On se revoit à Konoha
Disclaimer : D'après les personnages de Naruto de Masashi Kishimoto. Une histoire originale de Nounouillechan. Écrit par Chicken Poulet.
Chapitre 26 : Derniers préparatifs
Au clan Yamashiro, la table du petit-déjeuner était digne d'un matin de fête, il y avait du riz blanc, des œufs frais, du saumon grillé, de la soupe miso et une grande coupe de fruit. Contrairement à l'habitude, Kô était présent au repas, et faisait le service. Il versait le thé dans de petits bols en céramique, les mêmes que Sasuke avait laissé échapper à leur arrivée.
Une fois terminé, il se plaça dans l'entrée de la cuisine, le regard bas, les mains croisées au niveau de la taille.
Kyotsune était en bout de table, à sa gauche il y avait Tsunade et Neji et à sa droite, Kôhei et Sasuke. Elle semblait radieuse.
- Il y a bien longtemps qu'il n'y avait eu autant de monde à ma table, vous n'imaginez pas comme cela remplit mon cœur de joie. La journée va être longue et vous n'aurez pas de pause pour déjeuner. Si une chose ne vous convient pas, il suffit de me le dire, je me ferais un plaisir d'y remédier !
Son ton était celui d'une mère, et Kôhei lui répondit comme un enfant capricieux.
- Mes vêtements sont bizarres, ils sont tout lisse et ça me gratte le cou. Je veux les vêtements que Kûki m'a préparés, ils sécheront sur moi.
Yurie prie la louche de service et en asséna un coup sec sur la tête du chef du clan Hagoromo. Tsunade tressaillit comme si c'était elle qui l'avait reçu, Sasuke rentra la tête dans les épaules en détournant le regard. Neji quant à lui ne réagit pas, ce n'était pas la pire chose qu'un Yamashiro ait fait.
Kôhei pesta en se frottant le haut du crâne, alors qu'elle remplissait son bol de riz, comme si de rien n'était.
- Faites passer vos bols, je vais vous servir.
Quand Tsunade lui tendit celui de Neji, Yurie marqua un temps d'arrêt.
- Il n'y a rien à faire, je n'en reviens pas… Alors vous êtes hokkage maintenant ? Tout comme l'était votre père. Les Sanju ne nous ont jamais déçus pour ce qui est de gouverner Konoha. Mon enfant, je vous revois, les joues roses d'avoir trop couru, l'air espiègle et toujours prête pour jouer un vilain tour. Mais avec ce minois, il n'y a rien que l'on ne pouvait vous pardonner. Et vous êtes aujourd'hui une femme magnifique.
Sasuke regarda Yurie avec insistance, il se demandait quel âge pouvait avoir une personne ayant connu Tsunade enfant, mais se garda bien de la formuler à voix haute, car il craignait de recevoir lui aussi un coup de cuillère ou d'essuyer les foudres de l'hokkage.
Yurie la regarda à son tour, un sourire pincé sur les lèvres, comme si elle savait parfaitement ce à quoi il pensait. Il lui présenta son bol, avec un air innocent.
- Puis-je en avoir, Yurie sama [suffixe honorifique] ?
Kôhei souffla un "lèche-botte" entre ses dents tout en cassant un œuf sur son riz avant de mélanger le tout énergiquement. En réponse, la matriarche le menaça d'un nouveau coup, avant de servir l'héritier du clan Uchiwa. Puis elle glissa une portion à son fils, assis tout contre elle, sous la table, et poursuivit son petit discours.
- C'est bon, n'est-ce pas ? Mangez, mangez, mes enfants ! Vous allez avoir besoin de beaucoup d'énergie.
- Ça l'est, mais je préfère le petit-déjeuner que me prépare ma femme, et vous n'y pouvez rien. La nourriture est simplement meilleure quand elle est avec moi.
La matriarche lui répondit avec davantage de diplomatie qu'un coup sur la tête.
- Je le comprends parfaitement. Vous serez bientôt de nouveau ensemble.
- Ça ne m'empêchera pas d'être inquiet.
Tsunade excédé s'adressa directement à lui.
- Pourrais-tu cesser de parler de ta femme, juste le temps d'un repas ? Je n'en peux plus.
