CHAPITRE 25. APPRÉHENSIONS
Le dimanche matin suivant, Piotr recrache ses tartines en toussant.
Piotr : "Kofff! Raaah! Trop de poivre, Hector! C'était vraiment gentil de m'amener le petit-déjeuner au lit, mais ... Koff ... Koff ..."
Piotr se saisit de son verre et le vide d'une traite. Malheureusement, il ne contenait pas que de l'eau.
Piotr : "Aaahhh! Grgl! Aaaahh! Kofff! "
Eurypylos : "Tiens Piotr, un vrai verre d'eau, les 4ème n'y ont pas touché à celui- là."
Piotr boit son verre, et son état s'améliore nettement.
Piotr : "Du piment dans l'eau? Saletés ... Bon, au moins, c'est fini! Plus de petit- déjeuners au lit!"
Pisistrate : "C'est clair que vous nous en avez fait baver! Dans deux ans, vous ver- rez, on sera aux premières loges pour conseiller vos filleuls, vous allez pas vous en tirer comme ça!"
Arthur : "Mais bien avant ça, Pisistrate! Le week-end prochain, c'est le week-end d'intégration!"
Pisistrate : "Mais oui, c'est vrai! Ils vont souffrir, les petits machins ... Après ce petit-déjeuner, ça me dérangera pas de les voir pleurer!"
Hermès : "D'ailleurs, il va se passer quoi pendant le week-end d'intégration?"
Pisistrate : "Ah, ah! Tu verras bien sur place!"
Eurypylos : "Un peu de suspens ne fait pas de mal."
Pisistrate : "Mais vous allez en baver! J'ai hâte de voir ça!"
En sortant du dortoir, Hector et Hermès rejoignent Léto, Euryclée et Calypso, qui sont restées pour le week-end.
Calypso : "On vient de recevoir un coup de fil de Marie : elle a donné la potion Périclès à son père, et il se sent beaucoup mieux. Il va passer des examens médicaux de moldus pour vérifier, mais à priori, il est guéri."
Hector : "Formidable! Je suis trop content pour elle!"
Hermès : "Super!"
Léto : "Ouais, c'est cool, un moldu de guéri ... Sinon, j'aimerais trop savoir ce qui nous attend pour le week-end d'inté. Vous savez pas, vous?"
Hector : "Aucune idée."
Calypso : "Aucune idée."
Hermès : "Aucune idée."
Euryclée : "Aucune idée."
Calypso : "Quoi? Tu sais Euryclée? Vas-y, raconte!"
Euryclée : "Bon, OK, je sais, mais je ne peux pas vous raconter."
Léto : "Comment ça? On est tes amis, Euryclée! On trahirait jamais un secret! On te dit tout, nous!"
Euryclée : "Ah? Tu nous cache jamais rien? T'étais où hier soir?"
Léto : "Euh ... En soirée ... Avec des grands ... Enfin, c'est pas intéressant, ça, ce qui compte c'est ... Il se passe quoi pendant le week-end d'intégration?"
Euryclée : "J'ai promis aux grands de pas vous le dire. Promesse de mage. Sur mon poster dédicacé d'Hippodamie."
Léto : "Une vraie promesse de mage? Si tu la romps, ton poster sera détruit?"
Euryclée : "Oui. C'est les grands qui m'ont obligée, ils ont dis qu'avec mon talent familial, j'allais forcément savoir ce qu'ils préparent pour le week-end d'intégration, et qu'ils ne veulent pas que je le répète aux autres."
Calypso : "Mais tu sais faire des promesses de mages, toi? Il faut lancer un sort, non?"
Euryclée : "Les lycéens m'ont appris ... Ils tenaient vraiment beaucoup à ce que je fasse cette promesse."
Léto : "Ouais, moi aussi, ils m'ont appris à faire des promesses de mages, c'est super facile."
Calypso : "Ça m'inquiète ... J'aimerais bien savoir, pour être rassurée. Je sais qu'ils ne pourront rien faire de dangereux, et je pense qu'en vrai, ils ne feront rien
du tout, mais je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur quand même. Tu ne penses pas qu'on aurait moins peur si on savait ce qui nous attend, Euryclée?"
