Bonjour tout le monde,
Pour « fêter » l'annonce de la série Snow (la suite de GOT) je me dois de partager cette fanfic que j'avais écrit après le 806, mais qui hélas est resté dans mes tiroirs pendant tant d'années
Attention, préparez-vous à pleurer dans les chaumières !
Pensées de Jon après ce qu'il a fait à Daenerys.
Il pouvait encore sentir la fumée derrière lui alors qu'il regardait Drogon s'envoler avec Daenerys, avec la femme qu'il aimait et qu'il avait tuée.
Est-ce le bon choix ?
Soit avec moi, lui avait-elle dit quelques minutes auparavant
Il pouvait encore sentir sa main contre sa peau, sa bouche si douce sur la sienne et pourtant, il voyait aussi ses yeux pleins d'effroi le fixant une derrière fois alors qu'elle rendait son dernier souffle…
Le régicide
On pouvait lui donner tous les titres du monde, celui-ci serait marqué à jamais dans sa chair… Il aurait aimé que Drogon le tue, l'efface à tout jamais de ce monde, qu'il puisse oublier son geste, oublier tout… Hélas, c'était sans doute sa punition : se souvenir…
Jon tomba à genoux, les larmes ne cessant de couler alors qu'il fixait ses mains pleines de sang… Sang de celle qu'il aimait…
Il ne réagit même pas lorsqu'une horde de soldats débarqua dans la pièce, Greyworm fut le premier à le saisir par le col, le relevant et criant sur lui dans une langue qu'il ne comprenait hélas pas.
—Je devais le faire, murmura-t-il, simplement.
Fou de rage, Greyworm le frappa au visage, il tomba en arrière et sentit les coups pleuvoir sur lui jusqu'à ce que d'autres immaculés ne l'éloigne.
—Enfermez-le, pesta le soldat, froidement.
Jon n'eut pas besoin de réfléchir à ce qu'il avait entendu, il sentit qu'on le redressait puis on le guida hors de la pièce.
On le jeta sans ménagement dans une autre et il resta prostré sur le sol, le frappant de ses poings, chuchota inexorablement les même mots : je suis désolé.
Les heures passèrent et la luminosité diminua petit à petit, le laissant dans l'obscurité. Il suffoqua presque, portant une main à sa poitrine, ayant l'impression qu'à nouveau on l'emportait dans les ténèbres… Il aurait aimé que Greyworm le tue, qu'il fasse cesser ses tourments, mais il était toujours en vie…
Il ne vit personne pendant plusieurs jours, seuls les bruits extérieurs l'accompagnèrent. A plusieurs reprises, il crut entendre sa voix, si cristalline et son rire. Lorsqu'il fermait les yeux, il rêvait ou cauchemardait, revivant parfois la scène dans la salle du trône…
Quelques fois elle le tuait, et il souriait dans un dernier souffle
Quelques fois il retrouvait sa Dany et lorsqu'elle lui demandait de le suivre, de briser la roue, il acceptait, scellant sa promesse d'un baiser.
Mais toutes les autres fois, il la voyait mourir dans ses bras, et à l'inverse de ce qui s'était passé, elle lui parlait
Assassin
Je t'aime
Pourquoi ?
Jon
Tu l'as tué aussi
A chaque fois, il se réveillait et se prenait la tête entre les mains, pleurant, se maudissant de son geste encore et encore. Plus il tentait de se convaincre qu'il avait fait le bon choix, plus il réalisait qu'il n'avait surtout pas fait les bons AVANT… Qu'il n'avait pas compris qu'elle avait besoin de lui. Il ne leur avait pas donné de chance, il avait trop attendu, trop perdu dans ses propres émotions, mais il n'avait rien perdu LUI… Ses sœurs étaient en vie, son frère aussi et un à un, elle, elle les avait tous perdus, tous arrachés violemment à elle… Il n'avait pas mentit à Tyrion, il pouvait comprendre ce qu'elle avait vécu, mais il avait été incapable de lui montrer à ELLE… Il avait échoué dans sa mission la plus importante : celle de l'aimer.