Contre toute attente il lui répondit sur un ton sérieux et autoritaire.
- En tant qu'hokkage de Konoha, ça pourrait être une bonne chose que tu te préoccupes de la savoir sans moi aussi longtemps.
Tsunade le foudroya du regard et lui répondit avec arrogance.
- Toutes mes excuses, mon seigneur Hagoromo ! Il m'appartenait d'occuper votre épouse en votre absence, la pauvre doit se sentir bien seule et s'ennuyer fort, tandis que je risque paisiblement l'avenir de mon clan en ces lieux.
Yurie se pencha en avant pour s'interposer entre eux.
- Les enfants, je vous en prie, ne vous disputez pas. Je veux que vous soyez tous rassuré, vos clans ne seront pas dissous. Nous vous avons rassemblée pour restituer au clan Uchiwa son Bi de Jade.
Sasuke fronça légèrement les sourcils en se tournant vers elle.
- "Restituer" ?
Yurie déglutit et baissa les yeux durant quelques secondes, puis revint aux autres convives.
- La cérémonie nécessite une grande quantité de chakra, je vous invite donc à prendre des forces.
Sasuke n'entendit rien de ce qu'elle disait après ça. Pendant tout ce temps, elle l'avait soutenu en lui expliquant combien les Yamashiro admiraient les Uchiwa.
- Yurie.
Elle lui avait dit que ces morceaux de jade étaient ce qu'il y avait de plus précieux pour un clan, sans ça, ils n'étaient plus rien. Et qu'elle avait demandé aux trois autres d'emmener le leur pour semer la confusion.
Avec ses effets de manches et toutes ses belles histoires, il n'avait pas fait attention.
- Qu'est-il arrivé au morceau de jade de ma famille ? demanda-t-il d'une voix éteinte.
La matriarche repoussa sa chaise et se redressa, ignorant délibérément sa question.
- Le Bi sera re-formé et chargé de tous le chakra dont nous disposons. Lorsque nos énergies seront parfaitement mélangées, vous serez libre de retourner à Konoha, si vous en trouvez la force.
Elle joignit les mains, en signe de salut et s'excusa avant de quitter la table.
- Je vous présente mes excuses, je vais devoir quitter cet excellent repas pour préparer la cérémonie.
Sasuke l'interpella une dernière fois, sa voix était à peine perceptible.
- Yurie.
Elle baissa la tête avant de plonger son regard dans le sien.
- Nous ne pouvons rien changer au passé, mon garçon.
Les autres chefs de clan présents savaient parfaitement ce qu'entraînait le retrait du Bi de Jade par les Yamashiro. Un silence pesant tomba sur la salle à manger.
Sasuke baissa la tête. Sa famille s'était vue privée de son Bi de Jade. Et le malheur et la destruction s'étaient effectivement abattus sur son clan. Tout devenait si clair, qu'il ignorait s'il devait rire de sa naïveté ou pleurer de douleur face à cette ultime trahison.
- Toutes tes interrogations sont justifiées, Sasuke. Nous en discuterons après ton investiture. Il n'y a rien de plus important pour moi.
Elle lui avait parlé avec sincérité, et il releva la tête pour la regarder s'en aller.
Il se redressa et regarda Tsunade, Neji et Kôhei. Il n'y avait ni colère, ni rancune, seulement de la compassion dans leur regard.
Kôhei lui ébouriffa les cheveux puis posa une main amicale sur l'épaule, Sasuke fronça les sourcils, un peu surpris de la familiarité dont il faisait preuve.
- Tout iras bien, petit Uchiwa ! Tu seras bientôt de retour à Konoha. Je te présenterais mon épouse, Kûki, elle a hâte de te rencontrer.
- C'est pas si simple.
- Vraiment ? Les Yamashiro sont de ton côté, ton investiture sera assurée par l'hokkage en personne. Et ne tu me connais pas encore, mais tu verras que je suis quelqu'un sur qui on peut compter.
- Je suis toujours un traître et un déserteur, souffla-t-il simplement.
