Chapitre 16 - Histoires
Le jeudi, en sortant du cours de poètmancie à 12T, Hector se précipite à l'accueil. À son arrivée, Acamas est en train de lire un dossier, un stylo à la main.
Hector : "Bonjour, je suis vraiment désolé de ne pas être venu hier, j'étais en retenue ... "
Acamas relève lentement la tête, rebouche et pose son stylo, puis il regarde Hector avant de répondre.
Acamas : "Je vois. Et je suppose qu'il vous étais impossible de prévenir?"
Hector : "Je ... J'y ai pas pensé, je suis désolé ..."
Acamas : "Très bien, excuses acceptées."
Acamas reprend son stylo, le débouche et recommence à lire son dossier.
Hector : "Euh ... Monsieur ... euh ... "
Acamas : "Quoi, encore?"
Hector : "Il faut absolument que j'aille au BHEPM. Si je ne peux pas m'acheter un exemplaire du livre d'histoire à faire bouillir avant samedi, je vais rater le contrôle d'histoire!"
Acamas : "Je vois. Ça semble en effet absolument dramatique, cette école ne pour- rait certainement plus fonctionner correctement si vous aviez une mauvaise note en histoire. Il est absolument certain que le personnel de cette école doit vous aider par tous les moyens possibles à éviter une telle calamité. Par ailleurs, je croyais que M. Retinebo était opposé au bouillage de livre. Il parait que les élèves doivent apprendre leur cours par eux-mêmes, ligne après ligne, afin d'avoir une occasion
de le comprendre et de l'analyser. Vu votre insistance pour vous procurer un livre d'histoire à faire bouillir, je suppose qu'il a changé de méthode pédagogique?"
Hector : "Euh ... pas exactement, mais ... "
Acamas : "Mais?"
Hector : "Euh ... S'il vous plaît?"
À ce moment là, le Professeur Dulcebo entre dans la pièce.
M. Dulcebo : "Bonjour Hector. Quelque chose vous préoccupe?"
Hector : "Euh ... J'aurais besoin d'aller au BHEPM pour voir si je possède des couleurs. Je demandais à Acamas s'il voulait bien m'accompagner."
M. Dulcebo : "Et que vous a-t-il répondu?"
Hector, rougissant : "Euh ... Il devait m'emmener hier, mais j'ai oublié de le pré- venir que j'étais collé et que je pourrais pas venir ..."
M. Dulcebo : "Ah? Il vous a fixé un rendez-vous pile pendant votre toquante de colle? Quel hasard malheureux! Hé bien, Acamas, je veux vous voir dans mon bureau immédiatement. Quand à vous, M. Potier, revenez demain en sortant de cours, nous aurons trouvé quelqu'un pour remplacer Acamas à l'accueil le temps qu'il vous accompagne au BHEPM."
De retour dans la salle commune, Hector croise Piotr.
Piotr : "Hector, je voulais juste te dire ... Demain soir, je serai avec des amis, on va réviser pour les contrôles de samedi, donc si tu as besoin d'aide pour bouillir ton manuel d'histoire, c'est ce soir ou jamais! J'ai toute ma soirée de libre." Hector : "Euh, merci, c'est gentil. Je vais me débrouiller."
De retour au foyer des élèves, Hector voit Marie et Hermès, assis à une table, en train de lire. Il les rejoint.
Marie : "On révise pour le contrôle de samedi. J'ai bouilli mon manuel, mais j'es- saie d'approfondir un peu mes connaissances en lisant d'autres livres, pour avoir une vision pus globale de l'histoire des mages. C'est bien de connaître les dates des événements, mais je manque terriblement de contexte. Je ne sais quasiment rien sur la vie des mages, les différents systèmes de gouvernement qui ont été adoptés au cours du temps, les causes et les conséquences des événements ..."
Hermès : "Moi je lis le manuel, et j'essaie de bien comprendre. Comme je l'ai fait bouillir, je le connais par cœur, mais on n'aura pas trop le temps pour réfléchir pendant l'examen, donc si on n'a pas tout bien compris avant ... En plus, ça m'aide d'avoir le livre en papier sous les yeux et de pouvoir regarder les pages."
Hector sort son manuel d'histoire et commence à le lire, lui aussi. Après tout, s'il n'a pas le temps de le faire bouillir, il ne pourra se fier qu'à sa mémoire, alors autant réviser ... Au bout d'un moment, Euryclée les rejoint, et comme Hector et Hermès, elle lit le manuel d'histoire. Elle prend des notes, et fait une frise chronologique des événements.
Euryclée : "Il y a un truc que je ne comprend pas ... En 1436, après avoir remporté la bataille de Granville contre les anglais, l'armée française menée par le général Xerxès reconquiert les îles Chausey et Jersey."
Marie : "Oui, et alors?"
Euryclée : "En 1558, le roi Arès II remporte une grande victoire contre les anglais lors de la bataille du mont Saint Michel, et il reconquiert les îles de Chausey, Jersey, Guernesey, et Avalon."
Marie : "Je vois où tu veux en venir."
Euryclée : "Et en 1598, le roi Arès IV signe un traité de paix avec l'Espagne. Les espagnols cèdent à la France les îles Chausey, Jersey, Guernesey et Avalon. Com- ment on a pu conquérir 3 fois de suite les îles Chausey et Jersey?"
