LE CHANT DE LA PLANÈTE
LIVRE I : ORIGINES
CHAPITRE XII
HUMILIATION
Era 1971
« "Rien n'est plus humiliant que de ne pas
trouver de réponse cinglante à une attaque cinglante."
Milan Kundera»
Merci à Lunagarden et Cihanethyste pour leurs reviews :).
Vous aurez des notes de chapitre explicatives de mon long silence à la fin de celui-ci (c'est un long 3615 my life, je ne veux pas vous embêter avec ça au début^^; ). Je vous souhaite d'avance une bonne lecture :) !
Manoir Shinra de Nibelheim, dans les sous-sols. Section scientifique.
Une jeune femme faisait les cent pas devant les doubles portes en bois qui menaient vers son avenir dans le département de recherches scientifiques. Du moins, l'espérait-elle. Son cœur battait d'anxiété tandis qu'elle regardait de ses yeux marron l'horloge juste au-dessus de l'entrée. Elle ferma correctement son débardeur aux nuances azur. La fermeture éclair, au centre, était dissimulée par une décoration en flanelle blanche.
Les échos de sa marche brisaient le silence lourd de ce couloir aux murs peints d'un gris aussi maussade que le temps à l'extérieur. Ses pieds étaient chaussés d'escarpins rouges. L'inconnue lissa pour la énième fois sa jupe bleu marine ornée par des bordures plus claires et fendue en diagonale à mi-genoux.
Sa main tremblante agrippa son collier en argent serti d'une perle offert par son fiancé. Ce dernier faisait d'ailleurs partie de la commission qui était chargée de son entretien. De quoi augmenter considérablement son stress… Non seulement sa tenue n'était pas conventionnelle, mais en plus, elle portait un bracelet de cheville. Elle espérait ne pas tout gâcher à cause de ça...
Cinq minutes avant son passage…
L'aspirante scientifique soupira tandis qu'elle renouait sa longue chevelure attachée en queue de cheval haute à l'aide d'un ruban jaune. Elle avait bien le temps de penser à son parcours… qui était loin d'être banal !
Car cette inconnue était particulière.
Elle était une Cetra. La dernière représentante de sa tribu. Les Crescent.
Ces derniers étaient un groupe d'Anciens plutôt singuliers. Ils surveillaient l'évolution de la nature afin de vérifier si les Kisaragi, chargés des rites cétraïques qui devaient aider à soigner Gaïa de la guerre contre la Calamité des Cieux, avaient bien transmis leur savoir aux autres communautés pour accélérer la guérison de leur planète tant chérie. Il fallait aussi constater si celle des Guados, qui veillaient sur la matéria blanche et fertilisaient tous les endroits propices à une nouvelle vie, accomplissait la tâche que Minerva avait attribuée à chaque clan suite à la défaite de leur ennemie.
Les Crescent possédaient une étrange capacité en lien avec la Rivière de la Vie : ils pouvaient la modeler selon leurs désirs et utiliser certaines de ses propriétés. Cristaux, petits filaments, voire énergie pure… Autrement dit, ils pouvaient s'en servir comme arme. Ce furent même eux qui créèrent les matérias, avant de passer leurs connaissances aux autres. Les Cétras étaient un peuple solidaire, à l'origine. Cependant, comme dans tant d'autres villages Anciens sur la Planète, leurs lois étaient toujours restées aussi archaïques, et petit à petit, son groupe s'était rétréci jusqu'à elle.
Mais elle ne voulait pas mourir seule.
Elle avait décidé de voyager. Puis elle avait été fascinée par l'évolution de la connaissance biologique des humains. Ce fait l'avait aidée à postuler à la Shinra afin de rejoindre le département scientifique pour apporter sa pierre à l'édifice, ce qui expliquait sa présence incongrue dans un milieu qui cherchait ses pairs. Pourtant, l'Ancienne ne voulait pas que son origine soit dévoilée. Son fiancé l'ignorait lui-même, c'était dire ! Elle n'aimait pas être observée comme une bête de foire juste parce qu'elle était une Cetra. Elle désirait prouver sa valeur en tant que telle… et en tant que femme. Aider les humains à s'épanouir dans l'ombre.