Tsunade avait bien du mal à soutenir le contraire, elle n'oubliait rien des méfaits qu'il avait accomplis, de tout le mal qu'il avait fait. Naruto était encore à l'hôpital et Sakura comblait son absence en travaillant de manière compulsive.
Pour la première fois depuis leur arrivée, Neji releva la tête et le regarda droit dans les yeux. Il était le seul à cette table, à savoir que l'Akatsuki était de l'histoire ancienne. Et la principale raison de la débâcle de Sasuke.
Contre toute attente, Kôhei lui donna une tape dans le dos, si fort que les larmes lui montèrent aux yeux.
- Si tu veux pleurer sur ton sort et sur ton histoire, fais-le temps que t'es pas chef. Faut que tu comprennes que ça n'a rien à voir avec toi, petit. Konoha t'attend. T'as un rôle à jouer pour notre communauté. Ça fait trop longtemps que la chaise des Uchiwa est vide à nos assemblées.
Sasuke se remit à manger timidement, il était tant pour lui de grandir, c'est de nouvelles responsabilités qui l'attendait.
Kô entreprit de débarrasser les plats vides et de les resservir en boisson chaude. Il se permit de les interpeller.
- Vous trouverez dans vos chambres vos tenues cérémonielles, si vous en ressentez le besoin, je pourrais vous aider à vous préparer et à vous habiller. Hyûga Neji. Vous êtes invité à vous rendre à nos archives, elles se trouvent dans le plus grand arbre du clan.
Neji se leva sans broncher, ce n'est pas comme s'il avait le choix. Il posa sa serviette sur la table et quitta la pièce sans dire un mot. Il devait passer dans sa chambre récupérer Kurama, il ne lui avait pas encore donné à manger.
Kôhei n'avait pas quitté le domestique du regard, au point que ça devienne bizarre. Celui-ci baissa les yeux vers lui.
- Oui ?
- Vous n'avez rien mangé, puis-je vous proposer quelque chose ?
Tsunade tiqua, Kôhei n'était pas le genre à se montrer aussi polit avec le premier venu. Il lui tendit une mandarine, Kô regarda le fruit avec insistance et commença même à tendre la main, mais il se ravisa.
- Je ne mange pas, merci.
- Je l'entends, mais n'avez-vous pas faim ? Insista-t-il.
Kô parut troublé, il se força un sourire et tourna la tête vers Sasuke qui, réflexion faite, ne l'avait jamais vu manger.
- Je ne voulais pas vous mettre mal à l'aise en restant à côté. Je vais attendre à l'extérieur.
- C'est moi, qui ne voulais pas vous déranger, je pense qu'on a tous plus ou moins fini. Je vais me préparer. Plus vite on commencera la cérémonie, plus vite je serais de retour au côté de mon épouse.
oOo
Tsunade rejoint Kôhei dans le hall d'accueil, de manière surprenante il était manifestement le premier à être prêt. Tout comme, il était entièrement vêtu de blanc, et ses cheveux étaient humides de la douche qu'il avait prise.
Il était appuyé contre le montant de la porte et regardait la pluie tomber, il avait un air grave qu'elle ne lui connaissait pas. Qu'il échangea pour son sourire et son air débonnaire habituel quand elle s'avança vers lui.
- Tu es encore en train de t'inquiéter pour elle, n'est-ce pas ? J'ai encore du mal à comprendre comment un grand gaillard comme toi, peut être aussi sentimental.
- Je ne vois pas bien où est le rapport avec ma taille. Et il n'y a pas que l'idée d'être loin d'elle qui te travaille.
Kôhei se frotta la nuque.
- En quittant Konoha, j'ignorais si et dans combien de temps nous allions rentrer. Alors j'ai pris quelques précautions, mais j'ai peur que ces mesures ne soient une bombe à retardement.
Tsunade s'avança, le jaugea du regard et lui répondit avec sarcasme.
- Tu as peur qu'elle tue quelqu'un ou quoi ?
En absence de réaction de sa part, elle répéta bien plus sérieusement.
- Tu as peur qu'elle tue quelqu'un ? Kôhei, ne me dis pas qu'elle est liée à la vague de meurtre qu'on a eu.
Il lui jeta un regard qui lui glaça le sang.
