Chapitre 27 : persévérance

C'était une soirée d'hiver parfaite. Le feu crépitait doucement dans la cheminée et dégageait une chaleur réconfortante dans toute la pièce. La salle commune reflétait parfaitement les couleurs des Gryffondors. Néanmoins, malgré cette ambiance chaleureuse, la jeune femme était la spectatrice d'un chaos silencieux qui se déroulait sous ses yeux.

Cara se lova dans les bras de Sirius tout en observant du coin de l'œil son ami d'enfance s'enliser dans sa propre bêtise. Cela faisait maintenant plusieurs jours que James avait mis un terme à sa relation secrète avec Lily et la brunette ne pouvait que constater les dégâts que cela avait causé. Le capitaine de l'équipe de Gryffondor se conduisait comme le premier des idiots, si sa tenue en cours s'était détériorée, son comportement était bien pire. Il avait repris toutes ses mauvaises habitudes, toutes celles pour lesquelles Lily l'avait détesté. Et ce soir, il n'échappait pas à la règle. Il fanfaronnait comme un coq au milieu de la salle entouré de ses groupies qui gloussaient à chaque fois qu'il ouvrait la bouche. Le tableau était déplorable. Il avait fait un bond en arrière de trois ans.

Le regard océan de la jeune femme glissa discrètement, mais irrémédiablement, vers Lily qui était impassible au cirque qui se déroulait sous son nez. Elle discutait, mine de rien, avec Mary.

Cependant, si les deux gryffondors faisaient mine de rien, la sorcière ne pouvait qu'entendre chacune de leurs pensées.

La jeune femme secoua la tête et ne put s'empêcher de pousser un long soupir d'exaspération. Toute cette situation l'énervait profondément. Même si elle en voulait à Lily d'avoir tenu ces propos avec le serpentard, elle n'excusait pas pour autant le comportement totalement déplacé de son ami d'enfance.

Énervée par tout cela, Cara entreprit de se lever mais Sirius la retint contre lui.

-Ne te mêle pas de leurs affaires…lui chuchota l'ainé des frères Black au creux de l'oreille.

-Il se comporte comme un abruti, il faut bien que quelqu'un lui dise !

-Ne t'en mêle pas, répéta Sirius en la serrant plus fermement contre lui. Il ne s'est jamais mêlé de notre relation, ne commence pas à mettre ton petit nez dans la leur !

Cara se tourna vers le maraudeur et le jugea du regard.

-Je suis sérieux, Cara. Cornedrue ne s'est jamais mêlé de notre relation et pourtant ce ne sont pas les esclandres qui ont manqué !

La gryffondor ouvrit la bouche et s'apprêta à répondre mais se ravisa aussitôt, ce qui créa un sourire vainqueur sur le visage du maraudeur.

-Ils finiront par se rabibocher ! Déclara-t-il avec flegme. Faut juste qu'il digère la potion…

La jeune femme se contenta d'hocher simplement la tête.

-Puis…il risque de t'accaparer beaucoup de temps…comme tu peux le savoir, notre bêtise n'a pas de limite et…si tu t'en occupes, on n'aura jamais le temps de plonger dans les souvenirs de ton père.

Cette fois-ci, le maraudeur accapara toute l'attention de Cara. Il sortit de sa poche la fiole dans laquelle une fumée grisâtre tournoyait.

-Sauf si tu as changé d'avis…reprit-il plus sérieusement.

La brunette secoua la tête de gauche à droite. Cela faisait déjà plusieurs jours qu'ils cherchaient un moyen de se plonger dans les souvenirs de son père, et elle n'avait aucune intention de faire machine arrière.

Sirius lui lança un regard entendu et acquiesça silencieusement. Les deux adolescents se levèrent comme un seul homme et se dirigèrent vers la sortie de la salle commune. Même si l'heure du couvre-feu était dépassée, ils ne risquaient rien, les deux préfets en chef étant trop occupés à jouer avec leurs nerfs respectifs.

-Tu ne prends pas la cape d'invisibilité ? S'étonna Cara.

-Inutile, on ne va pas loin !

Ils prirent quelques couloirs avant que Sirius ne s'arrête soudain face à un mur. Il resta face à ce mur pendant une longue minute. Une très longue minute. La gryffondor se demanda si son ami n'avait pas perdu la tête lorsque soudain une porte se dessina doucement dans les pierres.

-Qu'est-ce que…Bégaya la jeune femme prise de court.

-Après vous, Mademoiselle ! Fit Patmol d'un geste théâtral en ouvrant la porte.

Cara hésita un instant et entra dans la pièce. Elle fut étonnamment surprise de trouver un salon chaleureux, peu différent de leur salle commune, bien que plus petit.

-Où est-ce qu'on est ? Demanda-t-elle curieuse.

-Aucune idée ! Avoua le sorcier en refermant la porte derrière lui. A vrai dire, je n'étais même pas sûr que la porte apparaisse !

La gryffondor se tourna vers lui, confuse.

-Je t'assure, je n'en sais rien ! Rit Patmol en lui saisissant les mains. Je l'ai trouvé par pur hasard ! Je passais devant en ayant une forte envie d'aller aux toilettes et une porte est apparue en m'offrant des toilettes haut de gamme ! Une autre fois, je suis passé devant en cherchant un endroit pour échapper à Miss Teigne, et je me suis retrouvée dans un salon chaleureux ! Alors que je me suis dit qu'en cherchant un salon avec un bassine à souvenir, elle apparaitrait ! Et voilà…

La gryffondor posa son regard sur la pièce, tout y était, un sofa, une table basse avec la bassine et un feu de cheminée.

-Elle peut…

-Oui ?

-Elle peut créer ce que l'on souhaite ? Demanda la brunette, un sourire coquin en coin.

Sirius lui rendit son sourire et l'embrassa doucement.

-Mademoiselle, pas de pensées malsaines !

Cara éclata de rire, elle n'aurait jamais cru entendre ça de la part du maraudeur. Elle prit place sur sofa et attendit que Sirius la rejoigne. Il sortit la fiole et la posa près de la bassine. Elle attendit qu'il la déverse dans la bassine mais il ne fit rien.

-Est-ce que tu es sûre de vouloir savoir ? lui demanda-t-il soudain sérieux. Rien ne nous y oblige…

-Tu n'en as plus envie ? S'étonna la sorcière.

Patmol se passa nerveusement une main dans les cheveux et s'avachit dans le canapé.

-Si mais j'ai peur que cela ne te fasse changer d'avis…avoua-t-il.

-Me faire changer d'avis ? A quel sujet ? L'interrogea la jeune fille.

-A notre sujet…s'inquiéta Sirius en fuyant son regard. Ils nous ont prévenu que les Black et les Welth ne doivent pas se fréquenter, et ça te fera peut-être changer d'avis…

La gryffondor s'approcha de lui et prit son visage entre ses mains.

-Rien ne me fera changer d'avis…le rassura-t-elle en l'obligeant à la regarder.

Ses yeux gris se voilèrent. L'ainé des frères Black ne sembla pas convaincu, son air préoccupé ne disparut pas, et ses pensées ne firent que confirmer cela. Elle voulait lui dire ces trois petits mots, ces trois petits mots qui lui brulaient les lèvres depuis mais elle était terrifiée de sa réaction. Il était tellement plus simple d'ignorer tout cela et de continuer sans se poser de question. Les pensées de Sirius fusaient de toute part. Elle entendait chacune d'entre elles. Chacun de ses doutes, chacune de ses interrogations lui parvenait. Sans filtre. Lorsqu'ils s'étaient remis ensemble, Cara avait d'abord cru que sa legilimencie lui avait échappé. Mais au fil des jours, elle avait rapidement compris que le maraudeur lui laissait ce libre accès volontairement sans faire le moindre effort pour se préserver et cela n'avait fait que les rapprocher encore plus.

A contre cœur mais avec volonté, Sirius prit la fiole, l'ouvrit et la déversa dans la bassine. Il glissa un regard vers elle.

-Ensemble, fit Cara en saisissant sa main.

-Ensemble.

Les deux gryffondors se penchèrent vers la bassine et furent immédiatement absorbés dans un tourbillon de souvenirs avant que tout ne cesse de tournoyer. Ils observèrent l'endroit où ils se trouvaient mais aucun d'eux ne reconnut la pièce.

