Chapitre 16

Une fois que le Conseil provisoire des Beurkiens se fut terminé, Gueulfor avait prit la décision de retourner à la taverne car, avec tous ces événements, il pensait avoir besoin d'une bonne chope de bière, parce qu'il risquait de ne pas pouvoir terminer la journée sans s'écrouler.

Il avait proposé à Stoïck de venir car, s'il y avait une personne qui avait besoin d'un remontant s'était bien lui.

Toutefois, le Chef de Beurk avait décliné l'offre et avait, à la place, préféré aller s'enfermer à double tour dans sa cabine. Et ce, probablement soit pour y pleurer à chaudes larmes, soit pour y examiner tranquillement les bleus que Valka avait dû lui faire un peu partout, ou voire peut-être même les deux.

D'ailleurs, personne n'avait osé aborder le sujet de l'épouse présumée morte depuis près de vingt ans, qui était ensuite réapparue sans prévenir et qui, en guise de câlin de retrouvailles, s'était contentée de lui hurler et lui taper dessus de toutes ses forces.

Par contre, les membres du Club des Cinq avaient bien volontiers accepté l'offre du forgeron.

Cependant, ils avaient dû retraverser une bonne partie du village, dont l'ambiance et l'animation avaient changé de façon radicale. Ce qui était légèrement flippant. Et pas seulement à cause des dragons qui se baladaient un peu partout en totale liberté.

Dratz qui, à leur arrivée, avait eu complètement l'air d'un coupe-gorges à cause de l'ambiance sombre et hostile qui y régnait, était à présent tout le contraire. Les habitants, maintenant souriants, déambulaient dans leurs rues et, continuaient leurs tâches quotidiennes avec l'aide de dragons comme si l'attaque de plus tôt n'avait jamais eu lieu.

Par ailleurs, durant tout le trajet, le groupe dû se baisser à maintes reprises, afin d'éviter à leurs têtes d'entrer en collision avec des Terreurs Terribles volant dans tous les sens.

« C'est incroyable ! » - ne put toutefois s'empêcher de s'extasier Varek.

Mais non sans être aussi tendu qu'un arc que ses camarades, à cause de la crainte qu'ils éprouvaient à être cernés de toutes parts par des dragons, alors qu'ils étaient complètement désarmés.

En effet, même si la première fois qu'ils étaient venus aux village, on les avait autorisé à garder leurs armes, la deuxième fois avait été légèrement différente. Quelqu'un à l'entrée les avait prié de les laisser sur leur drakkar pour éviter le moindre incident avec les dragons, et donc, pour garantir en quelques sortes leur propre sécurité car, il leur avait expliqué que les dragons avaient tendance à se sentir menacer par toutes personnes leur étant inconnues et armées.

Bien entendu, hormis Astrid et Varek, les autres s'étaient montrés des plus récalcitrants à obéir mais, s'empressèrent de le faire lorsque leur interlocuteur leur avait lancé d'un air et d'un ton faussement innocents :

« Faites comme vous voulez ! Mais si jamais un dragon se retrouve, ne serait-ce qu'égratigné et que, vous en êtes responsables : Sachez que, je n'aimerais, en aucun cas, être à votre place quant vous devrez vous justifier à Harold ! »

Et Astrid ne put s'empêcher de rire intérieurement à la crainte que leur inspirait maintenant Harold.

Qui aurait crût ça, il n'y avait pas encore si longtemps ?

Les rôles étaient, comme qui dirait, inversés dorénavant !

« Piouf ! » - souffla de soulagement Gueulfor en s'écroulant sur sa chaise.

« Ouais ! J'aurais pas dit mieux ! On a réussi à venir jusqu'ici sans se faire dévorer ! » - convint Rustik.

« N'importe quoi ! - s'offusqua Astrid. Harold dit que les Dragons ne dévorent pas les gens ! »

« Oh ! Si c'est son Altesse qui le dit ! Alors, c'est forcément incontestable ! » - railla t-il avec condescendance.

« Rustik n'a pas complètement tort de douter – intervint Kognedur. Si les Dragons ne dévorent réellement pas les gens : Comment t'expliques pour le bras et la jambe de Gueulfor ici présent ? »

« Légitime défense ! De la part des dragons bien entendu ! D'ailleurs, je vous fait remarquer qu'ils ne l'ont pas entièrement dévoré, alors qu'ils en avaient plus que l'occasion ! »

« Mouais ! Moyennement convaincu ! » - renifla Kranedur avec une moue dubitative.

