Chapitre 17 - Le Bureau des Héritages Et des Propriétés Magiques
Le vendredi, à 12 toquantes, Hector se rend à l'accueil de l'école, au rez-de- chaussée de la tour Est pour y retrouver Acamas.
Acamas : "On va prendre le MEM jusqu'au Louvre, c'est là que se trouvent tous les bureaux qui administrent les affaires des mages."
L'arrêt "Louvre" du MEM est situé en sous-sol. Acamas et Hector prennent un ascenseur sur le quai, et ils arrivent dans un couloir au deuxième étage de l'aile Richelieu. Il y a un beau tapis au sol, le plafond est richement décoré. Sur le mur droit, de grandes fenêtres donnent sur la rue de Rivoli. Sur le mur gauche, des portes fermées régulièrement espacées, et des peintures. Hector regarde un tableau en face de lui, et il voit une femme se dresser sur une falaise face à la mer en brandissant une baguette magique. Elle lance un sort, et le temps change, une tempête se lève, et le tableau zoome sur la mer, sur une flotte de navire fracas- sés par l'ouragan. Puis le tableau devient noir et revient au début : une femme se dresse sur la falaise, face à la mer ...
Acamas : "Hector? Arrête de traîner, j'ai pas que ça à faire."
Acamas s'est arrêté devant une porte, et Hector se dépêche de le rattraper. Sur la porte il est écrit ...
Hector : "Bureau des Héritages Et des Propriétés Magiques. C'est là, le BHEPM?"
Acamas ne répond pas, mais il frappe deux coups sur la porte, puis l'ouvre et entre.
Acamas : "Bonjour, je vous ai amené Hector, c'est un élève de 4ème. Il vient d'une famille moldue, et il voudrait récupérer les couleurs que ses ascendants ont créées."
Le bureau est très beau, et très grand. Hector trouve qu'il ressemble un peu à la pièce qu'on voit en arrière plan de la photo officielle du président moldu. Au fond, une grande fenêtre donne sur la pyramide du Louvre. Un homme portant une robe et un chapeau pointu noirs se tient assis au bureau.
Sthénélos : "Bonjour, asseyez-vous, je vous en prie. Donc, vos parents sont tous les deux moldus et vous vous appelez Hector ...?"
Hector : "Euh, non, je ne crois pas que mes parents soient tous les deux moldus. J'ai grandi dans une famille de moldus, mais mes parents sont mages. Je m'appelle Hector Potier."
Sthénélos : "Hum ... Voyons ... Hector Potier ... Vous êtes le fils de Thétis Loquarexibo et Henri Potier?"
Acamas sursaute violemment, et regarde Hector d'un drôle d'air. Hector : "Oui, c'est ça."
Sthénélos : "Votre père est issu d'une famille moldue, et il a déjà récupéré toutes les couleurs que vos ascendants moldus ont créées. En ce qui concerne vos ancêtres mages ... La fortune de Thétis Loquarexibo et Henri Potier revient à Hector Loquarexibo. Je n'ai rien au nom de Hector Potier ... Ah, si, là, il y a une maquette qui a été présentée devant une vingtaine de personnes l'année dernière enregistrée à votre nom. Vous avez un justificatif d'identité?"
Hector donne sa carte d'étudiant de Sortnettes. Sthénélos la regarde puis la rend à Hector et se lève pour ouvrir un placard dans lequel se trouvent 26 tiroirs, étiquetés avec les lettres de l'alphabet. Il tire le tiroir "P". Le tiroir est très profond, beaucoup plus que le placard. Sthénélos tire le tiroir sur environ trois mètres, puis il en sort une clef, attachée à un gros porte-clef en bois sur lequel est écrit "Hec- tor Potier".
Sthénélos : "Hector Potier. Voilà, c'est celle-là! Nous n'avons plus qu'à l'activer."
Il ouvre un registre posé sur son bureau, et écrit quelque chose dedans, puis le tend à Hector.
Sthénélos : "Signez là."
La première colonne du registre contient des noms. Les deux colonnes suivantes sont vides. Sauf sur une ligne, au milieu de la page, la ligne "Hector Potier". La première colonne en face de son nom contient une signature. Hector signe dans la troisième colonne, et la ligne complétée brille pendant quelques micrimes, puis disparaît.