Euryclée : "Ça sert à rien d'avoir peur, en tout cas."
Hector : "Mais tu n'a pas peur, toi?"
Euryclée : "Si, quand même."
Hector : "J'imagine qu'on peut éliminer l'hypothèse de "on s'inquiète pour rien, il ne vont rien faire du tout", du coup."
Hermès : "Mais ça sert quand même à rien de s'inquiéter, on verra bien quand on y sera. Inutile de nous inquiéter avant."
Les 4èmes prennent la ferme résolution d'arrêter de s'inquiéter pour le bizutage, et ils passent donc la semaine suivante à imaginer toutes les choses les plus horribles que les grands pourraient leur faire dans le cadre d'un événement scolaire autorisé par les adultes. Chaque fois qu'il voit sur son emploi du temps les journées du vendredi et du samedi marquées "week-end d'intégration - cours banalisés", Hector ressent un pincement au cœur, accompagné d'un mal de ventre grandissant. Le jeudi soir, les élèves de 4ème se retrouvent au foyer, assis autours d'une table, pâles et silencieux.
Piotr : "Bah alors, vous êtes là, les 4ème? Vous vous faites du mauvais sang pour rien, c'est complètement inutile de vous inquiéter. Dans tous les cas, dimanche soir vos épreuves seront finies. Au lieu de rester là à broyer du noir, vous feriez mieux de réviser vos discours de fin de bizutage."
Hector : "Je connais mon discours par cœur. Je l'ai fait bouillir en même temps que mes manuels de cours pour être sûr de rien oublier."
Piotr : "Bah, récites le, on verra si tu le prononces bien."
Hector : "Moi, Hector, je serai un membre exemplaire de la communauté d'élèves de Sortnettes, un bon camarade, et un digne descendant de la famille Stratèges. J'aiderai les autres membres de ma famille chaque fois que je le pourrai. Je suivrai en toute occasion notre devise : Observation, réflexion, action.. Durant mes études, je prendrai le temps de jouer au pasd'ball chaque année, même les années d'examen. Et c'est avec fierté que je reçois ce chapeau orné du symbole de ma famille, que je porterai chaque jour durant toute ma scolarité à Sortnettes."
Marie : "Pas mal. Je trouve que tu devrai plus insister sur la devise de ta famille, pour qu'elle ressorte plus. Comme si elle était en italique, ou entre guillemets."
Hector : "T'es marrante, comment on met des guillemets ou des italiques à l'oral?"
Marie : "Bah, je sais pas ... Un peu comme ça : la devise de ma famille Le savoir est le plus grand des trésors.. C'est une question d'intonation, je suppose."
Hermès : "Comme ça? Persévérer, Réessayer."
Léto : "Oui, top!"
En préparant son discours, Hector oublie un peu son inquiétude pour le lendemain. Mais dès qu'il monte se coucher, elle lui revient brutalement. Demain ... Après s'être retourné 75 fois dans son lit, après avoir de nouveaux passé en revue tout ce qu'il a entendu à propos de bizutage dans les école moldues, après s'être redit 138 fois qu'il ne devait plus y penser, Hector finit par s'endormir. Il se réveille trois fois en pleine nuit. La première fois, il a fait un cauchemar où les lycéens alignaient les 4ème sur une estrade puis les obligeaient à chanter sous peine d'être fusillés. Mais dès qu'Hector commence à chanter, il est tellement hors-ton que les lycéens le fusillent quand même.
Dans son deuxième cauchemar, il doit affronter un dragon en utilisant la poétmancie. Il essaie de faire de jolis vers pour que ce qu'il décrit devienne réalité grâce à ses talents de poétmancien, mais lesdits talents s'avèrent inexistants. Et en plus, Pétronille n'arrête pas de se moquer à chaque fois qu'il fait une faute de français dans ses poèmes. Le dragon finit par perdre patience, et il passe à l'attaque. À ce moment, Tatouille surgit courageusement pour défendre Hector et se rue vers la patte arrière du dragon, mais quand il arrive contre les écailles du dragon, il fait semblant de se cogner et tombe sur le dos, en riant et en agitant les pattes. C'est alors que le dragon dévore Hector.
