Réponses à quelques commentaires
Raviolissimax: Je sais que le thème du "Harold Banni" ou du "Harold en auto-exil" est très récurrent. J'ai moi-même lu un nombre incalculable de fics sur le sujet. Mais elles ont cependant quasiment toutes le même défaut qui est celui qu'Harold est toujours banni, ou se banni lui-même, à cause de Krokmou.
Néanmoins, c'est un thème qui me plaît. Et j'ai dû trouver autre chose pour ne pas faire la même erreur.
Bon, dans ma fic il est aussi banni à cause d'un dragon. Mais à vrai dire, celui-ci n'a été que l'excuse pour se débarrasser d'Harold qui a plutôt été chassé à cause de sa trop grande différence.
Chapitre 7
La Grogne Boîteur était piégé, enchaîné, terrorisé et condamné. Il le savait.
Contrairement à ce que ces abrutis d'humains pensaient, les Dragons étaient des créatures très intelligentes.
Et puis, si les Hommes transmettaient, depuis des siècles, à leur progénitures l'art et la manière de tuer des dragons ces derniers, eux, se contentaient seulement de mettre en garde leurs plus jeunes sur l'orgueil, la stupidité aveugle et surtout la cruauté du genre humain. Mais apparemment, ce pauvre Grogne Boîteur n'avait pas été assez attentif. De même que son compagnon d'infortune, un Coupeur de Pluie, lui aussi retenu prisonnier à quelques mètres plus loin.
Apparemment, leurs geôliers trouvaient très distrayant de torturer n'importe quel être vivant. Même leurs semblables. C'était là une tare propre à leur espèce.
Le Grogne Boîteur ne connaissait aucune créature capable d'une telle monstruosité. Même les Dragons – supposés être la mal incarné – étaient parfaitement incapables d'une telle chose. Sauf peut-être quelques Alphas un peu trop enivrés par le pouvoir. Mais, à la différence des humains, ils ne faisaient pas durer le plaisir. C'était toujours rapide et quasi-indolore.
D'ailleurs, en cet instant, il ne ressentait presque plus aucune douleur tellement il avait perdu de sang à cause de ses bourreaux. Et bien qu'il se sentait partir doucement, il était encore assez lucide pour entendre et comprendre ce que disaient un peu plus loin les dominants de cette sympathique bande.
« Excuse-moi Alvin mais, même si je trouve le spectacle amusant, ton plan n'a pas l'air de fonctionner »
« Tu as peut-être une meilleure idée pour l'attirer Dagur ? » - répliqua le premier nommé vexé.
« Oui ! Il en faut beaucoup plus que ça ! Sinon, je ne pense pas qu'il se remuera ! Toi franchement, tu te précipiterais pour seulement deux de tes hommes ? »
Le Grogne Boîteur réalisa ce que ces deux ignobles humains avaient en tête en les torturant lui et le Coupeur de Pluie. Ce n'était pas seulement pour le plaisir. Ils voulaient l'attirer « Lui » ! Ils voulaient le leur prendre ! Mais il n'en était absolument hors de question ! Leur plan ne devait pas fonctionner ! Il ne devait pas les secourir ! Il ne fallait pas qu'il tombe entre leurs mains !
Alors que l'obscurité l'enveloppait de plus en plus, le pauvre dragon priait pour qu'Il ne soit pas sur le chemin car, contrairement à ce que l'autre demeuré pensait, son Prince était assez fou pour venir secourir deux des siens. Et puis, de toutes manières, ça ne rimerait à rien parce qu'il était nettement trop tard pour lui comme pour son compagnon.
Néanmoins, il se consolait en se disant qu'un jour ou l'autre que leur mort serait vengée. Que leur Prince la leur fera payer à ces humains.
Harold se réveilla en sursaut.
Il était en sueur, la respiration haletante et les yeux hagards.
Il regarda tout autour de lui pour constater qu'il était bien dans les « quartiers privés » improvisés dans la cale du drakkar beurkien.