Elle n'avait pas honte de ce qu'elle était, ne vous méprenez pas là-dessus ! C'était un réflexe défensif qu'avait son peuple. La plupart des humains considéraient les Cetras comme des magiciens qu'il fallait craindre, parce qu'ils pouvaient parler avec la Planète et les morts. Avec les esprits de la rivière de la Vie aussi. Avec une telle proximité avec l'au-delà, certains simples d'esprit pensaient qu'ils étaient maléfiques ou fous.
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À cette époque, les balbutiements de l'évolution des métiers à la Shinra pour les femmes commençaient. Auparavant, elles n'occupaient que des postes au secrétariat. Bien sûr, quand elle était entrée dans le manoir, les serviteurs de la famille Shinra l'avaient fixée, surpris, et avaient souri avec amusement lorsqu'elle demanda où était la section scientifique.
Pourtant, l'inconnue ne s'était pas démontée devant leur réaction, déterminée à prouver qu'elle ne se laisserait pas marcher sur les pieds. Puis on l'avait emmenée là, dans ce couloir glacial et souterrain, déprimant, après qu'elle eut présenté sa feuille de rendez-vous.
Elle savait qu'elle allait se battre pour que sa voix soit entendue dans ce milieu masculin, mais deux professeures étaient présentes dans l'équipe principale. Normalement, il n'y aurait pas de problème si elle était prise. Entre femmes, il fallait qu'elles se serrent les coudes…
La porte s'ouvrit sur le docteur Gast, ce qui l'arracha de ses souvenirs nostalgiques et la fit sursauter. Ce dernier lui sourit avec gentillesse pour la rassurer, et elle se sentit répondre avec douceur. Cet homme savait vraiment comment apaiser les gens.
« Melle Crescent ? C'est à votre tour.
- J'arrive ! » fit-elle avec enthousiasme, avant de pénétrer dans la pièce.
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Elle reconnut son fiancé et grimaça mentalement. Combien de fois lui avait-elle dit qu'il mettait les interlocuteurs mal à l'aise avec cette tête des mauvais jours? Le directeur s'assit derrière la table, entouré des professeurs Gillian et Hollander Hewley à sa gauche, de Jin Hojo et Takako Kishiro à sa droite. Nerveuse, elle se positionna devant eux, les mains jointes sur son bas-ventre et le visage un peu baissé, la gorge nouée d'appréhension.
« Bonjour, Melle Crescent. » fit Gast, apaisant.
« Bonjour, docteur Gast. » répondit-elle d'une petite voix.
« Détendez-vous, voyons… » fit l'homme, amusé. « On ne va pas vous manger. »
Crescent sourit faiblement. Être en présence d'autant de personnalités réputées dans le domaine scientifique, voire même le monde entier pour Gast et Hojo (bien que dans une moindre mesure pour ce dernier en raison de ses théories parfois controversées), ça l'impressionnait… Et elle se sentait si minuscule devant eux avec – elle le réalisait – ses maigres connaissances !
« Présentez-vous. » demanda Gast.
« Hum… heu… Je m'appelle Lucrécia Crescent. » fit-elle d'une petite voix, prise au dépourvu. « Je suis née le 22 février, j'ai 21 ans et… hum… je…
- Oh, par la Planète, dépêchez-vous, on n'a pas toute la journée ! » fit Hojo, sec. « On n'est pas ici pour vous entendre régresser comme un homme de Cro-Magnon !
- Je… » souffla la convoquée, paniquée car elle perdait le fil de ce qu'elle aimerait dire.
« Calmez-vous, mademoiselle Crescent. » dit le directeur d'un ton doux, avant de fixer son collaborateur avec colère. « Tu pourrais au moins être un peu plus abordable avec les gens, Hojo.
- Écoute, Farémis, si tu veux jouer les gentils patrons, libre à toi, mais moi, je n'accepte pas des idiotes qui bafouillent dans mon équipe sitôt que je lève la voix ou que je leur fais une remarque! » fit l'assistant, sec.
« Et jusqu'à preuve du contraire, c'est MOI qui décide qui doit aller où. » rétorqua Gast, ferme.
Il fixa ensuite Lucrécia, le regard rassurant.
« Veuillez nous excuser pour cette interruption grossière, mademoiselle Crescent. Vous pouvez continuer. Où avez-vous effectué vos études ?
- À vrai dire, je les ai faites en free-lance. » répondit celle-ci, embarrassée.
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Elle savait à quel point les scientifiques qui agissaient ainsi étaient mal considérés par leurs congénères diplômés. Cela ne loupa pas : elle vit un sourire goguenard s'étaler sur toutes les lèvres des membres de la commission, hormis sur celles du directeur qui les empêcha de prononcer un mot d'un regard noir.