- Avant qu'on ne soit marié, elle était un membre de ma garde personnelle. Et malheureusement elle a été amenée à ôter la vie de personnes menaçant la mienne. Mais en sept ans de mariage, elle n'a plus fait couler le sang.
Il resta silencieux un long moment avant de se confesser.
- Elle a eu un passé difficile, et le soir elle peut avoir du mal à s'endormir ou faire des crises assez violentes. Dans ces moments-là, elle ne parvient pas à différencier la réalité du rêve et je n'ai pas envie qu'elle se blesse ou fasse du mal à quelqu'un.
Tsunade baissa la tête et acquiesça.
De retour de mission particulièrement compliquée, il arrivait que des soldats souffrent de ce même trouble. Ils étaient hantés par les souvenirs des choses horribles qu'ils avaient pu faire ou subir. C'est pour cela que les missions les plus périlleuses étaient confiées aux anbu, ils ne pouvaient pas ressentir de culpabilité.
Neji portait sa tenue de cérémonie et un sac à bandoulière, ses cheveux trempés lui retombaient dans le dos. Il ne leur adressa pas le moindre mot en passant entre eux pour se précipiter sous la pluie.
Kôhei prit de nouveau appui sur le montant de la porte pour contempler la pluie tomber.
- C'est incroyable qu'il y ait tout un clan qui vive ici, à même pas une heure de chez nous.
Cette remarque n'appelait pas de réponse. Tsunade se surprit à penser qu'il était bien plus réfléchi qu'il ne le laissait paraître. Et cela justifiait le respect qu'il inspirait aux autres chefs de clan, en dépit de son âge.
oooooooooo
Neji se retrouvait à se rendre aux archives des Yamashiro, sans savoir pourquoi. Une fois de plus, cette bande de tordus le déplaçait, comme un foutu pion, sur une saleté d'échiquier.
Il commençait à en avoir marre. Marre d'avoir peur, marre d'avoir mal. Il ne restait plus que la rage et l'ennui, de ne pas être libre de ses mouvements et de ses décisions.
Les archives du clan se trouvaient juste à côté de la Demeure Yamashiro, à l'intérieur d'un arbre centenaire.
Neji se fit la réflexion qu'un bâtiment creusé dans un tronc devait sentir le bois humide et être plutôt sombre.
La porte était basse et il dut se pencher pour entrer, mais une fois à l'intérieur c'est un monde hors du temps qui se révéla à lui.
Le sol était recouvert d'un carrelage en damier noir et blanc, la surface au sol approchait des trente mètres et tout autour de lui des escaliers et des étagères étaient taillés dans le bois. De nombreuses ouvertures laissaient circuler l'air et un lustre fait de morceaux de verre colorés dispersait la lumière aux endroits les plus sombres. L'arbre faisait une centaine de mètres de haut, ce qui n'a rien d'inhabituel à Konoha, mais il ne s'imaginait pas qu'il était possible d'en aménager aussi bien.
Neji reporta les yeux sur un bureau posé au centre de la pièce, il semblait fait du même bois que les étagères. L'homme aux cheveux blancs qui s'y trouvait portait des lunettes grossissantes en cuivre et des gants de coton, il manipulait à l'aide d'une pince à épiler les mécanismes d'une horloge.
Il fit glisser ses lunettes dans ses cheveux lorsque Neji avança jusqu'à lui, et commença à parler avant qu'il n'ait le temps d'ouvrir la bouche.
- Cela me fait plaisir de vous revoir, Hyûga Neji. Oui, nous nous sommes déjà rencontrés à quatre reprises auparavant. Je suis Yamashiro Eiijiro, Grand Horloger, époux de Yurie et le père de ses enfants. J'ai cessé de vivre avec elle il y a bien longtemps, parce qu'elle a la fâcheuse habitude de radoter et je déteste ça.
Il avait répondu à chacune de ses questions silencieuses, y compris celle qu'il n'aurait pas osé poser. Et recommença lorsqu'il ouvrit la bouche.