Il se redressa doucement en position assise dans sa couchette, en se passant les mains, de bas en haut, sur son visage jusque dans ses cheveux, et en soupirant lourdement.
« Bordel ! » - jura t-il d'une voix à la fois énervée et sanglotante.
Il resta encore un moment comme ça, avant de sursauter à cause du tambourinement à sa porte.
« Harold Trésor ! - minauda Kognedur depuis l'autre côté du bois. Il faut se réveiller ! Le petit-déjeuné est prêt ! »
« À moins que son Altesse préfère le prendre dans ses appartements ? » - railla Rustik avec condescendance, avant qu'un curieux bruit de claques ne se fasse entendre.
« La ferme Abruti ! » - s'énervèrent en chœur Astrid et Kognedur.
« J'ARRIVE ! » - cria Harold en remerciant mentalement les deux filles d'en avoir collé une à l'autre idiot, et en priant également pour qu'il n'insiste pas plus, parce que sinon, la journée risquait de ne pas se terminer sans un meurtre.
Il n'était vraiment pas d'humeur à le supporter.
Il poussa un nouvel énorme soupir blasé. Puis, il balança brusquement ses couvertures sur le côté, avant de se lever d'un bond.
Il alluma une des petites lampes à huile présentent dans la pièce, malgré le fait qu'il n'en avait pas vraiment besoin pour y voir clair. C'était juste pour sauver les apparences au cas où quelqu'un aurait l'idée d'entrer sans y avoir été invité.
Il alla ensuite s'asperger le visage avec l'eau de la bassine qu'on lui avait laissé dans un coin. Elle était certes glacée mais, c'était néanmoins parfait de son point de vue. Non seulement ça lui dés-embrouillerait l'esprit, mais ça aurait aussi le mérite de le réveiller.
Après quoi, il s'habilla sans pour autant s'armer jusqu'aux dents parce que, pour le moment, ce n'était pas nécessaire.
Ensuite, il monta sur le pont en se disant qu'il avait bien fait de mettre son manteau, car la matinée était assez fraîche, et la brume ainsi que le ciel couvert n'aidaient pas à remonter la température.
« Viens par ici toi ! » - se fit-il surprendre par Kognedur, sortie de nul part, qui l'avait attrapé par un bras, et qui le traînait dorénavant vers l'avant du bateau.
Les quatre autres membres du Club des Cinq y étaient déjà installés avec tout un tas de boustifailles.
La fille Thorston le fit s'asseoir à environ un mètre de distance à la droite d'Astrid, et prit bien soin de s'installer elle-même dans cet espace vide en adressant un curieux sourire à l'Hofferson à la fois faussement innocent et provocateur.
Ce spectacle fit fortement renifler Rustik de dégoût.
D'ailleurs, concernant ce dernier, Harold avait du mal à contenir son fou rire à cause des deux marques encore bien rouges en forme de main sur chacune de ses joues.
« Bien dormi ? » - lui demanda poliment Varek.
« C'est plutôt à Astrid qu'il faut poser la question. Elle a des insomnies » - lui répondit-il ironiquement prenant un peu de tout pour son petit-déjeuné.
La sus-nommée devint écarlate lorsque les regards suspicieux des autres se braquèrent sur elle, et voulant clairement sous-entendre : « Comment il sait ça lui ? »
« Et bien, j'ai été réveillée par un bruit – que j'ai sans doute rêvé – je suis montée sur le pont où j'ai croisé Harold. C'est tout ! » - expliqua t-elle brièvement et calmement, malgré ses envies de meurtres soudaines.
« C'est tout ? Comme ça ? » - insista Kognedur avec méfiance.
« Peut-être pas non plus. On a quand même discuter deux ou trois minutes avant qu'elle ne retourne sa coucher » - précisa l'Haddock d'une voix neutre, avant de croquer à pleines dents dans sa pomme.
