Voilà six mois que c'est fini entre Derek et moi parce qu'il ne me supportait plus. Qu'est-ce que j'y peux si je n'ai pas apprécié que son ex-fiancée revienne à Beacon Hills avec, à mon sens, la plus terrible des nouvelles ; un enfant. Derek et Braeden ont eu un enfant ensemble. Je ne sais pas qui a été le plus surpris de la nouvelle, Derek ou moi. Tout ce que je sais, c'est que Braeden ne l'a pas annoncé par hasard à ce moment précis. Le jour où on fêtait nos fiançailles. C'était le plus beau jour de ma vie et me voilà, six mois plus tard, plus seul que jamais. J'ai rejeté tous mes amis et même mon père. Je ne voulais voir personne, juste me morfondre comme je le fais maintenant sur le canapé-lit pourri de ce studio délabré ; seul logement accessible à ma faible bourse puisque j'ai tout lâché, même mon travail de photographe qui, pourtant, me plaisait énormément. Mais voilà, sans lui, je ne suis qu'une coquille vide.

Ça fait plusieurs heures que je n'ai pas bougé. Mon corps me semble peser si lourd que j'ai été incapable d'attraper cette fichue télécommande pour ne pas rester dans ce silence assourdissant. Un silence qui me force à replonger dans mes pensées qui me dépriment un peu plus à chaque instant qui passe.

Une horloge sonne au loin, m'indiquant l'heure.

- Bonne année Stiles Stilinski... Plus seul que jamais... Mais c'est ta faute espèce d'abruti...

Je me frotte les yeux pour empêcher des larmes de couler puis je me lève difficilement. Je commence à me trainer d'un pas lent jusqu'à la salle de bain afin d'aller me noyer sous la douche. Mais à peine ai-je fais trois pas que quelqu'un toque à ma porte. Je soupire, je suis sûr que c'est Lydia et Scott qui viennent. Ils s'accrochent à l'espoir de me faire réagir. Je me jette un regard ; je suis dans un état pitoyable mais je m'en fous, j'ai même plus le cœur à faire un peu attention à mes vêtements. Bon, ce n'était déjà pas terrible avant selon la reine du shopping mais Derek aimait cela chez moi. Et voilà, je repense encore à lui. Décidément, toutes mes pensées me ramènent à l'homme que j'aime. Après un énième soupire et une nouvelle salve de coup sur ma porte d'entrée, je finis par ouvrir la porte avec une réplique cinglante pour faire déguerpir mes deux meilleurs amis bien trop collants pour ma santé mentale précaire.

Les mots restent bloqués dans ma gorge quand je constate que ce n'est pas Lydia et Scott qui sont là devant moi. Oh non, assurément ce n'est pas eux. J'en reste bouche-bée et incapable de prononcer une syllabe cohérente. Des claquements de doigts me font réagir.

- Qu'est-ce que tu fais là ? J'ai bien compris le message la dernière fois.

Je vais pour refermer la porte au nez de Derek même si je n'ai qu'une envie, me jeter à son cou et à l'embrasser jusqu'à plus de souffle. Mais il la bloque avec sa puissante main que je fusille du regard.

- Ne fait pas l'enfant Stiles.

- Faire l'enfant ? C'est exactement ce que tu m'as reproché la dernière fois. Que j'étais trop immature pour comprendre.

Ma voix commence à trembler à cause du trop plein d'émotion. Je ferme les yeux pour reprendre contenance mais je dois être maudit car je suis transporté six mois plus tôt...

Je suis avec Scott dans la chambre que je partage avec Derek, dans son loft. Il me rassure car j'angoisse. Pourquoi est-ce que j'angoisse ? Ce n'est pas encore le jour de nos noces, juste une petite fête entre famille et amis pour fêter nos fiançailles. Depuis le temps que j'attendais cela et aujourd'hui, c'est chose faite. Scott me regarde avec indulgence face à mon angoisse et excitation aussi. Je me regarde une dernière fois dans le miroir pour être sûr que je suis parfait car j'ai bien l'intention d'attirer le loup dans mes filets afin de passer une nuit très sportive ; comme si j'avais besoin de faire des efforts pour ça mais j'aime jouer avec lui.