- Ceux qui naissent Yamashiro reçoivent un don particulier, une sorte de bénédiction. Mais il faut croire que lorsque tous les bons étaient distribués j'étais sortie pisser. Mes fils et mes filles ont l'éloquence, l'intelligence, la force ou le courage, ce qui est indispensable à une vie prospère ! Le principal effet du mien est de ne pouvoir laisser aucune trace de mon existence. C'est pour cela que vous ne vous souvenez pas de moi. Inutile de me regarder avec tant d'insistance, vous oublierez jusqu'à notre discussion au moment où vous quitterez cet endroit.
Il repoussa sa chaise, Neji ne parvenait pas à détacher son attention des gants de coton blanc et des lunettes en cuivre. Comme s'ils détournaient continuellement son attention de celui qui les portait.
- C'est perturbant, je le sais. Mais lorsque je ne les porte pas c'est bien pire. Il est inutile de lutter. Je suis, pour ainsi dire, une case blanche que votre esprit ne parviendra pas à remplir. Et s'il y a bien une chose que l'esprit humain déteste, c'est le vide.
Neji posa une main protectrice sur le sac contenant Kurama, et le fit glisser derrière lui.
Eijiro fit le tour du bureau pour se placer face à lui.
- Cet endroit est le seul où j'ai un peu de consistance. Au-dehors, il vous suffirait de détourner le regard pour tout oublier de moi. Mon don a fini par imprégner l'arbre et ses branches étendent ma zone d'influence à tout le clan. Pas au point de le rendre invisible, juste impossible à trouver pour quiconque n'y a jamais mis les pieds.
Neji ouvrit la bouche une fois de plus et attendit quelques secondes avant de parler, le temps de s'assurer qu'il ne l'interromprait pas une fois de plus.
- Et vous dites que nous avons déjà eu ce type de discussion ?
- Exactement cette discussion, le corrigea t-il. Quatre fois. Vous comprenez mieux pourquoi je ne vis pas avec ma femme, c'est merveilleux de retomber amoureux, mais vraiment lassant au bout de la quarante troisièmes fois. Sans compter les effets néfastes sur son esprit, enfin… Ce n'est pas ce qui vous intéresse, personne ne s'intéresse jamais à moi… La première fois que nous nous sommes rencontrés, c'est lorsque Yamashiro Yumi vous a remis votre ordre de mission. Nous avons passé la nuit à discuter, c'est pour cela que vous étiez si fatigué le lendemain.
Neji hocha négligemment la tête, ce n'était pas comme s'il lui restait assez d'énergie pour s'étonner de ce que pouvait encore lui réserver le clan Yamashiro.
- D'accord. Qu'est-ce que vous attendez de moi ?
S'il l'avait fait déplacer, c'était forcément parce qu'il avait besoin de quelque chose.
- Kurama. Il faut que vous me le confiiez jusqu'à la fin de la réunion du Bi de jade. Si Uchiwa Sasuke le voit, son esprit sera troublé et vous ne pourrez pas mener la cérémonie à son terme avant la tombée de la nuit. Celle qui se fait appeler Hagoromo Kyotsune tuera Asano Sakura et… Remettez-moi simplement Kurama, je vous prie.
Il avait commencé à dérouler le fil de son récit pour s'interrompre de lui-même. Neji glissa la main sous le sac contenant le renardeau pour le serrer contre lui et recula d'un pas.
- Mon devoir est de veiller sur lui.
Eijiro s'assit contre son bureau et resta silencieux un instant en fixant le sol avant de parler sur un ton grave.
- J'ai le titre de Maître du temps ou de Grand horloger. J'ai reçu le don de vision. Donnez-moi le nom d'une personne et je vous déroulerais le fil de son histoire. Si je n'ai aucune empreinte sur les esprits, c'est pour m'empêcher de modifier le cours des choses. Mais le futur n'est pas écrit de manière précise, les choix, les actes et les décisions de chacun, sont autant de coups de crayon qui affinent l'image finale.
Il leva les yeux et les plongea dans les siens.
- Votre destin est de mourir en sauvant les vies de Hyûga Hinata et d'Uzumaki Naruto. N'est-ce pas ironique, pour celui qui s'est juré de vaincre son destin ? Mais pour une raison qui m'échappe, l'actuel chef de ce clan ne veut pas que vous mouriez ainsi. Pour répondre à ses exigences j'ai changé d'infimes détails dont les conséquences nous ont mené ici, aujourd'hui. Mais c'est un montage imparfait et le destin déteste qu'on se joue de lui.