Il n'avait jamais cessé de l'aimer et il lui avait dit, mais pourtant, il y avait toujours ce côté malsain de la prendre dans ses bras, de l'embrasser, de vouloir tellement plus… Malsain aux yeux de tous, aux yeux du Nord, mais pour lui ? Il avait été plus facile de se dire qu'elle ne méritait que d'être une reine, ce qu'elle avait tant désiré depuis le début : qu'il plie le genou… Pourquoi avoir été si stupide ? Ils avaient pourtant parlé pendant des semaines sur le bateau, sur la route les menant à Winterfell. Dany voulait une maison et elle lui avait même avoué qu'elle en avait une maintenant, avec lui. Jon lui avait souri et l'avait embrassée, lui murmurant qu'elle serait chez elle aussi à Winterfell, qu'il lui montrerait les plus beaux endroits et il l'avait fait, avant qu'il ne sache tout, avant que la guerre n'arrive à leurs portes, mais pas après…pas après alors qu'elle venait de perdre une partie de son armée, Jorah… Il n'avait pas pu ou n'avait-il pas voulu ?
Etait-elle vraiment la fautive dans l'histoire ?
Ils auraient dû parler, il aurait dû lui expliquer ce qu'il ressentait… ils avaient pu le faire par le passé, et ensuite…. Ensuite il s'était renfermé sur lui-même et l'avait perdue.
Tyrion lui avait dit qu'il serait une menace pour elle et pourtant, Jon se souvenait encore de ses dernières paroles :
Soit avec moi, brisons la roue…
Comment pouvait-elle dire cela si elle ne rêvait que de le tuer ?
Et sa famille ?
A Dragonstone elle lui avait dit qu'il avait eu tort pour le secret et il avait réalisé que trop tard son erreur…. Sansa… Arya…
Les auraient-elle vraiment tués si elle n'avait pas accepté sa régence ?
Ils n'ont pas le droit de choisir, avait-elle dit, froidement.
Le jeune homme serra ses boucles brunes alors qu'il se cachait la tête pour pleurer.
Avait-il agi pour le bien de tous ?
Pour son bien à lui ?
L'amour est la mort du devoir
Le devoir est la mort de l'amour
La porte s'ouvrit finalement, il rencontra le regard d'un soldat, il ne se rappelait plus son nom, mais il avait voyagé à ses côtés pendant quelques semaines. L'immaculé le dévisagea et sans la moindre émotion, il déposa un plateau sur le sol, le poussant de ses pieds avant de fermer la porte lourdement. Jon fixa la nourriture sans appétit, ses doigts glissant sur le sceau imprimé sur le récipient rempli d'eau, le sceau des Targaryen…
L'endroit se modifia brusquement, la froideur de la pièce disparut alors qu'il voyait les lumières apparaitre devant ses yeux. Un rire se fit entendre et il cligna des yeux, la voyant, vêtue d'un simple peignoir alors qu'elle lui versait un verre de vin, tenant un pichet aux armoiries de sa maison.
—Le vin de Dorne est trop doux pour toi, Jon ? le taquina-t-elle.
—Dany…
Elle sourit puis lui tendit son breuvage, il sentit ses doigts s'approcher des siens puis tout disparu et il réalisa qu'elle n'était plus là, que plus jamais il ne la reverrait… Jon referma son poing sur le sol, la tête penchée, ses cheveux tombant sur ses yeux, laissant sa peine l'envelopper à nouveau.
—Tu dois manger, Jon.
Il ouvrit les yeux et sentit ses doigts se glisser dans sa barbe qui n'avait de cesse de pousser depuis plusieurs semaines. Au-dessus de lui, Daenerys le fixait d'un regard triste et inquiet. D'une main tremblante, il essaya de la toucher, mais sa vision s'évapora à nouveau.
Il entendait encore sa voix le suppliant de se nourrir alors, il s'approcha du plateau qu'on lui avait déposé le matin et avala quelques morceaux, le goût était amer entre ses lèvres, aucune sensation, aucun plaisir, juste manger, un besoin vital pour sa survie…
Il rêva d'elle cette nuit-là, elle était dans un endroit qui lui était inconnu, un grand balcon surplombant une vue magique. Il s'avança vers elle, et elle lui sourit tendrement, pointant du doigt un point dans le ciel.
—Essos ?
Elle hocha la tête puis pivota vers lui, il l'observa en silence, savourant l'instant, la voir vivante, portante une tenue découvrant une grande partie sa chair, dévoilant cette beauté si divine qui émanait d'elle, ses cheveux cascadant dans son dos, sans tresse, comme toutes les fois où il s'était réveillé à ses côtés.
