Bonsoir a tous. Nouveau chapitre, nouvelle aventure, nouvelle galère. Enfin, ça dépend pour qui.
Chapitre 18
Harold se réveille le matin suivant avec des courbatures au niveau du dos et des épaules ; il a bien dormi mais dans une position la plus inconfortable. Il se fait une note mentale de ne pas oublier de s'occuper de sa literie lorsqu'il trouvera un abri.
- Enfin, tu t'es décidé à te réveiller.
- Il m'en fallait du temps pour me remettre de toutes ces émotions, ce n'est pas facile à assimiler.
- Tu te remettras vite, je ne m'inquiète pas.
- Par contre, les dragons ne dorment jamais la nuit? J'ai l'impression qu'il y en avait qui ne vivent que la nuit.
- C'est vrai, surtout en cette saison. Ça va durer un mois et après il n'y en aura plus, ne t'inquiète pas. Reprenons plutôt notre expédition, il faut te trouver un abri. Je connais le coin, et je te dis qu'il faut qu'on remonte la rivière et on trouvera ton bonheur.
- Bon ben, c'est parti.
La troupe remonte paisiblement le cours d'eau, et Harold continue son observation des alentours. Il trouve des lapins en train de brouter, des poissons qui sautent au-dessus de la surface et beaucoup de Terreurs Terribles en train de lézarder au soleil. La troupe finit enfin par arriver sur une crique : le cours d'eau forme un coude à 90° pour se perdre dans l'horizon. Au bruit, Harold juge qu'il y a une cascade s'il continue de suivre la rivière. Un banc de sable se trouve à proximité de l'eau ; juste devant une petite butte où Harold distingue une grotte. Il décide d'y aller et lorsqu'il arrive devant l'entrée, il constate que la grotte est large et haute.
- Au moins, je pourrais faire du feu sans m'étouffer.
Il s'y aventure à l'intérieur et constate qu'il fait frais, la grotte dispose également de plusieurs pièces.
- C'est génial, je peux y faire une chambre, un entrepôt, et peut-être un atelier si j'ai tous les matériaux que je souhaite.
- Si jamais tu tentes de faire une forge, je te déconseille de la faire dans la grotte : la puanteur du fer fondu l'imprégnera et tu ne pourras pas t'en débarrasser. Crois-moi, c'est encore trop tôt pour te battre avec des armes classiques. Surtout que tu te cherches encore une arme de prédilection.
D'abord surpris par ces paroles, Harold se convient intérieurement qu'Inghen doit être la seule personne sur Midgard à le connaître mieux que les Beurkiens, à l'exception de Gueulfor et Gothi.
- Oui, je sais. Je t'ai dit que je connais beaucoup de choses te concernant. Alors, tu ferais mieux de t'y habituer. Et je serais la seule à te connaître pour les années à venir.
- Je n'ai pas besoin d'une deuxième mère, la mienne me suffit.
- Et heureusement d'ailleurs, les Dieux savent que j'ai horreur des gamins. Je n'aurais pas faire ce rôle, plutôt comme un mentor. Mais je ne serais pas la seule à t'instruire. Dans un premier, le seul contact humain que tu auras sera avec moi. Ensuite, tu rencontreras d'autres personnes : des personnes amicales, ou des héritiers hostiles. Mais ce n'est pas pour tout de suite.
- A-t-on la possibilité d'acheter des marchandises?
- ça dépend, tu penses à quoi?
- A du cuir et de la laine de mouton pour me fabriquer un matelas.
- Sensible du dos ?
- Non, je pense juste qu'une bonne nuit de repos aide à bien récupérer. Et par conséquent, il faut dormir dans la position la plus confortable. Je dois garder ma tête et mon corps bien reposé, et le reste suivra tout seul.
- J'ai une autre scène qui me vient à l'idée, et je crois que ta partenaire aimera.
- Heu, tu parles de quoi?
- D'une scène qui ne te concerne absolument pas dans l'immédiat et qui n'es pas de ton âge. Bref, je peux te trouver çà, mais pas avant une semaine. Vétusté des lieux oblige.
- On va dire.
