Thème : Futile
Personnages : Akito & Hatori
Une rivale de moins
« Je l'ai fait. J'ai effacé tous ses souvenirs. »
La voix de Hatori était froide. Akito observa son visage, neutre de toute émotion. Shigure avait voulu lui faire croire que Hatori allait mal, mais il semblait s'en être remis. Même si son teint était pâle et son regard fuyant. Ce n'était pas grave. Au moins, il ne pleurait plus. Akito n'aurait pas supporté une seconde de plus sa tristesse. Parce que Hatori ne devait plus être triste, à présent ! Et encore moins à cause de cette femme monstrueuse ! Tout était de sa faute ! Mais, maintenant qu'elle n'était plus dans la vie de Hatori, ce dernier allait aller beaucoup mieux. Ça ne faisait aucun doute.
Akito sourit à cette pensée. Bien sûr, il avait encore fallu qu'elle s'en mêle. La perfidie des femmes n'avait aucune limite. Akito devait protéger ses hommes. Et Hatori... Ah, Hatori s'était montré si faible. Akito s'était délecté de la culpabilité qui avait dévoré son médecin lors de ces derniers jours. Parce qu'il le méritait ! C'était sa punition pour avoir osé se détourner de son Dieu ! Mais maintenant... en divinité généreuse qu'elle était, elle était disposée à l'apaiser. Elle ne voulait plus voir les remords le tourmenter.
Akito ne pouvait qu'être satisfaite par la tournure des événements. Cette histoire ridicule avec Kana était enfin terminée. Dire qu'ils avaient eu l'audace de venir lui demander la permission de se marier ! Pour qui s'était-elle prise ?! Comment avait-elle osé croire qu'elle pouvait lui enlever Hatori ?! Et pourquoi Hatori l'avait-il laissé faire ?! Ils avaient déchainé sa fureur. Akito les avait regardés s'effondrer avec une joie furieuse. Chaque larme versée par Kana avait rempli son cœur de bonheur.
Et maintenant, elle n'était plus une menace. Heureuse de cette nouvelle, Akito s'avança vers Hatori et toucha tendrement son visage, effleurant son œil abimé. Non, elle ne se sentait pas coupable. Ce n'était pas de sa faute si Hatori avait été blessé. C'était uniquement de la faute de Kana. Cette femme avait été un vrai danger pour son pauvre Hatori. Mais tout allait bien maintenant. Akito s'occuperait de lui, comme elle l'avait toujours fait.
« Tu dois te sentir soulagé, lui sourit-elle. C'était facile à faire, n'est-ce pas ? Exactement comme je te l'avais dit.
—Oui. Tu avais raison, Akito. »
Le manque de chaleur dans sa voix dérangea Akito. Hatori était toujours comme ça, aussi froid que la neige. Pourtant, il s'était réchauffé au contact de Kana. Akito ne pouvait l'oublier. Et la jalousie ravagea à nouveau son cœur. Elle, elle n'avait jamais eu droit qu'à la froideur du médecin... Malgré tous les mots rassurants qu'il avait pu lui dire, il n'y avait jamais eu la moindre passion dans sa voix quand il s'adressait à elle. Encore moins aujourd'hui. La fureur rongea les veines d'Akito.
« Je la déteste, souffla-t-elle. Ce n'est qu'une garce. Que croyait-elle faire en essayant de t'enlever à moi ?! Elle méritait de t'oublier.
—Bien sûr, Akito. »
Cette dernière observa les traits de Hatori, les yeux plissés. Ils étaient toujours aussi neutres. Akito se sentit insultée. C'était comme s'il n'en avait rien à faire ce qu'elle lui disait ! Pourquoi ne pouvait-il pas être plus chaleureux ?! Il devrait ramper à genoux, après sa trahison ! Il devrait insulter Kana de lui-même ! Il devrait lui prouver son amour, encore et encore ! Mais au lieu de ça, il se contentait d'une réponse bien trop courte que pour être sincère !
« Tu ne me crois pas ?! s'énerva-t-elle alors. Ose me dire le contraire, Hatori ! Ose le faire !
—Je ne te contredirais jamais, Akito. »
Le ton de Hatori ne trembla pas. Il était sûr de ses mots. La déesse s'apaisa quelque peu en entendant sa phrase. Elle se remit, ensuite, à caresser ses cheveux, tout en affichant un doux sourire.
