Hello,

Nouveau chapitre, je le poste un peu tard mais comme dit le dicton mieux vaut tard que jamais.

Bonne lecture et n'hésitez à laisser de reviews.


Chapitre quatre : Que faire ?

La nuit avait été horrible, probablement l'une des plus longues de sa vie. Wilhelm avait passé son temps auprès de la jeune fille en faisant son possible pour que son état ne s'aggrave pas. À intervalles régulières il changeait le tissu humide posé sur son front mais la fièvre ne semblait ne pas vouloir baisser. Le britannique espérait que Lyra et Milo ne tardent pas trop mais malgré tout il ne se faisait pas d'illusion , ses deux compères ne seraient probablement pas là avant le matin.

Il c'était assis contre les bottes de foin, Wolfgang à ses côtés, et depuis le mathématicien regardait le temps défiler dans le noir. Il préférait ne pas allumer la lumière pour ne pas être repéré, de plus il n'avait que des bougies à disposition, ce qui n'était pas l'idéal dans une grange en bois. Wilhelm ne tenait pas à finir brûler, merci bien.

Les rayons de la lune éclairaient l'intérieur de la grange grâce à la vaste fenêtre qui faisait aussi circuler l'aire, laissant l'occasion au mathématicien de voir les autres locataires des lieux. Car de temps en temps des rats passaient d'un coin à l'autre de la pièce, s'attardant parfois sur eux. Aucun ne semblait vouloir s'approcher plus, pas même de Sophia, très probablement à cause de la présence de l'énorme molosse qui veillait avec lui. Cela n'empêchait pas Wilhelm de les entendre se battre entre eux, à l'affût de la moindre baisse de vigilance pour s'en prendre à la blessée, ils étaient d'une bien lugubre compagnie dans une nuit qui ne paraissait sans fin.

C'est donc avec un réel soulagement qu'il entendit ses compagnons toquer à la porte du bas. Rapidement il descendit pour enlever les planches qui barricadaient la porte. Les deux compères semblaient fatigués mais ils souriaient comme deux niais, heureux d'être à nouveau tout les trois.

-Alors Grand Père tu comptes nous laisser dehors ? Plaisanta Milo

Wilhelm s'effaça de l'entrée pour les laisser passer, avant de se sentir happé dans une étreinte poulpesque par le plus jeune des trois.

-Si tu savais Willy comme tu m'as manqué, j'ai cru ne jamais réentendre le doux son de tes sarcasmes.

-Ce n'est pas mon cas, j'ai même songé à me remettre à prié pour que tu restes loin. Répondit le vieux mathématicien un sourire aux lèvres démentant ses propos, en essayant de se défaire de l'étreinte.

Plus loin Lyra câlinait son chien qui lui faisait la fête, très heureux de son retour. L'expression moqueuse de la jeune femme montrait qu'elle n'avait rien loupé de la scène entre les deux hommes. Ces deux là adoraient se chambrer et se disputer, mais il y avait une réelle entente entre eux. Finalement le jeune homme se décolla de sa victime, alléché par l'idée de pouvoir dormir un peu enfoui dans le foin. Les deux garçons montèrent pendant que Lyra attendait que Wolfgang revienne de son petit tour.

-Alors, qu'est-ce qui s'est passé de votre côté ? Demanda Wilhelm à la cantonade.

- On a réussi à avoir quelques médocs mais la ville est habitée par des gens et pas du genre bisounourse, lui répondit Lyra, Et toi ?

-Rien de particulier ici, la gamine ne s'est pas réveillée mais elle a commencé à faire de la fièvre dans la nuit.

Wilhelm la regardait l'air soucieux depuis le grenier, sa fatigue alourdissant ses traits. C'est à ce moment que choisit Wolfgang pour revenir et la jeune femme remit les planches pour barricader la porte. La kazakh montait l'échelle en soutenant son chien qui passait devant, elle entendit Milo raconter en détail leur histoire, en particulier leur rencontre avec l'autre groupe.

Elle lança son lourd manteau sur les bottes de foin avant de s'accroupir vers la fillette, son état était inquiétant. Le bandage mit la veille était teinté de sang, elle était pâle mais aussi moite de transpiration, la fièvre avait rendu son front brûlant. Tout les trois se réunirent autour de Sophia, Lyra se lavait les mains pendant que les deux hommes sortaient et préparaient les fournitures de soin nécessaire.

