CHAPITRE 26 - WEEK-END D'INTÉGRATION
Une fois tous les bagages chargés sur le plus grand des tapis, chaque groupe de 4ème se retrouve sur un des tapis plus petits. Valentin rejoint le groupe de Hector.
Valentin : "Bon, c'est moi qui vais piloter. Asseyez-vous bien au milieu et ne bougez pas trop. Interdiction de tomber pendant le vol ! On sera en 3ème position dans la formation, derrière le tapis de Hécube."
Sur le tapis voisin, Hécube a rejoint le groupe de Léto. Sur le premier tapis, Sarpédon, Pandros, Troïlos, Déiphobe et un élève de terminale s'apprêtent à dé- coller. Stentor s'installe sur le tapis des bagages avec une élève de terminale.
Stentor : "Prêt à partir? N'oubliez pas : de la discrétion! On ne doit pas se faire repérer par les moldus ! Maintenez vos camouflages, ne faites pas de bruit, et ne faites rien tomber!"
Hécube : "Ne rien faire tomber ? On peut quand même jeter un bizut ou deux par dessus bord, s'ils sont trop énervants ?"
Stentor : "Non, surtout pas, rien du tout! Si les moldus voient des trucs tomber du ciel, on va avoir des ennuis. Et puis vas-y mollo avec les bizuts, on n'a le droit qu'à 10% de pertes sur tout le week-end, alors ça serait bien qu'ils arrivent tous vivants jusqu'au camp. Parés à décoller ?"
Élèves de terminale : "Parés !"
Stentor : "Tapis 1, décollage !"
Le tapis Sarpédon s'élève lentement. Arrivé à 3 mètres de hauteur, il s'arrête. Après quelques secondes, il disparaît d'un seul coup ! Au-dessus, de Hector, là où
se trouvait précédemment un tapis légèrement bosselé sous le poids des élèves, il n'y a plus que ... rien, du ciel bleu et des nuages.
Stentor, qui est encore au sol avec le tapis des bagages : "Camouflage OK ! Tapis 2, décollage !"
Le tapis 2 décolle, s'arrêt de haut, et disparaît. Puis arrive le tour du tapis 3. Au moment du décollage, Valentin lance d'abord un sort de lévitation. Puis une fois que le tapis est immobilisé à 3 mètres de hauteur ...
Valentin : "Bon, je vais lancer le sort de camouflage. Ça va rendre le tapis trans- parent quand on le voit d'en-dessous, mais pas quand on le voit d'au-dessus, donc on ne va rien remarquer d'ici. Κρύπτοιο "
Stentor : "Camouflage OK! Tapis 4, décollage !"
À cette hauteur, Hector voit les élèves sur les tapis 1 et 2. Ils n'ont pas du tout l'air camouflés, quand on est à la même hauteur qu'eux. Le dernier tapis à décoller est celui de Stentor, avec les bagages. Il monte jusqu'à environ 6 mètres avant de lancer le sort de camouflage, et vu d'en-dessous, le tapis de bagages disparaît. Une fois que les terminales ont confirmé que le camouflage est correct, Stentor fait redescendre son tapis jusqu'à la même hauteur que les autres, et il réapparaît. Les tapis ont exactement l'aspect des nuages et ciel au-dessus d'eux quand on les regarde par en-dessous, mais ils ont un aspect de tapis parfaitement ordinaires quand on les regard par au-dessus. C'est assez perturbant.
Stentor agite sa baguette, et un drapeau en sort, sur lequel est représentée une flèche qui pointe vers le haut. Valentin et les autres terminales répondent en agitant leurs baguettes, et des drapeaux en sortent, représentant de gros ronds noirs sur fonds jaunes.
Valentin : "Silence pendant le vol. Et interdiction de s'approcher du bord du tapis."
