Bonsoir a tous. Désolé pour cette longue absence, mais entre mon boulot et mon syndrome de la page blanche, je n'ai pas pu écrire beaucoup. Et puis, quand l'inspiration revient, tout va. Debout Harold, il faut se lever maintenant.


Chapitre 17

Le réveil est difficile pour Harold : sa tête est encore lourde et il a un mal de crâne du diable. Ses souvenirs sont encore confus quand, tout à coup, il se souvient de tout: la tradition, Beurk, la séparation déchirante. Il avait espéré que ce soit un mauvais rêve, mais non. Il se trouve seul, dans un lieu complètement inconnu, et sans arme. Il finit par se lever et se dirige vers une lumière au loin. Lorsqu'il atteint la clarté du jour, il constate qu'il a dormi dans une grotte et que celle-ci est entourée d'une végétation dense. Des cris d'animaux lui indiquent qu'elle est habitée, et le grondement sourd d'une cascade signale la présence d'eau douce. Il est sorti de sa torpeur par un grognement venu au-dessus de lui, et constate la présence d'un Cauchemar Monstrueux à côté de la grotte où il était. D'abord surpris, il recule lentement vers la forêt.

- Qu … qu …. Qu'est-ce que tu fais là mon gros? Retourne d'où tu viens.

Le dragon s'avance lentement vers Harold, qui finit par se retrouver coincé par un arbre. Le dragon est proche d'Harold, l'examine lentement, le renifle et retourne dans son coin.

- Je savais bien que tu avais un don avec ces bêtes.

Harold se tourne dans la direction de la voix, et aperçoit une jeune femme adossée contre un arbre.

- Pardon, que voulez-vous dire?

- Je te réexpliquerais le moment venu. Avec cette excitation, j'ai oublié de me présenter : je m'appelle Inghen Ruaidh.

- Et moi, je suis ….

- Harold Horrib' Haddock Troisième du nom, fils de Stoïck Haddock dit « La Brute » et de Valka Haddock. Tu es également l'héritier de la tribu de Beurk.

- Je … Je ….

- Tu restes abasourdi devant tant de déduction? Ou bien parce que je connais beaucoup de choses sur toi, et que tu ne sais rien sur moi?

- Je vais plutôt opter pour la deuxième proposition, parce que je ne ressemble en rien à mon père.

- Ah ah ah ah, je dois dire que tu es à la hauteur de ta réputation Harold.

- Ma …. réputation?

- Tu as su te faire remarquer auprès des autres Chefs par ta maturité malgré ton jeune âge. Tu sais gérer les autres héritiers par ta parole pour éviter que la situation ne s'envenime.

- Dans la plupart des cas, les héritiers avaient été réprimandés par leur père. Leur fierté prenait le dessus pour ne pas leur faire honte, et ne pas salir leur réputation et la bannière de leur clan.

- Ton sarcasme me surprend, je ne pensais pas que tu arriverais à trouver de la repartie.

- C'est une simple réalité, la plupart ne me respecte pas parce que je suis différent d'eux.

- Et croit-moi, cette différence, tu l'assumeras entièrement après.

- Je croirais entendre la vieille Gothi.

- Et « entendre » serai un mot mal employé puisqu'elle ne parle pas, et je suis flattée que tu me compare à elle.

Harold reste sans voix devant les déclarations d'Inghen.

- Et oui, tu pensais que tu serais le seul à avoir de la répartie? Quand tu sais te défendre par les armes et par la parole, personne n'ose te contredire dans ton domaine.

- Quand on n'est pas comme les autres, c'est difficile de se faire respecter.

- Tu es quand même l'héritier de ta tribu, ton rang doit y être pour quelque chose?

- Ils ont juste peur de la colère noire de mon père : s'ils avaient émis l'idée de m'abandonner ou me bannir à cause de ma différence, ils seraient tombés en disgrâce.

- Vu sous cet angle, tu n'es pas à ton meilleur avantage.

- Assez parlé de moi, parlez-moi de vous.

- Pour commencer, arrête de me vouvoyer. Sinon, tu sentiras la douleur de me contrarier. Ensuite, pour te répondre, je m'appelle Inghen Ruaidh comme tu le sais. Et je suis ton mentor attitré pour la Tradition de l'Expiation. C'est moi qui t'apprendrai à manier les armes, apprendre à survivre dans la nature, et prodiguer les premiers soins. Je dois cependant te prévenir, cet endroit est connu pour abriter les dragons de toutes espèces. Donc si jamais tu venais à jouer les explorateurs, tu devras affronter ces dragons. Et seul.

- Mais comment faites-vous pour vous déplacer alors? AÏE.

- Estime-toi heureux que ce ne soit qu'une claque derrière la tête. As-tu oublié ce que je t'ai dit?