« Dans ce cas, comment VOUS vous expliquer pour la mère d'Harold ? Parce que moi, personnellement, je l'ai trouvé drôlement vivante, entière et en forme pour quelqu'un qui a été, soit-disant, dévoré par des dragons il y a près de vingt ans ! » - leur lança Astrid avec un air de défi.

D'ailleurs, elle se délecta de les voir s'échanger des regards perplexes peut-être dans l'espoir de trouver de nouveaux arguments écrits sur le front des uns et des autres. Mais, ils demeurèrent silencieux.

Elle leur avait apparemment cloué le bec.

« Alors comme ça, la furie de tout à l'heure qui a tabassé le Chef, c'est la mère d'Harold ? » - finit par demander Kranedur à l'adresse de Gueulfor.

« Et oui » - soupira le forgeron, avant de boire une gorgée de la bière qu'on lui avait servi pendant leur moment de silence.

« Si elle était vivante durant tout ce temps : Pourquoi est-ce qu'elle n'est jamais revenue ? Ou même fait savoir qu'elle était vivante ? » - questionna à son tour Kognedur.

« Parce que, comme elle l'a elle-même dit, elle pensait qu'Harold serait mieux sans elle – lui répondit Varek, avant d'ajouter plus songeur : Je me demande d'ailleurs pourquoi elle croyait ça »

Gueulfor soupira de nouveau lourdement en reposant doucement sa chope.

« Apparemment, vos parents ne vous ont pas beaucoup parlé d'elle » - constata t-il.

« Non – reconnut Varek. On sait seulement qu'elle a été enlevé par un dragon il y a vingt ans »

« Et puis, on a pas tellement cherché à en savoir plus non plus » - fit remarquer Kognedur.

« Oui ! Après tout, qui s'intéresserait à la femme qui a mit au monde la plus grosse tâche dans l'Histoire de Beurk ? » - leur lança Astrid avec une pointe de dédain.

« Ah, parce que toi, tu t'y es intéressée peut-être ? » - répliqua Kranedur assez vexé.

« Aussi surprenant que cela puisse paraître, les réponse est « OUI » ! J'ai essayé, il y a quelques années, d'en savoir plus sur elle ! Mais mes parents n'ont jamais voulu me dire quoique se soit ! »

« Et, tu sais pourquoi ? » - lui demanda Gueulfor.

« Non »

« Et bien moi, je vais te le dire ! - déclara l'amputé, avant de reprendre une gorgée de sa bière et, de reprendre : Valka a toujours été très gentille, sociable, aimable etc... De même qu'une épouse fidèle et dévouée. Mais, hormis sa cuisine des plus désastreuse, elle avait cependant un énorme autre défaut. Un défaut des plus embarrassant. En particulier pour Stoïck. Voyez-vous, elle avait les Dragons dans la peau. D'ailleurs, elle n'en a jamais tué aucun. Elle a toujours refusé de les combattre. Et quand elle intervenait pendant les raids, ce n'était jamais pour défendre le village mais, plutôt pour défendre les Dragons. Elle n'hésitait pas à brandir une arme contre l'un des siens pour défendre un dragon »

« Ouah ! Carrément ! » - s'exclama Kranedur soufflé.

« Je comprends un peu mieux la honte éprouvé par mon oncle. Et aussi pourquoi personne n'en parle jamais. D'ailleurs, je dirais même qu'elle faisait encore pire qu'Harold » - lança Rustik.

« Et moi, je ne vois toujours pas le rapport avec le fait qu'elle ne soit jamais revenue à cause de lui » - fit Kognedur.

« Mais c'est évident, voyons ! - lui répondit Varek. Elle était déjà une sacrée épine dans le pied de l'Honneur de son mari. Et, elle ne voulait pas en devenir également une dans celui de son fils. Sans compter qu'à l'époque, elle devait être tout comme nous très loin de se douter de ce qu'il était réellement. Et, c'est plutôt ironique quant on y pense »

« Comment ça ? » - l'invita à développer Gueulfor.

