Chapitre 2

Astrid avait, semblait-il, complètement buggé. Elle-même n'aurait su dire combien de temps exactement avait duré son « absence ». Et une fois qu'elle fut parvenue à rappeler son esprit dans son corps, ce fut pour se le torturer.

« C'est un cauchemar ! - s'écria-elle mentalement. Oui, c'est ça ! Je ne vois pas d'autre explication ! C'est théoriquement IMPOSSIBLE que la crevette parlante, qui servait de progéniture au chef, soit là, devant moi ! Bien vivant et bien portant ! Et qui en plus, vient de me sauver d'une bande de dégénérés affamés sexuellement ! »

« Et bien Hofferson, qu'est-ce qui t'arrive ? On dirait que tu as vu un fantôme » - railla t-il, sans rien avoir perdu de son sourire sarcastique, tandis qu'il récupérait tranquillement les flèches qu'il avait plantés dans les corps de deux des autres imbéciles.

Astrid, qui ne s'était toujours pas relevée, eut un brusque mouvement de recul, lorsqu'il s'était approché, pour récupérer son bien, sur le cadavre de celui auquel il avait percé un troisième œil, se trouvant juste à côté d'elle.

Ce n'était pas vraiment par crainte de lui qu'elle avait réagi comme ça. C'était plutôt dû au fait, qu'elle-même ne savait pas trop ce qu'elle ressentait depuis plusieurs minutes déjà. Hormis peut-être une confusion et une incompréhension des plus totales.

Comment quelqu'un d'aussi frêle, inutile et maladroit que lui avait pu survivre à son bannissement ? Et surtout devenir - enfin semblait être devenu pour le peu qu'elle en avait vu – un combattant aussi redoutable. Lui qui, autrefois sur Beurk, avait toujours été incapable de faire quoique se soit d'autre avec une arme que de la fabriquer, ou de l'affûter.

Même physiquement, il avait énormément changé. La preuve, elle ne l'avait absolument pas reconnu.

Il portait toujours ses cheveux indisciplinés assez courts, mais un petit peu plus longs qu'avant. Et son visage, bien qu'étant toujours fin, n'avait plus les traits bambins qu'il comportait la dernier fois qu'elle l'avait vu. Il s'était allongé, et sa mâchoire était beaucoup plus affermie.

Même au niveau de sa corpulence, elle avait du mal à le reconnaître.

Dès le premier coup d'œil, on pouvait déjà affirmer qu'il avait pris pas mal de centimètres. Astrid estima sa taille à un bon mètre quatre-vingt cinq. Ce qui était plutôt ironique quand on savait qu'il était, il y avait encore cinq ans, le plus petit de leur génération. Et que, maintenant, il était nettement le plus grand. Il n'était toujours pas, certes, une montagne de muscles. Loin de là. Mais il n'était plus maigrichon non plus. On pouvait voir tout de suite aussi qu'il s'était élargi, et même pris du muscle malgré la présence de vêtements pour le cacher.

À présent, on pouvait le décrire comme étant grand et svelte. Il n'avait vraiment plus rien à voir avec la petite sauterelle qu'il était encore à peine une poignée d'années auparavant.

Astrid trouvait aussi, quelque peu étrange, la façon dont il était habillé.

Il portait, un peu comme avant, une chemise non-rentrée, du presque même vert que ses yeux, par-dessus laquelle il portait une espèce de veste noire sans manches, dont seuls quelques boutons du milieu étaient fermés. Par contre, les trois premiers du haut de la chemise étaient ouverts. Il avait aux mains des espèces de mitaines noires, elles-mêmes recouvertes, à partir des poignets, par des protèges bras marrons foncés, montant quasiment jusqu'au coudes. Il y avait d'ailleurs un petit poignard gainé dans celui du bras droit. Son pantalon noir était assez large mais, pas bouffant non plus et, dont une partie du bas, un peu au-dessus de la moitié de ses mollets, était cachée par les étranges bottés marrons foncé et, lacées quasiment tout du long, qu'il portait.

Elle avait aussi remarqué, accroché par une lanière autour du haut de sa cuisse gauche, un curieux cylindre argenté avec des rayures noires, de la taille d'une poignée d'épée, se demandant aussi ce que ça pouvait bien être.