Elle avait pourtant pris exemple sur le professeur Valentine, qui lui aussi avait étudié en autonomie dans le domaine de la science. Ce dernier était devenu un expert dans les recherches sur Oméga et Chaos, bien que son travail relevât de la pure fantaisie pour les autres – Hojo en tête, d'ailleurs. Il préférait avoir des preuves solides et concrètes. Aucun fait n'avait étayé la thèse de Grimoire…
Lucrécia espérait que la sienne puisse aider le Vampire. Elle s'intéressait beaucoup aux mécanismes de défense de Gaïa, ainsi qu'à ce que les tribus restantes Cetras faisaient pour que la planète soit toujours aussi pleine de vie. Les clans étaient si secrets sur les tâches que Minerva leur avait confiées… Seul le Sage de chaque groupe (et généralement le plus vieux) savait quoi faire, et guidait donc ses fidèles en ce sens.
« Eh bien, pour avoir étudié en free-lance, je trouve que vous avez pas mal de connaissances. » la complimenta Gast. « À vrai dire, vous avez d'excellentes notes, et à priori, vous étiez major de votre promotion. »
La Cetra hocha timidement la tête, embarrassée, mais elle en fut aussi flattée. Que le directeur en personne la félicite sur ses résultats… Il était vrai qu'elle avait bluffé les examinateurs du concours écrit trois mois plus tôt.
« Alors, dites-moi tout… Pourquoi voulez-vous postuler dans le département scientifique ? » s'enquit-il.
« J'aimerais assister le professeur Valentine dans ses recherches sur Oméga et Chaos. » répondit-elle.
« Pour nous aider à renvoyer cet incompétent ? » ricana son fiancé.
« Hojo... » fit Gast, une lueur d'avertissement dans le regard.
« - Quoi ? Je n'ai pas raison ? Cet imbécile ne nous présente que des théories, et aucun fait concret !
- Tu sais très bien que les preuves mettent du temps à se dévoiler. J'en suis un bel exemple. Si je n'avais pas découvert le corps de Jenova, à l'heure actuelle, j'aurais été viré de la Shinra ! Maintenant, je laisse dix à quinze ans à chaque chercheur afin qu'il me prouve ses dires. Valentine reste plus longtemps parce qu'il donne de bons conseils aux recrues et qu'il nous assiste de temps à autre.
- Hmf. J'espère pour toi que cette fille sera là pendant ces années."
Lucrécia fut particulièrement choquée qu'il l'appelle comme ça, comme si elle n'était qu'un objet de décoration.
" Hum hum… Messieurs ? Je ne suis pas contre le fait que vous argumentiez pendant des heures, mais je ne pense pas que se donner en spectacle fasse partie du test. Qui plus est, je doute que notre candidate soit venue rien que pour ça. » fit Gillian avec politesse.
Hojo la fusilla du regard, mais la banorane l'ignora. Elle se contenta de boire sa tasse de thé, délicate. Son mari se gondolait de rire devant la scène, heureux que le wutaïen se soit fait rabrouer par sa femme. Takako eut une moue de mépris pour ses collègues qui se conduisaient comme des andouilles et Gast se massa la nuque, gêné.
« En effet. Excuse-moi, Gillian. » souffla-t-il, avant de sourire avec légèreté à Lucrécia.
« - Comme vous le savez sans doute maintenant, le professeur Valentine est quelqu'un d'assez, comment dire… controversé. Ses articles ne sont basés que sur des théories et des preuves circonstancielles assez floues.
- Exact. C'est pour cela que je veux l'assister, afin de l'aider à trouver des choses de l'existence d'Oméga et Chaos.
- Pourquoi vous concentrer sur ces recherches-là et pas sur d'autres, comme les clans Cetras, ou l'étude de vie de certains monstres comme les pampas ou les gobelins ?
- Le domaine des Cetras est plutôt votre spécialité, docteur Gast. » répliqua sa candidate, respectueuse.
« Bien que ces monstres soient généralement une faible menace, je préfère éviter de me prendre une attaque « mille aiguilles » ou un « gobelipoing ». De plus… les créatures de ce genre ne m'attirent guère pour mes recherches. À quoi ça me servirait d'apprendre que les pampas aiment le soleil ou que les gobelins adorent montrer leurs fesses après avoir réussi à chaparder ce qu'ils voulaient ou lors de leur période nuptiale ?