Elle était froide, peu éclairée et la nuit semblait avoir avalé la pièce toute entière. Seul le feu timide de la cheminée contrariait cette obscurité.

-Tu es encore en retard…

Cara sursauta en reconnaissant la voix dans son dos. Son père était assis dans un canapé Chesterfield, jambes croisés, impassible, comme toujours.

-Non, j'apprends à me faire désirer ! Répondit une jeune fille amusée en sortant de l'obscurité et en s'appuyant contre la cheminée.

Elle sentit Sirius se figer à ses côtés, ce qui l'obligea à se tourner vers la sorcière qui venait d'arriver. Elle se tenait devant lui. Sa peau était aussi laiteuse que la neige et contrastait avec ses cheveux noir corbeau, tandis que ses yeux gris reflétaient toute sa malice. Une telle confiance émanait d'elle qu'il se sentit déstabilisé. Même s'ils n'avaient aucune idée de l'année où ils se trouvaient. Leurs parents n'étaient guère plus vieux qu'eux.

-C'est…Walburga ? S'étonna la gryffondor.

Le sorcier ne put que hocher la tête en guise de réponse.

-Ton prétendant n'est pas connu pour être si tolérant sur la ponctualité ! Se moqua Thomas.

La serpentard balaya sa remarque d'un signe de main, visiblement ennuyée qu'il mette ce sujet sur la table.

-Je ferai ce que je veux d'Orion ! Puis ce n'est pas mon prétendant ! Ce n'est pas parce que mes parents pensent qu'il fera un parfait époux que je l'épouserai !

-Je suis ravi de te l'entendre dire, répondit Thomas poliment.

Walburga se posta devant lui avec assurance et attendit qu'il daigne lever les yeux sur elle. Une fois que leur regard se croisa, cela les frappa comme une évidence. Sirius ressentit immédiatement le changement autour de lui et il était sûr que Cara l'avait ressenti.

-Je pourrais également être jalouse de cette Anna…

Cette remarqua sembla amuser Thomas qui eut un rictus en coin. Il se leva et lui fit face.

-Tu n'as aucune peur à avoir, lui murmura le serpentard en se penchant vers elle.

Walburga fit une moue puis haussa les épaules.

-Qu'importe ! S'impatienta-t-elle.

Un sourire s'étala sur le visage du père de Cara.

-Aurais-tu besoin d'être rassurée, Wal ? Dois-je te faire des déclarations enflammées ? Fit Thomas d'un ton moqueur.

Pour la première fois, Sirius vit sa mère perdre toute confiance et être mal à l'aise. Elle détourna le regard et fixa les faibles flammes de la cheminée.

-Un accident pourrait arriver si vite…minauda Walburga en reprenant toute sa confiance en elle.

Le père de Cara essaya de capter son regard, à la fois amusé et inquiet.

-Quoi ? Fit soudainement la serpentard d'un air faussement innocent en plantant son regard dans le sien.

-Tu te sens menacée par Anna…

-Non ! Absolument pas !

-Ce n'était pas une question Wal'…Tu es jalouse.

-Je ne serai jamais jalouse d'elle ! Se défendit vivement la jeune femme.

-Cesse de te torturer, tu sais parfaitement ce que je pense de tout ça ! Ces mariages arrangés ne font plaisir qu'à nos familles rien de plus !

La serpentard acquiesça sans conviction, avant de reprendre :

-Et si…

Les mots de Walburga se perdirent dans sa gorge. La sorcière se mordit la lèvre inférieure, hésitant visiblement à partager sa crainte. Sirius fut étonné de la voir ainsi, elle qui n'hésitait jamais à dire clairement et fermement ce qu'elle voulait. Il était clair qu'il n'avait pas la même Walburga en face de lui.

-Dis-le…l'incita Thomas d'une voix doucereuse.

-Et si tu finissais par l'aimer ? Lâcha-t-elle de but en blanc. Et si tu finissais par ressentir quelque chose pour elle ?

-Et toi ? Tu pourrais également tomber amoureuse de lui, répondit Thomas au tac-o-tac sans répondre à la question.

Un silence tombal s'abattu. Puis soudain, alors que les deux gryffondors attendaient une réponse, ils furent de nouveau aspirés dans un autre souvenir.

Cette fois-ci, ils se retrouvèrent dans le parc enneigé du château. Les deux adolescents avaient réussi à se créer une bulle, isolée du froid et de la neige. Ils étaient allongés dans l'herbe, un tas de livres posés à leur côté. Cependant, aucun d'eux n'avait le nez dans les manuels. Walburga profitait des rares rayons du soleil qui filtraient les épais nuages tandis que Thomas semblait faire une sieste. Et Rien ne se passa pendant un long moment.

Cara échangea un regard interrogateur avec Sirius. Pas un seul mot n'avait été échangé depuis qu'ils avaient atterri dans ce souvenir. Il était clair que ce souvenir n'avait rien d'intéressant. Rien ne se passait. Seule la respiration calme et rythmée de Thomas donnait un signe de vie. Cara et Sirius cherchèrent alors aux alentours un indice, quelque chose, n'importe quoi qui pourrait leur expliquer leur présence ici.

-Quand allons-nous sortir de ce souvenir ? Demanda Cara impatiente.

-Aucune idée…Tant que ce qui doit se passer ne s'est pas encore passé, je suppose…répondit Sirius en lançant un regard dépité vers le château.

-Ce n'est qu'une idiote ! Fit soudainement Walburga.

Les deux gryffondors se retournèrent comme un seul homme vers leurs parents.

Walburga s'était accoudée et fixait intensément Thomas, attendant qu'il réagisse, ou qu'il surenchérisse mais il ne bougea pas d'un iota.

-Elle raconte que des conneries ! Reprit la jeune femme contrariée. Ses visions sont toujours aussi floues, même un moldu pourrait faire mieux !

Encore un nouveau silence de la part de Thomas. Cara se demanda même s'il ne dormait pas réellement. Cependant, son silence agaça Walburga qui lui lança alors un livre dessus pour le faire réagir, ce qu'il ne manqua pas de faire en étouffant un juron.

-Wal' ! Ronchonna le sorcier en se redressant.

-Maintenant j'ai toute ton attention !

-Mais je t'écoutais !

Walburga roula des yeux et quelque chose attira immédiatement l'attention de la gryffondor. Le médaillon que la mère de Sirius touchait nerveusement autour de son cou. C'était celui qu'elle avait vu des semaines auparavant chez les Black lorsqu'elle avait rendu visite à Regulus.

-C'est le médaillon…souffla Cara à Sirius.

Ce dernier fronça les sourcils lorsqu'il le reconnut.

-Je pensais justement à ce qu'elle t'a dit et à tes cauchemars, dit Thomas plus calmement en s'asseyant.

-Ça n'a aucun rapport, le contraria fermement la jeune fille.

-Ce ne sont peut-être pas des cauchemars mais des visions que tu as, continua-t-il sans tenir compte de sa remarque.

Cara ne put s'empêcher de jeter un regard à Sirius qui était particulièrement attentif. Ils devaient très certainement parler des projections. Le maraudeur avait vécu des moments particulièrement éprouvant à cause des projections, il s'était replié sur lui-même et avait refusé d'en parler. De toute évidence, c'était un don qu'il avait hérité de celle qu'il détestait le plus.

Walburga secoua la tête, visiblement agacée par sa supposition.

- Je pense que je serais au courant si j'avais le don de divination !

Thomas lui offrit un sourire charmant qui décrispa immédiatement la jeune femme, puis pencha la tête sur le côté d'un air attendrissant avant de lui répondre :

-Tes projections sont liées à tes sentiments…

-Mes sentiments ? rit la serpentard.

Le père de Cara se contenta d'hocher simplement la tête en guise de réponse.

-Je ne vois pas de quels sentiments tu parles…

-Oh…évidemment…tu ne vois pas…se moqua-t-il. Cesse de te torturer avec la prétendue vision de Miss Gaylee !

-Elle a dit que l'un de nous deux allait mourir…

Thomas se mit à rire à gorge déployée.

-Et alors ?

Cara constata que son fatalisme ne datait pas d'hier. Il avait eu exactement la même réaction pour elle, sa propre fille.

-Je ne comprends pas comment tu peux le prendre autant à la légère alors que tu supposes que mes cauchemars sont des visions, après ce qu'elle vient de nous lâcher et après que ma grand-mère nous ait ouvertement prévenu !