Les tapis s'élèvent jusqu'au-dessus de la hauteur des immeubles, puis commencent à se déplacer parallèlement au sol, cap ouest-nord-ouest. Les terminales font de nombreux signes avec leurs drapeaux, et Hector se demande si c'est bien utile, ou s'ils en rajoutent juste pour le plaisir de faire des signaux. Hector voit le paysage défiler tout autour de lui, ils traversent la Seine, puis passent la place de l'Étoile et arrivent au-dessus de la Défense. Cette vue aérienne de Paris est extraordinaire, et Hector adorerait pouvoir se rapprocher du bord du tapis pour mieux voir, mais il préfère ne pas s'attirer l'inimitié des terminales dès le début du bizutage.
Valentin, chuchotant : "Ne vous approchez pas du bord. Déjà, vous risqueriez de tomber, mon sort de lévitation est de bonne qualité, mais c'est plus difficile de bien le maintenir sur les bords du tapis. Ensuite, si vous vous penchez par-dessus bord, on va vous voir d'en bas. Vous voulez des bonbons ?"
Valentin sort des ondoyants au chocolat, des krazémous et des dragées caméléons. Puis il s'allonge, et regarde passer les nuages. Hector n'est pas très rassuré de voir le conducteur du tapis se désintéresser des questions de conduite, mais il décide quand même de faire pareil. Pendant plus d'une toquante, les passagers du tapis bavardent, mangent des bonbons, regardent les nuages et le paysage à l'horizon. De temps à autre, Valentin regarde où sont les autres tapis et corrige le cap d'un coup de baguette négligent. Conduire un tapis semble extrêmement facile, quand on voit Valentin le faire, mais Hector se sentirait à peine capable de main- tenir un tapis de cette taille en lévitation à altitude constante, et il n'a aucune idée de la façon de le déplacer parallèlement au sol. Petit à petit, les immeubles rapetissent, laissent place à des banlieues pavillonnaires, puis à des maisons éparses, et enfin à des forêts, des champs et des pâtures. Soudain, François tend le doigt vers l'horizon.
François : "On voit la mer!"
Valentin : "Ah, oui. On est bientôt arrivés. Le camp est au bord de la falaise, là- bas."
Hector : "Euh ... Où ça?"
Valentin : "Là, les petites cabanes en bois, à côté des arbres ... Μεγαλύνοιο "
Une partie du bord de la falaise semble soudain s'agrandir, comme si on regardait à travers une loupe, et ils voient un groupe de maisonnettes en bois autour d'une place recouverte d'herbe.
Valentin : "Là! Vous voyez?"
Les passagers confirment, et Valentin annule son sort de modification de la vision. Quelques temps plus tard, les tapis se posent sur l'herbe, au milieu des maisons.
Un fois tous les tapis posés, Stentor attache des bracelets aux poignets des élèves de 4ème, en leur interdisant strictement de les enlever avant leur retour à Sortnettes. De toutes façons, les bracelets sont trop serrés pour être enlevés sans les ouvrir, ils n'ont pas de fermoir, et ils ont l'air trop durs pour être coupés. Après cela, les terminales demandent aux 4ème de déposer tous leurs objets pré- cieux dans un coffre-fort.
Hécube : "On ne va pas vous ménagez pendant le week-end d'inté. Si on vous abîme un peu, vous les petits bons à rien, ça n'embêtera personne. Mais je m'en voudrais de casser des objets précieux en vous tabassant. Alors si vous tenez à vos affaires, laissez les là. Ne gardez que vos baguettes magiques et vos vêtements."
Hector dépose sa montre. Durant le reste de la journée, les 4ème triment pour montrer le camp, faire la cuisine, la vaisselle, et préparer différentes activités pour le week-end. Pendant ce temps, les élèves plus âgés se moquent d'eux et paraissent dans l'herbe. Hector remarque vite que les moqueries et les remarques des grands sont souvent assez justifiées, et il essaie de les utiliser pour ne pas faire deux fois la même erreur. Il utilise le sort de lévitation chaque fois qu'il doit déplacer un objet lourd. Dès la deuxième fois où Valentin l'envoie cueillir des plantes aromatiques, il pense immédiatement à consulter mentalement sa version bouillie du "Manuel théorique de botanique pour débutants".