- Tu es parfait Stiles et tu pourrais même venir vêtu d'un sac poubelle que tu serais la plus merveilleuse des friandises pour Derek.

- Friandise ? De quoi est-ce que tu parles Scotty ?

- De la tension sexuelle qui règne entre vous deux... A toute heure du jour et de la nuit.

Je deviens aussi rouge qu'une tomate alors qu'il se moque ouvertement de moi. Puis finalement, on rejoint les invités à la maison du lac. On passe un excellent moment entre nous. Puis Derek me tire contre lui, m'embrasse tendrement puis demande l'attention de tout le public rassemblé vers nous. Il s'éclairci la gorge tandis que j'entrelace nos doigts, jetant un œil fier à ma bague de fiançailles. Alors qu'il ouvre enfin la bouche, le public se sépare pour laisser passer deux personnes... Braeden et un jeune garçon âgé d'une dizaine d'année. J'ai un instant de doute tandis mon visage passe de Derek à l'enfant puis de l'enfant à Derek. Il y a trop de ressemblance pour que ce soit une simple coïncidence. Mon cœur se serre car jamais, je ne pourrais lui offrir une famille... Derek me tire à l'intérieur de la demeure et je constate qu'on est suivi par les deux intrus ; ils ont du discuté alors que je me remettais du choc initial.

- Qu'est-ce que tu fais là Braeden ?

- Je veux qu'on se remette ensemble Derek.

- Il est avec moi. Si tu ne l'as pas compris en arrivant, tu es en retard. Retourne d'où tu viens et laisse nous tranquille.

Elle me fusille du regard tandis que Derek me serre l'épaule avec un regard du genre « laisse-moi gérer et tais-toi ».

- Tu n'es qu'une passade Stilinski. Il a juste pitié de toi.

Je commence à trembler quand elle prononce ses mots horribles. Je lève la tête sur Derek, m'attendant à ce qu'il dise quelque chose. Qu'il la contredise... Mais rien... Pas un mot... Absolument rien... Je sens mon cœur se briser de douleur.

- On est plus ensemble Braeden. Depuis près de 10 ans.

- Tu le dois. Pour notre fils.

Et bim, un nouveau coup dans le ventre. J'avais raison. Et j'ai peur. Je suis terrorisé.

- Derek...

Il me jette un regard et moi, je le supplie. Je le supplie de ne pas l'écouter. J'essaie de le convaincre qu'il a aucun lien avec cet enfant. Que Braeden ne lui a jamais rien dit alors pourquoi maintenant. Je supplie encore et encore, jetant ma dignité par la fenêtre jusqu'à ses mots terribles.

- Arrête Stiles. Tu ne peux pas comprendre. Un enfant... Tu ne peux pas comprendre ce que ça signifie pour moi.

- Bien sûr que...

- Non, tu es un enfant immature. Tu ne penses qu'à toi.

Mes larmes coulent sans que je puisse les retenir. J'enlève la bague et la lui lance à la figure puis je fuis tout simplement. Je prends mes jambes à mon cou et je m'éloigne de cet endroit ; avec une seule envie, celle de me jeter à l'eau et sans jamais remonter à la surface...

C'est une main sur mon épaule qui me ramène à la réalité. Je lève les yeux et vois de l'inquiétude dans le regard de mon vis-à-vis. Mais j'ai trop mal pour m'en formaliser. Je ne fais qu'un pas en arrière pour m'éloigner de cette simple main posée sur mon épaule.

- Pars Derek et va retrouver cette idiote et son fils. Je ne suis qu'un enfant immature qui ne pense qu'à soi-même.