Thomas poussa un long soupir.

-Personne ne peut déterminer de manière certaine comment le futur va se dérouler, Wal'…finit-il par dire avec sérieux.

Walburga fit une moue contrariée, sa réponse ne lui convenait absolument pas.

-Cesse de te torturer l'esprit…Les visions ne deviennent réelles que si on leur donne de l'importance et que si elles trouvent des sorciers pour y croire…rien n'est écrit à l'avance.

Cara ne pouvait que constater que son père essayait tant bien que mal de rassurer sa petite amie, mais la préoccupation se lisait sur son visage.

-Arrête de te torturer l'esprit ! Rit Thomas en la prenant dans ses bras. Ça ne sert à rien ! Tant qu'on ne donne aucune importance à cette vision, tout ira bien !

Le décor changea une nouvelle fois. Cette fois-ci, les deux gryffondors se retrouvèrent dans un cachot abandonné des sous-sols. Cara ne put s'empêcher de se remémorer la dernière conversation qu'elle avait eu avec Regulus et cela lui donna des frissons que Sirius ne manqua pas de remarquer.

Le maraudeur ne put s'empêcher de l'attirer doucement vers lui. Il était évident que ce lieu lui rappelait quelque chose. Elle venait de se renfermer sur elle-même juste en voyant ce cachot. Cependant, il n'eut pas le temps de creuser plus que ça que la porte s'ouvrit à volet.

-Je peux savoir ce qui t'es passé par la tête, Wal ?

La concernée referma la porte et lança rapidement un sortilège d'isolement.

-J'ai fait ce qui était nécessaire ! Se défendit la brune en croisant les bras sur sa poitrine, prête à défendre sa position.

-Nécessaire ? Tu as plongé une élève dans le coma ! S'emporta subitement Thomas, hors de lui.

-Et alors ? Fit Walburga avec indifférence et défiance.

-Et alors ?! S'insurgea le sorcier. Mais pourquoi tu lui as lancé un tel sortilège ?

-C'était nécessaire.

Le refus de parler de Walburga ne fit qu'empirer la situation. Thomas bouillonnait littéralement de colère.

-Mais nécessaire à quoi ?

Walburga se mura dans un silence tombal et Cara ne put s'empêcher de faire le parallèle avec les frères Black.

-Va falloir me parler Wal'…S'impatienta le serpentard hors de lui.

Toujours rien. Thomas se mit à faire les cent pas dans la pièce et prit à plusieurs reprises de profondes respirations.

-C'est par rapport aux projections, n'est-ce pas ? Reprit Thomas qui tentait de contenir sa colère.

La mère de Sirius planta son regard dans celui de son ami et une conversation silencieuse sembla se dérouler sous leurs yeux.

-C'est Orion qui t'a conseillé ce sortilège ?

Le nom du père de Sirius fit sortir Walburga de son silence.

-C'était la seule solution, se justifia enfin la jeune femme.

-Comment ? S'en prendre à une innocente ?

-Ne me dis pas que son sort t'inquiète maintenant !

-Anna ne t'avait rien fait ! Fulmina le jeune homme. Tu as écouté Orion au lieu de me faire confiance !

-Je l'ai fait pour toi ! Se défendit la brune avec ferveur.

-Non, tu n'as pas fait ça pour moi ! La contredit Thomas avec fermeté. Tu…

-Tu savais que les projections ne faisaient que s'intensifier et tu n'as rien fait ! Explosa Walburga de colère. Tu agissais comme si de rien n'était ! Seul Orion a trouvé une solution !

Le père de Cara dévisagea son amie comme s'il la voyait pour la première fois.

-C'était donc ça que tu faisais durant les vacances ? lui demanda-t-il sur un ton faussement calme. Tu passais ton temps avec lui alors que mes lettres restaient sans réponse…J'ai tenu tête à mes parents pour toi et toi tu buvais les paroles d'Orion pendant tout ce temps ?

-Il a été à mes côtés pendant les vacances, pendant les projections et…

-A tes côtés ? Se moqua Thomas en retenant un rire moqueur. Tu refusais de me voir ! Tu refusais de répondre à mes lettres !

-Il a su m'écouter et me conseiller, continua Walburga en faisant la sourde oreille.

-Tu refusais de me voir ! Répéta-t-il incrédule. Je suis venu mais tes elfes m'interdisaient d'entrer !

-Il s'est préoccupé de moi et s'est occupée de moi, répondit la serpentard sans tenir compte de ses paroles. Il a trouvé une solution pour que les projections s'arrêtent !

Thomas sembla soudain frapper par l'évidence. Toute sa colère venait de s'évaporer pour faire place à la déception et…à la tristesse.

-Tu n'as plus de projection ? S'étonna alors le père de la gryffondor.

-Je viens de te dire qu'il avait trouvé une solution pour qu'elles s'arrêtent ! S'agaça Walburga.

Thomas sembla avoir pris un coup en pleine figure. Il fixa un instant un point derrière Walburga avant de déglutir difficilement. C'était la première fois que Cara le voyait se montrer blesser. Il n'était pas du genre à laisser paraitre ses émotions mais là, il semblait bouleverser.

-Tu aurais dû me le dire, réussit-il à articuler.

-Je viens de te le dire Thomas, s'impatienta la jeune femme.

-Non. T'aurais dû avoir le courage de me dire que tes sentiments envers moi avaient changé, répondit sèchement le sorcier en plantant son regard dans le sien.

Walburga resta figer. L'air se fit plus rare, les minutes s'allongèrent et aucun d'eux n'osa briser ce silence douloureux qui venait de s'installer.

Les deux gryffondors, eux même, n'osèrent pas bouger d'un iota alors qu'ils n'étaient que dans un vieux souvenir.

-Le sortilège lancé à Anna n'était qu'un prétexte, finit par dire Thomas.

-Je l'ai fait pour te sauver la vie ! Argua Walburga.

-Oh non Wal', tu ne me mettras pas ce sortilège sur le dos ! S'emporta le sorcier, furieux. Il n'y avait rien à faire pour me sauver si ce n'est arrêté de donner de la valeur à tes projections ! Si tu n'as plus de projections, ce n'est pas grâce au sortilège qu'Orion t'a conseillé, c'est parce que tu n'as plus de sentiments pour moi. Anna risque de mourir parce que tu n'as pas été capable de me faire confiance !

Cara se sentit soudain mal à l'aise, au-delà de l'étalement de sentiments dont ils avaient été témoins, elle venait d'apprendre que la mère de Sirius avait lancé un sortilège de magie noire à sa mère. Elle ne comprenait pas comment ils avaient pu en arriver là.

-Tu vas trouver une solution, Walburga. Reprit froidement Thomas. Tu vas faire en sorte qu'elle n'ait aucune séquelle et qu'elle s'en remette rapidement.

La serpentard roula des yeux, exaspérée.

-Et pourquoi je ferai ça ? Demanda-t-elle plein de dédain.

Thomas la jugea du regard plein de colère et sortit rageusement le médaillon de sous sa chemise blanche.

-Pour ça ! Répondit-il rageusement. Je te rappelle que nos médaillons portent nos promesses mutuelles, et tu as promis de toujours me soutenir et de ne jamais me faire de mal ! En blessant Anna, tu me blesses indirectement puisqu'elle est ma future épouse !

Les gryffondors furent éjectés de ce dernier souvenir avec violence et aucun d'eux n'osa prononcer le moindre mot. Ils digéraient difficilement les dernières informations. Au-delà du fait que leurs parents avaient entretenu une relation, elle avait abouti à une catastrophe. Cara lorgna un regard vers son ami.

Sirius se terra dans ses pensées, il n'était pas si différent de sa mère. Tous deux avaient été prêt à tout pour sauver la personne qu'ils aimaient mais il refusait de croire qu'il aurait mis en danger la vie de quelqu'un d'autre. Puis soudain, il se leva et se dirigea vers la sortie.

-On y va ? Je crois qu'il n'y a plus rien à voir ici…

Sans dire un mot de plus, et voyant la confusion s'emparait de Sirius, la sorcière se leva et ils prirent la direction de leur dortoir dans le plus grand des silences.