Astrid fut soulagée que celui qui avait lancé ce malentendu le dissipe de lui-même. Finalement, elle n'aurait pas à le tuer !
« Au fait Kognedur – continua Harold. Comment tu as deviné que j'adore les saveurs menthe et chocolat combinés ? »
L'interpellée afficha un large sourire satisfait.
« Contente de savoir que mon petit cadeau t'a plu ! Quant à savoir comment j'ai fait pour deviner tes préférences et bien, comme tu vas souvent sur Pwish, je me suis dite que tu devais quand même aller un peu chez tous les commerçants. Pas seulement à la forge. Et lorsque j'ai eu la confirmation que tu allais de temps en temps à la pâtisserie, j'ai tout simplement demandé à la vendeuse ce que tu achetais le plus souvent. Voilà ! » - exposa t-elle avec une légère suffisance.
Tous les autres la regardèrent comme s'il lui était poussé une seconde tête.
« Eh ! Je ne suis pas si bête que j'en ai l'air ! » - s'offusqua t-elle.
« T'étais là toi ! Je te cherchais ! « - salua Gueulfor, surgit du néant, son ancien apprenti avec une bonne claque dans le dos, manquant de peu de le faire s'étouffer avec le morceau de pomme qu'il avait dans le bouche.
Apparemment, personne n'avait ni vu ni entendu l'amputé approcher.
« Et pourquoi tu me cherchais ? » - demanda Harold le souffle coupé, et en ravalant sa salive comme s'il cherchait à remettre son œsophage à la place adéquate.
« C'était pour savoir si tu as déjà été sur l'île de Rix ? »
« Oui. Pourquoi ? »
« Juste pour avoir une idée de ce qui nous attends, car on devrait y accoster pour nous y ravitailler d'ici deux heures. Si tout se passe bien »
Les Rixiens n'étaient pas spécialement connus dans le Monde Barbare. À vrai dire, ils étaient l'un des plus petits clans vikings. Ils ne faisaient jamais parler d'eux dans la mesure où ils ne cherchaient pas à s'allier avec qui que se soit. Les seules relations qu'ils entretenaient avec les autres clans étaient purement commerciales.
Ils étaient, certes, une petite tribu mais, cependant, une tribu riche car, même si leur île était également petite, ils s'étaient néanmoins installés sur la bonne. En effet, celle-ci possédait une terre cultivable extrêmement productive, et ses parties rocheuses pullulaient de mines de divers métaux et minéraux. Toute la fortune de ce clan venait de là.
Toutefois, ils ne commerçaient pas avec tout le monde. Ils se méfiaient plus de certaines tribus que d'autres.
Mais, malgré le fait que Beurk et Rix n'avaient aucunes relations, Harold leur avait garanti qu'il n'y avait rien à craindre côté accueil. Il ne serait peut-être pas exceptionnel, du fait que leurs deux clans ne se connaissaient pas, mais il ne serait pas hostile non plus.
Varek avait même fait remarquer intelligemment que se serait sans doute là une occasion de justement créer des liens.
Ils avaient maintenant débarqué, et comme Harold l'avait prédit, on ne leur avait pas déroulé le tapis rouge.
Toutefois, le chef avait tout de même fait le déplacement pour les accueillir. Probablement plus par curiosité que par diplomatie. Et puis, il devait aussi se demander ce que les Beurkiens faisaient si loin de chez eux.
« Effectivement, c'est beaucoup plus petit que Pwish, voire même que Beurk ! » - constata Gueulfor en observant les lieux.
« Ouais ! Mais c'est aussi beaucoup plus friqué ! » - rappela Kranedur.
« Eh ! Vous ne savez pas où est Harold ?! - les héla Kognedur en revenant en courant vers eux. Le temps que je regarde vite fait ailleurs, à peine une seconde, il s'était volatilisé ! »
« Et tu ne te dis pas que c'est peut-être parce que tu le saoules qu'il s'est barré ? » - railla son frère.