« Et bien, je veux seulement dire que c'est assez drôle et curieux en même temps que, se soit justement une femme qui a toujours eut les Dragons en adoration qui a aussi donné naissance à leur Prince »

« Je constate que vous êtes en train de parler de notre chère « Mère des Dragons » » - fit remarquer une voix féminine.

Ils tournèrent tous de concert la tête pour voir qu'il s'agissait de Sigrun, se trouvant juste à un mètre de leur table et qui, tenait et caressait dans ses bras un Terreur Terrible entièrement blanc ne semblant pas mécontent de son sort.

Maintenant qu'ils avaient l'occasion de voir la jeune femme de beaucoup plus près, ils purent voir qu'elle avait de magnifiques grands yeux couleur menthe à l'eau pourvus de grands cils. Elle avait aussi une fine bouche bien dessinée aux lèvres pâles.

Il fallait admettre qu'elle était vraiment belle.

Tous les homme devaient jalouser Erik à en crever.

« N'allez pas croire que j'écoutais – les rassura t-elle. C'est tout à fait par hasard que j'ai entendu un bout de votre conversation »

« Tu es bien la fiancée d'Erik, c'est ça ? » - demanda Gueulfor.

« Tout à fait ! - confirma t-elle. Moi, c'est Sigrun ! Et lui, c'est Flocon ! » - déclara t-elle en désignant le petit dragon pelotonné dans ses bras qui redressa vivement la tête pour observer les interlocuteurs de sa maîtresse.

Ils eurent d'ailleurs l'immense surprise de constater qu'il avait les yeux bleus. Du jamais vu pour un dragon de cette espèce.

« Il est vraiment inhabituel ton Terreur » - lui fit remarquer Varek en observant la créature d'un air vraiment perplexe.

« C'est parce qu'il est albinos – lui révélé t-elle. Et oui ! Ça peut arriver aussi chez les Dragons ! Mais comme pour les autres espèces, c'est reste extrêmement rare »

« Vraiment ?! » - sembla s'enthousiasmer l'Ingerman en s'emparant de son carnet de notes et, de se mettre à griffonner frénétiquement.

En le voyant si fébrile, Sigrun jugea bon de lui demander, assez confuse cependant :

« Tu t'intéresses aux Dragons ? »

« Disons que je les ais toujours trouvé fascinants et que, j'ai toujours également pensé qu'il y avait beaucoup plus à savoir sur eux que ce que le manuel officiel en dit ! »

« Et tu as parfaitement raison ! Vous êtes vraiment à des lustres de tout savoir sur eux ! »

« Tu insinues qu'on est de gros ignares ? » - lui lança Rustik acide.

« Oui – lui répondit t-elle impassible. Mais on ne peut pas trop vous en vouloir car, après tout, nous aussi il y a quelques années encore on l'était complètement. Et ce, jusqu'à ce que Valka et Harold débarquent dans nos vies »

Le Jorgenson allait répliquer autre chose mais, le coup de crochet de Gueulfor sur sa tête l'en dissuada. Il lui lança aussi un regard d'avertissement assez noir pour lui rappeler qu'ils avaient à faire à la future belle-fille du chef de l'île où ils se trouvaient.

« Pourquoi tu appelles la femme de notre chef « Mère des Dragons » ? » - lui demanda Astrid essayant de ne pas sourire d'hilarité à ce qu'il venait de se passer.

« Parce que c'est, en quelques sortes, ce qu'elle est pour eux. Elle a vécu parmi eux durant ces vingt dernières années. Et elle se comporte avec eux comme une vraie mère. Elle a même recueillit et élevé pas mal de bébés dragons orphelins. La dragonne d'Erik est d'ailleurs un de ceux-là »

« Bah, ils étaient où leurs parents ? » - demandèrent en chœurs les jumeaux.

Elle les considéra gravement, avant de répondre :

« Disons que, je pense que vous devriez être en mesure de le deviner tout seul étant donné ce que vous faites en général aux dragons sur votre île »

Après quoi, elle tourna les talons et les planta là complètement hébétés, voire penauds, pour ceux qui avaient déjà comprit ce qu'elle avait voulu dire.


Stoïck était littéralement affalé sur son bureau, la tête entre ses bras, à se laisser – émotionnellement parlant – dériver comme l'épave qu'il était actuellement. Dire qu'il ne savait plus où il en était aurait été un euphémisme. Il ne savait plus quoi faire ni penser.

