles, si leur matriarche traite si mal sa propre fille ?
Le rouge monta aux joues de Yurie qui se tourna brusquement vers Kôhei, manifestement son arrogance ne l'amusait plus du tout.
- Ecoutez, Kôhei. Avec tout le respect que je vous dois, je réglais des conflits entres chefs de clans bien avant que vous ne veniez au monde ! Quant à ma manière d'éduquer mes enfants, j'ai pour principe de ne pas écouter les commentaires d'une personne qui n'en a pas.
Neji posa une main sur l'épaule de Kôhei afin de le raisonner, il ne pouvait pas le laisser s'adresser à Yamashiro Yurie comme il le faisait avec les membres du Conseil ou l'hokkage.
- Je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'avoir des enfants pour savoir qu'il ne faut pas les laisser souffrir quand on peut soulager leur douleur.
- Pardonnez son impertinence, dame Yamashiro. Il ne sait ni réfléchir ni se taire.
Neji tentait de prendre sa défense, mais Yurie l'ignora totalement.
- Croyez-vous que c'est de gaîté de cœur que j'agis de la sorte ? Être bête ou trop honnête peut mener un Yamashiro à sa perte. Et cette petite est honnête jusqu'à la bêtise. Elle n'a de cesse de chercher l'affection et l'attention de Yaoshi. Mais je vous assure qu'en l'absence de Hyûga Neji, il l'aurait porté jusqu'à la rivière la plus proche pour l'y jeter et la regarder se noyer !
Kôhei ne lâcha pas non plus l'affaire.
- Il n'y a rien de mal à être honnête ou gentil. C'est les personnes assez malhonnêtes pour en profiter qui devraient avoir honte. Comme votre fils qui n'a pas hésité à offrir ce bijou dans l'unique but de blesser sa sœur. Et je n'en reviens pas que tu t'en sois rendu complice, Neji !
Un tic nerveux fit tressauter les paupières de l'œil gauche de Neji, Tsunade se tenait toujours en retrait, sans prononcer le moindre mot.
Yurie le jaugea un instant, ce qu'il y avait dans son regard n'était pas de la colère, mais un grand respect.
- Sachez que je n'ai qu'une seule parole. Je n'ôterais pas ce cristal du front de cette idiote avant qu'elle ait retenu sa leçon. Autant dire qu'elle le gardera jusqu'à ce qu'elle apprenne à l'ôter seule. Ou que vous parvenez à le lui enlever.
Kôhei lui répondit avec une certaine arrogance.
- C'est tout ce que j'avais besoin d'entendre.
Il posa une main sur les yeux de Yui, pour les protéger et de l'autre il saisit le cristal, et serra sa poigne jusqu'à faire ressortir les veines de son poignet à son bras. Yurie sembla s'en amuser. Mais au bout d'une bonne minute le cristal craqua et éclata en une poussière très fine.
Les jambes de Yui cédèrent sous son propre poids et il passa un bras autour de ses épaules pour la soutenir.
- Cette douce arrogance est vraiment rafraîchissante, vous me rappelez mon petit Momo.
Si l'attitude de Kôhei semblait inconsidérée au premier abord, elle avait prouver à Neji et Tsunade qu'ils n'avaient rien à craindre.
Puisque Yurie ne s'en était pas prise à lui malgré ses nombreuses provocations, c'est que son but n'était pas d'anéantir leur clan.
Tsunade s'avança légèrement, décidée à savoir ce que Yurie attendait d'eux. Elle n'aimait pas savoir Naruto seul et sans défense à Konoha.
- Pouvez-vous nous dire combien de temps resterons-nous ici ? Qu'attendez-vous de nous ?
Yurie lui fit un petit sourire qui se voulait rassurant.
- Il est de coutume que la cérémonie dure trois jours, mais en raison de votre statut, je ne me permettrais pas de vous retenir si longtemps. Si nous commençons en début d'après-midi nous aurons fini pour demain en début de journée.
Kôhei eut une expression de désapprobation.
- En suivant cette logique, si on commence de suite, nous aurons fini en fin de journée. On devrait faire ça plutôt.
- Vous seriez-vous déjà lassé de ma présence ? demanda Yurie d'un ton grave.
- Pas du tout, mais je suis un homme marié. Mon épouse m'attends à la maison, et elle aura beaucoup de peine si je ne rentre pas.
Tsunade commençait à être sérieusement agacé par son attitude.
- Une bonne épouse saura que vous accomplissez votre devoir et ne vous tiendra pas rigueur de votre retard.
Kôhei souleva Yui et la posa contre son épaule, assise sur son avant bras gauche.
