Nous passons le mois suivant à nous fondre dans la masse. Nous continuons de peaufiner notre maîtrise des disciplines vampiriques. Quand nous avons une mission, nous essayons d'avoir des postes proches afin de collaborer et de réduire le nombre de victimes des actions du Sabbat. Ça n'est que quelques personnes, mais ça fait du bien au moral de se dire qu'on a sauvé des gens. Nous nous débrouillons pour que la fuite des victimes ne semble pas être de notre fait, mais dûe au groupe qui était censé empêcher que ça arrive.

Nous sommes maintenant à la fin de mon cinquième mois de vampirisme. J'ai enfin l'impression de voir le bout de cet enfer. Pour l'instant, nous n'avons toujours pas de plan de fuite. Et pour l'après… Pour l'instant, le plan c'est d'aller chez Pauline, qui a une grosse baraque à Paris, on récupère ses affaires, on se pose le temps de reprendre un peu nos esprits, et ensuite on verra.

Je me concentre le plus possible sur la possibilité de sculpter les os avec Vicissitude, Gabrielle continue d'apprendre Auspex afin de nous servir de détecteur quand nous nous enfuirons, et Pauline commence à apprendre à utiliser Puissance, une discipline qui améliore légèrement la force de l'utilisateur de manière passive, et de manière surhumaine pendant une durée limitée (en échange de vitae). C'est simple, basique, mais efficace. Notre objectif est de nous donner au moins de quoi nous défendre le jour de notre fuite.

Je finis par réussir à sculpter les os au bout de mon huitième mois. Gabrielle est maintenant capable de lire des bribes de mémoires qui se sont attaché à un objet. Pauline, elle, est passé de la nosferatu faible et qui n'assume pas sa malédiction à une femme forte, capable de soulever des blocs de bétons avec une relative facilité. Cela n'a même pas changer son apparence. J'aurais pensé que ses muscles se développeraient en même temps que sa maîtrise de la discipline, mais il semblerait qu'à par la malédiction des Nosferatus et Vicissitude, rien ne peut modifier durablement l'apparence d'un vampire.

Nous commençons à enfin envisager la désertion comme quelque chose de possible pour peu qu'on ait un plan. Aussi, nous faisons de manière répétée des réunions pendant que tout le monde dort. Gabrielle et Pauline ont toujours beaucoup de mal à ne pas s'envoyer des déluges de piques, mais y a un net progrès, puisque nous pouvons au moins discuter un peu de choses sérieuses avant qu'elles ne s'entre-insultent.

Pour l'instant, le plan c'est d'attendre une mission où on est assignés tous les trois et qui soit une mission de foutage de bordel en ville. L'idée c'est du coup de fuir au lieu de foutre le bordel, et de tuer tous ceux qui s'interposeront.

Maintenant que j'y pense, l'idée de tuer est devenu quelque chose de normal pour moi. Je pense que c'est vite venu. Il faut dire qu'il était obligatoire de tuer les gens qu'on buvait, et on buvait souvent. Entre ça, et les missions qui impliquaient souvent des meurtres, je crois que j'ai dû finir par m'y habituer au bout de mon troisième mois. Et dire qu'avant toute cette histoire, j'aurais été incapable de ne serait-ce que m'imaginer faire le dixième de ce qui constitue maintenant mon quotidien.

Enfin… Je ne suis plus dans ce genre de considération. Au final, même si je compte trahir ses salauds, ils auront réussi leur objectif, abîmer mon humanité, peut être à jamais. Nous comptons prendre un sacré risque. Je ne sais pas quand est ce que nous serons prêts à fuir, mais ça sera très peu de temps avant que l'aube n'arrive. L'idée est de nous dépêcher pour arriver chez Pauline, nous mettre à l'abri du soleil et que les imbéciles qui auront voulu nous traquer seront brûlés par celui-ci. Et s'ils ne nous traquent pas parce qu'ils ont compris ce que l'on aura tenté, ça nous laissera un petit peu de temps pour nous préparer à leur arrivée la nuit suivante, et encore, c'est à supposer qu'ils nous croient encore en vie.

C'est un pari risqué, mais fuir le Sabbat en est un aussi, alors autant faire en sorte d'avoir une chance, aussi infime soit elle, de nous en sortir. Et puis j'ai toujours été ce gars qui prend des paris risqués, mais où la récompense est grande si ça passe, alors pas question que ça change aujourd'hui. Surtout quand au final, ce pari risqué nous permet d'entrevoir une fuite dans quelques mois, et pas quelques années.

Nous avons entendu parler d'un autre groupe voulant fuir. Nous n'avons pas voulu prendre contact, ne serait-ce que parce que ça pourrait être une rumeur pour que les éventuels traîtres se dénoncent. Au pire, si ça à l'air d'être du sérieux, on réfléchira à l'idée de les contacter.

Nouvelle mission. Nous devons foutre le bordel dans une petite ville pas trop loin du fort. On nous prévient qu'on affrontera surement des membres de la Camarilla. On a beau se dire que l'ennemi de mon ennemi est mon ami, on ne compte pas sur eux pour nous aider si on décide de fuir. Ils ont beau être "plus humains", ça n'en fait pas des alliés. Aussi, nous nous somme mis d'accord pour ne même pas tenter de fuir, même si l'idée est tentante. Au final, Pauline, Gabrielle et moi somme comme une mini meute dans la meute.

La mission commence. Alors que la plupart de nos congénères se précipitent pour casser des trucs et tuer des passants, nous cherchons un endroit où nous cacher pour ne pas participer à ce bordel.

Nous trouvons rapidement un appartement aux fenêtres éclatées. Nous nous plaçons là, et attendons que les choses se passent. Les vampires enragés et déchaînés que sont les autres membres de la meute font un vacarme énorme, ce qui détourne pas mal l'attention, et évite que nous attirions les regards.