—Meereen. Ma maison. Là où je n'ai plus à avoir peur.
Il déglutit et posa sa main sur sa joue, sentant sa chaleur naturelle, celle de l'imbrûlée.
—Je suis désolé, Dany…. Je n'aurai pas dû….
Elle posa un doigt sur ses lèvres.
—Tu m'as sauvée, Jon Snow.
Il secoua la tête, peu convaincu.
—J'ai sauvé le peuple, mais toi tu…
La jeune femme retira sa main puis s'éloigna de quelques pas, fixant l'horizon.
—J'étais déjà perdue, Jon. Je devenais ce que je détestais le plus…Tu m'as sauvée, répéta-t-elle.
—Cela ne me semble pas juste…
Daenerys s'approcha de lui, ses mains glissant de ses boucles devenues plus longues.
—Le devoir est la mort de l'amour.
Jon s'éveilla subitement en sursaut dans son lit, le cœur battant.
—Le devoir est la mort de l'amour, répéta-t-il dans un murmure.
Il porta l'eau à ses lèvres, puis ses yeux se posèrent sur l'armoirie, ses pensées se tournant vers Drogon. Il se demandait où était parti le dragon. Est-ce que Dany avait été emmené à Meereen ? Il n'avait rien pour se rappeler d'elle, juste ses souvenirs et ses rêves…
Greyworm était passé le voir et Jon avait su qu'un conseil allait avoir lieu, que sa famille allait arriver à King Landing. Son jugement serait pour bientôt. Le soldat allait partir lorsque Jon l'interpella.
—Tu aurais dû me tuer ce jour-là, avoua-t-il.
Il y eut un silence puis Greyworm déclara :
—J'aurai dû, mais cela n'aurait pas été juste.
—Pourquoi ?
—Parce qu'elle ne l'aurait pas voulu, parce qu'elle vous aimait.
Jon déglutit et baissa la tête, il entendit à peine la porte se refermer, mais sentit à nouveau l'obscurité l'envelopper…
Il se vit marcher dans la salle du trône, salle qui baignait de lumière, le trône plus resplendissant que jamais, les vitraux détruits par le passé n'étaient plus, remplacés par l'image d'un dragon. Il entendit des bruits de pas dans son dos.
—Papa !
Jon pivota pour voir apparaitre sous ses yeux un petit garçon de trois ou quatre ans, il avait les boucles brunes et des yeux améthyste, comme ceux de Dany. Il déglutit lorsque le garçon se colla à lui.
—Tu m'emmèneras avec toi voir les « cheval », hein papa ?
—Chevaux, Eddard, des chevaux.
En entendant sa voix, il leva les yeux vers elle et la vit plus belle que jamais, une couronne ornée de dragons sur ses longs cheveux blonds, portant une robe bleu et dorée.
—Tu dois aller voir ton précepteur, mon ange.
L'enfant grimaça et elle fronça les sourcils avant qu'il ne s'éloigne, disparaissant dans un long corridor que Jon n'avait jamais vu auparavant.
—Eddard, murmura-t-il.
Daenerys inclina la tête avant de le rejoindre, sa main glissant sur sa joue.
—Tu te rappelles cette nuit là sur le bateau ? Tu avais plaisanté en disant que tu me ferais l'amour toute la nuit parce que c'était notre dernière nuit sur ce bateau.
—Je me rappelle, oui.
Elle se pencha près de sa joue et dit d'une voix douce :
—Et tu m'as dit aussi que ce soir-là, tu m'offrirais le plus beau des cadeaux que je ne puisse espérer : un enfant.
Jon avala sa salive, ses yeux se remplissant de larmes. Elle lui essuya tendrement avant de l'observer avec amour.
—Je t'ai dit de ne pas espérer et tu m'as dit que tu ne croyais pas dans cette malédiction et que si tu réussissais ton pari….
—Nous l'appellerions Eddard.
—Eddard, oui.
—Dany… Est-ce que…. Est-ce que j'ai tué notre…
Son visage se voilât et elle murmura :
—Je ne sais pas, Jon. Nous ne le saurons jamais.
Posant ses deux mains sur son visage, il se perdit dans ses yeux violets.