Une lueur de douleur et de tristesse traverse son regard puis j'y vois de la culpabilité. Je ne dois pas me laisser avoir. J'ai déjà trop souffert.

- Je sais ce que je t'ai dit Stiles. Je m'en veux terriblement. Oui, je voulais laisser une chance à Braeden car elle représentait tout ce que j'ai toujours voulu. Une famille...

- Arrête Derek. Arrête. Je ne veux pas en savoir plus.

Je baisse la tête, pleurant silencieusement et mon cœur se brisant encore plus. Je suis entrain de mourir.

- Mais je me trompais.

Je redresse si vivement la tête qu'on peut entendre le bruit de mes os se plaindre de ce mouvement trop brusque.

- Je me trompais sur toute la ligne. Ce n'est pas d'une famille dont j'ai toujours voulu... Ce dont j'ai toujours voulu, c'est toi. Depuis le premier jour.

- Dans la forêt ? Mais...

- Non Stiles, pas dans la forêt. Au commissariat quand ma famille est morte. Tu étais au bureau avec ton père et tu jouais avec des petites voitures. Quand je suis rentré, tu as levé les yeux sur moi et j'ai vu dans ton regard, pas de la pitié, mais de la tristesse. Tu étais triste pour moi. Tu t'es approché et tu m'as donné une petite voiture. Et c'est ce jour-là que j'ai su que j'aurais toujours besoin de toi.

Il sort de sa veste une petite voiture... Celle que je lui ai donné bien des années avant.

- Tu l'as gardé ? Tout ce temps ?

- Évidemment.

Je serre l'objet dans ma poigne et laisse apparaître un minuscule sourire sur mes lèvres. Tout se bouscule dans ma tête, j'ai besoin... de quoi ai-je besoin ? Derek bien entendu... Je fais un pas sur le côté et je l'invite à rentrer.

- Ne fais pas attention au fouillis.

Il hoche la tête et va s'assoir sur le canapé et me regarde. Je cherche deux verres propres, en vain. Je soupire.

- Laisse Stiles. Je n'ai pas soif.

Il me tend la main que je prends sans hésitation au final. Il m'attire à ses côtés, même si j'aurais préféré être sur ses genoux. Il me regarde, un mélange de tendresse, de peur et d'inquiétude.

- Pourquoi maintenant ? Pourquoi revenir après six mois ?

- Je serais venu avant mais j'avais tellement honte de ce que j'avais fais.

- Et ?

- Et Lydia est terrifiante. Et puis, même si j'ai eu peur de ce qu'elle pourrait me faire, elle avait raison. Je ne suis rien sans toi. Je ne mérite pas ton pardon. J'ai été plus horrible. Mais j'ai besoin de toi. J'ai besoin de mon Stiles. Alors je t'en supplie, laisse-moi une dernière chance. Laisse-moi te prouver que je peux être le meilleur des petits amis. Le meilleur des fiancés. Le meilleur mari. Laisse-moi être ton confident. L'épaule où tu pourras pleurer et rire. Permets-moi de revenir dans ta vie Stiles.

Je le regarde, surpris. Il n'avait jamais dit autant de mot en si peu de temps et ses paroles me réchauffent. Il se met à genou devant et me répète encore et encore qu'il est désolé, qu'il m'aime et qu'il n'est rien sans moi.

- Je t'aime aussi Derek. Tellement.

Je prends son visage dans mes mains et pose mes lèvres sur les siennes. Il m'embrasse directement ; un baiser tendre, amoureux et plein de promesse. J'ai l'impression de me réveiller après un long sommeil qui aurait duré six mois.

- Braeden ? L'enfant ?

- Partis...

- Mais... ton enfant ?

- On en parlera plus tard. Pour le moment, ce n'est que toi qui compte. Toi et seulement toi.

Il m'embrasse à nouveau mais plus sauvagement. Il se lève et me porte en mariée. Il quitte mon studio, m'emmenant avec lui. Maintenant, c'est pour le pire et le meilleur. Surtout le meilleur.