Chapitre deux : Un de moins
Wilhelm ne pensait pas être une personne particulièrement sensible. Avant l'apocalypse il travaillait dans les mathématiques à l'université d'Oxford, il évitait les gens qui selon lui étaient tous les idiots qui ne méritaient pas son attention. Non pas que l'homme ne savait pas se comporter correctement en société, simplement il ne voyait pas l'intérêt de faire des courbettes et des sourires hypocrites. Dans l'université il était connu pour sa verve et ses propos acerbes qui avait fait pleurer plus d'un étudiant et renvoyer les doyens dans leurs bureaux le nez bas. L'homme de science ne c'était jamais intéressé aux gens, c'était pour cela qu'il aimait les mathématiques et les calculs. Cependant en cet instant quand il vit cette gamine étendue au sol il ressenti le besoin d'agir pour l'aider, même si pour rien au monde il ne l'aurait reconnu à voix haute. Il avait bien vu la morsure sur son bras mais il pensait quand même pouvoir faire quelque chose.
- Lyra prends la gamine, on se casse ! Paniqua Milo en voyant d'autres walkers arriver, attirés par le bruit.
- Ça sers à rien elle est mordue, elle en a plus pour longtemps. La jeune femme était penchée sur la fillette qui ne semblait même pas s'être aperçu de leur présence à cause de la panique et la douleur.
- Merde on n'a pas le temps de pinailler, on va pas la laisser là pour crever de toute manière alors autant la prendre avec nous et fissa; il y en a d'autres arrivent. Le ton de Wilhelm ne laissait pas place à la discution c'est pourquoi Lyra attrapa les mains de l'enfant et le pencha pour la charger sur son épaule droite comme un sac à patate. Sa main gauche retenait les jambe de la fille et elle serrait sa hache de la droite, elle se mit alors à courir dans la forêt loin des rôdeurs.
- On va … pas … tenir … le rythme … longtemps, s'essouffla rapidement Milo en abattant un geek à sa porté.
- J'ai vu sur la carte qu'il y avait des fermes dans le coin, on peut d'abriter dans l'un d'elle. La seule femme du groupe ne semblait pas dérangée plus que ça par sa charge et continuait de courir sans trop de peine.
Wilhelm allait faire part de son approbation quand il se senti entraîner vers le sol, il se retrouva face contre terre son couteau quelques mètres plus loin. Une main lui enserra la cheville et il senti une mâchoire se refermer sur cette dernière.
- Merde Willy … Milo attrapa les cheveux du rôdeur vautré au sol près du vieil homme avant de lui donner un coup de machette sur l'arrière du crâne.
-Aller Papy ! Pas le temps de lambiner comme tu l'as dit.
- Ma cheville... j'ai été mordu. Sa voix tremblait un peu et son souffle était erratique à cause de la panique, l'idée de mourir de manière précoce semblait lui paralyser l'esprit.
Milo se pencha rapidement pour voir ça de plus près, avant de le rassurer. Le cuire de la boots avait empêché les dents du rôdeur de passer mais il fallait qu'ils continuent de courir s'ils ne voulaient pas rejoindre le camp des morts.
À peine une minute plus tard ils étaient sorti de la forêt et se dirigeaient vers une vieille grange a l'abandon dans une clairière. Lyra menait le groupe toujours avec son fardeau sur l'épaule, elle entra la première dans le bâtiment silencieux et entendit les deux hommes du groupe barricader l'entrée.
- Le grenier à foin semble solide, on peut grimper on sera plus en sécurité en hauteur, les informa Lyra toujours pragmatique alors que Milo reprenait son souffle et que Wilhelm vérifiait sa cheville par lui-même.
Elle posa la jeune fille à terre qui se laissa faire complètement pétrifiée de peur et alla faire le tour pour vérifier que tout était bien sécurisé. Le morceau de tissu sur le bras de la fillette se teintait doucement de sang, la morsure ne semblait pas très profonde mais elle n'en était pas moins grave.
- Écoute gamine tu grimpes là-haut, nous on te suit et on verra ce que l'on peut faire pour toi.
