Hermione ferma la porte derrière ses parents, puis resta quelques instants sans bouger, se laissant envelopper par le silence qui régnait dans l'appartement. Son appartement, son chez-elle, à elle seule, pour la première fois de sa vie.
Après un moment, elle se rendit dans la cuisine et s'assit à la table. Elle posa ses deux mains à plat sur la nappe à carreaux rouges et jaunes, la première chose que lui avait achetée sa mère pour son nouvel appartement, lui disant que ça lui rappelait Gryffondor.
Hermione avait longtemps résisté à l'idée de déménager. Après son année passée en cavale dans la campagne anglaise, après avoir été à un hémisphère de ses parents sans jamais avoir de leurs nouvelles, elle aurait passé avec plaisir la plus grande partie de sa vingtaine dans la grande maison des Granger. Miranda avait cependant une autre idée pour la jeunesse de sa fille unique. Dès le vingt et unième anniversaire d'Hermione, elle avait commencé à tenter de la convaincre.
— Tu ne voudrais pas être plus près du bureau ? disait-elle.
— Avec la poudre de Cheminette, ça ne change rien, que je sois à trois rues ou à trois villes, j'arrive en un clin d'œil.
— Mais tu ne voudrais pas un peu d'indépendance ? essayait-elle encore. Tu sais, ton père et moi sommes rentrés depuis plus d'un an, tout va bien pour nous maintenant.
— Je préfère rester quand même, au cas où. On ne sait jamais.
— Peut-être que Pattenrond ne dirait pas non à un endroit à lui.
Hermione ne daignait même pas répondre à ce dernier argument.
Mais finalement, vers Noël, elle s'était laissée convaincre. Elle avait commencé à chercher dans un quartier sorcier de Londres, celui où vivaient plusieurs de ses collègues, mais dès que les locateurs voyaient son nom ils se pliaient en quatre pour lui faire plaisir, réduisaient les loyers de moitié, tout pour attirer une héroïne de guerre dans leur immeuble. Ne voulant rien savoir de ce traitement de faveur, Hermione avait rapidement déplacé ses recherches vers le quartier Moldu voisin, où elle se sentirait tout aussi à l'aise et où – bonus – personne ne la reconnaîtrait.
Au début février elle avait trouvé un petit endroit qui lui plaisait. Une chambre, un bureau, et une cheminée dans le salon qu'elle avait aussitôt fait rattacher au réseau de Cheminette. Elle pouvait ainsi se rendre directement au ministère si elle n'avait pas envie de marcher les trois pâtés de maisons qui la séparaient de l'entrée des employés. Ou encore au Terrier, aux Trois Balais pour visiter Hannah, Neville et tous ceux qui avaient emménagé Pré-au-Lard, ou bien à la Place Grimmaurd, où Ginny s'était installée avec Harry dès sa sortie de Poudlard.
Alors qu'elle commençait à se dire qu'elle devrait se lever pour se faire à manger, elle entendit des coups à sa porte. Avec un peu de trépidation, elle se leva pour répondre à ses tout premiers visiteurs. Sur le pas de sa porte se tenait un jeune couple, tous deux arborant de grands sourires. Hermione sourit également, un air interrogateur dans les yeux, et la jeune femme lui tendit une main.
— Je m'appelle Siobhan, se présenta-t-elle. Lui, c'est Dougal. On t'a vue emménager aujourd'hui, on habite en face.
Elle désigna du pouce la porte de l'autre côté du palier. Entre-ouverte, celle-ci laissait entrevoir un salon sens dessus dessous, mais néanmoins à l'air chaleureux.
— On allait se commander du libanais pour souper, continua Dougal, et on s'est demandé si tu voudrais te joindre à nous ?
— On pourra te raconter tous les potins de l'immeuble, ajouta Siobhan, une étincelle dans les yeux.
Hermione n'hésita pas une seconde avant de se présenter à son tour et d'accepter l'invitation avec plaisir. En se retournant pour fermer la porte de son appartement, un énorme sourire naquit sur ses lèvres. Finalement, sa mère avait peut-être raison : vivre seule serait une aventure géniale !