« Probablement une de ses stupides inventions » - se suggéra-t-elle sur le coup.

« Dis, tu comptes rester encore longtemps les fesses dans la poussière, au beau milieu des cadavres de ces si charmants messieurs qui, entre-nous, n'ont visiblement pas vu une baignoire de près depuis fort longtemps ? - sembla une fois de plus s'amuser Harold qui remettait doucement ses flèches et son épée dans son dos.

Cette remarque fit sursauter Astrid qui sortit de ses songes, tout en se sentant des plus idiote au passage.

Non seulement elle n'avait toujours pas décroché un mot, mais en plus, elle était restée vautrer par terre à se triturer les méninges.

En cet instant, elle n'avait vraiment plus rien à voir avec la fière et meilleure guerrière de Beurk. De bien par sa posture que de par son orgueil qui en avait pris un sacré coup, voire même plusieurs.

D'abord, elle s'était bêtement perdue dans les bois. Ensuite, elle s'était faite attaquée et maîtrisée par des hommes qui voulaient la violer. Puis pour finir, elle avait été sauvée de justesse par la dernière personne qu'elle s'imaginait l'extirper de cet incroyable guêpier.

Elle eut une moue boudeuse en expirant fortement par le nez, avant d'avoir un nouveau sursaut lorsque le bout du manche de sa hache apparut devant son regard. Elle leva les yeux pour voir que c'était Harold qui la lui tendait en la tenant par l'autre bout en-dessous de la lame.

Elle hésita un bref instant, mais finit tout de même par l'empoigner. Elle se sentit aussitôt après tirée gentiment vers le haut.

Une fois de nouveau sur pieds et debout face à lui, elle fut assez surprise, dans un premier temps de devoir lever la tête pour voir ses yeux. Alors qu'avant, c'était nettement le contraire.

« Euh… Ben… Merci » - réussit-elle enfin à bafouiller, en se détournant rapidement, et en s'éloignant lentement de lui, tout en essayant de marcher normalement, car sa cheville la faisait atrocement souffrir.

« Je peux savoir où tu vas comme ça ? » - l'entendit-elle lui demander dans son dos.

« Et bien, je retourne à Pwish » - répondit-elle sans pour autant ni se retourner ni arrêter sa course.

« Tu ne veux pas que je te raccompagne ? »

« Non merci »

« Pourquoi ? C'est le fait d'être vu en ma compagnie qui te fait peur ? Ou bien, c'est parce que tu redoutes que je raconte à tous les beurkiens que je croiserai comment la grande Astrid Hofferson a failli se faire passer à la casserole tout ça parce qu'elle a bêtement trébuché ? C'est peut-être aussi un peu des deux, remarque. Et puis, dans un sens, tu as sans doute raison de te méfier, car si à Beurk on continu à abandonner au milieu de nul part la moindre personne qui s'emmêle un peu les pieds »

Cette tirade eut le don de faire se sentir Astrid comme si elle venait de se faire foudroyer par Thor en personne, et de la figer sur place. Tant par les paroles prononcées que par le ton employé. Ce n'avait pas été le Harold sarcastique qu'elle connaissait. Non là, elle l'aurait plutôt qualifié de cynique, voire méprisant. Chose dont il était parfaitement incapable autrefois. Et bien qu'elle avait du mal à se l'admettre à elle-même, cela l'avait profondément affectée sur le moment. Néanmoins, elle avait décidé de ne rien laisser transparaître.

« Je te remercie encore une fois Haddock, mais je peux me débrouiller toute seule ! » répliqua-t-elle froidement, avant de reprendre sa marche.

« J'ai vu ça oui » - railla t-il, toujours dans son dos.

Ce qui eut pour effet de donner à Astrid l'envie furieuse cette foi-ci de se retourner pour le massacrer à coups de hache. Mais, elle avait préféré ne pas relever, et continuer son chemin comme si elle n'avait rien entendu.

Quelques très longues secondes d'un effrayant silence passèrent, jusqu'à ce que Harold décide de nouveau ramener sa fraise.

« Astrid » - la rappela t-il.

« Quoi ?! » - maugréa t-elle en prenant cette fois-ci la peine de s'arrêter et de le regarder d'un air féroce.