- Vous marquez un point. » rétorqua ledit docteur, gêné.
Surtout que les postérieurs des gobelins étaient très laids… Ils étaient bruns et craquelés, avec d'énormes boutons noirs poilus dessus. Et étrangement, plus il y en avait, plus les gobelines étaient sensibles au charme de leur prétendant.
Il s'en souvenait très bien après que l'un d'eux lui eut volé sa boussole sur l'île où ils vivaient. Il s'y était rendu dans l'espoir de trouver des ruines Cetras, mais avec les cambriolages intempestifs de ces petites canailles dans son campement (jusqu'à ses sous-vêtements !), il avait été obligé de cesser les recherches…
« Allez-y, professeur Crescent. Présentez-vous votre thèse. Sur quoi porte-t-elle ?
- Sur Chaos. J'en ai aussi une sur Oméga, mais c'est plus léger...
- Nous vous écoutons. » fit le docteur, tout en faisant taire d'un regard noir ceux qui s'apprêtaient à protester.
« Hm… Comme vous le savez sûrement, il y a près de deux mille ans, une guerre a été déclarée entre les Cetras et une menace non identifiée, surnommée la Calamité des Cieux par les survivants de cette terrible bataille. Minerva, Sage du clan des Guados à l'époque, avait convoqué tout le monde à l'assaut lorsque le Fléau commença ses attaques. Toutes les communautés répondirent présent à l'appel et envoyèrent leurs meilleurs combattants.
Cependant, un homme Chaos, refusa d'y prendre part. Ce dernier était un mercenaire assez compétent, mais pour une raison inexpliquée, il n'agit pas quand la guerre se déclara et préféra se terrer comme un lâche dans une grotte près de Nibelheim. En vain, car la Calamité le retrouva et le transforma en monstre.
À la fin du conflit, Minerva, qui périt lors du combat contre l'ennemi de la Planète, devint la Gardienne de la Rivière de la Vie. Elle maudit Chaos pour son inaction, le condamnant ainsi à veiller sur les âmes des Anciens rendus fous par la maladie que la Calamité leur avait transmise. Comme il s'était caché dans la grotte, elle décida de l'y enfermer et de confier la tâche de geôliers au clan Valentine. Ces derniers devaient l'aider à comprendre les souffrances des Anciens contaminés, et à se servir de la matérialisation de leurs peines et de leur douleur comme arme le jour où une nouvelle menace pointerait le bout de son nez.
Comme vous le savez sûrement, les pouvoirs des Cetras ont commencé à décliner petit à petit alors que les humains étaient de plus en plus nombreux. Les capacités de nos ancêtres devinrent même inexistantes comme ce fut le cas pour les cinq Grandes Familles des Anciens, et les petits clans disparurent les uns après les autres à cause des lois qui régissent leurs vies, comme le fait de ne jamais sortir du camp, ou de se marier avec un membre d'une tribu différente. »
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Il y eut un silence, puis Hollander le brisa.
« Thèse intéressante… Cependant, il n'y a jamais eu d'indices précis sur la localisation de cette grotte. Le professeur Valentine nous a dit qu'elle serait dans les montagnes de Nibelheim, selon les archives qu'il a consultées de son clan. La Société a envoyé plusieurs troupes du SOLDIER, qui sont rentrées bredouilles quand ils ne se sont pas fait décimer par les monstres qui y vivent...
- C'est vrai.
- Passez à votre thèse sur Oméga, je vous prie. »
Gast plongea dans ses pensées. Il connaissait les noms des Grandes Familles, mais elles n'étaient plus que l'ombre d'elles-mêmes. Elles avaient toutes perdu leurs pouvoirs et refusaient de dévoiler les capacités et histoires propres à leur clan. C'était particulièrement compréhensible pour les Shinra, qui se targuaient autrefois d'être la communauté la plus puissante de Gaïa, avant que Minerva ne les punisse pour leur arrogance.
Les Kisaragi lui interdisaient tout contact, comme il travaillait pour la Shinra. Les Highwind, en plus d'être en voie d'extinction, ne se rappelaient plus leur passé. Les Hagen planchaient sur un recueil des légendes des divinités Cetras. Le professeur Valentine, en raison du traitement limite ignorant des autres scientifiques, refusait de lui en dévoiler davantage au sujet de sa tribu.
Lucrécia soupira légèrement.