Encore un matin où Lily trouvait le salon des préfets en chef vide. Pourtant, elle savait que James dormait dans sa chambre. Elle l'entendait s'activer de l'autre côté de la porte, elle voyait bien que les draps n'étaient pas tirés le matin et que ses affaires n'étaient jamais à la même place. Cependant, elle ne l'avait pas croisé une seule fois depuis ce soir-là. Elle ne le voyait ni entrer ni sortir. Il était tel un songe, il ne laissait aucune trace visible mais pourtant elle savait qu'il était là. Et même durant les cours, c'était un véritable jeu du chat et de la souris. La jeune femme avait essayé de s'assoir à côté de lui en cours mais le maraudeur avait toujours été plus malin qu'elle. Soit il arrivait bien avant elle et s'assurait de ne laisser aucune place autour de lui. Soit il arrivait en retard et prenait la dernière place au fond de la salle de cours.

Elle avait également essayé de lui parler dans les couloirs mais il ne lui avait accordé aucun regard, aucune considération. Rien. Elle avait été totalement invisible à ses yeux durant ces derniers jours. La sorcière avait continué à prendre ses repas avec ses amis mais le maraudeur réussissait toujours à l'exclure de la conversation.

Il était clair que sa persévérance ne payait pas et Lily commençait à fatiguer. Elle avait l'impression de mener une bataille perdue d'avance. Il ne voulait plus rien avoir à faire avec elle et même si cela la tuait à petit feu, elle devait se ressaisir et arrêter de s'apitoyer sur son sort.

Lily regarda sa montre, elle avait encore quelques minutes devant elle. Elle s'assit devant sa coiffeuse et prit le temps de se préparer. Elle coiffa ses longs cheveux roux avec la broche qu'il lui avait offerte et s'apprêta. Dès qu'elle eut fini de se préparer, la sorcière ramassa ses affaires de cours pour la matinée et descendit les escaliers jusqu'à la Grande Salle pour prendre son petit-déjeuner. Elle aperçut immédiatement les maraudeurs à leur place habituelle.

Deux options se présentaient alors à elle. Soit elle continuait à s'assoir avec eux soit elle s'accordait un instant de répit. Une fraction de seconde suffit pour qu'elle ne se décide. Et c'est sans plus tarder que la jeune femme prît place à une bonne dizaine de mètres des maraudeurs.

Elle commença à se servir des crêpes et de la pâte à tartiner lorsqu'elle fut interrompue.

-Salut, Lily ! Je peux me joindre à toi ?

La jeune femme leva les yeux sur Asher, étonnée par sa demande. Nul n'ignorait qu'entre James et elle s'était la guerre froide et lorsque James Potter décidait de rendre la vie difficile à quelqu'un dans le château, personne ne s'y opposait. Tous les élèves du château suivaient docilement. Et l'équipe de Quiddicht n'échappait pas à la règle.

-Bien sûr, lui répondit simplement la jeune femme en lui offrant un sourire amical.

Lily regarda Asher prendre place en face d'elle comme si de rien n'était. Comme s'il ignorait que son capitaine avait tacitement demandé à tout le château de l'ignorer. Néanmoins, son camarade avait au moins le privilège de lui changer les idées. Même si elle n'était pas très bavarde ces derniers temps, Asher ne laissa pas un seul moment de blanc entre eux. Elle ne l'aurait jamais cru aussi bavard. Il était distrayant et c'était ce dont elle avait actuellement besoin. Il réussit même à la faire rire et pour la première fois depuis des jours Lily se détendit enfin. Elle n'aurait jamais cru qu'Asher réussisse un tel exploit vu qu'elle n'était que l'ombre d'elle-même depuis mais la bonne humeur du jeune homme avait quelque chose de rafraîchissant.

Et alors qu'elle discutait de tout et de rien avec légèreté avec son camarade, elle sentit un regard insistant sur elle. Lily glissa un discret coup d'œil à la place des maraudeurs et croisa le regard glacial de James qui se posa respectivement sur Asher puis sur elle. Il planta pendant un bref instant ses yeux noisettes dans les siens puis reporta son attention sur ses amis. Comme si de rien n'était. Néanmoins, Lily était sure d'une chose au moins. Sa réaction n'était pas anodine. Certes, c'était la première fois depuis des jours qu'il daignait la regarder mais elle savait que la présence d'Asher à ses côtés le déranger au plus profond de lui. Elle n'était peut-être pas devin mais elle connaissait ce regard, elle devinait aisément ses pensées et dans un sens cela la rassura, il y avait encore un peu d'espoir pour que tout redevienne comme avant.

-Salut Asher ! Fit une voix claironnante dans le dos de Lily.

La sorcière se tourna vers Cara.

-Salut Cara ! Tu te joins à nous ? Lui proposa le concerné ravi.

Lily ne put s'empêcher d'esquisser un sourire moqueur tout en roulant des yeux. De toute évidence, Asher n'échappait pas à la règle. Il était sous le charme.

-C'est gentil mais je voulais justement t'emprunter Lily pour le petit-déjeuner, minauda la gryffondor avec une moue désolée.

-Ah non Cara ! S'indigna le jeune homme amusé. J'étais le premier !

La sorcière lui offrit un sourire amusé. Il allait céder.

-Ne jouons pas à ce jeu, Ash' !

-Tu peux très bien te joindre à nous, rit le sorcier en lui décrochant son sourire le plus charmeur. C'est pas la place qui manque !

-C'est sûr mais Sirius est légèrement possessif, et j'imagine qu'il est déjà en train de nous observer en se demandant pourquoi je passe autant de temps à discuter à toi ! S'exclama la brunette amusée.

Le sorcier lança un regard vers le concerné avant de le saluer d'un bref signe de tête.

-Effectivement…S'amusa leur ami.

-Tu ne m'en voudra pas alors si je t'emprunte Lily pour le petit déjeuner ? Reprit Cara d'une voix mielleuse.

-Non, évidemment que non... capitula Asher.

-Je te revaudrai ça, promis ! Le remercia la jeune femme en mettant le sac de Lily sur les épaules de cette dernière.

Lily resta pendant un instant perplexe. A aucun moment on ne lui avait demandé son avis. Cara la prit par les épaules et les amena vers la place des maraudeurs, laissant en plan Asher et son petit déjeuner.

-Sérieusement, Lily ? Chuchota son amie. Tu veux déclencher une bagarre générale au sein de l'équipe de Quidditch ?

-Je n'ai rien fait, lui répondit la préfète en chef en lui lançant un regard en biais. C'est lui qui est venu s'assoir en face de moi, je n'allais tout de même pas lui dire de s'assoir plus loin !

-T'aurais dû t'asseoir à la même place que d'habitude, avec les maraudeurs. La sermonna faussement la brunette.

-Et pour quoi faire ? James m'ignore, il fait en sorte que je me sente exclue et au mieux il me regarde comme si j'étais une pestiférée ! Je crois que le message est clair, il ne veut pas me voir !

-Il veut te voir, crois-moi ! Et surtout pas en compagnie d'un autre homme !

Lily secoua la tête. Elle allait finir par perdre la tête. Il était évident que James ne voulait plus la voir. Il prenait soin de l'éviter et de l'ignorer depuis des jours. Qu'est-ce qui ne tournait pas rond chez Cara ? Cette dernière prit même initiative de lui choisir la place à laquelle elle devait s'assoir. Bien en face de James et à ses côtés. Le capitaine de l'équipe des gryffondor la regarda prendre place dans et un silence tombal s'abattît sur le groupe. Plus personne n'osa parler et Lily osa à peine respirer. La tension était à son paroxysme.

Le regard noisette de James resta un long moment sur elle, comme s'il jugeait de sa légitimité à leurs côtés puis finit par se poser sur son amie d'enfance.

-Je sens que ça va être une journée splendide ! Fit Cara d'un ton enjoué sans tenir compte de l'ambiance particulièrement électrique et pesante qui venait de s'installer.

Elle se servit le petit déjeuner comme si de rien n'était. Sans tenir compte du regard appuyé de son ami d'enfance.

-Il fait un temps affreux dehors, la contraria James de mauvais poil.

La jeune femme haussa les épaules et leva les yeux sur le préfet en chef.

-L'un n'empêche pas l'autre ! Répliqua la sorcière sans perdre son sourire.

Cornedrue fixa son amie mais cette dernière avait déjà reporté toute son attention sur Sirius. Il dut se résigner à obtenir une quelconque réponse cohérente puisque son regard noisette dévia de nouveau sur Lily. Elle avait l'impression que cela faisait des mois qu'elle ne l'avait pas vu, qu'elle n'avait pas vu les éclats dorés dans ses yeux, bien qu'ils lui soient encore hostiles. Il la jugea du regard sans aucune retenu, ce qui la fit se sentir au plus mal.