Heureusement, il a une certaine expérience des travaux ménagers. Quand il habitait boulevard Maurice Berteaux, son oncle et sa tante l'ont beaucoup mis à contribution, et s'ils lui ont appris une chose, c'est bien à faire la cuisine et la vaisselle. De plus, depuis qu'il est étudiant à Sortnettes, comme il n'a que les trois robes et le pyjama qui lui ont été fournis par l'école le jour de son arrivée il fait une lessive tous les deux jours à l'internat pour avoir des vêtements propres à porter. Au début, il faisait ses lessives à la main, avec du savon. Mais Piotr lui a rapidement montré un sort de lessive, et Hector commence à presque bien le maîtriser.
Hécube : "Tiens, tu sais faire la lessive, toi? Étonnant. Même pas drôle. Bon, puisque tu as fini de laver les torchons, sors les crèmes caramels du bains marie, et mets les à refroidir sur la table dehors."
Hector contemple les pots de crèmes caramels au fond du chaudron d'eau bouillante. Il n'est pas idiot au point de plonger la main dedans, ce qui semble décevoir Hécube. Il essaie de les faire léviter, mais son sort agit moins sur les pots de crème que sur l'eau qui les recouvrent, et des éclaboussures bouillantes jaillissent de tous les côtés. Hécube éclate de rire.
Valentin : "Peut-être que Flagellabo a changé et qu'il ne fait plus de grand dis- cours sur l'utilité des gants en cours de potions ..."
Hécube : "Ou peut-être qu'il n'a pas remarqué qu'il y a des gants de protection posés sur la table juste à côté de lui. Qui sait? C'est un bizut, stupide, il ne faut pas chercher à les comprendre."
Hector s'empare des gants d'un geste rageur, les enfile, et plonge sa main protégée dans l'eau bouillante pour en sortir les pots de crème.
Le soir, après le dîner, les grands se retrouvent sur la piste de danse, mettent de la musique, et envoient les 4ème se coucher.
Léto : "Mais! C'est pas juste! C'est nous qui avons tout préparé! On va pas aller se coucher maintenant!"
Stentor : "Si! Allez hop, tous les 4ème au lit! Vous avez travaillé dur toute la journée, ce serait vraiment inhumain de vous priver d'un repos si bien mérité."
Léto : "Non, non, non, je ne bougerai pas d'ici!"
Stentor : " Τά íπλα ‚ποδύοιο ! ΜετεωριζοÈο !"
La baguette de Léto s'envole et arrive dans les mains de Stentor, puis Léto elle-même se met à léviter, et Stentor l'emmène jusqu'à sa chambre. Les autres préfèrent aller se coucher en marchant, et les 4ème se retrouvent dans leurs lits, dans leurs chambres de quatre. Sans leurs baguettes, que Stentor a confisquées pour la nuit "par précaution".
Allongé sur son lit, Hector bavarde avec Hermès, François et Théoclymène. François vient d'une famille de moldus, mais son parrain lui a appris à jouer à la chasse au dahu, et il est un grand fan de ce jeu. Il a récupéré des cartes que sa marraine n'utilise pas, et en faisant des échanges il a réussi à se faire un jeu pas trop mauvais. Hector, lui collectionne les cartes des paquets d'ondoyants au chocolat depuis des années, et il est très content d'avoir réussi à mettre la main sur six cartes clairvision, mais il se demande si ça fait pas un peu beaucoup, d'en avoir autant dans son jeu. François, lui, n'utilise pas du tout de cartes clairvision. Il en a une, mais il ne l'utilise pas, il trouve qu'elle ne va pas avec le reste de son jeu, et ...
Hector n'a jamais joué à la chasse au dahu, et il trouve la discussion franchement ennuyeuse, il s'endort donc relativement vite dès qu'il parvient à ne plus prêter attention à ce que racontent ses amis.
