Hermione suivit ses parents jusque dans le salon, s'assit sur la chaise qu'ils lui indiquaient. Elle ne voulait rien de plus, à ce moment-là, que leur sauter dans les bras et pleurer toutes les larmes de son corps, exprimer son immense soulagement de les retrouver sains et saufs, leur dire à quel point elle avait eu peur, toute l'année, qu'elle ne les reverrait plus jamais.

Mais elle ne le pouvait pas. Parce que ce n'étaient pas les Granger qu'elle avait devant elle, mais les Wilkins. Pour eux, Hermione était encore une inconnue.

Monica Wilkins servit trois tasses de café. Hermione ajouta quelques carrés de sucre au sien, puis les tendit à sa mère.

— Non merci, pas pour moi.

Hermione regarda avec des yeux ronds la femme prendre une gorgée de café noir et fermer les yeux de plaisir au goût. Depuis qu'elle était toute petite, elle se souvenait de sa mère qui refusait de prendre du café s'il n'était pas constitué au moins à moitié de lait et de sucre. Après un long moment, elle cligna des yeux et reposa le sucre.

Elle avait demandé conseil au professeur Flitwick avant de partir à la recherche de ses parents. Elle maîtrisait le sortilège d'Oubliettes, mais ce serait la première fois qu'elle tenterait d'en inverser les effets, de faire revenir des souvenirs plutôt que les faire disparaître.

— Ce n'est pas aussi simple que juste dire quelques mots, malheureusement, avait dit le petit homme. Il faut que les sujets commencent à se souvenir naturellement, à croire à leur oubli. Sans cela, leurs souvenirs risquent de se dédoubler, ce qui peut mener à la folie.

Hermione était donc partie en Australie prête à y passer autant de temps qu'il faudrait. Ron avait voulu l'y accompagner, mais elle l'avait convaincu de rester en Angleterre.

— Je ne sais pas combien de temps je serai là-bas, avait-elle dit. Je n'aurai le temps de rien faire d'autre que m'occuper de mes parents. Tu seras bien plus utile ici, avec Harry et ta famille.

Soudain, la tirant de ses pensées, son père – Wendell Wilkins – se racla la gorge et déposa sa tasse devant lui, levant un regard direct vers Hermione.

— Je suis désolé, mais je ne comprends toujours pas qui vous êtes et ce que vous faites chez nous.

Hermione serra le poing dans le tissu de sa jupe, prit une grande inspiration, et se lança.

— Vous n'allez sans doute pas croire un mot de ce que je vous dis, mais je vous prie de garder l'esprit ouvert. Je vous promets que je ne me suis pas échappée d'un asile de fous, que je ne vous veux aucun mal, et que j'ai des preuves de tout ce que je vais dire.

Les yeux perplexes de ses parents se baissèrent sur la mallette qu'Hermione avait posée à ses pieds, qui contenait des documents tels que son acte de naissance, ses lettres de Poudlard et des articles de la Gazette du sorcier.

— Je m'appelle Hermione Granger, continua-t-elle. Je suis Anglaise, comme vous, et je suis sorcière. Il y a eu une guerre chez nous et pour vous protéger, j'ai dû effacer tous vos souvenirs de moi.

Monica et Wendell la fixaient d'un regard incrédule. Se disant qu'elle n'avait rien à perdre à commencer gros, Hermione termina ses aveux.

— Je suis votre fille.

Après un instant de silence, les Wilkins éclatèrent simultanément d'un rire légèrement hystérique. Hermione attendit qu'ils se calment sans bouger, les mains crispées sur les genoux.

— Je suis désolée, mademoiselle Granger, dit finalement sa mère, hoquetant encore de rire, mais nous n'avons pas d'enfant. Je crois que nous nous en serions rendu compte.

Alors que son mari se remettait à rigoler, un miaulement sonore se fit entendre à la porte du salon. Hermione se tourna et vit sa grosse boule de poils orange, un autre visage qu'elle avait craint ne plus jamais revoir.

— Pattenrond ! s'écria-t-elle.

Le félin traversa le salon à la course, sauta sur les genoux de sa maîtresse et se roula en boule, ronronnant de toutes ses forces.

De l'autre côté de la pièce, les rires s'étaient tus. Les regards ébahis de Wendell et de Monica passaient du chat à la jeune inconnue.

— Mais comment…, marmonna Wendell.

— Il déteste tout le monde, ce chat, souffla Monica. Même nous, il ne nous grimpe jamais dessus. Je crois que c'est la première fois que je l'entends ronronner !

Les mains enfouies dans le long poil orange, Hermione sourit.

Ce serait peut-être moins compliqué que prévu, finalement.