J'ai mal à l'arrière de la tête. Il fait noir. J'ai l'impression d'être compressé comme si j'étais dans un métro trop plein, et que j'étais par terre. Mais j'ai pas l'impression d'étouffer. En fait je constate que je respire plus. Je suis mort ? Non, je peux sentir mes doigts bouger, et j'arrive à tourner la tête. Et puis j'ai soif. On peut pas avoir soif si on est mort, si ? Je vois un peu de lumière nocturne venant de dessus. Et j'ai l'impression de voir des silhouettes vaguement humaines se monter les unes sur les autres pour aller en haut. Qu'est-ce qu'il se passe ?
Je commence doucement à flipper. Je fais un effort monstre pour essayer de me concentrer. Je remarque que mon impression n'en est pas vraiment une, je suis sous un tas de gens qui s'entre-piétine pour remonter jusqu'à la lumière. J'ai soif. Je vais encore attendre, ça m'évitera de me faire trop piétiner. Et puis de toute façon, le poids que j'ai sur moi est bien trop grand, je peux pas me dégager. Mais je sens que ça ne va pas tarder. J'ai soif. Je réalise que ma soif m'entête.
Je sens dans ma bouche que mes canines sont plus longues que la normale. Qu'est-ce qu'il se passe ?
Maintenant ! Enfin je peux monter. Je galère. Enfin ! Je suis dehors.
Wow ! Les lumières de la ville m'éblouissent. Une ville ?J'AI SOIF ! Qu'est-ce que c'est que ça ? BOIRE ! Mon esprit s'embrume. J'ai l'impression qu'un voile rouge se met sur mes yeux. JE VAIS BOIRE ! VILLE ! MORTELS ! BOIRE MORTELS ! Je ne comprends plus mes pensées, mais me laisse aller à elles. Je fonce dans la rue. D'autres personnes font comme moi. Elles attaquent les passants. Je vois un groupe de jeunes de quartiers, du genre à foutre le bordel et à savoir se défendre. Je leur fonce dessus. D'autres personnes font pareil. Nous les mordons. Nos dents traversent leurs peau avec facilité. Nous buvons leur sang. MORTELS DÉLICIEUX ! PLUS ! AUTRES ME VOLER LE SANG ! DEVOIR CHASSER SEUL !
Des policiers arrivent. Ils tirent. Je reçois une balle. Je la sens à peine. J'ai l'impression d'avoir pris une pichenette. Je ne comprends pas ce qu'il se passe.MORTELS ATTAQUER MOI ! TUER EUX ! BOIRE EUX ! Je fonce vers eux, j'en bois un. Les autres fuient. Ceux qui n'y arrivent pas sont bu par d'autres.
Je reprends conscience. Je réalise ce que j'ai fait. J'ai bu le sang de gens, mes canines sont longues et effilés, je réalise que mon corps réponds alors que mes signes vitaux semblent s'être fait la malle, j'ai encaissé des balles comme si c'était des pichenettes… Avant que j'ai le temps d'y réfléchir plus en détail, j'entends une voix dans ma tête : Venez mes enfants, retrouvez-moi à l'orée du bois de Boulogne. Là, vous comprendrez.
Je peux voir le bois d'ici. Je m'y rends. D'autres personnes y vont aussi, toutes ayant les vêtements tachés de sang, criblés de déchirures et autres impacts de balles, et au teint assez pâle. Je réalise que c'est également mon cas.
Une fois arrivé, nous somme accueilli par un… Truc humanoïde ? La chose semble être un homme, pâle, assez grand, en toge rouge. Mais il semble que ses doigts sont couverts d'une structure osseuse qui semble tourbillonner et finir en pointe, et sa tête a troqué les cheveux par une structure similaire aux doigts, mais plus grosse. Il a un visage dur, et des yeux d'un jaune angoissant.