Au bout d'une demi-heure, la police arrive, et essaye tant bien que mal de se défendre. Nous, nous nous racontons des blagues, souvent en rapport avec notre condition. Nous commençons à baisser notre garde…

"Qu'est-ce que vous foutez chez moi ?" Demande une voix qui se trouve dans notre dos

Nous nous tournons alors en direction de ladite voix. Merde ! Une vampire d'environ 1 m 70 se tient devant nous, a environ 5 mètres. Elle a un teint presque humain, bien que très pâle malgré tout, une longue chevelure brune couvrant en partie ses épaules et descendant jusqu'en bas de son dos, des traits fins bien qu'elle semble athlétique. Elle à une chemise blanche et un jean, et a une paire de petites lunettes placée sur le bout de son nez, elle les replace d'ailleurs au moment de nous ré-adresser la parole:

"Je vous laisse cinq secondes pour me donner une bonne raison de ne pas vous buter.

- Attend, on peut tout expliquer, bredouillais-je, maladroitement.

- 5…

- On veux pas d'ennuis… On veut juste attendre que tout ce bordel…

- 4…
- Passe et on se barre.

- Et vous irez où bande de squatteurs ?
- Dans quel camp es tu ? Demanda Gabrielle.

- C'est moi qui pose les questions ici ! S'exclama la vampire"

À ses mots, la vampire profère une sorte d'incantation, main tendue vers Gabrielle, qui se retrouve alors propulsée contre le mur derrière elle. Pauline tente alors de lui foncer dessus, mais subit le même traitement, et ce, sans incantation cette fois. À ce moment, je lève les bras en l'air et dit :

"On se rend, on a rien fait de mal, on pensait que l'appartement était vide. S'il vous plaît, ne nous tuez pas…

- Ton amie a posée une bonne question. Je vous la retourne, dans quel camp êtes-vous?

- Je… Je pense que vous nous tuerez si on vous le dit.

- Vous seriez du Sabbat ? Bizarre, ils ont tendance à être des bourrins, pas à se cacher, et à supplier qu'on les épargne.

- On a pas choisis, dit Gabrielle, en se remettant du coup qu'elle a prit. Pour tout te dire, on cherche à se barrer de cette merde, et à retrouver une vie normale, dans la mesure du possible.

- Pourquoi tu lui dis tout ? Demanda Pauline, c'est une ennemie !

- Non, c'est leur ennemie, pas la nôtre. T'es du clan tremere, je me trompe ? On nous a parlé de vous, mais j'en avais jamais vu avant. Impressionnant.

- Tu m'as l'air bien calme jeune fille. Ta copine la nosferatu n'as pas tord pourtant.

- Je me dis juste que tu es une occasion pour nous de nous faciliter la tâche. Voilà le deal. Je te dis où se trouve notre base, depuis laquelle on vous harcèle depuis des mois, et tu nous laisses partir. Tu la diras à tes supérieurs, et comme ça ils se débarrasseront d'une épine dans le pied. Ils te récompenseront sûrement d'ailleurs.

- Ça me va. J'ai juste une question. Pourquoi vous vous êtes pas barrer du Sabbat avant ? Je veux dire, c'est probablement pas votre première mission en extérieur.

- Le manque d'information du monde dans lequel on a été propulsé, le fait qu'on essaye d'exploiter un maximum le fait qu'on nous apprend à utiliser nos pouvoirs, et le fait que le Sabbat poursuit les traîtres, et donc qu'on veut faire en sorte qu'ils soient persuadés qu'on est morts, ou a minima qu'ils puissent pas nous retrouver.

- Ça se tient. Alors, ces infos ?"

Gabrielle, lui donne alors les infos sur le fort et combien de vampires sont à l'intérieur. La vampire nous laisse partir. Elle nous dit qu'elle essayera de négocier avec les autorités de la Camarilla pour qu'on soit intégrés, et non traqués et tués. Elle nous donne également son prénom, Lucie Dumat. Elle nous dit que si elle obtient effectivement quelque chose, que ça soit pour nous ou pour elle, ça peut nous servir de le connaître. Surtout maintenant qu'on sait où elle habite. Elle nous demande également les nôtres, que nous lui donnons. Pauline rechigne un peu, mais finit par accepter de donner le sien.

Nous rentrons alors au fort. La meute a subi pas mal de pertes. Les morts reçoivent des funérailles en bonne et due forme. Nous, nous réfléchissons. Nous n'avions pas de plan, et maintenant, on en a les débuts. Au moins on a le plus dur a avoir. Nous n'avons plus qu'à faire en sorte de pouvoir exploiter cette attaque. L'attitude de Pauline me fait hésiter entre le fait qu'elle ait été retournée, et le fait qu'elle soit devenue parano.

Nous accueillons également une autre membre dans notre mini meute dans la meute, Estelle. Elle faisait partie du groupe dont on a entendu parler qui voulait aussi s'enfuir, avec Eric et Laurent. Cependant, ils se sont fait choper. La seule chose qui fait qu'elle est en vie, c'est qu'elle a paniqué, et n'a pas agit. Du coup, les inquisiteurs du Sabbat ont cru qu'elle était juste au mauvais endroit au mauvais moment, et l'ont laissée tranquille. J'irai pas dire qu'avec deux malkaviens, leur plan était de toute façon voué à l'échec, aussi bon soit-il, vu qu'elle est l'une des deux et qu'elle est maintenant avec nous, mais… Bon, on va la surveiller, parce que si ça se trouve, elle nous raconte des cracs, mais bon, une malkavien comme alliée ça peut toujours servir.