- Désolé, comment fais-tu pour te déplacer alors?

- J'utilise mon cher dragon pour mes transports, que ce soit sur Lisde ou dans l'archipel.

- Tu arrives à te déplacer dans l'archipel sans te faire remarquer?

- Bien sûr, parce que je n'appartiens pas à Midgard. Donc, pour les yeux des mortels, ils ne voient qu'un simple Cauchemar Monstrueux.

- Et concernant cette tradition?

- Ah, la tradition de l'Expiation, la raison de ta présence. Elle a lieu tous les 500 ans, et chaque tribu de l'archipel doit payer un lourd tribut : elles doivent envoyer leur héritier respectif. Pendant 10 ans, ces héritiers doivent survivre dans des endroits les plus hostiles, ou bien trouver une autre île et espérer pouvoir survivre. Mais chaque île a ses propres dangers : sur Lisde, Drof, Rumo et Pirto, ce sont les dragons. Sur Grod, Kast et Firt, c'est l'aridité de la terre. Enfin, sur Jufre, Merla, Tirtu et Wudj, ce sont les bêtes sauvages. Si à la fin de 10 ans de souffrances, un ou plusieurs héritiers sont encore en vie, ils sont autorisés à partir de cet endroit. Cependant, ils doivent construire leur embarcations et rentrés chez eux par leur propre moyen. A ce jour, seul 4 garçons ont quitté cet endroit. Mais aucun n'a survécu assez longtemps pour revoir sa famille.

- Ce n'est pas réjouissant comme perspective.

- Bienvenue dans mon monde, mon cher disciple. Bon, nous avons du pain sur la planche. Quand tu arrives sur une île que tu ne connais pas, tu dois garder en tête quelques conseils pour rester en vie. En connait tu certains?

- Suivre un cours d'eau douce, en espérant voir un lieu propice où créer son campement. Trouver des matériaux pour pouvoir créer du feu et des armes, explorez l'île en répertoriant ses dangers et ses sources de nourritures.

- En théorie, c'est ce qu'il faut faire. Mais tu verras que tu auras beaucoup de combats à réaliser pour t'imposer. Sauf si tu réussi à quitter l'île entretemps, ce qui n'est pas une mince affaire.

- Que voulez-vous dire?

- Laisse-moi t'expliquer : sur la plupart des îles où sont les héritiers, i peu près toutes les conditions requises pour survivre et s'entraîner. Mais ces ressources naturelles s'épuisent et en moins de 7-8 ans, il n'y a plus rien à se mettre sous la dent. Nos chers combattants sont donc obliger de se balader d'île en île en espérant trouver de quoi se rassasier. Les plus forts s'attaquent aux bêtes sauvages de Jufre, Merla, Tirtu et Wudj ; malheureusement ce genre de butin attire les convoitises de charognards. Les autres héritiers attaquent en traître le chasseur, le tue et lui vole sa proie. Ou bien tu te fais tuer par ces bêtes en chassant. Enfin, pour l'instant ce n'est pas encore ton problème majeur : comme tu l'as dit ; tu dois d'abord survivre et ensuite ne pas être attaquer par les dragons. Mais vu comment le mien a réagi, je ne m'inquiète pas de ce côté.

- Comment ça?

- Le moment venu, tu comprendras. En ce qui me concerne, je t'accompagnerais pendant les premières années sur cette île, mais je m'effacerais pour te laisser seul au fur et à mesure.

- Sympa comme programme.

- Tu devras t'y faire. De plus, je t'ai dit que d'autres mentors viendront compléter ta formation. Je devrais d'abord essayer de les convaincre, mais le plus dur sera que TOI, tu devras les convaincre de t'enseigner leurs domaines de prédilections.

- C'est-à-dire?

- Je ne vais pas tout te révéler, mais certains enseignent la diplomatie, la politique, l'éducation, l'écriture. Sur ce dernier point, je ne vois pas l'utilité.

- Savoir maîtriser les mots lors des Traités permet de s'assurer la Paix, ou bien de déclarer la guerre sans être responsable aux yeux des autres tribus. C'est très complexe et difficile à maîtriser.

- Tu as l'air d'en connaître plus que les autres.

- Je ne sais pas, je ne me suis pas comparé à d'autres. C'est mon grand-père qui m'a appris les bases.

- ça te fera un avantage par rapports aux autres.

- Non, car les lois du plus fort ou du plus malin s'appliqueront dans cette situation. Et vu ma stature, c'est plutôt la deuxième qui s'appliquera.

- Entièrement d'accord avec toi, de plus ta technique de combat devra être différente des autres. J'en connais une qui te serait parfaitement adaptée.

- Laquelle?

