En cette belle soirée de mi-juillet, un groupe d'enfants jouait dans la rue, criant allègrement en courant d'une maison à l'autre, suivant des règles d'un jeu qu'eux seuls connaissaient. La fille des dentistes n'était pas parmi eux, elle ne l'était jamais. Elle préférait les observer depuis la baie vitrée de sa chambre, un livre – parfois ouvert, parfois non – à la main.
Ce soir-là, Hermione avait recommencé pour la énième fois son roman préféré, Jane Eyre. Elle en était déjà au deuxième chapitre quand un bruit lui fit lever la tête.
Dans la rue, une voiture venait de s'arrêter face à la maison. Une femme d'un certain âge qu'Hermione ne reconnaissait pas était derrière le volant. Quand elle ouvrit la porte, posa ses deux pieds par terre et regarda autour d'elle avant de se lever, Hermione sourit. Son tailleur émeraude coupé à la perfection, son chignon noir dont pas un cheveu ne dépassait, ses gestes élégants, elle détonnait même dans ce quartier huppé de Londres. On aurait cru que c'était la première fois qu'elle était dans une voiture.
Hermione s'apprêtait à replonger dans sa lecture quand elle vit l'inconnue lever le visage vers sa chambre. Elle attrapa le regard curieux de la jeune fille quelques secondes, puis hocha la tête, l'air décidé. Passant son sac à main à son bras, elle ferma la porte de la voiture et se dirigea vers la porte des Granger d'un pas raide.
Abasourdie, Hermione la regardait traverser leur cour. Sans trop savoir pourquoi, elle avait l'impression que sa petite vie tranquille serait bientôt chamboulée.
Quand la sonnette de la porte d'entrée retentit dans la maison, Hermione fut tirée de l'espèce de transe dans laquelle elle avait plongé. Elle sortit de sa chambre à la course, dévala les escaliers et arriva dans l'entrée au moment où son père ouvrait la porte.
— Monsieur Granger ? dit l'inconnue en tendant une main. Je m'appelle Minerva McGonagall. Je suis ici ce soir au sujet de votre fille, Hermione.
Après quelques instants de confusion, les Granger, toujours polis, invitèrent leur visiteuse à entrer. Tout le monde passa à la cuisine, où Hermione s'assit à la table face à cette McGonagall, ses parents de part et d'autre d'elle.
— Je commence par vous donner cette lettre, dit la dame en faisant glisser une enveloppe vers Hermione. Lisez-la, je répondrai ensuite à toutes vos questions.
Hermione souleva l'enveloppe, lut son propre nom et son adresse dessus et, après un coup d'œil à ses parents, la décacheta. Elle en tira un parchemin couvert d'une encre verte, qu'elle lut deux fois sans dire un mot. Elle en comprenait certes le sens, mais pas la logique. Sorcière ? École de magie ? Était-ce une blague ?
Semblant faire écho à ses réflexions, ses parents éclatèrent de rire.
— Je dois bien avouer que vous ne manquez pas d'imagination ! dit Warren. C'est un de nos collègues qui a eu l'idée ?
Face à eux, la dame ne souriait pas. Elle se tourna vers Miranda et dit :
— Je crois que la soirée va s'avérer longue. Vous n'auriez pas du thé ?
Miranda se leva, toujours le sourire aux lèvres, mais madame McGonagall fit un geste de la main.
— Non, ne vous dérangez pas.
Et elle sortit une étrange baguette de bois de son sac à main. Quelques gestes élégants et la bouilloire se mit à siffler, des biscuits se posèrent sur une assiette et volèrent vers la table. Miranda se rassit brusquement. Le rire de Warren s'éteignit dans sa gorge, sans pour autant qu'il ferme la bouche.
— Comment savez-vous que… si… je suis sorcière ? demanda Hermione dans le silence soudain.
— Tous les sorciers de Grande-Bretagne sont inscrits dans les registres de Poudlard au moment de leur naissance, répondit la sorcière. Vous devez certainement avoir vécu des événements inexplicables dans votre enfance.
Au-dessus de la tête de leur fille, les Granger échangèrent un regard abasourdi. La robe. Se pouvait-il que…
Mais Hermione, elle, se remémorait d'autres incidents dont elle n'avait jamais parlé à ses parents. Des livres de bibliothèque volés par ses camarades de classe qui réapparaissaient dans son casier le jour où elle devait les rendre. Un devoir sur lequel elle avait échappé son jus d'orange qui s'était miraculeusement séché quand elle l'avait rendu à l'enseignant.
Minerva vit dans les yeux d'Hermione apparaître la lueur de compréhension, celle qu'elle attendait chez tous les petits nés-Moldus. Avec un sourire en coin, elle se laissa relaxer sur sa chaise, ne quittant pas la jeune fille des yeux.
— Vous devez avoir des questions.
Hermione s'avança sur sa chaise. Si elle avait des questions… Et comment ! Elle en avait tellement qu'elle ne savait pas par où commencer !