"Bienvenus, mes enfants, dit-il d'une voix profonde. Vous devez êtres perdus. Je suis là pour vous expliquer la situation. Vous avez été choisis parmi les mortels pour obtenir le don de Caïn. Ce soir, vous vous êtes purgés de vos liens mortels ! Vous êtes maintenant l'épée de Caïn, une épée qui frappera des créatures antédiluviennes voulant la fin du monde tel que nous le connaissons ! Vous pouvez refuser ce don, et essayer de retourner à votre vie, et attendre que la fin du monde sonne à votre porte... Ou vous pouvez nous rejoindre, et profiter de votre don pour tuer ces créatures, et ainsi sauver ce monde, notre monde, de la dévastation. Nous vous apprendrons à maîtriser ce don, et nous répondrons à vos questions. "
Dans l'assemblée, un brouhaha commence à arriver. Certains semblent chercher à sortir de la foule, disant que c'est n'importe quoi, mais une majeure partie de celle-ci reste. J'en fais partis, un peu parce que je comprends rien, et que ce gars à l'air d'être le seul qui semble pouvoir m'expliquer c'est quoi les bails.
"J'en déduis que ceux qui sont encore là voudront bien me suivre, renchéris l'homme en toge. Bien."
Nous le suivons alors. Il nous fait rentrer dans des camions. Nous roulons pendant une trentaine de minutes, puis nous nous arrêtons devant ce qui semble être un fort abandonné. Là, tout le monde descend, puis on nous dit de nous presser, car nous n'aurions vraiment pas envie d'un bain de soleil. On nous présente des lits placés dans une grande salle. On nous dit de nous reposer, car les jours à venir vont être chargés. Ça tombe bien, car tout le monde semble fatigués, moi le premier.
Je tombe comme une souche, et m'endors très vite. Cependant, quand je me réveille le lendemain, j'ai l'impression de ne pas avoir dormi du tout, Je suis au moins aussi fatigué que la veille, mais sans pouvoir me rendormir. On vient nous chercher, puis nous explique qu'un médecin va tout nous expliquer, et nous poser quelques questions. Nous devons y aller tour à tour, et une sorte de file d'attente se forme.
Quand vient mon tour, je me retrouve dans un bureau de médecin, assis face à une jeune infirmière blonde, aux yeux azurs perçants, aux cheveux longs, avec deux couettes, avec un visage enfantin, et un sourire en coin.
"Salut! Dit-elle d'une voix énergique.
- Euh… Bonjour? Répondis-je, hésitant.
- Pas besoin d'être si formel, on sera bientôt tous amis. Je m'appelle Léa. Et toi ?
- Robin, madame.
- Hé, j'suis pas assez vieille pour que tu m'appelles comme ça, et comme je t'ai dit, pas besoin d'être si formel, appelle-moi par mon prénom.
- Très… Très bien, Léa.
- Comment ça va ?
- J'ai très mal dormis. À vrai dire, j'ai même l'impression que c'est comme si j'avais pas du tout dormis.
- Hin hin… Très bien. Bon au moins pour toi ça aura été simple de dire s'que t'es. J'apprécie le fait que tu me simplifie la tâche.
- Ce que je suis ? Explique-moi s'il te plait.
- Oui pas de soucis, bah pour faire simple, t'es un vampire. Cool, hein ? Comme moi, et tout les gens dans le fort…
- Quoi ? Mais c'est impossible. Ça existe pas les vampires, enfin…
- Allons t'as l'air d'être un gars intelligent, vu le carnage que vous, les tronches de pelles, avez foutu, tu as une autre explication ?
- Hé est ce que je te traite de… Euh… J'ai pas d'idées mais… Je vais trouver.
- Te prends pas la tête, c'est le nom qu'on donne aux gens qu'on recrute comme ça.
- Comment ça que vous recrutez comme ça ? Demandais-je en haussant le ton
- Du calme, j'vais t'expliquer. Par contre, si tu hausses encore une fois le ton, je te bute, m'annonce-t-elle en plantant un scalpel dans le bureau, avec un sourire en coin. C'est clair ?