Les Dieux s'étaient montrés particulièrement cruels avec lui depuis vingt ans.

Non ! C'était trop facile ! C'était une échappatoire de lâche que de tout rejeter sur les Dieux !

Ce qu'il lui arrivait était entièrement de sa faute !

Même si sa femme et son fils n'étaient pas morts comme il l'avait pensé durant des années, il les avait quand même perdus car, c'était uniquement à cause de ses actions que maintenant, tous deux, le haïssaient !

Et puis, cette histoire de Prince des Dragons le faisait sombrer encore plus dans l'incompréhension.

Étaient-ce les Dieux ou, tout bonnement, les Dragons qui le détestaient ?

Ces maudits lézards lui avaient tout prit !

Ils avaient d'abord envoûté et enlevé l'Amour de sa vie ! Puis, comme si cela n'avait pas été suffisant sur tous les garçons nés il y a vingt ans, il avait fallu que se soit le sien qui soit leur Prince !

D'ailleurs, il en était venu à se demander si ce n'était pas l'œuvre du Destin si ce fut justement pour avoir libéré un dragon qu'il s'était vu contraint de bannir son propre fils.

Et maintenant qu'il y repensait, un horrible doute s'était emparé de lui !

Il disait tout le temps qu'un chef doit protéger les siens ! Et Harold était une sorte de chef pour les Dragons ! Alors, était-ce vraiment un accident ce qui est arrivé ce jour-là?! Est-ce qu'Harold avait délibérément délivrer ce Cauchemar Monstrueux, en parvenant à faire passer ça pour une nouvelle maladresse de sa part ?! Est-ce qu'il a toujours su ce qu'il était ?!

Raaargh ! Trop de question douloureuses et sans réponses se bousculaient dans sa tête !

Il se redressa brusquement et, se prit la tête entre ses mains, luttant contre une nouvelle crise de larmes.

Il se disait qu'il aurait mieux fait d'accepter l'offre de Gueulfor, parce que là, il admettait qu'il avait bien besoin d'un verre ! Peut-être même de deux voire plus !

Soudainement, des coups retentirent contre sa porte, le faisant sursauter au passage.

« J'avais dit de ne pas me déranger ! » - râla t-il en tentant de cacher sa voix rauque le plus possible.

« Je sais Chef – répondit timidement le beurkien gêneur depuis l'autre côté de la porte. Mais il y a Priam qui veux absolument vous parler »

Stoïck soupira lourdement, avant de se lever pour déverrouiller sa porte et, pour y trouver derrière le trouble-fête de déprime, de même que son confrère local auquel il fit signe d'entrer.

Une fois qu'il fut dans la place, il referma la porte et, retourna s'asseoir derrière son bureau.

« On dirait que j'ai bien fait de t'amener ça ! Tu as vraiment une sale tête ! » - lui lança Priam en posant une bouteille d'hydromel sur la table.

Apparemment, il avait prévu sa détresse. Ça devait être de l'empathie entre chefs de clans.

« Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? » - demanda Stoïck en tentant de paraître le plus professionnel possible.

Toutefois, son interlocuteur ne répondit pas tout de suite. Il prit d'abord le temps de s'asseoir à son tour.

« Je suis seulement venu te dire que si tu veux vraiment connaître tous les détails de cette histoire, il faut que tu retournes dans un premier temps sur Rix. Les Cambrioleuses, les Pwishiens, de même que les Tronchkeks sont d'ailleurs déjà en route » - finit-il par révéler calmement.

« Pourquoi tous ces clans vont également là-bas ? » - s'étonna Stoïck.

« Les Cambrioleuses n'étaient pas vraiment une obligation car, tout comme nous, elles sont converties aux dragons depuis des années. Elles ont même été le deuxième clan, après nous, qu'Harold à rallier à lui. Mais vous Beurkiens, ainsi que les Pwishiens et les Tronchkeks, êtes les derniers clans – Bannis et Berserks exclus – qui n'étaient pas au courant pour ton fils »

« Alors si je comprends bien, quasiment toute l'Archipel savaient ! Et pas même moi son propre père ! » - s'indigna Stoïck.