« Tout à fait d'accord ! - convint Rustik. Franchement, arrête de le coller comme ça ! Il n'a plus cinq ans ! Il est assez grand pour se promener parmi des inconnus tout seul ! »
« Sans compter que ça ne te préoccupait pas avant de savoir où il était » - renchérit Astrid avec un air de défi.
Varek, lui, ne dit rien, mais nota un point supplémentaire dans la colonne d'Astrid.
Un peu plus tard, après que le chef de Rix les eut invité à prendre un peu de repos sur son île, les Beurkiens s'étaient dispersés et visitaient les lieux.
Varek était allé à la bibliothèque.
Kognedur avait renoncé, pour le moment, à retrouver Harold, et était partie avec son frère et Rustik seuls les Dieux savaient où.
Quant à Astrid, elle avait décidé d'honorer la promesse faite à elle-même consistant à acheter un cadeau d'anniversaire pour Harold.
Le problème, c'était qu'elle n'avait absolument pas la moindre idée de quoi !
Les Vikings avaient pour habitude de s'offrir des armes. Mais Harold était forgeron. Alors, s'il en voulait une, il avait juste à se la faire. Et Kognedur avait déjà eut l'idée du miam miam.
Ce fut à ce moment-là qu'une terrible vérité s'était présentée à elle.
Il s'étaient connus durant les quinze premières années de leurs vies, et pourtant, elle venait seulement de réaliser qu'elle ne savait rien de lui. Elle ignorait absolument tout de ses goûts. Enfin, à part, à présent, la menthe et le chocolat grâce à la fille Thorston.
« Et bien Astrid ! Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Tu as l'air complètement désemparée ! » - fit soudainement la voix de Varek.
Elle leva les yeux de ses genoux – qu'elle n'avait eu de cesse de fixer depuis qu'elle s'était assise sur le rebord de la fontaine de la place centrale – pour voir l'Ingerman, revenu de la bibliothèque, debout juste à côté d'elle.
« J'ai effectivement un problème – soupira t-elle. J'ai dans l'idée d'acheter un cadeau d'anniversaire pour Harold et, je viens seulement de me rendre compte que, malgré qu'on ait grandi ensembles, je ne le connais pas »
« Je vois – souffla t-il avec compassion en s'asseyant à côté d'elle, avant d'ajouter : Si déjà toi, tu te sens coupable. Imagine comment notre chef doit se sentir lui, alors qu'il l'a même élevé tout seul »
« Comment ça ? » - lui demanda t-elle perplexe.
« Il a le même problème que toi. Lui aussi veut lui offrir quelque chose. Et il vient, lui aussi, de s'apercevoir qu'il ne sait rien de son propre fils. Heureusement, il a Gueulfor pour lui souffler quelques idées. Tu devrais peut-être aller lui demander conseil toi aussi »
C'était triste et dur à reconnaître mais, la seule personne sur Beurk ayant prit la peine de s'intéresser à ce garçon était son mentor. Et encore, Astrid n'était pas sûre qu'Harold disait tout sur tout au forgeron.
Il y avait une trop grande différence d'âge entre eux.
Il y avait certaines choses que les jeunes préféraient plutôt confier à des personnes de leur génération. Mais comme Harold n'avait personne d'autre que l'amputé à qui parler, Dieux qu'il avait dû se sentir atrocement seul et frustré émotionnellement parlant.
Ça expliquait sans doute pourquoi il y avait toujours cette espèce d'aura électrique qui émanait de lui à chaque fois qu'il cherchait la reconnaissance de son père. Tous ces sentiments contradictoires et violents qu'il parvenait tant bien que mal à canaliser.
« Tant qu'on a la possibilité de parler tranquillement : Est-ce que tu as réfléchi sur la Prophétie des Dragons ? » - interrogea Varek sans prévenir.
« Pardon ? » - s'étrangla t-elle à moitié.