-On ne te retient pas si tu préfères la compagnie d'Asher...finit par lâcher le sorcier avec aigreur. Il me semble que lui n'est pas un vaurien...

Ces derniers mots déchirèrent le cœur de Lily. Si c'était pour avoir ce genre d'attention de sa part, elle préférait encore manger seule. Le regard émeraude de la sorcière balaya le visage de ses amis à la recherche de soutien lorsque soudain James eut soudainement un soubresaut et son visage fut parcouru par la douleur, il lança un regard mauvais à Cara qui, de toute évidence, venait de lui balancer un violent coup de pied sous la table. Il sembla faire un effort exceptionnel pour ne pas lui passer un savon après ce qu'elle venait de faire. Son amie le regardait avec défi, attendant qu'il lui dise quelque chose mais le maraudeur se contenta de secouer la tête, agacé.

-Je ferai mieux d'y aller, murmura Lily en attrapant ses affaires.

-Bonne idée ! On ne te retient pas, râla le maraudeur.

-Non tu restes, lui ordonna fermement Cara sans quitter James des yeux.

Un vent de panique souffla soudain sur leur petit groupe d'amis. Remus se figea. Peter lança un regard affolé à Sirius tandis que ce dernier attendait la réaction de son meilleur ami comme un signal d'alarme. Lily avait l'impression que d'un instant à l'autre la situation risquait de basculer. Il y avait tellement de tension que ça en était palpable.

-Ne fais pas ça, l'avertit la brunette.

Lily ne savait pas à qui elle s'adressait. Elle ne savait pas si elle s'adressait à elle afin qu'elle n'aille pas s'installer ailleurs ou si elle s'adressait à James. La tension était devenue électrique entre les deux amis d'enfance.

-Je n'ai pas besoin de toi pour prendre des décisions, siffla le maraudeur entre ses dents en reportant toute son attention sur elle.

-Si, de toute évidence ! Tu te comportes comme un imbécile et personne ne te dit rien !

-Cara…intervient Sirius afin de limiter la casse. Ça ne te concerne pas…

-Exactement, ça ne te concerne pas ! Surenchérit James en prenant soin d'appuyer sur chaque mot.

-Lily est notre amie, la défendit la gryffondor. Je crois qu'elle a assez payé les pots cassés depuis…

-Ce n'est pas à toi de décider, Cara. Claqua le maraudeur, furieux. Reste en dehors de ça ! Je ne me suis jamais mêlé de ta relation avec Patmol alors je te prierai de ne pas te mêler de la mienne !

Son explosion de colère ne fit pas ciller son amie qui le fusillait littéralement du regard. Si l'ambiance avait été électrique quelques minutes plutôt, elle était carrément explosive maintenant. Lily ne savait plus où se mettre. Elle était la cause de tout ce remue-ménage. Alors qu'elle aurait parier tout son coffre de Gringotts que la brunette ne prendrait pas sa défense, elle la voyait s'opposer fermement à son ami d'enfance sans ciller.

-Je ferai mieux d'y aller, trancha Lily en récupérant ses affaires. Inutile de débattre...

Son amie s'apprêta à la retenir mais se ravisa avant de lancer une remarque acerbe au capitaine de leur équipe de Quidditch.

Sans un mot de plus, la préfète en chef récupéra ses affaires et prit la direction des cachots. Elle était bien plus qu'en avance mais elle préférait largement rester seule plutôt que de subir de telles humiliations. Certes, elle avait fauté. Gravement. Mais elle le regrettait amèrement depuis. Elle avait tout fait pour se rattraper mais James était resté intransigeant. Il ne voulait rien entendre et pire, il lui rendait la vie au château particulièrement pesante.

Alors qu'elle ruminait ses pensées en prenant les escaliers menant aux cachots, la voix de Cara l'interpella. Lily hésita un instant à se retourner mais décida finalement de continuer son chemin comme si de rien n'était.

-Ne m'oblige pas à t'immobiliser avec un sort ! La prévint la sorcière.

-Laisse-moi, Cara. Je préfère rester seule ...

Sans prévenir, et comme annoncé, Lily se retrouva soudainement immobilisée et manqua de se rétamer de tout son long, face contre terre. Elle ne l'avait ni entendu formule de sortilège et encore moins cru lorsqu'elle l'avait prévenu.

-Vous êtes vraiment agaçants tous les deux, un vrai couple d'hippogriffe... ronchonna son amie en lui faisant face, pas le moins du monde gênée par ce qu'elle venait de faire.

En temps normal, lancer un sortilège sur un élève était sanctionné par des heures de retenue alors lancer un sortilège sur un préfet…Mais son amie semblait clairement pas inquiète des retombés de son geste. Cependant, Lily ne se formalisa pas pour ce manquement au règlement.

-Nous ne sommes plus en couple, lui rappela la préfète en chef.

Cara fit un signe de la main afin de lui signifier que ce n'était qu'un détail.

-Tu n'aurais pas dû partir, reprit la gryffondor.

-Désolée mais je trouve les remarques acerbes indigestes au petit déjeuner, répondit sèchement Lily agacée.

La brunette esquissa un sourire avant de lever les yeux au ciel.

-James n'est qu'un idiot ! Il finira par te pardonner, lui avoua-t-elle alors. Certes, je pensais qu'il mettrait moins de temps que ça mais... il te pardonnera et regrettera son comportement. Ce n'est qu'une question de temps, crois-moi.

La jeune femme voulait croire en ses paroles mais après avoir fait l'objet de regards et remarques assassins de la part du capitaine de leur équipe, elle était plus que sceptique et comme si Cara venait de lire dans ses pensées elle lui répondit :

-Il n'est pas rancunier... enfin si avec certaines personnes mais pas avec nous et surtout pas avec toi ! Tu lui as balancé bien pire à la figure ! Rajouta-t-elle en amusée. Et il est toujours revenu vers toi !

-Ce n'était pas pareil...

-Ah bon ? Et en quoi ce n'était pas pareil ? S'étonna son amie sans prendre la peine de la libérer du sortilège.

-Je ne le connaissais pas...nous n'étions pas ensemble…

Un silence accueillit sa réponse. Cara entendait absolument toutes les pensées qu'il y avait derrière cette simple remarque. Il y avait tellement plus que de la simple culpabilité. Si seulement James entendait et voyait tout cela. Ça changerait tout. Elle le savait. Il était blessé dans son ego mais il ignorait tout cela.

La brunette prit une profonde inspiration ne sachant plus quoi lui répondre. Alors elle décida de lui dire simplement la vérité.

-T'as merdé, d'accord. Admit la gryffondor. Mais on a tous merdé, et bien plus que ça ! Il nous a toujours pardonnés. Sirius a envoyé Severus à la mort sans le moindre remord et il a failli rendre Remus coupable d'un meurtre par la même occasion ! Et j'ai…s'arrêta soudainement la jeune femme. Crois-moi, il sait pardonner...

Lily secoua la tête de gauche à droite. Certes, il pouvait pardonner mais elle savait au fond d'elle que sa trahison était pire. Ce n'était plus une question de comportement mais de sentiments et ça changeait absolument tout.

-C'est différent…souffla la jeune femme, dépitée.

-Oui, c'est toujours différent lorsqu'il y a des sentiments, déclara son amie dans un sourire compréhensif.

La préfète en chef arqua un sourcil, surprise qu'elle ait compris le fond de ses pensées.

-Mais ce n'est pas parce que t'as merdé que tu dois l'autoriser à se comporter comme ça ! S'indigna son amie en défaisant son sortilège d'un simple mouvement de poignet.

Immédiatement, Lily eut l'impression d'être aussi légère qu'une plume. Elle dévisagea Cara un instant. Est ce qu'elle avait bien entendu ? Est ce que celle qui prenait toujours la défense de James et qui n'avait pas manqué de lui jeter à la figure ses quatre vérités venait de l'inciter à remettre James à sa place ? Sirius avait vu juste à son sujet.

-Tu pensais réellement que je n'étais pas ton amie ? Surenchérit la brunette.

Lily était prise de court. Elle ouvrit la bouche pour répondre mais finit par la refermer, ne sachant pas quoi répondre.