« - Ma thèse sur Oméga porte sur ses particularités… mais ce ne sont que des théories.
- Allez-y quand même. » l'encouragea le docteur.
« Oméga n'est pas une créature comme les monstres qui parcourent notre planète. Il est incapable d'attaquer. Selon certaines rumeurs, il n'apparaîtra que lorsque la vie des habitants de Gaïa sera menacée d'extinction. Il collectera avec l'aide de Chaos la Rivière de la Vie, et se préparera pour un voyage à travers les étoiles. Cependant, une fois qu'il sera parti, Gaïa sera…
- Excusez-moi, Crescent, mais je doute que la Shinra accepte de vous soutenir dans cette théorie fumeuse. » fit Hojo, méprisant.
- Je vous demande pardon ? » souffla la candidate, perplexe.
« Si je vous suis bien, pour faire apparaître cette … chose, il faudrait éliminer tout être vivant sur Gaïa, n'est-ce pas ?
- Oui.
- Alors que son existence n'est que légendes et ouïe-dires.
- Oui, mais…
- Je ne pense pas que la Société acceptera de tuer ses bénéficiaires qui se fournissent chez elle afin de se protéger des monstres pour votre thèse. Sans compter l'énorme perte de gils pour le Président. Il a mieux à faire que d'aider une idiote dans votre genre à éliminer sa clientèle, surtout pour des contes de fée aussi ridicules.
- Ce n'est pas ce que…
- C'est ce que votre théorie suggère, pourtant, espèce d'imbécile ! » ricana son fiancé.
« Hojo ! Ce n'est pas la peine d'être cassant ! » tonna Gast.
Il était outré du manque de respect flagrant de son assistant envers leur candidate, quand bien même sa thèse ne verrait peut-être jamais le jour comme son collègue l'avait souligné.
« Quoi ? Farémis, ne me dis pas que tu crois à toutes ces fadaises ! » soupira le wutaïen.
« Nous ne sommes peut-être pas sûrs de l'existence d'Oméga, mais ce n'est pas une raison d'être irrespectueux envers elle !
- Je n'aimerais pas dire, mais entre la mention de Chaos et de sa grotte, visiblement vagabonde vu qu'on n'a toujours pas trouvé sa localisation, et celle sur une créature indéterminée, censée apporter le reste de vie de Gaïa ailleurs, en plus sans aucune preuve de ses allégations… C'est à se demander si elle ne se moquerait pas de nous avec ces deux thèses hasardeuses. » railla Takako.
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Blême d'être ainsi ignorée, et en plus, qu'on rabaisse son exposé sur lequel elle avait planché avec attention et difficulté pendant ces trois mois après l'épreuve écrite, Lucrécia tenta péniblement de retenir ses larmes de honte. Le coup final fut porté par son propre fiancé.
« Personnellement, je rejette ces théories. Ce n'est basé que sur du vent. Il n'y a aucune preuve de ce qu'elle avance, et la Société a déjà cherché ce Chaos sans succès. Nous ne sommes pas là pour courir après des contes de fées ! »
À ces paroles cruelles, la jeune postulante eut un sanglot, comme poignardée en plein cœur. Surtout en voyant que Gast semblait douter. Elle ne voulait pas entendre de sa part que sa candidature au département scientifique allait être rejetée, alors elle fit quelque chose de totalement idiot.
Elle s'enfuit de la salle.
Sous les rires moqueurs des membres du comité, en dépit des appels désespérés de Farémis qui lui enjoignaient de rester.
Nibelheim, maison de fonction de Grimoire Valentine. Six mois plus tard, même année.
Grimoire fixa l'écran de son ordinateur, pensif. Il n'arrivait pas à croire qu'il avait réussi à convaincre son frère de lui confier la tablette du clan au sujet de Chaos. Enfin… façon de parler. César lui avait donné leur trésor et lui avait souhaité bon courage pour trouver un moyen de les délivrer de la tâche que Minerva leur avait attribuée.
Le père de Vincent soupira. Il comptait sur la Shinra pour les soulager de ce lourd fardeau. Les jeunes vampires refusaient de vivre en présence du prisonnier du clan, dont l'aura sombre et meurtrière se ressentait dans les grottes voisines. Cela peinait les plus vieux, qui ne pouvaient donc pas compléter la formation de leurs pupilles, qui mouraient souvent rapidement.