Fureur qui doubla lorsqu'elle le vit tranquillement adossé contre un arbre, les bras croisés, avec toujours une expression moqueuse collée au visage. D'ailleurs, il continua de la fixer ainsi un court moment, avant de légèrement décroiser ses bras, et de pointer un doigt dans la direction parfaitement opposée à celle où elle allait. Puis, de déclarer :

« C'est par là »

Et vlan ! Quatrième paire de gifles en l'espace d'à peine une heure pour l'orgueil d'Astrid qui se sentit une fois de plus comme la dernière des connes.

« Remarque - poursuivit-il, si tu continues dans cette direction, tu finiras bien par atteindre l'autre bout de l'île. Et de là, tu n'auras plus qu'à suivre la côte jusqu'au village. Puis, tenant compte de ta cheville foulée – Oui, j'ai remarqué – et en espérant qu'il ne t'arrive rien d'autre en chemin, tu as une chance de retrouver la civilisation avant la fin du mois »

Jamais de toute sa vie Astrid n'eut autant envie qu'un dragon arrive, là tout de suite, et la bouffe pour mettre fin à ce cauchemar. Et, le pire dans tout ça, c'était que Harold avait parfaitement raison.

Elle se passa une main sur le visage, histoire de se calmer, tout en émettant une sorte de grognement guttural.

Elle eut ensuite la surprise de sentir un bras passer derrière ses épaules, et un autre derrière ses genoux, avant de se faire soulever de terre.

« HADDOCK ! JE NE TE PERMET PAS DE… ! » - avait-elle commencé à l'houspiller, en se sentant rougir, et son rythme cardiaque considérablement s'accélérer.

À dire vrai, elle n'aurait su dire si c'était par embarras, ou bien par colère. Sans compter qu'elle ne l'avait ni vu ni entendu approcher.

« Tu n'as pas vraiment le choix Hofferson – l'avait-il coupé sans pour autant s'énerver. Enfin si ! Quand on regarde bien, tu as plusieurs possibilités. Il y a d'abord celle-ci: le style gentleman. Ensuite, tu as la manière goujat qui équivaut à te trimballer sur mon épaule comme un sac à patates. Puis, pour finir, tu as la façon Cro-Magnon qui consiste à te traîner au sol par les cheveux. Alors ? » - lui demanda-t-il dans un sourire suffisant.

Astrid eut un gros soupir de lassitude et de résolution. Il n'avait pas tort une fois de plus. Et, elle avait bien entendu opté pour la première solution.


« Alors Stoïck : Comment les choses se portent sur Beurk ? » - interrogea Erg, avant d'enfourner goulûment un bon morceau de mouton.

C'était l'heure du déjeuner, et beaucoup des habitants locaux, de même que la quasi-totalité des invités beurkiens, étaient réunis dans la Grande-Salle de l'île pour se rassasier.

« Et bien, plus ou moins comme d'habitude » - répondit le concerné en jouant distraitement avec le contenu de son assiette.

Il n'avait pas l'air aussi affamé que ses compatriotes qui s'empiffraient en prenant à peine le temps de respirer. Rustik avait même failli mourir étouffé à cause d'un os de poulet. Et, Varek s'était fait une joie de lui taper dans le dos, et avec une telle force qu'il était assez surprenant qu'il ne lui eût rien cassé.

« Qu'en est-il des attaques de dragons chez vous ? » - continuait d'interroger Erg.

« Là aussi rien n'a changé »

« Vraiment ? C'est très curieux » - commenta le Pwishien d'un air pensif.

« Pourquoi dis-tu cela ? » - s'étonna Stoïck en le considérant avec perplexité.

« Et bien, comme ici ça fait pratiquement deux ans que nous n'avons plus subi aucune attaque. Je me disais que... »

« QUOI ?! » - s'écrièrent tous les beurkiens présents à cette table.

Il y eut un curieux silence durant lequel tout le monde se contenta de rester bouche-bée et les yeux exorbités. Les regards des autres personnes présentes dans la Grande-Salle avaient tous également convergé dans leur direction, après avoir entendu plusieurs voix s'élever.