—Je suis désolé, Dany… Je n'étais pas digne de toi, je t'ai fait des promesses que je n'ai pas pu tenir…. Je t'ai abandonnée.
—Si tu regardes en arrière, tu es perdu, Jon.
—Je ne peux pas oublier…Je ne veux pas t'oublier, maintenant et pour toujours.
Pour sceller cette dernière promesse, Jon s'empara de ses lèvres, l'embrassant passionnément. Le baiser sembla durer des heures, des jours, le trône disparut et ils se retrouvèrent subitement près de cette cascade, celle qu'il lui avait montrée quelques jours après leur arrivée à Winterfell. Il se détacha d'elle, son front contre le sien, ses doigts glissant sur sa joue, elle portait son manteau d'hiver, celui qu'elle avait le jour de la longue nuit, elle ne l'avait plus porté ensuite. Trop de peine avait-elle dit avant de le tendre à Missandei alors qu'il était venu la voir dans sa chambre, cherchant à la consoler, chose qu'il avait encore échouée….
Soudain, il entendit des bruits et le paysage commença à disparaitre. Jon paniqua, réalisant qu'il allait bientôt se réveiller. Il ferma les yeux, la serrant plus fort contre lui.
—Je ne veux pas me réveiller, je veux rester avec toi, Dany… Aide-moi, la supplia-t-il.
—Je ne peux pas…
Il ouvrit les yeux, les larmes coulant sur ses joues.
—Nous nous reverrons ce soir, mon amour, tu le sais.
—Où ? Quand ? Je vais te voir mourir dans mes bras ? Où dans cette autre réalité que nous n'aurons jamais ? Où, Dany ?
Elle tenta de le calmer, sa bouche se posant sur la sienne.
—Je t'aime, Jon Snow. Ne m'oublie pas.
—Jamais.
Il ouvrit subitement les yeux et sentit ses joues trempées.
—Jon ?
Le jeune homme se redressa sur sa couche alors que Tyrion Lannister s'approchait de lui. Il lui expliqua ce qui s'était passé, il l'écouta d'une oreille, souhaitant entendre autre chose : que Daenerys était sur le trône, qu'elle se promenait sur Drogon… Il secoua la tête, non, cela n'était que des rêves… Lorsque Tyrion lui confia qu'on l'envoyait au mur, il sentit la bile monter dans sa gorge.
Le mur, là où on l'avait tué…
Sa punition…
Retourné dans l'endroit où il avait été trahi, le seul endroit qu'il détestait autant que sa propre vie maintenant.
—Est-ce que c'était juste ? Ce que j'ai fait… ? l'interrogea-t-il d'une voix enrouée, réalisant qu'il n'avait quasiment pas parlé depuis plus de deux mois.
—Ce que nous avons fait.
—Cela ne me semble pas juste…
Il revoyait encore Dany dans ses bras alors qu'elle lui disait qu'elle l'aimait, le suppliant de ne jamais l'oublier.
—Demande-moi encore dans 10ans.
Jon le dévisagea Tyrion.10ans… Est-ce que dans dix ans, il se sentirat différent d'aujourd'hui ? Il connaissait déjà la réponse. En tuant Daenerys, il était mort à nouveau, la mort lui avait pris ce qui lui restait de plus beau et plus jamais il ne se sentirait lui-même.
Tyrion posa une main sur son épaule, mais il ne ressentit rien. Il méritait sa peine, il méritait sa punition.
Jon Snow.
Aegon Targaryen.
Peu importe son nom, il ne restait que celui-là : Régicide.
A nouveau seul, Jon fixa la fenêtre dans son cachot, se rappelant son unique balade en compagnie de Rhaegar, en compagnie de Daenerys.
Nous pourrions rester ici pour 100ans, personne ne pourrait nous trouver.
—Nous aurions dû, Dany.
Il ferma les yeux et laissa le sommeil venir à lui, espérant à nouveau qu'il la retrouverait dans ses rêves.
Il la vit alors qu'elle descendait les marches menant à Dragonstone, un large sourire accroché aux lèvres. Il courut à sa rencontre, l'attrapant avant qu'elle ne pose son pied sur la dernière marche, la serrant contre lui. Son rire envahit ses sens, son parfum épicé, sa chaleur.
Ensemble, maintenant et à jamais, se promit-il alors qu'il l'embrassait comme si sa vie en dépendait.