-Ce n'est pas parce que je t'ai dit tes quatre vérités sans ménagement que je ne suis pas ton amie, s'exaspéra Cara en prenant la direction de leur salle de cours, incitant la préfète en chef à en faire de même.

La rouquine roula des yeux. Il y avait des manières de dire les choses tout de même. Son amie s'arrêta soudain et planta son regard dans le sien.

-J'y suis peut-être allée un peu fort ce soir-là avec toi, je l'admets. Mais je ne l'aurais jamais fait si tu n'avais pas été mon amie. Je ne me suis jamais mêlée des histoires de James, et Merlin sait qu'il en a eu ! Rit Cara.

-Ce n'était pas nécessaire de me le rappeler, siffla Lily entre ses dents.

-Je sais que t'avais l'habitude de traîner avec Severus et que l'honnêteté n'est pas son cheval de course mais il est préférable d'avoir un ami franc et honnête que sournois...

La préfète s'arrêta net. Toujours les mêmes refrains. L'éternelle rivalité entre les gryffondors et les serpentards.

-Il n'était pas comme ça, le défendit la jeune femme.

Cara fit volte-face en se rendant compte qu'elle ne marchait plus à ses côtés.

-Tu penses réellement que Severus Rogue est venu spontanément à ta rencontre ?

La préfète en chef fit la moue. La spontanéité n'était pas le fort du serpentard. Loin de la même.

- Sans aucune arrière-pensée ? Sans espérer que James ne soit trop loin de toi ? Enchaîna la brunette.

Cara attendit sa réponse mais en vain.

-Tu ne t'es jamais dit qu'il te connaissait tellement qu'il avait su exactement quoi te dire pour te pousser dans tes retranchements ?

Lily se pinça les lèvres. C'était parfaitement envisageable. Severus était un fin manipulateur, il n'aurait jamais dû se trouver dans les parages du terrain de quidditch. Il avait toujours détesté ce sport, lui préférant les manuels et l'art des potions. Les serpentards n'avaient même pas été l'une des équipes en jeu. Cependant, il était encore difficile pour la gryffondor d'admettre qu'elle ait pu faire les frais telle manipulation. Son amie s'apprêta à rajouter quelque chose lorsque son regard bleu dévia subitement de Lily vers un point derrière elle. La préfète remarqua tant bien que mal un discret changement chez Cara. Son attention venait de basculer sur tout autre chose. Ses yeux bleus suivirent avec une telle attention ce qui se passait dans le dos de Lily qu'elle ne put s'empêcher de se retourner. Ce n'était qu'un groupe de serpentards de sixième année. Il n'y avait rien d'étonnant de les voir traîner dans les parages, leur salle commune n'était pas si loin après tout. La préfète en chef jeta de nouveau un regard à la brunette sans comprendre.

-Tu les connais ? L'interrogea-t-elle, étonnée.

-Non, lui répondit au tac-o-tac Cara en reportant son attention sur elle.

Lily fronça les sourcils. Elle n'était pas dupe. Elle avait reconnu le jeune frère de Sirius. Néanmoins, de ce qu'elle savait, Cara et ce dernier ne se connaissaient pas.

-On ferait mieux d'y aller, reprit la brunette en tournant les talons.

La préfète en chef l'écouta faire son plaidoyer d'une oreille distraite. En parler, ne faisait que raviver la douleur de son erreur. Elle n'avait aucune idée de comment la rattraper. Quoiqu'elle fasse, il ne lui accordait aucun regard ou alors, lorsqu'elle réussissait enfin à avoir son attention, cette dernière était remplie de rancœur.

Le reste de la journée se déroula comme les jours précédents jusqu'au cours de métamorphose. James avait rejoint le fond tandis que Lily avait gardé sa place devant. Le cours portait toujours sur la métamorphose humaine et l'esprit de la jeune femme était ailleurs. Il fallut que leur professeur vienne se planter devant elle pour qu'elle l'entende l'appeler et, vu son air sévère, cela faisait déjà plusieurs fois qu'elle l'appelait. Lily ne put s'empêcher de jeter un discret regard vers ses camarades qui avaient tous le regard braqué sur elle, tous sauf un. Tous semblaient surpris de la voir si distraite.

-Bien maintenant que j'ai votre attention Miss Evans... reprit leur professeur avec déception. Pourriez-vous nous faire l'honneur de nous rappeler les trois principes de la métamorphose humaine ?

Le cerveau de la préfète en chef se mit immédiatement en ébullition en tentant de se souvenir de ce qu'elle avait lu et entendu. Elle les connaissait. Elle les avait étudiés récemment mais son cerveau ne semblait pas vouloir coopérer pour l'heure.

-Eh bien...il y a ... bégaya la jeune femme sous le regard félin de sa directrice. Tout d'abord, il y a...

Impossible pour la gryffondor de se rappeler ne serait-ce que d'un seul fichu principe de la métamorphose humaine. Elle essayait par tous les moyens de s'en rappeler mais à chaque fois qu'elle pensait mettre la main sur l'un de ces principes, cela lui échappait.

-La pleine conscience, la pleine perception et la pleine connaissance, fit une voix dans le fond de la classe.

Lily se figea en reconnaissant sa voix. James avait maintenant toute l'attention de leur directrice.

-Pleine conscience lorsque le sorcier se métamorphose, pleine perception de son environnement et la parfaite connaissance de ses limites, reprit-il avec aplomb. Selon Monsieur Troul il y a également le mimétisme du sorcier et de son métamorphe mais cela pourrait plus s'apparenter à un effet secondaire qu'à un principe.

Le professeur Mcgonagall s'efforça de retenir son rictus de satisfaction. C'était la première fois que James intervenait ainsi dans le cours en sept année d'études. Il n'avait jamais participé activement en cours, enfin jamais de la sorte.

-C'est à Mademoiselle Evans que la question était posée, Monsieur Potter.

Le regard félin de leur directrice se reposa sur la concernée. Bon, il était évident qu'elle ne lâcherait pas l'affaire. Le loupé de Lily était aussi rare que la participation du maraudeur.

Un long silence s'en suivit. Tous attendirent qu'elle se justifie. Qu'attendaient-ils exactement ? Qu'elle leur dise que sa tête était à dix mille lieux d'ici à se remémorer encore et encore la rupture avec James.

-Que vous arrive-t-il, Miss Evans ? Vous feriez mieux de vous ressaisir les ASPIC sont pour bientôt et vous n'êtes clairement pas prête.

Lily soutient pendant un instant le regard félin de sa directrice. Elle voulut lui répondre qu'un trou de mémoire ne définirait pas ses résultats aux Aspic mais il était inutile de prendre le risque de faire perdre des points à gryffondor pour cela.

-C'est à cause de moi professeure, intervint de nouveau James. Si Miss Evans est distraite c'est entièrement de ma faute.

Cette fois-ci Lily ne put s'empêcher de se retourner vers le maraudeur. Il ne lui accorda aucun regard, il fixait leur directrice avec un tel aplomb que cela réussit à déconcerter leur professeur qui ne manqua pas d'arquer un sourcil d'étonnement.

-Je vous demande pardon, Potter ? Fit Macgonagall surprise.

-C'est entièrement de ma faute si Miss Evans n'est pas attentive en cours ces derniers jours, s'expliqua James sans tenir compte des regards curieux de ses camarades.

Lily sentit ses joues dévernirent cramoisies. Il n'allait pas oser tout de même. Il n'allait pas oser afficher leur rupture devant tout le monde. Le regard noisette du maraudeur croisa pendant une micro seconde son regard, comme s'il avait deviné ses pensées, avant de se concentrer de nouveau sur leur directrice. Lily jeta alors un regard affolé à Cara assise aux côtés de James. Cette dernière affichait un rictus amusé qu'elle ne prenait même pas la peine de cacher et cela ne rassura pas la préfète en chef. Le ciel allait lui tomber sur la tête, il allait lui faire payer publiquement.

-J'ai intensifié les entraînements de quidditch depuis la dernière victoire et cela a été fait au détriment de mes devoirs de préfet en chef, argua le sorcier.

Leur professeur ouvrit la bouche pour répondre mais James reprit aussitôt :

-Lily assume seule les responsabilités et les devoirs de préfet depuis, ça serait injuste qu'elle soit sanctionnée pour mes manquements.