- Tr-tr-très cl-cl-cl-clair, L-l-l-léa, répondis-je, paniqué.
- Bon, donc la façon dont tu as été recruté, c'est simple. On t'a assommé d'un coup de pelle à l'arrière de la tête, on t'a fait devenir un vampire, et on t'a foutu dans un immense trou avec d'autre gens qui ont subi la même chose. Voilà, maintenant tu sais pourquoi on va te traiter de tronche de pelle pendant un petit moment. Enfin bref t'es un vampire, c'est cool, et je peux même te dire de quel clan t'es.
- Quel clan ?
- Oui, en gros les vampires sont regroupés en plein de clans, avec des pouvoirs trop cool. Mais on a tous une faiblesse différente, ce qui permet de savoir à quel clan tu appartiens. On a d'autres méthodes, mais c'est la plus simple. Genre pour toi, bah, t'auras pas de sommeil réparateur tant que tu dors pas en présence d'un peu de terre d'un lieu important pour toi. Donc t'es un Tzimisce.
- Euh mais j'aurais juste pu avoir une nuit de merde, non ?
- Alors plutôt un jour du coup. Et non, les Tzimisces sont les seuls à avoir ce genre de problème alors qu'on les laisse en paix. Du coup, c'est quoi ce lieu ?
- Euh… Je sais pas moi, j'en ai plusieurs de lieux importants.
- Bon, bah on va faire ça vite : c'est lequel le plus important pour toi. Et si y en a toujours plusieurs de lieu comme ça, dans lequel t'as vécu le plus longtemps."
Après une réflexion de quelques minutes, je répond :
"Bah j'ai vécu la majorité de mon enfance et de mon adolescence à Embrun.
- Embrun. Attend je trouve ça. (Elle regarde son ordinateur). Euh, Embrun en France, ou au Canada ?
- En France.
- Bon ça sera plus chiant, mais on va se débrouiller pour te filer de la terre venant de là.
- Pourquoi plus chiant ?
- Bah disons qu'en France, on a pas la cote. Alors qu'au Canada, on est pas les rois du monde mais presque.
- Comment ça ?
- C'était pas prévu que ça soit moi qui t'en parle, mais bon au pire, pour ce que ça change. En gros, les vampires sont réunis en plusieurs factions, dont les deux principales sont nous, le Sabbat, même si on préfère le nom de la main noire, et la Camarilla, qui sont les gros enculés qui dirigent une grosse partie du monde, et sont les esclaves des monstres que l'on combat. Et le Canada c'est un gros pays à nous, là où la France, bah pas vraiment. C'est d'ailleurs pour ça qu'on est là, pour libérer le pays...
- Traduction, en faire un territoire du Sabbat. C'est ça ?
- Disons que tu peux dire ça avec tes potes, mais officiellement, on peut te tuer pour dissidence si tu dis ça. Bon ça se fera que si t'es casse couille, mais évite quand même.
- Et du coup, c'est quoi la suite ?
- Bah tu vas aller voir un autre Tzimisce qui va t'apprendre ce que tu peux faire, et à utiliser tes pouvoirs. Qui sait, ça se trouve c'est ton père, vampiriquement parlant je veux dire… Ensuite on va t'expliquer comment fonctionne notre monde. Et ensuite tu vas devenir un excellent membre de notre organisation… Bon c'est pas tout ça, mais y en a d'autres après toi, donc bon, bonne soirée, et à bientôt."
Je sors alors de la salle. Un vampire… Ça me parait tellement impossible. J'ai des dizaines de questions qui me viennent en tête. Bon… Je vais aller voir un Tzi-machin-truc, et puis on verra bien après. De toute manière j'ai pas bien le choix. Une fois que j'aurais toutes les infos dont j'ai besoin, je me casse, et je retourne à ma vie d'avant.