Sthénélos : "Très bien, le registre vous a reconnu comme le propriétaire légitime de ce bien. Vous pouvez accéder à votre coffre avec la clef pour y récupérer vos couleurs. Enfin, vos 53 points."
Hector : "Euh?"
Sthénélos : "Prenez la clef dans votre main, et tendez le bras à l'horizontale ... Voilà, comme ça. Maintenant, tournez la clef."
Hector tourne la clef dans le vide, et aussitôt une porte apparaît devant lui. La clef qu'il tient à la main se trouve dans la serrure. Il tire, et la porte s'ouvre sur un placard, qui contient une copie transparente et vaporeuse de son projet d'art plastique de CM2. Sur la face avant se trouve une étiquette indiquant "53 points".
Hector : "C'est quoi ces points?"
Sthénélos : "C'est pour mesurer la valeur des choses. Une couleur vaut 1.000 lignes, et une ligne vaut 1.000 points. Chaque œuvre d'art a une valeur en points, lignes ou couleurs, et plus l'œuvre est appréciée, plus sa valeur augmente. Apparemment, quelqu'un a beaucoup admiré votre création. Suffisamment pour qu'elle soit enregistrée comme œuvre. Pour un projet scolaire, 53 points, c'est tout à fait remarquable."
Hector : "Ça doit être la prof, j'avais eu une super note à ce projet."
Sthénélos : "Non, je ne pense pas. Ces points ont une nuance de jalousie ... Je ne pense pas que ce soit là l'appréciation d'un professeur. Enfin, voilà, vous avez récupéré votre fortune. C'est assez modeste, mais c'est tout ce qu'i votre nom."
Acamas : "Vous dites que l'héritage des Loquarexibo est au nom de Hector Loquarexibo?"
Sthénélos : "Absolument."
Acamas : "Et qui est Hector Loquarexibo, exactement?"
Sthénélos, l'air gêné : "Hé bien, je n'en sais rien, il n'est pas venu récupérer son héritage. Il s'agit sans doute d'un fils de Glaucos Loquarexibo, ou peut-être de Thétis."
Acamas : "Thétis n'a eu qu'un fils, cela est absolument certain. Quand à Glaucos ... Je n'ai jamais entendu dire qu'il ait eu des enfants."
Sthénélos : "On ne peut pas être certains, Glaucos était un homme, il a pu avoir un fils sans qu'on ne soit au courant."
Acamas : "Glaucos est mort il y a 10 ans, et ce garçon est le seul Hector à avoir mis les pieds à Sortnettes depuis. De plus, parmi les garçons de 9-10 ans en obser- vation pour être admis à Sortnettes lors de leur entrée en 4ème, aucun ne s'appelle Hector. "
Sthénélos : "Vous savez, les héritages sont gérés automatiquement, par magie. Il semble que le système a choisi de ne pas transmettre l'héritage familial des Loqua- rexibo à un sans-pouvoir. Je suis vraiment désolé que le descendant d'une aussi grande famille doive affronter la pauvreté, mais ce n'est pas moi qui décide de l'attribution des héritages."
Acamas : "Peut-être que s'il essayait de signer le registre en face du nom "Hector Loquarexibo", le registre accepterait sa signature?"
Sthénélos : "Bien sûr, nous pouvons essayer. Donnez moi juste un justificatif d'identité."
En sortant du BHEPM, Acamas a l'air furieux.
Acamas : "Dites moi monsieur ... Hector. Comment le Bureau des Affaires Ma- giques a-t-il déterminé que vous n'avez pas de pouvoirs?"
Hector : "Euh ... Je ne sais pas."
Acamas : "Vous n'avez pas été testé?" Hector : "Euh ... pas que je me souvienne."
Acamas : "Donc, il est possible que vous ne soyez pas un sans-pouvoir?"
Hector rougit, mais ne répond pas.
Acamas : "Ça semble assez évident ... La transmission des héritages ne se trompe jamais, si l'héritage de vos parents revient à Hector Loquarexibo, c'est que vous êtes un Loquarexibo. Surtout qu'en plus de la fortune des Loquarexibo, vous héritez de votre père. Je ne crois pas une seule seconde qu'il aurait voulu transmettre ses biens à quelqu'un d'autre, et surtout pas à un fils de Glaucos. Venez, allons au bureau d'état civil faire corriger ça."