- Bon, les prochains mois, c'est moi qui ramène les repas. Tu n'es pas prêt à chasser du gibier moyen. Je te laisse ton après-midi, tu as de quoi t'occuper un peu.
- Comment ça?
- Tu as des planches, des clous, une scie, des cordes, un couteau, un carnet et des crayons. Et à ton air songeur, je vois déjà que tu as une idée.
- Et bien, je compte faire …..
- Je ne veux pas savoir, ce sera la surprise….. ou pas. J'entends mon dragon qui arrive, je te retrouve demain.
Inghen monte sur son dragon, et décolle aussitôt. Ils traversent Lisde pour rejoindre Wudj, qui est juste à côté. L'ambiance n'est pas la même, elle quitte une île calme pour une autre complètement bruyante. On ne risque pas d'oublier que c'est la terre des bêtes sauvages.
Guider par une intuition, elle amorce sa descente tout en surveillant les alentours. Malgré la taille imposante de sa monture, Inghen s'est aperçue que le Cauchemar Monstrueux est vulnérable au sol. Elle aperçoit enfin son objectif, un homme donne une leçon à son disciple non loin d'une cabane. L'atterrissage n'a pas manqué de surprendre ce beau monde.
- Tu es impossible Inghen. J'ai horreur quand tu fais ça, et par-dessus tout, tu sais que je déteste ces bêtes.
- Bonsoir à toi, Frödo. Excuse-moi de t'interrompre dans ta passionnante leçon, si j'en juge par la tête de ton apprenti.
- J'essaie encore et encore de leur inculper l'art des mots, mais j'ai l'impression que trouver un viking motivé est aussi rare que ta bonne humeur.
- Merci pour la comparaison, et c'est sur ce point que je voulais te voir.
- Ta bonne humeur?
- Non, pas ça. De ton amour de la langue écrite. Mon apprenti….
- Attend une minute, tu as repris un apprenti? Mais je croyais que…
- J'ai repris pour un ultime enseignement, et ne cherche pas plus loin. Donc mon APPRENTI a plusieurs qualités, dont celle de manier les mots. Je voudrais que tu lui enseigne tes connaissances.
- Un viking intéressé par l'art des mots? Je crois rêver.
- Je t'assure que tu ne rêves pas, il est bien réel. Il prétend que c'est important de bien clarifier les termes d'un contrat ou lois, ça permet de les contourner sans toutefois être dans l'illégalité.
- C'est à la fois astucieux et sournois. Un jeune viking qui connait aussi bien cette astuce est une perle à mes yeux. Mais pourquoi veux-tu que je lui enseigne ce savoir?
- Parce que tu comprendras en le voyant.
- Et pourquoi je me déplacerai?
- Parce que tu veux connaître cette Perle, comme tu dis, et tu sais que je ne suis pas du genre à mentir. De plus, je suis une personne qui demande rarement un service.
- Donne-moi le temps de la réflexion, … Alors, j'accepte.
- Et on peut connaitre le nom du pauvre malheureux, déclare l'apprenti.
- Angus, je t'interdis de ….
- C'est quelqu'un que tu connais bien, jeune Hofferson. Un jeune viking très apprécié lors des réunions de Chef pour son savoir-être.
Angus Hofferson pâlit en comprenant de qui il s'agit.
- Oh non pas Harold, il est trop jeune.
- Le destin est bien cruel, toi qui lui a promis de vous revoir dans des conditions pas agréables.
Le jeune Angus reste bouche-bée et n'ose plus rajouter un mot.
- Laisse tomber, mon jeune apprenti. Inghen sait beaucoup de chose, ne te lance pas dans une cause perdue. Quand à toi, à partir de quand je dois lui enseigner mon savoir.
- Pas tout de suite, je dois d'abord lui enseigner l'art du combat. Et ce n'est pas gagner.
- Pourquoi?
- Laisse tomber. Je viendrais te chercher le moment venu, je vais maintenant vous laisser en tête pour votre cours.