- Kyotsune et moi n'avons pas ce type de relation.
Il leva légèrement l'autre bras en direction de Yurie, comme pour qu'ils échangent une poignée de main.
- Elle n'est pas le genre de femme à rester docilement à la maison, dans l'attente que son époux rentre avec des excuses et un bouquet de fleur.
Le petit garçon avec la coupe en bol repoussa les pans du kimono et s'avança jusqu'à la main tendue. Yurie retint son souffle, les yeux écarquillés sur la scène qui se déroulait devant elle.
- Comment tu t'appel, petit gars ?
- Yonosuke ! T'as des bonbons ?
Il s'était plaqué contre sa jambes et fouillait les poches de son pantalon.
- Doucement, petit gars ! Je me fais détrousser.
Il sortit un chocolat emballé dans un papier argenté et se tourna vers sa mère pour lui demander la permission. Elle était sidérée et les regardait toujours en silence. Le petit garçon baissa la tête, honteux.
- Pardonnez-moi, mère.
Ces mots le sortirent de sa torpeur, elle s'avança jusqu'à lui, prit le chocolat qu'elle déballa avant de s'accroupir à sa hauteur pour le glisser entre ses lèvres.
- Pourquoi t'excuser, mon merveilleux petit garçon ? Kôhei ne t'es pas étranger, n'est-ce pas ?
L'enfant nia doucement de la tête, puis se glissa contre la jambe de Kôhei. Le fait qu'il soit trempé ne semblait pas vraiment le déranger.
- Bien. Au regard des éléments portés à ma connaissance, nous allons petit déjeuner puis passer à la cérémonie.
Yurie se leva et les invita à les suivre d'un signe de la tête.
-Vous parlez d'une cérémonie depuis tout à l'heure, intervint Tsunade.
Ils arrivèrent au niveau de la salle à manger, la table n'était pas mise mais on pouvait entendre la vaisselle s'entrechoquer dans la cuisine mitoyenne.
-Vous êtes tous chef de clan, vous devez vous souvenir de la vôtre. C'est un moment important dans la vie d'un homme.
Elle se tourna vers la cuisine.
-Kô, cesse tout de suite ce que tu fais et accompagne nos invités.
Neji pensa d'abord qu'il s'agissait d'un homme, car il dépassait la matriarche de bien deux têtes. Mais ses vêtements et les traits de son visage étaient indéniablement féminin. Une mèche de ses cheveux bleue nuit lui retombait sur le visage et elle la glissa derrière son oreille.
- Tu installera dame Sanju et messire Hyûga dans le pavillon Sud. Kôhei si vous voulez bien me suivre, la chambre de Yui se trouve à l'étage. Et je dois avoir de quoi vous changer, en dépit de votre carrure.
Elle les avait donc convoqués pour une cérémonie d'investiture ? Les craintes de Tsunade sur l'identité du destinataire de la cérémonie furent confirmés quand une seconde personne sortit des cuisines.
Sasuke laissa échapper les bols qui tenait. Il ne savait pas si le plus surprenant était de revoir Tsunade et Neji. Ou que Yurie soit en train de mettre Yonosuke sur le seul bras libre d'un colosse détrempé. Il devait s'agir de son père, parcequ'il n'avait jamais vu Yonosuke accroché à qui que ce soit d'autre que sa mère.
Kô tendit la jambe et dans un mouvement souple rattrapa les bols avant qu'ils ne heurtent le sol.
- Arrêtez de rêvasser les enfants, nous ferons les présentations comme il se doit une fois que vous serez lavés et séchés. Je ne veux pas que vous attrapiez froid.
Yurie poussa Kôhei dans le dos pour le contraindre à avancer.
Le domestique releva la jambe et posa les bol sur la table avant de s'adresser aux deux autres chefs de clan.
- Je vous prie de me suivre, je vais vous guider à vos appartements. Le pavillon sud est vraiment très agréable en cette période de l'année. Je vous rassure, vous aurez des quartiers séparés. Avec de grandes vitres et une vue sur la forêt. Il y a tant de choses à visiter, c'est dommage que vous ne restiez pas plus longtemps ! Pour le temps que durera votre séjour nous vous fournirons tout ce dont vous aurez besoin.
Il quitta la pièce d'un pas rapide, contraignant Tsunade et Neji à lâcher Sasuke du regard et à le suivre.
- Les Archives sont le lieu à voir absolument une fois dans sa vie, elles se situent au sein d'un arbres millénaire. C'est tout simplement magnifique. Un séjour chez les Yamashiro peut vraiment être intimidant, même pour des chefs de clan. La mauvaise réputation du clan est surfaite mais nécessaire. Il n'y a pour ainsi dire que des femmes et des enfants ici.
