Chapitre 27 - Un phare dans la nuit
"C'EST PARTI!"
Hector se réveille en sursaut, et se demande où il est. Il lui semble avoir entendu crier ... Soudain, son lit se met à bouger. Il se soulève, se dirige vers la fenêtre, et part tout droit vers la falaise. Autours de Hector, d'autres lits volent à travers les airs en direction de la mer. Tout à fait réveillé maintenant, Hector sort des couvertures. Le vent froid du bord de mer s'infiltre immédiatement dans son pyjama.
Sur les sol, des élèves de l'école font de grands mouvement de bras, agitant leurs baguettes magiques magiques qui émettent une lumière jaune. Beaucoup de bruit ... Les élèves éparpillés sur la falaise crient, ils ont l'air surexcités. Et les élèves qui sont sur les lits crient aussi. Hector s'aperçoit qu'il est lui-même en train de crier.
Que faire ? Si son lit continue tout droit, il va se retrouver en pleine mer ... Il vaudrait mieux sauter ... Mais c'est vraiment haut ... Lancer un sort de lévitation sur une couverture pour descendre doucement jusqu'au sol? Trop tard, le lit de Hector a franchi la falaise. Et d'ailleurs, il n'a pas sa baguette, elle a été confisquée par Stentor quand les 4ème sont partis se coucher.
Le lit s'arrête au dessus de la mer, à une dizaine de mètres de la falaise au bord de laquelle se massent les élèves de Sortnettes. De chaque côté de Hector, d'autre lits s'arrêtent. 22 lits, formant une rangée bien nette, parallèle à la côte. À gauche de Hector, François se penche par dessus le bord de son lit. Il a l'air terrifié tandis qu'il scrute l'obscurité en dessous de lui. À droite, Théoclymène s'est redressé sur son matelas, et il se tient bien droit, tourné vers la côte, en brandissant les bras d'un air bravache.
L'intégration! Ce sont les grands qui ont organisé tout ça, et même s'ils prétendent qu'il y a 10% de pertes autorisées, ce n'est sûrement pas le cas. Stentor et Valentin sont des gens raisonnables qui ont certainement pris toutes les précautions pour assurer la sécurité des 4ème. Hécube a l'air un peu moins raisonnable, mais elle ne leur ferait sûrement pas courir de risques. Ce n'est qu'une petite promenade en pleine nuit, pour les effrayer. Dans une seconde, les lits vont se mettre à bouger pour retourner vers leurs chambres ... Un étrange silence plane sur la mer. Plus personne ne crie, tout semble immobile, comme suspendu, en attente. Et d'un seul coup, la voix de Stentor retentit.
Stentor : "Nagez vers le phare."
Les mots résonnent d'une étrange manière. Durant un instant, le son porté par l'eau semble envahir tout l'espace. Puis d'un seul coup, le lit de Hector se met à tomber comme une pierre, et il chute dans la mer.
En percutant l'eau, Hector pense, mais bien trop tard, à prendre une grande respiration avant de se retrouver immergé. Le choc de ce plongeon dans l'eau froide le fait hurler, et sa bouche se remplit d'eau. Il se sent s'enfoncer dans la mer, tente par réflexe de recracher, mais ne fait qu'en boire encore plus d'eau. Soudain, il sent son poignet s'élever, et le tirer vers le haut. Il émerge à la surface, crache, tousse, se prend une vague en pleine figure qui lui fait reboire la tasse, recrache, retousse. Le bracelet que Stentor lui a accroché au poignet en arrivant au camp s'est transformé en une grosse bouée jaune, qui flotte à la surface de la mer. Il émet de plus une petite lumière rouge clignotante très visible, qui éclaire une peu la scène. Le lit de Hector émerge juste à côté de lui, et il décide de monter dessus, en attendant de trouver une meilleure idée.
Plusieurs 4ème sont montés sur leur lits, et les balises accrochées à leurs poignets indiquent clairement leurs positions. D'un seul coup, une grande lumière s'allume. Elle vient de la côte, pas de l'endroit où se trouve le camp, mais un peu plus loin. Ce n'est clairement pas la côte la plus proche. Mais en même temps, la côte la plus proche est une falaise abrupte. À quoi ça servirait de nager jusqu'à la falaise? "Nagez vers le phare." Piotr et les grands lui ont dit et répété que pendant l'intégration, les bizuts doivent obéir aux grands sans discuter. Et le phare est probablement près d'une plage, d'où il sera possible de remonter vers le camp et son lit douillet ... celui qui est actuellement avec lui, en pleine mer et trempé.
"Nagez vers le phare." La consigne ne dit pas de ramener son lit pour pouvoir finir la nuit convenablement, donc Hector va considérer que les grands ont prévus le coup, et qu'un autre lit l'attend à l'arrivée. Et si ce n'est pas le cas ... Et bien, le bizutage est presque terminé, il aura bientôt les mêmes droits que les grands, y compris le droit d'être d'une humeur massacrante toute l'année pour leur faire payer ça ! Il décide de se mettre à nager en direction de la plage.
Il nage depuis environ 30 millimes quand tous ses efforts pour transformer sa peur en colère contre les grands volent en éclat. Il a l'impression de ne pas avancer. Peut-être qu'il n'avance vraiment pas. Il y a du courant dans la mer. Et il ne nage vraiment pas vite, surtout avec son bracelet qui l'empêche de mettre la main sous l'eau, et donc de faire des mouvements de natation corrects.
Peut-être que le courant l'éloigne du phare plus que sa vitesse de nage ne l'y emmène ? Peut-être que dans un mois, on retrouvera le corps de Hector gonflé d'eau sur une côte anglaise, son bracelet bouée ridicule toujours attaché au poignet ? Tatouille tournera en rond dans le dortoir des garçons de Sortnettes pendant des jours, puis il retournera vivre avec une bande de rats d'égouts ... ou une bande de rats de métro ... Les Potier feront semblant d'être tristes, et d'ailleurs Pétronille sera vraiment triste de n'avoir plus personne à martyriser ...
Soudain, Hector sent du sable sous ses pieds. Tout à ses sombres pensées, il n'a pas remarqué qu'il est arrivé sur une plage. Il sort de l'eau, Piotr se précipite vers lui en lui tendant une serviette, et le frictionne vigoureusement.
Piotr : "Pas trop froid ? Félicitations, tu as fait vite ! Tu es un des premiers !"