Parfois, le maudit disparaissait durant des décennies avant de réapparaître et de se moquer de ses gardiens. Pourtant, le châtiment de Minerva l'obligeait à rester dans sa geôle. Les anciens de la tribu supposaient qu'il se dématérialisait de temps à autre, de par son étrange proximité avec la Rivière de la Vie corrompue. Sans doute pour écouter et ressentir les souffrances des morts dont il en tirait sa force...
Le vampire contempla ce qu'il avait noté, calme.
« Rapport Oméga: Une découverte
– Découverte d'une tablette millénaire –
« L'âme née d'une terre souillée
crible les impuretés
et purge le courant sacré
pour sceller l'ultime destinée.
Voici Chaos, funeste messager,
l'écuyer d'Oméga dans l'empyrée. »
Après avoir effectué une étude approfondie, nous avons conclu que ce message avait été inscrit sur la tablette par les Cetras il y a plus de 2000 ans. »
Il devait remercier Gast d'avoir confirmé que cela avait été inscrit par les Anciens, et en plus, de l'avoir daté. Il savait que sa présence au département scientifique ne tenait qu'à un cheveu. Ainsi, avec cette tablette de pierre, il pouvait assurer sa place ici.
Maintenant qu'il la relisait, il se demandait si, à cette époque, son clan n'avait pas prédit l'avenir de Chaos. Même si le texte pouvait prêter à confusion, il ne parlait pas d'une naissance physique au sens propre du terme. Il sous-entendait une évolution de la corruption que la Calamité avait injectée au traître, directement dans ses veines.
Village de Ryoshima [1]. Région des Prairies, même année.
Francis Shinra ricana, à l'aise dans son bureau construit en hauteur du Wall Market. Son agréable hôtel de charme, le Honey Bee Inn, créé l'an dernier [2], faisait parfaitement recette. Il s'était installé dans ce petit patelin bâti par des expatriés wutaïens pour une bonne raison : la culture qu'ils y avaient apportée. Le frère d'Anton aimait les femmes, et les wutaïennes, drapées dans leurs somptueux kimonos – ou yukata, il ne savait pas faire la différence entre ces deux vêtements, mais peu importait –, étaient vraiment mignonnes.
Il tira un peu sur son cigare et se cala mieux dans son fauteuil en velours rembourré. Ses affaires démarraient en douceur, mais elles étaient prometteuses. Il attendrait cinq ans, puis il installerait son réseau de prostitution et de marché noir… Au moins, son… « nom de scène » ne faisait pas le lien avec la famille Shinra.
Don Cornéo.
Une nouvelle identité à laquelle il devait s'adapter et répondre.
Il eut un petit sourire amusé.
Il aimait bien celle-là ! Ça faisait parrain de la mafia !
Oh, une minute…
C'est ce qui est prévu !
Note de chapitre :
1) Ryoshima : Un autre nom tiré du jeu Okami.
2) « L'an dernier » : On peut lire « Sweet 1970 » au-dessus des miroirs des maquilleuses du Honey Bee Inn, ce qui peut amener à penser qu'il a été construit en cette année. Quand j'ai tapé et bêta-lu avec Cihanethyste le chapitre 11, je n'étais pas encore arrivée à l'opération travestissement de Cloud, ce qui explique l'intégration tardive de celui-ci dans ce chapitre.
Note d'autrice (enfin XD !) :
*se jette à plat ventre en lançant une longue litanie de " pardon : pardon ! pardon ! pardon ! pardon ! [...]" XD*
Je m'excuse encore PROFONDÉMENT pour ce retard, chers lecteurs ! Ce n'est absolument pas pour vous embêter ou quoi que ce soit ! Je vais vous expliquer...
Vous vous souvenez que courant 2017, j'ai été forcée de déménager pour octobre de cette même année parce que mon père avait décidé de s'installer dans le Sud alors que j'avais malgré tout un boulot (auxiliaire de vie pour ceux qui se poseraient la question) ?
Eh bien... il a déjà fallut que je trouve une chambre d'hébergement, que je prépare les cartons et tout le bordel, puis, une fois à mon nouveau logis, que je m'adapte à mon nouvel environnement. Il fallait ensuite que je puisse ensuite m'adapter aux heures supplémentaires que j'acceptais avec joie (j'étais à temps partiel à l'époque, j'ai eut de la chance d'avoir eut une chambre qui rentrait dans mon petit budget TT...), et j'avoue qu'avec l'angoisse à l'époque de devoir surveiller mes dépenses, disons donc que ça a douché mon côté écrivain.