- J'ai été formé ici et j'ai une bonne idée de ce dont est capable vos femmes et enfants.
La remarque de Neji était pleine d'amertume, il n'aimait pas être ici et tout le bien que Kô pourrait en dire pour lui faire croire le contraire n'y ferais rien.
Elle porta la main au collier sur sa gorge.
- En voilà un qui a visité deux fois la mort sans y laisser la vie, qu'il est chanceux !
Ce commentaire à peine marmonné était un peu déstabilisant et tranchait avec l'image que Yurie leur avait donné du clan.
oOo
Sakura avait eu du mal à trouver le sommeil et très tôt le matin elle avait pris rendez-vous avec Koharu pour quelques prises de sang et un contrôle de santé.
Son sang était un peu plus épais et sombre que d'habitude, mais ces anomalies mises à part tout allait bien.
Koharu lui présenta une suite d'exercice pour tester ses nouvelles capacités, il s'agissait de déplacer des sacs de différents poids à travers un parcours d'obstacles.
Sakura tendit le bras en direction du plus petit, il ne faisait que trois kilos. Elle referma la main comme pour le saisir, mais peut-être avait-elle était trop rapide ou y avait-elle mis trop de force, car le sac éclata en répandant du sable partout dans la pièce.
Elle tomba en arrière et Koharu tressaillit avant de prendre frénétiquement des notes.
- J'ai besoin de me reposer un instant, ce type d'exercice demande beaucoup d'énergie.
C'était un mensonge éhonté. Mais elle préférait tronquer les résultats de ces recherches sur elle.
- C'est tout à fait normal, il vous faudra du temps pour maîtriser vos nouvelles capacités. Mais une fois que ce sera le cas, vous serez notre meilleur atout. Uzumaki Naruto a déçu le Conseil à plusieurs reprises, il est indiscipliné et agit de manière inconsidérée.
Sakura se laissa glisser contre un mur jusqu'à se retrouver assise au sol.
- Ce n'est pas parce qu'il est mon ami que j'ignore ses défauts. C'est un adulte qui joue aux enfants et un lâche. Il est parfaitement remis de ses blessures, mais il reste à l'hôpital pour ne pas assumer la responsabilité de ses actes. Le Conseil a interrogé toutes les personnes présentent lors de l'évasion de Sasuke, toutes sauf…
Elle se ravisa et tendit le bras vers le sac de 5 kg, elle décida de le saisir par le dessus. Mais cette fois, il s'écrasa et éclata contre le sol. Ce n'était pas fait délibérément, son énervement semblait influer sur sa force.
- Vous dites qu'il se cache à l'hôpital ? Tsunade nous a fait savoir qu'il était au plus mal.
- Pas plus tard qu' hier soir je suis passé à l'hôpital pour récupérer la liste à jour des morts et blessés dans le tremblement de terre et l'incendie. J'ai demandé à le voir et l'infirmière de garde m'a fait comprendre qu'il était en plaisante compagnie et qu'il valait mieux le laisser tranquille pour la nuit. Je vous laisse en tirer vos conclusions.
Sakura tourna la paume de sa main vers le plafond. Puisqu'essayer de prendre le sac par-dessous et de côté l'avait fait exploser, il ne lui restait plus qu'à essayer par en dessous. Au moment de relever la main, son instinct lui commanda de tout arrêter. Elle ressentait une pression dans sa paume et contre ses doigts, elle ne tenait pas uniquement le sac, mais tout le bâtiment. Elle abandonna donc cette option.
Koharu sembla trop préoccupé parce qu'elle venait d'apprendre pour le remarquer.
- Je suis désolée, je n'arrive pas à soulever celui de 10 kilos.
Elle ne voulait surtout pas prendre le risque de détruire le bâtiment.
- Ce n'est rien, vous pouvez rentrer vous reposer. Nous réessaierons dans quelques jours.
Sakura s'excusa d'un hochement de tête.
Elle était bien consciente que le Conseil voulait l'utiliser à son avantage, pour le moment elle y trouvait son intérêt, alors elle allait dans son sens. Mais elle n'hésiterait pas une seconde à faire volte-face et se retourner contre lui.
La pluie tombait à verse, mais il n'y avait plus d'orage. Elle avait un parapluie en tissus noir sur lequel tombait une de ces chaude pluie d'été, parfaite pour se changer les idées.
En passant devant les ruines du Domaine Uchiwa elle eut un pincement au cœur, il n'en restait plus rien. Si les Hagoromo s'étaient montrés moins prétentieux, il aurait pu être sauvé, mais peu importait dans le fond, ce serait l'occasion pour Sasuke et elle de refonder leur clan sur de nouvelles bases.