« C'est… C'est… C'est une blague, n'est-ce pas ? - bégaya Varek, en songeant que, si ça en était réellement une, le sens de l'humour pwishien était très particulier.

« Non, c'est très sérieux » - répondit calmement Erg.

« Comment se fait-il que vous n'ayez plus de dragons depuis deux ans ? Vous avez une arme secrète ou quoi ? »- questionna à son tour Kranedur qui semblait déjà s'être remis de la surprise.

« Alors ça, c'est un véritable mystère. On a bien essayé de mener notre petite enquête histoire de comprendre, mais ça n'a rien donné. Par contre, on a toujours des dragons dans la région. Seulement, ils se contentent juste de passer au-dessus de nous. Même en plein jour »

Nouveau silence abasourdi. Enfin, du moins à cette table parce que les conversations avaient normalement repris dans le reste de la pièce.

« C'est drôle – finit par déclarer Kognedur. Ça me fait un peu penser à ce que Gueulfor nous a dit ce matin sur notre drakkar juste avant qu'on arrive »

« Exact ! » - convint Varek, après un bref moment de réflexion.

« Qu'est-ce que Gueulfor vous a dit ce matin ? » - leur demanda Stoïck visiblement assez déconcerté par ce qu'il venait d'entendre.

Les quatre jeunes adultes, auxquels le forgeron avait parlé du dragon rôdant autour de leur navire, se sentirent d'un coup des plus bêtes, car ils avaient totalement oublié que leur chef n'était pas au courant de ce détail. Ils se jetèrent des regards affolés ne sachant trop s'ils devaient répondre ou non.

« Alors ? » - commençait à s'impatienter Stoïck.

« Pourquoi ne pas le lui demander en personne puisqu'il arrive justement ? » - suggéra sagement Erg.

Leurs regards se braquèrent tous aussitôt vers Gueulfor qui, effectivement approchait de leur table, mais avec une curieuse expression collée au visage. Il n'avait vraiment pas l'air dans son assiette. Ce qui était plutôt comique pour quelqu'un qui était sans doute venu dans cet endroit pour manger. Il avait l'air d'être en conflit avec lui-même. D'être piégé entre plusieurs émotions contradictoires.

Typique des Vikings.

« Stoïck, faut qu'on parle. C'est très important » - assura t-il d'une voix ferme et grave, une fois qu'il fut arrivé à la hauteur de l'interpellé.

« Tu as parfaitement raison ! Dis-moi un peu : Qu'est-ce que tu as raconté à ces quatre là tout à l'heure ? » - interrogea t-il en pointant les concernés tentant de se faire petit.

Le forgeron parut un moment un peu pris au dépourvu. Mais, il se reprit très vite, non sans foudroyer du regard les balances de service.

« C'est… un accident ! C'est sorti comme ça » - tenta de justifier Kognedur.

« Ouais – continua son jumeau. On était en train de parler de comportement bizarre de dragon et... »

« C'est bon ! - le coupa l'amputé d'un geste de la main qui lui restait. Pour le moment, ce n'est pas le plus urgent. Contrairement à ce dont il faut qu'on parle Stoïck » - retourna-t-il de nouveau son attention vers son ami.

« Qu'est-ce qui se passe ? Rien de grave, j'espère » - fit Erg à la place de l'interpellé.

« J'espère également - intervint cette fois-ci le chef de Beurk. Parce que je dois t'avouer qu'à la tête que tu fais, et à la voix que tu prends, que j'ai l'impression que tu vas m'annoncer un décès »

« À vrai dire, c'est en quelques sortes le contraire »

« Une naissance alors ? » - s'étonna Varek, tandis qu'à ses côtés, Rustik semblait s'être mis à cogiter sévèrement – Miracle ! – probablement dans le but de se souvenir de qui pouvait bien être en cloque sur Beurk, et sur le point d'accoucher.

« Une renaissance, je dirai plutôt »

« Bon, ça suffit ! - perdit patience Stoïck, en se levant d'un bond pour faire face à son ami. Arrête de tourner autour du pot ! Et dis nous ce qu'il se passe à la fin ! »

Le forgeron respira un grand coup en fermant les yeux comme pour se détendre. Puis, il finit par déclarer le plus sérieusement du monde :

« Harold est vivant ! Et, il est ici en ce moment. Sur cette île »

Le Temps sembla tout à coup s'être figé. Personne ne sembla réagir. À part peut-être deux ou trois beurkiens dont les oreilles écoutaient discrètement la conversation depuis les tables alentour, et s'étouffant avec ce qu'ils avaient dans la bouche à ce moment-là.