Malheureusement, la compagne de mon hébergeur s'est mise dans la tête qu'il la trompait avec moi en été 2018 (Quelle horreur ! Il avait l'âge de mon père, et je m'occupais des vieux, ce n'était pas pour autant que j'allais accrocher à un tel écart, j'avais 30 ans à l'époque ! 5 ans de différence, ok, peut-être 10 au max si le mec n'est pas laid, mais pas 30 ans ! C'est l'équivalent d'un inceste pour moi !). J'ignore vraiment ce qui s'est passé entre eux, les disputes, leurs contenus, et je ne veux pas le savoir. Le fait est qu'il m'a demandé de partir parce qu'il ne voulait pas encourir encore plus la fureur de sa copine. Compréhensible, mais ça m'a foutue dans une angoisse pas possible parce que je devais trouver une chambre pas chère en un mois ! UN MOIS ! Vous imaginez le BORDEL ?!
J'ai heureusement réussi à trouver une chambre dans ce laps de temps, mais qui m'éloignait du boulot. Donc je déménage en mi-octobre 2018 pour m'installer à 30 kms de mon boulot. Un peu pénible pour les transports, je mettais une heure pour aller et pour revenir (j'ai une voiture sans permis, et ça ne va pas à plus de 50 kms... Je ne me sentais pas assez courageuse pour passer le permis, à l'époque). Autant dire que j'étais claquée aussi bien le matin que quand je revenais le soir (je terminais parfois à 21h00, je rentrai à 22h00... Alors quand on fait 7h00/22h00 en comptant les trajets... pas top !). Et histoire qu'on se marre, mon véhicule me lâche fin novembre. Avec plus de deux mille euros de réparations à effectuer (au total, je vous rassure... je l'avais acheté d'occasion) sur ce cercueil, j'ai préféré en acheter une autre. En urgence, certes, mais je me suis démerdée au mieux pendant un mois avant de l'avoir (les joies de l'administration...).
Ce qui m'a totalement fait déprimer et rencontrer un sérieux problème de page blanche pendant une année qui a été assez longue pour moi. Mes heures augmentaient, j'atteignais enfin un CDI en temps plein, mais je sentais que physiquement, je ne pourrai pas durer davantage, et qu'il fallait que je fasse quelque chose avant de me retrouver à l'hosto pour un burn-out ou un accident. Mentalement, j'étais très épuisée et pas ou très peu en état d'écrire. Mes rps avec ma bêta étaient assez courts, ce qui était dommage. J'adorais les longs échanges que nous avions, et ça m'aidait à bien décompresser.
Du coup, avant l'été 2019, je me mettais en chasse d'une nouvelle chambre. Ça me désolait de quitter celle que j'avais, la proprio était sympa, mais... la santé avant tout ! Fin septembre 2019, je déménageais enfin. J'ai mit du temps à trouver de nouvelles marques, de nouvelles habitudes... Mais j'ai réussi à me relever^^.
Enfin... Plus ou moins. L'été 2019 a vu mon pc tomber en panne (carte-mère HS, j'essaie d'en économiser pour une nouvelle), et sur les conseils de mon compagnon, j'ai acheté un chromebook. L'idée était bonne, mais... quand on n'est pas habitué à google doc (j'étais sous Windows) et que les sauvegardes se font online, ça m'a douchée net, surtout qu'à chaque doc que je dois modifier, je dois exporter en google doc, faire mes trucs, puis le réexporter en tant que document word parce que le site de Fanfiction . net refuse le format google doc !
J'essaie encore de m'adapter à ce système. Mais je me suis doucement remise à la fanfic, ne vous inquiétez pas :). Je poursuis les chapitres en cours, et pour ceux qui se poseraient la question : oui, j'ai FFVII remake. Et je vous avoue que l'un des points clé qu'ils ont ajouté dans le scénario m'embête pas mal pour mon OC (outre le fait que la chronologie est moins claire, yay...), il va falloir que je trouve comment les faire intervenir pour la bloquer ou tenter de le faire. Mais bon...
Quoi qu'il en soit, en cette année difficile et avec beaaaaaaaaaaaaaaaucoup de retard, je vous souhaite deux bonnes années :). Ben oui, j'ai loupé la 2019... On part mal avec 2020 et cette épidémie surprise, mais on doit s'accrocher, ok ;) ?
A la prochaine :) !