Un attroupement semblait se former aux environs de l'orphelinat, elle se fraya un passage entre les quelques curieux qui s'étaient rassemblés. Était-il possible que le bâtiment fragilisé se soit finalement écroulé ? Cela illuminerait sa journée.
- Juste devant la porte se sera parfait, je vous remercie.
Ce ton affable ne pouvait appartenir qu'à Kyotsune. Elle se tenait juste là, dans un ensemble tailleur de sa création, ses cheveux coiffés en arrière en un chignon impeccable, et protégée par l'un de ces parapluies traditionnels rouge vif et scandaleusement chère.
Sous ses ordres, des ouvriers dressaient des barrières et des bâches autour de l'orphelinat pour en empêcher l'accès et le dissimuler à la vue de tous.
- Haruno san, quel plaisir de vous voir. Vous pouvez approcher.
- Dame Hagoromo… Je ne m'attendais pas à vous voir ici.
Il faut dire que la veille son époux l'avait renvoyé comme une moins que rien. Il était surprenant de la retrouver à diriger un chantier comme si de rien n'était le lendemain.
- Comme vous le savez, l'ouverture de l'orphelinat est prévue dans un peu moins d'une semaine, il était prévu de longue date que les travaux d'ornements se feraient dans le plus grand secret.
Sakura se retint de froncer les sourcils et de la remettre en question, il était impossible que l'orphelinat ouvre ses portes dans les temps. Kyotsune comptait sans doute trouver une excuse pour faire reculer les travaux une fois le bâtiment dissimulé.
- N'est-ce pas votre époux qui s'occupe de cela d'habitude ?
- En son absence, c'est à moi que revient la charge d'intendante du clan.
L'un des ouvriers qui était d'une carrure proche de celle de Kôhei s'approcha d'elles, il joignit respectueusement les mains et parla à voix basse pour ne pas être entendu des badauds.
- Nous avons presque fini d'installer les panneaux, dame Hagoromo. Êtes-vous certaines que vous ne voulez pas que je dépose au moins le plâtre et le ciment à l'intérieur ?
Kyotsune laissa le manche du parapluie rouler dans le creux de son cou, pour prendre ses mains dans les siennes. Elle leva la tête et lui fit un sourire tendre et rassurant.
- Il n'existe vraiment rien qui puisse entamer le dévouement que tu me porte, Yamaguchi kun ?
- Je crains bien que non, alors laissez-moi vous prêter main forte.
- Il n'en est pas question. Je sais demander de l'aide tout autant que me débrouiller seule et Kôhei m'a formellement interdit de laisser qui que ce soit voir l'orphelinat avant qu'il ne soit fini.
L'homme jeta un coup d'œil à Sakura comme s'il pesait l'importance de ses mots.
- Je ne suis pas dupe, il y a presque autant de peinture que d'outils et de matériaux de construction. Il n'y a rien de honteux à consolider…
Il se tût et grimaça de douleur, Sakura baissa les yeux sur leurs mains, la poigne de Kyotsune s'était resserrée au point que ses doigts virent à l'écarlate.
- J'ignore ce qu'est la honte, car je ne vis que pour faire honneur à mon époux. Il m'a demandé de m'occuper du clan et de l'orphelinat en son absence et je crois agir comme il le faut. Je te remercie de me proposer ton aide avec une telle insistance, mais cela m'embêterait que Suzy s'inquiète de ne pas te voir rentrer.
Tout en prononçant ces paroles sur un ton rassurant, elle avait continué de serrer sa poigne et Sakura vit et entendit les deux derniers doigts de chaque main craquer et se tordre. L'ouvrier déglutit en perdant un peu de ses couleurs.
- Vous êtes toujours si prévenante, dame Hagoromo, souffla-t-il entre ses dents serrées.
Sakura était pétrifiée de peur, la scène à laquelle elle venait d'assister était irréelle. Kyotsune Hagoromo, venait tout simplement de casser quatre doigts à un homme, et menacé à demi-mot de ne plus jamais revoir sa femme. Tout ça parce qu'il lui avait proposé son aide. Quel genre de traitement pouvait-elle réserver à la personne qui aurait volontairement dégradé l'orphelinat ?
Kyotsune referma sa poigne sur les doigts cassés et Yamaguchi ferma les yeux, sans doute pour endurer la douleur en silence.
