Harry et Ginny auraient préféré un mariage simple dans une tente dans la cour du Terrier, Hermione le savait. Mais la pression des journalistes et du ministère – tant à cause de la célébrité de Harry que de celle de Ginny la Harpie – avait été telle que les fiancés avaient dû céder et louer la plus grande salle de réception qu'ils avaient trouvée, au centre-ville de Londres. Ils avaient néanmoins mis leur pied à terre quand la liste des invités commençait à menacer de dépasser les deux cents noms. Il y avait quand même des limites !
Malgré les yeux avides des caméras, les millions de regards sorciers qui les regardaient en direct depuis leur Magivision, la cérémonie avait été magnifique, presque intime. Devant l'autel, Ginny et Harry n'avaient d'yeux que pour leur promis, alors que derrière eux, leurs garçons et demoiselles d'honneur, Neville, Luna, Hermione et Ron, tentaient de retenir leurs larmes – certains avec plus de succès que d'autres !
Hermione n'en avait pas parlé à Ginny, ne voulant pas lui imposer ses soucis avant son grand jour, mais elle avait des papillons dans l'estomac à l'idée de revoir Ron. Ils s'étaient à peine revus depuis leur rupture, près de cinq ans auparavant, et quand ils n'avaient pas d'autre choix – au Terrier, ou lors d'interviews –, ils se parlaient le moins possible. L'animosité avait disparu depuis longtemps, mais elle avait été remplacée par une indifférence certaine, loin de l'amitié qu'avait espérée Hermione, et malgré tous les efforts de leurs amis.
Pendant la cérémonie, ce fut donc avec surprise qu'Hermione sentit peser sur elle un regard insistant. Elle chercha un instant, se demandant bien qui pouvait la remarquer elle plutôt que la splendide mariée qui se tenait devant elle, et croisa rapidement le regard de son ancien copain. Voyant qu'elle l'avait vu, Ron lui fit un petit sourire et, après un battement de surprise, Hermione y répondit. Peut-être que les choses allaient enfin pouvoir s'améliorer.
Plusieurs heures plus tard, le soleil était couché depuis plusieurs heures, mais la fête battait toujours son plein. Le plancher de danse était aussi occupé qu'il l'avait été toute la soirée, mais Ginny et Hermione étaient assises seules à une table ronde près du mur. Ginny avait enlevé ses chaussures et se massait les pieds.
— J'aurais dû écouter Fleur et changer de chaussures pour danser, grommela-t-elle. C'est pire que passer la journée sur un nouveau balai, tout ça.
Hermione sourit.
— Tu peux faire comme Victoire.
Ginny se tourna pour regarder sa nièce. La fillette de trois ans était nus pieds, se trémoussant dans tous les sens au rythme de la musique et faisant rire les adultes qui l'entouraient.
— T'imagines l'article que pondrait Rita Skeeter si je faisais ça ? répondit Ginny avec un rire. Tiens, tu vas avoir de la visite, je crois.
À la vue du sourire coquin de son amie, Hermione sentit le rouge lui monter aux joues.
— Qui ça ? demanda-t-elle innocemment.
— Qui ? Eh bien, Cormac MacLaggen, pardi !
— Quoi ?!
Hermione fit volte-face, mais c'était bien Ron qui s'avançait vers elle, comme elle s'y était attendue. Derrière elle, Ginny éclata de rire. Le jeune homme ignora complètement sa sœur et tendit une main à Hermione.
— Pourrais-je avoir cette danse ?
Elle lui sourit et lui prit la main, se laissant tirer vers un coin libre du plancher de danse. Au moment où ils y arrivèrent, cependant, la musique rythmée fut remplacée par une chanson lente. Les groupes d'amis quittèrent la piste alors que les couples se rapprochaient. Ron regardait Hermione, aussi mal à l'aise que s'il était à nouveau adolescent, et ce fut elle qui prit les rênes de la situation et lui passa les deux bras autour du cou. Elle le sentit soupirer de soulagement et placer ses mains sur sa taille.
Ils dansèrent ainsi, en silence, pendant près d'une minute avant de parler, tous deux en même temps.
— J'espère que –
— Je voulais te –
Hermione rigola, puis dit à Ron de commencer. Il se racla la gorge, puis se lança :
— Je voulais m'excuser. Je sais que ça fait longtemps, et je ne sais pas où tu en es, dans ta vie et… et tout, mais je sais maintenant que j'ai été idiot. Je n'aurais jamais dû te laisser aller comme ça, et… j'espère que tu voudrais bien me laisser une seconde chance…
Sans attendre davantage, sans même savoir si Ron avait fini de parler, Hermione se hissa sur la pointe des pieds et plaqua sa bouche sur la sienne. Quand ils se séparèrent, le jeune homme reprit la parole, un sourire sans les yeux :
— Donc c'est oui ? Tu sais, j'ai la capacité émotionnelle d'une petite cuillère, il faut m'expliquer ces trucs-là…
Hermione éclata de rire.