Wilhelm sorti un réchaud de leurs affaires et mis de l'eau à bouillir, il sortit aussi la pénicilline et prépara les seringues avec le bon dosage (selon la notice), il prit aussi l'anesthésiant local pour que la douleur des soins ne réveille pas la fillette. Milo alla chercher un grand tissu propre, qu'il avait voler chez le dentiste, il le plia et mit sous le moignon de la jeune fille, puis il en prit sorti les compresses pour nettoyer la plaie.

Lyra prit une ceinture qu'elle sera juste suffisamment pour faire un garrot, puis entreprit de découper le pansement déjà posé. La tache était délicate car il s'agissait de ne pas abîmer les chaires plus que nécessaire, une fois fait elle nettoya le tout avec de la bétadine.

Ensuite vint la partie la plus compliquée, celle de ligaturer les vaisseaux Lyra n'était pas certaine que c'était meilleure chose à faire car la plaie était ouverte depuis longtemps, de plus les tissus avaient été comprimés par les pansements mais la jeune femme ne savait pas quoi faire d'autre. Une fois terminée elle remit de la crème antibiotique, enleva la ceinture et referma la blessure avec des compresses et un bandage.

Pendant ce temps le mathématicien avait préparé la perfusion qui hydraterait et apporterai les antibiotiques nécessaires à la fillette. Le vieil homme lança un regard orgueilleux à la chirurgienne de fortune, l'aire de dire « et oui tu n'es pas la seule à connaître des trucs de médecine » avant d'accrocher la poche à un clou dans le mur au-dessus et de mettre la perfusion dans le bras restant de Sophia.

-Une bonne chose de faite, on va pouvoir roupiller maintenant, soupira l'asiatique du groupe qui cette fois était resté prudemment en retrait.

-Tiens prend ça avant d'aller te pieuter, fit Lyra en lui tendant des antidouleurs pour ses côtes meurtris.

- Il ne manque plus qu'un cocktail et je serai comblé répondit le jeune homme en avalant sa pilule avant d'enlever ses chaussures et d'étendre une couverture et un sac de couchage sur le foin. Il s'endormit aussi tôt qu'il se coucha, la fatigue accumulé depuis des jours reprenant le dessus sur l'adrénaline.

-Il doit vraiment être fatigué le Gamin pour s'endormir comme ça, remarqua le plus âgé.

-Ouais ça a été une dure nuit, les gars qu'on a rencontrés l'ont pas loupé.

- Tu t'inquiètes ? Tu penses qu'ils auraient pu vous suivre jusqu'ici ?

- On n'a pas laissé de traces, j'ai fait gaffe. Mais ils pourraient fouiller le coin, s'ils nous trouvent on n'aura pas les moyens de se défendre ils sont trop nombreux.

- C'est mauvais signe mais on peut mettre en place une vigie à la fenêtre, comme ça si nous les voyons arriver nous pourrons partir. Cependant il faut rempaqueter les affaires pour être prêt à s'enfuir à tout moment. Fit doctement Wilhelm

- De toute manière ce n'est pas comme si on avait d'autres possibilités. Je prends le premier quart, tu ferais mieux de dormir toi aussi, tu as l'air crevé.

- C'est une manière de dire que j'ai une tête horrible ? Ne te sens pas obligé de me le dire en prenant des pincettes, répondit malicieux l'homme de science, son accent écossait ressortant fortement avec la fatigue.

- Très bien, se résigna Lyra. Wilhelm, t'as une tronche à faire peur à un rôdeur, va dormir avant de coller les miquettes à la petite.

Après sa pique Lyra prit son arc et se posta à la fenêtre. Wilhelm suivit son conseil et se coucha mais prit le temps de ranger leurs affaires en cas de départ précipité.

De son côté Wolfgang attendait patiemment que sa proie sorte de son trou avant de se jeter dessus et de la tuer d'un coup de mâchoire. Il rejoignit Lyra à la fenêtre un énorme rat dans la gueule et il se coucha à l'ombre en mangeant tranquillement son dû. La jeune femme regardait le soleil rejoindre le zénith, les rayons de ce dernier réchauffant sa peau mate.