Stoïck était plus que blême. Mais cependant, le regard qu'il adressait à son ami était presque meurtrier.

« Gueul, si c'est une plaisanterie : sache qu'elle n'est pas drôle » - lui dit-il dans un quasi-murmure.

« Est-ce qu'habituellement, ce genre de propos fait parti de mon sens de l'humour ? » - contre- attaqua l'amputé, visiblement vexé que son meilleur ami puisse penser qu'il cherchait à le faire rire avec un sujet aussi délicat.

Comprenant que ce qu'il venait d'entendre était des plus sérieux, Stoïck se sentit soudainement aspiré, depuis l'intérieur, dans un gouffre sans fond. Il sentit même ses jambes vaciller, et se rattrapa de justesse d'une main sur le bord de la table.

Ce fut à ce moment-là que le reste de l'auditoire sortit de sa léthargie. La plupart d'entre-eux avaient bondi sur leurs pieds pour secourir leur chef. Mais, Erg et Gueulfor avaient été les plus rapides. Ils l'avaient chacun attrapé d'un côté et le fit se rasseoir calmement. Le Pwishien avait aussitôt demandé une bonne chope d'hydromel qui redonnerait nettement un meilleur coup de fouet que la bière à son confrère.

Tous les autres s'étaient entre-temps rassis bien tranquillement; et à peu près dans le même état émotionnel que leur chef. Sauf Mastok qui était venu soutenir son frère.

« Tout va bien – lui disait-il en lui tapotant dans le dos. Calme-toi et respire un grand coup »

« Il a raison. Et tiens, bois ça » - lança Erg en lui tendant la chope qu'il avait demandé.

Mais Stoïck l'ignora et retourna de nouveau son attention sur Gueulfor.

« Où est-il ? - l'interrogea-t-il vivement. Où est mon fils ? »

« Euh… Je ne l'ai pas vu pour ainsi dire. Mais, détends-toi et laisse-moi t'expliquer »

C'est alors que le forgeron lui rapporta ce que son confrère local lui avait raconté. Le portrait qu'il avait fait du jeune homme qui venait de temps en temps sur l'île, et qui lui donnait souvent un coup de main. Et que ce ne fut qu'une fois qu'il lui eut révélé son nom que Gueulfor avait soudain eu l'espoir que son ancien apprenti était peut-être encore en vie. Il avait donc demandé à l'autre forgeron de lui faire une description physique du Harold en question. Déjà, quand il lui avait mentionné la couleur des cheveux et des yeux, le cœur du pauvre amputé s'était mis à battre à tout rompre, mais lorsqu'il lui parla de la petite cicatrice sur le menton, il avait carrément fait un triple salto arrière. Tout correspondait ! L'âge, le nom, les compétences en forge, les principaux traits de caractère, de même que les physiques. Harold était VIVANT ! Et, très proche d'eux à l'heure actuelle qui plus est.

Il n'en fallut pas plus à Stoïck pour fondre en larmes. Et tant pis pour sa fierté. De toute façon, ça faisait cinq ans qu'il lui avait dit « Merde » à celle-la. Depuis qu'elle lui avait fait faire la plus grosse connerie de sa vie. Et seuls ceux qui étaient au plus près de lui pouvaient l'entendre, entre deux sanglots, remercier les Dieux d'avoir protégé son fils.

« Excusez-moi Chef mais, il y a l'Ancienne qui vous demande » - déclara soudain un pwishien, visiblement sorti du néant, à l'adresse de Erg.

« Ah bon ? - s'étonna ce dernier. À quel sujet ? »

« Je ne sais pas. Mais elle a dit que c'était important, et que le chef de Beurk devait venir aussi » - termina le messager, en considérant avec inquiétude le dernier cité en se disant, qu'après tout, qu'une petite visite chez la guérisseuse ne lui ferait pas de mal.

à suivre