Hector : "Euh ..."
Acamas : "Oui?"
Hector : "Est-ce que c'est suffisant, 53 points, pour acheter le manuel d'histoire de la magie?"
Acamas : "Oui, mais tout juste."
Hector : "Alors, euh ... J'ai pas trop envie de vous faire perdre votre temps ... On ferait mieux d'aller la librairie pour acheter mon livre et de rentrer."
Acamas : "... excusez moi si j'ai été désagréable. Je ne voulais pas ... Enfin, c'est trop important, on peut se permettre de rentrer plus tard à Sortnettes. Vous ne pou- vez pas vivre avec seulement 53 points. Même sans parler de sortir ou d'acheter des bonbons, ce n'est pas assez pour vous acheter tous les livres que vous aurez besoin de bouillir pour vos études. Et puis, être pauvre n'est jamais agréable, après tout, points, lignes et couleurs sont le secret du bonheur"
Hector, en regardant ses pieds : "Je n'ai pas très envie de changer de nom. J'ai peur que les copains ne me regardent plus pareil, après."
Acamas : "... on peut faire le changement ici, et vous obtenir une carte d'identité au nom de Loquarexibo, mais si on "oublie" de le reporter à l'école, vos cama- rades de classe n'en sauront rien."
Hector : "... d'accord ..."
Acamas emmène Hector jusqu'au bureau d'état civil, deux portes plus loin.
Acamas : "Bonjour, je vous présente Hector, le fils de Thétis Loquarexibo et Henri Potier. Il porte actuellement le nom de Potier, mais il possède les talent Loquarexibo, et il faudrait mettre à jour son état civil."
Idoménée : "Bonjour. Je vous en prie, asseyez-vous. Vous êtes venus pour faire reconnaître le patronyme d'un jeune mage dont les talents ont été établis?"
Acamas : "Absolument."
Idoménée : "Et vous êtes vous-même de la famille Loquarexibo?"
Acamas regarde l'homme du bureau d'état civil d'un air interloqué.
Idoménée : "Il me semblait bien que ce n'était probablement pas le cas. Il n'y a donc aucun membre de la famille Loquarexibo pour attester que ce jeune homme satisfait aux conditions pour porter ce nom?"
Acamas : "Je ne pense pas."
Idoménée : "Certainement pas, les derniers Loquarexibo enregistrés à l'état civil sont morts il y a 10 ans. Il va donc devoir prouver qu'il détient les pouvoirs Loquarexibo en en faisant une démonstration publique. Voyons, jeune homme, vous êtes vraiment sûr de posséder ces pouvoirs? Vous les avez déjà testés?"
Hector ouvre la bouche pour répondre mais est immédiatement interrompu. Idoménée : "Attendez, avant que vous ne répondiez, j'aimerais simplement vous
rappeler que toute utilisation du pouvoir Rex est absolument hors-la-loi, et passible de prison. Donc, êtes vous certain de posséder ces pouvoirs? Les avez-vous testés?"
Hector : "Non. Enfin, à part le pouvoir Loquar."
Idoménée : "Ah, vous buvez du venin de cobram au petit déjeuner?"
Hector : "Non, mais j'ai un rat de compagnie, et je discute avec lui, des fois."
Idoménée, visiblement contrarié : "Hé bien, nous réunirons la commission de vérification d'état civil, et vous pourrez leur montrer cela. Je vous enverrai une convocation dès que nous aurons trouvé une date où la commission peut se réunir."
En sortant du bureau d'état-civil, Acamas emmène Hector aux Halles pour y dépenser ses 53 points. Ils prennent le MEM une station en direction de Versailles c et arrivent à l'arrêt "Les Halles".
Acamas : "Nous sommes au 5ème sous-sol, la galerie commerciale est aux niveaux -6 et -7, donc on va prendre un escalier pour descendre."