- C'est une technique venue d'un pays lointain : elle se repose sur la vitesse, la vivacité et l'agilité. En clair, tu devras rester en mouvement pendant tes combats, lancer des attaques pour fatiguer ton adversaire et lui asséner des dégâts sérieux lorsque l'occasion se présentera. Mais tu devras être rapide. Cependant, elle exige des contreparties : ta stature sera développée mais beaucoup moins que celle des autres car plus tu prendras du muscle, plus tu prendras du poids et donc tu seras moins vif. Et les coups que tu prendras face à un Viking normal risque de te faire perdre.

- C'est toujours mieux que de ne pas savoir se battre.

- Je ne te le fait pas dire. Maintenant, observe attentivement cette clairière.

Harold prend son temps pour observer les alentours, puis ferme les yeux et écoute attentivement les bruits.

- La grotte peut offrir un bon abri pour la nuit, mais si je dois faire un feu à l'intérieur, le plafond est trop bas et la fumée aura du mal à sortir.

- Quelle idée de faire un feu à l'intérieur.

- En cas de forte pluie, il ne faut pas que le feu s'éteigne. La végétation est bien verte, et comme je n'entends de rivière dans le coin, j'en déduis que l'eau arrive par les airs. Et pour en revenir à la grotte, elle ne ferait pas un bon habitat car il n'y a pas de sources d'eau à proximité. Et à première vue, pas de nourriture à proximité comme les fruits. En revanche, l'espace est dégagé, pas d'obstacle en vue. Donc elle peut être parfaite pour un terrain d'entraînement. Mais si je me fais attaquer, je serais à découvert et vulnérable.

- Bien analysé et bien raisonné aussi. Je te rassure tout de suite, sur cette île, tu seras seul. Personne ne veut venir ici à cause des dragons : ils sont beaucoup trop nombreux et donc des défenseurs de choix.

Inghen fait une pause et réfléchit tout en analysant Harold. Puis, elle regarde la clairière et une montagne au loin.

- Qu'est-ce qu'il y a?

- Rien, je m'imaginais une scène complètement irréaliste. Quoique, pas si irréaliste que ça.

- Le soleil a dû te taper sur la tête, tu te mets à délirer.

- Je te remercie de t'inquiéter pour ma santé mais je vais bien. Mais revenons à toi, je te conseille de te mettre en route car la nuit va bientôt tomber. Au passage, comme tu l'as si bien dit, cette clairière sera notre lieu d'entrainement. Il s'agit de la Clairière aux trois fleurs.

- Pourquoi ce nom?

- Parce qu'il ne fleurit seulement que trois fleurs sur cette clairière. Maintenant, par à la recherche de ce qu'il te faut. Tu as l'air déjà de connaître certaines bases, je te laisserais te débrouiller mais je serais à tes côtés.

- Très bien.

- Quant à toi, dit-elle à son dragon, tu peux disposer. Je n'aurais pas besoin de toi dans l'immédiat.

Le Cauchemar Monstrueux grogne, puis décolle aussitôt.

- En route mauvaise troupe. Ouvre la voie.

Harold ouvre donc la voie et s'enfonce dans la forêt. Il constate que les seuls dragons qui y vivent sont des Terreurs Terribles, et ceux-ci se déplacent en meute. Harold tente de tendre l'oreille mais le jacassement de ces derniers l'empêche de distinguer le moindre bruit. Finalement, après une éternité, Harold finit par distinguer le bruit du ruissèlement de l'eau. Il se dirige vers ce bruit, et atteint une rivière. Il constate que des arbres fruitiers sont à proximité, mais que les Terreurs Terrible en raffolent aussi. Il a pu apercevoir également des troupeaux de cervidés qui broutent de l'autre côté de la rivière.

- On s'arrête ici, déclare Inghen. Je m'occupe du gibier, prépare le feu.

Et sans attendre de réponse, elle part aussitôt en chasse. Comme son père lui a appris, Harold se met en quête de mousse et de bois. Lorsqu'il estime que sa réserve est conséquente, il s'avance près du cours d'eau et se mets en quête de deux pierres saillantes. Il finit par en trouver, revient près de la réserve, dépose la mousse et le bois mort à un endroit où le feu n'embrasera pas la forêt, et commence à frotter les pierres. Au bout d'un moment, un petit départ de feu commence à apparaître, et Harold souffle dessus pour qu'il prenne un peu plus d'ampleur. Lorsque la mousse brûle, Harold jette les branches dans le feu pour l'attiser. Une fois qu'il est suffisamment alimenté, il se met à la recherche de fruit. Il cueille quelques pommes et revient au camp. Inghen a commencé à faire cuire deux cailles, surveille la cuisson, et en donne une à Harold lorsqu'elle est suffisamment cuite. Le repas est frugal, mais juste ce qu'il faut. Harold attise le feu, et part se coucher à côté d'un petit monticule.

- Dors bien, Maître des Dragons.