Les yeux de Mcgonagall se posèrent respectivement sur elle et sur James. Elle devait très certainement juger de la véracité de ses propos, cependant comme James restait impassible et particulièrement sur de lui, leur directrice se contenta de se pincer les lèvres.

Le reste du cours se déroula sans aucune vague. Lily tentait d'enregistrer au maximum les informations délivrées par leur professeur sur la transformation humaine, elle avait tenté à plusieurs reprises de croiser le regard de James mais ce dernier avait repris sa non écoute du cours et ne lui avait bien évidemment adressé aucun regard. Lily faisait vraiment de son mieux pour écouter le cours mais elle ne cessait de se demander pourquoi James lui était venu en aide. Il avait pourtant été cruel ces derniers temps avec elle alors pourquoi par Merlin lui avait-il évité l'humiliation de leur directrice ? Cette question finit par l'obséder qu'elle ne se rendît même pas compte que le cours était fini depuis plusieurs minutes.

-Ressaisissez-vous mademoiselle Evans, lui conseilla Mcgonagall. Potter a eu la délicatesse de vous sauver la mise aujourd'hui mais vous devez vous ressaisir...il ne sera pas toujours là…

Lily se contenta de hocher simplement la tête et ramassa ses affaires. Il n'y avait rien à répondre. Elle ignorait pourquoi Potter lui avait soudain sauvé la mise.

Sans se rendre compte elle avait marché jusqu'à l'appartement des préfets en chef, épuisée par cette journée.

Elle laissa son sac tomber de son épaule et s'écraser devant la porte d'entrée. Elle défit sa cravate et enleva ses chaussures sans ménagement avant de se diriger, tant bien que mal, sur le canapé. Elle ferma les yeux un instant afin de digérer cette journée infernale. Elle dut finir par s'assoupir car lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle était allongée sur son lit. Elle se releva, perplexe, en se demandant comment par merlin elle avait pu arriver jusqu'à son lit. Elle prit un élastique sur sa table de chevet et s'attacha les cheveux tout en jetant un coup d'œil par la fenêtre. Il était visiblement assez tard, il n'y avait que peu de lumière qui se dégageait du château et elle n'avait pas encore commencé ses devoirs pour le lendemain. Si elle ne voulait pas encore une fois se faire taper sur les doigts par leurs professeurs, elle avait tout intérêt à se ressaisir. Cependant, la motivation manquait cruellement à la jeune sorcière. Elle descendit les escaliers d'un pas lent peu enclin à récupérer son sac qu'elle avait négligemment laissé dans l'entrée.

-La prochaine fois ne laisse pas traîner ton sac dans l'entrée...fit James en lorgnant un regard en sa direction

Lily se tourna vers le maraudeur. Elle ne l'avait pas vu assis sur le canapé en descendant de sa chambre. Ça devait être lui qui l'avait transporté dans sa chambre. Elle sentit son regard sur elle alors qu'elle ramassait son sac. Elle fit de son mieux pour éviter de croiser son regard. La journée avait été assez longue et compliquée comme ça.

-J'ai failli me rompre le cou en me prenant les pieds dedans, rajouta le sorcier.

Cette fois-ci, il réussit malgré elle à capter son attention. Son regard avait changé. Il ne l'a regardé plus froidement mais il ne l'a regardé plus comme avant. C'était encore pire. Il était indifférent. Lily fit de son mieux pour ne pas craquer et pour retenir ses larmes.

-Ne me dis pas que tu vas pleurer ? S'étonna James mi surpris mi amusé.

Cette fois-ci, la sorcière ne put s'empêcher de le fusiller du regard mais le maraudeur ne cilla pas, il avait ce sourire en coin qui ne fit qu'agacer Lily.

-Non, lui répondit sèchement la jeune femme. Je ne vais pas pleurer.

-Hum…je vois…

James avait peut-être perdu son sourire en coin mais son regard suivait chacun de ses mouvements avec attention.

-J'ai simplement fait remarquer que j'avais failli me rompre le cou sur ton sac en rentrant, reprit-il d'un ton léger.

-Ça t'aurais peut-être remis les idées en place, siffla la préfète.

Le maraudeur éclata de rire sans retenu.

-N'inverse pas les rôles, Evans. La seule qui a merde ici c'est toi.

Lily accusa le coup. Elle l'avait peut-être mérité mais l'entendre était différent. Elle avait enfin l'occasion de s'expliquer. Il l'évitait comme la peste depuis des jours, elle devait saisir cette opportunité.

-Ce n'est pas ce que tu crois, tenta de se justifier la jeune femme en s'approchant de lui.

-Ne te donne pas la peine de t'expliquer, c'était particulièrement clair. Le message est parfaitement passé ! La coupa James en se levant d'un bond.

Le maraudeur s'apprêta à remonter dans sa chambre lorsque Lily lui posa la question qui lui brûlait les lèvres :

-Pourquoi avoir pris ma défense en cours ?

-De quoi tu parles ? S'impatienta sans ménagement James en se dirigeant vers les escaliers.

-Au cours de métamorphose, précisa la gryffondor en s'approchant de lui. J'étais sur le point de me faire ciseler par le professeur Mcgonagall mais tu m'as sauvé la mise.

Le maraudeur se plante face à elle, visage ferme. Il était impressionnant ainsi. Il la dominait d'une bonne tête et ses yeux d'habitude si chaleureux étaient aussi froids qu'une nuit d'hiver.

-Ne te fais pas de film. J'ai simplement évité à notre maison de perdre inutilement des points, répondit-il. Je te rappelle que tu es préféré en chef et que tu es supposée être un exemple à suivre pas à éviter.

Lily se pinça les lèvres. Ses mots étaient l'équivalent d'un coup de poing dans l'estomac. Puis, sans prévenir, le maraudeur monta les escaliers jusqu'à sa chambre, la laissant seule dans le salon. S'il avait expliqué la raison de son intervention en cours, il ne s'était pas expliqué sur les raisons qu'il l'avait poussé à la transférer sur son lit confortable.


-Vous dites que la seule personne que vous avez réussi à identifier lors de l'attaque est Bellatrix Black, c'est bien ça ?

-Oui, répondit simplement Cara. Les autres portaient un masque…

Cela faisait déjà une heure que la gryffondor subissait un interrogatoire dans le bureau de Dumbledore. L'aurore qui se trouvait face à elle ne cessait de prendre des notes sur un parchemin. Cependant, derrière cet air studieux, elle savait qu'il ne la croyait pas. Ses pensées allaient à l'opposé de ses réponses. Elle perdait son temps depuis une heure. Elle glissa un regard à son directeur qui semblait occuper à dépoussiérer ses objets de collection, puis elle jeta un coup d'œil au second aurore qui ne l'avait pas lâché des yeux depuis son entrée dans ce bureau. Si ces yeux étaient braqués sur elle, ses pensées étaient ailleurs, loin de cette affaire et de l'attaque sur le pont.

Le premier aurore finit par lever, enfin, les yeux vers elle.

-Mais comment avez-vous fait pour survivre à l'attaque ? L'interrogea-t-il suspicieux. D'après nos informations, vous n'aviez plus de pouvoirs et tous les moldus sont morts lors de cette attaque…

-Mon elfe a dû me lancer un sortilège au dernier moment, mentit la jeune femme.

L'auror fit une moue, il n'était pas convaincu de cette explication. De toute évidence, pour lui, les elfes de maison était seulement utile en sortilège ménager.

-Je ne vois pas comment un elfe de maison aurait pu jeter un tel sort…

-Vous n'avez qu'à demander à sa dépouille qui se trouve dans le caveau familial, peut-être qu'il pourra vous expliquer qu'un elfe de maison a de multiples talents et pouvoirs, répliqua sèchement la brunette.

-Vous feriez mieux de changer de ton, jeune fille, la reprit le second auror qui sembla se réveiller.

Le sang de la gryffondor ne fit qu'un tour. Elle perdait son sang-froid mais une main se posa sur son épaule afin de la calmer.

-Ma fille vous explique que notre ancien elfe de maison lui a évité une mort certaine, très probablement au prix de sa propre vie, reprit son père qu'une voix calme et posée. Vous auriez peut-être préféré qu'elle y laisse également sa vie ? C'est ce que vous insinuez Monsieur Scott ?

Son intervention jeta un froid dans le bureau. Aucun des deux aurors n'osa répondre à la remarque de son père.

-Vous auriez préféré que ma fille soit morte pour classer l'affaire, peut-être ? Rajouta Thomas Welth.