Contrairement à ceux qu'on peut voir aux étages supérieurs, les tunnels et les escaliers du 5ème sous-sol sont très propres, et plutôt agréables. Après avoir descendu quelques marches , Hector sent une douce odeur ... forestière lui chatouiller les narines. Puis il voit le 6ème sous-sol : le sol est couvert d'herbe, des arbres et des fleurs espacés régulièrement donnent à l'ensemble l'aspect d'un petit bois très clairsemé. Hector n'a jamais rien vu qui ressemble aussi peu à une galerie commerciale. L'étage est très haut, au moins 15 mètres de hauteur sous plafond. L'escalier ressemblait à un escalier standard de métro vu du 5ème sous-sol, mais dès qu'il passe sous le plafond du 6ème sous-sol, il se transforme en escalier en colimaçon. Les marches sont transparentes, la rampe est transparente, et Hector commence à ne pas se sentir très bien.
Acamas : "Ne regardez pas en bas, vous allez avoir le vertige. Admirez plutôt le plafond."
Le plafond vaut la peine d'être admiré, en effet. Il est bleu ciel, et des nuages peints s'y déplacent lentement. Au loin, un gros disque jaune brillant représente le Soleil. Hector se fait la remarque que c'est le seul élément peu réaliste dans cette scène : il n'est pas du tout éblouissant.
Acamas : "Faites attention, monsieur Hector. On arrive à la limite de la cime des arbres. Le soleil va devenir beaucoup plus lumineux."
Hector : "Quoi?"
Acamas : "Le faux soleil a été réglé pour ne pas éblouir les gens qui montent prendre le MEM. Mais il va bientôt retrouver sa luminosité normale, puisqu'on va passer sous la cime des arbres. Vous feriez mieux d'arrêter de le fixer."
En effet, la zone où se trouve le Soleil devient brutalement éblouissante, et Hector recommence à regarder vers le bas. Les arbres sont assez bizarres, en fait. Certains sont très étranges. Ils ont tous de petites fenêtres, sauf un qui semble en verre, ou en cristal. On ne peut cependant pas voir à travers. Certains arbres sont reliés par de grosses branches qui se rejoignent d'un arbre à l'autre, formant comme un pont, ou un tunnel. Arrivé au sol, sur l'herbe, Hector se sent bien. C'est agréable d'avoir les pieds bien fermement posés au sol. Et le décor est très agréable, on se croirait en extérieur : le plafond bleu ressemble en tout point au ciel.
Hector : "Ben ... C'était un grand escalier, j'ai pas hâte de remonter."
Acamas : "On prendra l'ascenseur, dans ce cas. Venez, la librairie est par là."
Hector trouve ça vraiment étrange qu'Acamas le vouvoie. Les professeurs et les adultes de Sortnettes vouvoient généralement les élèves, et ça parait normal dans le contexte formel d'une classe. C'est même plutôt appréciable de se sentir respecté par des adultes. Mais puisqu'ils sont en dehors de l'école, Hector appré- cierait un peu de familiarité. Enfin, en même temps, en quittant l'école ce matin, Acamas tutoyait Hector, et ce dernier détestait ça. Hector se dit qu'au lieu d'avoir des pensées négatives, il ferait mieux d'essayer d'apprécier ce qu'il a, de profi- ter de la légère brise qui lui souffle doucement au visage, de l'agréable odeur de
mousse et d'herbe, de la vue de tous ces arbres, et du ciel bleu ... Acamas s'est arrêté devant un arbre. Un panneau en bois est cloué dans l'écorce.
Librairie Scribam
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En dessous de l'enseigne se trouve une ouverture rectangulaire d'une quinzaine de centimètres de haut qui semble assez profonde. Le bas de cette ouverture dépasse de l'arbre, formant une plate-forme en bois d'une douzaine de centimètres. Acamas jette un coup d'œil à Hector, puis il touche le dessin de main, sur l'enseigne. Aussitôt, il se met à rétrécir, et il se retrouve debout la plate-forme en bois. Acamas mesure maintenant une dizaine de centimètres, et il regarde Hector. Celui-ci pose à son tour la main sur l'enseigne, et il se met à rétrécir. La sensation est extrêmement déconcertante, mais pas désagréable. Hector se retrouve à côté d'Acamas sur une plate forme en bois qui s'étend au dessus du vide. Les Halles ne sont vraiment pas un endroit pour les gens qui ont le vertige. Heureusement, ce n'est pas du tout le cas de Hector. L'ouverture dans l'arbre mène vers l'intérieur de la librairie et, avec un peu de chance, il pourra y avoir un sol solide sous les pieds assez longtemps pour reprendre ses esprits.