« Tu aurais dû le savoir, Hatori. Tu aurais dû savoir que cette relation était futile. Elle ne représente rien face au lien qui nous unit. Mais ne t'en fais pas, Hatori. Je te pardonne. »
Elle était sincère. Elle pouvait bien faire ce geste pour lui. Hatori avait été trompé par cette femme si vile, mais il avait retrouvé le droit chemin. Et elle l'accueillait, à nouveau, auprès d'elle, avec joie.
« Merci Akito. Je suis désolé de t'avoir blessé.
—Ce n'est rien Hatori. Je sais que tu n'es pas responsable de ce qui s'est passé. »
Bien sûr qu'elle le savait. Hatori était si loyal envers elle... Elle l'enlaça alors tendrement. Quelques secondes plus tard, elle sentit, avec plaisir, les bras de son médecin l'entourer à leur tour. Bien. Hatori était toujours là pour elle. Il ne l'abandonnait pas. Il ne pourrait jamais l'abandonner. Pas comme Kureno... Pas comme Shigure... Hatori serait toujours là... Même si... Même si cette femme avait bien failli le lui voler...
Akito se sentit défaillir, alors que les mots cruels de Ren lui revenaient en tête. " Il ne t'aimera jamais aussi fort qu'il aime Kana. Tu es si bête que tu ne le comprends même pas. " Non, c'était faux. C'était forcément faux, puisque Hatori avait effacé ses souvenirs. Il l'avait écoutée elle, plutôt que Kana. Mais ses incertitudes la rongeaient. Elle s'agrippa alors aux vêtements de Hatori et laissa échapper quelques larmes. Au-delà de la rage, elle avait eu si peur... si peur que cette horrible femme lui prenne son Hatori... Mais ça n'arriverait pas... peu importe ce que lui dirait Ren... Hatori resterait l'un de ses piliers... Il l'aimait. Sinon, pourquoi passait-il, à présent, une main dans ses cheveux pour la réconforter ? Non... Ren n'y comprenait rien. Elle ne pourrait jamais rien y comprendre !
« Ne refais jamais ça, souffla Akito, au bout de quelques minutes. Ne te laisse plus jamais avoir par une femme !
—Je te le promets, Akito.
—Notre relation sera toujours plus forte que toutes les autres, n'est-ce pas ? »
Akito s'en voulait tellement de douter. Elle était une Déesse. Elle aurait dû être au-dessus de tout ça. Leur lien... ce... ça ne pouvait pas être insignifiant. Elle... elle ne serait jamais insignifiante. Elle ne pouvait pas l'être... Mais toute cette histoire... Non... elle refusait d'y penser.
Voulant l'extraire de ses sombres pensées, Hatori passa l'une de ses mains sous son menton et lui fit relever la tête. Akito croisa alors son regard, qui commençait à se faire plus chaleureux.
« Notre relation sera toujours la plus forte, lui assura-t-il. Tu n'as pas à t'en faire pour ça. »
Akito ne lui répondit pas. Ses doigts effleurèrent, à nouveau, son œil blessé. Elle refusait toujours de lui demander pardon pour ça. Parce qu'elle ne s'estimait pas responsable. Mais si... Mais si Hatori le croyait, lui ? Peut-être que son esprit avait été perverti, une dernière fois, par Kana, ou pire par Ren. Elle ne pourrait pas le supporter. Hatori ne pouvait pas se détourner d'elle. Encore moins pour un geste qu'on l'avait poussé à commettre !
Hatori attrapa alors ses doigts dans les siens, avec une douceur rare.
« Tout va bien, Akito, lui promit-il. Je ne verrai plus jamais Kana et je resterai à tes côtés, pour toujours. Quoiqu'il se passe. »
Akito se sentit soulagée. Hatori ne lui avait jamais menti. Il n'était pas comme cet horrible Shigure. Elle pouvait lui faire confiance. Elle se plongea à nouveau dans ses bras, profitant de son étreinte protectrice. Elle aimait tant Hatori. Il savait toujours la rassurer. Il était comme un père, pour elle. Et leur relation ne serait jamais futile. Elle résisterait à toutes les épreuves. Parce que leur lien était plus fort que tout. Elle était au-dessus des autres. Elle serait toujours au-dessus des autres.
Elle venait d'éliminer une rivale. Et elle recommencerait autant de fois que nécessaire. Jusqu'à ce que, enfin, tout le monde comprenne. Que tout le monde sache cette vérité inébranlable. Personne ne pouvait se mettre en elle et les autres membres du zodiaque. La réaction de Hatori en était encore la preuve... Alors... Tout irait bien... Tout irait bien...