Elle écoutait la nature autour de la grange, c'était important si quelqu'un venait elle l'entendrait de loin, elle entendit un clocher sonner midi à plusieurs kilomètres. L'avantage était que le bruit se situait assez loin, il attirerait les rôdeurs à lui et ainsi personne ne ferait attention à la vieille grange visiblement à l'abandon depuis un moment.

En début d'après-midi Milo se leva et fit craquer ses os en s'étirant, il piocha dans sa réserve de sucrerie tout droit sortie de chez le dentiste. C'est complètement débraillé que le jeune homme se dirigea vers Lyra, toujours en poste près de la fenêtre, et lui proposa des bonbons.

-T'es toujours pas allé dormir ? demanda Milo avant de bailler.

- Non, avec Wilhelm on s'est dit que l'on devrait monter la garde. Au cas où les mecs de cette nuit nous trouveraient.

À cette idée l'asiatique grimaça en passant sa main sur ses côtes en souvenir de la nuit dernière. Il n'était pas pressé de renouveler cette rencontre, il en avait gardé bien trop de traces à son goût. Sa compagne de route ne semblait pas vraiment inquiète, seulement attentive à ce qui se passait autour d'elle. De plus elle avait comme toujours un léger sourire accroché aux lèvres.

Le plus jeune avait fini par comprendre que Lyra souriait peu importe la situation, ce qui avait le don d'agacer les personnes qu'ils avaient rencontrés. La plupart du temps c'était juste le coin des lèvres qui se soulevait, ou encore un sourire rêveur et l'air absent qui laissait penser que la jeune femme était très loin dans ses pensées mais ce sourire pouvait aussi se transformer en rictus amusé ou moqueur. C'était une manière de faire comme si rien ne la touchait, comme si elle contrôlait parfaitement ce qui se passait. En somme un moyen comme un autre de se placer au dessus de toute cette destruction et de cette mort, c'était juste un sourire qui en disait long. Milo ne se formalisa donc pas de la voir sourire légèrement en guettant l'extérieur.

L'ancien steward se dirigea donc vers le coin où leurs sacs étaient posés et en sorti un petit réchaud de camping. Il le posa sur une botte de paille recouverte d'une toile qui leur faisait office de table et mit de l'eau à bouillir pour préparer des pâtes à cuisson rapide (le dernier paquet qu'ils leurs restaient).

En attendant il observa Sophia qui dormait toujours d'un sommeil agité par les cauchemars et les délires provoqué par la fièvre. Le linge sur son front était encore frais, signe que Lyra avait dû le changer récemment. Milo avait vraiment hâte qu'elle se réveille qu'il puisse en savoir plus sur elle, ça le changerait de parler avec quelqu'un d'autre.

Une fois les pâtes prête Milo les assaisonna directement dans la casserole et prit deux fourchettes. Il alla s'asseoir en face de Lyra et posa le plat entre eux. Elle se saisit de l'un des couverts et ils se mirent à parler tranquillement de ce qu'ils allaient faire après en général et de Sophia en particulier.

- Il va falloir la surveiller de près dans les jours à venir, voir si la fièvre est due au fait qu'elle se transforme ou si c'est simplement dû à son bras, fit Lyra

-Tu penses que la fièvre va passer quand ?

-Je dirais que si elle est due à son bras, la fièvre passera dans quelques jours, si elle réagit bien aux médicaments. Après elle commencera probablement à se réveiller mais elle mettra encore quelques jours à être complément lucide.

- C'est si long normalement ? Je sais que tu n'es pas médecin mais tu as l'air de bien t'y connaître. Milo était curieux de savoir d'où Lyra tenait tout son savoir.

- Je ne crois pas que la fièvre soit aussi foudroyante habituellement, en tout cas la gamine est sacrément K.O. Mais sinon si je m'y connais c'est que j'ai déjà vu des gens se faire amputer – quand j'étais gamine je vivais dans un petit village où mon père travaillait comme médecin. C'était un village assez reculé avec des traditions kazakhes bien ancrées, alors il n'y avait pas de médecin à l'occidentale mais plutôt un mélange. Mon père est allé étudier la médecine à Samara, pendant la période communiste il avait pu sortir de son village après il a pu associer la médecine traditionnelle et celle qu'il avait apprise à la faculté. Je passais mes journées dans la salle de soins à essayer d'apprendre et à vouloir assister mon père.