La jeune fille hocha la tête n'osant pas prononcer un mot. Elle était terrifiée à l'idée de mourir et ne souhaitait qu'une chose : que sa maman soit là, après tout sa maman était toujours là quand ça n'allait pas. La voix du plus âgé de la bande la sortie de ses pensées.
- Aller Poil de Carotte, ouvres la voie je reste derrière si tu tombes.
- Et moi alors tu t'en fous si je tombe, se plaignit Milo, la dernière fois je me suis ramassé la gueule dans la boue et tu t'es contenté de te marrer en me regardant.
Le mathématicien lui jeta un regard blasé avant de s'engager sur l'échelle après la fillette. Lyra passa dernière en portant, dieu seul sait comment, son chien sur le dos. Après quoi, avec Milo, elle tira l'échelle vers le haut afin d'être certaine que les walkers ne puissent pas les suivre. Pendant ce temps Wilhelm avait couché l'enfant sur des bottes de paille recouvertes d'une bâche et examinait son bras.
- Je pense que si on le coupe de suite elle pourra peut-être survire, après tout ça ne doit pas faire dix minutes qu'elle est mordue mais il faut se dépêcher. Chuchota-t-il en revenant près de ses compagnons.
- C'est risqué mais je suppose qu'il n'y a pas d'autre solution, alors c'est parti. Qui ici a des notions de boucherie ?
La remarque cynique de Milo n'avait bien heureusement pas était entendu par la jeune fille qui continuait de paniquer. Les trois adultes se retournèrent vers elle et lui demandèrent de rester bien allongé, elle vit l'asiatique du groupe enlever sa ceinture. Cela eut pour effet de lui rappeler son père quand il était ivre et qu'il s'en prenait à sa mère, instinctivement elle chercha la sortie la plus proche où endroit où elle pourrait se faufiler. Avant qu'elle ne puisse esquisser le moindre mouvement l'homme qui l'avait examiné revint vers elle pour lui tenir ferment les épaules.
-Tant fait pas gamine, on va faire notre possible pour te sortir de là, mais ça va faire mal. Il va falloir que tu restes forte mais aussi que tu fasses le moins de bruit possible pour ne pas attirer nos amis les rôdeurs. Tu peux faire ça pour moi ?
Milo avait fait attention de parler doucement pour ne pas l'effrayer davantage, en même temps il plaçait sa ceinture serrée au-dessus du coude gauche de la fille. Puis il prit un morceau de bois qui traînait au sol, le recouvrit de tissu puis le donna a la fillette.
-Pour que tu puisses mordre dedans, précisa-il devant son regard interrogatif.
Pendant ce temps Lyra avait sorti une petite scie de son sac, l'avait nettoyé et badigeonné d'alcool (une flasque de vodka qu'elle gardait pour les coups durs). Elle se dirigea vers la patiente et Milo tenait le bras contaminé pour qu'il reste tendu. Lyra commença donc à scier en y mettant toute sa force afin de rapidement mettre fin au calvaire de la gamine. Son cri était étouffé par le bout de bois dans lequel elle mordait mais restait quand même insupportable pour les personnes présentes. Rapidement elle s'évanouit à cause de la douleur, Wilhelm vérifia qu'elle respirait correctement et plaça une écharpe pliée sous sa tête pour la surélever un peu.
De son côté Lyra avait fini mais il lui fallait encore être sûre que la fille ne se vide pas de son sang. La seule chose qui pouvait agir était les pansements anti-hémorragiques qu'elle avait pri dans les stocks de l'armée au début de l'épidémie. C'était des pansements conçus pour limiter la perte de sang, très utilisé par les soldats sur les zones de guerre. Elle ne pouvait les laisser que quelques heures après quoi il lui faudrait trouver une autre solution, elle tira une caisse vers elle pour caler le bras un peu en hauteur. Pour le moment la fillette était vivante mais savoir si elle le resterait était une autre question.
- Ça y est, fini ! J'ai toujours su que j'aurais fais un super toubib.