« Je voudrai savoir si... »
« J'ai parfaitement compris ! C'est juste que je ne vois pas pourquoi j'aurai réfléchi là-dessus ! »
« Parce qu'il y a des détails dans cette prophétie qui sont préoccupants. Et je pensais que tu les aurais remarqué »
« Et qu'est-ce qu'i remarquer ? »
L'Ingerman n'eut pas le temps de répondre car, à peine avait-elle fini de poser sa question, que des cris terrorisés se firent entendre. Ils venaient apparemment des quais.
Astrid et Varek bondirent sur leurs pieds et se précipitèrent dans cette direction.
Il y avait tout un tas de gens qui couraient à contre-sens en continuant de hurler d'effroi. Des bruits de bataille se faisaient également entendre.
Ils s'emparèrent alors de leurs armes, et lorsqu'ils arrivèrent à destination, ils virent que des Bannis et des Berserks avaient débarqué et attaquaient le village.
Les guerriers rixiens tentaient comme ils le pouvaient de les repousser.
Les deux amis virent de plus en plus de beurkiens, affluer tout comme eux, pour venir leur prêter main forte.
L'Hofferson se faisait une joie de planter sa hache dans tout ennemi qui se présentait, car elle avait un petit compte à régler avec eux. Elle n'avait pas du tout oublié ce que certains de leurs collègues avaient tenté de lui faire.
« BAISSE-TOI ASTRID ! » - le prévint Varek lorsqu'il envoya valser dans sa direction, sans faire exprès bien sûr, un berserk auquel il avait donné un tel coup de masse qu'il s'était littéralement envolé, et avait atterri dans l'eau.
Il y avait peu de chance pour qu'il en sorte indemne.
« ESSAYEZ D'EN AVOIR UN VIVANT ! » - leur ordonna Stoïck, lui aussi venu se joindre à la mêlée.
Tout comme Rustik, les jumeaux et Gueulfor qui ne vit pas un banni arriver en douce dans son dos.
« GUEULFOR ! DERRIERE TOI ! » - s'horrifia Astrid.
Mais avant que l'amputé ne puisse réagir, l'autre lâche s'était fait trancher la gorge par un Harold sorti de nul part, et visiblement en pétard.
« Ouf ! Excellent timing, mon garçon ! » - fit le forgeron soulagé.
Mais son sauveur ne sembla guère y prêter attention, et alla à son tour se jeter dans la bagarre, massacrant dans une rage à la fois étonnante et choquante, tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un banni ou à un berserk.
Bien entendu, aucune personne censée n'aimait ces deux clans mais, pour Harold, ça semblait être pire que de la haine à la façon dont il y allait franco.
Et contrairement à ce que son père avait suggéré, lui, il n'avait pas du tout l'intention d'en laisser vivre aucun.
La bataille dura encore plusieurs minutes puis, le calme plat, hormis les respirations poussives des survivants, revint.
« IL N'Y EN A PLUS ? » - questionna le chef rixien.
« SI ! ENCORE UN ! » - s'écria un des assaillants, en se remettant vivement sur ses pieds, juste derrière Harold qu'il avait décidé de prendre en otage en lui enserrant le cou d'un bras, et en lui agitant une dague sous le nez.
« HAROLD ! » - paniqua Stoïck qui sentit son intestin se tordre à la pensée de perdre de nouveau et, cette fois-ci, définitivement son fils.
Astrid avait commencé à se précipiter pour l'aider, car elle en avait la possibilité, et lui devait également bien ça. Mais avant qu'elle ne puisse faire quoi que se soit, l'Haddock avait empoigné le bras qui lui entravait le cou, prit un curieux élan de tout son corps et, contre toute attente et à la surprise générale, fit basculer par dessus lui son ravisseur qui avait pourtant l'air d'être trois fois plus lourd que lui.
« ATTENDS ! NE LE TUES… Trop tard » - soupira Gueulfor qui avait voulu lui dire de l'épargner.