Il regarda à gauche et poursuivit son récit comme s'il lisait un conte à voix haute.
- Si vous emmenez Kurama au cours de la cérémonie, il s'échappera de votre sac et ira auprès d'Uchiwa Sasuke. Le regardant plus attentivement, il comprendra que Kurama et Kyubi sont un seul et même être. Il pensera qu'Uzumaki Naruto est mort, en dépit de vos explications. Son esprit sera troublé et le chakra des différents chefs de clans et de Yurie mettront toute une semaine à se synchroniser. Alors qu'à la tombée de la nuit, aujourd'hui, celle qui se fait appeler Hagoromo Kyotsune tuera Asano Sakura. Elle dissimulera son corps dans un mur porteur d'un bâtiment, avant d'y peindre une fresque murale, sans que le ciment ne soit tout à fait sec. Au moment de l'inauguration, la décomposition du corps fera craqueler la peinture, puis le mur et les restes de Haruno Sakura seront découverts. Ayant assisté à la scène, Uchiwa Sasuke perdra foi en Kôhei et son cœur s'endurcira.
Il prit une grande inspiration et plongea de nouveau son regard dans celui de Neji.
- Ne pouvant s'en prendre directement à Uchiwa Sasuke, investi de ses fonctions de chef de clan, le Conseil aura condamné à mort Uzumaki Naruto pour haute trahison et fraternité avec l'ennemi. Mais Uchiwa Sasuke n'intercédera pas en sa faveur, rongé par le remords de ne pas avoir pu aider celle qu'il croit aimer. Hyûga Hinata mettra donc sa vie en danger pour sauver celui qu'elle a aimé et elle perdra, car elle ne dispose d'aucun statut au regard du Conseil. Il vous faudra vous sacrifier pour elle et vous mourrez tel que le veut votre destin, en sauvant Hyûga Hinata et Uzumaki Naruto.
Il resta silencieux un instant en pianotant contre la table.
- Mais vous ne serez pas la seule victime, lorsque surviendra votre mort, les bijuu sous votre contrôle seront libérés de leurs entraves. Le cœur de Kurama sera brisé à jamais et il détruira de nouveaux Konoha. Hagoromo Kôhei mourra dans l'effondrement d'un bâtiment en portant secours à son père, et celle qui se fait appeler Hagoromo Kyotsune révélera son véritable visage et son véritable nom. La fureur de Kurama combinée à la sienne fera définitivement disparaître Konoha. Et après un demi-siècle de meurtre et de destruction, leurs esprits retournera à la terre. Sur les cartes, où apparaissait Konoha, on lira "La forêt des morts qui pleure".
Neji s'était crispé à mesure que le récit avançait, à la sincérité qu'il y avait dans la voix d'Eijiro, il savait que tout cela était vrai. Aussi incroyable que cela puisse paraître.
Si tout cela devait survenir du simple fait qu'il ait gardé Kurama avec lui, il préférait autant obéir afin de l'éviter. Et en tout dernier recours, il pouvait toujours invoquer le renard de feu, pour le ramener auprès de lui.
- Comment pourrais-je oublier ce que vous venez de me dire ?
Il aurait préféré ne jamais avoir entendu cette version du futur.
- Vous oublierez.
Neji tira le renardeau de son sac et le prit d'abord contre lui.
- Je suis d'accord de le laisser quelques heures, mais comment savoir qu'il ici, si j'oublie jusqu'à votre existence une fois passée la porte ? Et que ferez-vous de lui ?
Kurama n'avait pas perdu une miette de tout ce qui s'était dit, il n'avait pourtant pas l'air angoissé. Ses oreilles étaient droites et il fixait Eijiro qui tendait les mains pour le prendre.