- Ha pas moi j'ai gardé les yeux fermés tout du long. T'es sure que je peux les ouvrir ? Milo était tendu à l'extrême le teint un peu pâle et semblait prêt à prendre la fuite si le bras au sol se décidait à s'en prendre à sa personne.
- Ho putain on se croirait dans 127 heures, je crois que je vais gerber, sur ces bonnes paroles le jeune homme s'éloignât rendre son déjeuné.
- Il va falloir aller chercher des médicaments et de quoi refermer la plaie comme il faut si on veut qu'elle ait une chance se s'en tirer. Wilhelm semblait beaucoup s'impliquer pour l'état de la jeune fille même si il évitait de le trop le montrer.
- Oui c'est aussi ce que je me suis dit, mais pour les heures à venir les pansements vont tenir. Il faut que l'on trouve du fil pour ligaturer les vaisseaux, mais aussi des antibiotiques, des pansements stériles, des poches pour lui faire passer du sérum phy pour qu'elle ne se déshydrate pas. L'idéal serait de pouvoir lui transfuser du sang mais je suis pas médecin, on pas le matos et on connaît pas son groupe sanguin.
- Ça va tu ne t'en es pas trop mal sortie pour quelqu'un qui ne l'avait jamais fait. Tu sais dans la marine anglaise au XIXème c'était souvent des bouchers qui embarquaient comme médecin sur les bateaux de guerre alors bon, une biologiste dans une grange à foin c'est pas si terrible.
- En effet tu es très rassurant, lui répondit-elle d'un ton sarcastique, après il faut pas étonner que le monde parte en couilles. Mais enfin tout ça pour dire que rien n'est gagné. Lyra se pencha et ramassa le bras tombé au sol. Es-tu intéressé par une main supplémentaire ? Elle est parfaite pour se gratter dans le dos ou dans toutes autres zones inaccessibles. Lui proposa la jeune femme comme une présentatrice de télé-achat.
- Pourquoi pas. Je m'en servirais pour mettre des claques à distance, je suis sûr que Milo appréciera.
- Que j'apprécierais quoi ? Et sinon on fait quoi maintenant ? Demanda le jeune homme encore un peu pâle. Beurk, Lyra je t'en prie arrête de tapoter la tête de Wolfie avec le bras de la gamine c'est vachement glauque.
-Ce qu'on fait, ma petite larve, on va vers Brooks qui est plus près que la Senoia, il y a une clinique indiquée sur la carte. On va prendre des médocs pendant que le grand-père reste surveille la gosse.
Wilhelm grommela face au surnom utilisé mais acquiesça à l'exposé du plan. Il leur proposa cependant de laisser une partie de leurs affaires dans la grange pour qu'ils puissent se déplacer plus facilement. Il avait été décidé que Wolfgang resterait avec la blessée, il serait plus utile à Wilhelm si il y avait une attaque de rôdeurs.
Lyra prit son sac en bandoulière et le vida des affaires superflues pour l'expédition, elle ne garda que des balles pour son revolver et ses outils pour forcer les portes. Elle ajusta ses armes et se tourna vers Milo qui finissait de coincer une arme à feu, qu'il avait prit à un des vigiles de l'aéroport, dans son pantalon.
- Fait gaffe à pas te tirer dans les fesses par accident, je refuse de te soigner pour un truc pareil, l'averti la kazakhe.
- Pourquoi j'ai toujours l'impression d'être votre souffre-douleur à toi et Willy ? En plus je sais que tu n'attends que ça pour voir mon incroyable fessier finement galbé par des heures de marche intensive, lui répondit Milo, piqué au vif dans son orgueil . Au fait je sais que ça peut paraître sans importance pour des sociopathes comme vous mais est-ce qu'on sait au moins comment elle s'appelle la gamine ?
- Contrairement à ce que tu as l'aire de sous-entendre je lui ai demandé quand je l'ai examiné, répondit le seul docteur de la pièce (bien que ce ne soit pas en médecine), et elle m'a dit qu'elle s'appelait Sophia. Sophia Peletier.