Mais à peine l'autre idiot avait atterri plus que lourdement sur le dos, qu'il s'était retrouvé avec une épée plantée dans le cœur.
Tout le monde était estomaqué. Tant par les compétences au combat d'Harold, que par le fait qu'il venait de soulever et d'étaler sans mal un mec beaucoup plus épais que lui, mais aussi par son étrange état de rage durant la bataille à l'encontre des assaillants de Rix.
Maintenant, il était là, à leur tourner le dos et à fixer l'horizon sans bouger, tandis que le monde autour de lui revenait doucement à la vie. Et curieusement, personne n'osait pour le moment l'approcher ou lui dire quoique se soit.
De son côté, Astrid commençait un peu mieux à comprendre d'où lui venait cette petite voix dans la tête lui préconisant d'éviter de mettre Harold en colère.
Néanmoins, elle ne voyait pas en quoi une attaque des autres dégénérés avait pu le mettre en rogne, car ce n'était pas nouveau de leur part.
Il resta encore quelques instants ainsi. Puis, il fila sans que personne ne s'en rende compte. Hormis Astrid qui ne l'avait pas lâché des yeux, et qui avait décidé de le suivre.
L'étrange course poursuite se fit sur une bonne partie du village se remettant doucement de son agression. Et la blonde pestait contre le fait qu'il possédait désormais de plus longues jambes qu'elle. Mais elle finit tout de même par le rattraper dans une petite ruelle déserte, où il s'était arrêté, toujours le dos tourné.
« Qu'est-ce que tu veux Astrid ? » - lâcha t-il contre toute attente.
L'enfoiré ! Il savait depuis le début qu'elle le suivait !
Cependant, le mystère était de savoir comment, car il ne s'était pas retourné une seule fois.
Elle essaya comme elle put de cacher son trouble, et de lui demander avec assurance :
« Je peux savoir ce qu'il t'a prit avec les autres tarés ? »
Il se retourna lentement vers elle, avec cette expression totalement impassible, dont lui seul avait le secret apparemment.
Bon sang ! Dieux qu'elle détestait ce visage et ce regard complètement vides, parce qu'elle ne savait pas du tout comment les interpréter ! Et, le fait qu'il soit si détaché alors que ses vêtements et sa figure comportaient quelques traces de sang, avait le don de lui procurer des frissons dans le dos.
« Qu'est-ce que tu veux dire par là ? » - fit-il calmement.
« Non mais, tu te fiches de moi là ?! » - s'outra t-elle en franchissant l'espace qui les séparait, mais en s'arrêtant cependant à une distance raisonnable.
« Je ne comprends toujours pas où tu veux en venir »
Lui, par contre, n'avait ni réagi ni bougé d'un poil à l'approche courroucée d'Astrid.
« Que tu ne raffoles pas des Bannis et des Berserks, ça, je peux le comprendre ! Mais t'étais vraiment obligé d'être encore plus sauvage qu'eux ?! Je t'aie bien observé durant le combat, et tu as eu plus d'une fois l'occasion d'en épargner ! Hors, tu n'en as rien fait ! Tu ne leur as laissé aucune chance ! Bon, je sais qu'eux ils ne l'auraient pas fait ! Mais ce n'est pas une raison pour se comporter comme eux ! Franchement, je ne sais pas ce qu'ils t'ont fait pour que tu... »
Elle fut nettement coupée dans sa tirade par Harold qui, d'une main, lui avait agrippé la nuque, l'avait brusquement tiré vers lui, pour finir par sceller leurs lèvres ensembles.
Néanmoins, ce baisé ne dura à peine que trois secondes à tout casser.
« Tu parles trop Hofferson » - lui lança t-il, avant de la planter là, au milieu de cette ruelle, l'air complètement hagard.
Et, il lui fallut quand même un moment pour réaliser ce qu'il venait de se passer, et de se sentir devenir rouge pivoine avec le cœur sur le point de lâcher.
... à suivre