- Ça devait être cool quand même, moi mes parents n'étaient jamais à la maison mais toujours en train de travailler dans des bureaux. C'est pour pas finir cloisonné comme eux que j'ai voulu être steward, au moins je pouvais voir du pays. J'ai toujours aimé voyager, découvrir de nouvelles choses, en plus j'ai pu faire enrager mes parents en choisissant un travail qui ne demandait pas de longue étude, se remémora l'asiatique.

-Et alors c'est quoi le meilleur endroit où tu es allé?

-Tu sais moi j'adore les villes, alors je dirai bien Séoul ou Tokyo. En plus il y a toujours plein de nouvelles technologies, des trucs de dingue encore plus au Japon qu'en Corée. Mais Séoul a un côté plus zen par moments, si on connaît les bons endroits, alors qu'à Tokyo t'as l'impression que les mecs sont sous cocaïne, toujours à 100 à l'heure. Ça me manque toute cette agitation, les gens, le bruit de la ville. Ici c'est trop calme. Raconta Milo en regardant l'extérieur qui était silencieux et ne reflétait pas l'ère post-apocalypse et morbide qu'ils vivaient au quotidien.

Alors que les deux compères reprenaient leur conversation, en parlant des avancés technologiques les plus folles, un coup de feu se fit entendre. Il semblait provenir de loin mais l'écho se répercuta dans le silence quasi surnaturel qu'il y avait dans la région.

-C'était quoi? Demanda Milo, pour confirmer ses pensées.

-Un coup de feu, à plusieurs kilomètres je dirais. Fit Lyra, ses sourcils plissés signe qu'elle se concentrait. C'est peut-être les gars d'hier.

-Ou alors c'est les gens qui cherchent Sophia, je ne pense pas qu'elle vienne du groupe que l'on a croisé en ville. Donc il y a peut-être d'autres gens dans la forêt qui la cherchent.

-Peu importe, c'est pas comme si on pouvait aller crapahuter en forêt avec la petite qui a une fièvre de cheval et un bras en moins. On n'est pas assez nombreux pour se diviser, surtout avec des groupes aussi violents qui traînent dans le coin.

- Alors on fait quoi ? On attend?! S'exclama le jeune homme.

- Si tu as une meilleure solution, je t'en prie Gamin, je suis tout ouïe. Fit la voix bourrue de Wilhelm derrière eux, les faisant se retourner en sursaut.

N'ayant rien à proposer Milo le leva et parti laver sommairement la casserole dans laquelle ils venaient de manger. Pendant ce temps l'écossais s'était rapproché de Lyra pour prendre sa relève dans la garde. La jeune femme se leva, étira ses membres endoloris.

-Je vais faire un tour vite fait avec Wolfgang, juste de quoi se dégourdir les pattes.

Sans laisser réellement à ses compagnons le temps de répondre, la kazakhe enfila son manteau et se saisit de son arc et de ses flèches avant de descendre.

Dehors tout était calme, il n'y avait pas de rôdeurs aux alentours. Lyra prit la direction des arbres, Wolfgang trottinant à ses côtés. Ce dernier été aussi heureux de sortir de la grange, c'était un chien de berger qui avait l'habitude de passer beaucoup de temps à gambader à l'extérieur, pas un chien de salon.

Pendant leur petite promenade Lyra fit attention à ne pas laisser d'empreinte mais aussi à voir si quelqu'un était dans le coin mais il semblait que les gens qui avaient tiré un coup de feu n'étaient pas venu par ici. Soulagée, elle rejoignit la grange tout aussi discrètement.

La fatigue se fit sentir, ces derniers jours avaient été particulièrement durs, entre l'errance, la recherche d'un endroit sûr pour finalement trouver une enfant dans la forêt et vivre dans un grenier à foin. La jeune femme était épuisée c'est pourquoi elle s'endormit rapidement après s'être installé dans son sac de couchage confortablement mit sur le foin.

La nuit tomba rapidement contraignant les habitants de la grange à rester dans le noir, les lumières attireraient fatalement l'attention sur eux.

Wilhelm se pencha sur Sophia, la fièvre était toujours présente mais n'avait pas augmenté. C'est un bon signe, sa plaie était propre le mathématicien s'en était assuré en changeant ses bandes. Les jours à venir allaient être déterminant pour elle, si elle se battait alors elle aurait une chance de survivre. C'était selon l'homme une belle métaphore de leur nouveau monde.