C'est sur ces mots qu'Inghen laisse le duo sur place, rejoint son dragon et regagne les airs. Elle passe un moment à la recherche d'une proie en guise de repas, et finit par la trouver : un jeune sanglier qui court dans la prairie. D'un signe de la main, elle désigne l'objectif à son dragon. Celui-ci opine et plonge sur la pauvre bête. Elle les détecte au dernier moment, mais c'est trop tard : les griffes du Cauchemar se referment et la tue d'un coup. La chasse finit, tout ce beau monde repart vers Lisde.
Lorsqu'ils arrivent à la grotte, la nuit est déjà tombée. Cependant, elle arrive à distinguer la présence de cordage entravée à travers l'entrée.
- Première ligne de défense contre les intrus. Primitif, mais bien pensé.
Elle enjambe cette défense et trouve Harold endormi, elle inspecte l'intérieur et constate la présence d'une table et d'une chaise.
- Et bien, il ne perd pas de temps. Juste de quoi être confortablement assis. Tiens, pourquoi son carnet est ouvert?
Elle prend le carnet et le feuillette rapidement.
- Ce petit a des dons en dessin, qu'a-t-il dessiné? Alors, il y a son père, sa mère, Beurk …. Tiens, c'est quoi ces lignes? Le Fury Nocturne? Alors comme ça tu fais une fixette sur l'espèce la plus rare et la plus dangereuse? Intéressant.
Elle repose le carnet et quitte la grotte. Le lendemain, Harold se réveille et pars à la rivière se désaltérer. Bientôt, un bruit d'aile familier requiert son attention.
- Bonjour Inghen, comment vas-tu par cette belle journée?
- Assez bien, je venais te chercher pour notre premier entrainement. Tout est prêt à la clairière, je t'emmène.
Harold grimpe sur le dos du dragon et s'accroche à Inghen comme il le peut. Le voyage est de courte durée, et Harold peut constater qu'il y a des armes et des boucliers en bois déjà prédisposé.
- On va d'abord déterminé avec quel type d'armes tu es le plus à l'aise. Et elles sont bois car elles sont plus légères, et je ne veux pas te blesser tout de suite. On va commencer par les bases : tu vas prendre chaque arme et t'entrainer dans le vide à frapper un adversaire. On le fera autant de fois que nécessaire, compris?
- Compris.
Une fois au sol, Harold peut voir de plus près les armes : des haches de différents styles (double lame ou une lame), des lances, des épées et des boucliers. Harold commence par prendre une hache, l'examine et combat un ennemi imaginaire. Quand il finit, il la repose et refait la même chose avec toutes les autres. Vers midi, Inghen donne son verdict.
- J'ai retenu plusieurs choses, on oublie les haches et les lances. Tu te débrouille le mieux avec les épées, surtout les lames jumelles. Ensuite, il y a quelque chose que je ne comprends pas. Tu prends les armes avec la main gauche, et ensuite tu combats avec la main droite. Pourquoi?
- Parce que l'on m'a toujours donné une arme dans la main droite.
- Mais quand tu utilises le marteau ou quand tu tiens ton crayon, tu utilises quelle main?
- La gauche.
- Et pourquoi?
- Parce que ce sont des objets que je prends naturellement avec cette main.
Inghen réfléchit à ces propos, puis comprend de suite.
- On refait l'exercice, mais cette fois avec ta main gauche comme main dominante. Avec les doubles lames, attaque avec ta main gauche et pare avec celle de droite. Avec le bouclier, porte-le avec la main droite. Exécution.
Harold reprend l'exercice, et le finit à la tombée de la nuit. Il est exténué et doit attendre l'avis de son mentor.
- C'est beaucoup mieux. On a trouvé ton problème avec les armes : tu es gaucher. Par conséquent, tu veux faire comme les autres mais tu n'y arrive pas. Bat-toi de la façon où tu es le plus à l'aise et se sera parfait.
- Mais …
- Il n'y a pas de « mais ». Tu te battras comme çà, point final. Tu es autant à l'aise avec les lames doubles, qu'avec une épée et un bouclier. Maintenant que nous avons compris ce qui te freinait au maniement des armes, le vrai entrainement va pouvoir commencer demain. Je te réserve un sacré programme. Mais d'abord, va prendre un bain : tu empeste le dragon.