- Les gens oublient les souvenirs qui sont attachés à moi. Mais l'esprit humain cherche et trouve du sens en toute situation. Vous avez reçu l'ordre de venir ici et c'est une bonne chose, parce que vous aviez besoin d'une information que vous n'auriez trouvé nulle part ailleurs. Et puisque Kurama ne vous a pas écouté en fuyant de votre sac aux archives, qu'est-ce qui l'empêcherait de le faire durant la cérémonie ? Vous ne pouvez pas prendre ce risque. Vous détestez cet endroit, vous ne pouvez pas prendre le risque d'y rester plus que nécessaire.
Neji lui passa à côté et posa le renardeau sur le bureau. Il sentait ses veines battre sur ses temps, mais alors que ses byakugan étaient actifs, il ne parvenait à se concentrer sur rien d'autre que les reflets colorés sur les murs. Il ferma les yeux plusieurs secondes, afin de se concentrer. Lorsqu'il les rouvrit, il constata que les lunettes grossissantes étaient maintenant posées sur le bureau.
- Vous êtes en train de me manipuler.
- Comment le pourrais-je, vous êtes seul ici. Vous ne savez pas pourquoi on vous a donné l'ordre d'aller aux archives. Mais vous y avez trouvé tout un dossier sur les bankei. Il devrait vous être bien utile. Il est à côté de la porte, ne l'oubliez pas en sortant. Il vous a fallu du temps pour rassembler ces informations. C'est pour cela que vous avez mis aussi longtemps à rejoindre les autres.
Il avait les oreilles qui bourdonnaient, l'impression d'être enivré.
Soudain, un grand fracas métalique le tira de sa torpeur. Kurama était sur le bureau, il avait poussé d'un grand coup de patte un plateau, et maintenant le sol était recouvert d'instruments de précision et de petits engrenages.
Neji eut un instant de doute, jusqu'à ce qu'il voit un gant blanc ramasser une pince. C'est vrai, lorsqu'il était entré, une personne réparait une horloge. Il allait réprimander Kurama, lorsque l'homme l'interrompit.
- Ce n'est rien. Au repas, j'étais assis en bout de table, juste entre Uchiwa Sasuke et vous. J'ai été plutôt surpris de voir Kurama bondir de nulle part. Il a volé un morceau de poisson dans mon assiette. Et je l'ai jeté hors de la table, avant de le ramener à votre chambre. Je suppose que c'est sa manière à lui de se venger.
Il se redressa et retira l'un de ses gants.
Neji était contrarié, Kurama était encore trop faible pour se nourrir d'autres choses que de sang et de chakra, il allait être malade.
- N'est-ce pas un peu imprudent de votre part de vous balader avec les bijuu dans vos poches ?
Ses souvenirs étaient flous, il ne se rappelait pas avoir pris son sac pour aller manger. En fait, il n'avait pas pris de sac en quittant le village, juste une sacoche, assez grande pour transporter Kurama. Il avait placé le reste de ses affaires dans les poches intérieures de son manteau. Et il gardait Kurama en permanence sur lui, alors pourquoi l'aurait-il laissé dans sa chambre ce matin ?
Le grand horloger retira son second gant.
- Vous devez partir maintenant, vous êtes attendus. Vous n'êtes pas inquiet pour Kurama. Vous l'avez laissé seul dans votre chambre ce matin et tout s'est bien passé. Il y a beaucoup de place ici et si peu de passage que c'est la cachette parfaite.
Il tourna les talons et s'éloigna jusqu'à la porte et se baissa machinalement pour ramasser le dossier bleu contre le chambranle de la porte.
Kurama était vraiment infernal en ce moment, il avait bondi de son sac pour se réfugier hors de portée. Et il n'avait plus le temps de le pourchasser.
- Je reviendrais te chercher quand j'aurais fini. Je compte sur toi pour être aussi sage que tout à l'heure.
Neji passa la porte et eut ce sentiment insupportable d'avoir oublié quelque chose d'important sans réussir à se souvenir de quoi exactement. Puis il regarda le dossier dans sa main et acquiesça doucement d'un hochement de tête.
Ce passage imposé aux archives n'était pas une mauvaise chose, finalement. Avec ça, il pourrait sûrement identifier et neutraliser le bankei qui avait blessé Hinata. Et Kurama était en sécurité, le temps de la cérémonie d'investiture de Sasuke.