Marie : "C'est parce qu'on les a perdues entre temps."
Euryclée : "Ah bon, quand ça? C'est marqué nul part dans le livre d'histoire!" Marie : "Bien vu. C'est un manuel d'histoire de France, qui insiste plus sur les vic- toires que sur les défaites. En fait, la plupart des défaites ne sont pas du tout mar- quées dans le manuel. D'après l'"Histoire complète de la France renaissante", les espagnols ont pris les îles par une attaque maritime en 1596. Et il semble évident que les anglais ont reconquis Chausey et Jersey à un moment entre 1436 et 1558, mais je n'ai pas encore trouvé quand. Ce n'est pas marqué dans l'"Histoire com- plète de la France renaissante", mais je suppose que c'est dans là-dedans."
Marie montre la couverture du livre qu'elle est en train de lire : "Histoire com- plète de la France Moyenâgeuse".
Euryclée : "Ah, et tu trouves des trucs intéressants dans ce livre?"
Marie : "Pour le moment, pas grand chose sur les grandes batailles historiques, mais il y a des passages très intéressants sur les rois de France. On dirait que les Loquarexibo étaient vraiment une famille de tarés."
Euryclée : "Ah? Qu'est-ce qui te fais dire ça?"
Marie : "Je vais vous lire un passage ..."
En 397, le roi Marcomir Loquar organisa une cérémonie pour déterminer si son fils Ragnemond possèdait le pouvoir Loquar ou non. Il convoqua tous les nobles à une assemblée, et il donna un verre de venin de cobram à Ragnemond. Celui-ci le but et tomba mort. Le frère cadet de Ragnemond, Faramond, déclara alors : "Le venin n'était point pur mais contenait de l'attrabore arsenée."
Le roi Marcomir répondit : "Certes, mais point ne peut régner l'inconscient qui accepte de boire du poison versé en son absence sans s'en prémunir. Saurais-tu, toi, Faramond, boire de ce poison?"
Faramond accepta, but le poison, et devint le roi des francs à la suite de Marcomir. La tradition de tester le pouvoir Loquar en faisant boire au prétendant du venin de cobram, et d'y ajouter discrètement d'autres poisons, a perduré jusqu'à nos jours.
Hermès : "Il parait que la façon de tester le pouvoir Rex n'était pas très sympa non plus."
Marie : "Hum ... C'est marqué là ... Eurk, en effet, pas très sympa! Je vous le lis."
En 662, le roi Aclibiade Loquaribo et la reine Timaea Rex furent confrontés à un début de fronde parmi leurs vassaux. Pour affirmer pacifiquement leur force et leur supériorité de souverains, ils choisirent de convier tous leurs vassaux à la cérémonie visant à établir si leur fille Lasthénie, alors âgée de 13 ans, possédait les talents familiaux.
Pour le test du pouvoir Loquar, les souverains firent passer une coupe parmi leurs vassaux, laissant toute liberté à ceux-ci d'y ajouter à leur convenance tous les poisons possibles. La jeune Lasthénie but ensuite le contenu de la coupe d'une traite. Pour le test des pouvoirs Ibo et Rex, ils placèrent Lasthénie dans une arène, sans aucune arme ou armure, et sans baguette magique. Le roi Alcibiade avait réuni une centaine de moldus avec épées et armures à qui on promit la liberté s'ils parvenaient à tuer la princesse. Quand les moldus entrèrent dans l'arène où se tenait la jeune fille, celle-ci usa du pouvoir Rex, et les contraignit à se suicider. Ensuite, la reine Tamaea lança un sort pour réchauffer le sol de l'arène, faisant fondre le sable sur lequel se tenait sa fille. Mais celle-ci usa du pouvoir Ibo pour se téléporter au loin, en sécurité.
À la suite de cet événement, la princesse Lasthénie fut la première à porter le nom de Loquarexibo. Par ailleurs, les mages qui assistèrent à la cérémonie furent si impressionnés que plus aucun mage français ne s'attaqua au pouvoir royal jusqu'à la démission d'Arsinoé XII plus de 1200 ans plus tard.
Hermès : "C'est horriblement horrible!"
Euryclée : "Mais c'est de l'histoire ancienne quand même, je ne pense pas que les Loquarexibo d'aujourd'hui massacrent des armées de moldus juste pour prouver qu'ils maîtrisent le pouvoir Rex ..."
Hermès : "En même temps, dans le livre, ils disent que la tradition de faire boire du venin de cobram aux enfants Loquarexibo pour tester leurs pouvoirs "perdure jusqu'à nos jours" ... Vous croyez que c'est vrai? Ils font boire du poison à leurs enfants juste pour savoir s'ils vont survivre?"
Marie : "Ben ... Ce livre a été publié en 1970 donc il est possible que la tradition ait été arrêtée depuis. Mais il en reste vraiment, des descendants de la famille Loquarexibo?"
Euryclée : "Je ne sais pas, j'en ai jamais rencontrés. J'imagine que j'en aurai entendu parlé s'il y en avait, ils seraient sûrement célèbres ..."
Marie : "Oui, sûrement. Ça fait peur, quand même, de se dire qu'il y a peut-être quelque part en France des mages capables d'utiliser le pouvoir Rex."
Hector : "Euh ... Je crois que j'ai oublié de donner à manger à mon ... mon animal de compagnie, je vais voir comment il va."