À peine a-t-il réussi à s'endormir pour la troisième fois de la nuit qu'Hector est réveillé par un grand cri venant du lit d'Hermès.
Pisistrate : "Bah alors, mauviette? On fait des cauchemars parce qu'on a peur pour le bizutage de demain? C'est pas une raison pour nous empêcher de dormir!"
Hermès : "J'ai rêvé qu'on nous forçait à manger des cobrams et des grouillules gluants! On nous forçait à les manger! C'était terriblement terrifiant! "
Pisistrate : "Les cobrams sont une espèce protégée, crétin! Rendors toi."
Le lendemain matin, à 7 toquantes, les 4ème se retrouvent dans le jardin à la française entre la tour Est et le portail d'entrée de l'école, alignés face à Stentor, le responsable du bureau des élèves, un grand terminale d'au moins 17 ans qui leur explique ce qu'il attend d'eux. À côté de lui se trouvent d'autres élèves de terminale, dont Hécube de la famille Studiôse et Valentin des Stratèges.
Stentor : "Garde à vous! Vous, les bizuts, vous allez venir avec nous, les res-
ponsables du BDE. Pendant que les autres élèves iront à la plage, on va amener leurs bagages jusqu'au camp, faire la cuisine, et préparer la soirée. Demain, on vous a prévu des activités à la plage. Et dimanche, vous devrez ranger et faire le ménage avant de rentrer. Si tout n'est pas nickel dimanche à 10 toquantes, on rentre sans vous, alors vous aurez intérêt à garder les endroits où vous passez les plus propres possibles, pour gagner du temps dimanche matin. Évidement, les autres élèves n'en feront pas autant. Bon, pour commencer, vous allez vous ré- partir en groupes de 3 ou 4 non mixtes : soit que des filles, soit que des garçons, pas de mélanges. Vous serez par chambres de 4, on garde les mêmes groupes tout le week-end, et on n'a pas la permission de faire des chambres mixtes pour les mineurs."
Hector et Hermès rejoignent François Li, de la famille Ludos et Théoclymène Dupont, de la famille Excellor. Marie et Calypso se mettent en groupe avec Fatima et Clarisse. Léto et Euryclée avec Ényo et Artémis. Une fois les groupes constitués, les 4ème vont chercher des grands tapis au sous-sol de la tour Ouest, et les ramènent jusque devant la tour Est. En les voyant arriver, croulant sous le poids des tapis, les terminales se moquent abondamment des petits 4ème.
Stentor : "Qu'est-ce qu'ils ont à porter les tapis à dos d'hommes, comme des moldus? Tu crois que Marseille leur a pas appris le sort de lévitation?"
Hécube : "Sûrement si, mais ils ont pas compris à quoi ça sert. Tu sais, c'est con un bizut."
Valentin : "On leur explique?"
Stentor : "Non surtout pas! Laisse les galérer, qu'on continue à se marrer. Hé, les bizuts! Maintenant que vous avez ramené les tapis, vous les déroulez, et vous chargez les bagages sur le plus grand, là, le rouge et noir."
Marie lance le sort de lévitation sur une malle, et quand la malle est arrivée à 75 cm de hauteur, elle la pousse. La malle, n'étant plus en contact avec le sol, n'offre que très peu de résistance à la poussée et elle est très facile à déplacer. Arrivée au-dessus du tapis rouge et noir, Marie ressort sa baguette et annule le sort de lévitation.
Stentor : "Hé! Doucement avec cette malle! Il y a des trucs fragiles dans les ba- gages, t'annules pas le sort de lévitation comme ça, brutalement, quand ta charge est encore à presque un mètre de haut! Tu fais descendre doucement, délicate- ment, et tu annules le sort une fois que c'est bien posé par terre. Compris?"
Marie : "Oui, monsieur, excusez moi."
Stentor, vérifiant le contenu de la malle : "Bon, ça va, y a rien de cassé ... Continues à charger le tapis, mais fais gaffe."
Hécube : "On dirait qu'on va plus pouvoir beaucoup rigoler, ils ont pigé le truc."
Stentor : "T'inquiètes, le week-end d'inté ne fait que commencer, on aura bien d'autres occasions de rire."