- Inutile de me remercier. Avant que Kôhei n'entre dans ma vie, je n'avais aucune idée de ce qu'était une famille. Et depuis que je l'ai compris, je fais de mon mieux pour qu'elles soient réunies, en toute circonstance. Aussi je t'accorde à toi et à tes hommes un long congé, je te prie de l'accepter. Vous avez tous déjà tant fait.
Sa voix était douce et pleine de reconnaissance, elle retira doucement ses mains pour les reporter au manche de son parapluie. Yamaguchi dissimula ses doigts meurtris en resserrant doucement les mains puis il s'inclina respectueusement.
- J'en déduis que nous ne vous reverrons qu'à l'inauguration.
- C'est bien cela. Je t'en prie, fais attention, ce serait dommage de te blesser juste avant de rentrer chez toi. Et je ne dis pas cela tant pour toi que dans mon propre intérêt. Mon mari serait sans doute peiné d'apprendre que je n'ai pas mis en place toutes les sécurités qu'exige ton travail.
- Je ferais pour le mieux, mais qui sait ce qui peut arriver à cause de cette satanée pluie.
Elle lui fit un sourire amusé et un petit signe de la main. Comment pouvait-on tenir des propos aussi bienveillants et être si agressive. Le moins que l'on puisse dire c'est que Kyotsune avait un sacré problème de personnalité.
Lorsque Sakura se tourna à nouveau vers dame Hagoromo, elle eut la nette impression que cette démonstration de force lui était plus ou moins destinée.
- Je vous prie de m'excuser, Haruno san. Où en étions-nous ?
- A vrai dire nous avions fini de parler. L'inauguration aura donc bien lieu ?
Kyotsune inclina légèrement la tête sur le côté.
- S'agit-il d'une question ?
Sakura se ressaisit, elle n'aimait pas le ton de Kyotsune et n'avait aucune intention de se laisser faire. C'est plutôt facile d'intimider une personne dont on a la charge, mais Sakura ne lui devait rien et il était peu probable qu'elle se risque à poser la main sur elle.
Mais une fois de plus Kyotsune la prit de court en portant la main devant sa bouche et riant discrètement.
- Toutes mes excuses, je ne voulais pas me moquer. Mais il est annoncé de longue date que l'inauguration de l'orphelinat se fera vendredi prochain, soit dans une semaine exactement. S'il y avait un quelconque obstacle à ce projet, pensez-vous que mon époux se serait risqué à me laisser le gérer ?
Sakura se retint de froncer les sourcils et de la remettre ouvertement en question. Il était impossible de réparer les dégâts qu'elle avait fait en seulement une semaine. Que comptait-elle faire seule ? Colmater les fissures et appliquer de la peinture ?
- Sans doute pas. Lorsque l'on sait comment il vous a congédié hier.
C'était au tour de Sakura de la provoquer, elle avait parlé bien assez fort pour que les quelques personnes présentes entendent. Puis elle se tourna vers dame Hagoromo, un sourcil relevé, mais cette dernière ignora sa pique.
- Je vous remercie encore de vous être portée volontaire pour nous aider. Vous ne pouvez qu'imaginer comme l'inspection menée par l'hokkage et vous-même va bénéficier à la réputation de cet orphelinat. J'espère vous compter parmi les membres du comité d'inauguration.
- Ce sera avec plaisir, dame Hagoromo.
- Juste une dernière précision. Dois-je adresser votre invitation à votre logement de fonction ou chez vos parents ?
Comme s'il n'y avait que cette alternative. Sakura lui répondit avec défiance et regretta presque aussitôt.
- J'habite le quartier depuis plusieurs mois maintenant, je rénove une petite maison au bout de la rue. Kôhei ne vous en a donc pas parlé ?
- Je savais pour la rénovation, mais j'ignorais que vous occupiez les lieux. Cela est bien pratique, une fois que j'aurais fini de superviser cette installation je rédigerais une invitation que je vous porterais, puisque vous êtes tout à côté de l'orphelinat.
Sakura sentit le sang quitter son visage et son estomac se nouer, mais elle fit de son mieux pour garder les apparences. Elle tourna les talons en saluant dame Hagoromo de la main.
Mais elle avait l'impression d'avoir fait une erreur monumentale en attirant l'attention de Kyotsune sur elle. De toute évidence, elle était une adversaire redoutable et l'absence de Kôhei la laissait sans aucun contrôle.
Sakura l'avait sous-estimé, mais se promit de ne pas reproduire deux fois la même erreur. Lorsque Kyotsune viendrait, elle ne tomberait pas dans la facilité de lui fournir son alibi. Et n'évoquerait que très rapidement les travaux.
Par contre, elle comptait se concentrer sur Kôhei, ce serait un bon moyen de détourner l'attention du renard argentée, le temps que durera sa visite.