-Non, absolument pas, Thomas. Tu sais très bien que nous étions soulagés d'apprendre qu'elle avait survécu à l'attaque, répondit le second auror en tentant de l'amadouer.

-Alors pourquoi vous lui faites subir un interrogatoire comme si elle était suspecte ? répondit froidement son père.

-On essaie simplement de comprendre…Si son elfe lui a permis de survivre à l'attaque, nous ne savons pas comment elle a réussi à récupérer sa magie…

Tous les regards convergèrent vers la gryffondor pendant quelques secondes, même celui de son directeur qui avait fini par se désintéresser à ses objets. Cara se contenta de rester impassible, ce n'était pas le moment de flancher.

-Nous avons fait appel aux meilleurs médicomages pour la soigner, répondit le plus simplement possible Thomas. Anna a dû faire appel à ses contacts, cela a pris du temps mais vous devriez plutôt vous demandez comment une élève de Poudlard a pu se trouver dans un tel état. Je vous rappelle que nos enfants sont supposés être en sécurité dans l'enceinte du château !

Son père avait renversé la situation. Le malaise était palpable auprès des deux aurors.

-Je crois que Cara a assez répondu à vos questions et vous a donné assez d'éléments pour interpeller Bellatrix Black, fit-il en se plaçant aux côtés de la jeune fille.

-On ne pourra pas arrêter Bellatrix Black avec ça, lui répondit l'auror Scott.

-Il vous faut quoi de plus ? S'impatienta Cara hors d'elle. Si les morts, l'attaque, mon témoignage ne sont pas suffisants !

-C'est sa parole contre celle de Miss Black, expliqua le second auror en s'adressant directement à son père.

Cara bouillonnait intérieurement. Elle était furieuse. Ils ne feraient rien pour l'arrêter et cela la rendait malade.

-Bien, je crois que nous en avons fini alors ! Intervint soudainement Dumbledore. Messieurs, je pense qu'il est temps de mettre un terme à cet entretien. Miss Welth risque d'être peu attentive en cours demain si nous continuons à tourner en rond encore une heure…

Personne n'osa contrarier Dumbledore. Les aurors remballèrent leurs affaires, les saluèrent puis s'évaporèrent.

Cara se leva, défroissa son uniforme d'un geste de la main et attendit que son père et son directeur finissent de se saluer.

-Bonne soirée, Miss Welth ! Lui lança Dumbledore d'un ton léger avant qu'ils ne disparaissent dans son escalier.

La gryffondor ne prit pas la peine d'accorder un regard à son père, elle prit sans attendre la direction de la tour des gryffondors. Cependant, son père la suivait comme son ombre, ce qui agaça la jeune femme qui s'arrêta en plein milieu d'un couloir et lui fit face.

-La sortie est de l'autre côté, lui indiqua Cara d'un geste de la main. Je rejoins ma salle commune, je n'ai pas besoin de ton aide.

-Tu pourrais me remercier de t'avoir sorti de cet interrogatoire et surtout de cette impasse qui se dessinait, lui répondit son père en mettant ses mains dans ses poches d'un air désinvolte.

-Pardon ? S'interloqua la gryffondor.

-Tu n'as pas eu à parler de la façon dont tu as retrouvé tes pouvoirs, précisa Thomas à voix basse.

-Je ne vois pas de quoi tu parles, mentit de nouveau la brunette. Waltz m'a lancé un sortilège pour me protéger et les potions m'ont fini par me guérir…

Son père arqua un sourcil et ne put s'empêcher de sourire comme un bienheureux.

-Pas à moi, Cara. S'amusa-t-il. Je connais l'étendue des pouvoirs des elfes de maison mais je connais aussi leurs limites...

Elle avait l'impression qu'il avait rajeuni de plusieurs années, il se balançait d'avant en arrière, les mains dans les poches, un sourire en coin. Il était ravi d'avoir un semblant de conversation avec elle et elle n'avait aucune envie de s'étendre davantage.

-Mais de rien, ma chérie ! Je n'ai fait que mon devoir de père ! Reprit-il d'un ton badin.

Elle ne put s'empêcher de rouler des yeux, exaspérée.

-Tu te fais des films, reprit Cara d'un ton las.

-Oh non…Seule la magie noire peut défaire ce qu'elle a fait, jeune fille ! S'amusa Thomas à voix basse. Mais je suis curieux de savoir qui a été capable d'un tel exploit… Sirius ? ou Regulus ?

-Je ne vois pas de quoi tu parles, nia la gryffondor avec impatience.

-Regulus, peut-être ? Il est discret mais je ne doute pas de son efficacité…puis les bruits courent sur ses capacités en magie noire ...

Cara lança un regard exaspéré à son père.

-Hum…ou alors… Sirius ?

-Laisse Sirius hors de cette conversation, s'énerva-t-elle.

-Sirius alors, confirma Thomas non sans un sourire.

-Tu délires complètement, tu ferais mieux de rentrer à la maison et te prendre un verre !

-Je n'ébruiterai ses exploits, la rassura-t-il.

Cara jugea son père du regard pendant un instant avant de souffler un discret « merci ».

-Je ne vais quand même pas mettre celui qui a sauvé ta vie au bucher, rajouta Thomas dans un sourire.

-Ça ne t'aurait pas dérangé il y a quelques semaines…Tu le détestes, je te rappelle. Le corrigea la gryffondor en croisant les bras sur sa poitrine.

-Non, tu as tort, je ne le déteste pas.

-Je te rappelle que tu m'as demandé de ne pas le fréquenter ! S'énerva Cara.

-Oui, effectivement.

-Parce que c'est un Black et que tu ne supportes pas l'idée que je puisse le fréquenter !

-Non, tu as encore une fois tort. Que tu fréquentes un Black m'importe peu, à vrai dire…Mais je sais qu'il te fera du mal et qu'il te brisera le cœur, Cara…Et c'est ça qui m'importe…

-Tu n'en sais rien, souffla la jeune femme.

-Ça fera mal, Cara. Crois-moi, tu souffriras quand il te brisera le cœur…

-Il ne fera pas !

Son père se retint de lui répondre, et se contenta de se pincer les lèvres en guise de réponse. Il balaya le couloir du regard. Ils étaient seuls. Il était tard et seuls les fantômes trainaient encore dans les couloirs.

-Je sais pour le collier qu'il t'a offert et je ne veux pas que tu fasses les mêmes erreurs que moi, Cara…reprit-il sérieusement.

-Sais-tu qui t'as jeté le sortilège ?

-Non… sûrement un serpentard ou futur mangemort !

Thomas hocha de la tête silencieusement. Cara sentait qu'il se retenait de faire une remarque. Il faisait tout pour éviter son regard avec une moue qu'elle ne connaissait que trop bien.

-Sais-tu pourquoi les Black et les Welth ne se fréquentent pas ? L'interrogea-t-il soudain. As-tu eu le temps de te plonger dans mes souvenirs ?

La jeune fille se contenta d'acquiescer d'un signe de tête.

Thomas sembla soudain mal à l'aise. Il se grattait nerveusement le front.

-Tu sais de quoi ils sont capables alors, je te demande simplement de faire attention à toi et de bien choisir tes fréquentations…

Il se racla la gorge avant de lui rajouter :

-Il y a une règle simple en magie noire, Cara. Pour avoir le contre sortilège, il faut connaître le sortilège initial…

Ce qu'il insinuait ne plaisait pas du tout à la jeune fille. Elle repoussa de toutes ses forces le doute qu'il venait d'immiscer en elle.

-Fais simplement attention à qui tu donnes ton cœur…la conseilla son père avec bienveillance. Sois prudente…

Toute la colère de la gryffondor s'évapora, il n'y avait aucune malice, aucune moquerie dans ses paroles. Il était sincère. Cependant, il ne connaissait pas Sirius.

-Sirius ne me fera jamais de mal…

Thomas ne lui répondit rien. Il la fixait avec compréhension.

-Tu crois que c'est Sirius qui m'a lancé ce sortilège ?

-Non, répondit-il aussitôt dans un sourire. Mais parfois l'ennemi est plus proche qu'on ne le pense…

Aucun de ses amis n'aurait été capable de lui faire ça.

-Tu ferais mieux de rejoindre ton dortoir, il est tard…Je t'écrirai dans la semaine, finit par dire son père avant de s'évaporer.