« Dois-je te rappeler que tu as banni ton fils il y a cinq ans. Vous ne vous êtes pas quittés en très bon termes. Donc, je pense que les raisons pour lesquelles il ne s'est pas précipité vers toi en premier lieu sont évidentes. Sans compter que tu le croyais mort durant tout ce temps »

Stoïck ouvrit la bouche, la referma, la rouvrit puis, le referma de nouveau ne trouvant visiblement rien à répliquer.

« Par contre – reprit Priam, si tu tiens réellement à savoir le fin fond de toute cette histoire, je ne saurais mieux te conseiller que de te rendre sur Rix comme il l'a demandé »

Après quoi, il se leva et prit congé, afin de pouvoir laisser son confrère déprimer de nouveau tranquillement.


La journée touchait à sa fin et, le soleil commençait à décliner offrant au ciel une jolie couleur orangée.

Le groupe de Gueulfor avaient décidé d'attendre la nuit tombée pour sortir de leur refuge (la taverne) pour aller dîner dans la Grande Salle car, ils avaient entendu dire que les dragons allaient dans leurs écuries la nuit. Donc, ils avaient décidé d'attendre ce moment-là pour aller manger, histoire de s'y rendre plus détendus, excepté Astrid qui avait totalement confiance en les dires d'Harold. D'autant plus qu'elle était montée sur le dos du soit-disant plus féroce et dangereux des Dragons et, elle était toujours vivante et entière.

Elle venait d'atteindre les quais quasi-déserts, lorsqu'une grande silhouette sombre atterrie brusquement non loin d'elle, la faisant légèrement sursauter.

« Gente Dame – la salua Harold depuis le dos de son dragon. Ça peut-être très dangereux de se promener comme ça toute seule le soir »

« Très amusant » - ronchonna t-elle.

« Comment s'est passé le « Conseil Extraordinaire » beurkien ? » - lui demanda t-il d'une voix amusée, comme s'il connaissait déjà la réponse.

« Tendu. Très tendu »

« Laisse-moi deviner : Comme ils t'ont vu avec moi sur le dos de Krokmou, ils t'ont accusé de toutes les traîtrises du monde »

« Non mais, ce n'est pas passé loin » - soupira t-elle.

Il y eut un bref silence.

« Sinon, ça te dirait de nouveau monter sur le dos de Krokmou ? Faut que je te montre quelque chose » - lui demanda t-il soudainement.

« Quoi donc ? » - s'étonna t-elle.

« Disons que c'est quelque chose qu'on ne peut pas vraiment décrire. Il faut le voir » - lui sourit-il mystérieusement.

Ce qui, bien entendu, attisa la curiosité d'Astrid. Et puis, s'il lui offrait, une fois de plus, l'occasion de voir une partie de son insaisissable monde en avant-première alors autant en profiter.

« D'accord ! » - lança t-elle en se rapprochant du duo.

Et dont le membre reptilien eu la galanterie de se coucher pour qu'elle puisse grimper plus facilement sur son dos.

« Tu l'as bien éduqué » - plaisanta t-elle.

« N'est-ce pas – lui répondit-il sur le même ton, avant d'ajouter plus sérieusement : Toutefois, tu vas monter cette fois-ci devant moi »

« Ah bon ! Pourquoi ? » - s'étonna t-elle.

« Tu verras » - lui fit-il en l'aidant d'une main à se hisser.

« Ne me dis pas que c'est pour pouvoir mieux me jeter par-dessus bord une fois qu'on sera assez haut ! » - s'indigna t-elle faussement.

« Non, ne t'inquiète pas ! - rit à moitié l'Haddock. Par contre, tu vas fermer les yeux et, les rouvrir que quand je te le dirais »

Elle s'exécuta sans discuter, sachant pertinemment qu'il n'allait pas lui répondre tout de suite pourquoi. Mais non sans ressentir quand même une petite appréhension se demandant ce qu'il tramait dans son indéchiffrable cerveau.

Après quoi, le dragon décolla à une vitesse vertigineuse sous les yeux hagards de Stoïck qui les avait observé de loin.

Le Chef de Beurk se sentit défaillir car, il commençait à comprendre ce que Gueulfor avait essayé de lui dire l'autre soir.

Malheureusement, il avait la nette impression qu'il était déjà trop tard.

à suivre